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Full text of "Revue de l'Orient chrétien"

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Revue  de  l'Orient  chr  etien 


/ 

REVUE 


DE 


UORIENT  CHRÉTIEN 


niItIGEE 


Par  R.  GRAFFIN  et  F.  NAU 


D^ÎTIXIEME     SERIE 
Tome  VI  (XVI 


16«  volume.  —  l&ll 


Reprinted  with  the  permission  of  Révérend  Père  Graffin 

JOHNSON    REPRENT    CORPORATION  JOHNSON    REPRINT    COMPANY    LIMITED 


First  repiinting.    1966,  Johnson   Reprint  Corporation 


AUX  LECTEURS 


M^  GRAFFIN  ET  U  REVUE  DE  L'ORIENT  CHRÉTIEN 


Le  sous-titre  ajouté  sur  la  couverture,  d'après  lequel  la 
Revue  parait  sous  la  direction  de  M^  Graffin,  ne  fait  que 
consacrer  l'état  de  choses  existant  depuis   1907. 

Nous  avons  déjà  exposé  comment  M^'  Graffin,  pour  tirer  les 
littératures  chrétiennes  orientales  de  l'oubli,  a  fondé  \diPatrolo- 
gie  syriaque  et  a  inventé,  après  de  longs  tâtonnements,  l'auxi- 
liaire indispensable  des  éditions  modernes,  nous  voulons  dire 
la  reproduction  directe  des  manuscrits  à  l'aide  d'un  prisme  (1). 
C'est  en  1897  qu'il  a  fondé  la  Patrologie  orientale,  à  laquelle, 
depuis  lors,  il  a  consacré  tous  ses  efforts.  Cette  importante 
publication  a  suscité,  en  France  et  à  l'étranger,  des  imitateurs 
(voir  Revue  de  l'Orient  chrétien,  t.  XII  [1907],  p.  113  à  118). 

A  ces  préoccupations,  il  a  joint  celle  d'équilibrer  les  frais 


(1)  Il  est  peut-être  intéressant  de  noter  ici  que  M^^'  Graffin  a  été  le  premier  à  faire 
consacrer,  en  1900,  le  mérite  de  M.  Branly,  son  collègue  à  l'Institut  catholique 
de  Paris.  Il  y  avait  dix  ans  que  M.  Branly  avait  découvert  la  télégraphie  sans  fil 
et  il  n'avait  encore  reçu  aucune  récompense.  On  ne  lui  pardonnait  pas  d'avoir 
quitté  l'enseignement  officiel  pour  l'enseignement  libre.  C'est  alors  que  M *•' Graf- 
fin a  organisé,  à  ses  frais,  l'Exposition  des  professeurs  de  l'enseignement  libre, 
en  indiquant  à  chacun  que  le  but  poursuivi  par  lui  était  de  faire  rendre  jus- 
lice  à  M.  Branly.  Il  a  réussi,  car  M.  Branly,  à  l'occasion  de  cette  Exposition, 
a  obtenu  un  grand  prix  et  la  décoration  de  la  Légion  d'honneur,  avec  la  men- 
tion ■■  a  découvert  le  principe  de  la  télégraphie  sans  fil  ».  Nous  croyons  devoir 
rappeler  à  nouveau  aujourd'hui  cette  noble  action  de  ^\^'  Graffin,  parce  que 
M.  Branly  vient  enfin  de  voir  consacrer  son  mérite  —  en  dépit  des  cabales  — 
par  sa  nomination  à  l'Académie  des  sciences.  Voir  Revue  pratique  d'Apologétique, 
Paris,  t.  XI  (1911),  p.  688  à  690,  et  Éludes,  Paris,  t.  CXXVI  (1911),  p.  605-672. 


IV  AUX    LECTEURS. 

d'impression  de  la  présente  Revue,  aidé  seulement  par  le  dé- 
sintéressement complet  de  ses  amis  et  collaborateurs.  Il  a 
jugé  que  cet  ensemble  de  courts  textes,  de  notes,  d'études,  de 
traductions  devait  remplir,  à  côté  des  Patrologies,  le  rôle  que 
remplissent  les  Texte  iind  Untersuchungen  de  MM.  A.  Harnack 
et  C.  Schmidt,  à  côté  de  l'édition  des  griechisch-christlichen 
Seliriftsteller  de  l'Académie  des  sciences  de  Berlin,  toute 
proportion  gardée  entre  les  publications  de  la  plus  savante  des 
Académies,  soutenues  par  les  ressources  scientifiques  et  ma- 
térielles d'un  puissant  empire,  et  une  entreprise  individuelle 
n'ayant  pour  elle  que  la  généreuse  et  intelligente  initiative  d'un 
seul  homme,  sans  aucun  appui  matériel,  —  au  contraire,  — 
soutenu  seulement  par  le  zèle  scientifique  et  l'affection  d'un 
groupe  d'amis  et  d'élèves  (1). 

Au  point  où  nous  en  sommes  arrivés,  après  avoir  surmonté 
toutes  les  difficultés  si  ingrates  du  dessin  et  de  la  fonte  des  ca- 
ractères, de  la  réunion  des  photographies  et  de  la  formation 
des  typographes,  nous  continuerons  activement  nos  éditions 
et  nos  études  dans  le  domaine  des  littératures  orientales. 
Grâce  aux  savants  des  divers  pays  qui  ont  bien  voulu  nous 
accorder  leur  confiance  et  leur  concours,  et  à  ceux  qui  viendront 
encore  grossir  notre  nombre,  nous  sommes  assurés  de  pouvoir 
éditer  les  œuvres  importantes  des  littératures  orientales,  c'est- 
à-dire  les  œuvres  originales,  les  traductions  d'ouvrages  dont 
le  texte  primitif  est  perdu  et  les  traductions  anciennes  et 
fidèles.  C'est  là  le  seul  Corpus  dont  la  réalisation  soit  possible 
et  désirable. 

F.  Nau. 


(1)  Nous  sommes  de  ces  derniers,  et  nous  regrettons  seulement  que  les  nom- 
breuses classes  de  mathématiques,  auxquelles  nous  consacrons  un  temps  assez 
considérable  pour  nous  faire  pardonner  celui  que  nous  réservons  à  nos  études 
antérieures,  ne  nous  permettent  pas  de  mieux  l'aire.  Nous  remercions  M'-'Graffm 
d'avoir  bien  voulu  joindre  notre  nom  au  sien. 


SAINT  CYRILLE  ET  NESTORIUS 

CONTRIBUTION   A  L'HISTOIRE   DES   ORIGINES 
DES  SCHISMES  MONOPHYSITE  ET  NESTORIEN 

{fin)  (1) 


VI.    NKSTORILS    D  APRES    SES   AMIS. 

On  peut  compter  parmi  les  amis  de  Nestorius  les  soixante-huit 
évêques  qui  ont  demandé  d'attendre  l'arrivée  de  Jean  d'An- 
tioche  (2)  ;  ils  n'étaient  plus  que  quarante-trois  (.3)  à  la  première 
session  du  concile  des  Orientaux;  enfin  quinze  seulement  ont 
quitté  leur  siège,  plutôt  que  d'anathématiser  Nestorius,  à  sa- 
voir (4)  :  Alexandre  de  Mabboug  (Hiérapolis);  Abbib  de  Doli- 
che,  Dorothée  de  Marcianopolis,  Mélèce  de  Mopsueste,  Euthé- 
rius  de  Tyane,  etc.  A  ces  quinze  évêques  on  peut  encore  ajouter 
Irénée  de  Tyr,  Ibas  d'Édesse,  Théodoret  de  Cyr,  Sophronius  de 
Telia  etc.,  déposés  depuis  pour  le  même  motif.  Nous  emprun- 
terons aussi  quelques  témoignages  aux  évêques  persans  nesto- 
riens. 

I,  Les  Orientaux.  —  L'orthodoxie   du  plus  grand   nombre 


(1)  Voy.  1910,  p.  3G5. 

ci)  Lupus,  ch.  vu,  p.  iC).  Cette  pièce  est  reprise  et  commentée  par  Nestorius, 
HévacL.  p.  162. 

(3)  Labbe,  III,  597-C»ûO.  Nestorius  explique  la  diminution  de  leur  nombre  par 
les  intrigues  et  les  flatteries  du  parti  opposé.  11  y  eut  aussi  des  violences. 

(4)  Lupus,  ch.  cxc,  n"  -.^79,  p.  377. 

ORIENT   CHRÉTIEN.  1 


2  REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 

est  certaine,  puisque  saint  Cyrille  a  accepté  leur  profession  de 

foi  et  que  le  concile  de  Chalcédoine  Ta  consacrée;  d'ailleurs 

Nestorius,  qui  commente  longuement  la  lettre  de  saint  Cyrille 

à  Acace,  affirme  qu'il  pense  comme  eux.  Le  plus  ardent  des  amis 

de  Nestorius,  Alexandre  de  Mabboug,  écrit  qu'il  n'aura  aucun 

rapport  avec  Cyrille  «  s'il  ne  confesse  pas  que  le  Christ,  depuis 

le  moment  où  l'ange  l'a  annoncé  à  la  sainte  Vierge,  est  Dieu 

et  homme;  que  le  même  sans  aucun  doute  est  Fils  de  l'homme 

à  cause  de  la  nature  qui  est  de  la  race  d'Abraham  et  de  David*, 

et  que  le  même  sans  aucun  doute  est  le  Seigneur  de  David  à 

cause  de  la  divinité,  Dieu  le  \'erbe  ressuscitant  des  morts  le 

temple,  selon  la  parole  du  Seigneur  Christ;  et  que,  dans  la  suite 

des  siècles,  deux  natures  doivent  être  reconnues  sans  confusion 

et  sans  division  dans  un  seul  Seigneur,  Fils  et  Christ  ».  Cette 

profession  de  foi  du  plus  nestorien  des  amis  de  Nestorius  (1) 

nous  dispensera  d'en  citer  d'autres;   elle  semble  témoigner 

qu'on  poursuivait  uniquement  chez  eux  le  diphysisme  et  les 

conséquences  que  l'on  se  croyait  en  droit  de  déduire  du  principe 

des  deux  natures,  mais  les  Orientaux,  loin  d'en  déduire  ces 

conséquences,  les  anathématisaient  volontiers. 

Voici  maintenant  leurs  sentiments  à  l'égard  de  Nestorius  : 
Il  est  innocent  (2)  ;  certains  l'ont  déposé  sans  avoir  fait  de  ju- 
gement, ni  d'enquête,  ni  de  discussion,  ni  de  colloque  (3); 
car  ses  adversaires  avaient  si  peu  confiance  dans  leurs  théories 
qu'ils  fuyaient  tout  colloque  (4);  c'est  que  la  doctrine  de  Nes- 
torius est  irréprochable  :  «  si  quelqu'un  peut  montrer  que  le  très 
saint  évêque  Nestorius  a  pensé  ou  pense  des  choses  contraires 
aux  prophètes,  aux  apôtres  et  aux  évangélistes,  nous  anathé- 
matisons  sa  doctrine  et  lui-même,  jusqu'à  ce  qu'il  prêche  l'or- 

(1)  Théodoret  s'est  d'ailleurs  porté  garant  de  son  orthodoxie.  Lupus,  ch.cLxxii. 
p.  348. 

(2)  Lettre  de  Jean  d'Antioche,  Himérius,  Paul,  Macaire,  Apringiuset  Théodo- 
ret :  •  l'Égyptien  (Cyrille)  pourra  aveugler  tout  le  monde  par  ses  présents  et 
retourner  à  son  siège,  tandis  que  l'homme  innocent  (Nestorius)  sera  renvoyé  à 
son  monastère  ».  Lupus,  ch.  xxxi.n»  119,  p.  82. 

(3)  Lettre  de  Tliéodoret.  Abbib.  Ilélias,  Mara,  David,  Acilinus  aux  reines.  Lu- 
pus, ch.  cxxxv,  n'  223,  p.  278. 

(4)  Voir  la  lettre  de  douze  évéques  orientaux  à  Acace  de  Béiée.  Lupus,  ch.  xix. 
n°  107,  p.  57  :  •  provoqués  par  nous  à  une  controverse,  ils  ne  veulent  pas  répondre 
à  nos  objections  •.  D'ailleurs  les  orientaux  et  Nestorius  reprochent  toujours  à 
Cyrille  d'avoir  hâté  le  concile  afin  de  n'avoir  qu'à  condamner  sans  discuter. 


SAINT   CYRILLE    ET    NESTORIUS.  à 

thodoxie  que  nous  avons  et  lisons  dans  beaucoup  de  ses  li- 
vres (l)  ».  Au  moment  où  Aristolaiis,  d'après  le  cliché  fourni 
par  Cyrille,  demandait  d'anathématiser  «  Nestorius  et  ses  doc- 
trines impies  »,  Théodoret  répondait  :  «  Nous  anathématisons 
ceux  qui  disent  que  le  Christ  est  un  pur  homme,  ou  qui  divi- 
sent notre  unique  Seigneur  Jésus-Christ  en  deux  Fils  et  ceux 
qui  nient  sa  divinité;  car  c'est  avec  pleine  satisfaction  que 
chacun  des  hommes  pieux  anathématisera  tout  cela.  Mais  s'ils 
veulent  que  nous  anathématisions  de  manière  indéterminée  un 
homme  dont  nous  ne  sommes  pas  faits  juges,  ainsi  que  son 
dogme  que  nous  savons  être  orthodoxe,  nous  agirions  de  ma- 
nière impie,  à  mon  avis,  en  obéissant  (2).  »  Jean  d'Antioche  l'a 
toujours  regardé  comme  orthodoxe  et  voilà  qu'il  le  sacrifie  au 
moment  où  près  de  deux  cents  évêques  (orientaux)  étaient  d'ac- 
cord pour  condamner  TÉgyptien  (3)  ;  ce  n'est  pas  pour  mauvaise 
vie  qu'ils  ont  condamné  Nestorius,  mais  pour  foi  hérétique; 
celui  donc  qui  le  condamne  condamne  aussi  sa  foi  :  «  Je  suis 
donc  doublement  scandalisé  de  ce  que  Jean  trahit  la  foi  et 
condamne  celui  qu'il  sait  être  orthodoxe  avec  sa  propre  foi  (4)  »  ; 
quand  mêime  Nestorius  aurait  commis  les  mêmes  crimes  que 
Cyrille,  il  serait  «  injuste  et  évidemment  impie  d'accorder  le 
pardon  à  l'un  et  de  fermer  la  porte  de  la  pénitence  à  l'autre;  il 
est  bien  plus  inique  encore  et  bien  plus  impie  de  livrer  au 

(1)  LeUre  d'Alexandre  de  Mabboug  à  Acace  de  Bérée.  Lupus,  ch.  lvu,  n"  145, 
p.  137;  item,  ch.  cxxxvi,  n°  224,  p.  282, 

(2)  Lupus,  ch.  Lxi,  H"  149,  p.  144.  Mêmes  idées  dans  les  deux  lettres  d'André 
qui  suivent. 

(3)  Lettres  de  Théodoret  etc.,  adressées  aux  évêques  de  Syrie  et  des  deux  Cilicies. 
Lupus,  ch.  cxxix,  n"  217,  p.  266.  —  ltem,Mélèce  àTitus:  Cyrille  aété  condamné 
par  les  Orientaux  comme  Apollinariste,  il  persiste  dans  ses  erreurs  et  Nestorius 
•  souffre  tant  (de  maux)  pour  la  seule  piété  ».  Lupus,  ch.  clxxiv,  p.  353-354. 
Lire  à  ce  sujet  toutes  les  lettres  des  Orientaux  reproduites  chez  Lupus,  par  exemple 
Alexandre  à  Denys  :  <-  Avant,  pendant  et  après  Éphèse,  Jean  d'Antioche  savait 
que  l'Égyptien  était  hérétique,  mais  maintenant  qu'il  a  reçu  l'ordre  par  l'entre- 
mise du  très  admirable  Aristolaus,  de  communiquer  avec  Cyrille,  de  déposer 
Nestorius  f  t  d'anathématiser  sa  doctrine,  bien  qu'elle  soit  orthodoxe,  il  a  cédé 
aux  menaces  et  a  tout  accordé.  »  Lupus,  ch.  clxxxh,  p.  366.  Ce  qui  était  obscur 
pour  Alexandre  est  très  clair  pour  nous  qui  avons  la  lettre  d'Épiphane  syncelle 
de  Cyrille  et  la  liste  des  présents  envoyés  à  Constantinople.  Lupus,  ch.  ccni, 
p.  417  et  trad.  d'Héraclide,  p.  367.  Tous  les  évêques,  doués  d'un  peu  de  sens  po- 
litique, ont  pu  voir  qu'ils  seraient  brisés  s'ils  ne  se  contentaient  pas  des  conces- 
sions faites  par  Cyrille. 

(4)  Alexandre  à  Théodoret.  Lupus,  ch.  c.  n"  188,  p.  218. 


-4  FU'.VLK    DE    l/ORlK.\T   CHRÉTIEN. 

meurtre  celui  qui  est  innocent  (1)  »  ;  Nestorius  est  un  «  martyr 
du  Christ  (2)  ». 

II.  Les  nestoriens  persans.  Toutes  les  polémiques  qui  ont 
eu  lieu  aux  alentours  du  premier  concile  d'Éphèse  avaient  pour 
base  la  question  des  deux  natures.  On  était  monophvsite  plus 
ou  moins  mitigé  (diplophysite)  ou  diphysite,  et  chacun  attri- 
buait à  son  adversaire  les  absurdités  qu'il  se  croyait  en  droit 
de  déduire  de  son  principe;  la  question  des  hypostases  était 
secondaire  et  restait,  comme  au  temps  de  saint  Jérôme,  une 
affaire  de  définition.  Il  en  a  été  de  même  pour  plusieurs  nesto- 
riens persans,  et  leurs  professions  de  foi  ne  sont  pas  en  désac- 
cord avec  celle  de  Chalcédoine  lorsqu'ils  laissent  les  hypostases 
dans  l'ombre,  comme  Acace,  en  486  (3),  ou  même  sont  confor- 
mes à  celle  de  Chalcédoine  lorsqu'ils  prennent  hypostase  au 
sens  de  personne,  comme  Henana  (4),  Sahdona  (5)  et  le  tra- 
ducteur des  œuvres  de  Théodore  de  Mopsueste  sinon  Théodore 
lui-même  (6),  mais  tout  l'effort  des  docteurs  et  des  évêques 
nestoriens  tendit  bientôt  à  opposer  les  deux  hypostases  de  Nes- 


(1)  Théodoret  à  Himérius.  Lupus,  ch.  lxxi,  n"  159,  p.  lôO. 

(2)  Lettre  de  Parthénius, prêtre  et  archimandrite,  à  Alexandre.  Lupus,  cli.  cliii, 
n^'  241,  p.  308. 

(3)  «  Notre  foi  doit  être  dans  la  confession  des  deux  natures  de  la  divinité  et 
de  l'humanité.  Personne  de  nous  ne  doit  oser  introduire  le  mélange,  la  commixtion 
ou  la  confusion  entre  les  diversités  de  ces  deux  natures;  mais  la  divinité  demeu- 
rant et  persistant  dans  ses  propriétés  et  l'iiunianité  dans  les  siennes,  nous  réu- 
nissons en  une  seule  majesté  et  en  une  seule  adoration  les  diversités  des  natures, 
à  cause  de  la  cohésion  parfaite  et  indissoluble  de  la  divinité  avec  l'humanité.  Et 
si  quelqu'un  pense  ou  enseigne  aux  autres  que  la  passion  ou  le  changement  est 
inhérent  à  la  divinité  de  Notre-Seigneur,  et  s'il  ne  conserve  pas  relativement  à 
l'unité  de  personne  (prosùpon)  de  notre  Sauveur,  la  confession  d'un  Dieu  parfait 
et  d'un  homme  parfait,  que  celui-là  soit  anathème.  ■■  Synodicon  orientale,  Paris, 
1ÎX)2,  p.  302. 

(4)  Henana  d'Adiabène  et  son  école  (on  lui  attribue  huit  cents  disciples)  pro- 
fessait, à  la  fin  du  vi"  siècle,  deux  natures,  une  hypostase  et  une  personne.  Cf. 
Patrol.  or.,  t.  VII,  p.  8. 

(5)  Sahdona,  qui  fut  ians  doute  disciple  de  Henana.  revint  franchement,  au 
commencement  du  vn«  siècle,  à  l'orthodoxie  Chalcédonienne;  cf.  H.  Goussen, 
Marlyrus-Sahdona's  Leben  und  Werks,  Leipzig,  1897,  p.  18-19.  Ses  œuvres  ont 
été  éditées  par  P.  Bedjan,  Paris,  1902. 

(6)  La  version  syriaque  du  traité  de  Théodore  de  Mopsueste  sur  l'Incarnation 
porte  toujours  »  une  hypostase  et  une  personne  et  deux  natures  ■•.  Un  auteur 
nestorien  du  vui"  siècle  dit  que  le  traducteur  syrien,  nommé  Komai,  a  remplacé 
«  deux  •  hypostases  par  -  une  »  dans  sa  traduction  (cf.  Rivista  deyii  sludi  orien- 
lali,  Rome,  1910,  p.  01-03),  mais  c'est  peu  piobable. 


SALNT    CYRILLE    ET    NESTORIUS.  O 

torius  à  l'unique  hypostase  de  saint  Cyrille  et  de  Chalcédoine. 
En  somme,  au  temps  du  concile  d'Éplièse,  les  adversaires,  avec 
les  formules  différentes,  affirment  vouloir  dire  la  même  chose; 
peut-être  aurait-il  suffi  de  donner  des  définitions  convention- 
nelles à  certains  termes,  au  lieu  de  se  borner  à  condamner  un 
homme,  pour  enrayer  les  schismes  nestorien  et  monophysite. 
Le  schisme  un?  fois  consommé,  les  différences  se  sont  accrues 
et  nous  avons  la  surprise  de  voir  les  Nestoriens,  que  nos  auteurs 
mal  informés  accusaient  de  placer  deux  personnes  dans  le 
Christ,  devenir  monothélites  (1)  à  la  suite  de  Nestorius  (2).  Pour 
montrer  où  a  abouti  la  Christologie  nestorienne  séparée,  nous 
transcrivons  un  passage  de  la  profession  de  foi  à  réciter  par  les 
évêques  nestoriens  avant  leur  consécration  (3). 

Dans  les  derniers  temps,  pour  le  salut  de  toutes  les  créatures,  une  des 
personnes  de  la  glorieuse  Trinité,  le  Fils  de  Dieu,  Dieu  le  Verbe,  descendit 
par  amour,  sans  s'éloigner  de  la  hauteur  de  sa  Seigneurie  et  prit  volon- 
tairement de  notre  race  un  homme  parfait,  auquel  il  s'unit  indestructible- 
ment  et  pour  toujours.  Il  a  été,  il  est  et  il  sera  toujours  un  seul  Fils,  un  seul 
Seigneur,  un  seul  Christ,  un  seul  Rédempteur;  il  a  une  volonté,  un  pouvoir 
et  il  est  confessé  en  deux  natures,  en  deux  hypostases,  en  une  personne 
de  la  filiation,  selon  l'instruction  des  saints  Apôtres,  selon  la  tradition  des 
Pères  spirituels  :  Mar  Diodore  (4),  Mar  Théodore  ('))  et  Mar  Nestorius,  et 
selon  la  tradition  et  l'enseignement  de  nos  Pères  :  Mar  Ephrem  (6),  Mar 
Narsaï  (7),  Mar  Abraham  (8),  et  des  autres  Pères  orthodoxes,  qui  se  sont 
illustrés  dans  ce  pays  d'Orient,  à  la  foi  desquels  j'adhère  et  dont  je  tiens 
la  croyance. 

(1)  Timothée.  patriarclie  nestorien  (viii<^  siècle),  écrit  :  •■  Nous  ne  divisons  pas 
le  Fils  de  Dieu  en  deux  volontés  et  deux  opérations,  comme  le  font  certains 
impies.   ••  J.  Labourt.  De  Timotheo,  Paris,  1904,  p.  18. 

(2)  ••  Dans  l'union  des  natures  c'est  la  même  volonté  et  intelligence,  la  volonté 
est  celle  des  deux.  »  Livre  d'HéracHde,  p.  ^39.  Cependant  M.  Béthune  Baker, 
p.  187,  ne  regarde  pas  ce  passage  comme  concluant.  Assémani,  B.O..  III,  2,  p.  209, 
dit  que  Nestorius  prônait  u?!fl  vlrtiis,  iina  polenlia  el  était  monothélite.  On  le  voit 
dans  plusieurs  des  textes  recueillis  par  M.  Loofs.  p.  219,  220,  224.  D'ailleurs  l'u- 
nion ■<  volontaire  »  que  Nestorius  opposait  à  l'union  «  en  nature  -,  est  aussi  pour 
lui  une  union  •■  de  volonté  et  d'opération  ». 

(3j  Palrol.  or.,  t.  VII,  p.  84. 

(4)  Évèque  de  Tar.se  de  378  à  394. 

(5)  Évèque  de  Mopsueste,  3ït0-428. 

(6)  Le  plus  célèbre  des  docteurs  syriens.  Il  mourut  à  Édesse  en  373. 

7)  Un  des  plus  célèbres  des  docteurs  nestoriens.  Il  fonda  la  célèbre  école  de 
Nisibe  en  457  et  il  mourut  en  502;  voir  Barhadbs^abba  'Arbàya,  La  Cause  de  la 
Foyidaiion  des  Écoles,  Pair.  Or.,  t.  IV,  p.  383-386. 

(8)  l'n  des  directeurs  de  l'École  de  Nisibe,  de  oOii  à  569:  voir  ibid.,  p.  387-38*J. 


6  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

J'anathématise  et  je  rejette  toutes  les  croyances  des  autres  religions  au- 
tres que  celle  de  la  religion  orthodoxe  que  je  tiens;  je  rejette  toutes  les 
hérésies,  qui  n'adhèrent  pas  à  la  vraie  croyance  des  Orientaux  orthodoxes  ; 
je  confesse  que  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  viendra  à  la  fin  des  temps 
pour  juger  les  morts  et  les  vivants  et  récompenser  chacun  aelon  ses 
œuvres. 


VII.  NESTORIUS    D  APRÈS    SES    ÉCRITS. 

Nestorius,  même  à  l'Oasis,  n'était  pas  entièrement  séparé  du 
monde,  car  il  avait  le  bonheur  d'avoir  quelques  amis  fidèles  qui 
le  tenaient  au  courant  des  événements;  tel  était  ce  Paul,  nommé 
évêque  d'Anlarados  par  Domnus  d'Antioche  pour  le  récom- 
penser d'avoir  été  visiter  Nestorius  à  l'Oasis,  et  déposé  par 
Dioscore  pour  ce  même  motif  (1)  ;  tel  était  encore  ce  Léontius, 
évêque  d'Ascalon,  qui  envoya  des  dons  et  des  présents  à  Nesto- 
rius exilé  (2).  Nous  trouvons  donc  dans  le  livre  d'Héraclide  la 
critique  des  Actes  du  concile  d'Éphèse  et  de  tous  les  événe- 
ments qui  ont  suivi.  Nous  allons  faire  voir  comment  Nestorius 
expose  ses  doctrines  et  répond  aux  accusations  portées  contre 
lui  :  il  a  été  condamné  à 'l'aide  de  citations  des  Pères  qui  lui 
seraient  opposées  et  de  citations  de  ses  ouvrages  qui  seraient 
hérétiques,  il  aurait  refusé  à  la  Vierge  le  titre  de  Mère  de  Dieu, 
il  aurait  partagé  le  Christ  en  deux,  il  en  aurait  fait  un  simple 
homme,  il  n'aurait  pas  voulu  dire  que  Dieu  était  âgé  de  deux 
mois  ou  de  trois  (3). 


(1)  Cf.  s.  G.  F.  Perry,  The  second  synod  of  Ephesus,  texte,  Oxford,  1875,  p.  192- 
193.  Il  semble  même  que  Paul  alla  à  l'Oasis  avant  442,  car  les  évêque  d'Éphèse 
(449)  disent  que  Domnus  a  expulsé  Alexandre  d'Antarados  pour  mettre  Paul  à  sa 
place  et  qu'Alexandre  est  resté,  depuis  lors,  sept  ansà  Antioche.  Son  e.xpuision 
eut  donc  lieu  en  442  et  Paul  fut  nommé  à  sa  place  comme  récompense  de  son 
voyage  à  l'Oasis.  Si  ce  pèlerinage  était  ainsi  récompensé,  il  dut  être  assez  fré- 
quenté. 

(2)  Cf.  Les  Plérophories  de  Jean  de  Maïoiuna,  ch.  lh,  Paris,  1899,  p.  56. 

(3)  11  ne  faut  jamais  oublier  que,  pour  Nestorius  et  les  Orientaux,  les  mots 
.  Dieu  »  et  -  Verbe  ..  d'une  part,  et  -  homme  ..  d'autre  part  désignent  la  na- 
ture et  non  la  personne.  Ils  proposent  donc  d'employer  de  préférence  les  mots 
qui  désignent  la  personne  et  qui  sont  pour  eux  •  Christ  »,  -  Fils  ■•,  «  Seigneur  .. 
Les  monophysites  —  de  fait  ou  de  tendance  —  ne  pouvaient  admettre  cette 
distinction  et  en  déduisaient  de  nombreuses  difficultés. 


SAINT   CYRILLE    ET   NESTORIUS.  7 

1.  Textes  patristiques  allégués  contre  Nestor  lus. 

Cyrille  a  cité  à  Éphèse  des  passages  de  Pierre,  Athanase, 
Jules,  Félix,  Théophile,  Cyprien,  Ambroise,  Grégoire  de  Na- 
zianze,  Basile,  Grégoire  de  Nysse,  Atticus  et  Amphilochius  (1). 
Nestorius  ne  relève  pas  les  textes  de  Jules  et  de  Félix  ;  ces  deux 
textes  en  effet  (2),  auxquels  il  convient  de  joindre  le  pseudo- 
Athanase  chez  lequel  saint  Cyrille  a  pris  sa  formule  définitive 
€  une  nature  du  Verbe  incarnée  »  (3) ,  sont  des  textes  apollinaristes 
mis  sous  les  noms  des  deux  papes.  Par  contre,  tous  les  autres 
textes  lui  fournissent  des  passages  dont  il  se  sert  constamment 
pour  justifier  ses  propres  textes  que  le  concile  a  cités  ensuite 
comme  hérétiques.  Il  a  ainsi  l'avantage  de  combattre  Cy- 
rille à  l'aide  de  ses  propres  armes.  Il  cite  souvent  saint  Atha- 
nase :  «  Si  le  Verbe  était  dans  le  corps  par  apparence,  comme 
ils  le  disent,  celui  qui  est  dit  par  apparence  est  une  imagina- 
tion ;  le  salut  et  la  résurrection  des  hommes  se  trouveraient 
avoir  lieu  en  imagination,  comme  Ta  dit  l'impie  Manès;  mais 
notre  salut  n'est  pas  une  imagination  ;  ce  n'est  pas  du  corps 
seulement,  mais  de  tout  l'homme  —  de  l'âme  et  du  corps  —  que 
le  salut  a  eu  lieu  en  réalité.  Humain  donc  est  celui  qui  provient 
de  Marie  et  en  vérité  il  était  de  notre  Sauveur  (4).  »  «  Dieu  le 
Verbe  en  essence  est  de  Dieu  le  Père...  il  a  pris  la  chair  de  la 
Vierge  (5)  »  ;  Théophile  Alexandrie  :  «  Cet  ouvrier  supérieur  à 
tout,  le  ^'erbe  de  Dieu,  vivant  et  faisant  tout,  celui  qui  orna 
tout  avec  convenance  et  ordre,  ne  prit  pas  un  corps  d'une  subs- 
tance précieuse  et  des  (êtres)  célestes  (quand)  il  vint  près  de 
nous,  mais  il  montra  dans  la  boue  la  grandeur  de  son  art, 
pour  réformer  l'homme  qui  avait  été  formé  de  boue  (6)  »  ;  saint 
Grégoire  de  Nazianze  :  «  Ce  n'est  pas  Dieu  qui  commence, 
progresse  et  se  perfectionne,  bien  qu'il  soit  dit  ainsi  à  cause' 
de  sa  manifestation  qui  a  eu  lieu  peu  à  peu  (7)  »;  «  Il  y  a  deux 

(1)  Labbe,  111,  507-519. 

(2)  Cités  Labbe,  III,  510-511.  a51  A. 

(3)  Cité  en  particulier  Labbe,  III,  116,  855-858. 

(4)  Lettre  à  Épictète  citée  à  Éphèse,  Labbe,  III,  510  D.  Legrec  supporte  même 
la  traduction  :  «  le  (corps)  du  Sauveur  qui  (provient)  de  Marie,  était,  selon  les 
divines  Ecritures,  humain  par  nature  et  vrai  ».  Cité  par  Nestorius,  papes  271, 
272,  274,  281,  283,  etc.  du  livre  d'Héraclide. 

(5)  Labbe,  111,  510  B;  Héracl.,  281. 

(6)  Labbe,  111,511  D;  Héracl.,  321. 

(7)  Labbe,  III,  515  D  ;  Héracl.,  288,  300. 


fe  REVUE    DE    L  ORIENT   CHRETIEN. 

natures.  Dieu  et  l'homme,  mais  les  Fils  ne  sont  pas  deux  :  autre 
et  autre  sont  les  choses  dont  résulte  notre  Sauveur,  mais  non 
un  autre  et  un  autre,  Dieu  nous  en  garde  !  mais  un  dans  la 
réunion  :  Dieu  qui  s'est  fait  homme  et  l'homme  qui  est  devenu 
Dieu  (1)  »  ;  saint  Ambroise  :  Serveinus  distinctionem  divinitalis 
et  Garnis.  Unus  in  ut  raque  loquitur  Dei  Filius,  quia  in  eodem 
utraque  natura  est.  Etsi  idem  loquitur,  non  uno  semper  lo- 
quitur modo.  Intende  in  eo  {tune  gloriam  Dei)  nunc  hominis 
passiones  (2);  etc.,  etc.. 


2.  Fragments  de  Nestorius  lus  à  Éphèse. 

Nestorius  n'admet  pas  a  priori  l'authenticité  ou  du  moins 
l'emploi  que  l'on  a  fait  de  ses  fragments  :  lorsque  ses  adver- 
saires produisent  une  coupure  qu'ils  prétendent  tirée  «  Du  livre 
de  Nestorius  du  dix-septième  cahier  qui  est  sur  la  foi  (3)  »,  il 
s'écrie  :  a  Duquel  de  mes  livres,  de  quel  dix-septième  cahier  avez- 
vous  pris  ce  que  vous  alléguez,  lorsqu'il  n'y  avait  personne  pour 
vous  contredire  (4)?  »  Il  semble  en  effet,  d'après  M.  Loofs,  que 
l'un  au  moins  de  ces  passages  est  formé  de  deux  fragments  rap- 
prochés artificiellement  (5)  ;  un  autre  est  tout  différent  dans  une 
autre  citation  (6).  Il  semble  donc  que  ces  textes,  tout  en  prove- 
nant bien  de  Nestorius,  ont  pu  être  découpés,  soudés,  rattachés 
et  peut-être  même  parfois  résumés  artificiellement.  Nestorius 
déclare  d'ailleurs  qu'il  ne  veut  pas  avoir  l'air  de  chercher  chi- 
cane à  ce  sujet,  et  qu'il  va  discuter  ces  textes  tels  qu'on  les  a 
cités  à  Éphèse.  Voici  un  spécimen  de  son  argumentation  : 


(1)  Labbe,  III,  515  B;  Héracl.,  3œ. 

(2)  Labbe,  III,  513  C;  Héracl.,  301.  La  parenthèse  figure  dans  le  syriaque,  mais 
elle  manque  dans  Labbe.  Voir  aussi  Grégoire  de  Xysse,  Héracl.,  308,  un  autre  texte 
de  Grégoire  de  Nazianze;  Héracl.,  310,  Ambroise  dit  aussi  (Labbe,  513  D)  :  ■-  La 
divinité  n'a  pas  besoin  de  sanctification,  mais  la  chair.  -  Héracl..  312. 

(3)  Labbe,  III,  510  B. 

(4)  Héracl.,  141.  Il  écrit  encore,  ibid.,  3J7  :  «  Admettons  que  j'aie  dit  cela, 
car  je  ne  refuse  pas  de  reprendre  les  paroles  modifiées  par  vous  afin  qu'on  ne 
croie  pas  qu'après  avoir  été  repris,  je  vous  ai  accusés  (d'avoir  faussé  les  textes) 
pour  insuffisance  à  répondre.  ■■ 

(5)  Cahier  15,  Labbe,  III,  522  E;  cf.  Loofs,  Xestoriana,  Halle,  I!t05,  p.  548- 
.549.  Nestorius  l'avait  aussi  reconnu  ;  .  Je  passe  sur  ce  quils  ont  omis,  et  évidem- 
ment ils  n'ont  môme  pas  conservé  la  suite  (des  phrases).  -Héracl.,  142. 

(6)  Loofs,  loc.  cil.,  289-290. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS.  9 

Il  reproduit  d'abord  le  texte  qu'on  lui  attribue  (l): 

Semblablement,  du  même,  du  cahier  vingt-quatre  {Q). 

...  «  Nous  disions  donc  :  \e  crainspasde  prendre  Marie  ta  femme;  car  ce 
qui  est  né  en  elle  Vest  du  Saint-Esprit.  Si  tu  dis  «  qui  est  né  en  elle  »  ou 
€qui  est  fait  en  elle  »  cela  ne  nuit  pas  au  sens.  Celui  donc  qui  est  né  en  elle  est 
du  Saint-Esprit;  mais  si  nous  disons  que  «  Dieu  le  Verbe  est  né  dans  la 
chair  »,  c'est  autre  chose  de  dire  «  qu'il  était  avec  celui  qui  naissait  »  et 
autre  chose  de  dire  «  qu'il  naîtra  ».  Car  celui  qui  est  né  en  elle  est  du  Saint- 
Esprit;  c'est-à-dire:  le  Saint-Esprit  a  créé  ce  qui  est  en  elle.  Les  Pères 
qui  connaissaient  les  Livres  divins,  ont  vu  que  si  l'on  rapporte  «  celui  qui 
est  né  »  à  «  celui  qui  a  pris  un  corps  »,  Dieu  le  Verbe  se  trouvera  le  Fils 
du  Saint-Esprit  ou  aura  deux  pères.  Si  nous  disons  que  «  Dieu  le  \evhe 
a  été  fait  »,  il  se  trouve  être  une  créature  du  Saint-Esprit.  Évitant  la  parole 
de  naissance,  ils  ont  défini  «  qu'il  descendit  pour  nous  autres  hommes,  et 
pour  notre  salut  et  qu'il  prit  un  corps  ».  Que  signifie  ce  «  il  prit  un 
corps  »?  (sinon)  qu'il  ne  fut  pas  changé  de  la  divinité  en  la  chair. 

Ensuite  il  explique  et  montre  en  somme  que  les  objections 
qu'on  lui  adresse  proviennent  toujours  de  ce  que  ses  adversaires 
n'admettent  pas  deux  natures  et  lui  font  donc  dire  de  la  nature 
divine  —  ou  du  moins  de  la  personne  du  Christ  —  ce  qu'il  disait 
seulement  de  la  nature  humaine,  ou  prétendent  qu'il  refuse  à 
la  personne  du  Christ  ce  qu'il  refuse  seulement  à  la  nature  du 
Verbe;  enfin  il  a  recours  aux  témoignages  des  Pères  qu'eux- 
mêmes  ont  cités  contre  lui,  et  il  n'a  pas  de  peine  à  montrer  que 
sa  doctrine  est  conforme  à  la  leur  : 

Vous  ne  récuserez  pas  ces  hommes  (3)  que  vous  avez  allégués  contre  moi 
pour  m'accuser.  Parle  donc,  ô  Ambroise,  n'abandonne  pas  celui  qui  est 
opprimé.  Ne  sois  pas  dans  la  bouche  des  calomniateurs  et  ne  condamne 
pas  le  sang  innocent  avant  de  m'avoir  entendu  :  Moi  je  dis  que  c'est  la  chair 
qui  est  (née)  de  la  Vierge  Marie,  et  que  ce  n'est  pas  Dieu  le  Verbe;  car  je 
confesse  qu'il  n'est  pas  fait,  ni  devenu,  ni  créé.  Tous  se  lèvent  contremoi 
comme  desépées,  ils  ne  veulent  même  pas  écouter  mes  paroles  et  c'est  sur 
cela  qu'ils  te  citent  comme  témoin.  Ce  n'est  pas  la  mort  qui  m'a  fait  peur, 
moi  qui  ai  été  ainsi  calomnié,  mais  c'estd'avoir  été  condamné  comme  impie 
en  ton  nom.  J'ai  parlé  d'après  Ambroise  et  je  ne  renie  pas  ce  que  j'ai  dit. 
quand  bien  même  ils  élèveraient  le  glaive  contre  moi.  J'ai  dit  ceci  :  Il  voulut 
ensuite  être  d'une  femme,  selon  cette  (parole)  t  il  a  été  fait  ».  Tu  as  défini 

(1)  HéracL,  276-277. 

(2)  Texte  de  Nestorius  cité  contre  lui  à  Éphèse.  Voir  ce  texte  dans  Labbe,  III, 
522  A. 

(3)  Héracl..  279-281. 


10  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

(toi,  Ambroisej  que  «  ce  n'est  pas  la  divinité,  mais  le  corps  qui  a  été  pris. 

11  a  été  fait  d'une  femme  par  le  corps  qui  a  été  pris  (1)  »  à  savoir  celui  qui 
est  descendu;  c'est  celui-là  que  le  Père  a  sanctifié  et  a  envoyé  au  monde. 
Le  Livre  ne  vous  a-t-il  pas  appris  que  «  ce  n'est  pas  la  divinité,  mais  la  chair, 
qui  a  besoin  de  sanctification  (2)  »?  Si  donc  ils  ont  trompé  quelqu'un,  c'est 
eux-mêmes  et  non  moi. 

Que  dis-tu  aussi  décela,  ô  Grégoire  le  divin?  Quelle  pensée  as-tu?  Je  te 
le  demande,  non  que  je  l'ignore,  mais  parce  qu'ils  veulent,  sous  ton  nom, 
opprimer  la  vérité.  Sais-tu  quelque  chose  de  celui  qui  est  du  Saint-Esprit 
et  de  la  Vierge  Marie,  qui  a  commencé,  a  progressé,  s'est  perfectionné,  je 
ne  dis  pas  en  personne  (prosôpon)  mais  en  essence?  Quoi  donc?  aurais-tu 
donné  autre  chose  que  ce  que  tu  as  donné  par  écrit?  (à  savoir)  que  c'est 
l'homme  qui  a  été  pris...  «  Ce  n'est  pas  Dieu  qui  commence,  grandit  et  se 
perfectionne,  bien  qu'il  soit  dit  ainsi  à  cause  de  (sa)  manifestation  qui  eut 
lieu  peu  àpeu(3).  »Car  c  autre  et  autre  étaient  ceux  dont  était  formé  notre 
Sauveur,  ce  n'est  pas  la  même  chose  de  l'invisible  et  du  visible...  Dieu  qui 
devint  homme  et  l'homme  qui  devint  Dieu  (3)  ». 

Parle  aussi,  ô  sage  Athanase,  car  tu  as  subi  également  beaucoup  de  ca- 
lomnies analogues  de  la  part  des  ariens,  pour  défendre  la  tradition  au  sujet 
du  Fils,  Dieu  le  Verbe.  Quelle  idée  as-tu  sur  ce  «  qui  est  né  du  Saint-Esprit 
et  de  la  Vierge  Marie  »  ?  (Est-il  né)  selon  la  nature  et  non  selon  la  personne 
(prosôpon)  qui  résulte  de  l'union?  Nous  disons  qu'il  est  un,  le  Fils  qui  est 
né  de  sainte  Marie,  et  non  un  autre.  Mais  cet  un  et  seul  qui  est  né  Fils,  Christ, 
(c'est)  Dieu  le  Verbe  avec  sa  chair;  et  II  a  une  chair  avec  Dieu  le  Verbe. 
Mais  *  en  essence  Dieu  le  Verbe  est  de  Dieu  le  Père,  et  la  chair  est  celle 
qu'il  a  prise  de  la  Vierge  (4)  »  pour  être.  Nous  ne  disons  pas  un  autre  et 
un  autre,  car  il  n'y  a  qu'une  personne  (prosôpon)  pour  les  deux  natures. 
Mais  celui  qui  a  été  fait  du  Saint-Esprit  selon  la  nature,  quel  était-il?  et 
quelle  était  sa  nature?  De  quelle  nature  était  la  Vierge  sa  mère?  Car  c'est 
là  ce  qu'on  cherche.  Ecoutez  tous...  J'ai  dit  (répond  Athanase)  que  *.  Hu- 
main est  celui  qui  (provient)  de  Marie,  selon  les  Livres  divins,  et  il  était 
vraiment  de  notre  Sauveur  (5)  ». 

Certains  textes  allégués  contre  Nestorius  sont  d'ailleurs  assez 
incolores,  et  il  faut  vraiment  qu'il  ait  eu  bien  peu  d'écarts  de 
langage  dans  ses  nombreux  discours  pour  qu'on  n'ait  pas  trouvé 
autre  chose  à  lui  reprocher.  Voici,  par  exemple,  la  traduction 
entière  d'un  texte  allégué  contre  lui  : 


(I)  Paroles  de  saint  Ambroise  :  •  Huncposteafactum  exmuliere  asseruit,  ut  fac- 
tura non  divinitati,  sed  assumptioni  corporis  adscriberetur.  Factum  e.x  muliere 
per  carnis  susceptionem.  •  Labbe,  III,  513  B. 

(i)  Te.xte  d'Ambroise  cité  plus  haut,  Labbe,  III,  513  D. 

(3)  Textes  de  saint  Grégoire  cites  plus  haut,  Labbe,  III.5I5D.B. 

(4)  Cf.  Athanase,  Labbe,  III,  510  H. 

(o)  Paroles  d'Athanase  citées  plus  haut,  Labbe,  III,  5iii  D. 


SAINT   CYRILLE    ET    NESTORIUS.  11 


Semblablement,  du  même,  du  sixième  cahier  (1). 

Examine  les  choses  qui  suivent  aussitôt  celles-là  (2)  :  Pour  qu'il  devienne 
miséricordieux  et  pontife  fidèle  dans  les  choses  qui  concernent  Dieu.  En  ce 
qu'il  a  souffert  et  a  été  tenté,  il  peut  aider  ceux  qui  sont  tentés  (3).  Ainsi 
celui  qui  a  souffert  c'est  le  pontife,  car  le  temple  est  passible  et  non  Dieu 
impassible,  qui  a  vivifié  le  temple  passible. 

Nestorius,  on  le  devine,  ridiculise  sans  aucune  peine  l'accu- 
sation que  l'on  semble  vouloir  tirer  de  là  et  y  répond  facile- 
ment : 

Qui  pourrait  défendre  des  blasphèmes  comme  ceux-ci  !  J'ai  dit  que  le 
temple  était  passible  et  que  ce  n'est  pas  Dieu  qui  vivifie  ce  temple  qui  a 
souffert!  C'est  pour  cela  que  vous  m'avez  condamné,  parce  que  j'ai  dit  que 
Dieu  est  incorruptible,  immortel  et  vivificateur  de  l'univers!  Serait-il  au 
contraire  corruptible,  mortel  et  privé  de  la  vie?  Le  Livre  (saint)  ne  vous 
apprend-il  pas  que  €  la  divinité  n'avait  pas  besoin  de  vivification  mais  la 
chair  »  ?  Ambroise  vous  crie  tout  cela  et  vous  ne  l'écoutez  pas,  ou  plutôt 
vous  entendez  et  n'entendez  pas,  vous  voyez  et  vous  ne  voyez  pas,  et  vous 
adoptez  les  choses  opposées.  Comment  donc  admettez-vous  cela  (d'Am- 
broise)  et  n'admettez-vous  pas  ce  qui  est  de  moi?  Je  n'ai  rien  dit  d'étrange 
et  je  n'ai  rien  écrit  en  somme  qui  soit  différent  de  ses  paroles  (de  Paul)  : 
Par  ce  en  quoi  il  a  souffert  et  a  été  tenté,  il  peut  aider  ceux  qui  sont 
tentés  (4). 

La  nature  qui  a  souffert  le  crie,  et  vous  n'aviez  pas  besoin  de  l'appren- 
dre de  moi  ou  des  autres.  Le  Livre  (saint)  le  crie.  «  Attribuez  donc  la 
gloire  à  Dieu  et  les  souffrances  à  l'homme  »  comme  Ambroise  vous  l'a  dit 
à  tous.  Pourquoi  craignez-vous  d'admettre  les  paroles  d'Ambroise?  En  con- 
damnant mes  paroles  mêmes  vous  anathématisez  aussi  les  siennes.  Il  a 
dit  ces  choses,  et  c'est  pour  ces  mêmes  choses  que  vous  m'avez  condamné. 
Ce  n'est  donc  pas  seulement  moi  (que  vous  condamnez),  mais  encore  lui 
avec  ses  paroles  que  vous  avez  citées. 

Nestorius  reprend  ainsi  l'un  après  l'autre  tous  ses  textes  qui 
ont  été  cités  à  Éphèse  contre  lui  ;  cela  entraîne  bien  des  répé- 
titions et  l'on  comprend  que  l'historien  Socrate,  s'il  a  lu  une 
discussion  analogue,  a  pu  être  incité  à  appliquer  à  l'auteur 


(1)  Passage  de  Nestorius  cité  contre  lui  à  Éphèse,  Héracl.,  317.  Voir  le  texte, 
Labbe,  III,  523-52C. 

(2)  Nous  ne  savons  pas  lesquelles,  car  l'extrait  précédent  est  tiré  du  cahier  XV; 
Nestorius  commentait  sans  doute  la  première  partie  du  verset  17  de  Hébr.,  n. 

(3)  Hébr.,  ii,  17  (fin)  et  18. 

(4)  Hébr.,  ii,  18. 


12  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Taccusation  de  bavardage.  Il  ne  faut  pas  oublier  cependant 
que  ces  misérables  fragments  ont  paru  suffisants  à  saint  Cyrille 
pour  condamner  Nestorius,  en  une  seule  séance,  sans  l'enten- 
dre, sans  que  ses  amis  aient  pu  prendre  sa  défense,  et  pour 
demander  à  l'empereur  de  faire  brûler  tous  ses  ouvrages  et 
de  proscrire  jusqu'à  son  nom;  on  est  porté  ensuite  à  l'indul- 
gence pour  la  vivacité  —  on  pourrait  dire  l'aigreur  —  et  les 
longueurs  de  la  réponse.  Nestorius  a  d'ailleurs  senti  ces  lon- 
gueurs, car  il  écrit  :  «  Voulez-vous  que  nous  étudiions  encore 
les  autres  choses  qu'ils  ont  écrites?  Ne  vous  impatientez  pas 
d'entendre  les  mêmes  choses  de  nombreuses  fois,  mais  endu- 
rez malgré  vous  l'ennui  de  ce  qui  a  été  dit  (1  ).  » 

3.  Sur  te  titre  «  Mère  de  Dieu.  » 

Pour  soulever  les  foules,  saint  Cyrille  avait  trouvé  la  for- 
mule simpliste  :  u  Nestorius  dit  que  la  \'ierge  n'est  pas  Mè)e 
de  Dieu  »,  formule  que  chacun  entendait  à  sa  manière;  pour 
beaucoup,  elle  signifiait  que  Nestorius  faisait  du  Christ  un  sim- 
ple homme.  Or  il  est  certain  que  Nestorius  et  tous  les  Orien- 
taux, y  compris  Alexandre  de  Mabboug,  n'ont  jamais  refusé  à 
la  sainte  Merge  le  titre  de  Mère  de  Dieu.  Lorsque  le  comte 
Irénée,  arrivé  à  Constantinople  trois  jours  après  les  Égyptiens, 
écrit  à  Nestorius  que  leurs  calomnies  ont  semé  partout  des 
préventions  contre  lui  et  qu'ils  ont  persuadé  en  particulier  au 
très  magnifique  cubiculaire  Scholastique  qu'il  ne  voulait  pas 
entendre  à  Éphèse  le  nom  de  Mère  de  Dieu  (2) ,  il  lui  écrit  aussi- 
tôt (3)  : 

Je  m'étonne  que  ton  àme  qui  aime  Dieu,  qui  est  ferme  et  qui  n'est  pas 
ouverte  aux  tromperies,  ait  pu  approuver  les  fables  des  hommes  immon- 
des, disant  de  nous  que  nous  aurions  rejeté  la  parole,  par  laquelle  (la 
Vierge)  est  nommée  «  Mère  de  Dieu  »,  lorsque,  comme  tu  le  sais,  nous  l'a- 
vons employée  souvent. 

En  effet,  comme  pour  confirmer  cette  parole  de  Nestorius, 
nous  avons  trouvé  ce  titre  de  Mère  de  Dieu,  donné  par  lui  à 
la  Vierge  dans  l'une  de  ses  trois  homélies  dont  nous  venons 


(1)  Héracl.,  p.  328. 

(-2)  Lupus,  ch.  xxi,  n"  100,  p.  60.  Texte  grec  chez  Labbe,  III,  717. 

(3)  Lupus,  ch.  x\.  p.  4o  ou  Loofs,  p.  190. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTOKILS.  13 

de  retrouver  le  texte  intégral.  11  explique  longuement  à  Scho- 
lastique,  à  Jean  d'Antioche  et  enfin  dans  le  Livre  d'Héraclide 
que  certains  hérétiques  (monophysites)  employaient  le  seul 
mot  de  Mère  de  Dieu  et  entendaient  par  là  que  Notre-Seigneur 
était  seulement  Dieu  et  que  l'humanité  était  absorbée  ou  sup- 
primée par  la  divinité;  d'autres  hérétiques  ne  voulaient  em- 
ployer que  la  locution  Mère  de  Vhomme  parce  qu'ils  ne  voyaient 
dans  le  Christ  qu'un  simple  homme;  ces  deux  locutions  étaient 
employées  concurremmentàConstantinopleet  leurs  partisans  se 
traitaient  mutuellement  d'hérétiques,  il  les  a  donc  convoqués 
et  s'est  rendu  compte  que  ceux  qui  disaient  «  Mère  de  Dieu  » 
n'excluaient  pas  «  Mère  de  l'homme  »,  et  que  ceux  qui  disaient 
«  Mère  de  l'homme  »  n'excluaient  pas  «  Mère  de  Dieu  »;  il  leur 
a  donc  dit  qu'ils  étaient  tous  orthodoxes,  mais  pour  éviter 
tout  soupçon  d'hérésie,  il  leur  a  conseillé  de  choisir  un  mot 
qui  désigne  à  la  fois  les  deux  natures  et  de  dire  plutôt 
«  Mère  du  Christ  ».  Voici  quelle  est  la  position  prise  par  Nesto- 
rius  et  par  les  Orientaux  :  c'est,  disent-ils,  la  seule  crainte  du 
monophysisme  qui  leur  inspire  une  certaine  défiance  à  l'égard 
de  la  formule  «  Mère  de  Dieu  »,  —  et  Eutychès  s'est  chargé  de 
démontrer  que  cette  crainte  n'était  pas  chimérique.  —  Voici  ce 
que  Nestorius  écrivait  cà  .Tean  d'Antioche  (1)  lorsque  celui-ci 
lui  demandait  d'admettre  ce  titre  : 

Il  expose  d'abord  que  s'il  redoute  le  nom  Mère  de  Dieu, 
c'est  uniquement  parce  qu'il  est  adopté  par  beaucoup  d'héréti- 
ques et  parce  qu'il  craint  donc  que  son  usage  inconsidéré  ne 
conduise  aux  erreurs  iV Apollinaire  et  à''Ariiis.  Il  ajoute  en- 
suite : 

Je  pense  que  Ta  Religiosité  sait  que,  dès  notre  arrivée  ici,  nous  avons 
trouvé  des  hommes  qui,  à  leur  détriment,  se  séparaient  de  manière  sédi- 
tieuse de  ceux  qui  appartiennent  à  l'Église  :  certains  d'entre  eux  ne  nom- 
maient la  sainte  Vierge  que  «  Mère  de  Dieu  »,  et  d'autres  (ne  la  nom- 
maient) que  «  Mère  de  l'homme  ».  De  là,  pour  réunir  avec  soin  les  deux 
partis  et  pour  ne  négliger  aucune  brebis  qui  aurait  pu  périr,  comme  nous 
avons  vu  que  le  Seigneur  lui-même  l'a  fait,  nous  l'avons  appelée  «  Mère 
du  Christ  »,  afin  que  ce  mot  désignât  évidemment  l'un  et  l'autre,  c'est-à- 
dire  Dieu  et  l'homme,  au  sujet  des  paroles  de  l'Évangile.  Pour  ceux  qui 
le  voulaient,  je  leur  ai  permis  de  nommer  pieusement  la  Vierge  t  Mère  de 

(1)  Lupus   ch.  m,  11°  7S,  p.  lu,  ou  Loofs.  p.  183. 


14  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

Dieu  »  ou  «  qui  enfante  Dieu  »,  à  savoir  ni  selon  le  sens  d'Apollinaire  ni 
selon  celui  d'Arius,  ni  comme  si  la  divinité  du  Fils  unique  avait  pris  com- 
mencement de  la  sainte  Vierge,  mais  à  cause  du  mode  de  l'union  qui  a  été 
faite  dés  le  commencement  même  des  paroles  de  l'ange  prononcées  sur  la 
conception  (1). 

Il  en  avait  écrit  autant  à  saint  Célestin  (2). 

Pour  moi,  au  sujet  de  cette  parole  qui  est  «  Mère  de  Dieu  »,  si  elle 
n'est  pas  employée  selon  la  folie  d'Apollinaire  et  d'Arius  pour  la  confu- 
sion des  natures,  je  ne  m'oppose  pas  à  ceux  qui  veulent  la  dire;  je  n'hésite 
pas  cependant  à  dire  que  cette  parole  »  Mère  de  Dieu  »  le  cède  à  cette  au- 
tre «  Mère  du  Chrisl  »  qui  a  été  employée  par  les  anges  et  les  évangiles. 

Après  le  concile,  il  répétait  encore  la  même  chose  au  cubicu- 
laire  Scholastique  (3). 

Nous  avons  dit  ainsi  (Mère  du  Christ)  de  crainte  que  quelqu'un  ne  soupçon- 
nât le  Seigneur  Jésus-Christ  d'être  ou  un  pur  homme  ou  Dieu  privé  de  l'hu- 
manité (4).  Sache  cependant  que  nous  leur  avons  dit  très  souvent  —  et  cela 
paraissait  légitime  et  pour  eux  et  pour  nous  —  d'appeler  la  sainte  Vierge 
«  Mère  de  Dieu  et  de  l'homme  »  :  «  Mère  de  Dieu  »  non  comme  si  Dieu  le 
Verbe  avait  pris  d'elle  le  commencement  de  son  existence  —  comment  cela 
aurait-il  lieu,  puisqu'il  est  lui-même  le  créateur  de  la  Vierge  — mais  afin 
qu'on  n'imaginât  pas  que  celui  qui  est  né  est  un  pur  homme  ;  «  Mère  de 
l'homme  »  pour  que  nous  n'abjurions  pas,  avec  les  Manichéens,  l'Incarna- 
tion, nos  prémices  (l'incarnation  en  notre  nature).  Cyrille  cependant  a 
évité  tout  à  fait  auparavant  de  parler  avec  nous  et  l'évite  jusqu'ici,  espé- 
rant esquiverpar  là  la  censure  des  chapitres  qu'il  a  écrits,  parce  qu'ils  se- 
raient hérétiques  sans  conteste.  Comment  donc  Ta  Splendeur  a-t-elle  pu 
accueillir  une  telle  accusation  contre  nous,  lorsqu'elle  se  souvient  certaine- 
ment que  nous  avons  employé  l'un  et  l'autre  mot  (Mère  de  Dieu  et  Mère 
de  l'homme)  même  à  Constantinople,  au  sujet  du  mystère  de  l'incarnation 
et  de  l'union  ineffable?  Ne  croyez  donc  pas  si  facilement,  je  vous  en  prie, 
aux  accusations  portées  contre  nous,  car  nous  croyons  que  la  parole  par 
laquelle  elle  est  appelée  <  Mère  de  Dieu  »,  si  elle  est  placée  avec  cette  parole 
qui  est  t  Mère  de  l'homme  »,  a  un  souverain  caractère  de  piété... 


(1)  Cette  phrase,  connue  depuis  longtemps,  n'a  pas  empêché  d'écrire  que,  pour 
Nestorius,  l'union  du  Verbe  avec  l'homme  avait  eu  lieu  peu  à  peu,  après  la 
naissance. 

(2)  Loofs,  p.  181. 

(3)  Loofs,  190. 

(4)  Ce  sont  les  deux  formes  du  monophysisme  :  Mère  de  l'homme  —  Mère  de 
la  nature  humaine,  et  Mère  de  Dieu  =Mère  de  la  nature  divine.  Voilà  pourquoi, 
dit  Nestorius,  il  faut  employer  les  deux  locutions  simultanément,  ou  adopter  la 
locution  -  Mère  du  Christ  •  qui  comprend  à  elle  seule  les  deux  autres. 


SAINT   CYRILLE    ET    NESTORIUS.  15 

Ces  explications  n'ont  réussi  ni  à  arrêter  les  calomniateurs 
ni  à  éclairer  leurs  dupes,  nous  ajoutons  donc  encore  le  passage 
correspondant  du  livre  d'Héraclide  :  Nestorius  commence  par 
rappeler  que  la  chair  ou  la  nature  humaine  ne  peut  pas  faire 
partie  de  la  nature  ou  de  l'essence  de  Dieu  le  Verbe,  «  car  il 
souffrirait  dans  la  nature  elle-même  les  souffrances  naturelles 
de  la  nature...  Par  suite  de  l'union  naturelle,  il  tomberait  aussi 
sous  les  souffrances,-  à  savoir  celles  de  la  nature  dans  laquelle 
il  est  par  une  union  naturelle.  (Apollinaire)  combat  Paul  de 
Samosate  et  Photin  en  disant  que  le  Christ  est  le  Verbe  en  na- 
ture et  en  hypostase  et  est  éternel;  mais  il  s'est  trompé  en 
transportant  à  Dieu  le  Verbe  dans  la  nature,  les  choses  du  corps 
dans  une  union  naturelle  ».  Nestorius  fait  voir  ainsi  que  cette 
question  lui  est  bien  antérieure,  et  qu'elle  n'a  même  pas  pris 
naissance  à  Constantinople;  il  raconte  ensuite  comment  il  a 
été  amené  à  y  prendre  part  et  quelle  solution  il  a  donnée  (1). 

Pourquoi  donc  me  calomnies-tu  en  disant  :  <  C'est  lui  qui  a  lancé  cette 
question  »,  pourquoi  m'appelles -tu  «  inventeur  de  nouveautés  »  et  «  cause 
de  tumulte  et  de  guerre  »,  moi  qui  n'ai  pas  soulevé  une  telle  question, 
mais  qui  l'ai  trouvée  à  Antioche?  Dans  cette  ville-là  j'ai  enseigné  et  parlé 
sur  ces  matières  et  personne  ne  m'a  blâmé  et  je  pensais  que  ce  dogme 
(d'Apollinaire)  était  déjà  rejeté.  A  Constantinople,  comme  je  trouvai  qu'ils 
cherchaient  et  avaient  besoin  d'apprendre,  je  me  rendis  à  leur  demande, 
comme  ia  vérité  l'exigeait.  Les  partis  du  peuple  qui  discutaient  à  ce  sujet 
vinrcit  au  palais  épiscopal;  ils  avaient  besoin  de  la  solution  de  leur  dis- 
pute et  d'arriver  ^  la  concorde.  Ils  appelaient  manichéens  ceux  qui  don- 
naient le  nom  de  Mère  de  Dieu  à  la  bienheureuse  Marie,  et  Photiniens 
ceux  qui  l'appelaient  Mère  de  l'homme.  Lorsque  je  les  interrogeai,  les 
premiers  ne  niaient  pas  l'humanité,  ni  les  seconds  la  divinité  ;  ils  confes- 
saient ces  deux  points  de  la  même  manière,  et  n'étaient  divisés  que  par 
les  noms.  Les  partisans  d'Apollinaire  acceptaient  «  Mère  de  Dieu  »,  et 
ceux  de  Photin,  «  Mère  de  l'homme  »  ;  aussi,  lorsque  j'ai  su  qu'ils  ne  se 
disputaient  pas  dans  le  sens  des  hérétiques,  j'ai  dit  que  ceux-ci  n'étaient 
pas  hérétiques  ni  ceux-là  non  plus,  parce  que  (les  premiers)  ne  connais- 
saient pas  Apollinaire  et  son  dogme,  ni  les  autres  le  dogme  de  Photin  ni 
de  Paul.. le  les  ai  dégagés  de  cette  controverse  et  de  cette  dispute  en  disant: 
t  Si,  de  manière  indivisible,  sans  suppression  ni  négation  de  la  divinité 
et  de  l'humanité,  on  accepte  ce  qui  est  dit  par  (les  deux  partis),  on  ne 
pèche  pas  (2)  ;  sinon  servons-nous  de  ce  qui  est  le  plus  sur,  par  exemple 

(1)  Héracl.,  p.  150-152. 

(2)  C'est  dans  ce  sens  que  Nestorius  disait  :  -  Condamne  ceux  qui  disent 
Mère  de  Dieu  au  sens  d'Apollinaire  et  d'Arius  et  je  crierai  ce  nom  avec  toi; 


16  REVLK    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

(le  la  parole  de  l'Évangile  :  le  Christ  est  né  1 1;,  et  Livre  de  la  génération  de 
Jésus-Christ  (2j.  Par  de  telles  paroles,  nous  confessons  que  le  Christ  est 
Dieu  et  homme  ;  par  exemple  :  d'eux  (des  patriarches)  est  né,  dans  la  chair, 
te  Christ  qui  est  Dieu  sur  tout  (3).  Lorsque  vous  appelez  (la  vierge)  «  Mère 
du  Christ  »  dans  l'union  et  sans  diviser  (4),  vous  désignez  celui-ci  et  celui- 
là  dans  la  filiation.  Servez-vous  de  ce  qui  n'est  pas  condamné  par  l'Evan- 
gile. Résolvez  cette  controverse  parmi  vous  en  vous  servant  ae  paroles  qui 
puissent  recueillir  l'unanimité.  »  Quand  ils  entendirent  ces  paroles  ils 
dirent  :  «  Notre  question  a  été  résolue  devant  Dieu  (5)  »  ;  ils  me  quittè- 
rent avec  félicitations  et  louange  (6). 

Nestorius  nous  donne  alors  sa  version  sur  la  cause  détermi- 
nante des  accusations  portées  contre  lui  :  «  Déjà  auparavant  il 
avait  été  blessé  par  moi  et  il  ne  cherchait  qu'un  prétexte, 
parce  qu'il  n'avait  pas  reçu  de  ce  qu'on  appelle  eulogies  (7).  » 
Cette  phrase  est  à  rapprocher  de  ce  que  nous  disent  les  Orien- 
taux (8)  que  Nestorius  «  s'était  brouillé  avec  certains  évêques 
parce  qu'il  avait  défendu  d'accepter  des  dons  à  l'occasion  du 
sacerdoce  »  ;  il  est  probable  qu'après  sa  nomination  à  Cons- 
tantinople  il  ne  fit  pas  les  dons  de  joyeux  avènement  d'usage. 
Enfin  il  fut  choisi  pour  juge  des  accusations  portées  par  cer- 
tains clercs  d'Alexandrie  contre  Cyrille.  Les  représentants  de 
celui-ci  montrèrent  à  Nestorius  les  dangers  auxquels  il  s'ex- 
posait en  paraissant  prendre  parti  contre  Cyrille,  mais  il  per- 
sista; alors  Cyrille  écrivit  la  lettre  étrange  qui  nous  est  con- 
servée (9)  et  à  laquelle  Nestorius  n'a  pas  de  peine  à  donner 


moi  aussi  je  dis  Mère^de  Dieu,  mais  j'ajoute  Mère  de  l'homme.  ••  Loofs,  p.  301, 
303,  309  et  surtout  312.  Nestorius  voulait  voir  désigner  les  deux  natures  pour 
éviter  les  deux  erreurs  monophysites  qui  voulaient  ne  voir  en  Notre-Seigneur  les 
uns  que  Dieu,  et  les  autres  que  l'homme.  Voir  encore  Loofs,  p.  318,  319  :  «  la 
Vierge  est  mère  de  Dieu  et  mère  de  l'homme  ••  ;  -  l'appellation  Christ  renferme  les 
deux  natures  • . 

(1)  Cf.  Matth.,  I,  16. 

(•2)  Matth.,  I,  1. 

(3)  Rom.,  IX,  5. 

(4)  C'est-à-dire  «  après  l'union  des  natures  en  une  seule  personne  ■•. 

(5)  C'est-à-dire  -  vraiment  résolue  ••. 

(G)  En  somme,  en  renvoyant  dos  à  dos  les  adversaires  qui  parlaient  de  manière 
différente,  mais  qui  n'excluaient  pas  les  autres  manières  de  parler  et  ■•  n'étaient 
divisés  que  par  les  noms  ••,  Nestorius  donnait  un  bel  exemple  qu'il  aurait  été 
utile  de  pouvoir  imiter  plus  tard. 

(7)  Héracl.,  p.  153. 

(8)  HéracL,  introd.,  p.  vi. 

(9)  Labbe,  111,  331-338. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS.  17 

le  sens  suivant  :  «  Je  vous  envoie  une  lettre  pour  l'empereur 
dans  laquelle  j'accuse  Nestorius  d'hérésie,  mais  s'il  prend  mon 
parti,  «  si  c'est  un  frère  »,  ne  remettez  pas  cette  lettre,  car  il 
pourrait  m'en  vouloir  et  m'accuser  aussi  d'hérésie;  dans  ce 
cas,  regardez  donc  mon  accusation  comme  sans  importance.  Si 
au  contraire  il  veut  porter  un  jugement  entre  moi  et  les  clercs  qui 
me  poursuivent,  dans  ce  cas,  remettez  à  l'empereur  l'accusa- 
tion d'hérésie  que  je  porte  contre  lui,  afin,  si  je  ne  puis  éviter 
le  jugement,  que  je  puisse  du  moins  récuser  Nestorius  et  éviter 
d'être  jugé  par  lui.  D'ailleurs  je  vais  vous  envoyer  des  évêques 
et  des  moines  pour  vous  prêter  main-forte.  »  Cette  interpréta- 
tion inédite  nous  fournit-elle  la  clé  du  conflit  et  Cyrille  n'au- 
rait-il porté  contre  Nestorius  l'accusation  de  refuser  de  dire 
Mère  de  Dieu  et  de  faire  du  Christ  un  simple  homme  —  accusa- 
tion dont  tous  les  documents  nous  montrent  le  peu  de  fon- 
dement —  que  pour  éviter  de  voir  juger  par  lui  les  accusations 
portées  par  certains  clercs  d'Alexandrie  contre  Cyrille,  nous 
dirions  aujourd'hui  :  «  pour  rompre  les  chiens  »?  Voici  le  té- 
moignage de  Nestorius  (1)  : 

Le  bruit  courait  sur  moi  et  se  fortifia,  que  je  n'étais  pas  homme  à  dé- 
laisser celui  qui  était  opprimé.  Si  ce  bruit  est  vrai  ou  faux,  Dieu  le  sait! 
Cependant  cette  renommée  poussa  ceux  qui  accusaient  (Cyrille)  et  les 
encouragea  à  rapporter  sur  lui  devant  l'empereur  des  choses,  vraies  ou 
fausses,  et  à  dire  et  à  demander  que  je  fusse  juge. 

Parce  qu'ils  me  furent  envoyés  et  que  je  n'avais  aucun  motif  de  refuser, 
j'envoyai  chercher  les  clercs  (de  Cyrille)  et  je  leur  demandai  de  m'ap- 
prendre  quelle  était  cette  affaire.  Mais  ils  se  fâchèrent  et  me  dirent  : 
«  Comment  !  Tu  admets  de  cette  façon  une  accusation  contre  le  patriarche 
(d'Alexandrie)  (2)  et  tu  ne  condamnes  pas  les  accusateurs  aussitôt  sans 
examen  comme  des  calomniateurs  !  Il  est  facile  à  ceux-ci  d'accuser  (les 
clercs)  d'Alexandrie!  Il  n'est  pas  possible  que  nous  t'accordions  un  tel  pou- 
voir, car  ce  ne  serait  autre  chose  qu'un  téméraire  encouragement  aux 
accusations,  tandis  qu'il  t'est  avantageux  de  te  le  garder  (Cyrille)  comme 
un  bon  ami,-  et  ne  pas  t'en  faire  un  ennemi,  lui  qui  est  renommé  par  (sa) 
grandeur  et  qui  est  parmi  les  grands.  »  Alors  je  leur  répondis  :  «  Je  n'ai 
pas  besoin  d'une  amitié  qui  me  rendrait  coupable  d'iniquité,  mais  seule- 
ment de  celle  qui  opère  sans  acception  de  personne  les  œuvres  de  Dieu.  » 
Je  dis  ces  paroles  et  ils  me  répondirent  :  t  Nous  l'annoncerons  donc  au 
patriarche  (U).  »  Depuis  lors  il  fut  mon  ennemi  sans  réconciliation,  et  il 
était  prêt  à  tout.  Et  il  fit  naître  d'abord  une  cause  d'inimitié,  afin  de  pou- 

(I.)  Héracl.,  p.  153-156. 

(2)  Litt.  :  «  le  pape  (d'Alexandrie)  -. 

OKIENT   CHRÉTIEN.  2 


18  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

voir  me  récuser  comme  un  ennemi  (1),  et  d'user  de  fraude,  selon  sa  cou- 
tume, contre  ses  accusateurs  et  de  couvrir  les  accusations  portées  contre 
lui.  Voilà  ce  que  faisait  celui  qui  demandait  que  le  jugement  fût  confié 
à  d'autres.  Vous  apprendrez  que  ce  que  je  vous  dis  est  la  vérité  et  non 
de  la  fantaisie,  d'après  la  (lettre)  qu'il  écrivit  à  ses  clercs,  qui  se  mêlaient 
de  mes  affaires,  à  Constantinople,  comme  chacun  le  sait. 

Lettre  de  Cyrille  à  ses  clercs  de  Constantinople  (2). 

€  J'ai  reçu  et  j'ai  lu  la  requête  que  vous  avez  envoyée,  qu'il  faudrait 
remettre  à  l'empereur  et  que  vous  n'avez  pas  voulu  (lui)  remettre  sans 
mon  consentement.  Comme  elle  renferme  beaucoup  d'accusations  contre 
celui  qui  est  là  (Nestorius),  si  c'est  un  frère  et  s'il  mérite  que  nous  lui 
donnions  ce  nom,  ne  la  remettez  pas  encore,  de  crainte  qu'il  ne  s'élève 
contre  vous  et  ne  m'accuse  comme  hérétique  auprès  de  l'empereur.  S'il 
en  est  autrement,  en  même  temps  que  vous  récuserez  son  jugement,  vous 
direz  aussi  le  genre  de  son  inimitié,  et  s'ils  veulent  absolument  pousser  au 
jugement,  vous  le  donnerez  à  d'autres  autorités.  » 

Nestorius.  Voilà  pourquoi  il  est  devenu  mon  ennemi.  Écoutez  encore  le 
reste  de  (sa)  lettre,  pour  voir  qu'il  n'agissait  pas  pour  Dieu,  ni  pour  la  re- 
ligion, ni  pour  la  foi;  au  contraire,  alors  qu"il  connaissait  la  foi,  il  passait 
par-dessus  à  cause  de  son  inimitié  contre  moi.  Il  troublait  et  agitait  tout, 
afin  que  (durant  ce  temps)  ses  propres  hérésies  fussent  perdues  et  dis- 
persées (oubliées). 

Reste  de  la  lettre  de  Cyrille  (3). 

«  Lisez  donc  l'écrit  et  (remettez-le  s'il  en  est)  besoin,  et  si  vous  voyez 
qu'il  continue  à  nous  tendre  des  embûches,  en  vérité  il  en  dresse  de  tout 
genre  contre  nous,  faites-les-nous  connaître  soigneusement  alors,  car  je 
choisirai  certains  évoques  pieux  et  des  moines,  et  je  les  enverrai  au  pre- 
mier moment.  Car  je  n'accorderai  pas  le  sommeil  à  mes  yeux,  comme  il 
est  écrit,  ni  rassoupissement  à  mes  paupières,  jii  le  repos  à  mes  tempes, 
avant  d'avoir  combattu  le  combat  pour  le  salut  de  tous.  » 

Nestorius.  Vous  avez  entendu  ce  qu'il  a  confessé  clairement  sans  aucun 
voile  :  Il  pense  que  c'est  lui  faire  tort  que  de  faire  une  enquête  contre  lui; 
si  je  ne  lattaque  pas  pour  lui  nuire,  lui  non  plus  ne  m'attaquera  pas;  et 
il  »  combat  le  combat  pour  le  salut  de  tous  s  !  je  suis,  selon  lui,  «  ami,  pieux 
et  pur  en  tout  »,  mais  si  je  ne  détourne  pas  les  yeux  de  tes  torts,  pour  un 
juste  jugement,  tu. t'indignes  alors  et  tu  m'appelles  méchant  et  hérétique. 

(1)  Cyrille  dit  en  effet  que  Nestorius  ne  doit  pas  espérer  devenir  son  juge, 
sinon  il  en  appellerait  de  son  jugement.  Labbe,  111;  335  B. 

(2)  C'est  la  Un  de  la  lettre.  Labhe,  111,  :i:!,j  E. 

(3)  Labbe,  III,  33a-33b. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS.  19 

Tu  convoques  des  troupes  de  moines  et  d'évêques  et  tu  les  envoies  contre 
moi  prés  de  l'empereur  pour  m'accuser  et  toi  tu  combais  pour  ton  salut 
et  non  «  pour  le  combat  de  tous  »,  mais  plutôt  «  tu  combats  contre  le  salut 
de  tous  ».  Tu  as  tout  troublé,  confondu  et  égaré,  et  ainsi  tu  les  as  amenés 
à  te  servir  d'instruments  pour  le  mal,  afin  qu'ils  ne  voientpas,  n'entendent 
pas  et  ne  comprennent  pas,  quand  même  on  (le)  leur  dirait  des  milliers 
de  fois,  que  ce  n'était  pas  «  pour  le  salut  de  tous  »  que  tu  t'appliquais  à 
faire  cela,  mais  pour  fuir  devant  tes  accusateurs. 

Il  est  intéressant  d'arrêter  ici  la  lecture  de  Nestorius  pour 
rappeler  l'origine  des  luttes  de  Théophile,  oncle  de  saint  Cyrille, 
contre  saint  Jean  Chrysostome.  Théophile  avait  poursuivi  le 
vieillard  Isidore  jusque  dans  le  désert  deScété  et  en  avait  dis- 
persé les  moines.  Plusieurs  de  ceux-ci  s'étaient  réfugiés  à  Cons- 
tantinople  et  avaient  supplié  Jean  de  leur  obtenir  la  permis- 
sion de  retourner  en  Egypte.  Jean  Chrysostome  fait  venir  les 
clercs  d'Alexandrie  qui  intriguaient  à  Constaniinople  pour 
faire  nommer  en  Egypte  des  fonctionnaires  favorables  à 
Théophile,  et  leur  demande  s'ils  connaissent  ces  moines;  les 
clercs  répondent  :  «  Ils  ont  souffert  grande  violence,  mais  s'il 
te  plaît,  maître,  ne  leur  donne  pas  la  communion  spirituelle, 
pour  ne  pas  chagriner  le  pape  (patriarche)  (1).  »  Jean  suit  ce 
conseil  et  ne  leur  donne  pas  la  communion,  mais  il  écrit  à  Théo- 
phile :  «  Fais-moi  la  grâce,  comme  à  ton  fils  et  à  ton  frère,  de 
pardonner  à  ces  hommes.  »  Théophile  ne  fit  pas  cette  grâce 
à  Jean,  mais  envoya  des  hommes  habiles  aux  combats  de  la  pa- 
role (2).  Il  vint  lui-même  plus  tard  avec  des  navires  «  char- 
gés des  plus  belles  choses  de  l'Egypte  et  de  l'Inde  «  et  la 
lutte  se  termina  enfin  par  la  déposition  et  l'exil  de  Jean.  Cf. 
Palladii  Dialogus  de  vita  S.  Joannis  Chrysostomi,  P.  G., 
t.  XLVII,  p.  i  sqq. 

4.  Sur  le  mode  de  l'Incarnation.  —  Tous  les  reproches  de 
partager  le  Christ  en  deux  et  de  faire  du  Christ  un  simple 
homme  signifient  souvent  que  Nestorius,  comme  Chalcédoine, 
affirme  que  les  deux  natures  conservent  leurs  opérations  propres 
après  leur  union  en  une  personne  (3),  union  qui  est  d'ailleurs 


(1)  T>iç  (tàv  Tiv£'j().aTixTic  xotvwvîaç  aÙToïç  \i.r\  [leTaôw;,  'îva  (X-ri  ).un)i'îYii;  tôv  iràitav. 

(2)  'ATtoCTTÉXXsi   Se  Tiva;  uepiaeaupixÉvou;  el;  Àoytxà;  àiitAXaç. 

(3)  «  Parce  que  j'ai  dit  que  Dieu  le  Verbe  n'est  pas  mort,  lui  qui  a  une  nature 
immortelle,  mais  la  chair;  c'est  pour  cela  que  je  suis  accusé.  Je  penèe  que  même 


20  REVUE    DE    l'orient  CHRÉTIEN. 

réalisée  dès  l'Annonciation.  C'est  encore  à  l'aide  de  sorites  que 
tantôt,  en  partant  des  deux  natures,  on  veut  luï  faire  dire 
deux  Christs,  et  tantôt,  en  partant  des  opérations  qu'il  attribue 
à  la  nature  humaine,  on  veut  lui  faire  dire  que  le  Christ  n'est 
qu'un  homme. 

C'est  pour  nous  un  continuel  sujet  d'étonnement  de  voir 
saint  Cyrille,  dans  le  traité  «  aux  très  pieuses  reines  »,  par 
exemple,  terminer  tant  de  paragraphes  par  les  mots  «  donc  le 
Christ  est  Dieu  »,  car  ni  Nestorius,  ni  les  Orientaux  n'ont 
jamais  songé  à  le  contester  (1). 

Nestorius  a  cependant  deux  théories  en  propre  :  l'une,  que 
l'hypostase  suit  la  nature  et  que  s'il  y  a  deux  natures,  il  y  a 
aussi  deux  hypostases;  l'autre  semble  être  que  chaque  nature 
agit  avec  la  personne  de  l'autre  nature  et  que  c'est  ce  prêt,  cet 
échange,  cette  compénétration  des  personnes  des  deux  natures 
qui  constitue  la  personne  unique  du  Christ.  Mais  ces  deux 
théories  étaient  rarement  visées  ;  ce  qu'on  attaquait  chez  Nesto- 
rius et  ce  dont  on  déduisait  les  conséquences  les  plus  noires, 
c'étaient  les  deux  natures,  conservant  leurs  opérations  propres 
après  leur  union  en  une  seule  personne,  c'est-à-dire  en  somme 
la  doctrine  de  Chalcédoine.  Aussi  Nestorius  pouvait  s'écrier  : 

Ils  m'ont  calomnié  iniquement  comme  si  je  disais  un  homme  simple  et 
comme  si  je  le  séparais  en  parties,  à  la  manière  des  choses  qui  sont  sépa- 
rées localement  l'une  de  l'autre  (2). 

Où  donc  ai-je  dit  du  Christ  qu'il   était   un  simple  homme,  ou  deux 

les  démons  et  ceux  qui  ont  de  l'inimitié  contre  Dieu,  n'ont  pas  osé  dire  ou  en- 
seigner celte  parole.  >-  Héracl.,  355. 

(1)  Cf.  Migne,  P.  G.,  t.  LXXVI,  col.  1201  sqq.  "  Donc  le  Christ  est  Dieu  », 
col.  1232  G;  ■■  sache  que  le  Christ  crucifié  est  Dieu  »,  ibid.;  •■  le  Christ  est  donc 
Dieu  »,  1233  B;  ••  comment  le  Christ  n'est-il  pas  manifestement  Dieu  »,  1233  D, 
1236  A;  <•  comment  le  Christ  n'est-il  pas  Dieu  »,  1236  C.  Par  tout  ce  traité, 
avec  le  fracas  d'une  grande  épée  qui  bat  une  eau  dormante,  nous  retrou- 
vons je  même  refrain  :  "  le  Christ  est  donc  Dieu  »,  1285  A...  1321  C.  Les  <•  très 
pieuses  reines  »  ont  peut-être  cru  que  la  divinité  du  Christ  était  niée  par  Nes- 
torius —  n'avaient-elles  pas  d'autres  motifs  de  mécontentement  contre  ce  der- 
nier! —  mais  les  Orientaux  ne  s'en  laissaient  pas  imposer  par  ces  passits  extra 
viam,  et  portaient  toute  leur  attention  sur  des  phrases  incidentes  comme  celle- 
ci  :  El;  fipa  ètrci,  çuaa  xa;  i4ÀT,6<r>c,  xûpto;  xai  XpioTÔç  xat  ïîdç,  <•  il  est  donc,  fai'  nalvre 
et  en  vérité,  un  Seigneur  et  Christ  et  Fils  »,  ibid.,  coi.  1317  A.  Ils  voyaient  dans 
ce  texte  peu  clair  une  tendance  au  monophysisme,  et  toute  l'église  monophysite 
leur  a  donné  raison,  pendant  que  les  orthodoxes  palliaient  ces  textes  et  faisaient 
de  '■  un  par  nature  »  le  synonyme  de  "  un  en  vérité  ». 

(2)  Héracl.,  p.  329. 


SAINT   CYRILLE    ET    NESTORIUS.  21 

Christs,  et  qu'il  n'y  avait  pas  un  seul  Seigneur  Jésus-Christ,  Fils  unique 
de  Dieu?  De  l'union  des  deux  natures  résulte  une  personne.  Même  à  toi  je 
t'ai  dit,  comme  un  frère  à  son  frère,  que  nous  ne  divisons  pas  l'union,  ni  la 
personne  {prosôpon)  (qui  résulte)  de  l'union  (1). 

On  ne  lui  a  jamais  répondu  et  pour  cause  ;  voici  en  effet  sa 
doctrine  : 

Il  y  a  une  seule  personne  {prosôpon)  en  deux  natures.  Lui  est  Dieu,  Lui 
est  Seigneur,  Lui  est  Christ,  car  il  ne  se  sert  pas  d'une  personne  qui 
admette  division,  mais  il  s'en  sert  comme  de  sa  (propre)  personne  (2). 

(Ambroise)  indique  encore  l'union  des  deux  natures,  non  que  deux  na- 
tures soient  devenues  une  seule  nature,  mais  que  deux  natures  sont  unies 
dans  la  seule  personne  du  Fils  :  *  la  gloire  de  la  divinité,  les  souffrances 
de  l'humanité  ».  11  n'a  pas  appelé  l'un  un  Fils,  et  Dieu  le  Verbe  un  autre 
Fils,  mais  il  indique  qu'autre  chose  sont  la  personne  et  l'essence.  Il  en  est 
du  nom  de  Dieu  comme  du  nom  de  Fils,  l'un  indique  les  natures  et  l'autre 
la  personne  du  Fils.  Le  même  est  Dieu  et  Fils  et  il  n'y  a  qu'une  seule  per- 
sonne pour  les  deux  natures  et  non  une  personne  pour  une  seule  essence  ; 
c'est  pourquoi  les  deux  natures  sont  un  seul  Fils  et  elles  sont  dans  un  seul 
Fils.  Les  deux  natures  ne  sont  pas  (devenues)  le  seul  Dieu  le  Verbe,  ni 
encore  la  seule  divinité  ;  car  il  n'y  a  pas  eu  de  confusion  ni  de  mélange, 
ni  de  changement  des  essences  pour  aboutir  à  une  seule  nature  d'essence, 
ni  de  composition  naturelle  pour  aboutir  à  une  nature  composée  (3). 

Dis  (donc)  encore  une  personne  (prosôpon)  en  deux  natures  et  deux 
natures  en  une  personne,  comme  Grégoire,  comme  Ambroise,  comme 
Athanase,  cumme  tous  les  Pères  (4). 

Cela  ne  fait  pas  deux  Fils  ou  deux  Christs  que  deux  natures  soient 
unies  en  une  personne  (prosôpon)  ;  la  diversité  de  chacune  des  natures 
étant  conservée  (5). 

Je  vous  demande  et  vous  supplie  de  veiller  soigneusement  à  ce  que 
(Cyrille)  ne  m'accuse  pas  de  placer  par  parties  et  de  diviser  la  divinité  et 
l'humanité,  à  la  manière  de  ceux  qui  sont  séparés  l'un  de  l'autre  d'éloi- 
gnement  local  ;  car  comment  celui  qui  revêt  un  habit  en  serait-il  séparé, 
et  celui  qui  est  caché  de  celui  qui  est  visible;  comme  nous  l'avons  ajouté 
dans  nos  paroles  mêmes  :  «  Dieu  n'est  pas  séparé  de  celui  qui  est  vu.  » 

Mais  tu  me  dis  que  je  sépare  les  natures.  Comment  donc  seraient  sépa- 
rées les  natures  qui  sont  inséparables?  C'est  en  paroles  qu'elles  sont  con- 
nues comme  des  essences  sans  confusion  et  sans  mélange  ;  de  sorte  que, 
dans  l'union,  les  deux  natures  soient  conservées  dans  leurs  propriétés 
naturelles,  et  naturellement  dans  les  propriétés  de  l'essence;  en  sorte  que 

(l)Héracl.,  p.  214  ;  cf.  p.  69-70. 

(2)  Héracl.,  p.  288. 

(3)  Héracl.,  p.  301. 
(1)  Héracl.,  238. 
(5)  Héracl.,  237. 


22  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN 

la   nature  divine   soit  conçue  dans  la  nature  divine   et  que  la  nature 
humaine  soit  conçue  en  essence  dans  la  nature  de  l'humanité -(1). 

Il  est  une  personne  (prosôpon)  de  deux  natures  :  de  la  divinité  et  de 
l'humanité,  seigneur  et  Christ  (2). 

C'était  là  le  fond  du  débat.  (3)  et  le  concile  de  Chalcédoine  a 
donné  raison  à  Nestorius;  mais  où  il  prête  à  critique,  c'est 
lorsqu'il  veut  expliquer  la  formation  du  prosôpon  d'union.  Au 
lieu  de  dire,  d'après  une  formule  de  saint  Cyrille,  que  les  deux 
natures  s'unissent  en  une  personne  «  d'une  manière  ineffable 
et  inexprimable  »,  il  donne  une  personne  à  l'humanité  et  une 
personne  à  la  divinité,  chaque  nature  se  servant  de  la  personne 
de  l'autre. 

L'union  met  en  communies  personnes  [prosôpons) ei  non  les  natures (4). 

Pour  nous,  dans  les  natures,  nous  disons  un  autre  et  un  autre,  et,  dans 
l'union,  une  personne  {prosôpon)  pour  l'usage  de  l'un  avec  l'autre  :  Dieu 
qui  est  devenu  homme  et  l'homme  qui  est  devenu  Dieu  (5). 

De  même  qu'en  la  Trinité  une  essence  a  trois  personnes  (prosôpons), 
car  les  trois  personnes  sont  d'une  seule  essence,  de  même  ici  il  y  a  une 
personne  (prosôpcn)  de  deux  essences  et  deux  essences  d'une  personne. 
Dans  le  premier  cas,  les  personnes  {prosôpons)  ne  sont  pas  sans  essence  et, 
dans  le  second,  l'essence  n'est  pas  sans  personne:  la  nature  n'est  pas  non 
plus  sans  personne  ni  la  personne  sans  nature.  Car  l'autre  essence  se  sert 
de  la  même  manière  de  la  personne  d'une  essence  et  non  d'une  autre,  à 
cause  de  l'union.  11  a  fait  siennes  toutes  nos  propriétés. 

11  n'y  a  pas  deux  fils  ni  deux  hommes,  mais  ne  comprends-tu  pas  com- 
ment les  Pères  confessent  tine  personne  {prosôpon)  de  deux  natures?  ei 

1)  Héracl,  303-304. 
(2J  Héracl.,  p.  218. 

(3)  «  Ce  n'est  pas  en  nature  qu'avait  lieu  l'union  de  Dieu  le  Verbe  avec  l'huma- 
nité, de  sorte  que  l'intellect  de  l'humanité  fût  sans  opération  et  qu'il  pensât  avec 
l'intellect  de  Dieu  le  Verbe  et  non  avec  l'intellect  de  l'humanité;  qu'il  sentît 
non  dans  l'union  de  l'âme  vivante  mais  dans  l'union  de  la  divinité;  qu'il  vécût 
et  sentit  non  par  l'opération  du  sens  de  Tàme  mais  par  la  puissance  de  la  divi- 
nité. Une  telle  union  est  passible.  »  Héracl.,  p.  2.51.  ■■  Pourquoi  m'accusos-tu, 
moi  qui  dis  que  deux  (natures)  s'unissent  en  un  fils,  dans  lequel  j'ai  voulu  mon- 
trer rinoonfusion  des  natures  dans  l'union,  en  me  servant  des  propriétés  des 
natures? 'Je  ne  cherche  pas  à  faire  deux  fils  ni  à  dissoudre  l'unité,  mais  j'uti- 
lise jne  personne  (prosopun)  d'union  comme  (formée)  de  deux  essences,  selon  le 
témoignage  du  livre  divin.  »  Héracl.,  p.  224.  «  Car  il  (le  corps)  n'est  pas  adoi-é 
dans  sa  personne,  mais  dans  la  personne  qui  lui  est  unie  et  qui  est  commune  à 
cause  de  l'union.  C'est  dans  la  personne  {prosôpon)  qu'a  lieu  l'union,  de  sorte 
que  celui-ci  soit  celui-là  et  celui-là  celui-ci.  ■•  Héracl.,  p.  331. 

(4)  Héracl.,  p.  349. 

(5)  Héracl.,  p.  342. 


SAINT    CYRILLE    ET    N'ESTORIUS.  23 

que  les  différences  des  natures,  ou  de  la  divinité  ou  de  l'humanité,  ne 
sont  pas  supprimées  à  cause  de  l'union,  parce  qu'elles  se  réunissent 
ensuite  en  une  personne  qui  est  (formée)  des  natures  et  des  personnes 
(prosôpoîïs)  réunies.  Les  diversités  subsistent,  car  il  n'y  a  pas  confusion  ni 
suppression,  pour  que  tu  attribues  la  diversité  des  natures,  naturellement, 
à  une  nature  et  à  la  personne  unique  de  cette  même  nature,  et  que  tu 
supprimes  celle  qui  est  sans  personne  {prosôpon)  et  sans  son  essence, 
c'est-à-dire  l'humanité,  et  que  tu  ne  donnes  que  le  (seul)  nom  de  Dieu,  à 
Dieu  et  à  l'homme  (1). 

Nestorius  admet  la  communication  des  idiomes;  toutes  les 
propriétés  du  Clirist  peuvent  être  attribuées  à  Dieu  le  Verbe, 
mais  pas  de  la  même  manière,  car  les  unes  lui  sont  attribuées 
comme  découlant  de  son  essence  et  les  autres  comme  résultant 
de  son  union  avec  l'humanité  : 

Lorsque  nous  disons  Dieu,  et  que  nous  le  disons  en  nature,  nous  ne  le 
concevons  pas  sans  l'homme.  De  même  lorsque  nous  disons  l'homme,  et 
que  nous  le  disons  en  nature,  nous  ne  le  disons  pas  sans  qu'il  soit  Dieu, 
mais  nous  donnons  à  l'homme  le  nom  de  Dieu  dans  l'union  de  la  divinité, 
bien  qu'il  reste  homme  par  nature.  Inversement  Dieu  par  nature  est  Dieu 
le  Verbe,  mais  nous  donnons  à  Dieu  le  nom  de  l'homme  à  cause  de  son 
union  en  personne  avec  l'humanité.  Les  propriétés  des  natures  ne  chan- 
gent donc  pas  l'union  ni  celles  de  l'union  (ne  changent)  les  natures;  elles 
ne  dépouillent  pas  les  natures  de  leurs  propriétés  ou  de  ce  qui  a  été  fait 
dans  l'union  pour  l'économie  à  notre  égard  (pour  l'incarnation)  (2). 

Par  les  personnes  [prosôpons)  de  l'union,  l'un  est  dans  l'autre,  et  cet 
«  un  »  n'est  pas  conçu  par  diminution,  ni  par  suppression,  ni  par  confu- 
sion, mais  par  l'action  de  recevoir  et  de  donner,  et  par  l'usage  de  l'union 
de  l'un  avec  l'autre.  Les  personnes  reçoivent  et  donnent  à  l'un  et  à  l'autre 
mais  non  les  essences.  Nous  regardons  celui-là  comme  celui-ci  et  celui-ci 
comme  celui-là,  tandis  que  celui-ci  et  celui-là  demeurent.  Car  lorsqu'on 
dit  Dieu  le  Verbe,  Dieu  et  homme,  il  n'y  a  pas  deux  personnes  (prosôpons) 
de  Dieu  le  Verbe,  parce  que  les  deux  ne  sont  pas  dits  en  essence,  mais 
l'un  est  dit  dans  l'essence  et  l'autre  dans  l'union,  et  dans  les  rapports  de 


(1)  Héracl.,  p.  340.  Citons  encore  :  «  L'union  de  la  divinité  n'a  pas  eu  lieu 
pour  compléter  une  essence,  mais  pour  (compléter)  la  personne  (prosôpon)  de 
l'incarnation  pour  nous.  De  même  l'humanité  n'est  pas  pour  compléter  la 
nature  de  la  divinité,  mais  elle  (complète^i  la  personne  de  l'incarnation  pour 
nous;  les  personnes  [prosôpons)  sont  supportées  par  les  deu.x  (natures),  aussi 
une  nature  se  sert  de  la  personne  do  l'autre  nature  comme  si  elle  était  sionne. 
Les  deux  (natures)  ne  se  servent  pas  en  commun  de  l'une  et  de  l'autn*  (nature), 
ni  du  composé  pour  compléter  la  nature,  comme  l'àme  et  le  corps  (se  servent)  de 
la  nature  humaine,  mais  une  nature  se  sert  de  la  personne  de  l'autre  nature 
comme  si  elle  était  sienne.  "  Héracl.,  p.  414. 

(2)  Héracl.,  p.  343-341. 


24  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

l'un  avec  l'autre  qui  ont  lieu  à  l'aide  des  deux  natures.  Mais  Lui  est  dit 
dans  les  deux,  dans  celui-ci  et  dans  celui-là  :  dans  celui-ci  par  essence  et 
dans  celui-là  par  Vunion.  De  même  lorsque,  à  cause  de  l'union  même, 
nous  donnons  à  l'humanité  d'être  dite  en  deux  :  dans  l'essence  et  dans 
l'union,  nous  ne  faisons  pas  nécessairement  deux  (personnes)  (prosôpons) 
de  l'union,  car  il  n'y  en  a  qu'une  pour  les  deux  natures  :  pour  la  divinité 
et  pour  l'humanité,  comme  pour  l'humanité  et  la  divinité  (1). 

Il  n'admet  pas  d'essence  ou  nature  sans  hypostase. 

(Athanase)  ne  fit  pas  la  nature  humaine  sans  prosôpon  et  sans  hypo- 
stase, ni  la  nature  divine  non  plus.  L'incarnation  (pour  nous)  n'a  pas  lieu 
comme  quelque  chose  qui  n'est  pas  complet,  au  point  d'attribuer  les  (pro- 
priétés) humâmes  à  Dieu,  comme  les  ariens  qui  disent  qu'il  a  soufïert  en 
nature  nos  souffrances,  dans  sa  nature  et  dans  sa  personne,  la  chair  ne 
lui  servant  de  rien  (2). 

L'union  des  personnes  (prosôpons)  a  lieu  en  une  personne  (prosôpon)  et 
non  en  {une)essence  ni  en  une  nature.  On  ne  peut  pas  concevoir  une  essence 
sans  hypostase,  comme  si  l'union  (des  essences)  avait  eu  lieu  en  une 
essence  et  qu'il  n'y  eût  qu'une  personne  d'une  essence.  Mais  les  natures 
subsistent  dans  leurs  personnes  (prosôpons)  et  dans  la  personne  (prosô- 
pon) de  l'union.  Quant  à  la  personne  (prosôpon)  naturelle  de  l'une,  l'autre 
se  sert  d'elle-même  dans  l'union;  ainsi  il  n'y  a  qu'une  personne  (prosôpon) 
pour  les  deux  natures.  La  personne  d'une  essence  se  sert  de  la  personne 
même  de  l'autre  (3). 

La  personne  (prosôpon)  commune  aux  deux  natures,  c'est  le  Christ  (4). 
C'est  de  lui-même  que  les  natures  se  servent  comme  d'une  personne  (prosô- 
pon) dans  laquelle  et  à  l'aide  de  laquelle  elles  soient  connues  en  essence 
toutes  deux,  la  divinité  et  l'humanité,  sans  division  et  dans  la  division. 

Ce  n'est  pas  la  divinité,  ni  l'humanité  non  plus,  qui  forme  la  personne 
commune,  car  celle-ci  appartient  aux  deux  natures,  afin  que  les  deux 
natures  soient  connues  en  elle  et  par  elle,  tandis  qu'il  n'y  a  qu'une  (nature) 
pour  l'essence.  L'essence  même  de  Thumanité  se  sert  de  la  personne 
(prosôpon)  de  l'essence  de  la  divinité,  mais  non  de  l'essence,  et  l'essence 

(1)  Héracl.,  p.  348-349. 

(2)  Héracl.,  302. 

(3)  Héracl.,  p.  305.11  écrit  encore,  ibid.,  p.  229:  Il  dit  «  union  hypostatique  ». 
Veux-tu  donc  que  nous  regardions  la  personne  (prosôpon)  comme  une  hypostase, 
comme  nous  disons  une  essence  de  la  divinité  et  trois  hypostases  et,  par  hypo- 
stases,  nous  entendons  les  personnes?  Alors  tu  appelles  hypostatique  l'union 
quant  à  la  personne.. Or  ce  n'est  pas  des  personnes  [prosôpons)  mais  des  natures 
qu'il  y  a  union.  Car  ..  diverses  sont  les  natures  qui  vinrent  à  une  véritable 
unité,  des  deux  provient  un  Christ  -.  —Pour  les  nestoriens,  la  nature  ne  peut 
exister  sans  l'hypostase.  Cf.  Jouni.  aùaliqve,  X  série,  t.  X  (1907),  p.  173. 

(4)  Ainsi  «  Verbe  »,  «  Dieu  »,  «  homme  »  désignent  les  natures;  «  Christ  » 
désigne  la  personne. 


SAINT   CYRILLE    ET   NESTORIUS.  25 

de  la  divinité  se  sert  de  la  personne  {prosôpon)  même  de  l'humanité,  et 
non  de  l'essence,  comme  tu  l'avances  (1). 

En  somme,  par  les  locutions  union  substantielle,  union 
hypostatique,  union  naturelle,  Nestorius  entendait  l'union  en 
une  substance,  l'union  en  une  hypostase  (c'est-à-dire,  d'après 
lui,  en  une  essence),  l'union  en  une  nature.  Ce  mode  d'union, 
comme  celui  de  l'âme  et  du  corps,  assujettit  la  divinité,  bon  gré 
mal  gré,  aux  souffrances  de  l'humanité,  ou  encore  cette  union 
est  nécessaire;  voilà  pourquoi  il  rejetait  ces  locutions.  Pour  les 
remplacer,  il  prônait  l'union  des  deux  natures  et  des  hypostases 
en  une  personne  (prosôpon),  ou  même  il  prônait  l'union  des 
deux  personnes  (opposée  à  l'union  des  deux  natures)  en  une 
personne;  cette  union  étant  volontaire  (on  en  a  fait  depuis  une 
union  en  une  volonté  et  une  opération)  et  non  nécessaire.  Les 
natures  aussi  étaient  unies,  mais  pour  éviter  l'amphibologie  et 
ne  pas  laisser  croire  qu'elles  étaient  unies  en  une  nature  (par 
mélange,  confusion  ou  dépendance),  il  employait  les  locutions  : 
union  d'adhésion  ((jjvaçetaç),  d'habitation,  comme  dans  un 
temple,  d'honneur,  de  bienveillance,  de  dignité,  de  communi- 
cation de  puissance.  Il  voulait  exprimer,  aussi  clairement  que 
possible,  que  les  deux  natures  restaient  distinctes  après  l'incar- 
nation, et  ses  adversaires  ou  ne  voulaient  pas  le  dire  ou  du 
moins  ne  voulaient  pas  le  dire  avec  clarté.  Toute  la  discussion 
portait  sur  cette  formule  :  «  deux  natures  après  l'union  »,  à 
laquelle  on  opposait  «  une  nature  après  l'union  »  ou  «  une  na- 
ture incarnée  ».  Pour  les  uns,  Nestorius  unissait  trop  peu 
les  natures  ;  pour  d'autres,  les  adversaires  de  Nestorius  les  unis- 
saient trop.  D'ailleurs  Nestorius  et  ses  adversaires  condam- 
naient à  l'envi  toutes  les  conséquences  absurdes  qu'on  se  croyait 
en  droit  de  déduire  de  leurs  principes;  enfin  Nestorius  a  adhéré 
sans  restriction  à  la  formule  de  saint  Flavien  et  de  saint  Léon, 
et  ses  amis  avec  toute  l'église  jacobite  viennent  confirmer  ici 
son  témoignage  (2). 

(1)  Héracl.,  p.  439-440. 

(i?)  En  somme  les  locutions  de  Nestorius  créaient  des  tendances  dangereuses 
qu'il  était  légitime  et  même  nécessaire  de  condamner,  mais  il  faut  noter  1°  que 
Nestorius  les  condamnait  lui-même  ;  i°  que  les  termes  christologiques  n'étaient 
pas  définis  et  n'avaient  pas  le  même  sens  pour  tous;  3°  que  les  locutions  de  €}'- 
rille  créaient  des  tendances  aussi  dangereuses  que  celles  de  Nestorius  puisque 
le  sciiismo  monopinsitc  affirme  qu'il  on  procède  (voir  la  conclusion,  p.  48). 


26  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

5.  Sur  les  accusations  portées  par  Théodote  cl'Ancyre  et 
par  Acace  de  Mélitène. 

Nestorius  rapporte  ces  accusations  et  montre  comment  on 
aurait  dû  les  discuter.  De  ce  qu'on  les  a  accueillies  sans 
examen,  sans  même  savoir  quelle  était  leur  portée,  il  conclut 
qu'on  voulait,  non  pas  éclaircir  les  questions  pendantes,  mais 
seulement  le  condamner  (1)  : 

Théodote  le  premier  raconta  qu'il  avait  parlé  avec  moi,  et  il  ne  lui  dit 
pas  (à  Cyrille)  cette  conversation,  et  celui-là  (Cyrille)  ne  lui  demanda 
pas  :  «  Contre  quelle  chose  cela  a-t-il  été  dit  par  lui?  »  afin  d'apprécier 
en  juge  les  deux  paroles,  puis  de  recevoir  l'un  et  de  maudire  l'autre, 
comme  tombé  évidemment  dans  l'iniquité.  Il  lui  suffisait  de  l'accusation  : 

«  Théodote,  évêque  d'Ancyre,  dit  (2)  :  Je  souffre  certes  pour  l'ami,  mais 
la  religion  m'est  plus  chère  que  toute  amitié.  Il  m'est  donc  nécessaire, 
bien  qu'avec  une  grande  tristesse,  de  dire  la  vérité  sur  les  choses  dont 
on  m'interroge;  je  ne  pense  pas  cependant  que  notre  témoignage  soit 
nécessaire,  puisque  son  sentiment  s'est  manifesté  dans  les  lettres  à  Ta 
Piété  :  Les  choses  qu'il  a  dites  en  cet  endroit,  ne  pouvoir  être  attribuées  à 
Dieu,  c'est-à-dire  au  Fils  unique,  lui  refusant  les  choses  humaines,  il  les 
dit  encore  en  discourant  ici,  (à  savoir)  qu'il  ne  convient  pas  de  dire  de 
Dieu  quil  a  sucé  le  lait,  ni  qu'il  est  né  d'une  vierge  ;  de  même  ici  encore 
il  a  dit  souvent  :  Je  ne  dis  pas  que  Dieu  est  âgé  de  deux  mois  ou  de 
trois.  » 

Et  (Cyrille)  accepta  cela  sans  investigation,  comme  un  juge  accusateur, 
sans  rien  lui  demander,  ni  :  «  De  quoi  te  parlait-il  lorsqu'il  t'a  dit  cela?  s 
ni  :  t  Qu'as-tu  répondu  à  ce  qui  te  paraissait  dirigé  contre  toi?  Attends, 
parle  devant  nous  afin  que  nous  sachions  dans  quel  sens  il  a  condamne 
ces  choses,  afin  que  nous  n'accueillions  pas  sans  cause  les  accusations 
contre  celui  qui  est  éloigné,  et  que  nous  ne  portions  pas  contre  lui  une 
sentence  sans  examen  et  sans  enquête  devant  ceux  qui  ont  besoin  d'ap- 
prendre exactement  pourquoi  il  est  condamné.  Ainsi  l'accusé  ne  pourra  pas 
nier  et  il  n'aura  pas  motif  de  m'accuserde  partialité.  Dis  donc,  ô  Théodote, 
toi  qui  as  parlé  avec  lui,  si  tu  as  bien  compris  sa  pensée  lorsque  tu  l'as 
interrogé  et  qu'il  t'a  répondu  :  Je  ne  dis  pas  que  Dieu  est  âgé  de  deux 
mois  ou  de  trois.  Semblait-il  dire  que  le  Christ  n'est  pas  Dieu  et  que  c'est 
lui  qui  est  âgé  de  deux  mois  ou  de  trois  mois,  ou  bien  confesse-t-il  que  le 
Christ  est  Dieu,  et  quen  tant  que  Dieu,  il  n'est  pas  né  et  n'a  pas  été  âgé 
de  deux  mois  ou  de  trois  (3)?  Professes-tu  donc,  toi,  que  Dieu  (le 
Verbe)  est  né  d'une  femme,  et  qu'il  est  âgé  de  deux  mois  ou  de  trois, 
comme  si  son  essence  s'était  changée  en  l'essence  de  l'homme,  s'il  était 

(1)  Hérad.,  201-204. 

(2)  Labbe,  III,  503-506. 

(3)  Toute  la  question  est  là  en  effet,  mais  les  inonophysites  ne  pouvaient  pas 
se  la  poser. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTOHIUS.  2t 

né  et  s'il  était  devenu  âgé  de  deux  mois  et  de  trois  ;  ou  comme  s'il  avait 
été  changé  dans  sa  similitude  et  dans  sa  forme  en  la  similitude  et  la 
forme  de  l'homme  par  le  moyen  de  l'essence,  et  que  le  Christ  soit  conçu 
dans  la  seule  essence  de  Dieu  et  non  dans  deux  essences.  Si  c'est  dans 
deux,  comment  de  la  seule  essence  de  Dieu  le  Verbe  y  en  a-t-il  deux?  ou 
(est-il)  formé  de  deux  essences  séparées  et  non  semblables  et  estil  né 
dans  deux?  ou  bien  l'une  de  ces  essences  est-elle  née  et  a-t-elle  été  âgée 
de  deux  mois  et  de  trois,  de  sorte  qu'avant  d'être  née  et  d'être  âgée  de 
deux  mois  et  de  trois,  elle  n'était  pas?  ou  bien  était-elle  éternelle  et  l'es- 
sence n'a-t-elle  pas  eu  de  commencement  pour  naître  et  être  à^ée  de 
deux  mois  ou  de  trois,  lui  (le  Verbe)  n'ayant  pas  par  essence  ce  qu'ont  par 
nécessité  ceux  qui  naissent?  ou  bien  est-il  né  dans  la  naissance  de  la  chair 
par  l'union  de  l'essence? 

«  S'il  avait  été  interrogé  ainsi,  il  aurait  confessé  nécessairement  ce  qu'il 
disait  devant  les  évêques  orientaux,  lorsqu'il  fut  interrogé  par  éfcrit,  (à 
savoir)  que  le  Fils  unique  de  Dieu  crée  et  est  créé,  le  même,  mais  pas  au 
même  point  de  vue;  le  Fils  de  Dieu  a  souffert  et  n'a  pas  souffert,  le  même, 
mais  pas  au  même  point  de  vue;  une  partie  de  ces  choses  se  trouve  dans  la 
nature  de  la  divinité,  et  une  partie  dans  la  nature  de  l'humanité.  11  a  subi 
toutes  les  choses  humaines  dans  l'humanité  et  toutes  less choses  divines 
dans  la  divinité  :  naître  d'une  femme  est  une  chose  humaine,  mais  naître 
du  Père  est  sans  commencement,  car  l'autre  a  un  commencement,  l'un  est 
éternel  l'autre  est  temporel,  s 

Après  celui-là  vint  Acace  (1),  et  il  leur  raconta  une  conversation  qu'il 
avait  eue  avec  moi  et  qui  leur  parut  (renfermer)  des  choses  impossibles. 
Il  raconta  sa  demande  en  m'accusant,  non  en  me  réprimandant,  ni  en 
démontrant  les  choses  sur  lesquelles  il  s'appuyait;  mais  ils  acceptèrent  ses 
questions  comme  des  accusations.  Pour  que  vous  ne  croyiez  pas  que  j'in- 
vente cela,  écoutez  leurs  actes  : 

«  Parole  d' Acace,  évêque  de  Mélilène  (2). 

«  Aussitôt  que  j'arrivai  à  Éphèse,  j'eus  une  discussion  avec  cet  homme 
dont  on  vient  de  parler;  lorsque  je  reconnus  qu'il  ne  pensait  pas  correc- 
tement, je  m'efforçai  par  tout  moyen  de  le  redresser  et  de  l'éloigner  de 
ses  idées;  et  je  vis  qu'il  confessait. des  lèvres  s'être  éloigné  d'une  telle 
opinion. 

«  Apres  avoir  attendu  dix  ou  douze  jours,  à  l'occasion  encore  d'une  con- 
versation qui  s'engagea  entre  nous,  je  commençai  à  lui  parler  en  faveur  de 
la  foi  orthodoxe  et  je  vis  qu'il  lui  était  opposé;  je  sentis  qu'il  tombait  dans 
deux  maux  (ditYérentsj  :  d'abord  une  question  qui  était  inopportune  :  il  impo- 
sait la  nécessité  à  ceux  qui  lui  répondaient  ou  de  nier  absolument  que  la 
divinité  du  Fils  unique  se  fût  incarnée,  ou  de  confesser,  ce  qui  est  une  im- 

(1)  lléracl.,  205-208. 

(2)  Labbe,  III,  506  B. 


28  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

piété,  que  la  divinité  du  Père  et  du  Saint-Esprit  s'incarna  avec  le  Verbe  (1).  » 

Nestorius.  Ce  sont  eux  qui  interrogent,  ce  sont  eux  qui  répondent  que 
ces  choses  sont  absurdes  et  impies...  Admettons  en  effet  que  ma  question 
était  absurde;  il  te  fallait  ne  pas  l'accepter  mais  mettre  en  relief  l'absur- 
dité de  cette  question,  afin  qu'en  rectifiant  cette  question,  tu  ne  tombes 
pas  dans  la  voie  de  l'impiété  et  de  l'absurdité...  Admettons  que  tu  ne  sois 
pas  tombé  dans  cette  absurdité,  ni  volontairement  ni  involontairement, 
pourquoi  ne  dis-tu  pas  cette  question  absurde,  pour  laquelle  vous  voulez  me 
condamner;  mais  tu  ne  la  dis  pas  et  les  juges  ne  la  demandent  pas.  Si 
elle  était  si  absurde,  comment  a-t-elle  été  laissée  sans  réprimande?  au 
point  de  ne  pas  être  réprimandée  par  tout  votre  concile.  Si  tous  vous  la 
laissez  sans  réprimande,  et  s'il  n'y  a  chez  vous  personne  capable  de  la 
réfuter,  dites  du  moins  cette  question  perverse,  étudiez-la,  bien  que  vous 
ne  soyez  des  juges  que  pour  la  forme,  et  écrivez  cette  question  pour  la 
forme  à  ceux  qui  ont  de  l'intelligence,  et  ils  (pourront)  ensuite  apprécier 
votre  jugement. 

6.  5wr  la  forme  du  concile  d'Éphèse. 

Nestorius  triomphe  surtout  lorsqu'il  réfute  deux  accusations 
portées  contre  lui  :  de  s'être  servi  d'hommes  armés  et  d'avoir 
eu  l'appui  de  Candidien  et  de  l'empereur,  et  lorsqu'il  montre 
que  le  concile  a  été  dirigé  non  pour  discuter  les  formules  en 
présence  et  éclaircir  la  foi,  mais  pour  permettre  à  Cyrille  de 
condamner  sans  discussion  son  adversaire,  sans  avoir  à  jus- 
tifier ses  propres  formules. 

A  propos  de  la  convocation  qui  lui  est  adressée  ainsi  qu'aux 
évêques  qui  avaient  demandé  d'attendre  Jean  d'Antioche,  et 
lorsqu'on  lui  reproche  d'avoir  eu  sa  maison  entourée  de  sol- 
dats, il  dit  : 

Nestorius  (2).  Vous  avez  vu  de  quelle  tyrannie  j'usais  et  à  quelle  accu- 
sation me  voilà  sujet,  parce  que,  pour  sauver  ma  vie  des  conjurés  qui 
s'étaient  levés  contre  moi,  y'ai  eu  besoin  d'entourer  ma  demeure  de  soldats 
pour  me  garder,  afin  qu'ils  ne  vinssent  pas  sur  moi  avec  violence  et  ne 
me  perdissent  pas.  Tu  m'accuses  de  ce  que  des  soldats  entouraient  ma 
demeure  :  ce  n'était  pas  pour  vous  faire  quelque  mal,  mais  pour  vous 
empêcher  d'opérer  des  maux  contre  moi  (3).  De  ce  que  vous  nous  repro- 

(1)  Il  paraît  s'agir  d'un  dilemme  que  Nestorius  posa  à  Acace  et  auquel  celui- 
ci,  en  tant  que  monophysite,  eut  sans  doute  peine  à  répondre. 

(2)  Héracl.,  199-200. 

(3)  Ces  assertions  sont  justifiées  amplement  par  la  lettre  des  Orientaux  à 
Antiochus  :  «  Nous  avons  tous  les  jours  la  mort  devant  les  yeux,  les  excès  de 
Cyrille  et  de  Memnon  sont  au-dessus  de  la  fureur  la  plus  barbare...  On  a  déjà 
deux  fois  mis  des  écrileaux  à  nos  maisons,  pour  les  marquer  à  ceux  qui  doivent 
les  attaquer...  -  Labbe,  III,  709.  Voir  aussi  les  dangers  courus  par  le  comte  Irénée, 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS.  29 

chez  qu'une  troupe  nous  entourait,  il  s'ensuit  que  si  ceux-là  n'avaient 
pas  commencé  par  nous  entourer  et  nous  servir  de  mur,  je  périssais  du 
fait  des  violents.  Pourquoi  en  effet  appeliez-vous  ceux  qui  vous  avaient 
conjurés  d'avance  qu'il  n'y  eût  pas  de  concile  d'iniquité  ?  Est-ce  que  vous 
vous  êtes  réunis  tels  que  vous  aviez  été  convoqués?  Vous  avez  fait  le  con- 
cile pour  vous  et  non  pour  nous  ;  vous  avez  chassé  ceux-là  du  concile,  et 
vous  avez  fait  en  particulier  entre  vous  ce  que  vous  avez  voulu.  Vous 
n'avez  pas  écouté  ceux  qui  vous  criaient  de  ne  pas  faire  de  concile,  mais 
d'attendre  les  évèques  qui  avaient  été  appelés  avec  vous  et  qui  étaient 
prêts  à  venir.  Maintenant  donc,  pourquoi  nous  avez-vous  appelés  après 
toute  cette  violence  (1)? 

D'après  ce  que  l'empereur  fit  plus  tard  en  faveur  d'Eutychès, 
il  n'a  pas  de  peine  à  montrer  non  plus  qu'il  ne  fut  pour  lui 
qu'en  apparence,  mais  qu'il  ne  lui  apporta  aucun  secours  nota- 
ble (2).  La  mauvaise  humeur  de  l'empereur  contre  Cyrille  s'ex- 
plique suffisamment  par  le  mépris  qu'il  avait  fait  de  ses  ins- 
tructions, car  l'empereur  avait  ordonné  (3)  que  tous  les  évêques 
fussent  réunis  en  concile  général  (4). 

Lupus,  ch.  XXI,  p.  60-62  et  Labbe,  III,  717;  par  les  orientaux  à  Chalcédoine  : 
«  nous  sommes  lapidés  par  des  esclaves  revêtus  de  l'habit  monacal  »,  Lupus, 
ch.  XXXIV,  p.  69;  par  Jean  d'Antioche  :  «  on  a  machiné  de  me  tuer  en  chemin 
si  j'ose  me  mettre  en  route  »,  Lupus,  ch.  l,  p.  121.  C'est  au  nom  du  premier 
concile  d'Éphèse  que  les  mêmes  séditieux  devaient  plus  tard  tuer  saint  Flavien 
et  Protérius  et  chasser  Juvénal  de  la  Palestine. 

(1)  C'est  encore  le  lieu  de  relire  la  procédure  suivie  par  Théophile,  l'an  401, 
contre  saint  Jean  Chrysostome  :  Quoique  Théophile  fût  mandé  seul,  il  vint 
avec  un  grand  nombre  d'évêques  d'Egypte  et  reçut  d'abord  les  applaudissements 
des  mariniers  égyptiens  qui  avaient  amené  du  blé  à  Constantinople...  Il  travailla 
jour  et  nuit  aux  moyens  de  chasser  saint  Chrysostome  de  son  siège...  Un  évêque 
proposa  de  présenter  une  requête  à  l'empereur  et  de  faire  venir  Jean  malgré  lui 
dans  leur  assemblée...  Les  évèques  s'étonnaient  comment  Théophile,  appelé 
pour  répondre  à  des  accusations  atroces,  avait  pu  si  tôt  changer  l'esprit  des 
puissances  et  attirer  à  son  parti  la  plupart  du  clergé...  Jean  fut  cité  quatre  fois. 
Notre  concile,  disait  Théophile,  est  plus  nombreux  que  le  vôtre,  vous  n'êtes  que 
trente-six  d'une  seule  province  et  nous  sommes  quarante  de  diverses  provinces 
entre  lesquels  il  y  a  sept  métropolitains.  Trois  évêques  de  la  suite  de  Jean 
furent  battus  et  l'un  d'eux  fut  enchaîné,  jeté  dans  une  barque,  et  envoyé  dans 
un  lieu  inconnu;  enfin  la  relation  à  l'empereur  commençait  par  ces  mots  : 
«  Comme  Jean  accusé  de  quelques  crimes  en  se  sentant  coupable  n'a  pas  voulu 
.^•e  présenter,  il  a  été  déposé  selon  les  lois.  »  Cf.  Palladii  Dialogus,  P.  G.,  t.  XLVII, 
p.  1  sqq.,  passim. 

(2)  Héraci.,  515.  Cf.  384-385,  391. 

(3)  Labbe,  111,443  C;  Héraci.,  165-168. 

(4)  Pulchérie  était  certainement  hostile  à  Nestorius  qui  lui  avait  interdit  le 
sanctuaire  et  l'avait  mécontentée  plusieurs  fois.  Lf.  traduction  du  livre  d'Hér., 
p.  363-364. 

11  écrit  encore  :  «  Vous  aviez  encore  avec  vous  contre  moi  une  femme  belli- 


30  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

«  Chacun,  disait-il,  écoulera  avec  patience  ce  qui  sera 
dit,  quelqu'un  sera  aussi  prêt  à  répondre,  ou  plusieurs  y  répon- 
dront et  ainsi  par  demandes,  par  réponses  et  par  solutions,  la 
question  sur  la  vraie  foi  sera  jugée  sans  contestation  et,  par 
^in^estigation  commune  de  Votre  Sainteté,  elle  prendra  une 
heureuse  fm  sans  querelle.  »  11  n'avait  donc  pas  imaginé  un 
concile  général  où  manqueraient  les  évêques  des  patriarcats 
de  Rome,  d'Antioclie  et  de  Constantinople,  qui  serait  ouvert 
malgré  son  représentant,  et  nonobstant  la  requête  de  soixante- 
huit  évêques  présents  à  Éphèse  (1),  où  il  suffirait  d'une  seule 
et  unique  séance  pour  vérifier  les  pouvoirs,  lire  et  comprendre 
la  masse  de  documents  énumérés  dans  les  Actes,  prendre  tous 
la  parole  à  plusieurs  reprises,  condamner  Nestorius  (sans  dis- 
cussion ni  examen,  sur  des  locutions  amphibologiques  non 
expliquées)  et  contresigner  les  Actes.  Il  n'était  pas  besoin  d'un 
grand  sens  politique  pour  voir  que  ce  coup  de  force  et  de  pres- 
tesse n'était  pas  une  solution,  mais  le  premier  acte  d'une  tra- 
gédie (2). 

Ce  n'est  pas  non  plus  l'amitié  pour  Nestorius  qui  poussait 
Candidianus  (3),  il  lui  suffisait  de  voir  que  l'on  esquivait  le 

queuse,  une  reine,  jeune  fille  vierge,  laquelle  combattait  contre  moi  parce  que 
je  ne  voulais  pas  accueillir  sa  demande  de  comparer  à  l'épouse  du  Christ  (une 
personne)  corrompue  par  les  hommes. 

«  Je  rài  fait,  parce  que  j'avais  pitié  de  son  àme  et  pour  ne  pas  faire  des  vic- 
times de  ceux  qu'elle  choisissait  criminellement.  Je  ne  fais  qu'indiquer  ceci, 
car  elle  m'aimait,  aussi  je  passe  sous  silence  le  reste  de  sa  faiblesse  d'esprit  de 
jeune  fille  et  je  le  tais:  c'est  pour  cela  qu'elle  a  lutté  contre  moi.  Ici  elle  a  pré- 
valu contre  moi,  mais  non  devant  le  tribunal  du  Christ,  où  tout  paraîtra  nu  et 
en  évidence  devant  ses  yeux,  devant  qui  viendra  notre  jugement  elle  leur  aux 
jours  qu'il  a  fixés.  »  Héracl.,  p.  148. 

(1)  Lupus,  ch.  vu,  p.  26. 

(2)  Les  Orientaux  demandaient  aussi  que  la  question  de  foi  fût  tranchée  par 
les  métropolitains,  tandis  que  Cyrille  en  faisait  l'objet  d'une  sorte  de  pronun- 
ciamiento  soumis  ■■  aux  très  religieuses  reines  .-  et  à  tous  les  moines.  L'empereur 
regretta  que  Cyrille  eût  mêlé  les  ruines  à  ces  questions,  et  les  hommes  clair- 
voyants pouvaient  prévoir  le  jour  très  prochain  où  les  moines,  ainsi  déchaînés, 
se  mettraient  en  lutte  ouverte,  après  Chalcédoine,  avec  l'unanimité  des  évêques. 

(3)  Nous  trouvons,  on  101,  un  Candidianus  qui  était  ami  de  saint  Jean  Chryso- 
stome.  C'était  un  homme  important,  car  Jean  Chrysostome  l'appelle  Se^noToi  (aou 
eau|xa(7iu)TaT£  xat  {leyaXoupETtïffTaTô  et  loue  Ja  noblesse  de  son  àme,  ainsi  que  la 
solidité  et  la  constance  de  son  amitié  (cf.  P.  G.,  t.  LI,  col.  633);  plus  tard,  en  424, 
le  général  envoyé  pour  combattre  l'usurpateur  Jean  se  nommait  aussi  Candi- 
dianus (ci.  Tillemont,  Hhtoire  des  empereurs,  Paris,  173S,  p.  06  et  183).  Nous  ne 
savonâ  pas  si  c'est  le  même  personnage  ou  s'ils  sont  du  moins  de  même  famille. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS,  31 

véritable  but  du  concile,  qui  était  la  discussion  des  formules 
en  présence,  et  que  l'on  n'obéissait  pas  à  l'empereur.  Il  ne  voulait 
pas  lire  la  lettre  de  l'empereur  qui  était  censée  inaugurer  la 
session  du  concile  parce  que,  disait-il,  elle  prescrivait  que  tous 
les  évêques  fussent  réunis;  on  lui  demanda  de  montrer  qu'elle 
contenait  bien  cette  prescription,  et  lorsqu'il  l'eut  fait  —  non 
pour  ouvrir  le  concile,  mais  au  contraire  pour  montrer  qu'il 
ne  fallait  pas  l'ouvrir,  —  on  déclara  qu'il  avait  ouvert  le  concile 
et  on  «  l'expulsa  violemment  »  sans  tenir  compte  de  ses  pro- 
testations subséquentes,  orales  et  écrites  (1).  On  avouera  qu'a- 
près cela  il  n'était  pas  nécessaire  qu'il  fût  l'ami  de  Nestorius 
pour  être  mécontent  de  Cyrille  et  des  siens.  Au  contraire,  Nes- 
torius lui  reproche  avec  raison  d'avoir  manqué  de  fermeté  : 

Que  ferai-je  maintenant?  Accuserai-je  Candidianus  de  ne  pas  avoir 
gardé  les  lettres  impériales  et  d'avoir  fait  une  telle  sédition  d'évêques 
contre  les  évêques  leurs  collègues,  et  aussi  contre  lui  qui  avait  ordre  de 
(veiller)  à  leur  garde  et  à  leur  bon  ordre?  Mais  il  cherchait  à  persuader  par 
des  paroles  ceux  qui  n'étaient  pas  por4és  à  écouter  des  paroles,  eux  qui 
avaient  besoin  de  quelqu'un  pour  les  conduire  malgré  eux,  selon  l'ordre  de 
l'empereur,  qui  était  proclamé  juste  par  tous  (2). 

A  mon  avis,  Candidianus  était  effrayé  par  eux,  il  les  arrêtait  seulement 
par  des  paroles  et  n'osait  pas  en  arriver  aux  actes  et  contrister  ceux  qui 
faisaient  de  telles  choses  (3). 

Il  met  encore  en  relief  très  longuement  le  rôle  prépondé- 
rant de  Cyrille  : 

Si  (4)  tous  les  juges  avaient  été  réunis  et  que  les  accusateurs  se  fussent 
tenus  dans  leur  rôle  et  les  accusés  dans  le  leur,  tous  auraient  eu  la  même 
assurance,  mais  il  était  tout  :  l'accusateur,  l'empereur  et  le  juge.  Il  faisait 
tout  avec  autorité  (arbitraire)  après  avoir  exclu  de  cette  autorité  celui 
(Candidianus?)  qui  en  avait  été  chargé  par  l'empereur,  et  s'être  élevé  lui- 
même.  Il  a  réuni  ceux  qui  lui  plaisaient  :  les  éloignés  et  les  proches,  et 
il  s'est  constitué  tribunal.  Je  fus  (ensuite)  convoqué  par  Cyrille  qui  a 
réuni  le  concile;  par  Cyrille  qui  en  était  le  chef.  Qui  était  Juge?  Cyrille. 
Quel  était  l'accusateur?  Cyrille.  Qui  était  évéque  de  Rome?  Cyrille.  Cyrille 
était  tout.  Cyrille  était  évêque  d'Alexandrie,  et  il  tenait  la  place  du  saint 
et  vénérable  évêque  de  Rome,  Célestin. 


(1)  Cl'.  Lupus,  ch.  K,  p.  33;  Héracl.,  p.  170-174. 
(•2)  Héracl.,  p.  169. 

(3)  Héracl.,  p.  174. 

(4)  HéracL,  p.  195-197. 


32  REVUE    DE   l'orient    CHRÉTIEN. 

Qui  croirait  que  tout  s'est  passé  ainsi,  si  Dieu  ne  les  avait  pas  obligés  à 
le  dire,  à  l'écrire  et  à  l'envoyer  à  tout  l'univers?  Tous  ceux  de  son  parti 
lisent  ces  choses  et  ne  croient  pas  qu'elles  aient  eu  lieu;  ils  doutent  d'eux- 
mêmes,  car  ils  croiraient  plutôt  aux  choses  qui  ont  lieu  en  songe  qu'à 
celles-ci,  si  elles  ont  eu  lieu  comme  elles  ont  eu  lieu.  Qu'était-il  besoin 
d'un  concile,  puisque  celui-là  {Cyrille)  était  /om/ ?  Qu'il  en  ait  été  ainsi, 
vous  l'apprenez  par  ce  qui  eut  lieu  à  Éphèse  :  car  Memnon  disait  (1)  : 

«  Depuis  le  terme  fixé  dans  les  lettres  de  l'empereur,  pieux,  aimant 
le  Christ,  seize  jours  se  sont  écoulés.  » 

Et  lui,  comme  s'il  était  le  maître  du  concile,  décrétait  (2)  : 

«  Cyrille,  évêque  d'Alexandrie,  dit  :  Ce  grand  et  saint  concile  a  eu  assez 
de  patience  en  attendant  l'arrivée  des  évéques  amis  de  Dieu  dont  on  espé- 
rait la  venue.  » 

Nestorius.  N'est-il  pas  évident,  même  pour  les  inintelligents,  qu'il  était 
tout?  C'est  donc  par  lui,  qui  était  tout,  que  j'ai  été  convoqué.  Et  devant 
quel  tribunal  ?  Pour  quel  jugement?  Pour  quelle  question?  Dis-le-moi  :  — 
«  Ce  grand  et  saint  concile  a  eu  assez  de  patience  en  attendant  seize 
jours.  »  Tu  as  eu  «  assez  de  patience  »,  dis-tu,  et  vous  n'avez  pas  rougi 
d'écrire  cela  comme  une  raison  excellente  qui  vous  empêchait  d'attendre 
les  évéques  éloignés  qui  devaient  nécessairement  venir,  dont  l'arrivée 
avait  été  retardée  par  un  motif  raisonnable,  et  qui  demandaient  de  les 
attendre,  eux  qui  étaient  proches  et  dont  l'arrivée  n'était  pas  une  affaire 
de  peu  d'importance  (3). 

Pour  comprendre  les  rancœurs  de  Nestorius,  il  faut  se 
rappeler  qu'à  cette  époque  c'était  l'empereur  qui  convoquait  le 
concile  et  qui  par  suite  en  fixait  la  date  et  l'ouverture.  D'ailleurs 
c'est  le  11  août  430  que  le  pape  saint  Célestin  s'était  engagé 
à  fond  contre  Nestorius  après  avoir  lu  les   «   extraits  »   des 

(1)  Labbe,  III,  454  A. 

(2)  Labbe,  III,  454  B. 

(3)  Nestorius  passe  de  même  on  revue,  en  citant  et  commentant  les  documents, 
tout  ce  qui  a  accompagné  et  suivi  le  concile;  voici  le  commencement  de  raffairé 
Dalmace  (cf.  Labbe,  III,  753)  d'après  Héracl.,  374-375  : 

••  Ils  préparèrent  encore  d'autres  maux  :  des  prêtres  et  des  troupes  de 
moines  se  réunissaient  contre  moi.  Ils  avaient  pour  approbateurs  et  pour  auxi- 
liaires en  ces  choses,  tous  les  eunuques  de  l'empereur  qui  scrutaient  sa  pensée 
et  donnaient  confiance  aux  autres.  Comme  (l'empereur)  aimait  beaucoup  l'habit 
des  moines,  ils  s'unirent  tous  dans  une  même  volonté  pour  lui  persuader  qu'il 
n'y  eût  pas  de  jugement,  mais  que  ce  qui  avait  été  fait  contre  moi  demeurât 
sans  examen.  Et  tous  les  moines  s'accordaient  en  une  même  volonté  contre 
moi,  eux  qui,  en  tout  le  reste,  étaient  sans  charité  les  uns  pour  les  autres 
envieux  et  enviés,  surtout  pour  la  gloire  humaine.  Ils  se  choisirent  pour  direc- 
teur et  pour  chef,  afin  de  frapper  l'empereur  d'étonnement,  l'archimandrite 
Dalmace,  lequel  depuis  de  longues  années  n'était  pas  sorti  de  son  monas- 
tère. » 


SAINT   CYRILLE    ET   NESTORIUS.  33 

discours  de  Xestorius  «  traduits  en  latin,  aussi  bien  qu'on  avait 
pu  le  faire  à  Alexandrie  «,  que  lui  portait  le  diacre  Possidonius. 
Par  le   même  diacre  Possidonius,  c  est-à-dire  par   retour  du 
courrier,  saint  Célestin  écrivait  à  saint  Cyrille  :  «  Vous  exécu- 
terez ce  jugement  par  l'autorité  de  notre  siège,  agissant  à  notre 
place  et  en  vertu  de  notre  pouvoir,  en  sorte  que  si,  dans  l'espace 
de  dix  jours,  cà  compter  depuis  cette  admonition,  il  n'anathé- 
matise  pas  en  termes  formels  sa  doctrine  impie...  Votre  Sainteté 
pourvoira  aussitôt  à  cette  église.  »  Le  même  jour,  11  août  430, 
saint  Célestin  écrivait  six  autres  lettres  dans  le  même  sens, 
à  Nestorius,  au  clergé  de  Constantinople,  à  Jean  d'Antioche, 
à  Rufus  de  Thessalonique,  à  Juvénal  de  Jérusalem,  à  Flavien 
de  Philippes.  C'est,  non  pas  dix  jours,  mais  dix  mois  plus  tard, 
le  lundi  22  juin  431,  avant  Varrivée   des  orientaux  et  des 
légats  du  pape,  que  Cyrille  exécuta  cette  sentence.  Enfin,  le 
10  juillet,  les   légats   ratifièrent  tout  ce  qui  avait  été  fait  le 
22  juin,  ce  qui  donne  l'impression  plutôt  du  pape   rallié  au 
concile  que  du  concile  uni  au  pape,  bien  que  le  blanc-seing 
donné,  un  an  auparavant,  à  saint  Cyrille  et  renouvelé  depuis 
vienne   compliquer  étrangement   la  question.    On   comprend 
donc  très  bien  et  les  récriminations  de  Nestorius  et  le  soin  que 
l'on  a  toujours  pris  de  ne  pas  remettre  en  cause  le  premier 
concile  d'Éplièse.  Les  mobiles  de  Juvénal,  le  bras  droit  de  saint 
Cyrille,  n'étaient  pas  non  plus  très  purs.  11  voulait  non  seu- 
lement se  soustraire  à  toute  dépendance  spirituelle  vis-à-vis 
de  sa  métropole,  Césarée,  mais  se  soumettre  Antioche,  premier 
trône  de  saint  Pierre.  «  Il  se  présenta  (à  Éphèse)  avec  de  nom- 
breux évêques  de  la  Palestine,  qui  soutenaient  ses  prétentions 
et  lui  faisaient  une  escorte  d'honneur,  toujours  prêts  à  pro- 
clamer la  légitimité  de  ses  actes...  Juvénal  ne  craignit  pas  de 
réclamer,  au  cours  de  la  quatrième  session,  que  l'évêque  d'An- 
tioche prêtât  obéissance  au  trône  apostolique  de  Jérusalem  » 
{Éc/ios  d'Orient,  t.  XIll  [1910],  p.  332-333).  Saint  Cyrille  se  servit 
de  lui  sans  le  décourager  :  «  tout  donnait  à  entendre  que  saint 
Cyrille  était  dupe  ou  complice  de  son  collègue  dans  l'ortho- 
doxie »  [ibid.).  D'ailleurs,  près  de  saint  Cyrille  à  Éphèse,  un 
voyait  Acace  de  Mélitène  et  Dioscure  (cf.  Pierre  ibn  Raliib, 
Chronieon  orientale,  Usid-  Cheikho,  Paris,  1903,  p.  121)  ;  parmi 
ses  plus  fermes  soutiens  se  trouvaient   Eutychès  et  d'autres 

ORIE>T   CHRÉTIEN.  ^ 


34  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

moines,  futurs  monophysites,  dont  les  vrais  sentiments  devaient 
sans  doute  percer  déjà.  Enfm  il  courait  des  bruits  de  vénalité 
et  d'achats  des  consciences  :  Nestorius  les  avait  confirmés. 
(Loofs,  p.  299,  308)  ;  Acace  de  Bérée  nommait  le  distributeur 
Lupus,  ch.  xLi,  p.  109-110);  les  orientaux  devaient  y  insister 
(Lupus,  ch.  xxxi,  p.  82);  et  on  a  conservé  une  liste  des  présents 
destinés  à  l'entourage  de  l'empereur  (cf.  traduction  du  livre 
d'Héraclide,  p.  367-369).  D'après  ces  pausices  défavorables, 
la  hâte  de  Cyrille  pouvait  sembler  étrange.  Deux  évêques  de 
la  suite  de  Jean  d'Antioche  venaient  annoncer  son  arrivée 
prochaine  ;  Jean  demandait  de  l'attendre  et  aussitôt,  en  une 
seule  séance,  on  avait  tranché  la  question  de  foi.  On  conçoit  à 
peine  comment  en  une  seule  séance  on  a  pu  lire  et  comprendre 
tant  de  documents.  Le  prétexte  donné  était  qu'on  ne  pouvait 
attendre  le  27  juin  pour  ouvrir  le  concile,  et  on  devait  voir  ces 
mêmes  évêques  ne  tenir  leur  seconde  session  que  le  10  juillet, 
après  l'arrrivée  des  légats  du  pape. 

Il  ne  faut  pas  s'étonner,  d'après  cela,  si  certains  rappro- 
chaient le  premier  concile  d'Éphèse  des  iniquités  commises 
par  Théophile  et  son  neveu  contre  saint  Jean  Chrysostome  : 
«  Ne  porte  pas  des  condamnations  violentes,  écrivait  saint  Isidore 
de  Péluse  à  saint  Cyrille,  mais  examine  les  causes  avec  jus- 
tice. Plusieurs  de  ceux  qui  sont  assemblés  à  Éphèse  t'accusent 
de  poursuivre  tes  inimitiés  particulières  et  ta  vengeance  plutôt 
que  de  chercher  de  manière  oxthodoxe  les  intérêts  de  Jésus- 
Christ.  Il  est,  disent-ils,  neveu  de  Théophile,  il  imite  sa  con- 
duite et  cherche  à  se  faire  valoir  comme  l'oncle,  qui  répandit 
sa  fureur  contre  le  bienheureux  Jean,  quoiqu'il  y  ait  beaucoup 
de  différence  entre  les  accusés  (1).  »  Dans  d'autres  lettres, 
saint  Isidore  l'engage  à  reconnaître  deux  natures,  comme  l'a 
fait  Athanase,  et  à  ne  pas  se  contredire  lui-même  (2)  :  Ne  pour- 
suis pas,  lui  disait-il,  la  vengeance  d'une  injure  personnelle 
aux  dépens  de  l'Église  vivante,  et  ne  lui  cause  pas  une  éter- 
nelle scission,  sous  prétexte  de  piété  (3). 


(1)  Lettre  310  du  livre,  I,  P.  G.,  l.  LXXVllI,  col.  361. 

(2)  Ibid.,  369. 

(3)  Ibid.,  392. 


SAINT   CYRILLE    ET    NESTORIUS.  35 

VIII.    ÉVÉNEMENTS  QUI    ONT    SUIVI    LE    CONCILE    d'ÉPHÈSE. 

1.  Vers  la  fin  de  son  ouvrage,  Nestorius  suit  les  événements 
depuis  Éphèse  jusqu'au  triomphe  du  dogme  des  deux  natures. 
Il  montre  d'abord  comment  les  Orientaux,  pour  l'avoir  con- 
damné, ont  été  obligés  ensuite  de  condamner  des  écrivains 
morts  dans  l'orthodoxie  que  tous  jusque-là  avaient  regardés 
comme  des  Pères  de  l'Église  : 

Plus  tard  (1)  ils  s'attaquèrent  à  Théodore  et  ensuite  à  Diodore,  puis  à 
chacun  du  reste  des  autres,  et  ils  arrivaient  à  cette  même  conclusion  qu'ils 
étaient  obligés  de  les  chasser  avec  moi,  parce  qu'ils  pensaient  les  mêmes 
choses  et  non  d'autres.  Il  leur  fallait  donc  ou  les  rejeter  avec  moi  pour 
les  mêmes  raisons,  ou  me  recevoir  aussi  en  même  temps  qu'on  recevrait 
ceux-là.  Mais  ils  n'osaient  pas  parler  de  me  recevoir,  parce  qu'ils  m'avaient 
chassé  une  fois.  Il  leur  fallait  donc  encore,  bien  qu'avec  peine,  chasser 
ceux-là.  Ensuite  pour  les  mêmes  motifs,  ils  devaient  encore  chasser  ceux- 
ci,  parce  que  ceux-ci  pensaient  et  enseignaient  les  mêmes  choses,  choses 
qui  étaient  d'ailleurs  vraies.  De  même  que  les  prisonniers  de  guerre  (2), 
pour  montrer  qu'ils  pensent  comme  ceux  qui  les  ont  pris,  n'épargnent  ni 
les  amis,  ni  les  enfants,  ni  les  parents,  pour  leur  faire  croire  qu'ils  haïs- 
sent leur  race:  de  même  celui-ci  fut  amené  à  selever  aussitôt  contre  les 
Pères  qui  étaient  morts  auparavant  :  contre  Diodore  et  Théodore,  qui 
étaient  les  Pères  de  tous,  et  durant  leur  vie  et  depuis  leur  mort:  aussi 
bien  de  lui  que  de  nous.  11  (Cyrille)  les  désigna  comme  les  ennemis  de 
tout  homme,  bien  que  lui-même  communiquât  avec  eux,  qu'il  les  tînt  pour 
des  Pères  et  des  orthodoxes.  Lui-même  conservait  avec  diligence  leurs 
travaux  relatifs  à  la  foi,  et  il  avait  commandé  de  les  envoyer  à  tous.  Mais 
comme  il  voulait  persuader  qu'il  n'était  pas  poussé  contre  moi  par  la  haine, 
il  chercha  à  les  anathématiser,  lorsque  personne  ne  se  serait  même  arrêté 
à  penser  qu'il  oserait  une  telle  chose  contre  eux.  Ce  qui  est  pire  que  tout, 
il  condamnait  les  écrits  qui  étaient  faits  contre  Apollinaire,  et  il  soutenait 
ceux  d'Apollinaire  en  disant  ;  «  C'est  la  foi  de  l'Église.  »  De  quel  côté 
penchera-t-on?  Du  côté  de  Diodore,  qui  est  celui  des  saints  Pères  par 
toute  la  terre,  eux  que  toute  la  terre  loue  et  qu'elle  oppose  dans  un  même 
zèle,  comme  une  même  bouche,  à  Apollinaire,  à  Arius,  à  Macédonius,  à 
Eunomius  et  à  toutes  les  héré.sies;  ou  du  côté  d'Apollinaire?  Admettons 
que  j'aie  été  ton  ennemi  et  que  je  n'aie  pas  écouté  ce  que  tu  me  deman- 
dais. Mais  pourquoi  combats-tu  à  cause  de  moi  ceux  qui  sont  morts  dans 
l'orthodoxie?  Je  dis  la  niême  chose  qu'eux  (3)  et  c'est  cela  qui  les  convainc 

(1)  Héracl.,  p.  457-408. 

(2)  Héracl.,  p.  434-403. 

(3)  Héracl.,  p.  459. 


36  REVUE    DE    l'orient   CHRETIEN'. 

d'hérésie!  Ils  étendaient  cette  absurdité  inique  à  tout  le  monde,  tous  en 
même  temps.  Car  ce  n'était  pas  pour  montrer  que  j'étais  hérétique  qu'il 
apportait  les  (paroles)  des  orthodoxes  et  des  docteurs  d'avant  moi;  mais  au 
contraire,  il  prenait  mes  paroles  contre  eux  pour  montrer  qu'ils  étaient  hé- 
rétiques, parce  que  ce  qu'ils  avaient  dit  ressemblait  à  ce  que  je  disais. 

•2.  Vient  ensuite  la  controverse  entre  Flavien  et  Eutychès. 
Nestorius  met  celui-ci  en  scène  et  lui  fait  exposer  son  point  de 
vue  : 

Après  Proclus  (1),  Flavien  fut  évêque  de  Constantinople,  homme  qui  se 
conduisait  dans  la  rectitude  et  dans  la  modestie.  Il  n'avait  pas  (grande) 
capacité  pour  parler  en  public  et  publier  ses  discours.  Aussi  celui  qui  ac- 
cusait tous  les  évêques  prenait  de  Taudace,  celui  qui  restait  seul  de  tous 
les  autres  qui  étaient  morts,  je  veux  dire  Eutychès.  Comme  il  n'était  pas 
évêque,  il  se  donnait  un  autre  (rôle),  grâce  au  pouvoir  impérial  :  celui 
d'évêque  des  évêques.  C'est  lui  qui  dirigeait  les  affaires  de  l'Eglise,  et  il 
se  servait  de  Flavien  comme  d'un  serviteur  pour  tous  les  ordres  qui 
étaient  donnés  à  Constantinople,  et  celui-ci,  à  cause  de  sa  grande  liumi- 
lité,  ne  savait  pas  ce  qui  se  préparait. 

(Eutychès  disait)  :  «  On  s'imagine  maintenant  (2)  que  les  hommes  ont  été 
purifiés  des  erreurs  de  Nestorius  tandis  qu'ils  les  ont  adoptées.  On  nous 
regarde  comme  si  nous  avions  eu  une  inimitié  humaine  (personnelle) 
contre  (cet)  homme  et  non  contre  son  impiété  ;  et  comme  si  nous  l'avions 
condamné  tout  en  laissant  prospérer  sa  foi.  Il  nous  faut  au  contraire  reje- 
ter pour  toujours  les  choses  qu'il  a  dites  et  confessées,  car  il  n'a  pas  été 
expulsé  pour  avoir  confessé  deux  fils  distincts  l'un  de  l'autre,  chacun  d'eux 
en  particulier  étant  fils,  mais  pour  avoir  confessé  deux  natures  complètes 
et  une  seule  personne  (prosôpon)  des  deux.  Ces  (natures)  sont  nécessai- 
rement dites  deux  fils,  parce  que  le  (nom  de)  fils  est  appliqué  à  chacune 
des  natures,  un  fils  (pour  chacune).  » 

(Eutychès  veut  gagner  à  sa  cause  Eusèbe  de  Dorylée.) 

Celui-ci  (3),  ne  pensant  pas  qu'Eutychès  était  excité  ni  qu'il  était  en- 
flammé, mais  le  croyant  très  calme,  lui  dit  :  t  Tais-toi,  ne  travaillons  pas 
en  vain,  parce  que  vous  demandez  des  choses  qui  ne  peuvent  être  ;  car 
tout  le  concile  qui  se  tint  à  Éphèse  et  Cyrille  lui-même,  qui  s'est  rattaché 
aux  Orientaux,  ne  les  ont  pas  condamnées.  Plus  tard  on  a  fait  la  paix  sur 
ce  sujet  et  on  a  laissé  (subsister)  ce  qu'on  pouvait  admettre  à  bon  droit. 
Il  n'est  pas  possible  que  tu  enlèves  à  l'Église  (le  droit)  de  dire  deux  na- 
tures dans  le  Christ  sans  confusion  :  (celle)  de  la  divinité  et  (celle)  de 
l'humanité;  consubstantiel  de  son  Père  dans  la  divinité,  et  notre  consub- 
stahtiel  dans  l'humanité...  » 


(I)  Héracl.,  p.  439-460. 
(-2)  Héracl.,  p.  462. 
(3)  Héracl.,  p.  463-465. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS.  37 

Eutychès  s'éleva  contre  lui  et  dit  :  «  Que  Dieu  te  confonde,  toi  (qui 
prétendais)  que  pas  même  jadis  Nestorius  ne  disait  rien  contre  Dieu,  mais 
qu'il  était  seulement  un  perturbateur  et  un  vaniteux.  Comment,  en  effet, 
celui  qui  dit  les  mêmes  choses  que  Nestorius  pourrait-il  s'élever  contre 
Nestorius?  Car  ces  paroles  sont  de  celui  que  vous  avez  condamné  avec 
grande  peine.  » 

Eusèbe  lui  dit  :  «  Je  ne  sais  pas  ce  que  tu  dis  ;  ce  n'est  pas  parce  qu'il  a 
dit  deux  natures  que  je  l'ai  combattu  ou  que  le  concile  l'a  blâmé  ;  mais 
parce  qu'il  séparait  et  plaçait  en  diverses  parties  :  Dieu  à  part  et  l'homme 
de  même  à  part,  qui  avaient  rapport  et  étaient  dits  ensemble  seulement 
par  honneur  et  égalité.  C'est  de  cette  manière  qu'il  dit  deux  fils,  et  que  la 
sainte  Vierge  n'est  pas  mère  de  Dieu,  parce  que  Dieu  avait  fait  sienne  la 
naissance  de  sa  chair.   » 

Eutychès  dit  ;  «  Tu  mens  à  son  sujet;  car  vous  pensez  comme  lui  et 
vous  prétendez  que  ce  n'est  pas  de  lui.  Car  il  a  crié  des  milliers  de  fois  : 
Je  ne  dis  pas  deux  fils,  j'en  dis  un  seul;  je  dis  deux  natures  et  non  deux 
fils,  car  le  fils  de  Dieu  est  double  quant  aux  natures;  c'est  pour  cela 
qu'elle  n'a  pas  enfanté  le  Fils  de  Dieu  :  elle  a  enfanté  l'humanité  qui  est 
fils  à  cause  du  Fils  qui  lui  est  uni.  Et  encore  :  Puisque  Dieu  n'est  pas  sé- 
paré de  celui  qui  est  vu,  comment  pourrais-je  séparer  l'honneur  de  celui 
qui  n'est  pas  séparé?  Ce  n'est  donc  pas  parce  qu'il  disait  simplement  deux 
fils,  ni  parce  qu'il  disait  que  les  natures  n'étaient  pas  unies,  car  (disait- 
il)  je  confesse  le  (Fils)  double,  j'adore  deux  en  un  cà  cause  de  l'union  ; 
mais  c'est  parce  que,  même  après  l'union,  il  disait  deux  natures  et  que  le 
Fils  était  double  en  natures,  et  que  l'union  avait  lieu  en  prosôpon  et  non 
en  nature.  Vous  aussi,  dans  votre  impiété,  vous  en  dites  autant,  ni  plus 
(ni  moins).  Il  convenait  de  déraciner  tous  les  hypocrites;  aussi  moi,  après 
l'union,  je  ne  reconnais  pas  d'essence  étrangère  en  Notre-Seigneur,  je  ne 
considère  même  pas  que  Notre-Seigneur  nous  est  consubstantiel,  lui  qui 
est  notre  Seigneur  et  notre  Dieu,  car  il  est  consubstantiel  au  Père  dans 
la  divinité.  » 

Eusèbe  lui  dit  :  «  Que  Nestorius  ait  parlé  comme  tu  le  dis  ou  autre- 
ment, je  ne  cherche  pas  maintenant  à  le  scruter,  mais  je  dis  que  celui 
qui  parle  ainsi  parle  correctement.  Toi  (par  contre)  je  dis  que  tu  n'as  pas 
la  profession  de  foi  des  orthodoxes  :  je  dis,  au  sujet  de  la  chair  qui  nous 
est  consubstantielle,  que  tu  la  supprimes  ou  que  tu  la  changes  en  la  na- 
ture de  la  divinité. 

3.  Nestorius  raconte  la  condamnation  d'Eutychès  parce  qu'il 
voulait  «  aboutir  aune  nature  »,  puis  il  ajoute  les  démarches 
de  l'empereur  pour  faire  reviser  cette  sentence. 

Cette  (affaire)  troublait  l'empereur  (1),  et  il  cherchait  à  ce  (qu'Eutychés) 
ne  fût  pas  déposé.  Il  ne  fut  pas  écouté  et  prépara  donc  tout  pour  la  dépo- 

(1)  Héracl.,  p.  466-467. 


38  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

sition  de  Flavien  et  le  rétablissement  d'Eutychès.  Il  commença  par  s'atta- 
cher révêque  d'Alexandrie  et  Tévêque  de  Rome  en  leur  écrivant  ce  qui 
avait  été  fait  contre  Eutychès,  Tun  approuva  et  l'autre  n'approuva  pas. 
Car  Véveque  de  Rome  lut  ce  qui  avait  été  fait  contre  Eutychès  et  il  condamna 
Eutychès  à  cause  de  son  impiété.  Pour  moi,  lorsque  j'eus  trouvé  et  lu  cet 
écrit,  je  rendis  grâces  à  Dieu  de  ce  que  l'Eglise  de  Home  avait  une  confes- 
sion de  foi  orthodoxe  et  irréprochable,  bien  qu'elle  eût  été  disposée  au- 
trement à  mon  égard.  (L'empereur)  éloigna  de  (Flavien)  le  reste  des  évo- 
ques et  les  fit  courir  à  Eutychès,  en  insultant  ceux  qui  étaient  avec  Flavien 
et  en  ne  lui  témoignant  aucun  égard,  en  particulier  ni  devant  les  grands. 
Ils  étaient  souvent  accusés  et  on  ne  les  écoutait  aucunement  au  sujet  des 
accusations  portées  contre  eux;  mais  on  s'élevait  contre  eux  avec  mépris, 
on  les  arrêtait,  on  les  faisait  souffrir.  11  éloigna  aussi  le  clergé  de  lui  en  le 
vexant  et  le  persécutant  au  sujet  des  choses  qui  n'étaient  pas  données 
pour  leur  nourriture.  Et  les  choses  qu'il  avait  ordonné  de  ne  pas  réclamer 
aux  Églises,  lorsqu'il  respectait  l'Église  et  Dieu,  il  commandait  dans  une 
fureur  sauvage  de  les  leur  réclamer  avec  sévices  sans  rémission.  Les  éco- 
nomes étaient  arrêtés  en  public  et  étaient  accusés  devant  les  foules.  Tout 
évêque  qui  n'était  pas  du  parti  d'Eutychès  était  saisi. 

4.  Un  peu  plus  loin  Nestorius  répète  encore  qu'il  n'y  avait 
pas  lieu  à  revision,  puisque  l'évêquede  Rome,  saint  Léon,  avait 
jugé  la  cause  : 

Cette  cause  (I)  avait  d'ailleurs  été  examinée  depuis  longtemps  et  la 
chose  avait  été  jugée.  Quel  jugement  ou  quel  autre  examen  était  plus  qua- 
lifié que  celui  fait  par  l'évèque  de  Rome?  Celui-ci  en  effet  lorsqu'il  eut 
reçu  ce  qui  avait  été  fait  par  les  deux  partis,  loua  l'un  et  condamna  l'autre 
par  un  sentiment  divin,  car  ce  n'est  pas  de  manière  inconsciente  qu'il 
les  condamna.  Parce  qu'ils  eurent  à  rougir  de  la  part  de  l'évèque  de 
Rome,  ils  se  tournèrent  vers  l'évèque  d'Alexandrie,  comme  vers  celui  qui 
était  porté  à  prendre  leur  parti  et  qui  était  l'ennemi  de  l'évèque  de  Cons- 
tantinople. 

5.  Nestorius  examine  ensuite  les  actes  du  conciliabule  d'É- 
phèse,  il  met  en  relief  le  despotisme  de  Dioscore  : 

De  ce  qui  fut  fait  à  Éphèse  contre  Flavien  {2).  Ils  l'atteignirent  encore 
à  Éphèse,  ville  qui  semble  désignée  et  fixée  pour  la  déposition  des  évêques 
de  Constantinopie.  Les  évêques  d'Alexandrie  et  d'Éphèse  s'entendirent 
encore  et  s'aidèrent  mutuellement  contre  l'évèque  de  Constantinopie.  On 
n'y  trouvait  pas  l'évèque  de  Rome,  ni  le  siège  de  saint  Pierre,  ni  l'honneur 


(1)  Héracl.,  p.  -172-473. 
(-2)  Héracl.,  p.  473-474. 


SAINT   CYRILLE    ET    NESTORIUS.  39 

apostolique,  ni  le  chef  aimé  des  Romains;  mais  c'est  celui  d'Alexandrie 
qui  siégeait  avec  autorité  et  il  fit  aussi  siéger  avec  lui  celui  d'Éphèse,  et 
il  demandait  à  celui  de  Rome  —  nous  voulons  dire  à  Julien,  qui  repré- 
sentait le  saint  évêque  de  Rome  —  s'il  adhérait  au  saint  concile  et  s'il 
voulait  lire  dans  les  actes  ce  qui  avait  été  fait  à  Constantinople. 

(L'évêque  d'Alexandrie)  interrogeait  donc  comme  celui  qui  a  le  pouvoir, 
et  il  parlait  comme  s'il  portait  même  des  décisions  contre  eux.  Si  (les 
Romains)  lui  donnaient  l'adhésion  de  leur  pensée,  ce  n'est  pas  pour  accep- 
ter ce  qu'ils  voulaient,  ni  pour  leur  donner  la  prééminence,  mais  c'est 
qu'il  recevrait  l'évêque  de  Rome  en  surplus  à  son  côté  dans  le  cas  oii  il 
adhérerait  à  lui,  sinon,  s'il  trouvait  en  lui  un  adversaire,  on  le  chasserait 
comme  s'il  n'avait  pouvoir  en  rien.  H  voulait  apprendre  à  tous  à  ne  pas 
se  tourner  vers  l'évêque  de  Rome,  parce  qu'il  ne  pouvait  pas  aider  celui  de 
Constantinople. 

Comme  on  l'avait  déjà  fait  au  premier  concile  d'Éphèse  et 
depuis  lors,  Dioscore  évitait  par-dessus  tout  de  laisser  mettre 
en  cause  le  fond  du  débat,  et  lui  et  les  clameurs  des  Égyptiens 
coupaient  la  parole  aux  accusés  au  moment  où  ils  auraient 
voulu  justifier  le  concept  des  «  deux  natures  après  l'union  ». 
Flavien  d'ailleurs  ne  se  rétracta  pas.  Nestorius  raconte  sa  con- 
damnation et  sa  mort. 

Dioscore,  l'artisan  de  cette  discussion  (1),  pour  faire  taire  cette  fouit 
indisciplinée,  criait  sans  retenue  :  «  Taisez-vous  un  peu,  écoutons  encore 
les  autres  blasphèmes.  Pourquoi  ne  blâmons-nous  que  Nestorius?  Il  y  a 
beaucoup  de  Nestorius.  ■<>  Pas  un.  ne  reprocha  (à  Flavien)  d'enseigner  les 
mêmes  choses  que  moi  et  lui-même  n'accepta  pas  qu'on  l'accusât  pour 
moi,  mais  (Dioscore)  disait  de  lui  comme  de  moi,  et  celui-ci  aussi,  bien 
qu'il  fut  orthodoxe,  disait  cependant  :  «  Je  dis  d'autres  choses  et  lui  d'au- 
tres choses  ^  et  il  niait  que  j'eusse  dit  les  mêmes  choses,  ou  par  ignorance 
ou  par  crainte.  (Dioscore)  ne  lui  laissait  pas  le  temps  de  répondre,  il  prenait 
les  devants  et  le  condamnait,  de  crainte  que,  s'il  répondait,  la  vérité  ne 
fut  prouvée  au  sujet  de  ce  qu'on  lui  reprochait:  (à  savoir)  que  cela  ne  pro- 
venait pas  de  Nestorius  mais  des  Livres  divins,  des  saints  Pères  qui  ont 
précédé  les  trois  cent  dix-huit,  des  trois  cent  dix-huit  eux-mêmes  et  de 
ceux  qui  les  ont  suivis.  De  toute  manière,  il  lui  était  facile  de  montrer  que 
(ce  qu'on  lui  reprochait)  était  la  doctrine  des  orthodoxes. 

Pour  ne  pas  examiner  ces  (paroles  de  P'iavien),  parce  qu'ils  ne  pou- 
vaient pas  nier  qu'elles  étaient  des  orthodoxes,  et  pour  ne  pas  être  obligés, 
s'ils  les  reconnaissaient  comme  des  orthodoxes,  d'abandonner  ce  qu'ils 
avaient  souci  de  faire  :  (à  savoir)  condamner  Flavien  et  absoudre  Euty- 
chès,  ils  passèrent  sur  ces  paroles  et,  après  d'autres  choses,  ils  en  vinrent 

a)  Ilcracl.,  485-487. 


40  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

à  l'accuser  d'avoir  diminué  (altéré)  la  sentence.  Ils  le  faisaient  répondre 
à  ce  sujet  et  non  aux  causes  pour  lesquelles  et  par  lesquelles  seraient 
confondus  Cyrille  et  le  concile  d'Éphèse.  Parmi  les  choses  qui  avaient 
été  dites  par  eux,  les  partisans  de  Cyrille  et  d'Eutychès  auraient  recueilli 
celles  qui  leur  convenaient  et  auraient  choisi  celles  qui  leur  auraient  plu; 
les  partisans  de  Flavien  en  auraient  fait  autant  à  rencontre  de  ceux-ci  ; 
car  Cyrille  était  le  père  de  nombreuses  hérésies,  et  il  avait  dit  en  même 
temps  et  ceci  et  cela  et  d'autres  cfwses.  En  se  servant  ainsi  des  (textes) 
opposés,  comment  ne  pas  mettre  en  péril  ce  qui  avait  eu  lieu  au  temps 
de  Cyrille  et  à  Éphèse?  De  toute  nécessité,  ils  soutiendraient  mes  pa- 
roles pour  annuler  ce  qui  avait  été  fait  contre  moi,  et  il  n'y  aurait  plus 
lieu  de  rien  faire  contre  Flavien  au  sujet  de  l'accusation  d'Eutychès. 
Flavien  demandait  à  leur  répondre  (1),  mais  il  était  tellement  opprimé  et 
violenté  qu'ils  ne  le  lui  permettaient  pas,  mais  ils  le  frappaient,  comme  le 
dirent  les  comtes,  afin  qu'il  ne  parhàt  pas  jusqu'à  ce  qu'on  eût  fini  designer 
contre  lui,  que  les  affaires  d'Eutychès  fussent  ainsi  confirmées  et  que  la 
chose  dont  ils  étaient  préoccupés  fût  terminée,  car  dorénavant  ils  étaient 
réunis  comme  (autour)  d'un  mort;  car  lorsqu'on  lisait  ce  qui  avait  été  fait 
dans  les  actes  contre  Eutychès,  et  que  Flavien  protestait,  ils  répondaient  : 
«  Celui-lci  ment  violemment  contre  notre  signature  »,  et  ils  le  frappaient, 
comme  on  le  rapporte. 

Enfin,  après  qu'on  eut  porté  contre  lui  un  jugement  et  une  sentence  à 
leur  guise,  Dioscore  lui  commanda  de  parler  et  dit  :  c  Si  le  pieux  évéque 
Flavien  sait  quelque  chose  qui  puisse  lui  être  utile,  qu'il  le  dise  par 
écrit  (2).  »  Que  pouvait-il  dire,  lui  qui  voyait  partout  avec  quelle  violence 
on  rejetait  sesjustes  paroles  ?C'estainsi(3)que  Dioscore  se  jouaitd'un homme 
(Flavien)  qui  n'avait  pas  d'expérience  et  qui  ne  connaissait  pas  la  méchan- 
ceté et  les  ruses  des  Égyptiens  ;  il  croyait  qu'ils  étaient  pieux  et  qu'ils 
avaient  souci  de  dire  plus  que  la  vérité  pour  ceux  qui  étaient  sous  le  coup 
d'une  accusation;  et  lorsqu'il  connut  ce  qu'ils  faisaient  et  qu'il  n'était  pas 
besoin  de  réponse  ni  d'aucune  démonstration,  il  se  tint  tranquille.  Il 
rendit  témoignage  devant  chacun  en  disant  :  «  Par  le  secours  de  Dieu,  je  ne 
suis  touché  par  rien  de  ce  que  vous  avez  fait  contre  moi;  je  n'ai  jamais 
confessé  ni  pensé  autrement  en  aucune  manière  et  je  ne  change  pas 
d'avis.  »  Et  il  (Dioscore)  cessait  de  lui  répondre  comme  à  un  hérétique 
manifeste.  C'est  pour  cela  qu'ils  l'avaient  excité  à  parler,  et  il  demeura 
dans  cette  confession.  //  n'eut  pas  les  faiblesses  qui  ne  convenaient  pas  et 
ne  ressembla  pas  aux  évéques  de  ce  monde,  ses  contemporains,  qui  accor- 
daient tout  ce  qu'on  leur  demandait.  Il  ne  changea  même  pas  la  forme  de 
sa  pensée,  mais  persista  et  se  livra  à  la  souffrance.  II  n'eut  pas  l'idée  et  la 
pensée  de  dire  :  «  Je  suis  un  homme  simple,  bien  éloigné  de  ces  minuties. 
Jadis  nous  avons  instruit  et  repris  Eutychès;  je  l'ai  condamné  comme  me 
l'ont  persuadé  ses  accusateurs,  qui  paraissaient  savoir  quelque  chose,  je 

(1)  Héracl.,  490. 

(•2)  Labbe,  IV,  255  A, 

(3j  Hér.,  p    49-2-495. 


SAINT   CYRILLE    ET   NESTORIUS.  41 

me  suis  rallié  à  ropinion  du  grand  nombre  et  non  à  moi-même  ;  mainte- 
nant s'il  vous  parait  bon  k  tous  et  si  vous  jugez  que  les  (opinions)  d'Eu- 
tychès  sont  orthodoxes,  ce  qui  vous  semble  bon  à  tous  me  semble  bon 
aussi.  Je  signe  avec  vous  pour  tenir  les  (idées)  de  l'orthodoxie  ;  comptez-moi 
aussi  au  nombre  des  évêques  qui  ont  besoin  de  pardon.  » 

Ces  seules  paroles  auraient  mis  fin  à  tout  et  même  à  la  colère  de  l'em- 
pereur qui  soutenait  l'accusation  et  en  arrivait  à  la  violence;  c'est  à  cause 
de  cette  (colère)  qu'il  avait  réuni  le  concile.  Mais  il  n'avait  pas  cédé,  pas 
même  k  Constantinople,  lorsque  tous  lui  conseillaient  et  le  suppliaient  de 
faire  cela;  il  ne  le  fit  pas  non  plus  à  Éphèse  où  le  mal  était  imminent, 
lorsqu'il  penchait  vers  la  mort,  et  que  chacun  lui  disait  que  c'était  le  seul 
moyen  d'éviter  la  mort,  au  moment  où  il  voyait  tous  ceux-là  s'enfuir  de  près 
de  lui  et  se  joindre  à  Eutychès  et  être  sauvés  par  là.  Je  lui  servais  d'exemple  : 
ce  n'avait  pas  été  assez  pour  moi  d'être  déposé  de  l'épiscopat  de  la  ville, 
ni  du  silence,  pour  ne  pas  leur  donner  motif  de  changer,  mais  la  cause 
pour  laquelle  je  souffrais  des  maux,  c'est  qu'on  disait  de  moi  que  j'étais 
encore  en  vie.  Aussi  longtemps  que  tu  vivras,  attends-toi  à  subir  la  mort  de 
la  part  des  méchants.  Pour  ne  pas  trahir  la  foi,  tu  auras  devant  les  yeux 
toutes  ces  souffrances  à  supporter. 

Immédiatement,  dès  que  l'on  crut  qu'il  était  déposé,  il  fut  enlevé  comme 
par  des  loups  et  des  lions,  par  ces  comtes  devant  lesquels  avait  eu  lieu 
cette  déposition  :  il  était  tiré  et  bousculé  ;  tous  disaient  et  faisaient  des 
choses  différentes;  il  était  abandonné  et  accablé  par  tous,  et  son  esprit  fut 
rempli  d'amertume.  Ils  le  livrèrent  aux  soldats  et  leur  commandèrent  de 
le  tirer  et  de  le  faire  sortir  des  lieux  saints;  ils  l'entraînèrent  et  ils  le 
mirent  en  prison  :  il  ne  pouvait  plus  respirer...  Une  pouvait  pas  supporter 
les  fatigues  de  la  route.  Il  semblait  que  l'empereur  ne  se  souciât  pas  de  sa 
vie,mais  cherchât  seulement  à  le  punir  et  non  à  le  tenir  en  vie.  Ils  le  firent 
donc  descendre  par  force  et  ils  le  livrèrent  à  un  homme  meurtrier,  comme 
pour  le  faire  périr.  Ils  l'envoyèrent  sans  miséricorde,  en  paroles  à  son  pays, 
mais,  en  réalité,  à  la  perdition.  Ainsi  traîné  et  conduit,  il  ne  put  résister 
que  quatre  jours,  à  ce  qu'on  dit,  lorsque  chaque  jour  son  âme  se  détachait 
de  son  corps,  et  ils  regardèrent  son  décès  comme  une  fête.  Les  maux  s'ac- 
cumulèrent contre  tous  ceux  qui  lui  étaient  attachés  et  qui  partageaient 
sa  foi.  J'étais  des  premiers  dans  les  persécutions  violentes  et  la  fuite,  dans 
les  exils  et  les  ordres  qui  donnaient  pouvoir  aux  leurs,  en  tout  pays,  de 
faire  ce  qu'il  leur  plairait  à  ceux  qui  pensaient  les  mêmes  choses  (que  Fla- 
vien).  Moi  et  Flavien  nous  pensions  les  mêmes  choses. 

6.  Nestorius  veut  montrer  ensuite  que  le  conciliabule  d'E- 
phèse  a  été  tenu  à  loccasion  de  ses  doctrines  à  lui.  C'est  autour 
d'elles  qu'avaient  lieu  toutes  les  discussions.  Dieu  préparait 
ainsi  leur  réhabilitation  ;  en  particulier,  il  avait  permis  le  se- 
cond concile  d'Éphèse  pour  donner  une  image  (un  peu  agrandie) 
du  premier  et  montrer  aux  hommes  que  le  nom  d'un  concile 


42  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

pouvait  arrêter  dans  la  voie  de  la  revision,  comment  l'innocent 
peut  s'y  trouver  condamné. 

Qu'ai-je  doncfait(l)  parmi  les  choses  qui  ont  été  faites  comme  elles  l'ont 
été,  que  Dieu  lui-même  n'ait  pas  fait?  Parce  qu'ils  ont  trahi  la  tradition 
des  Pères  et  qu'ils  ont  fermé  la  bouche  de  ceux  qui  réclamaient  les  droits  des 
Pères,  ils  sonttombés,  d'après  ce  qu'ils  professaient,  les  uns  dans  l'arianisme, 
d'autres  dans  le  manichéisme,  d'autres  dans  le  judaïsme,  d'autres  dans  d'au- 
tres erreurs,  modernes  et  anciennes.  Dieu  en  suscita  des  leurs  et  parmi  eux, 
comme  il  avait  établi  les  Juges  parmi  les  Juifs,  pour  les  reprendre  de  leur 
transgression  contre  Dieu.  Tel  fut  Flavien,  qui  tenait  maplace;  en  cela  il 
fallaitqu'il  fût  mon  ennemi  comme  ill'aété par  ignorance  oupar  une  autre 
cause  ;  (tel  fut  encore)  Eusèbe,  qui  combattait  contre  moi.  Ils  faisaient  leur 
confession  en  dehors  de  toute  cause  de  crainte  et  ils  combattaient  ceux  du 
parti  de  Cyrille,  qui  blasphémaient  et  cherchaient  à  remporter.  Dieu  les  a 
conservés  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  montré  de  l'opposition  à  Cyrille.  Ceux-ci 
alléguaient  ses  paroles  contre  les  autres  et  les  autres,  de  leur  côté,  choi- 
sissaient les  passages  opposés  aux  autres  et  les  alléguaient  contre  eux. 
Ils  se  querellaient  entre  eux  les  uns  et  les  autres.  Ceux-ci  disaient  qu'ils 
étaient  manichéens,  parce  qu'ils  attribuaient  tout  à  Dieu  le  Verbe,  même 
les  propriétés  de  la  chair.  Ceux-là  accusaient  les  autres  d'avoir  mes  opi- 
nions, parce  que  je  disais  la  même  chose;  ils  attribuaient  les  propriétés 
de  Dieu  à  la  nature  de  la  divinité,  et  les  propriétés  de  l'humanité  à  l'hu- 
manité. Ils  supposaient  que  l'union  avait  eu  lieu  dans  la  personne  [prosô- 
pon)  et  non  dans  la  nature.  Il  s'en  fallait  de  peu  que  chaque  homme  ne 
luttât  contre  son  voisin  en  le  blâmant  à  cause  de  moi,  car  fêtais  très  ca- 
lomnié. Si  mes  paroles  étaient  citées  avec  grande  exactitude,  ceux-ci  blâ- 
maient ceux  qui  me  faisaient  dire  deux  Fils,  ce  que  je  n'ai  jamais  dit  :  les 
autres  reprochaient  à  ceux  qui  disaient  une  nature,  de  faire  Dieu  passible, 
comme  je  leur  avais  reproché  de  le  dire. 

Qui  les  obligeait  à  dire  mes  (théories)  lorsque  —  par  ordre  (impérial) 
—  il  était  défendu  de  les  lire,  pour  combattre  en  détail  sur  leurs  expres- 
sions, en  toute  diligence?  Lorsque  je  me  taisais,  quand  on  m'avait  enlevé 
la  faculté  de  dire  mes  (théories)  et  qu'on  ne  me  croyait  pas,  Dieu  suscita 
ceux  qui  étaient  crus,  lorsqu'ils  disaient  mes  (théories)  qui  étaient  (l'expres- 
sion de)  la  vérité,  sans  qu'ils  pussent  être  soupçonnés  de  dire  cela  ou  par 
amitié  ou  par  amour  pour  moi.  Dieu  ne  faisait  pas  cela  pour  moi,  car 
qu'est-ce  que  Nestorius?  Qu'est-ce  que  sa  vie?  Qu'est-ce  que  sa  mort  dans 
le  monde?  Mais  (il  l'a  fait)  pour  la  vérité  qu'il  a  donnée  au  monde  qui 
était  perdue  pour  des  prétextes  trompeurs,  et  il  a  réfuté  les  séducteurs. 
Comme  ils  avaient  des  préjugés  contre  moi  et  qu'ils  ne  croyaient  pas  ce 
que  je  disais,  comme  si  je  cachais  la  vérité  et  si  j'en  empêchais  l'exacte 
expression.  Dieu  suscita  un  héraut  qui  était  pur  de  ce  préjugé  —  Léon  — 
qui  proclama  la   vérité  sans  crainte.  Comme  la  prévention  (créée   par)   le 

(1)  lier.,  p.  51:^-516. 


SAINT   CYRILLE    ET    NESTORIUS.  43 

{nom  de  concile),  en  imposait  à  beaucoup,  même  d  la  personne  {prosôpon) 
des  Romains,  et  [les  empêchait)  de  croire  ce  que  Je  disais  et  qui  était  resté 
sans  examen,  Dieu  permit  que  le  contraire  arrivât,  qu'il  retirât  (de  ce 
monde)  l'évêque  de  Rome,  (Célestin),  lui  qui  avait  eu  le  principal  rôle 
contre  moi  au  concile  d'Éphèse,  et  qu'il  fit  approuver  et  confirmer  (par 
Léon)  ce  qui  avait  été  dit  par  l'évêque  de  Constantinople. 

Celui  qui  pouvait  tout  fut  regardé  comme  rien; à  savoir Dioscore,  évêque 
d'Alexandrie.  Je  dis  qu'il  fut  regardé  comme  rien  :  il  prit  la  fuite  et  s'oc- 
cupa de  ne  pas  être  déposé  ni  chassé  en  exil. 

[Tout  cela  arriva)  afin  que  par  leurs  (propres)  souffrances,  ils  fussent 
amenés  à  croire  ce  qui  avait  été  fait  contre  moi  par  l'Égyptien  au  premier 
concile  [d'Éphèse).  A  cause  de  la  prétendue  amitié  qu'avaient  pour  moi 
l'empereur  et  les  grands  de  la  cour,  j'avais  la  réputation  de  faire  la  loi  au 
concile  qui  ne  put  pas  m'amener  h,  m'écarter  de  la  vérité;  mais  je  fus 
obligé  d'obéir  à  l'empereur  en  ce  qu'ils  avaient  fait  contre  moi;  c'est  parce 
qu'ils  n'avaient  fait  aucun  examen  au  sujet  de  la  vérité  qu'ils  croyaient  que 
j'étais  un  blasphémateur.  Par  le  secours  que  l'empereur  apporta  dans  l'af- 
faire d'Eutychès  et  de  Flavien,  Dieu  montra  que  l'amitié  qu'il  avait  pour 
moi  était  trompeuse,  et  qu'elle  ne  tendait  pas  à  la  vérité  mais  aux  biens. 
Car  on  vit  (par  expérience)  qu'il  ne  permettait  pas  de  se  réunir  ;  quant  à 
ceux  qui  s'étaient  réunis,  on  ne  leur  permettait  de  rien  dire  en  dehors  de 
ce  qui  avait  été  commandé  ;  et  ils  se  condamnaient  eux-mêmes  dans  la 
crainte  et  la  honte. 

Comme  ils  pensaient  que  j'avais  été  appelé  à  un  examen  et  à  un  juge- 
ment et  que  c'était  une  grande  ineptie  de  ma  part  (de  dire)  qu'ils  ne  m'a- 
vaient pas  appelé  pour  me  juger,  mais  pour  me  déposer  et  me  tendre  un 
piège  de  perdition  et  de  mort.  Dieu,  pour  les  convaincre  qu'ils  étaient  des 
meurtriers,  permit  à  Flavien  d'entrer  au  concile  et  d'y  souffrir  tout  ce  qu'il 
y  souffrit  de  leur  part.  Il  est  évident,  en  effet,  que  ces  traitements  étaient 
ceux  mêmes  qu'ils  m'avaient  infligés  auparavant 

Comme  on  s'imaginait  que  ceux  qui  étaient  évèques  ne  consentiraient 
à  ne  rien  faire  en  dehors  du  jugement  qui  leur  paraissait  bon,  ni  à  cause 
de  l'amitié  de  l'empereur,  ni  par  crainte,  ni  par  violence,  Dieu  les  montra 
faisant  tout  le  contraire  et  les  humilia  devant  tous.  Il  n'a  rien  laissé  sans 
témoignage,  mais,  par  tout  cela,  il  a  condamné  les  causes  d'erreur  et  les 
a  proclamées  sur  les  toits,  de  manière  à  ce  qu'il  ne  reste  aucune  excuse  à 
ceux  qui  simulent  l'ignorance. 

Après  avoir  ainsi  vu  toutes  ces  choses  faites  par  Dieu,  comment  auriez- 
vous  voulu  que  je  me  taise  et  que  je  cache  une  si  grande  providence  de 
Dieu  (1)!... 


(I)  On  lit  encore,  lier.,  p.  508  :  -*  D'ailleurs,  ce  n'est  pas  sans  raison  que  j'ai 
raconté  ce  qui  concerne  Flavien,  mais  je  l'ai  rapporté  comme  un  exemple  de  ce 
qui  avait  été  fait  contre  moi  avec  malice  et  méchanceté,  pour  que  certains  ne 
se  laissent  pas  tromper  par  le  mot  de  concile,  mais  qu'ils  examinent  en  toute 
vérité  ce  qui  s'y  est  passé.  " 


44  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

7.  Il  termine  par  un  nouvel  hommage  à  saint  Léon,  et  nous 
dit  à  nouveau  qu'il  s'est  sacrifié  pour  que  les  préjugés  soulevés 
contre  sa  personne  ne  pussent  nuire  à  sa  formule  qu'il  identifie 
avec  celle  de  saint  Flavien  et  de  saint  Léon  (1). 

Comme  beaucoup  me  blâmaient  (2)  de  nombreuses  fois  de  n'avoir  pas 
écrit  à  Léon,  évêque  de  Rome,  pour  lui  apprendre  les  choses  qui  avaient 
été  faites,  telles  qu'elles  avaient  eu  lieu,  et  le  changement  de  la  foi,  comme 
à  un  homme  dont  la  foi  est  orthodoxe,  au  moins  lorsqu'on  m'eut  remis 
une  partie  de  la  lettre  qui  contenait  son  jugement  sur  Flavien  et  Eutychès 
et  d'après  laquelle  ilétait  évident  qu'il  ne  craignait  pas  (de  perdre)  l'amitié 
impériale;  voici  pourquoi  je  n'ai  pas  écrit  :  ce  n'est  pas  parce  que  je  suis 
un  homme  orgueilleux  et  sans  intelligence,  mais  c'est  pour  ne  pas  arrêter 
dans  sa  course  celui  qui  marchait  bien,  à  cause  du  préjugé  qui  existait 
contre  ma  personne  (prosôpon).  J'ai  accepté  de  souffrir  ce  dont  on  m'accu- 
sait, afin  que  les  hommes  pussent  recevoir  sans  encombre  l'enseignement 
des  Pères  tandis  que  j'étais  ainsi  accusé,  car  je  ne  m'occupe  pas  de  ce  qui 
a  été  fait  contre  moi.  Je  n'ai  pas  écrit  non  plus  pour  que  l'on  ne  crût  pas 
que  je  fuyais  la  lutte  parce  que  je  craignais  les  travaux,  moi  qui,  durant 
de  nombreuses  années,  n'ai  pas  eu  un  instant  de  repos  ni  une  consolation 
humaine,  car  voilà  assez  de  maux  qui  sont  venus  sur  le  monde,  et  ils 
peuvent  mieux  que  moi  mettre  en  relief  devant  tout  le  monde  l'oppression 
de  la  vraie  foi. 


IX.  TRAITS  DU  CARACTERE  DE  NESTORIUS. 

Dans  le  livre  d'Héraclide  nous  trouvons  trop  de  verbosité,  ce 
qui  rappelle  les  accusations  de  bavardage;  il  ne  faut  pas  ou- 
blier cependant  que  l'auteur  était  arrivé  à  la  fin  de  sa  carrière 
et  écrivait  sur  des  sujets  qu'il  méditait  et  ruminait  depuis 
vingt  ans.  On  pourra  encore  mettre  sur  le  compte  d'une  bile 
recuite  durant  vingt  longues  années  la  plupart  de  ses  trop 
nombreuses  vivacités  contre  saint  Cyrille  ;  celui-ci  l'avait  d'ail- 
leurs poursuivi  personnellement  avec  un  acharnement  qui  mé- 
rite peu  d'indulgence.  Du  moins  on  ne  trouve  pas  de  défail- 
lance, l'auteur  a  toujours  cette  belle  audace  qui  l'avait  jeté, 
durant  son  court  épiscopat  de  trois  ans,  contre  tant  d'héré- 


(1)  Voir  toute  la  lettre  aux  habitants  de  Constantinople,  Revue  Orient  Chrétien, 
t.  XV  (1910),  p.  275,  et  traduction  du  Livre  d'Héraclide,  p.  370-377. 
(•2)  Hér.,  518-510. 


SAINT   CYRILLE   ET   NESTORIUS.  4o 

tiques,  vrais  ou  supposés  (1),  et  tant  d'abus.  Il  se  rend  compte 
de  l'impopularité  de  son  nom  et  il  se  sacrifie  pour  ne  pas  être 
un  obstacle  à  la  proclamation  de  la  vraie  foi  qui,  dit-il,  est  la 
sienne. 

J'avais  demandé  (2)  plusieurs  fois  et  j'avais  réclamé  de  ceux  qui  avaient 
la  confiance  de  l'empereur  et  qui  semblaient  mes  amis,  la  grâce  d'ap- 
prendre à  l'empereur  qu'il  n'était  pas  question  pour  moi  de  la  gloire  hu- 
maine de  l'épiscopat,  mais  que  je  désirais  ma  cellule  (monacale);  qu'il  me 
fit  cette  faveur;  mais  qu'avant  cela  on  fit.  même  sans  'moi,  l'examen  de 
la  foi  ;  afin  qu'ils  ne  perdissent  pas  la  foi  à  cause  de  leur  passion  contre 
moi.  Javais  vu  en  effet  les  embûches  et  les  luttes  qui  avaient  eu  lieu 
d'abord  contre  moi  :  comme  il  n'y  avait  contre  ma  personne  (prosôpon) 
aucune  cause  pour  m'accuser  au  point  de  m'exiler  et  de  me  déposer  de 
Constantinople,  ils  en  étaient  venus  à  (prétexter)  la  foi.  A  cause  de  leur 
animosité  contre  moi,  ils  s'étaient  passionnés  aussi  contre  la  foi.  11  me 
sembla  donc  qu'il  était  convenable  et  utile  de  m'oublier  moi-même,  afin 
qu'eût  lieu  ce  dont  on  avait  surtout  besoin  ;  car  lorsque  l'inimitié  est  apaisée, 
que  de  fois  on  revient  à  soi. 

Ce  passage  est  confirmé  par  la  lettre  qu'il  a  écrite  au  cham- 
bellan Scholastique  (3)  et  par  celle  des  préfets  (4).  Il  écrit 
encore  : 

Je  ne  voulais  pas  non  plus  (5)  raconter  et  dire  ce  qui  me  concerne  ni 
accuser  les  autres,  surtout  quand  on  parle  du  concile,  si,  à  mon  occasion, 
la  foi  elle-même  n'était  pas  viciée  et  calomniée. 


(1)  Nous  avons  résumé  toutes  ces  maladresses,  causes  de  tant  de  rancunes, 
dans  notre  introduction  à  la  traduction  du  Livre  d'Héraclide. 

(2)  Iléracl.,  387-388. 

(3)  Loofs,  p.  190-1'J4  ;  Lupus,  ch.  .w,  p.  43-46.  Nestorius  écrit  :  «  Si  les  choses 
qui  concernent  l'orthodoxie  peuvent  obtenir  par  votre  zèle  l'affermissement 
qu'elles  méritent ,  l'honneur  épiscopal  —fen/jj-ends  Dieu  à  témoin  —  sera  très  facile- 
ment répudié  par  moi.  Afin  que  tu  ne  t'imagines  peut-être  pas  que  c'est  une 
fiction,  si  la  religion  est  affermie  et  l'orthodoxie  rendue  aux  Églises,  exige  de  moi 
que  je  vous  dise  dès  lors  adieu  par  lettre  et  que  je  retourne  courageusement  à  mu 
première  vie  du  monastère;  car  rien  n'est  plus  divin  et  plus  heureux  pour  moi 
qu'un  repos  de  ce  genre.  Mais  je  voudrais  que  les  relations  qu'ils  ont  envoyées 
contre  nous  et  contre  les  très  religieux  évêques  orientaux  viennent  en  discus- 
sion devant  le  très  pieux  empereur  qui  aime  le  Christ,  ou  bien  là  en  ma  pi-é- 
sence  aussi,  ou  bien  devant  quelques-uns  envoyés  pour  cela,  afin  qu'au  moins 
par  eux  vous  soyez  excités  à  exterminer  ceux  qui  ont  tout  trotrblé  par  leurs 
mensonges;  car  de  tout  ce  qu'ils  ont  rapporté,  il  n'y  a  absolument  rien  de  vrai.  » 

(4)  Cf.  Loofs.  p.  195,  note.  Voir  cette  lettre  chez  Lupus,  ch.  xxiv,  ir  115, 
]).  67. 

(5)  Héracl.,  l'ai. 


46  REVUE    DE   l'orient   CHRÉTIEN'. 

Si  l'on  pense  que  je  parle  ainsi  parce  que  j'ai  souffert  et  que  je  n'étu- 
die pas  ces  choses  avec  sincérité ,  que  l'on  ne  croie  pas  à  mes  paroles.  Car 
je  ne  cherche  pas  à  m'attirer  quelque  secours  des  hommes,  voici  en  effet 
que  j'ai  été  immolé  et  que  le  temps  approche  où  je  vais  me  dissoudre  et 
être  avec  le  Christ  (I  Tim.,  iv,  6;  Phil.,  i,  23)  au  sujet  duquel  celui-là  a 
combattu  contre  moi.  Si  j'aj  écrit,  c'est  pour  que  les  hommes  ne  s'écar- 
tent pas  de  la  foi  droite  à  cause  du  nom  du  «  jugement  du  concile  ». 

Mais  quelqu'un  dira  (1)  :  Qu'as-tu  à  faire  avec  Flavien  et  avec  ce  qui  a 
été  fait  contre  lui  et  à  son  occasion?  Pour  toi,  en  effet,  tout  le  monde  t'a 
anathématisé  et  t'a  exilé;  tout  ce  que  tu  ajoutes  après  cela  tu  le  fais  à  ton 
détriment;  c'est  pour  toi  une  accusation  et  non  une  excuse  simple  et 
juste. 

Ce  que  je  dis,  plus  haut,  plus  bas  et  toujours,  c'est  que  je  ne  cherche 
pas  à  me  faire  aimer  par  de  tels  hommes,  mais  je  désire  vivement 
que,  par  mon  anathème,  ils  soient  sauvés  du  blasphème,  et  que  ceux 
qui  seront  sauvés  confessent  Dieu  saint ,  puissant  et  immortel  sans 
changer  la  forme  de  Dieu  qui  est  incorruptible  contre  la  forme  de  l'homme 
qui  se  corrompt,  et  sans  mêler  le  paganisme  dans  le  christianisme, 
mais  en  confessant  Dieu,  tel  que  sa  forme  est,  et  en  confessant  l'homme 
tel  qu'il  est  dans  sa  forme,  de  manière  que  passible  et  immortel  soient 
confessés  des  formes  des  natures;  afin  que  le  christianisme  ne  confesse 
pas  un  changement  de  Dieu  ni  un  changement  de  l'homme,  à  la  ma- 
nière de  l'impiété  du  paganisme.  Qu'il  soit  donc  en  vérité  oui  oui  et 
non  non,  sauveur  et  sauvé,  de  manière  à  confesser  que  le  Christ  est 
Dieu  et  homme  en  vérité  et  par  nature,  qu'il  est  par  nature  immortel 
et  impassible  en  tant  que  Dieu,  et  mortel  et  passible  par  nature  en 
tant  qu'homme.  //  n'est  pas  Dieu  dans  les  deux  natures  ni  encore 
homme  dans  les  dexix  natures.  Mon  but  et  mon  souci  sont  que  Dieu  soit 
béni  et  loué  sur  la  terre  comme  dans  le  ciel.  Que  Nestorius  soit  donc  ana- 
thème, mais  qu'ils  disent  de  Dieu  ce  que  je  les  prie  de  dire;  car  je  suis 
de  ceux  qui  sont  avec  Dieu  et  non  de  ceux  qui  sont  contre  Dieu,  de  ceux 
qui,  sous  prétexte  de  piété,  outragent  Dieu  et  font  qu'il  n'est  plus  Dieu. 
Car  il  (Dieu)  combat  ceux  que  je  combats  et  ceux  qui  combattent  contre 
moi  combattent  contre  lui  ;  aussi  je  suis  prêt  pour  lui  à  tout  endurer  et 
souffrir,  et  plût  à  Dieu  que,  par  mon  anathème,  tout  le  monde  en  arrivât 
à  se  réconcilier  avec  Dieu,  car  rien  ne  m'est  plus  grand  et  plus  cher  que 
cela.  Je  ne  refuserais  pas  non  plus  de  dire  le  contraire  de  ce  que  j'ai  dit, 
si  je  savais  qii'ils  veuillent  dire  le  contraire  de  ce  que  je  dis  en  quelque 
manière  que  ce  soit  ;  eux  seraient  de  Dieu  et,  par  ces  choses,  je  serais 
honoré  près  de  Dieu,  pour  les  (propriétés)  de  Dieu  que  j'ai  regardé  comme 
Dieu  et  non  comme  homme  (2)... 

«  Je  parlerai  de  ce  qui  a  été  connu  peu  à  peu  de  tout  homme,  non  pour 
être  accueilli  des  hommes  et  pour  en  recevoir  du  secours,  car  je  m'éloigne 
de  toutes  les  choses  humaines  :  je  suis  mort  au  monde  et  je  vis  pour  celui 

(1)  Héracl.,  257. 
{:>)  Iléiacl.,  507-508. 


SAINT   CYRILLE   ET   NESTORIUS.  4? 

qui  m'a  vivifié,  mais  je  parlerai  pour  ceux  qui  ont  été  scandalisés  (1).  » 
»  Je  ne  me  suis  pas  écarté  de  la  rectitude  des  orthodoxes  et  je  ne  m'en 
écarterai  pas  jusqu'à  la  mort.  Bien  que  par  ignorance  tous  luttent  contre 
moi,  même  quelques  orthodoxes,  et  qu'ils  ne  veuillent  pas  entendre  et 
apprendre  (quelque  chose)  de  moi,  il  viendra  des  temps  où  ils  apprendront 
des  hérétiques  même,  en  luttant  contre  eux,  comme  ils  ont  lutté  contre 
celui  qui  a  lutté  pour  eux  (2).  » 

«  Qui  se  défendra  de  pleurer  en  se  rappelant  les  maux  qui  ont  été  faits 
à  Éphèse  r  Plût  à  Dieu  que  cela  eût  eu  lieu  contre  moi  et  contre  ma  vie  et 
non  pour  l'iniquité  !  Je  n'aurais  pas  usé  de  ces  paroles  envers  un  homme 
qui  aurait  pu  me  faire  justice,  mais  seulement  envers  notre  Sauveur  Jésus- 
Christ  qui  est  le  juste  juge  et  pour  qui  j'ai  accepté  aussi  de  souffrir  patiem- 
ment pour  que  tout  le  corps  du  Christ  ne  soit  pas  accusé  (3).  » 

Il  est  plein  d'indulgence  pour  les  orientaux  qui  l'ont  aban- 
donné lorsque  Cyrille  leur  eut  fait  imposer  par  Aristolaiis, 
comme  condition  de  paix,  d'anathématiser  «  Nestorius  et  ses 
doctrines  impies  »  : 

«  Mais  quelqu'un  s'indignera  :  «  Pourquoi  n'ont-ils  pas  maintenu  ce 
qu'ils  avaient  jugé  une  fois?  «  Ils  se  sont  peu  préoccupés  de  ce  qui  avait 
été  fait  contre  moi,  car  ils  avaient  à  redresser  et  à  publier  la  foi  et  à  pa- 
cifier les  églises.  De  même  qu'un  tyran  venu  pour  piller  et  qui  ne  peut 
prendre  la  ville,  cherche  à  obtenir,  en  témoignage  de  paix,  la  mort  de 
celui  qui  combattait  pour  eux  contre  lui;  afin,  s'il  l'obtenait,  que  la  ville 
soit  vaincue  ;  de  la  même  manière,  celui-là  (Cyrille)  demandait  aussi  ma 
déposition  qui  lui  fut  donnée  sans  jugement.  Mais  laissons  cela  ;  je  ne  me 
préoccupe  pas  de  ce  qui  a  été  fait  contre  moi,  mais  seulement  de  la  paix 
des  églises.  Je  souffre  tout  pour  la  paix  des  églises.  Mais  tout  lui  était 
opposé  (4).  » 

Ils  arrivèrent  à  cette  paix  et  à  cette  unanimité,  et  tous  pensèrent  à  la 
fois  qu'ils  avaient  fini  de  souffrir,  puisqu'ils  m'avaient  livré  à  mon  ennemi. 
Parce  qu'ils  craignaient,  ils  disaient  :  »  Mieux  vaut  qu'un  homme  soit  op- 
primé et  que  la  foi  subsiste.  ^  Plût  à  Dieu  que  c'eût  été  wmi  .'Comment  celane 
m'aurait-il  pas  plu  ?  Au  contraire  je  me  serais  réjoui  vivement  de  l'heu- 
reuse issue  de  ce  qui  les  préoccupait.  Mais,  au  contraire,  ils  souffraient  de 
m'avoir  abandonné,  et  de  ce  qu'ils  laissaient  dire,  et  aussi  de  ce  qu'on  ne 
leur  laissait  plus  dire,  (à  savoir)  ce  quej'  avais  dit  moi-même  et  ce  pourquoi 
ils  m'avaient  chassé  (5). 

(1)  Héracl.,  451. 

(2)  Héracl.,  137.  Nestorius  fait  allusion  aux  attaques  contre  Théodore  de  Mop- 
sueste  et  Flavien  de  Conslantinople  qui  ont  obligé  un  certain  nombre  de  ses 
ennemis  à  revenir  à  son  camp  pourcombaltre  les  monophysites.  Cf.  supra,  VIII. 

(3)  Héracl.,  200. 

(4)  Héracl.,  453. 

(5)  Héracl.,  p.  457, 


48  REVUE    DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

La  lettre  de  Théodoret  au  «  très  saint  Nestorius  »  pour  le 
prier  d'engager  Alexandre  de  Mabboug  à  accepter  la  commu- 
nion de  Jean  d'Antioche  afin  de  détourner  les  calamités  de 
son  troupeau  (1),  devient  donc  très  vraisemblable  :  Nestorius 
avait  assez  de  détachement  pour  conseiller  à  ses  amis  de  l'a- 
bandonner en  faveur  de  la  paix  de  l'Église  si  la  foi  ne  devait 
pas  en  souffrir,  ce  qui  était  le  cas  ici  au  jugement  de  Théo- 
doret. Il  eut  la  consolation  de  voir,  comme  il  le  dit,  «  le  salut 
de  Dieu  »  :  Dioscore  condamné,  Flavien  réhabilité,  la  doctrine 
des  deux  natures  clairement  formulée  par  saint  Léon.  Aussi 
concluait-il,  en  l'an  451  : 

Pour  moi,  j'ai  regardé  les  souffrances  de  ma  vie  et  tout  ce  qui  m'est 
arrivé  en  ce  monde  comme  une  souffrance  d'un  jour,  et  je  n'ai  pas 
changé  durant  toutes  ces  années.  Voici  qu'approclie  pour  moi  maintenant 
le  temps  de  ma  mort  et  chaque  jour  je  prie  Dieu  de  me  délivrer,  moi  dont 
les  yeux  ont  vu  le  salut  de  Dieu. 

Fin.  Réjouis-toi  en  moi,  désert,  mon  ami,  mon  nourricier  et  ma  de- 
meure; (et  toi  aussi),  exil,  ma  mère,  qui,  même  après  ma  mort,  garderas 
mon  corps  jusqu'à  la  résurrection  par  la  volonté  de  Dieu.  Amen  (2). 


X.    CONCLUSION. 

Le  fond  du  débat  :  le  mode  d'union  des  natures,  ne  pouvait 
être  compris;  saint  Cyrille  le  proclamait  «  ineffable  et  incom- 
préhensible »;  Nestorius  était  un  peu  moins  modeste,  mais  sa 
condamnation  a  dû  lui  prouver  que  lui  non  plus  n'avait  pas 
su  trouver  des  paroles  adéquates. 

On  comprend  par  contre  très  facilement  les  imputations 
mutuelles  des  adversaires  et  leurs  réponses.  Ceux  qui  disaient 
tt  deux  natures  »  étaient  censés  partager  le  Christ  en  deux, 
faire  de  lui  un  simple  homme  et,  par  suite,  faire  de  la  Vierge 
la  mère  d'un  homme;  ceux  qui  disaient  «  une  nature  après 
l'union  »,  ou  «  une  nature  incarnée  »,  étaient  censés  mélanger 
Dieu  et  l'homme,  sacrifier  la  nature  humaine  à  la  nature  divine 
ou  soumettre  Dieu  de  toute  nécessité  aux  souffrances,  comme 
fàme  est  soumise  de  toute  nécessité  aux  souffrances  du  corps. 

(1)  Lupus,  ch.  CLXx,  n»  258,  p.  311. 

(2)  Héracl.,  p.  520-521. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS  49 

Chacun    condamnait  d'ailleurs  les  corollaires  que  ses  adver- 
saires croyaient  pouvoir  déduire  de  ses  principes. 

Avant  Éphèse  aucune  formule  n'était  irréprochable;  n'é- 
taient-elles pas  obligées  d'ailleurs  de  se  mettre  en  harmonie, 
en  quelque  point,  avec  l'incompréhensibilité  du  mystère  qu'elles 
avaient  l'audace  de  vouloir  définir  (1);  la  preuve  aussi  qu'elles 
étaient  imparfaites,  c'est  que  de  la  formule  de  Nestorius  est 
né  le  schisme  nestorien,  et  de  la  formule  de  saint  Cyrille  est  né 
le  schisme  monophysite.  C'est  ici,  au  premier  concile  d'Éphèse, 
qu'il  faut  chercher  l'origine  des  deux  schismes,  et  les  troupes 
monophysites,  avec  les  textes  et  la  formule  apollinaristes  du 
pseudo-Jules,  du  pseudo-Félix  et  du  pseudo-Athanase,  ont 
contribué  à  écraser  Nestorius.  Celui-ci  a  compris  son  impo- 
pularité; il  a  vu  que  ses  actes  inconsidérés,  sa  présomption, 
son  orgueil  et  ses  persécutions  arbitraires,  cimentaient  la  troupe 
bigarrée  de  ses  adversaires  (2)  ;  il  a  donc  demandé  à  se  retirer 


(1)  Elles  ont  toutes  besoin  d'être  interprétées  avec  une  certaine  bonne  volonté. 
Par  exemple,  d'après  nos  théologiens,  nous  reconnaissons  avec  Cyrille  «  l'u- 
nion substantielle  de  l'humanité  et  de  la  divinité  »  et  c'est  par  là  que  nous  ré- 
futons «  les  blasphèmes  de  Nestorius»;  mais  il  faut  entendre  que  cette  union 
est  substantielle  sans  l'être,  puisqu'elle  n'a  pas  lieu  en  une  substance,  comme  le 
voulait  Cyrille  lorsqu'il  la  comparait  à  l'union  de  l'àme  et  du  corps,  mais  en 
deux  substances  (cf.  supra,  1910,  p.  369).  Elle  est  même  beaucoup  moins  <■  subs- 
tantielle »  que  Nestorius  ne  la  concevait,  car  —  Sévère  d'Achmounaïn  l'a  déjà 
fait  remarquer  {supra,  1910,  p.  391)  —  il  a  dit  que  les  deux  natures  subsistaient 
après  l'union  (et  c'est  pour  cela  que  les  monophysites  l'ont  condamné),  mais  il 
n'a  pas  dit  clairement  que  chaque  nature  conservait  ses  propriétés  et  ses  opéra- 
tions après  l'union,  au  contraire  il  parait,  au  moins  dans  ses  premiers  écrits, 
ne  donner  aux  deux  natures  qu'une  autorité,  une  dignité,  une  puissance,  une 
énergie,  une  volonté  (cf.  Loofs  loc.  cit.,  p.  397,  col.  2);  l'union  telle  qu'il  la  con- 
cevait était  donc  plus  ■•  substantielle  »  que  la  nôtre,  car  elle  unissait  davantage  les 
substances,  et  il  n'est  pas  évident  que  le  concile  de  Chalcédoine  «  a  défini 
l'union  substantielle  contre  les  blasphèmes  de  Nestorius  ».  Cyrille  a  encore 
plus  besoin  de  bonne  volonté  :  lorsqu'il  dit  <■  union  naturelle  »,  «  un  par  nature  », 
on  admet  que  cela  veut  dire  «  union  vraie  »  «  un  en  vérité  »  ;  lorsqu'il  parle 
«  des  souffrances  du  Verbe  »,  «  delà  mort  du  Verbe  »,on  admet  qu'il  ne  s'agit 
pas  de  la  nature,  mais  de  la  personne;  lorsqu'il  dit  «  une  nature  du  Verbe  »,on 
admet  que  cela  veut  dire  deux  natures,  grâce  au  mot  «  incarnée  »  qu'il  ajoute. 
On  passe  volontiers  sur  les  irrégularités  du  premier  concile  d'Éphèse  et  sur 
les  procédés  employés  par  Cyrille  pour  faire  condamner  ses  adversaires  :  Nes- 
torius d'abord  et  les  Orientaux  ensuite.  Nous  n'y  contredisons  pas,  mais  nous 
espérons  qu'un  jour  viendra  où  un  peu  de  cette  bonne  volonté  s'étendra  jus- 
qu'à Nestorius. 

(2)  Voir  la  traduction  du  Livre  d'Héraclide,  p.  vi-vii,  et  363  à  364,  où  l'on  trouve 
l'énuménition  d'un  certain  nombre  de  ses  «  maladresses  ». 

OlllENT   ClinÉTIEN.  4 


50  REVUE    DE    r/ORIENT    CHRÉTIEN. 

dans  son  monastère,  et  il  a  laissé  aux  Orientaux  le  soin  de 
défendre  leur  formule  commune.  Grâce  à  son  abnégation,  la 
paix  s'est  faite,  à  condition  que  les  Orientaux  anathémati- 
seraient  Nestorius  et  ses  doctrines  impies  —  doctrines  qui 
n'étaient  aucunement  désignées  dans  l'acte  d'union,  car  il 
n'aurait  pas  été  possible  d'en  tomber  d'accord  (1)  —  et  que 
Cyrille  laisserait  «  partager  les  propriétés  du  Christ  aux  deux 
natures  :  les  souffrances  à  la  nature  humaine,  la  gloire  à  la 
nature  divine  ».  C'était  en  somme  le  triomphe  de  la  formule 
de  Nestorius,  triomphe  mitigé  cependant,  car  Cyrille,  pour  ne 
pas  mécontenter  Acace  de  Mélitène,  semblait  reprendre  d'une 
main  ce  qu'il  donnait  de  l'autre  et  écrivait  que  ce  partage 
n'était  qu'une  question  de  mots. 

Eutychès  croyait  continuer  l'œuvre  de  saint  Cyrille,  à  laquelle 
il  avait  collaboré,  lorsqu'il  voulait  imposer  la  locution  :  une 
nature,  la  nature  du  Verbe  (2);  il  fut  condamné,  et  Dioscore, 
sur  le  désir  de  l'empereur,  dut  le  réhabiliter  au  second  concile 
d'Éphèse.  On  lui  donna  cependant  ici  une  leçon  de  théologie, 
dont  les  Jacobites  (monophysites  mitigés  ou  diplophysites) 
ont  fait  leur  profit  :  «  Dire  une  nature  après  l'union,  implique 
mélange  et  confusion;  il  faut  dire  une  nature  incarnée  pour 
parler  comme  Cyrille  (3).  »  Et  le  concile  de  s'écrier  :  «  Dios- 
core et  Cyrille  ont  une  même  foi.  Anathème  à  qui  dit  deux 
natures.  Que  celui  qui  divise  soit  divisé  et  mis  en  deux.  »  La 
formule  de  Nestorius  et  des  Orientaux  était  à  nouveau  con- 
damnée et  remplacée  par  la  formule  de  saint  Cyrille  entendue 
dans  un  sens  monophysite  ou  plutôt  diplophysite  :  deux  natures 
en  une  seule,  mais  sans  mélange  ni  confusion. 

Dioscore  avait  en  plus  anathématisé  saint  Flavien  et  saint 
Léon,  aussi  il  fallut  un  nouveau  concile  pour  reprendre  en  sous- 
œuvre  les  questions  qui  s'étaient  posées  lors  du  premier  con- 
cile d'Éphèse,  et  donner  une  formule  définitive  en  amalgamant 

(1)  Saint  Cjrille  a  voulu  les  préciser  (Lupus,  ch.  cxciv,  p.  385;  cxcv,  p.  387), 
mais  sans  succès,  semble-t-il;  en  particulier  les  erreurs  qu'il  prête  à  Nestorius 
dans  sa  lettre  à  Aristolaiis  (Lupus,  ch.  ccix,  p.  431)  :  de  dire  •<  que  la  sainte 
Vierge  n'est  pas  Mère  de  Dieu  »  et  de  nommer-  deux  Christ-Fils  •,  sont  dépures 
amphibologies  basées  sur  les  conceptions  différentes  de  deux  natures  ou  d'une 
nature  (incarnée). 

(2)  Cf.  supra,  1910,  p.  378. 

(3)  Cf.  supra,  ibid. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS.  51 

celles  qui  étaient  restées  en  lutte  depuis  lors.  La  locution 
c  Un  seul  Seigneur  en  deux  natures,  sans  que  l'union  ôte  la 
différence  des  natures,  en  une  seule  personne  »,  est  celle  de 
Nestorius  et  des  Orientaux,  et  «  une  seule  hypostase  »  est  la 
locution  de  saint  Cyrille.  Les  mots  «  sans  confusion,  sans 
changement,  sans  division,  sans  séparation  »,  évoquent  toutes 
les  luttes  christologiques  précédentes  :  Nestorius  et  saint 
Cyrille  les  admettaient,  mais  se  reprochaient  mutuellement  de 
ne  pas  les  admettre.  Les  mots  «  la  propriété  de  chaque  nature 
étant  conservée  »  donnent  à  Nestorius  et  aux  Orientaux  plus 
peut-être  qu'ils  n'auraient  osé  demander.  Enfin  «  il  n'est  pas 
divisé  ou  séparé  en  deux  personnes  »  condamne  le  nestoria- 
nisme  classique,  tel  que  les  imputations  de  saint  Cyrille  l'a- 
vaient constitué,  mais  que  Nestorius  et  les  Orientaux  n'avaient 
jamais  professé. 

Nestorius  aurait  certainement  souscrit  la  formule  de  Chalcé- 
doine.  Nous  en  avons  pour  garants  son  témoignage  dans  le 
Livre  d'Héraclide  et  dans  la  Lettre  aux  habitants  de  Cons- 
tantinople  (1),  ainsi  que  le  témoignage  des  Orientaux,  de 
Théodoret  et  de  toute  l'Église  jacobite.  Sa  doctrine  était  en 
somme  celle  des  Orientaux,  de  Flavien  et  de  Léon,  et  les  ten- 
dances (hypostase  et  définition  de  la  personne)  qui  le  caracté- 
risaient, et  qui  nous  permettent  aujourd'hui  de  justifier  sa 
condamnation  à  Éphèse,  étaient  alors  au  second  plan.  La 
véritable  question  en  effet,  agitée  depuis  Éphèse  jusqu'à  Chal- 
cédoine,  et  à  côté  de  laquelle  toutes  les  autres  semblaient 
secondaires  ou  sans  importance,  était  la  question  des  deux 
natures  :  les  adversaires,  en  dehors  des  questions  personnelles, 
étaient  les  uns  diphysites,  les  autres  monophysites  stricts  ou 
mitigés. 

La  cause  exacte  du  débat  «  une  ou  deux  natures  après 
l'union  »  a  échappé  non  seulement  aux  traducteurs  latins 
comme  nous  l'avons  dit  (2),  mais  à  la  plupart  des  auteurs; 
elle  est  cependant  évidente  pour  qui  veut  lire  les  lettres  de 
Cyrille  et  de  Nestorius,  les  imputations  mutuelles  des  Orientaux 
et  des  partisans  de  Cyrille,  la  formule  d'union  et  les  commen- 
taires qu'elle  a  suggérés,  la  condamnation  d'Eutychès  et  sur- 

(1)  Cf.  Traduction  du  Livre  d'Héraclide,  p.  370-377. 

(2)  Cf.  supra,  1910,  p.  368-369   376-377,  382. 


52  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

tout  les  clameurs  des  Égyptiens  au  conciliabule  d'Éphèse;  la 
question  des  hypostases  était  secondaire,  car  chacun  la  ratta- 
chait à  la  précédente  ;  quant  à  la  définition  philosophique  de 
la  personne  iprosôpon),  on  ne  s'en  préoccupait  pas;  toute  la 
lutte  était  circonscrite  entre  le  diphysisme  et  le  monophysisme 
plus  ou  moins  mitigé.  Il  est  donc  certain  que  le  concile  de 
Chalcédoine  donnait  satisfaction  aux  Orientaux;  il  aurait  dû 
aussi  rallier  tous  les  partisans  de  Cyrille,  puisqu'il  consacrait 
sa  formule  de  l'union  hypostatique,  mais  les  malentendus  qui 
n'avaient  pas  été  dissipés  au  premier  concile  d'Éphèse  avaient 
jeté  de  profonds  germes,  les  éléments  populaires  déchaînés 
jadis  ne  voulaient  plus  rester  dans  leur  rôle,  et  l'unanimité  des 
évêques  ne  put  empêcher  le  schisme  monophysite,  beaucoup 
plus  dangereux  que  le  schisme  nestorien,  car  il  a  semblé,  à 
certaine  époque,  mettre  le  catholicisme  en  péril  (1). 

Pourquoi  le  premier  concile  d'Éphèse  ne  fut-il  pas  mis  à 
même  de  discuter  et  d'éclaircir  les  deux  formules  en  présence, 
pour  prendre  dans  chacune  d'elles  ce  qui  représentait  le  mieux 
la  tradition  apostolique  et  pouvait  parer  aux  inconvénients  de 
l'une  des  deux  formules  prise  isolément?  N'était-ce  pas  chose 
possible  puisque  chacun  repoussait  les  erreurs  qu'on  lui  prêtait 
et  que  tous  en  somme  voulaient,  par  des  voies  différentes,  ar- 
river au  même  but;  ne  pouvait-on  faire  ainsi  l'économie  de 
trois  conciles  et  de  deux  schismes?  L'obstacle  nous  parait  avoir 
été  la  nature  humaine,  qui  est  faible  et  mauvaise  et  qui  ne 
dégage  les  solutions  qu'à  l'aide  de  longues  approximations  suc- 

(1)  Au  commencement  du  vi«  siècle  eu  effet,  lorsque  les  monophysites  zélés, 
rhéteurs  et  hommes  de  loi  formés  aux  écoles  d'Alexandrie  et  de  BejTOuth, 
eurent  influence  sur  l'empereur  Anastase,  les  sièges  patriarcaux  de  Constanti- 
nople,  de  Jérusalem,  d'Alexandrie  et  d'Antioche  furent  occupés  simultanément 
par  leurs  créatures.  Leur  but  était  d'abord  de  condamner  le  concile  de  Chalcé- 
doine, c'est-à-dire  un  concile  vraiment  général,  où  plus  de  six  cents  évèques 
s'étaient  trouvés  unanimes  (hors  Dioscore  seul),  et  ensuite  d'anathématiser  la 
lettre  de  saint  Léon,  c'est-à-dire  un  écrit  dogmatique  promulgué,  autant  que 
nous  pouvons  le  conjecturer,  ex-calhedva.  Car  les  évèques  monophysites  du 
concile  de  Tyr,  dirigé  par  Sévère  d'Antioche,  était  en  communion  avec  Jean 
d'Alexandrie,  Timothée  de  Constantinople  et  Élie  de  Jérusalem,  aussi  l'historien 
monophysite  conclut  :  ••  Et  ainsi,  «  l'exception  du  siège  des  Romains,  tous  les 
évèques  étaient  à  nouveau  d'un  accord  unanime  au  sujet  de  la  foi.  »  On  devine 
quel  danger  auraient  couru  les  dogmes  fondamentaux  du  catholicisme  si  la  Pro- 
vidence n'avait  empêché  la  réunion  d'un  concile  général,  comme  la  coutume 
était  alors  d'en  l'éunir  lorsque  la  chrétienté  était  divisée. 


SAINT    CYRILLE    ET    NESTORIUS.  53 

cessives.  Les  formules  douteuses  de  Nestorius  méritaient  une 
condamnation,  et  cette  opération  .stratégique,  basée  sur  Téloi- 
gnement  peu  justifié  des  Orientaux,  a  été  menée  de  main  de 
maître.  Si  Nestorius  avait  été  chargé  de  la  direction  du  concile, 
il  n'aurait  sans  doute  songé,  lui  aussi,  qu'à  condamner  la 
formule  de  son  adversaire,  sa  suffisance  et  l'orgueil  qui  perce 
dans  ses  lettres  nous  en  assurent  (1);  les  persécutions  sans 
nombre  qu'il  a  dirigées  contre  de  prétendus  hérétiques  et  son 
manque  de  pondération  nous  empêchent  même  d'attribuer  à  ses 
plaintes  l'importance  qu'elles  méritent  peut-être;  nous  som- 
mes tenté  de  dire  simplement,  avec  l'historien  Socrate,  que 
sur  le  terrain  de  la  poursuite  des  hérétiques  où  il  était  cepen- 
dant si  expert,  il  a  trouvé  son  maître  à  Éphèse  (2).  En  somme, 
demander  à  saint  Cyrille  de  ne  pas  se  borner  à  condamner 
des  tendances  hérétiques  certaines,  mais  d'accorder  à  son 
«  ennemi  »  de  soumettre  encore  sa  propre  formule  à  l'examen, 
pour  arriver  du  premier  coup  à  la  formule  définitive,  est  trop 
demander  à  la  nature  humaine  et  tel  qui  le  blâme,  s'il  veut  se 
consulter,  n'aurait  pas  mieux  agi  à  sa  place.  Il  fallait  encore 
plusieurs  tâtonnements  (3).  Pourquoi  les  habitudes  prises,  ainsi 
que  les  susceptibilités  et  les  jalousies  orientales,  que  l'on  trouve 
d'ailleurs  par  toute  l'histoire,  n'ont-elles  pas  permis  à  saint 
Célestin  de  revendiquer,  pour  lui  ou  pour  ses  représentants 
romains,  la  direction  du  premier  concile  d'Éphèse! 

(1)  Dans  le  cas  intermédiaire  où  les  deux  partis  auraient  été  de  force  à  peu 
près  égale,  certaine  lettre  du  comte  Jean  à  l'empereur  nous  fait  croire  qu'il  au- 
rait pu  y  avoir  des  voies  de  fait,  et  que  le  résultat  aurait  été  moindre  :  «  Ne  fieret 
pugna;  conflictus,  intermiscui  eis  militum  turbas,circa  loca utrique  parti  contigua... 
propter  rabiem,  qua?  inter  eos  nescio  unde  provenit...  dicentibus  his,  qui  con- 
venerant  cum  Cyrillo,  se  nullo  modo  posse  vel  ipsum  adspectum  Xestorii  susti- 
nere...  quamvis  videam  execrabiles  et  implacabiles  ad  invicem  Deo  amicissimos 
episcopos,  nescio  unde  ad  tantam  usque  tristitiam  asperitatemque  pervenerint.  » 
Lupus,  cil.  XVI,  p.  47-49.  Cf.  Labbe,  III,  l'I'è. 

(2)  Cependant  nous  croyons,  avec  Théodorot,  qu'il  ne  faut  pas  lui  fermer  »  la 
porte  de  la  pénitence  ■>  (supra,  p.  3j  ;  mais  le  lire  avec  indulgence  et  lui  tenir 
compte  de  son  abnégation  et  de  ses  protestations  dernières. 

(3)  Au  point  de  vue  apologétique,  l'histoire  de  Nestorius  moatre  de  plus  en 
plus  l'influence  dogmatique  de  la  papauté.  C'est  le  blanc-seing,  donné  par  saint 
Célestin  à  saint  Cyrille,  qui  a  fait  admettre  par  toute  la  chrétienté  ce  que  celui- 
ci  avait  fait  en  l'absence  de  trois  patriarches  et  de  leurs  représentants.  Saint 
Célestin  d'ailleurs,  s'il  a  peut-être  été  trop  confiant,  n'avait  pas  tort  de  croire 
que  les  formules  de  Nestorius  devaient  être  expliquées,  et  Nestorius  ne  lui  adresse 
aucun  reproche. 


54  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Les  auteurs  de  la  Perpétuité  de  la  foi  ont  trouvé  à  cette 
cote  mal  taillée  une  autre  raison,  d'une  dureté  déjà  janséniste, 
mais  qui  est  du  moins  sans  réplique  :  Tandis  que  la  nature 
humaine,  faible,  bornée  et  mauvaise,  nous  paraît  être  une 
cause  suffisante  des  imperfections,  ils  mettent  en  jeu  la  Pro- 
vidence divine  elle-même  :  selon  eux,  les  formules  de  saint 
Cyrille  et  de  Nestorius  étaient  incomplètes,  obscures,  dange- 
reuses pour  certains,  et  la  véritable  formule  n'a  pas  été  déga- 
gée dès  le  premier  concile  d'Éphèse,  mais  l'a  été  seulement 
à  Chalcédoine,  parce  que  Dieu  voulait  permettre  que  son  Église 
fût  attaquée  par  les  hérésies  des  nestoriens  et  des  monophy- 
sites  auxquels  les  paroles  obscures  ont  servi  de  pierre  d'achop- 
pement. Si  les  deux  adversaires  avaient  discuté  paisiblement 
à  Éphèse  sous  la  direction  du  pape  ou  des  Romains,  et  si  l'on 
y  était  tombé  d'accord  d'une  formule  sans  obscurités,  il  n'y 
aurait  pas  eu  d'hérésie,  or  il  faut  qu'il  y  en  ait,  selon  saint 
Paul  :  Oportet  haereses  esse  (I). 

F.  Nau. 


(1)  I  Cor.,  XI,  19.  Cf.  Perpétuité  de  la  foi,  édition  Migne,  Paris,  1841,  t.  I,  col. 
65.  —  Richard  Simon  indique  encore,  comme  cause  des  schismes,  le  caractère 
des  Grecs  de  cette  époque-là,  qui  étaient  de  «  grands  disputeurs  »  ;  «  le  plus  sou- 
vent, dit-il,  leurs  disputes  n'étaient  que  de  métaphysique  et  de  pures  équivoques 
d'où  ils  liraient  ensuite  des  conséquences  à  leur  manière,  venant  enfin  aux  in- 
jures et  parla  les  choses  devenaient  irréconciliables  ».  (Histoire critique  des  dog- 
mes... des  chrétiens  orientaux,  Trévoux,  1711,  p.  95).  —  Voir,  pour  Nestorius,  le 
livre,  déjà  cité,  de  M.  Béthune- Baker,  et,  contre  Nestorius,  l'article  du  R.  P.  Martin 
Jugie,  Échos  d'Orient,  t.  XIV  (1911),  p.  65-75. 


Ouiifi  ibfh  ^  ouilrnLonLmf  Pu/>  ^uiLinoDinan,  II.  utnaïuùp.  t^itl 
pui^uâhuinta  u.  énnnunnnan  u.  luauiuçn  n2niuiuiuan  :  afi  uiiu  inn 
nnpiui  piu^iuuuiipu  nn  1^  h  piuniupt^h  juutnp.bnnnL  II  p  luioai^u 
uiunpna  p  ua  iiulinp  aoaplii  ^tuipuimu  .  u.  ua  hppau  pinppuu  u.  p 
iiuaai^u  uppiuiil^i  uimpai^h .  u.  ua  luiupuuiuuiua  ùauiLnpah  :  ^  u.  p 
iiuançlf  UMunpna  hli  up  U.  p  pu^iuuipnu  un  ^inuiinçîi .  .  .  H^ui  niAiçp 
uui  oûauni./iu  iuil  u.  pUuipp  II.  çp  auiùuiuc^p  u.  auMpuiuiputpiuUf  u. 
^unLUi   luu   ttpna   uutmuupa  apuinL.ha  ; 

liii  u.  p  uuaauMUÇ  uuipnbuiu  Bnuiuâpu  çn  uutlii,  luipnia  nipnp— 
Autuu  p  up  up^  II.  hniL.  ap  iuinuiaiulf  uiaau  uiuiauuia  puinuippu 
piuipphpPnL.  Il  LuMul^pu  utnAinLi  abuanhapp^  p  ÀbtLUta  pppuuinuçpqf 
ap  H^tV  p  £""/£"  (^l"  laLhnhapu  lina  :  iVu  utiup  ujuiaiLp  ^uipuiauili , 
i/iuiûunLupIi  II  utuuiapu  .  ap  nut  l^  Auq  uiiupuiU  bLhnbqpu  .  qp  nu  u. 
nli  Aaq  aiuLUU  ç .  qp  hpunLuu  uuiuçpu  uirLunLi  II  qp  utputuqbu  uqqpfa. 
Il  liçuinj^uç,  nn  uùfhmuiupU  quMpiUM  :  ubqu  upJt  uuibtputulinu  u. 
upnLUU  up  uuipuiuinL  ibubqbqpp^  :  qu  uiili  qp  pqu  u/i^inu  u.  qubqnLpu 
^usunLquiht^pU  pui^fiinn  u.  pnuinnLçi/in  anqnqpqnqu  .  u.  upnui 
qutuçpu  Bi^  7"'-fi  qubq  qutuutpqçp  .  u.  ùi^^i^uçuipu  ùbp  ipquiuufçp 
içp  uiubp  .  qu  ujiu  uiuiptn  ç  qbubqbqpuU  Xbp  p  AçîfO  uin.ffni.i .  u. 
qAbq  unLp  pujn^ti .  /l  qJibqujuç  uiLbm  juuipuiù  utn-UnLi.  u.  A.bp  ubn.biu 
n  op  utpuiuipu  BoqnLi  n\  Buiqbi  ,  Il  ùbn.-binq  ùppuiuu  uin.Ifi>f  u. 
utUMui    ^puiuuiu  U1UII    Buiqbif   qutni   Ilu   inLuAinq    putpnbi   :   ^ 

UL  uiiuiqpup  puiUpL  ui^bqnLqutul^pU  :  ul  qpAi  uiuçpu  jwç  '}"'-R 
1*1  urtf  ti-  ippqutuuJt^ppu  ^uiq  <j^p  uiubp  :  ul  pui^uiuuMipu  ^ji  nl^â  lia 
utuiLnLqbi    iu^hl    II   nnquLp    utui^jtu    Bl^    JifP    /lu    minuiu     LuiubSpf    II 


56  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Lnuuiqhli  pui^hph .  Bi^  jtuuii  Cnut'^nïi  ani-ini.  innLn  ^  Jl^  âl^njil^S 
ùuiftjil^ult  m^^^  ijj^  lî^T^t'î^uï  n-l^unLi  inhn  :  iiujJiJS  uiuuin  uiliopl^'L 
nuiinnu  .  Qt;  7"*-p  nn  uiiniui^u  Liuut^n  uç  iiUL  pui^uiui  j^p  .  ^tn 
ibLhnahnU  mn.  <\ba  nuintXni^aiulinup  II  aiuunnna  hLhnaahpU  Liun.- 
UriLUp.  ibmni  luUhnuiL.  nuiinhli  tp/jn  </^uJ|  Luiania  Oi;  un  i^<Çi/i  hSiuh 
fc/i.  jtulj^  t^iu^^^^iu'Lbp'L  uiuiugji'b  j^[;^  "Li;  inl^^ujAtha  pt^Aj/^P»  "k^ukh^i 

^k  ifipquiùinl^ji  ^uit^,  Ijuut  luniu^'L  nnLini.  uinup  ill^  Sl:^nltl;â  ^uipht^ult 
mnupj   th^  uç^âl^m   n.i^unLi   in/iLn  :   ^ 

C?L  {"H""  inLiuli  niuiu  inuiaLniMpL  âhiuaiu'L  lunuiniuLliahli  II 
luuuiglili  pi^  uij^uinu  uiuonpi  iniu^hL  t; .  ui^iu  nnL  inutl^Luiap  niîpn.- 
^r  ^'"^"'^i^^  ^  iiqlt'îi  II  auiliinh  .  Il  n*  Liunutahlt  amiulibi  aÇtiunu 
ijiplj^nLh  ug  :  ofeinn^  ptp^lr  t^uiiu  Z^naLnn  ^utinlt  Sn  bn^iuii  'fiiu^Lii 
uiunpn^f  np  puipij^Uhlt  luunpng  itqnmji.  n-iutuuj/i  luLi/iuii  .  U.  luuiuajt'L 
uùiu  pi;  ^n  pUl^bpgîi  uiiu^lj^uiguii  .  ijni.  /lu  uibmnp  iniu^LiuliuiUf  np 
ijblj^bqbgjigL  lutLÏinLS^  lîtp  :  Winu/uîin  uip  ijn/iuiiîr  L.  luuiua^  bu  n< 
nLpuiUuiù  ij^u  uihîi  ^tS  L.  n\  miuHHiuihuiâ  :  oi  plçplinil^p  ui'^âutp 
t^^ti^C'  '/t  ^^^uvu^mi^lr  u^^^iî^^^p  /»"»/»,  uilr^îr  ^^îi  t"i(t  '"t«î/i;- 
^tp  î  Luwgji'îi  uiut^lj^nLlgU  pi;^  uil^l;p  ut^t^âuig  /"«/«^tp  u^îi  uii/itîu/iïi, 
^t(  "Ç"  «S^Lupniîujîi  o^,  uujLuj  t^iiumi;  âuiliunLui  ill;pl;iliS  .  h.  aaS 
^wpg  L  iJinpA  lîinfc^  ^  Iriî .  /l  uiutîr  ^^^  /jnL^  ^fcm^^n  i^ P  •  p  CÀ 
^luJ^^  iuuiïji,  ^^uj^^îf  uiA  l^ujui;g,  L  âuipItuiâuL  utèui^blt  :  Il  quiiu 
^HLbj^  giuÇj^l  funp^bguiL  '^  lîtn^  ^Lpni-J.  t^i^  feu  ui^^  m^îr  ^ui^^uiiiiuj^q 
u^f^u  utubS .  t^u  Lu  ^^bw  Itg  muiSlj^utguip  Luiubli  s  ti.  aopnupL  lui 
^<^iupu  âmui^bg  ,  L  uiuuig  Ig  pi;"  u^^îr  Iruiu^  u^q  ^^^î»  "^"^[^2^/"^» 
to^/iLÎ/^t     ^h^k^t    tiuipuipupjipti    ijj;    uipmpltpuj^    l^l^^l^'Lli'blt     pi;pl;p- 

"tHl  ''  ^"'^gt^  ^^b  Su,^„Llgl,  pt  ^^2^2  "//"ï/»  /-P  htî'  ^2^^  «î/» 

kPu^l''b  .  ijtft  "pu'î'  ^t/"f  tn/iC  «/t  Ptptî*  ^2^4  "'/'P  •■  ^'-  "T  bqtui^^  • 
u^^^lr  u/iij4^  u^^p  ^Lui  a't'/""'/  ul;ogl;mjiS.  gfiL^nLp  Phl^ulu^  muimp- 
^puLp^  .   u^4:î,  u/i^^jLJ,  L/iZi^:  ul;oi^^^l;2,ht^  - 

huuigj,!!  uiutStinLlgl  pi;.  LjL  u,^^  u^nLlnJ!  Sutluiuji .  fri.  uiuwq 
inp  bq^ui^li,  Uii^m'^i  u^ftp.  i^jL  i^^LijU7iîu^^p  <Çuiij  i/t  /'"'"it  «"//«"^ 
'"hf^^^hi   t^Phlh  fcuiijujpulfa   uiUii^iS/i  : 


HISTOIRE    Dl"    PÈRE    ÉLIE.  57 

lumât^  qtwîruippui^iîr,  îri^  4"?  •  ^*>£'  t(tp  "//"ï  "t^/»  "'//^  t/^'"/'£ 
gltpuiin     t^iUL^liiil^l;     ujit^     SnLuriLpSiuli     l^uii^pha^     Jj^     n/ii^uj^ii^n/iî/n/i 

"tir  ^it  tl"^^  "'/CrCï'  ^^  tni^nu/iL  Ph^b?  '  i"'i^*''^  aninn^  /infîuif 
ùLnuip<  ijuinniuuili  U.  io<Jîrîii^u  buiuLuiultf  L.  pui^LipIr  /l  JnnnijnLnnpi 
uiubhapbuu  luuuianU  .  luhaliS  PuiniuthnSamiuli  fJhRhl  "/"•-  ^t?/*?  •"/• 
hrmuii  uinn  .  çboinLnut^p  lulçnuiiui^n  Ul^  piumuiup  luçnuiiui^n  :  uiiuiuu 
2UinP  Unnlt  : 

ohuini  luuuia  inn  bn/iuiiu  Wi^  uiiuon  plus.  ul^o^içP  mul^p  nn  iliurjliL.'ii 
qiuu  niouhù  ^bm  ^bof  apnii  Ii.  nh^iuiiioii  :  (7l  uiuiuaph  muiùpbpu 
wç  luinuju  Pon  ipup  :  Il  abuiapli  p^uplr  u.  (/nnni/ni.nn  pli  U_  UiunnufUiU 
p  nnLnJt  ua  utauiàhuti  .  ^uLni.û  u.  uiuJ2inou  uuMuinLapu .  u.  iuniu— 
<bnph  aiua .  L.  luuapli .  op  ibpLbiu  quba  '/i  Abn-q  uMUophhtuq  :  [l 
iu^l  .  .  . 

C/l  n  liufn/iLli  lurLUiLOinciuIf  blipu  luu^uiLiuinpq  <ujLnL^li/fnlr  0^' 
^HLin  bbçp  .  luùppiuipu  u.  nuiuiph  m/iLiulr  tu  uipiupbiui .  Ln^bi  q^bq  : 
itunidu  mp  bnfiutfh  inLuuiinq  lun.  iiua  qSui^u  */i  luiff^îi  i^uin.  bi  qiuiq 
p  uçO  un  .  u.  qpiniuL  t;p  n  tuqqp  ibqnt. .  lupiuinb  .  Ulii.pliiuifi  . 
StupniJip  ,  u.  ^luinq  :  Ul.  '/i  aiut/iuîi/iiîf  'A  ubpbibqli^  ^luânnLpbq 
qbqbqbgjiU  qup  utniulrli,  /i.  qiuOi  Jnipqiuinq  .  Il  uiubii  tuâbpii  tnp  pq 
gbq  '''W^p  '  "-  t'""-  7  itCf^  '  pi^ijpuimh  âoilui^uji .  qi^iqni.n.'b  iiujl0/i  . 
qiuLbuiphh  pup  .  u.  quni.uiuq)u  uiupqjiu  unL/uiun(UDni.u  :  ^  C/l  inpaS 
quq  uihuiuliU  .  qjt  bmbu  np  ïruinti  i^/ilr  /u  niuL^JiiiL  luiu/iîrpîi  âbhuiSbh 
uiinuqqpp.  qiuuipU  II  Joiiiiii  plr .  /l  tuâbpuiip'bf  âjii.ml^phqp'bf  II 
ul^j^tnlipiU  U.  UÊii  piuqUnLp  inid  nup  n<  qni  /3/»l  îiq  •  q/»  nLpuibttuîituib'lM 
pi;  uiiuop  pÇ2n9"t»nîj  tni.  iniuùbq^bSp  .  ^  pn/iuinnîii  pîi  */i  lîJ^O  lu^/i  /l 
bpupi-qp  biuihU  ,  pi^  nui  tuqiuinbinq  bup  p  Abn.iuq  uiiupli  lulioppliuiq  : 
^uilfo/i  quiuiLph  luifLlpuliç  hbuuinpp  hPkn  hp  •  ifewni  ni_niiinfei 
^^lULinli  .  n/i  inid  ^iiibmivitiq  çn  ophUiuq,  L.  ibm  nLfiuianLDU,  upqpii 
U.U    iniJ  ^iuLn.b    l/iîr^^n    : 

i/l  buriLin  inp  cn/iiiiili  /i  Ut^^O  Ln  .  Il  btntiLp  ppb.  L.  luuq  ui^puUhp 
'"(t^/'Liî   4^//"   Z^rt^P'    "t/"'^/"    "'(t^/'Ltî   t^^/»    lîiup/i^tp.  ui^puSh 


58  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

nnLp  bnnnp  .  nkphkP  hSiuuinnL.ii  nujin^^li  tir  .  U-  upi-^in^^li  ah  : 
SuipIt^kP^  uiubil  (ubi^gb  i;  lî^in^îr  i;  L  t;"^k^  l^pgbiu'b'b  i;  :  PuMpjt- 
ntp  uiubîli  Sli&uiSbéf  iîu«îiunLU^^  mbiupgi  bii  :  ^Juiij^^tP  «"ufe^I 
^u/LUitnpL  /l  uiÂuiiii^innL/iîi  t  •)  "•-  îfg '««"^p"  o^nLp  ^k^P^l'  "-  »"" 
<nauiL  ItumuiL  i/irttinJ  luîinLÎrîj  lu/i  put  :  li_  uiuuin  lia  puj^ç^  i|ijnLn.u 
n/i  nnn  tL*  juoubinti  ^p  .  /l  feu  uiuj  J  <\fen  uitnukihhli  :  Ul.  u^  uiuuigph  . 
04^  l^l^iiil^P  ijuipnLU^  iî^4t«ît»"/»ï'  "'/'P»  «/t  ^u»/3iîiuj  ijmpnLZJ^u^ 
in/in  .  p/iiî  p/i  iît<Ç«îtm/ilr  uimïib  ill;nltnul^  .  ^lu^Jui^  ij«i.pni_^  lu^uip 
tt^rt  "'/PP  •  fftrt  iît4«^t»"/»î'  •"»"/»  ^i^hiil^p  ijuipni-uliiilih  liLumjiîiuii; 
feuioni/i  ui/ii_p.  ^^iS  uuiiuiij^uip  ^tP/'p/'P"t  «"î""  ui^uifi  /«^tp/"  ""/PP» 
(âi^^i^âi^m  jtui'bnL^uinnL.  ili;it;m  uiuimnLinu'^ .  ^uj^iJuj^  <^ujfujup 
uiftn  .)  L.  tiuuin  uip  fen/iuiili  J9ç  uirLuilra  lifeuii/i  feu  lii  <Jujmjumju,  wç 
^fcp   uiuiîm-lrplr   fe.   01^   iJfeplr  .    inpn'J   /uoufelr   Opna   1^     "•"   t  2^«n"*t   s 

(iuufo/ilr  uiuiZ^/ifepîi,  pi^2b2  ^tl  .ghP^^^  hïiutâ  ^tf^/'p/'PP^  Cuui^ 
inp  fen/iujiu  .  ûçui^p/ilr  autauLun  UuinnuJUiutunuinn  Uui^ppuiuiuiiilp 
uinn  .  ^JuiiuiujiJpuipp,  nuiil^mçùnuinn  :  {^ùuinnuJ  uipu.feipu  ç,  uuj^puJ, 
uinL.SnL.ppU  l;  .  ^^ut^  <J/ilu/iu  i^  ^"^/t  ^uinut^  l^  .j  L.  ho  n^  i^ujpujqpb 
uiujf  Liîui  uiuiuiu/uîr/i  :  nJujîip  LnLhbahh  0^'  ùl^hht^pbh  auianLunhmuj 
ul^^ul^uinh  uiuin  buianflt  uinn  :  Ul.  »jp«/  "iuq  «np  fcn/iuiiu  wç  Afiinuiu 
Luiui^p  iini_p ,  uiJJiui  iiunbh ,  ùqihht^pph  aiuanLun  ht^uiçh  utnn  . 
uiiPnLU  Sh  tnnn  .  fe/iLij/iLA  Un  uipp  •  /»"/  "p  •"/'P  •  bujanL.p  un  utnn  . 
Ql^ul^n  un  uinn  .  uipnonùn  ui/iLp .  Monnuja  u/i  ui/iLp  wiu^uiuii  un  wpp  • 
up^uii  un  uipp  ,  luPçn  "h  ^"hp  '  h"i~p  "h  "^hn  '  t-  up  ni  uuipiuaph  uiuti 
Lu  uiuimujuhp  :  ''p^i  nùuihp  bLph  iuin.p  u.  uiuuiaph  ivç,  uui^p^ 
ui^^t^uçinph  uihnuhh  tfpbi  ifutt  p  upi  npuihh  :  i*p<^l  luuuta  inp  bnpuifh. 
OÊ  ùçhhçP  auMpnLuphph  pLuuipLliuiçpn  outnp  pp  Juip  .  upLpçpl^uiup 
uipp  imùul^pui  un  uipp  .  feuifuipo  un  nipp  .  II.  up  n«  Lujpuiaph  uiuit 
IfU    ututuruhp  : 

Pp^f    Lpuhbaph    apuipuih    butpnutaonph   u.   utuuiaph  p\^    uuinia    np 

ui^^ul^uiph  iuLulLu    p   iJn  nnuiuu   apfef   tuii .  u,   ^utpSujh  nutanLaph  t^, 
fitfP?  "t"  hp^lih  phpbuip  l^uiçpuph  uionpuL.  ut^oit^ùlçttuph  :    tiuuio  uip 

fernpuiiu   luçu  feuiiuju  upo  fe^ntj^jj,  mi^mh  ujuilruif,  oi   feiua/i/i    ppif  buta- 


HISTOIRE    DU    PÈRE    ÉLIE.  59 

in^  .  iît[«"^/»^  «y/»  fciucftn^  .  J4^<Çj^iîtin  lî/i  tiunin/i  lîi  fïuini_î/  inmujuhh  : 
P^^£  luututj  mp  iîf^uijîf  l^f^,  ^lupSuii  pi^h  hlk^  lî/i  «n/in  .  nni.'Ç  /i/tï* 
«y/»  «"/»{»  •  t»/"»-  «^Z»  "»/»p  •  '"/'/'/'  «^Z»  «"/"p»  "/t  £/»«^  Li^ofunhL  oi  biuapji, 
ijl^  u^nL  ilnL^innL^nLi^  "/"Z^  ^/"^  ^kPhn^^hi  n  phpuitumuii  hop  muLp  . 
ijt^mnLpmui^  to^,  pi^iljiiupintui  bop,  h'bl^ltiinl^  ^*»B»  n^iuiuiulih  tnjiiuink 
^fr"*"//!  "i  ^**^  •  ("-"'«^"'î'/»  '^/"/'r'"(  ^k^k^k"^!'^  nLumuiujt  uinn  .) 
liiu  ljl;ml^i  "itl^lt'^^t  ^h^k^h"^!^^  mmp  iiiuani^in/in  inJ^nu/iiin,  n^rt 
7  f^tP^""i  l'^^^^^hPlh^l  hP^hl  '•  (imiltJS  niunLuiaïu'b  uiiuliLni.ipli 
L  uiuuitj^'b  pi;^  jiuiu  Ir^  «"/«p,  »îni_uiu^  îri^  ««/'(»,  Itutpiu^hâ  hl;  m/in, 
i^i^  jtLutiL^  îft  in/ip,  âl^^l^Sl^in  Lt  «n^p,  u/in/iL  liutuniullf  phpiu- 
u^^binufj,  îi^àt  2^^uiinl;P^l^  l^inl^p  :  (  ^Tuiltlinnup  linnuinp  Auiiii  "Pu  t  s 
SnLuiuj^  Soi^ul;u  l;  :  jt^puiCf^^h  ^'"^p  llnniu^iuSb  ^  :  Auifuji^i' 
<Çui^uiptuj  npi^^i  l;,  np  u^  «u^îi  gbqliî,  j^lr  :  huuiLlt  uui^iulAt  j^ . 
ifUJ^nLu^îr,  j"'^"p  îiiii<Juiu^inîr  4^,  ^mni_<^ï»,  inJui^ijt  nhnlialiljL  j^  :) 
Otu^Jâ  t^opiutjiUL.  uip  litj^iu^  lî^  t^opnLnb  L.  un  LnLuh'b  âiunjtuiânL. 
puipt/^ounLptf,  (l  luuuitj,  jiuSiuil^i  uti^iuih  noiuih  mnn,  biunnuu  huiLji 
t"C^ii^L  "'/'P'  jit-unL^  Juppuii  unLipuili  mnn  .  i7j^  Auiui  nni.<Çni-iiui^ 
*"/»P  •  ^/»  i['n'^kP"^k^  k^m^  .  lîj^p^tiî  ll^|1g|tpul^^  ^pnmuiiîf  ^^L  uiiinn 
**^/Z  ^l*""^  '  «"orjinni_  t^nLuifil;Pml;'b .  iîJL^o<î^i_p^  i^^  <Ç«ii/3^iî/i  luoanLi- 
ùiumli  mltim  ml'gl'p  ^p^  ^lu^tn^  :  IFnL^iuâlçm  kki^hl  hipbiunnânq 
bog  .  ^ingliU  ^miuS  liLuml>ljl^  ijiliLHiuSuil^n  hhl"^h  ^"kn"h^nit  ^UMU- 
puiili  ^LumliLhi;   i^iiim^^iii^    m^p  .  ZÎ^i^^iî^^    i^i;pSi;^t;   SnLt^utnl^nhn, 

mji'Lli'bltuI:;  tniujvlii  oinuSnL  int^lifiÊlta  : 

ÏTuihkpnLg^  bijjputpg  /"""(  n_nL<ÇnLMu<î  luubih  np  ^  ^"'f/'  Ï^C  • 
t[ui^i;Puil;'b  k^mfi,  np  ^  p««î»îi  uiA  '^  iÎ^hlIL  jL^  '^  lupijiuîifj  J^nm^L, 
âiupShiutjL.  L  ftîiiuL.  Ji^o<î^i_p^  i^t  ^«"/3t«^/»  u^oi^nLiiîmin/i .  np  ^ 
wli^iuf^fj  ^nLunL^îr,  /l  iu^jiÎi  :  lîuiu^  uip  btj^iu^îi .  âl;'^l;Sl;in  uinLfni.pi/tA 
^^,  ^uuji.^  opiiîiuij  fiff^hP  «/t  tll^P  ^"^t^lll  «""P^o^  ^fcop^îiZJt 
klb^'^h'i'  PiLpnLUi  t'//»î«t  ^fcoP^LpJLuïii^  ij[4^  ui^lr^Lt  [tSuiljiîii^  uj^ujin 
t^iî^T^u^Lp^  .  ij^pui  in^îi  kg^h^  "'/T  /"Ϋ"^  "IL  tnnLp  :  ^^iS^^iî/i^  ^Z» 
^t«/"«-n_^  t^opnL^iuL  jtSuili;  ^f^^^pj^u^L^^ .  l^J^^nLn.  i^t  ^'"^/'P» 
i^nL^mj    Puipuîhmpp .    i^i^    inl;S^f^   gji    ^uiul^    ^ojni-Ii    mnLp  .    /f^i/nLn. 


60  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

ouinLti     n/i    !"//<>/»     ui/fiJ^n    iji;    puiL^iîu/^ .    ijl;    «^min^^m<Çf;    juutpuiS 

uijtn  .  ânLUiuSimiuif  ill^  lUUinLnnLpiuli  ppPiuunimuii  buit^uip  .  ^tft 
l^nSt^lih  huiui-h  oituLi^n^  LiuLtiLn.  ml^Sl^p  ho^ti  ijj^pSi^tj^  :  i^^^  biuijtup 
ait  liiuC,nuinhil^n  hutiuSl;  Li;i^nui^,  t'/t/  îruiupiuîi^  oiunL.Î# .  tuLini^îr 
uonniui  huinl^nul:^  oiuiuthilin  .  boauiui  Ziiuinn  t"t^[»/  '"/"C  '  "{t  t^tf 
i^niîi^îi/i  huiuiS  oinLnuKii  p^Linfi  nnuiinl;Plijl;lt,  IJ  ^/"-"  *ï*"Pf'"t' 
aoinLiu  .  titf»  ^t^î'/'Ll  niumJ^O/iii^L  oinLnuuti  ùiuihtj^  "^tC  '  "'*1""'l 
l^i^ujnhii^'bf  liiu{ha  uil^ihi  mhn  .  ^i^pjiuiiniui  biunuin  inniAinL.  :  VutUnp 
bnp.iunp  n/i  luuinL.  injiu  huiiuS,  nn  t^  lin-iuiuiu^"^^  ln;oiMu%t;pn  uiniu^ 
/uuji/ip .  nn  uiiî  ^/in  /l  ani/in  uinbnann  ma.  niuinm  ul^iut^ûgf  nn  ç 
l^nbaiuLu  U.  inLu/iLL  .  /ilru  i7i^  Z^/iLu,  nnp  iîL  uiunnjiLp  u.  uihuiuniAip. 
uiu^nu  uiniu^nL.  nihjuiijuf  nn  ^  ujniunon  pupu  lia  ;  liç  uh'-llb  TyKr 
uuiniinL.p  .  nn  ç  niuu'  aiuli  phi  np  Luti  p  uçO  iuJ2iup^pu  :  lii  uman— 
anLuiap  bu  .  umiuuiu  uiuoiipu  puuiipp  bu  :  unLuuid>pu  u.  utuini-nnL— 
n-ut^u  nnÇ  auiuou  juuii(tJ)çpu  apppU  :  u.  Uç^çuçm/ili  2^n^'-'^P~ 
lUjiJuju  uiiuuyu  ifP"P  h  V"  ^uiLUiUini ,  M^  O^nLin  Uinau  nn  lune 
uiuiâbuilriiii,  Lui  iuin.0  ^uii  i/ilr/i  .  /i.  uiinui  ibmni  inuiûuuiuuji .  u.  jvç 
ni,  ûuii/ia  <i^  :  (7i.  Mç  4'"("  PpR^^k  P'-P  Ifuiuuii-b  p  auiun  nUbli  a 
op  .  wç  nn  ujuç^  ^uipauta  t^ji  ûuiipn  <J^ .  iuuium  wç  upuinij  ni.nç,  ûuiino 
ç  :  qçn<7  utiuuiu  ç  (hl^PtputUf  ou  pppuap  (OuiunfUuiuJi  buinuip  uini. 
^tr4  =  ^WP  ./t  Pt?>f/'P.  /.r^î*  •/-aPnL<;n.  :  (PtP/^P,  np  t 
UH    bppnpnnLb  .    pi^^i^p  ':    nn    ^    lî/ini-fi    :   /ifUi<Çîr   liuj^J^Pni.,    nn    1^  lî/i 

(i^uiiiui^   "P   t  ^'"(f   ""^  •     'hu^^    "P  h    npn/iîi    Shuihh'L   :   Putnui^   np 

PpA^  uiuuig  ujp  bn^utli  .  kib'P  "^k^ks  •  ^//*"^  "'/t  •  ^/'^t  uionpnL 
mpLp  :  i£J^  u^j^  ml^ul^p  uiipiruiuji  u^Ap  îronintui,  oi  îronuiuii  pi^ÊUiSuinui^ 
tnjti-p  gji  ^J^o^uii^lr  t^imji  :  pf;^  ailçSl^g  iJ/^p/i^iî  ui/ip  p/i  Auuii  ^t// 
oj^uini.    ^uipLLmtuj   :    i^^    pi^îr/iL     /iLuui/ii-îruil^    /ip/i    Lopuii    «/tup   *"/>/»  • 


HISTOIRE    DU    PÈRE    ÉLIE.  61 

nuiui/i^uji.  :  i^t  ^nL^ni-m  ui^^îriit»  "f'^^î/""^»  ^"Jf»«4/»'"i  '  luijo- 
li/iuii  :  i^t  Pt'-Cf^t  "^tlt^^^*  ^('"^tll^^t  C^^^^^  piu^jiS  :  /i£Uit 
ujni.uinLn  :  frp^n^ijnL^  :  ''ïni.  i^uiuiuj^  £m<Çt'"t'"/t^  ^tP/'f*"/'" 
u/ia^  :  .  w/iD  p/iL3)ni_n  Oni-Wujnuîrn  p^  .  tuniu^ïi  oqjni.  ait  o^nup  :  ~ 
*9ni.  uij^m/iij/iiî  pt"/"'«î/tn/'^  âiuîiiuuh  uinL  innLp  :  IPuiu^uiili  in^julipiu^ 
p/i0uiuiîfi/iuji,  i/t  lîuiiîoîr  nuti^iui  i^^  ânL^iuâl;;m  [tui^l^  4"'^"^'^  •  "f"*- 
intm/ii/iiî,  ^tiujiî^tp^'  uj^iuquiium  inui^,  SjtLgt^^i^SSiçP  i^pmlt^t^p  : 
uiujni.nnLf  ui^  ^^^uiu^ïrin^  Itu^iupl^p  ji^i^,  4""^  "'t'"/'[tc  •  "/"^  "t^ 
^uia  ml;âi;unha  :  luni.  ui^m/ii/iiî  l^tçijiuiuil^p  ^i;^  ijtuqp^/i  tn^p  uiu^nL- 
nnunui^  phPuiiunïimiui  Jb  /ilrâ/i  ^muiLinuii^  :  l^iut^pi^pjt  uj^  .  i^ç 
^tii  J^uii  .    i^t    ^^"^^hgl'C  '   «/t    i"'^t['  •    «/t    ouiîuiîi .    i^t    4"'"'"^  •    "/t 

L/ii/iL  uij^iî^u/iîinn  :  tltp    u/nLunLU  Uuihiuunhn   uoniunuuih  uinu  uinLp  : 

IjnLn/i  uliuiain^  ijiun  .  pt;^îjui^u^  4r^iîi^£j  uiâiu^  ^""/^Z*  ^"tp»  «{t  ^t"Ç 
pJ^îrin/ilfinJ^îr  uiiniâiua  :  îi/iiSi^  LboLmi;  pl;'Lmli  in^fi,  i^t  y'C'^h  •"t 
p^înn/i    tn/ip    :   i^min/i^ujOtp    uiîftu    uh^u^ui    i^pâi;t^i;p,   ^/"^t    ^^["^tit 

huiumi^  u^ni.  pt^"f/»<î  /^ft  ^tf*"/»  ^tP"^t  '  I^C^  "f  """  "'t^'/'i/"^  PkPltP 
Jl;  pi^^i^iP .  J  pi^ijulinli'b  âiuiuiuh  lunL.  inriLn  :  bot^uiui  luniu^fui  lie; 
lu^iuun     oini-n,    ïri^     omni.    oinLp    :     t.p»"^    "^k^kfl    ""J/^    •"£!/'  *     <>'["•-[ 

in/in  :  .   fl^p^mp    ui^iu^   ml^Sl^g,  ijhl^P    in^p    :    n.ni-<Ç    ^i^ni.g    ml^ùt^g 

pl^ublt  oini-n  :  oLni-lr  /»*^/»î'  '"tf/'fl  fiA»  "//'""/'//"' ^P  n"i4"««"£»  ftiu^fiu. 
iS/iLp  1^1 1^3)  oinLn  :  UJni.uni.u  ûiuuuiun  :  tuni.  innLn,  /iLonL  "//'C/P 
ml^iî^p  :  SuJiH)  ^  T'i/'  ^  "p  "^"f/*  '"/'P  *  ^  ^"'ir  ^Ut"  i^ui<Çpinpu- 
ui^Îj  tLtn/i  .  nn  ^  utuLlf  ujd .  onint.  uçu/i<Ç  pu  tnni.n  .  iSçp^çiiuiçu 
inonuini.  ;   iJt    n.ni. <J/i    iinufth    «n/ip     p^,    Irui^p^    kjibpl;    çuinp    ^tpptP 


62  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

unuinL  abin  nn/iuilriuîri^,  /l  luniuLltiuLb^m  ^nt^jih  ^^tuj^  ^  i^^  ip  : 
2iiuuoG3hi  utuiU^mU  ^/iiui^iît  tuJ^Çnmiïi^  uit^Sini^  ^uiiniuf^  ^ujlLlii^i 
'^i;uihui  tiit««/»  "/t^""-  uiun-iupP  :  i^t  ^to^'ntî'  "t"  k^l"^t  ^"il^ 
iuni.inLnSiuihjl^  p/i  :  tui  io«Çujîiîii^  ljiu^liiu{^,  uj^nLUinL^  u^l^liliù  ut^ij- 
i/iLi/i  oninLiî  p/i  pJ^îiin/iLui^  unnhâ2£3 .  ijl;  ^l;îiui^uil^  mui'biui^  . 
UnLniuphj  lukthnuii  phpiuuih'Lini^  huiuiup  u^nL  ^^lUiiJ^  .  i^i^  qiu^iu(^ 
tiL^uiliiui,  nui  liu^h  '/i  ibnl/Llia  nn  luui^  fciu  ni£<JuiLltÇ,  ûLpuibiUf  nui 
l;  npnh  /iiî  uAiitifi  :  (/ii/iiufi  uin^unL.  unpPni.  :  )  nn  ^  luucri  ùLpuibm  :  ^ 
'•/ni-  2^"J^^"^kPlb^h  lo'Çiuîiïii^u  l^ml^p  hlil^bjuil:;  pji,  ^J^ij^^^û^L  J^utu^ 
i^Lin/i  /j/^o/jin^îr  ul^mui  Ll^iâl^iliii^'L  p/i  niui  ^  "/"ïf  /'"  "PP^lb  P'î 
nn  ^Juiûoniui  .  p/i  -^t^uipiupu  atupuippuii  bbopinp  uç  nnLiiu/Wiiç 
/in/ii9»n/i  p/i  îrnLii  l^umb  aoumni.  puuiuh  uiui2uiui  .  liç  ui/inin/in/ilrinçli 
uiippiSiua  puipjçp  .  np  ujuç  4"'(/'  P  (P"  U-  au  p  ^mip  .  cuiu/i  uiJ~u 
ufiouiiiinuii,  liç  uiPiuu  uil^uuiç .  uiul  pt^iuiup  piuiunLuuiuii  buiauipf 
n.  pUiïpimq  buiauip  lo^uihlit;  pniu  luuiuiuiit; .  ppp  npnpu  ubabpbun 
pi^iupPçi  uu!^*^  :  pt^iUpP  luubiu  ui2uibbpin  uiubi  ç .  uut^^  uiut^iu  lu 
puif  ^  :  liç  puiui  puitpmuiç  ajni_ini_nnLn  :  [niAibi  ppiup  i/iii  PP/- 
upuilitç  ,  ilpialiuiuMi  puirbp  uiliinp  biu^uç  :j  nn  ^  uiubi  p  ubupuiulit; 
i^p  puihh  b-  lîuiî/u  çn  tun.  uia .  p/i  ù/n.Ui£^u/i  upLunLpuuih  liç  l^pUuiU 
liç  uuiin/i,  (uni-unL  onnLnii^n  .  t^iiupuii  puiuuii  .  pututui  uiçuçp,  uçli 
anminç/ffinç  puipu  .  oi  nnLinnçWuiçu ,  at^uipuiipi  unLouinLinLlu 
bl^Pppuip  uçppuiul^,  oj  anLuipc^p,  oi  uuj^uj/d  *îÇ//  oiui/i  .  i/ç  oi 
iXn<^l^p  pi^iuiu  oimb,  âi^pbiuâml^  <Ji^ii  oiin/i,  lii^  lîj^n/ii^iîin^lr  0^^ 
Uiiui/i,  in  ni  mnLubiuip  bt^nmp  ul^bbtu'^pUp  Piuûtuu  t^uipui,  pçlimp 
pujmt^P  bit;  ir  t  f/"*»(t  >£/""/  •  4^h"^hph  lunui'^  uuin  Piup<bliuii 
opnLpmb  :  i^i^  ^/'"t  ^t/t^t^"'/'P  "/  "'niPmînu/3  A/t  •  tnbi-Uili  nnt.- 
n.nmi  in/imiliïi/i  u/iLn^ûi^L  i/j^  \  t  ^hllhPp^  ^^'tP^h  ^^la  l;uil;^i;b  . 
t^tf  "'f/"î»  t^tp  Sbip^np  Stf^t^  ^tî""/»  ""ît//»î't  ^to^t.  tp^ 
tp^lfùi^  pt^ijj^lt^  oiuihuic^  uipp,  îr^ûi^  p/i  h'bàbi  ^'"^Çiutn^Pi/iij  i;uii^p  . 
t^tf  kff^k^l^  '  k^kp  buirpii.u^^  l^i^bp  n_ni_»î  t^t^i  ^n_j^îi/j,  tctp  «î"*<^»«n.. 
i^^i^|i  ûoul^o^  t^tp  lî^LunL^iîuiîi  :  <Jiuii  ninn  bli^biuil^pb  :  i*p^l 
kcht  ""'-"'/  uipuipji'b  ^uiLuiuii^  Ij^nnSuiiia,  ujuniu'Çmiîni.,  /l  buui- 
^uilj^ui{^f  b.'  i^u   lîoijfu^u^  /i.  n%   Ij^uipuigbh   luinObi  :  .  .   BuirbJS  aopuiauiL. 


HISTOIRE    DU    PÈRE    ÉLIE.  63 

mn  tn/iUifL,  LuihahbniUL  '/i  ijn  ninnah  II.  luuiua  Un  .  uçiÇ  "//'['  ""•-•"/ 
/^mj^u/iîi/in  lui^ïi  u/"ît  "vA/'  unLiui  l^ml^liS  :  iÎuu7uj<^uj(|  «u^^m^  U^ 
m/in  ,  «7^  uii/i  J^  ^tiuniu^hâ .  ijj;  kiiui^i.  t^  ^uiij|u,  u^nLÎi^Ujp  uijjiu^ 
lî/i  m/ii_n,  /l  lii  Luiniuahlii  uiiui  Ltî  luuiu/uïi/i  :  UnLjiU  uiuutg  putui 
n_ni.<JnLiiuj<J  "'PP  lil^oLml^'b  tliui/i,  1^/7  ât^pjil^Sinl^h  tnoijmni.,  t^^ 
<J(ii/3tiî  ujoanLiiîtiJi/j/i  :  Lni.p  f/t/i"/»  î'OLp  ^^^«1^1,  j^i^^ft^  "/t  t'^"//'- 
uiil^n,  «7/;  ûi;^jî/i  p/i/Juituii^p  ^tu^u'U'tp  t^^tf  "f"»-  uit"'/'^/"^  uj^o^- 
i^ni^  :  u/iu/ilr  ^uj<Jmini^/i^/iL/iu  <Çiuîi/i  :  »  ULuiUL.  '/i  lutniuùun  UnliilL 
'/i  7*u  .  /i  put  ^h'ii^l'-  auiunaliu  injulinuili  uiinujuha  lia,  uianabnuiu  uinuin 
oLu  :  .  /l  n i  LiuniuapU  uiiui  hu  uiinukilin  :  hiunAnLanu  abLknhanpJt 
^uiina  ^ji  luiaau  jiLnbiuïia,  II.  Liuiaïui  pui^iuuiuipu  luauiinbanu  :  (/l 
Ofi  tn/iuiîf  lunLbuii  11  ptu^Luii  pu  nLniujunLji  u.  tulinnLa. .  u.  iniuniuL. 
'/i  lî^P  annnijnnliu  :  ^  l'uiin  m ui (^ /jn lu plr  uiuofanfU  inia  [unn  ninn- 
'^baïuïi  iujnujpuinni_p  lîoiiluinu,  II.  iuuc;nU  Wç  nui  nnuiuûn  Qutin  hPk'J'l 
nn  /iLH  htoupU  iiun-Oiuania  u.  /ilh  uiaah  uuianiunnin,  u.  auba  luuoP 
uinuip   :    /j_   uup    iipnu    u.   iiuiunLO    ahui    n<    Liuniuquin    iiunUbi    ;  ^ 

C7l  itui  lUiLULn  upni  annnubauiu  uçiuitipu  u,  Liunnuiaonph  u. 
ji  ^utn  jvnn^riLnnu  lupuinbU  'h  ùç'i>  liLnbiuUa  .  u.  LnLhU  Ln^banu  mn 
bqliiui  puj<ÇuiLwilr  '/i  J^^  ULfituiun,  u_  luuuianu  Uù  Wç,  nnnJ^bmu^ 
piu^iuuuiiph  L.  abbbnbanpu  luaiuuibabn,  uai  luiunuil;  £un  ubap 
UMUiuipL  lulibu  .  np  <jtm  puq  '^luouipup  .  u.  liiu  luuiua  miuu  2Pl"'^P  uu 
uiupapup  ujiuuli  t  ""'lui  Ru  uMùblibtHiu  luujubup  .  piuliap  uiiuupa 
biuiubup  utiu^  pLumpuç  luuuia  otsbnAi  h  upi  aipinLU  nubinu  .  Oiunjau 
KUipuiuppin  u_  buiuiuinbi  intuikLnLupu  luuiuapu  A/ç  pç'j/i^  uujiuiLUiW 
Ll^Pppmp  .  II.  huLnnt  lun-bi  iniupiuli  lun.  nuMini-pU  U.  p  nhiuiu  pLp- 
butha,  qiunin  Linnp  un  uiuuiuU'i  ijppb  h  Jpi  aipinut  :  £i_  pqu  uului 
ilbuiiu  uiuqnLqpu  Ktç,  um  tx/rn-nU  ijbpiutiniq  u.  uiuiiuLuiP  utniuL,  u. 
uiuiua  pi^  unL.  uiuiûuujuuju  .  u.  uçiinp  uni.  mupu  .  uiiupup^  t^uppf 
u.   pau    uni-Ui    uuuiinL.pu    lupiuppu  : 

Uiumau  tuuppujL  niumujLnpu  upapi  lupiuL  :  u.  up  pui^uiu  luuiuq, 
puiL  //>a/>  K/t  ""  '?/'"  H^PHr^  ("  7^"  nLptuhtuu  :  puiuo/i  luuimpuiuui  hu 
p  ûbn^uihbi  du  uiunLuihu  pup  :  lutmdu  puipltuMOUtL.  nuiuiuiLnph,  u. 
iîui     atuifti    aliui     ULc/a/iU  .    u.    utpbpli     quuj      p    piuhn   :    /l    PnnpU    quut 


64  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

nLui  '/i  nuiLui^î'  ^  inuifiiulr  utn.iu^[t  niuini-ftiiïi  :  [l  <Ç"^p3"*"t/'"»  ^ 
aui/iL  oLm  <ÇujuuiujinnLL  '/i  ^uiLUiUiu  pu£i  :  U-  ijminuiLnpli  p^iJ 
uiuinaL-U  L-  iîté^ni_/iu,  Zi.  iiuili<^u  tuniniuaauiL  uii,  U-  liui  n^  çuin. 
aujli^li  :  l/i.  âiilf/inuiL  5"i/»  nuiuiiuLnnli .  ^lup^uifinuiq  .  L.  hin  jt  Abn.u 
uiShniuilih  :  /l  luiî/inujiî/  nnnpuiî/on  L.  nuuiiunJiiuibop  p^u  u^iupt^L.u 
junuuiiuaL  :  0^  litupriuiaon  tu,  piïD  iÎ/il^ui^  l^iuïibâ  ^lî  ij^uiui^,  rjujp^^p 
'/i  lonl;:!^  Shn  :  fei.  uiui^  tnn  fc'ï/'jî'  ^t"»-  //ifl/'»  ^"  ^"  uiolf  ^lî  n^  nLpui- 
Luii?  :  /l  pn  juouuiiuaiucf  uiiunnlLiuan  n\  ^lULiuunûf  nn  h  iliunpL.u  n 
^ni-nîf  lu^ini^O  L.  '/»  nénkiu  oLiuina  ^Îj  ni-îionpîj  :  (?i-  pui^^mafei  luûji- 
nuii  .  /l  LnLjii  <ujn<nba  abnjiu  uiLnLfiu,  /l  çuinL  h  nutlin  :  /j_  ifeui 
itn/ia  uiLnL.nn  ^luibi  '/i  aujîiintî/,  /l  ^tpfei  iun.iupp  ^i.|i  .  a.  '|[['^['" 
numfiiui^n  pi;^  niupAJin  'ji  ^lULuiinu  uan  :  u.  Ifuj  ^luUuintXuiL  km 
uimufvltfif  pi^  ru  nLnuiuiuu  apu  iniu  <|uji.ui(nu,  dl  niunAttuu  aniuiLiup 
^uiumu  Abn  :  C7l  aiupLiuatuL.  uuiuinnL^  uiJ/inujIf,  Il  ^niuùuiiba  nui^- 
ùmOf  uinLnli  aliui  n  onLu  un  funn  ufcd  o<!knLui  it.  autuLut^nm  Pht-- 
uiui.nn  unnUnau  .  u.  uiun  PanfiU  niuunLnu  n  :  Il  itui  bnhn  lULnLna  . 
^uirûbab'b  ^b  abnuiuni  4Pniu  .  wi^  iniuùuiuabn  nn  <^iuhbup  tipbil  h 
nanin,  u.  Auiiuçn  un  II  uiul^n,  ni  ^tULtuhbû  juoubn  Abnna,  luiunup 
âbni  aLti  au,  Il  lUJLnLn  u/»ni  abn-iulibinn  bu  :  piuliap  iiul.  ç  nl/A  n 
UçO  apniu  ubn^iuhpi,  puiu  wi^  buulibi  ui2lviup^q;  u,  Il  unpuinuh  ùbn.ui— 
uni  :  PpAi  n  uiunfiL.  UMunp  ^uilibanU  n  aonili  II  Mqu  nuLp  L  lupatuP 
jiinuiniuautu  uu  II  luuiuaph  M^  niupApp  h  ^lULUiinu  ubp  :  (tl  Lui 
UJUÇn  nubpli  II  Uinduiwli,  n«  iniuhn  npu  h  lutppiuinLnU  L»i,  luii 
iniuhp     p   ^JnLfilf   luupppiuubip  :  ^ 

OiuiuaU  tpiuiin  abpph  LnLinbanli  uin.  n  luipbi,  Il  itîuini  uiii  nlni 
^liuippLO  Uiuûbaïuh  npuiuif  nLnuipbbanu  n  iniuZtup  bpu  bUnOu  bpba- 
bblibi,  n/i  bppbabu  biuinbuabu  qt/iu  luubinil  pi;^  pbq  nubb  b.  aaS 
lupamP  tnLUlujup,  nnL  auuii  uiuç  pn  pppanni  np  nLpiuuuii  b.  {[ibb 
ùbaiuLnp  nuimp  .  Il  nnL  ipubabu  ubauiLnpp  bhU  :  Il  W^  n<,  bni. 
iu(nbSp  Dçnj^Dlj  pn,  Il  nnL  /uluMulI/  Apt"  CTUin.iui  JjnL  i/iLAu,  /l  tnL 
nbuiu  nnu  II  uiipb ,  Il  uiuuia  putpb  u/iuu,  0^  iniupl^p  q/iu  lun. 
çriçau    nu    nn    tupuiuibu    omui.   Il    m-piubjuiauth    uiiuabnuipli,   b.    iun.bi 


HISTOIRE   DU   i'î:re   élie.  G5 

lîfcO  /uîiÂnpn^L  Junp<înL^#j  tp  tijfcui^  :  /i.  ^^""3^^  tctdkt^^  tiînLUi  '/i 
puiLuiîf,  /l  tmtu  fcptgî»  «î/"  £l/"'"'"i/"^^  liiuuihiui^,  L  ^giui.  ujipm  Ift 
niun.lnLp^ .  L  4'"^^/'^'  £  ^fcfitu"   Sjiâljiulg   uifiinuiunLun^g  «"^o^*  ^   "f 

u^ujuipujum  ti5  "i^ch»  ^uij^g  bftljl^â  tj^  p^uiiiuin-limliog  Pi^tjttumhuglil 

o^JmLUiinïi  /ii5  :  ^  Uui^  ^/'ï'î'  3^C^3^  f^^l  1^1*"*  t  4""^  uiîrunmjijnLtij 
fjmîiijuiijtj  tu  .  tpt  1"*-  fî"""  '/»  ^/^^"^^g  ^p^iljc'bf  ui^i^  ^^g  ij^'^t 
^îi^g/iiîp  .  ui^ij  lît*  uJiîoP  k  ^fcij  /l  lîtij  lîfc  îiuj^uiin/iîip  t  î  1"^  p 
uiî/ni?  pu^  up  ijtpt^iîujîiîi  ijLui^fep  feu  <Çuji5pnLpfep  tu,  /l  '/i  «î/i^oi 
lbnLfi[tu  ujLnmjL^  lîmpfj  tu  .  t.  ^i^  ^t^  uijptli  ^uji5  ^ujp^nÀtîi,  lui 
luiO-O  tu  ui^p^iî  L  ^uipl^nÀ/iiî  .  ni/  uip  ^lî  lî/i  tp/^L^p  .  tft  ^Juiiîptptu 
âiunmjiftnu  ^ïi/iu  .  t.  t/S^  ««^uiui^u  ujjïr  ^t^  lîtÀ  i^uin.^  t  ^  Oui^lJâ 
uiSpiuguiL  u^pm  top  tf^ui^  ^ui<;îf^/iî/,  L  luuuig  np  ^ni-p^î*  ^ui^/'î', 
ptpt^  i^ui^ui  /iiî  "^i^n^î*  np  ui^p^iî  '/i  i/iujn_u  ui^  :  fri.  ijLuig  ^/lîiîi 
niunlhif  ifiiut^uil  '/i  i»"i'jniî^  ^  P^r^f  ^nLuitg  '/i  ^luuituiïrïr  .  t.  uiuui^ 
la  pi^  l^n-9  ^"  k^iCt^'  •""f"  P^    ^iC^  H  ^"'4"'î""i^  •  ^ut^éS  upni[ 

<Çmpt^  hphgkt^^  ^  gzht^    t  •""^^^  /"^f  ♦  ^^'-  "*"/""  p"CF"ê^9t^ 

n^nunl,  L  uiujpuiîr  ^tptgî*  i^uiU^uiLo^  uin.  *^  i*"ipt['  ^  "»"  |uïiijni.p 
t.  nupiukinLo.  tp^uj^p  :  ^  Wuiijfiînu  uiut^ni/  nu^  ^t  '/»  ^uiftuuilifju,  L 
muinuil  */i  lîtp^  ^C"i^  •  ^  ui^uignugui'Lb^nil^  ^uiftgji'L  ^i;  l^ni.  uiuiù- 
Liubuiu  pt  "iiptiîg  ^^^>  ^  "i  ^«^  u^uiu/uL^,  ^  uiLijuiijmp  uiuqSnul;^ 
L  op<;îitp  ^uj  :  t.  puip^ujgt^  uiÀf^tg^îi  ^^ni-^uj^îf.  t.  ^ujLujÎi^ 
tuiujtn/iîi  ijijini-|uî/,  t.  Ui^uiiîui^  P^u^uiuit^  l^utSbgutl  .  L  tp^^Lij 
muitnil  luul^bïi  Bi;  qopni|  ijuip^Ltiî^  ^t^  '^  <îuji.uiU7U  lîtp  :  C/l  Uuuj^ 
uip  bn^iuiïi,  tpt  tllinL^u  ^iumuiLl;g  .  bu  tj^â  ^uiLuimu  n^  nLpuiîruiiî, 
L  juuiiuiL'Upbi  abnbuu  ^Lp  t.  uvu^  .  ^uiLUJUiuiJ  ^up  tjtppnpijni-^lj 
^op  /i-  npijn^,  t.  ^niji-n^îj  up^  .  l^blt^uilfi  l;  uift  L  wlâut^^  ^nj^u  t  •  "^ 
Luinbâ  uiîiquJLnp  i^tujLu  ui^u  i^n^uip^t^  '^  ^uiltuiîrg  l^bliuigl  .  t. 
ORIENT   CHRÉTIEN.  ■^ 


66  REVUE  DE  l'orient  chrétiex. 

i/i/ïu/ilr  nn  ni  Liunuiahlt  nuinlnuauiiilii  'A  '^lULiumu  jjLpbujlstj  :  ^ui^dû 
ibotiL  Ln  ûn/upfco^îi  .  L  n^  jjuiniuti.  [^mphgjilj  .  ^3^  i^»iiij/it-î«  Sbtj^  "^^//""i 
i/iLtinn  ^.  L  npAi  lbn.uia  loiju  Sium'L  l^ijjugligliif  ^i;  ij^uitj^iii  lîfc^ 
n/in  a/ife/nq  t  •  ^^  uiM  p^J  i^^inu  L  îrt/jnL^u  ^uiunLgjiîi  nfi  n^ 
Luiniuaiup  âhnuinSlinOl^  ^hp  utpLiu'hiii  :  l7i-  ^"pJS  uifeu^îr  m^^tui^ij^^lf 
nn  oJiu^L  '/i  itiiîj^lf  t""^)  ^  uiUUiD^îr  ^i^  ^uii.  t  "f  7»  «/fi  "f  uipfctuli 
n/iL  Lmnliâp,  piuii  13^  uuiuiîiuiîitiîg  :  .  dui^^Jâ  j^n^t^^îr  4*"^"^  Jnq^n- 
ilm-nnû  L.  ailiunnuimi  li.  apiuiiiuiu,  L.  uiuiugjtU  ^t^  "fft^  ^3^^  ^""i" 
l;ni;a^  nn  ^uuituiiuliiiSp  :  L.  tjuiiu  lufcn^L  gpjiumUbtui^gU  ^n^rf 
nLnuijuiuaw'L  .  L.  Jnnntjbuii  tj^'Liuqli'b  lun.  ujiî^piuL  .  /l  l^inpb^jiU 
uinbiult  q/iL  un.  V'*  nn.^  :  /l  ^lup^  uii^L  ^^  ui^uop  ptpt^n^  i^^  .  /l 
Pf;^  Jtun/iLÎi  Shuiuni;  LnL  uiiu^Liuqlhâg  .  /i.  «jp^^f  inuuutju  tup^L  ^»"^n^ 
pi^,  inp  tn/niii/iîf .  Jiupij  i^n/u  i^p^  ^"""i  •  ^  w^""»-  '^^^pj^'-g  lim^kl'" 
iiunObj  :  itinni  âbnuihi  Jiupijujîi,  /l  uiM  nLp^£  Uuipi^^/^^  pinp<ÇnLpij 
inpuip/iL  abiuahi  hiu^nuL  n^^nil  umL  t^uiuih  i«n_^lf .  /l  p"P"f  tu7nLÎj 
niuptuiL  n/ilrîr  lhn.iuSa  hph'j^h'^h^f  "f  ij^inui^^îr  ^i^  ^^LL  inni-L^^li 
ûuiptp  ptpfep  t  s  "p  ^"'("fl  "iq^/'î'  ^uiu  ^  «Çuiuni-^ujîifcîf .  /l  lui^uinuli 
<ÇL»up/iLp  tunuiuifcn/ilf  .  Op  C7»i/miL  :  ^  ^np  uip  inA  i^^C^  lu^uu^up 
ShiuunLn   L.  lutâ  liinp^ni.^  i^pLfci   lut^uimbugl^  :    t»uçu  :  .  ^  ^  ~ 

Î/L  itinni  huijvliiua  o/i  nnp  /iî/<  ni-lr^p  nu^/i  tupdai^  /l  luLop .  L. 
niuiî  luuiniu'Lu  .  bmnLn  /iLp  ujplïujli  o/iulr  .  i7ulr  (/lipniU  "Pup  :  u.  t^bl^b- 
nbabuïi  .  L.  npiu^uM'Liuiu  ,  luauitnbiua  L.  i^bli  luUnLiuh^  ^lu^ufjt^ 
luiunubb  :  uip  uiu^^iub  U.  tnn  nnubuiu  :  pw'^q  ui^uiuioijlf  »ud  Çp  . 
jutpbii  hipi  abml^n  ij  uj^^^  ifc^ni.  /l  ^^p,  ^  i^/jui^ni.p  fp"^  j^uiqpbg 
Lo  :  [/L  itmni  luiu  uip  tn/ituL  q^uio  '/i  SuiimP^ujf^.  b.  tuLij  uin-boij^ 
nibl^Piliui  .  b-  lulttnb  n^a  '/i  lîtpm/iL  iniu^biuq  Sbhb'L,  nLn.ni.ùbui^ 
nl^hh'i'  •  ^  uiïiuib  b-u  lun^bi  ^i^Oiltui  :  [l  ixjIiui^  1  d  L  ^'""['P 
ibiunutibïi  b.  uiîr/i  "h^hl  lunuiL,  b.  uiUmb  i^utn.  ipiu^uiiçu  V"/*  T^f" 
Juilr/i  .  /l  uiltinb  bibi  qliiua  '/i  Jfeclr  ujoi/iu  /j.  lun-tupp  utn.bi  ^ni.- 
ù^J9pu  fl"*-q  mubi  Lnp/iu  ùpLànt-UJonb  «nçpuiuu  iun.bi  n  Abn.nh 
bunnLS .  nn  bnb.  b  ^ujin  h"hn  txbnLpu  .  Bç  luiunL^bmb.  lunutnau  ^bin 
pnbumn'bl^bn     bwu     bbbnbatuia     uiiuLiui.     biuu     ^uiLiumni      bnnuiuhç 


HISTOIRE  DU    FÈRE    ÉLIE.  67 

^i^nâuilili  .    uiiJtnL^liuilL     i/qminfenujL  .    L.    ^luUaumuiaiuU  .    lUÊphli    lam 
luainhinrb    'h   nuil«uii^li .  fi    uiunu    ^nLuiunnLn    Lnbiua    luiu    uin    knpiuu  , 

L.  UMn-nnOliiniJi   (^'""i   1"3    "-   "*//     *  '  * 

Un     L.     jultrif^up     aiuphniunl^U     lui^     n/i     aAaa     aiuukhhuhiuuun        t 

lUi'ujj/iu/i    JinnAnLi^  .    U.   lun   luù   luiuiniu^iunuia    bnu.am    II 

uihhniLn(B   \iunbuiqhf    uiauitn    luiu^huat^ .    u.   icrtn 

uiumn   Lbhiuau    tïiuiUtfini  .    nt-n    ibnbuna 

lutppuiinLnu   luuinau-buat^  .    u.  /ilh 

on^ubi   mbuniJi   lunduihpu 

uiniuuaç    Lluçu    :    ^ 

^luina    :   n.uua    :    inLiun    :    l '^ 
rnboL.  luiu    mbinpu   utuiinuriLb   uip    bnliUMÊp   JibrLiuua  .    luuhap 
uiut(hLbujih   lo^uMubuth   uput:;ou   iiuabniuip  .   pihnpbu 
pumbpaonn   unppU .    un    ^ujip    ubppL.   ip2buppp 

uin-iupp    txiuuui^   npnnrb   lui  . 
nShl   :   .  (1) 

(1)  Nous  apprenons  que  l'histoire  de  ce  même  P.  Élie  a  été  publiée  récemment 
d'après  d'autres  sources  dans  la  revue  d'Etchmiadzin  :  Ararat. 

K.  J.  B. 


NOTICES 
DES  MANUSCRITS  ARABES  CHRÉTIENS 

ENTRÉS    A     LA     BIBLIOTHÈQUE     NATIONALE 
DEPUIS    LA    PUBLICATION    DU    CATALOGUE    (1). 

TABLE  DES  AUTEURS  ET  DES  OUVRAGES  ANONYMES 


Abd  il-Masih,  ControTerse  avec  Abd- 
Allah  ibn  Ismaïl  al-Hàchimi,  5141. 

Aboulhasan  Al-Ah\vàzi,  4811. 

Abraham ,  patriarche  d'Alexandrie , 
Transport  du  mont  Moqattam,  4777. 
Cf.  Bévue  de  l'Orient  Chrétien,  t.  XIV 
(1909),  p.  380  sqq. 

AJcakios,  évèque  de  Cappadoce,  Homé- 
lie sur  Mercurius,  4782. 

Anastase  (Athanase),  Homélie  en  pré- 
sence de  saint  Antoine,  4898. 

Antoine  (S.),  Vie,  4781,  4782. 

—  Ses  lettres,  4784. 

Antonios,    patriarche      d'Alexandrie, 

Homélie,  4871. 
Apocryphes,  Actes  des  apôtres,   4770, 

477  L 

—  Miracles  de  la  Vierge,  4771,  4778, 
4872,  4887,  5078,  6164,  6256. 

—  Panégyrique  de  saint  Joseph,  4775. 

—  Jean  Baptiste.  Vie  et  prière,  4778. 

—  Abraham,  Isaac,  Jacob,  4785. 

—  Voir  Athanase. 

—  Apocalypse  de  saint  Paul,  4874,  4875. 

—  Jliracle  du  prophète  Daniel,  4878. 
Lettre  de  Pilate  à  Tibère,  4896. 


Apocryphes  (suite).  Apocalypse  de  saint 
Pierre,  5015,  5072. 

—  Entretien  de  Moïse  avec  Dieu,  5072. 

—  Recommandations  de  Jésus-Christ  à 
ses  disciples,  6147. 

—  Miracles  de  saint  Jean,  6166. 
Archelidus,    Homélie   sur    Mercurius, 

4776,  4790,  4880. 
Ascétisme,  4703,  4734,  4774,  4789,  4796, 

4811,   4873,    4880,   4881,    4887,    6256, 

6269,  6272,  6278. 
Athanase,  Vie  de  saint  Antoine,  4782. 

—  Lettre  sur  le  Dimanche,  4781,  4788. 

—  Homélie  sur  saint  Michel,  4871. 

—  Traité  contre  le  siècle,  6165. 


Baladinanos,  évèque  d'Afsis,  Homélie 

sur  saint  Michel,  4871. 
Barlaam  et  Josaphat,  4792,  4891. 
Basile  de  Césarée,  Sur  la  Pureté  per 

pétuelle  de  Marie,  4794. 
Bestiaire  et  lapidaire  symboliques,  6276. 

Bible. 

Ancien  Testament,  4759,  4762,  6267. 
Nouveau  Testament,  4900,  6280. 


(I)  Voy.  ROC.   t.  XIX    (1009),   ().    174,  276,337. 


NOTICES    DES    MANUSCRITS   ARABES    CHRETIENS. 


69 


Lectionnaire,  475o,  52ô3. 
Commentaire  de  saint  Jean   Chrysos- 

tome   rjr   saint   Matthieu,  6250,   et 

sur  If  Genèse,  6251. 
Al-Bokhàri  (Aboul-Ma'ali),  (abrégé  dans 

Abbadie  224),  voir  après  le  numéro 

6125. 


Calixte,  pape.  Homélie  sur  saint  Victor, 

4782. 
Canons,  4728,  4786,  4898. 

—  Histoire  des  Conciles,  4705. 

—  Règle  des  moines  basiliens,  5076. 
Chenoudi,  Extrait  d'un  sermon,  6147. 
Constantin,  évêque  de  Siout,  Homélie 

sur  Claude,  4776,  4793. 

—  Sur  Jean,  4893,  4895. 

Cyrille,   patriarche    d'Alexandrie.  Sur 
les  24  prêtres  de  Jérusalem,  4784. 

—  Sur  la  Circoncision,  4794. 

Cyrille  de  Jérusalem,  Sur  l'invention 

de  la  Croix,  4794. 
Cyrille  Laklak,  Extrait  des  canons,  4898. 


Démétrius,  patriarche  d'Antioche,  Ho- 
mélie sur  Victor,  4782,  4877,  4887. 

Denys  l'Aréopagite,  lettre  à  Timothée, 
4771,  4870. 

Dioscore,  son  histoire,  4777,  4786. 

E 

Élie  de  Nisibe,  extrait,  4898. 

—  Controverse,  5141. 

Éphrem,  Homélie  pour  le  4'  vendredi 
de  Carême,  4895. 

—  Trois  homélies,  4896. 
Épiphane,  Hexaméron,  4894. 
Etienne,  Sermon  sur  la  tenue  à  l'église 

et  sur  Daniel  et  Moïse,  4805. 


Farhat  (Gabriel),  Le  jardin  des  moines, 
470-J. 

—  Divan,  5079,  5085,  6273. 

Farhat  (Germanos),  Abrégé  de  la  per- 
fection chrétienne,  6269. 

—  Méditations,  6270. 

—  Grammaire,  6271. 


Georges,  Correspondance  avec  Marcos 

Mochreqi,  4786. 
Grégoire  le  Théologien,  4881,  5072. 

H 

Hermès  Trismégiste,  4811. 

Histoires. 

Aba  Hour,  Abou  Qourra,  4771 . 

—  Théodoia,  Marcos,  llaria,  Justus, 
Euphrosyne,  4774. 

—  Basilide,  Aboli,  Cyriaque,  Behnam, 
Ischyrion,  Abafis,  4775. 

—  Jacques,  Cosme  et  Damien,  Claude, 
Théodore,  4776. 

—  Abirouh,  Atoum,  Jean  et  Simon, 
Bebnudus.  Ishac,  Agatho,  Dioscore, 
4777. 

—  Discussion  de  saint  Paul  avec  Satan, 
4778,  479(J,  4890. 

—  Mercure,  4781. 

—  Antoine,  4781,  4782,  4788,  4791, 4883, 
4884. 

—  Paceme,  4783,  4784,  4886. 

—  Pisonti,  évêque  de  Qift,  4785,  4794, 
4878. 

—  Chenoudi,  Harmina,  Hour,  Boula, 
Macaire,  Maxime  et  Domèce,  4787. 

—  Antoine,  Paul,  Barbe,  Jacques,  Isaï, 
Placide,  Apollon,  Jules,  4788. 

—  Mina,  Paul,  4790. 

—  Dorothée,  Aristarque,  Arminius, 
Théodore,  Jean,  Georges,  4791. 

—  André,  Mercure,  Maxime  et  Domèce, 
Victor,  4793. 

—  Hélène,  4794. 

—  Bisoès,  4796. 

—  Abàla  et  Abib,  4787,  4888. 

—  Behnam  et  Sara,  Abakouh,  Hélène, 
4878. 

—  Gabriel,  Arcadius  et  Honorius,  Cos- 
me et  Damien,  4879. 

—  Mazdàri,  llaria,  Basile,  Isaac  d'Esne, 
sainte  Bartànoubà,  4881. 

—  Nadràs,  4882. 

—  Macaire,  Maxime  et  Domèce,  Bar- 
soma  le  Nu,  4885. 

—  Mazdàri,  Apollon,  Nabdounà,  Ya- 
coub,  1887. 


70 


REVUE    DE   L  ORIENT   CHRETIEN, 


Aba  Hour,  Paul  premier  ermite,  4890. 

—  Taivla  Haimanôt,  1790,  1892. 

—  Mina,  Cyrille,  Noub,  4893. 

—  Ibn  -  Ouqianos  {  Euphemianos  ; 
Alexis?),  Zousima,  Marine,  Ishaq, 
Finhas,  Péthion,  5072. 

—  Euphrasie,  5078. 

—  Gerasime,  Anne,  Sept  Dormants, 
Arsène,  Antoine  etc.,  6256. 

—  Marguerite  Marie  Alacoque,  6277. 

—  Anecdotes  sur  les  saints,  6279. 
Homélies,  V.  lousab,  Jacques  de  Saroug, 

Jean,    Cyrille,    Basile,    Constantin, 
Théophile,  Théodore,  Hour,  Ephrem. 

—  Pour  les  dimanches  de  Carême,  4761. 

—  Pour  les  dimanches  d'Amchir,  17%. 

—  Sur  Claude,  4776. 

—  Sur  Isa  et  Thécla,  4777. 

Hour,  évèque  de  Fayyoum,  Homélie 
sur  Gabriel,  4796. 


lanoudo.  Panégyrique  d'Onuphre,  4787. 

lousab,  évêque  de  Derrega  et  Ikhmim, 
Recueil  de  27  homélies.  4711. 

—  Exposé  dogmatique,  oraison  funè- 
bre de  Jean  107''  patriarche  et  d'Ibra- 
him al-Jauhari,  4790. 

Isa,  Lettre,  6255. 

Ishaq  (Mar),  Sentences,  4811. 


Jacques  de  Saroug,  Trente  homélies. 
4760,  4794,  4795. 

—  Sur  le  bon  larron,  4896. 

—  Neuf  homélies,  4897. 

Jean,  évèque  de  Burlos,  Panégyrique 
de  sainte  Damiane,  4778,  4872. 

Jean,  patriarche  de  Constantinople 
(Chrysostome),  Sur  les  quatre  ani- 
maux (de  l'Apocalypse),  4781. 

—  Sur  l'invention  de  la  Croix,  4794. 

—  Sur  les  rois  mages,  4881. 

—  Pour  le  4' dimanche  de  Carême,  4895. 

—  Huit  homélies,  4896. 

—  Commentaire  sur  saint  Matthieu, 
6250. 

—  Sur  la  Genèse,  6251. 

Jean,  moine  du  monastère  de  Moïse, 

Barlaam  et  Josaphat,  4792,  4891. 
Josèphe  ibn  Gorioun,  5255. 


Justus  (Léonce?),   évêque  de   Chypre, 
Viesde  Jean  elde  Siniéon  Salus,  1895. 


Lerinus  (cardinal),  5082. 

M 

Macaire,  Lettres  aux  moines,  4887. 

Maxime,  patriarche,  Sur  le  schisme  de 
Photius,  4707. 

Maximes  des  sages,  4811,  4898. 

—  De  saint  Jean  Chrysostome,  6147. 

Mazhloum  (Maxime;,  Réfutation,  4705, 
5247. 

Michel,  Quatorze  homélies  ou  récits 
sur  saint  Michel,  4871. 

Mikhaïl,  évèque  de  Damiette,  Recueil 
de  canons,  4728.  Ce  recueil  est  ana- 
lysé par  W.  Riedel,  Die  Kirchenrechts- 
quellen  des  Palriarchals  Alexandrien, 
Leipzig,  1900,  p.  89-115. 

N 

Nirenberg,  ouvrage  de  spiritualité  tra- 
duit en  arabe,  6278. 


Offices,  4756. 

—  Eucologe,  5077,  6272. 

—  Ordo  et  calendrier,  5081. 

—  Offices  et  rituel,  5096,  5248. 

—  Paracléticon,  5249. 

—  Chemin  de  croix,  6125. 

—  Offices  de  P<àques  à  la  Pentecôte, 
6167. 

—  Prières  et  cantiques,  6173. 

—  Rituel  melkite,  6268. 


Paul  Bouchi,  Homélie  sur  la  résurrec- 
tion et  sur  l'ascension,  4785. 

Paul,  évêque  de  Siout,  Panégyrique 
des  martyrs  d'Esna,  4887. 

Philosophie,  Logique,  5131,  6271. 

Pierre,  Traité  des  dogmes  chrétiens, 
4786. 

Pisonti,  évêque  de  Qift,  Vie,  4785,  4794, 
4878. 

—  Lettre  sur  la  foi  orthodoxe,  4794, 
4878,  6147. 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    ARABES    CHRETIENS. 


71 


Poésie,  Divan  de  Gabriel  Farhat,  5079. 

5085,  6-273. 
—  Divan  de  Nicolas  Saïg,  5089,  0-2-29, 

6-276. 


Saïg  (Nicolas),  Divan,  5089,  6-229,  6276. 
Samuel  de  Qalmoun,  Exhortations  aux 

moines,  4785.  6147. 
Sévère  d'Antioche,  Homélie  sur  Festus, 

4871. 

—  Sur  le  bon  larron,  4896. 

Sévère  ibn  al-Moqaffa',  Histoire  des 
patriarches,  4772,  4773. 

—  Réponse  à  des  questions,  62.57. 
Siméon  ai-Habib,  Extrait,  4898. 
Siméon  Salus.  Vie,  4895. 

—  Miracles,  4899. 

Siméon  de  Taibouteh,  4811. 

Siméon,  évèque  du  Tour  Abdin,  Con- 
troverse en  présence  d'.Ar-Rachid, 
5141. 

Svnaxaire,  4779,  4780,  4869,  4870. 


Talismans  et  prières,  4902. 

Théodore,  évèque  de  .Jérusalem,  Homé- 
lie sur  saint  Georges,  4791. 

Théodore,  patriarche  melkite  (d'An- 
tioche}, Homi'lie  sur  Théodore  l'Orien 
tal,  4776,  4879. 


Théodose,   Homélie  sur  saint  Michel, 

4871,  cf.  4791. 
Théodose,   évèque    de    Gangres,    Sur 

saint  Georges,  4876. 
Théologie,  4704,  4706,  4707,  4895,  .5082, 

6147. 

—  Professions  de  foi,  4786. 

—  Tradui'tion  d'un  ouvrage  français, 
5080. 

—  Controverses,  5140,  5141. 

—  Encyclopédie,  6172. 

Théophile,  Homélie  sur  Pierre  et  Paul, 
4771. 

—  Homélie  sur  Michel,  Denys  et  Théo- 
dose, 4889. 

Théopiste,  Histoire  de  Dioscoi'e,  4777. 
l'imothée.  Homélie  sur  la  fête  de  saint 

Michel,  4871. 
Timothée,  Controverse  avec  Al-Mahdi, 

5140. 


Visa,  Panégyrique  de  Chenoudi,  4787, 
4888. 


Zacharie,  évèque  de   Sakha,   Histoire 
des  moines  Abraham  et  Georges,  4888. 
Zakhir  (Abd-AUah),  4704. 


R.  Griveau, 
Archiviste  paléographe. 


LITTÉRATURE  ÉTHIOPIENNE 
PSEUDO-CLÉMENTINE 

III.    —   TRADUCTION    DU    QALÉMENTOS. 


INTRODUCTION 

Le  Qalémentos  (Clément)  éthiopien  a  été  caractérisé^  par 
M.  Nau  dans  le  Dictionnaire  de  Théologie  catholique  Vacant- 
Mangenot,  article  Clémentins  (apocryphes)  d'après  l'analyse 
d'un  ms.  de  Tubingue,  donnée  par  Dillmann,  cf.  Bericht 
ilber  das  .-Ethiopische  Buch  Clementinischer  Schriften,  dans 
Nachrichten  von  der  Georg.  Aug.  Univ.  und  der  Kônigl. 
Gesell.  der  Wiss.  zu  Gottingen,  1858,  p.  185-226  (I). 

(Le  Qalémentos)^  qui  comprend  sept  livres,  se  divise  en  deux  parties 
Dans  la  T^  (1.  I,  II),  Pierre  raconte  à  Clément  la  création  et  la  naissance 

de  la  sainte  Vierge  avec  l'histoire  du  monde  jusqu'à  Joram, ce  que  le 

Christ  lui  a  appris  sur  les  secrets  du  ciel  et  l'avenir,  sur  la  création  du 
ciel  et  de  la  terre,  la  Trinité,  les  ordres  des  anges,  la  Jérusalem  céleste, 
le  paradis,  la  création  des  anges,  leur  aspect,  la  chute  de  Satan,  l'avenir 
du  christianisme  sur  la  terre;  il  remet  à  plus  tard  de  raconter  ce  qui 
arrivera  à  la  résurrection  ;  il  énumère  70  hérésies  de  Simon  le  Magicien 

à  Apollinaire Dans  la  II«  partie  qui  traite  des  lois  et  de  l'ordre  de 

l'Église  chrétienne,  saint  Pierre  donne  à  saint  Clément  les  ordonnances 
qu'il  doit  transmettre  anx  métropolitains,  aux  évêques,  etc.,  lui  trace  les 
devoirs  des  prélats  et  des  clercs  et  lui  dicte  une  foule  de  règles  parti- 
culières et  de  canons  pénitentiels  {op.  cit.,  Fasc.  XVIII,  col.  217). 

(1)  Nous  renvoyons  le  lecteur  à  l'article  de  M.  Nau  sur  l'ensemble  de  la  litté- 
rature pseudo-clémentine  [op.  cit.,  Fasc.  XVIII,  col.  201).  Cet  article  contient  une 
étude  documentée  et  précise  sur  «  I.  Les  Homélies  clémentines,  les  Récognitions 
et  les  abrégés  grecs,  syriaque  et  arabes  des  Homélies  ou  des  Récognitions. 
II.  L'ouvrage  conservé  en  arabe  et  en  éthiopien,  intitulé  parfois  •  l'Apocalypse 
de  Pierre  »  et  le  plus  souvent  «  Clément  ».  III.  Les  lettres  aux  vierges,  les 
lettres  décrétales  et  les  deux  apocryphes  éthiopiens....  >•  ;  nous  avons  édité  et 
traduit  ces  deux  derniers  dans  ROC. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE   PSEUDO-CLÉMENTINE.  73 

Le  Qalêmentos  apparaît  comme  une  compilation  de  docu- 
ments anciens,  tels  que  les  Récognitions,  la  Caverne  des 
Trésors,  le  Testament  d'Adam  et  peut-être  V Apocalypse  de 
Pierre,  qui  auraient  été  fondus  ensemble  par  un  rédacteur 
anonyme.  D'après  Dillmann,  l'original  arabe  serait  l'œuvre 
d'un  chrétien,  habitant  l'Egypte  et  écrivant  de  750  à  760.  La 
version  éthiopienne  aurait  été  faite  plus  tard  directement  sur 
cet  original. 

En  sus  du  ms.  de  Tubingue  ci-dessus  mentionné,  nous 
connaissons  quatre  mss.  de  cet  ouvrage,  à  savoir  :  trois  au 
British  Muséum,  Or.  n°*  751,  752,  753,  et  un  à  Paris,  d'Ab- 
badie  n°  78.  C'est  ce  dernier  ms.  que  nous  traduisons  (1). 

Dans  les  titres  suivants,  que  nous  donnons  aux  sept  livres 
du  Qalêmentos,  nous  avons  simplement  résumé  les  divers 
incipit. 

LIVRE    PREMIER. 

V Ancien  Testament  depuis  la  Création  jusquà  josaphat 
(fol.  1  r"  a  à  fol.  42  r°  a). 
Incipit  :  (F.  1  r°  a)  Ç\tïoo  s  hH  '•  aitO^f!:  :  atao'id.li  s  ^fi. 

ohn-t-  f  n^at-c^  :•:  afïtrii  •  >/*'^:t  •  n.-t  •  (f.  i  r°  b)  ^r 

....  Pour  la  traduction,  cf.  iîifra,  pp.  78-79. 
Desinit  :  (F.  42  r°  a)  (D\\^  s  aot^dli  :  ao'i'n/^'p  :  a}h9°.^"h 

(1)  Ms.  de  209  feuillets,  dont   trois  blancs.  Cf.  A.  d'Abbadie,  Catalof/ue  rai- 
wnné  de  manuscrits  éthiopiens,  Paris.  1850,  p.  01, 


74  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

ÎT*^  :•;:  Les  jours  du  règne  (de  Josaphat)  furent  (bons).  Après 
lui,  régna  son  fils  Joram  ('lyorâm),  alors  quil  était  âgé  de 
32  ans. 

LIVRE    SECOND. 

Première  révélation  de  Pierre  à  Clément  (fol.  42  r"  a  à 
fol.  68  V  b). 

Incipit  :  (F.  42  r"  a)  (\tlim  :  h'Ù  ■  (D(D^^  '.  (Dao'^dJï  -  4» 

A  '  iié,^h'  ••  ^iif9"'i(f^tl  ':'  --^if  nom  du  Père,  du  Fils  et  du 
Saint-Esprit,  un  seul  Dieu.  Premier  des  niTjslères  que 
Saint  Pierre  révéla  à  son  disciple  Clément. 

Desinit  :  (F.  68  r  b)  (Dh9"f^^^lh  '  ff.'i'n^  '  -flîirt.  •   CK 

ït^ili-  ••:•'  Ensuite  régna  un  prince,  appelé  Ma  (1),  qui  mois- 
sonnait ce  quil  n  avait  pas  semé,  et  récoltait  ce  qui  n  était 
pas  à  lui. 

LIVRE    TROISIÈME. 

Prodiges  montrés  à  Pierre  par  le  Seigneur  (fol.  68  v"  b  à 
fol.  121  r°  a). 

Incipit  :  (F.  68  v°  b)  nA<w>  i  ^-fl  :  a)(Dfi\.^  :   (Dao'^é.ll  '- 

^TCTA  ••  ChA  '•  fhVCy^'  ••:•  -4w  nom  du  Père,  du  Fils  et  du 
Saint-Esprit,  un  seul  Dieu.  Xous  commençons,  avec  Vaide 
du  Seigneur,  à  écrire  les  vertus  et  les  prodiges  que  le 
Seigneur  et  fait  voir  au  bienheureux  Pierre,  prince  des 
Apôtres. 

Desinit  F.  121  i°a)  HA"-!:  :  A-flrh^  •  ffl^h-t^  •  ©h-fl 
C  :  ©yiV^A-^  :•:  M^tn»  .•  «JA^  ■  h'%'i  '<•  h"!.!  1  (Dh'%1  '•' 
h\\^'b^  •■  Ah'in.K'flrh.C  '<•  (Jésus-Christ),  à  qui  la  gloire, 
l'action  de  grâces,  r honneur  et  la  puissance  pour  les  siècles 

(1)  an  Ma  est  la  syllabe  initiak'  du  nom  du  roi  eu  question. 


LITTÉRATURE    ÉTHrOPIEN.N'E    PSEUDO-CLÉMENTINE.  75 

des  siècles.  Amen.  Amen.  Amen.  Action  de  grâces  au 
Seigneur. 

LIVRE    QUATRIÈME. 

Seconde  révélation  de  Pierre  à  Clément  (fol.  121  r°  a  à  fol. 
160  r°  a). 
Incipit  :  (F.  121  r°  a)  Ç\l\aD  -.  y^^  -.  (DOiAj^  î  (Dtm'i^fi  i 

*^ft  •  bhrf^Tn  :•:  i-ïc  :  n^ic  •  K'vciï  ■  cïxfi  '  ih'Pcy^  •■ 

'^  !  ?"/ifi^:i'i'  ••  fl>-/V*A  ••  rt-llî»  ::=  Iw  7iom  du  Père,  du  Fils 
et  du  Saint-Esprit,  un  seul  Dieu.  Exposé  que  fit  Pierre, 
prince  des- Apôtres,  à  Clément.,  son  talmid,  c'est-à-dire  litté- 
ralement {son)  disciple.  Il  lui  enseigna  tout  ce  qui  aurait 
lieu  au  ciel  et  sur  la  terre  aussi,  concernant  la  miséricorde 
{pour)  les  fils  de  V homme. 

Desinit  :  (F.  160  r°  a)  HA"*  •■  lï'iifh^  '  (Baots\\^  :  ©h^ 
C  ï  (Ddn/2.  !  IDlV^A  !  (D^?:fï^  :•:  AK-fl  :  flXDAJÇ-  :  OJ/wi^^C 
A  :  ^^A  '  bhr^^  :•:  f^WUX  •  (On^éLl  '  flïA^A'W»  :  «JA  (F. 
160  r  b)  jP»  :•::  h'^'i  '<•  h'^'i  'l-  (Dh'^'i  :•:  AJ&ÏT-^  :•:  AjE-ïh 
"}  :•!:  hh»-!:^  !  AMH.K'flrh.C  :•!:  {Jésus-Clirist),  à  qui  {con- 
viennent) la  gloire,  la  divinité,  rhonneur,  la  majesté,  la 
puissance  et  la  sainteté,  ainsi  qu'au  Père,  au  Fils  et  au 
Saint-Esprit,  un  seul  Dieu,  maintenant,  à  jamais  et  pour 
les  siècles  des  siècles.  Amen.  Amen.  Amen.  Ainsi  soit-il. 
Ainsi  soit-il.  Action  de  grâces  au  Seigneur. 

LIVRE   CINQUIÈME. 

Règlement  de  VÉglise  (fol.  160  r'^  b  à  fol.  167  v°  a). 

Incipit  :  (F.  160  r°  b)  ({t\aé  s  ^-fl  :  (D(Di,\ff:  :  fDim'y^d  s  4» 

^A  î  bhrfùi  :•:  /^CW  :  H^'^A^  •  (Ui-  '  hCA*^^  •  H>T 
C  »  MH^ÏiV  •  Oiao^'^x^  ..  ^,f  A-A  :  hCA-f^A  •  AA.T(^A  •  </» 

|*'^;^  '  An.+  »  ïicti-kn  •  fl^-n^  -.  hje.^  j  ît^aa  :  h^'^u-  i- 

atOhlii:  s  'lie  î  A+A.?"'>fnA  ••  ^JÇ-h.  :•::  ^w  nom  r/;/  Père, 


76  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

du  Fils  et  du  Saint-Esprit,  un  seul  Dieu.  Règlement  de  la 
Sainte  Église,  que  Notre-Seigneur  et  Notre-Sauveur  Jésus- 
Christ  exposa  à  Pierre,  fondement  de  rÉglise,  sur  la  mon- 
tagne des  Oliviers,  ainsi  qu'à  ses  frères.  {Pierre)  exposa  {ce 
règlement)  à  Clément,  son  disciple. 

Desinit  .  (F.  167  v°  a)  A^A<w>  .-  ^A?"  '<'  h'^t  ':•  (Dti*^ 
t  ':'  AJ&V^7  *•:•  ii^\i''i  ''.'•  Pour  les  siècles  des  siècles.  Amen. 
Amen.  Amen.  Ainsi  soit-il.  Ainsi  soit-il. 

LIVRE    SIXIÈME. 

Le  bâton  de  Moïse  (fol.  167  v"  b  à  fol.  186  r"  a). 

Incipit  :  (F.  167  v°  b)  fl^C  ■  HHflrn  :  Art^^^  -  \lC{ï-f-tl  •■ 

auro-iYi^  :  n^A  •  hmUh'diiuC  '-  n+^'TL  ••  A*l  •:=  Le  bâton 
avec  lequel  le  Christ  a  frappé  Satan,  c'est  bien  le  bâton  de 
Moïse,  qui  a  opéré  des  prodiges  et  des  miracles  sur  la  parole 
du  Seigneur  dans  la  Première  Loi. 

Desinit  (F.  186  r°  a)  W^o-fc^  :  Aλ*7H,K'flrh.C  :•:  M^ao  , 
^A?"  •:=  Y\'%'i  ''\'  Action  de  grâces  au  Seigneur  pour  les 
siècles  des  siècles.  Amen. 

LIVRE    SEPTIÈME. 

Troisième  vision  de  Pierre  (fol.  186  r°  a  à  fol.  206  r°  b). 
Incipit  :  (F.  186  r°  a)  «^AA  ■  >7C  ■  (D^MH  ••   ndïi'ii' 
tlï^  •'  AhA  '■  l-flh»  :  <hh^  •  /^h^  •  **l^t\  '  'lie  •  HCÎif 

^Tcf A  •  flïA^  '  f-ç  •  nr*{ifi  :  9,p  '•  n^.^K^  •■  n-tohva 

A^T'fl.'h  ••  0**^^^,^  ''.'  Troisième  exposé  et  ordonnance  au 
sujet  de  la  pénitence  pour  ceux  qui  sont  retombés  il).  Ex- 
plication {et)  exposé  de  la  troisième  vision  du  mystère,  que 
vit  Pierre,  fils  de  Yonâ,  gratifié  de  la  grâce  auxiliatrice, 
qui  {lui)  fut  donnée  pour  la  prophétie  du  salut. 

Desinit  (F.  206  r"  b)  h'^^aD  :  ^AîT»  :•:  h'^'i  :•:  hl/i  '<' 
(Dh'^'i  'l'  A/ith'}  •.•:  A^ïh*}  :!:  Pour  les  siècles  des  siècles. 
Amen.  Amen.  Amen.  Ainsi  soit-il.  Ainsi  soit-il. 

(1)  Les  lapsi. 

I 


LITTERATURE   ETHIOPIENNE    PSEUDO-CLEMENTINt.  // 

Voici  le  colophon  ;  (F.  206  r"  b)  œ-téJktn»  s  lUft:  :  <w»X'rh 

^ft  :  ^'h/*'  :  (DM  •'  S^tlih^  '  ^Aft  :•: 

(Dh-Çiâx^  '-  A  (F.  206  r  a)  MH.h'flrh.c:  •::  A^A<n>  :  «JA 
jT»  :•::  h^l  ''\-  (Dh'^Tr  ::•  =  :•: 

...  (1)  aorvc  '  ^àh  :  Tncii-f-h  '  'vn-^  --  f^rdiCoo-  -.  ?»-» 

-na-d  :!:  A^A<w»  :  «JAî^   :•:  h^Ti  I  flïh'^'}  :•:  =  :•:  ai<CJt4.ft 

rt  •  A^p-c^ft  î  HK<w»ai  !  n-nH-'î  »  ^pd  •<'  je-x-rhç  •  A*r»  - 
YicMii  '  A.4»  •  -irn  •  «jrA  î  flïc*  '  n+A<w>  :  flic4»  :•:  nrti 

A  :  ;\/^^^  :  -t^'J  •-:  >i<w>  :  /Î,V*7/*'  ï  flA-n^l  •  «"P-^  •  O^l} 
1  :•:  aJîP»ftA  ï  A**  s  W-A-tf*»-  •  'în-^  ?  JK.îP'r/iC?<n>-  :  MH^^-fl 
rh.C  •':•  nXA-i-  !  J<Dë*tl^^  •■  (F-  206  v°  b)  atdf.^-f"^  •  A 
ïflïër/i<PC^^  ï  nî\A-;^  ••  AMTfîi^V  •  *^C^în»  :  aiA-^+  •  li 

îP"Ah  :•:  ©Ahoç^vL  •  i*"?^^  !  'Vn-^  .•  f^^rAiCo^  •  Mtu^-n 

(F.  206  r°  b)  Le  livre  de  Clément  a  été  terminé  l'an  64.  de 
la  miséricorde  dans  les  jours  du  roi  Josias  ('lyosyàs)  et 
de  A  bba  Isaac,  patriarche. 

Gloire  au  (F.  206  v°  a)  Seigneur  pour  les  siècles  des  siècles. 
Amen.  Amen. 

Moi,  David,  pécheur  et  ciHmiîiel,  j'ai  écrit  ce  que  m'a  fait 
écrire  Abba  Wagris,  gardieîi  de  la  maison  des  trésors  de 
Saint  Qirqos. 

...  le  docteur  Takâ-Krestos,  que  le  Seigneur,  ait  pitié  d'eux 
tous  (2)  dans  le  royaume  des  deux  par  la  prière  du  bien- 
heureux Clément  pour  les  siècles  des  siècles!  Amen.  Amen. 

(1)  Une  ligne  a  été  biffée.  Seul  le  mot  'h'>M  tandis  que  subsiste  au  milieu  de 
celte  ligne. 

(2)  Cf.  note  1.  Il  y  avait  sur  la  ligne  biffée  la  mention  d'un  ou  de  deux  person- 
nages. —  'Vn**!  conjointement  a  été  traduit  ici  et  plus  bas  par  tous. 


78  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Surtout  Georges  (Giyorgis),  qui  a  peiné  dans  de  nombt^euses 
veilles,  que  le  Christ  Maître  inscrive  son  nom  à  la  colonne 
d'or  avec  un  qalam  d'or!  {Georges),  qui  fut  avec  les  bons 
justes,  lorsqu'il  régna  sur  le  sanctuaire  {\)  de  Dabra-Tsyon, 
lui  ainsi  que  tous  ses  enfants,  que  le  Seigneur  ait  pitié  d'eux 
tous  par  la  prière  des  quinze  prophètes,  (F.  206  v°  h) par  la 
prière  des  douze  apôtres,  par  la  prière  de  Notice-Dame 
Marie,  génératrice  de  Dieu!  Les  bons  prêtres  aussi,  que  le 
Seigneur  ait  pitié  d'eux  tous  pour  les  siècles  des  siècles! 
Amen.  Amen.  Amen.  Ainsi  soit-il.  Ainsi  soit-il. 

Noire  traduction  est  littérale.  Le  texte  éthiopien  des  passages 
obscurs,  incomplets  ou  fautifs,  ainsi  que  la  forme  de  tous  les 
noms  propres  sont  donnés  dans  les  notes. 


TRADUCTION 
LIVRE    PREMIER 

l'ancien   TESTAMENT   DEPUIS    LA    CREATION   JUSQu'a   JOSAPHAT 

(fol.   1  r°  a  à  fol.  42  r°  a). 

CHAPITRE  PREMIER  (2) 

Origine  et  circonstances  des  révélations  de  saint  Pierre 
à,  saint  Clémen' 

Les  Apôtres  s'adjoignent  des  disciples.  —  2.  Les  Juifs  persécutent  les  Apô- 
tres et  les  fidèles.  —  3.  Saint  Clément  demande  à  saint  Pierre  de  l'instruire. 
—  4.  Saint  Pierre  accède  à  cette  demande. 

(F.  1  r«  a)  Au  nom  du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-Esprit,  un  seul  Dieu. 

A  dit  Saint  Clément  (3). 
1.   Les   Apôtres   s'adjoignent   des  disciples.  —   Après  la  montée  au 

(1)  «DtiTr  signifie  souvent  sanctuaire  (tôtioi;). 

(2)  Pour  faciliter  la  lecture  du  Qalêmentos,  nous  avons  divisé  le  texte  [scriptio 
continua  dans  le  ms.)  en  chapitres  et  en  paragraphes,  et  nous  avons  ajouté  des 
sous-titres. 

(3)  4»^n  I  +A,^Trrnft  Saint  Qalêmentos. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOIMENNE  l'SEL  D(i-CLÉ.MEXTINK.  79 

ciel  de  Notre-Seigîieui'  et  Xotre-Sauvenr  Jésus-Christ,  les  disciples  se  sont 
séparés,  (allant)  jusqu'aux  extrémités  du  monde,  afin  de  prêcher  la  nou- 
velle de  l'Évangile  Saint,  de  convertir  les  peuples  à  la  foi  et  à  la  connais- 
sance (de  Jésus-Chnst),  et  de  les  baptiser  du  saint  baptême  de  la  nais- 
sance nouvelle.  C'est  pourquoi  les  Apôtres  ont  voulu  chercher  pour  eux 
des  disciples,  qui  allassent  avec  eux  dans  les  pays.  Alors  (F.  1  r°  b) 
Simon  Pierre  me  prit  et  me  fit  son  propre  disciple.  En  effet,  j'avais  cru 
en  lui  et  en  Celui  qui  l'avait  envoyé,  et  j'avais  reconnu  qu'il  était  le  chef 
des  Apôtres,  à  cause  de  la  parole  qu'a  dite  Notre-Seigneur  et  Noire-Sau- 
veur Jésus-Christ  dans  l'Évangile  :  Tu  es  pierre,  et  sur  cette  pierre  je 
bâtirai  mon  Église,  et  les  portes  du  Schéol  ne  prévaudront  point  contre  elle. 
Je  te  donnerai  les  clefs  du  royaume  des  deux  (l).  Après  de  longs  jours,  il 
prit  deux  frères  et  les  fit  ses  propres  disciples.  Puis,  lorsque  j'eus 
demeuré  avec  lui  vingt  ans,  il  me  prit,  me  conduisit  vers  mon  père  et 
(vers)  ma  mère,  appelée  (F.  1  v»  a)  Metroryà  (2),  et  me  révéla  les  mys- 
tères que  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  lui  avait  appris  sur  la  montagne 
des  Oliviers. 

2.  Les  Juifs  persécutent  les  Apôtres  et  les  fidèles.  —  A  cette 
époque-là,  les  Apôtres  et  tous  les  fidèles  subissaient  une  grande  persécu- 
tion de  la  part  des  Juifs  infidèles.  En  effet,  les  Juifs  continuaient  à  tuer 
tous  les  fidèles  qu'ils  rencontraient.  Alors,  le  bon  Pierre  partit  et  entra 
dans  une  ville.  Moi  aussi,  (je  partis)  avec  lui.  Là  nous  trouvâmes  une 
grande  persécution,  (causée)  par  les  querelles  (venant)  des  Juifs  infidèles, 
et  par  leurs  questions  sur  la  généalogie  de  Sainte  Marie,  car  ils  disaient 
d'elle  (F.  1  v"  b)  qu'elle  n'était  pas  de  la  souche  de  Juda,  pour  ruiner 
la  venue  de  Notre-Seigneur  et  Notre-Sauveur  Jésus-Christ  dans  le  monde. 
En  effet,  eux-mêmes  continuaient  à  donner  beaucoup  d'argent  de  sou- 
doiement  aux  Grecs  et  aux  Romains,  afin  qu'ils  les  aidassent  pour  l'ex- 
termination des  fidèles.  Ils  empêchaient  les  Apôtres  de  lire  la  Loi,  afin 
qu'on  ne  connût  pas  la  création  primitive  du  monde  (3). 

3.  Salnt  Clément  demande  a  saint  Pierre  de  l'instruire.  —  Lorsque 
j'eus  vu  toute  cette  persécution,  qui  venait  sur  moi  de  la  part  des  Juifs 
infidèles,  je  m'enquis  auprès  de  mon  Maître  Simon-Pierre,  et  je  lui 
demandai  de  me  faire  comprendre  et  de  m'exposer  comment  (F.  2  r*»  a) 
avait  eu  lieu  la  création  primitive  du  monde.  En  effet,  lui-même  connais- 
sait tous  les  mystères  de  la  part  de  Jésus-Christ  Notre-Seigneur.  Quant 
à  moi,  je  connaissais  la  langue  des  Grecs,  leurs  livres,  tous  leurs  mys- 
tères et  leur  philosophie. 

Je  racontai  à  mon  Maitre  toute  la  haine  et  (toute)  la  jalousie,  qui  étaient 
venues  contre  moi.  (Je  lui  racontai)  ce  pourquoi  les  Juifs  m'avaient 
outragé  et  querellé  au  sujet  de  Sainte  Marie,  (en  disant)  que  je  n'avais 
pas  la  science  de  la  Loi  et  des  prophètes,  et  (lui  dis)  qu'ils  m'avaient 
questionné  beaucoup  sur  la  création  de  notre  père  Adam,  qu'ils  avaient 

(1)  Matth.,  XVI,  19. 

(2)  r'Tecf. 

(3)  ♦Jî'^  I  çT^t  «  'hf\r'. 


80  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

blasphémé  énormément  contre  Notre-Dame  Sainte  Marie,  et  que  (F.  2  r^b) 
je  n'avais  pa?  trouvé  d'argument,  par  lequel  confondre  leur  malice  et 
leurs  paroles  impures. 

4.  Saint  Pierre  accède  a  cette  demande.  —  Lorsque  j'eus  raconté 
tout  cela  à  mon  Maître,  il  fut  triste  énormément.  Le  zèle  entra  en  lui  et 
il  me  dit  :  Moi-même,  je  te  révélerai,  ô  mon  Fils,  tout  ce  que  tu  m'as 
demandé  ;  je  te  ferai  comprendre  la  création  primitive  du  monde,  et  je  te 
démontrerai  au  sujet  de  Sainte  Marie,  mère  de  la  Lumière,  qu'elle  est 
évidemment,  sans  confusion  (possible),  de  la  souche  de  Juda,  fils  de 
Jacob.  En  outre,  je  te  raconterai  comment  Satan  est  tombé  du  ciel. 


CHAPITRE    II 
La  Création. 

1.  Majesté  de  Dieu.  —  2.  Création  des  anges.  —  3.  Les  sept  jours  de  la  création. 

1.  Majesté  de  Dieu.  —  Comprends  donc,  ô  mon  fils  Clément,  que  le  Sei- 
gneur existait  à  l'origine  et  avant  l'origine,  (F.  2  v°  a)  lui  qui  n'a  pas  de 
commencement,  ni  de  fin.  Il  est  élevé  bien  au-dessus  des  (êtres)  élevés, 
lui  qui  n'est  pas  connu  par  l'intelligence,  ni  par  l'entendement,  lui  qui 
n'a  pas  de  partie  inférieure,  ni  de  partie  intérieure,  ni  de  partie  exté- 
rieure. II  est  le  principe  des  jours  et  des  époques  antiques  (1).  11  est 
inconcevable  et  inexprimable.  Il  est  au-dessus  de  tout.  Il  existe  dans  la 
beauté  de  sa  divinité  au-dessus  de  ses  créatures.  Avec  les  créatures  et 
sous  les  créatures  (il  a  encore)  la  beauté.  Il  crée  une  lumière  brillante, 
une  lumière  dont  n'approchent  pas  les  ténèbres,  lui  qui  va  dans  les  lu- 
mières, lui  que  les  yeux  n'aperçoivent  pas.  Il  existait  (F.  2  v»  b)  avant  les 
créatures.  11  est  l'auteur  de  tout  et  le  créateur  de  tout,  lui  dont  la  gloire 
vient  de  lui-même.  Il  est  le  créateur  de  tout,  que  l'on  glorifie,  afin  que 
la  grandeur  de  sa  majesté  et  la  force  de  sa  puissance  soient  manifes- 
tées. II  est  l'auteur  des  cieux  et  de  la  terre. 

2.  Création  des  anges.  —  Voici  :  je  t'exposerai,  ô  mon  fils  Clément,  que 
le  Très-Haut  (a  créé)  avant  toute  (autre)  créature  ses  anges,  (divisés)  en 
neuf  familles,  et  qu'il  les  a  établis,  pour  qu'ils  le  glorifiassent  avec  des 
chants,  des  rythmes  et  des  mélodies  suaves,  chacun  selon  son  degré. 
La  plus  grande  (famille)  d'entre  eux  approche  le  trône  du  Seigneur.  C'est 
la  famille  de  Sâtnâ'êl  (2).  C'est  la  première  de  toutes  (les  familles)  des 

(1)  Texte  :  nianXl:  i  <|»^«»l  •  ilAff  «  ooVùA  «  tonaff^  i  Jl  est  le  principe  de 
l'Ancien  des  jours  et  des  époques.  Cf.  Daniel,  vu,  13.  —  Nous  avons  lu  •flA'j&  •  <"» 
TÔA  (au  lieu  de  «flA-f  i  «""PdA),  qui  nous  paraissait  offrir  un  sens  meilleur. 
A  la  rigueur,  ce  sens  pourrait  être  obtenu,  même  en  laissant  subsister  Vétat 
construit  («flA-f),  puisque,  çà  et  là,  les  adjectifs  qualificatifs  sont  unis  aux  noms 
par  le  moyen  de  l'état  construit.  Cf.  Dillmann,  Grammatik  der  aeth.  Sprache 
(édition  C.  Bezold),  p.  409. 

(2)  tifVKii. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE    PSEUDO-CLÉMENTINE.  81 

anges.  (Les  anges  de  cette  famille)  font  monter  (F.  3  r»  a)  leur  glorifica- 
tion vers  le  Seigneur,  sans  se  taire. 

3.  Les  sept  jours  de  la  création.  —  Le  premier  jour  saint,  c'est-à- 
dire  le  commencement  des  jours,  le  premier-né  des  jours,  le  Seigneur 
créa  le  ciel  supérieur  et  la  terre  ;  la  famille  des  Anges  supérieurs,  c'est- 
à-dire  la  famille  de  Sâtnâ'êl,  les  Anges,  les  Archanges,  les  Vertus,  les 
Puissances,  les  Trônes,  les  Principautés,  les  Ministres  (1)  :  les  Séraphins  e' 
les  Chérubins  ;  la  clarté  et  la  lumière  ;  le  jour  et  la  nuit;  les  vents,  l'eau  et 
le  feu.  Il  accomplit  tout  cela  le  premier  jour  saint  par  sa  première  parole. 
Le  jour  où  (F.  3  r°  b)  le  Seigneur  créa  tout  cela,  l" Esprit-Saint  fit  de  Vom- 
bre  sur  les  eaux  (2).  Les  eaux  furent  bénies  et  sanctifiées,  et  en  elles  se 
multiplièrent,  par  la  procréation,  tous  (les  êtres)  ayant  une  âme  vivante. 

Le  second  jour,  le  Seigneur  créa  l'eau  inférieure,  que  les  yeux  de 
l'homme  voient  clairement.  Le  firmament  fut  séparé  des  cieux  supérieurs. 
En  effet,  au-dessus  du  ciel,  appelé  Fàlêk  (3),  il  y  a  un  autre  ciel;  au- 
dessus  de  ce  ciel  il  y  a  un  autre  ciel,  appelé  Dortiqon  (4);  au-dessus  de 
ce  (dernier)  il  y  a  la  flamme  du  feu  ;  au-dessus  du  feu  il  y  a  un  autre 
ciel.  Tous  les  cieux  sont  remplis  d'une  clarté  et  (F.  3  v°  a)  d'une  lumière, 
que  les  yeux  de  l'homme  ne  peuvent  pas  voir.  En  ce  second  jour,  le 
Seigneur  créa  (une  séparation)  entre  l'eau  (5)  qui  est  au-dessus  du  ciel,  et 
l'eau  qui  est  sur  la  terre.  La  montée  de  l'eau  eut  lieu  ce  jour-là  en  forme 
de  nuages  denses.  Quant  aux  eaux  qui  sont  restées,  elles  demeureront 
dans  les  airs  à  jamais  et  seront  ballottées  çà  et  là. 

Le  troisième  jour,  le  Seigneur  ordonna  aux  eaux  qui  se  trouvaient 
sous  le  ciel,  appelé  Fâlèk,  de  se  réunir  dans  un  endroit,  afin  que  le  sec 
apparût.  Il  en  fut  ainsi.  Alors  (le  sec)  apparut,  en  étant  de  la  boue, 
(F.  3  vo  b)  de  la  terre  et  de  l'eau  mélangées.  L'eau  exista  sur  (terre)  et 
sous  (terre).  Les  vents,  eux,  montèrent  du  sein  de  la  terre  et  soufflèrent 
avec  mesure.  C'est  par  eux  que  vit  toute  créature  du  type  de  l'éponge, 
qui  demeure  sur  l'eau.  En  ce  jour,  le  Seigneur  ordonna  (à  la  terre)  de 
produire  des  herbes  vertes,  des  arbres,  des  semences,  des  plantes  médi- 
cinales et  autres  (végétaux). 

Le  quatrième  jour,  le  Seigneur  créa  le  soleil,  la  lune  et  les  étoiles, 
afin  qu'ils  remplissent  un  rôle  (utile)  pour  la  terre  (6).  Le  soleil  (eut  pour 
rôle  de  sécher)  la  boue  et  d'endurcir  la  terre. 

(1)  fl»A>»ïi'V  ï  A'^^A  I  (D1i.<.n>A  :•:  Les  Séraphins  et  les  Chérubins  sont  con- 
sidérés par  l'auteur  comme  ayant  pour  mission  d'exécuter  les  volontés  divines, 
puisqu'il  les  appelle  A>i>iTr  ministres,  serviteurs. 

(2)  Gen.,  i,  2. 

(3)  4.A.V1. 

(4)  ^C-t^-V. 

(5)  Texte  :  rt'^ja  le  ciel.  Cette  leçon  du  ms.  est  évidemment  une  faute  de 
copiste.  Le  sens  exige  qu'on  lise  «^j&  l'eau. 

(6)  Texte  :  ïi<n>  i  ;£n"V  i  Tr^f  i  ^n  i  9*Ji:C  •  Mot  à  mot  :  afin  qu'ils  fussent 
lies  instruments  sur  terre. 

ORIENT    ClllitTIEN.  g 


82  REVUE    DE    l'orient  CHRÉTIEN. 

Le  cinquième  jour,  le  Seigneur  ordonna  aux  eaux  de  produire  (F.  4 
r°  a)  la  famille  des  poissons  aux  diverses  espèces  (1).  De  plus,  il  créa  (les 
oiseaux)  qui  volent  au-dessus  de  l'eau,  et  ceux  qui  volent  dans  les  airs, 
ainsi  que  les  grands  monstres  marins,  dont  l'aspect  est  étonnant  (2). 

Le  sixième  jour,  le  Seigneur  créa  de  terre  tous  les  animaux,  les  bêtes 
et  les  vers.  De  plus,  il  créa  notre  père  Adam  de  terre,  et  il  créa  notre 
mère  Eve  d'une  côte  (diAdam). 

Le  septième  jour,  comme  il  avait  fini,  il  se  reposa  de  toute  son  œuvre, 
et  il  appela  (ce  jour)  le  sabbat. 

CHAPITRE  III 

Création  d'Adam  et  d'Eve. 

1.  Création  d'Adam.  —  i.  Gloire  et  majesté  d'Adam.  —  3.  Souveraineté 
d'Adam.  —  4.  Machination  de  Satan  contre  Adam.  —  h.  Entrée  d'Adam  au 
paradis.  —  6  Création  d'Eve.  —  7.  Description  du  paradis. 

1.  Création  d'Adam.  —  Le  Seigneur  créa  notre  père  Adam  à  trois 
heures,  le  vendredi,  le  sixième  jour.  Or,  à  cette  même  heure,  (F.  4  r°  b) 
la  jalousie  pt  l'orgueil  entrèrent  dans  Satan.  Le  Seigneur  le  fît  descendre 
du  ciel  sur  la  terre.  Avant  que  (le  Seigneur)  créât  notre  père  Adam,  le 
silence  se  fit  sur  toutes  les  puissances  des  cieux.  Le  Seigneur  Père  dit  à 
son  Fils  et  à  l'Esprit-Saint  :  Venez  :  faisons  rhomm.e  à  notre  image  et  a 
notre  ressemblance  (3).  Lorsque  les  anges  eurent  entendu  cette  parole  de 
la  part  du  Seigneur  Très-Haut,  il  vint  sur  eux  une  grande  frayeur  et 
(une  grande)  épouvante.  Ils  conversèrent  entre  eux,  en  disant  :  Quelle 
est  cette  grande  merveille,  que  nous  apprenons?  Comment  se  peut-il  que 
(F.  4  v°  a)  l'image  et  la  ressemblance  de  notre  Dieu  et  de  notre  Créateur 
apparaissent? 

Alors,  les  anges  virent  la  (main)  droite  du  Seigneur,  (qui)  était  étendue 
sur  toute  la  terre.  Le  monde  entier  était  dans  sa  main.  Voici  qu'il  prit 
de  toute  la  terre  un  peu  de  poussière,  de  toutes  les  eaux  une  goutte 
d'eau,  de  l'air  un  peu  (d'air),  du  feu  ardent  (4)  un  peu  (de  feu).  Tous  (ces 
éléments)  étaient  dans  sa  main.  Le  Seigneur  créa  notre  père  Adam  de 
ces  quatre  (éléments)  faibles  (et)  sans  force,  afin  que  toutes  les  créatures 
obéissent  (à  Adam.  Il  le  créa  de)  terre,  afin  que  (F.  4  \°  b)  toute  créature 
(qui  existe  sur  terre)  lui  obéît;  (d'eau,  afin  que  toute  créature)  engen- 
drée dans  l'eau  (lui  obéit);  d'air,  afin  qu'il  put  sentir  par  lodorat  ce 
qu'il  respirerait;  de  feu,  afin  que  son  corps  devînt  fort  par  la  chaleur  et 


(1)  Texte  :  HHHLJiW*"»*  '  'ï'flC*<»'>*  :•:  Mot  à  mot  :  aux  diverses  couleurs.  Çà  et 
là,  «ï-flC,  qui  signifie  forme,  aspect,  d'où  espèce. 

(2)  Texte  :  ôO-H,  qui  signifie  dur,  difficile,  mais  aussi  quelquefois  étonnant. 

(3)  Gen.,  i,  26. 

(4)  Mot  à  mot  :  de  Vardeur  du  feu. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE    PSEUDO-CLÉMENTINE.  83 

qu'il  trouvât  (en  elle)  une  force  adjuvante.  C'est  ainsi  (1)  que  le  Seigneur 
créa  notre  père  Adam  à  sa  propre  image  et  à  sa  ressemblance,  de  ses 
mains  saintes.  (11  le  créa)  à  sa  propre  ressemblance,  afin  qu'il  reçût  la 
sagesse,  le  langage,  la  faculté  de  sentir  (2)  et  toute  science. 

2.  Gloire  et  majesté  d'Adam.  —  Lorsque  les  anges  eurent  vu  la  majesté, 
l'honneur  et  la  gloire  qui  étaient  sur  Adam,  ils  eurent  peur  et  ils  trem- 
blèrent à  cause  de  la  grandeur  de  sa  majesté.  (Le  Seigneur)  l'avait  cou- 
ronné. Sur  son  visage  brillait  la  lumière  de  la  divinité,  qui  (F.  5  r°  a)  était 
plus  brillante  et  plus  intense  que  la  lumière  du  soleil.  Son  corps  brillait 
comme  l'étoile  du  matin.  I^orsque  (le  Seigneur)  eut  fini  de  cvéev  Adam, 
(Adam)  se  tint  à  la  face  de  (3)  toute  la  terre,  dressa  ses  pieds  sur  le  Gol- 
gotha  (4),  et  étendit  sa  main  droite  et  sa  main  gauche  à  l'endroit  où  l'on 
planta  l'arbre  de  la  croix  de  Notre-Seigneur.  Ensuite,  le  Seigneur  revêtit 
notre  père  Adam  d'un  vêtement  royal,  lui  mit  sur  la  tête  une  couronne 
de  gloire,  et  (l'éleva)  à  une  grande  majesté.  Il  lui  mit  sur  la  tête  une  cou- 
ronne de  gloire,  et  l'institua,  par  là,  prêtre,  prophète  et  roi. 

3.  Souveraineté  d'Adam.  —  Le  Seigneur  le  fit  siéger  sur  un  trône  de 
gloire.  (F.  5  r°  b)  Tous  les  animaux,  les  bêtes,  les  oiseaux,  tous  (les  êtres 
animés),  que  le  Seigneur  avait  créés,  se  rassemblèrent  auprès  {à'Adam) 
et  se  tinrent  devant  lui.  Ils  inclinèrent  la  tête  et  se  prosternèrent  devant 
Adam.  Il  les  appela  tous,  chacun  par  leur  nom.  Ils  obéirent  à  Adam  et 
observèrent  ses  paroles.  Alors,  les  anges  entendirent  laparole  du  Seigneur 
Très-Haut,  qui  disait  :  0  Adam,  voici  que  je  t'ai  établi  roi,  prêtre,  pro- 
phète, prince  et  maître  de  toutes  les  créatures.  Qu'elles  obéissent  à  ta 
parole  et  qu'elles  soient  sous  la  main  de  toi  seul  !  Je  te  donne  la  puissance 
et  je  te  permets  de  faire  ce  que  tu  voudras  à  l'égard  de  toutes  (F.  5  v°  a) 
les  créatures.  Lorsque  les  anges  eurent  entendu  cette  parole  de  la  part  du 
Seigneur  Très-Haut,  la  majesté  à' Adam  fut  énormément  grande  devant 
eux. 

4.  Machination  de  Satan  contre  Adam.  —  Lorsque  Satan  eut  vu  la 
grandeur  et  la  gloire  qui  étaient  données  à  Adam  par  le  Seigneur,  il  le 
jalousa  à  partir  de  cette  heure-là,  et  se  mit  à  songer  à  son  sujet,  afin  de 
trouver  contre  lui  l'occasion  de  le  séduire  et  de  se  faire  obéir  de  lui  (5). 
Alors,  Satan  devint  rebelle  à  la  grâce  du  Seigneur,  qui  demeurait  en  lui. 
A  ce  moment-là,  le  Seigneur  (lui)  ôta  le  vêtement  de  gloire  et  de  grande 
majesté  qui  était  sur  lui,  et  il  l'appela  du  nom  de  Satan  (6).  (F.  5  v»  b) 
En  effet,  il  était  devenu  arrogant  envers  le  Seigneur,  n'était  pas  allé  dans 
ses  voies,  et  avait  désiré  la  gloire  pour  lui-même. 

(1)  Texte  :  mfi'h'ytli  c'est  pourquoi. 

(2)  L'infmitif  111,  1  -p-^ahii  doit  être  considéré  ici  comme  l'équivaleni  de 
'l'Pfl,  qui  signifie  sens  et  faculté  de  sentir. 

(3)  Texte  :  ahfif-  dans,  sur. 

(4)  ?-A');^  Gualgotâ. 

(5)  Texte  :  atfi^hnH  s  A"*    :•:  afin  qu'(.4dam)  lui  obéit. 

(6)  ùfitn'Tt.  Auparavant  Satan  s'appelait  iJTT/bA  SûtniVél.  Cf.  supra. 


84  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

5.  Entrée  d'Adam  au  paradis.  —  Pendant  qu'Adam  s'était  tenu  sur  le 
Golgolha,  voici  que  toutes  les  créatures  s'étaient  rassemblées  vers  lui, 
afin  d'entendre  la  parole  du  Seigneur,  par  laquelle  il  avait  été  fait  (1). 
Alors,  vint  une  nuée  de  lumière.  Elle  porta  Adam  et  le  conduisit  dans  le 
paradis.  Toutes  les  armées  des  anges  allèrent  avec  Adam,  en  exécu- 
tant (2)  des  hymnes,  des  chants  et  des  mélodies  suaves.  Les  Chéru- 
bins (3)  bénissaient;  les  Séraphins  (4)  chantaient  :  Saint,  Saint,  Saint  (5), 
devant  lui.  (Les  anges)  l'amenèrent  au  paradis.  Adam  entra  au  paradis  à 
trois  heures,  (F.  6  r"  a)  le  vendredi.  Le  Seigneur  lui  signifia  tous  les  com- 
mandements et  lui  ordonna  expressément  de.  ne  pas  manger  (du  fruit)  de 
l'arbre  qui  était  dans  le  paradis. 

6.  Création  d'Eve.  —  Ensuite,  le  Seigneur  Très-Haut  fit  venir  le  som- 
meil sur  Adam,  (qui)  dormit  dans  le  paradis  d'un  sommeil  délicieux.  Le 
Seigneur  prit  une  de  ses  côtes  gauches  (6),  et  en  créa  Eve.  Lorsque  Adam 
fut  réveillé  de  son  sommeil,  il  vit  Eve,  se  réjouit  et  l'aima  énormément. 
Pendant  qu'ils  demeurèrent  dans  YÉden  (7),  le  paradis  du  bonheur,  le 
Seigneur  les  revêtit  de  la  gloire  et  de  la  majesté,  et  se  réjouit  (F.  6  r°  b) 
énormément  de  la  grandeur  de  la  gloire  qui  était  sur  eux.  Le  Seigneur 
les  couronna  pour  (leur)  mariage,  e*  se  réjouit  à  leur  sujet,  (lui)  ainsi  que 
tous  les  anges.  Il  y  eut  par  conséquent  une  grande  joie,  telle  qu'il  n'y  en 
avait  pas  eu  depuis  (l'origine  du)  monde,  et  telle  qu'il  n'y  en  aura  pas, 
jusqu'à  ce  que  soit  entendue  la  parole  de  la  joie  de  la  part  de  ceux  qui 
seront  à  droite  (8).  Adam  et  Eve  habitèrent  dans  le  paradis  à  trois  heures. 

7.  Description  du  paradis.  —  Le  paradis  était  élevé  dans  les  airs;  la 
terre  (du  paradis)  aussi  était  céleste  et  s'élevait  de  quinze  coudées  au- 
dessus  des  hautes  montagnes  et  collines.  (L'arbre  du  fruit  défendu)  était 
le  symbole  de  l'arbre  de  la  croix,  (F.  6  v»  a;  sur  lequel  (Jésus-Christ) 
étendit  ses  mains,  de  l'arbre  de  la  vie  et  du  salut,  (de  l'arbre)  de  la  croix 
sainte,  qui  fut  plantée  en  terre. 

(.4  suivre.) 

Bézaacourt  par  Gournay-en-Bray,  le  12  janvier  1911. 

Sylvain  Grébaut. 

(1)  Texte  :  ,*A  :  hlH.h'ttth.C  •■  Hja^7nc  «  ^fl/WU*  :•: 

(2)  Texte  :  yflA  avec. 

(3)  n<.n.A 

(4)  ft-/{.iCA. 

^ô)  Texte  :  atH-à'é^A  :  jB«fejÇrt-  ••  ^jçr'^lh.  Or,  le  sens  de  +jçrt  est  ici  chanter 
le  trisagion. 

(6)  Mot  à  mot  :  un  os  de  son  côté  gauche. 

(~)  h,^T*  'Édom. 

(8)  L'auteur  fait  allusion  ici  à  la  parole  de  l'Évangile,  relative  au  jugement 
dernier.  Cf.  Matth.,  xxv,  33. 


CATALOGUE  SOMMAIRE 
DES  31ANUSCRITS   COPTES 

DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 

(Suite)  (I) 


III.  LITURGIE 

63 

Liturgies  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire  et  de  saint 
Cyrille  {bohaïrique),  avec  traduction  arabe. 

A.  Fragment  latin  (Actes)  sur  parchemin.  I  r.  Prières  pré- 
paratoires. 52  r. — 89  V.  Anapliore  de  saint  Basile.  90  r. — 
101  V.  Prières  préparatoires.  101  v.  —  166  r.  Anaphore  de 
saint  Grégoire.  166  v.  —  177  r.  Prières  préparatoires.  177 r. 
—  258  V.  Anaphore  de  saint  Cyrille.  259-260.  Fragment  ar- 
ménien sur  parchemin  (écriture  erkathagir). 

Dans  la  liturgie  de  saint  Basile,  ce  manuscrit  mentionne, 
à  r«  Absolution  du  Fils  »,  les  Apôtres,  Marc,  Sévère,  Cyrille, 
Basile,  les  conciles  de  Nicée,  Constantinople  et  Éphèse,  enfin 
le  patriarche.  Au  «  Mémento  des  saints  »  sont  nommés  Sévère, 
Dioscore,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Antoine,  Paul,  les  trois 
Macaire,  Jean,  Pischoï  (niiya)i),  «  nos  pères  de  Rome  »,  les 
49  martyrs  de  Scété  et  Moyse.  Parmi  les  prières  précédant  le 
Pater,  il  n'y  a  pas  celles  qui  commencent  par  (l)f  nip6c|uici  ••• 
et  eAKf   iiAii    iinieuov  ...  Cette   liturgie  se  termine  par  la 

(1)  Voir  HOC.  1910,  p.  85,  133  et  39-2. 


86  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

«  prière  de  la  bénédiction  »  :  haoc  mot  ...  (81  r.)  dans  la- 
quelle sont  mentionnés  les  saints  Etienne,  Georges,  Théodore, 
Mercure,  Menas,  Antoine,  les  trois  Macaire,  Jean,  Pischoï, 
«  nos  pères  de  Rome  »,  les  49  martyrs  et  Moïse.  Vient  ensuite 
(88 r.)  «  la  bénédiction  des  pains  d'eulogie  »  (|)iihb  rioc  ... 

Ms.  de  264  feuillets;  16,5  x  13.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  comprend  une  partie  plus  ancienne,  cotée  en 
lettres  coptes  au  verso;  au  recto  tous  les  feuillets  sont  cotés  en 
chiffres.  La  numération  moderne  commence  par  A,  B  et  s'étend 
ensuite  de  1  à  260  avec  76^'  et  76^  Division  en  cahiers  de  dix 
feuillets,  avec  ornement  à  la  première  et  à  la  dernière  page. 
Il  faut  intervertir  les  derniers  feuillets  dans  l'ordre  suivant  : 
240,  247  à  251,  254  à  258,  241  à  243,  252,  253,  244  à  246,  259 
et  260. 

Chaque  liturgie  est  précédée  d'un  ornement.  Les  titres  sont 
écrits  en  lettres  rouges.  Majuscules  noires,  rehaussées  de  rouge. 
A  ne  s'élève  pas  au-dessus  des  autres  lettres,  mais  s'abaisse 
au-dessous  de  la  ligne.  La  base  de  b  est  rectilinéaire  et  beau- 
coup plus  large  que  la  lettre.  <\)  porte  un  point  rouge  dans  la 
boucle,  à  gauche  de  la  tige;  l^  est  aussi  accompagné  d'un  point 
rouge. 

Acquis  à  Nikiou,  en  1671,  par  Vansleb  dont  le  cachet  sur 
cire  est  empreint  aux  feuillets  1  et  260.  —  Regius(?). 

Invent.  :  Copte  28. 

64 

Liturgies  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire  et  de  saint 
Cyrille  {bohairique),  avec  traduction  arabe. 

1  r.  —  33  r.  Prières  préparatoires.  33  r.  —  58  r.  Anaphore 
de  saint  Basile.  58  r.  —  64  v.  Quatre  prières.  65  r.  —  73  v. 
(sauf  67  et  69).  Prières  préparatoires.  76  r.  —  89  v.  Partie  de 
l'Anaphore  de  saint  Basile.  74  r.  —  75  v.,  69,  67  et  90  r.  — 
108  r.  Anaphore  de  saint  Grégoire.  108  v.  —  114  v.  Prières 
préparatoires.     114  v.  —  161  r.  Anaphore  de  saint  Cyrille. 

Dans  la  liturgie  de  saint  Basile,  ce  manuscrit  mentionne,  à 
l'cr  Absolution  du  Fils  »,  les  Apôtres,  Marc,  Sévère,  Cyrille, 
Basile,  Grégoire,  les  conciles  de  Nicée,  Constantinople  et  Éphèse, 


MANUSCRITS   COPTES.  87 

le  patriarche  et  Tévêque.  Au  «  Mémento  des  saints  »  sont  nom- 
més Sévère,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Antoine,  les  trois  Macaire, 
Jean,  Pischoï,  «  nos  pères  de  Rome  »,  les  49  martyrs  de  Scété 
et  Moyse.  Cette  liturgie  se  termine  comme  dans  le  codex  63, 
par  la  prière  haoc  iiiof  ...  :  on  y  trouve  les  mêmes  noms  de 
saints,  sauf  que  les  49  martyrs  et  Moyse  sont  remplacés  par 
Schenouti.  Viennent  ensuite  la  «  bénédiction  des  pains  d'eulo- 
gie  »  et  deux  oraisons  qui  se  récitent  «  après  le  repas  » 
[ueiieucA  niov(oip]  et  pour  bénir  l'eau  [exeii  otuujov]. 
—  Dans  la  liturgie  de  saint  Grégoire,  au  «  Mémento  des  saints  » 
sont  mentionnés  Sévère,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Antoine  et 
les  trois  Macaire. 

Ms.  de  161  feuillets;  26  x  12.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  de  t.  [7,  feuillet  4]  à  poï.  [177,  feuillet 
160];  six  feuillets  ont  une  double  cote,  au  recto  et  au  verso  : 
37,  58,   127,  137,  147  et  157;  les  nombres  e  et  pKe  ont  été 

omis;  les  feuillets  A-fe',   k-kb,  ab-at,    oa-ofe,   ne-pK^    pou 

du  manuscrit  primitif  ont  été  remplacés  par  les  feuillets  1-3, 
16-17,  27,  65-67,  90-108,  et  161.  Les  feuillets  69  et  65  devraient 
se  trouver  placés  entre  75  et  90;  76  à  89  viennent  d'un  autre 
codex.  Cahiers  de  dix  feuillets,  cotés  par  première  et  dernière 
page  avec  ornements  en  couleurs. 

Les  prières  commencent  parfois  par  une  ligne  de  majuscules  ; 
rinitiale  est  à  l'encre  noire,  rehaussée  de  rouge  :  si  c'est  (\>  ou 
t,  la  tige  est  très  longue.  Id  porte  un  point  rouge  dans  la  bou- 
cle; (J)  en  a  deux. 

Les  feuillets  76  à  89,  paginés  gr  à  o^,  mesurent  18  x  11. 
Ils  contiennent  une  partie  de  l'Anaphore  de  saint  Basile, 
depuis  Aqxcju  ab  iiaii  ehpHi  jusqu'au  début  du  «  Mémento 
des  saints  ».  Division  en  cahiers  :  le  feuillet  o  est  le  dernier 
du  8"  et  le  feuillet  oa  le  premier  du  9'  cahier.  La  cote  est  en 
chiffres  coptes,  en  chiffres  et  en  lettres  an  début  et  à  la  fin  de 
chaque  cahier.  Grandes  majuscules,  parfois  peintes,  ornées 
d'une  tête  d'animal.  La  barre  transversale  de  t  couvre  les 
lettres  voisines  et  la  tige  se  termine  en  anneau  ;  (|)  et  b  ont  un 
point  rouge  dans  la  boucle. 

Acquis  à  Nikiou,  en  juin  1671,  par  Vansleb,  dont  le  cachet 


88  REVUE    DE    L  ORIENT   CHRETIEN. 

sur  cire  est  empreint  sur  le  premier  et  le  dernier  feuillet. 
Regius,  348. 

Invent.  :  Copte  24. 


65 


Liturgies  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire  et  de  saint 
Cyrille  {bohaïrique),  avec  traduction  arabe. 

2  r.  — 46  V.  Prières  préparatoires.  47  r.  — 93  v.  Anaphore 
de  saint  Basile.  94  r.  —  103  r.  Prières  préparatoires.  103  v. 
—  146  V.  Anaphore  de  saint  Grégoire.  147  r.  —  154.  Prières 
préparatoires.  154  v.  —  198  v.  Anaphore  de  saint  Cyrille. 
198r.  —  •229v.  Service  de  la  messe.  230  r.  —  23  Ir.  Pièce 
arabe. 

Pour  la  liturgie  de  saint  Basile,  ce  manuscrit  comprend  dans 
r«  Oraison  des  Pères  »  entre  riAMii  on  ...  api  (|)uevi 
mieqxmoajov  •••  et  rtoiiK  nxooic  une  intercalation  com- 
mençant par  les  mots  f  ueT^yeu^e  lAtoAoïi---  (39  r.)  et, 
après  les  deux  «  Oraisons  du  baiser  de  paix  »,  une  troisième 
attribuée  à  l'apôtre  saint  Jacques  :  (\>f  ovoe  <1)iihb  (46  r.). 
Dansr«  Absolution  du  Fils  »  sont  mentionnés  les  apôtres,  les 
saints  Sévère,  Dioscore,  Chrysostome,  Cyrille,  Basile,  Grégoire, 
les  conciles  de  Nicée,  Constantinople  et  Éphèse,  ainsi  que  le 
patriarche  et  l'évêque.  Le  <>  Mémento  des  saints  »  porte,  après 
Marc  l'évangéliste,  les  noms  de  Sévère,  Dioscore  son  disciple, 
Chrysostome,  Athanase,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Antoine, 
Paul,  les  trois  Macaire,  Jean  Thigoumène,  Pischoï,  Maxime  et 
Domitius  de  Rome,  les  49  martyrs.  Moïse,  Isidore,  Arsène, 
Jean  le  noir,  Daniel  Thigoumène,  Pidjimi,  Éphrem,  Pachôme 
(naiioju)  et  son  disciple  Théodore,  Schenouti  et  son  disciple 
Visa  (baica),  Benofer  (abba  ûovqep),  Siméon  Stylite,  Samuel 
le  confesseur  et  ses  disciples  Juste  et  Apollon,  Barsoma 
(iiApccouA)  le  sage,  Benipi  (b6iiiiii)  et  son  disciple  Jean, 
Barsoma  le  nu,  Tedji  (Texi).  Dans  Toraison  de  r«  Absolution 
du  Père  »,  est  intercalé  un  morceau  (82  r.  —  84  v.)  Api  (i)uevi  ... 
Il  peu 26  qui  n'existe  pas  dans  les  autres  codices  de  la  Biblio- 
thèque.  La  «  Prière  de  la  bénédiction  »  noc  iioeeu  une- 


MANUSCRITS   COPTES.  89 

KAAoc  ...   (90  r.)  ne  se  trouve  que  dans  les    manuscrits  65 
et  72.  Elle  est  suivie  d'un  Mémento  pour  le  patriarche  défunt 

Api   c|)ueTi  noc   wf'hrxH  ... 

Ms.  de  234  feuillets;  21  x  13.  Sans  date  :  au  verso  du  feuil- 
let 234,  une  note  arabe  donne  deux  dates  postérieures  à  l'an 
1000  de  l'ère  des  martyrs. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  lettres  (jusqu'à  pue)  et  en  chiffres 
coptes;  les  deux  premiers  feuillets  sont  plus  modernes,  le 
troisième  porte  le  chiffre  6[=  5];  le  scribe  a  omis  qe  et  pu 

mais  a  redoublé  pqn  et  pqo. 

Il  est  divisé  en  cahiers  de  dix  feuillets,  cotés  par  première  et 
dernière  page  avec  ornement  en  couleurs. 

Un  ornement  en  couleurs  précède  chaque  liturgie  et  chaque 
anaphore.  Les  majuscules  sont  rouges,  ornées  de  vert;  le  texte 
commence  souvent  par  une  ligne  de  majuscules  parfois  suivie 
d'une  ligne  de  texte  à  l'encre  bleue.  Les  lettres  cj),  z  et  j)  por- 
tent un  point  rouge;  les  abréviations  sont  surmontées  d'un 
trait  noir  qui  coupe  un  gros  point  rouge.  Dans  la  reliure  sont 
deux  feuillets  d'un  manuscrit  syriaque  contenant  des  tables  de 
leçons  du  Nouveau  Testament.  Une  feuille  collée  sur  la  dernière 
page  contient  une  note  descriptive,  par  Joseph  Ascari,  datée 
de  1736. 

Claude  Hardy  (dont  le  nom  est  écrit  en  latin,  en  syriaque  et 
en  copte  sur  la  couverture).  —  Colbert,  4901.  —  Regius,  302. 

Invent.  :  Copte  20. 

Bibl.  —  E.  Renaudot,  Liturgiarum  Orientalium  Collectio, 
t.  1,  1725,  p.  1-52  (traduction  latine  des  trois  liturgies). 


66 


Liturgies  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire  et  de  saint 
Cyrille  [bohaïrique). 

Ir.  —  36v.  Prières  préparatoires.  38r.  —  74v.  Anaphore 
de  saint  Basile.  74v.  —  77  v.  Prières  préparatoires.  78  r.  — 
110  V.  Anaphore  de  saint  Grégoire.  111  r.  —  118r.  Prières 
préparatoires.  118v.  —  177  v.  Anaphore  de  saint  Cyrille.  178. 
Feuillet  coté  tob   :  recto,  fragment  d'hymne;  verso,  arabe. 


90  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

2iOr.   —   211  V.  Texte  biblique,  en  arabe.     212  r.  —  217  v. 
Mémento  des  saints. 

Entre  les  feuillets  8  et  9,  lacune  comprenant  la  fm  de  r«  In- 
troduction à  Toblation  »  et  le  début  de  !'«  Absolution  du  Fils  »  ; 
dans  cette  dernière  oraison  sont  mentionnés  les  Apôtres,  Marc, 
Sévère,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  'es  conciles  de  Nicée,  Cons- 
tantinople  et  Éphèse,  ainsi  que  le  patriarche.  Après  r«  Oraison 
du  baiser  de  paix  »  co-oci  can^aji,  une  troisième  oraison 
attribuée  au  patriarche  Sévère  (35  r.)  (\)f  niAïuiovproc... 
Dans  le  «  Mémento  des  Saints  »  sont  mentionnés  la  Vierge, 
Jean-Baptiste,  Marc,  Sévère,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Antoine, 
les  trois  Macaire,  Jean,  Pischoï,  les  49  martyrs  et  Moyse.  L'o- 
raison 6AKf  iiAii...  n'est  pas  dans  ce  manuscrit.  Dans  la 
«  Prière  de  la  bénédiction  »,  qui  est  iiaoc  iiituf...,  sont 
mentionnas  la  Vierge,  les  trois  anges  peqoTeptoim,  les  quatre 
animaux  incorporels,  les  vingt-quatre  vieillards,  Jean-Baptiste, 
les  cent  quarante-quatre  [p  ee  u  lia  (sic)]  Innocents,  les 
Apôtres,  les  trois  jeunes  gens,  Etienne,  Georges,  Théodore,  Mer- 
cure, Menas,  tous  les  martyrs,  Macaire,  Antoine,  Paul,  Macaire, 
Macaire,  Jean,  Pischoï,  «  nos  pères  de  Rome  » ,  Moyse,  Isidore,  les 
49  martyrs,  Schenouti,  Pacôme  et  tous  les  Staurophores.  — 
Les  prières  préparatoires  à  l'anaphore  de  saint  Grégoire  se 
réduisent  dans  ce  manuscrits  à  l'oraison  du  baiser  de   paix 

(t)H  eT^on...  —  Dans  la  liturgie  de  saint  Cyrille,  <\)f  iitk 
farAnH...  est  placé  avant  nApxuroc...  et  attribué  à  Jean  de 
Bostra.  A  la  fm  de  l'office,  au  lieu  de  l'oraison  A^y  iicuor... 
trois  prières  de  Jean  de  Bostra  :  eTaiicri  cBoxeeii  fAct)eApoiA 
...(164v.);  iieoK  ne  eTAiJ\co...  (166  r. ),(})+ (J)H  eTorcuov 
...(167  ).  Suivent  diverses  oraisons,  quelques-unes  attribuées 
à  des  Pères.  —  Le  «  Mémento  des  saints  »,  écrit  d'une  autre 
main  aux  feuillets  212-217,  donne  après  Marc  les  noms  de 
Sévère,  Dioscore,  Athanase,  Jean-Chrysostome,  Cyrille,  Basile, 
Grégoire,  Antoine,  Paul,  les  trois  Macaire,  Jean,  Pischoï,  Paul, 
Maxime  et  Domitius  de  Rome,  les  49  martyrs  de  Scété,  Moyse, 
Jean  le  noir,  Daniel,  Pacôme  et  Théodore,  Schenouti  et  Visa, 
Benofer,  Samuel,  Juste  et  Apollon,  Epip,  Pidjimi,  Apahor 
[enA2op],     Apaphis,     Épiphane,     Ammonius,     Archellitès, 


MANUSCRITS    COPTES.  91 

Arsène,  Cyr  [nepocj,  Psate  et  Callinice,  Pisinthée,  A'mmo- 
nius,  Hermine  [eepuiue],  Jean  l'anachorète,  Aukin  [atkim] 
et  son  fils,  Siméon,  Abraham  et  Georges,  Benipi  et  Jean,  Bar- 
soma,  Ephrem,  Marc,  le  patriarche  Matthieu,  Abraham,  Marc, 
Tedji  et  Barsoma  le  nu. 

Ms.  de  217  feuillets;  16x  12.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  n'a  pas  tous  les  feuillets  cotés  en  copte.  Divi- 
sion en  cahiers.  Le  feuillet  156  devrait  être  avant  155. 

Les  titres,  en  lettres  rouges,  sont  traduits  en  arabe.  Les 
majuscules,  noires,  sont  rehaussées  de  rouge.  Les  lettres  c|),  ,b 
et  z  portent  un  point  rouge. 

Acquise  Nikiou,  enjuin  1671,  par  Vansleb  (note,  217  v.)dont 
le  cachet  sur  cire  rouge  est  empreint  aux  pages  1  r.  et  217  v.  — 
Regius  344. 

Invent.  :  Copte  31. 

67 

Liturgie  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire  et  de  saint 
Cyrille  [bo/iaïrique),  avec  traduction  arabe. 

3  —  7v.,  121  r.  —  122,  8  r.  — 23  v.  Prières  préparatoires. 
23  V.  —40  v.  Anaphore  de  saint  Basile.  51  r.  —  56  r.  Prières 
préparatoires.  56  r.  —  82  r.  Anaphore  de  saint  Grégoire. 
83 r.  — 87  V.  Prières  préparatoires.  87  v.  —  120  v.,  123 —  124. 
Anaphore  de  saint  Cyrille.    125 —  126.  Feuillets  fragmentaires. 

Dans  r«  Absolution  du  Fils  »  sont  mentionnés  Sévère, 
Cyrille,  Basile,  Grégoire,  les  conciles  de  Xicée,  Constantinople 
et  Éphèse,  et  enfin  le  patriarche.  Il  y  a  deux  «  Prières  de 
fencens  »  :  la  première  est  incomplète,  car  il  manque  le  feuillet 
iH  entre  9  et  10;  la  seconde  commence  par  les  mots  iixc 
neiiiiovf  nim^^'f  exoi  iieof...  (10  r.  —  10  v.).  De  même 
deux  «  Prières  de  l'évangile  »  ;  la  seconde  (H  r.)  commence  par 

(|)iiHB  HOC  iHC  n'.xc  ne'riiovf  <\)H  eTAqovtopn-.-  Dans  le 

«  Mémento  des  saints  »  sont  nommés  Sévère,  Cyrille,  Basile, 
Grégoire,  Macaire,  Antoine,  Macaire,  Macaire,  Jean,  Pischoï, 
«  nos  pères  de  Home  »,  les  quarante-neuf  martyrs  et  Moïse. 
Dans  la  «  Prière  de  la  bénédiction  »  (45  v.)  sont  mentionnés  les 
trois  peqepoTOiiiii  Michel,  Gabriel  et  Raphaël,  les  quatre 


92  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

animaux  incorporels,  les  vingt-quatre  vieillards,  Jean-Baptiste, 
les  cent  quarante-quatre  Innocents,  les  apôtres,  les  trois  jeunes 
gens,  les  saints  Etienne,  Georges,  Théodore,  Mercure,  Menas, 
tous  les  martyrs,  Antoine,  les  trois  Macaire,  Jean,  Pischoï, 
Schenouti  et  tous  les  Staurophores.  —  Dans  la  liturgie  de 
saint  Grégoire,  au  «  Mémento  des  saints  »  sont  mentionnés 
Sévère,  Cyrille,  Grégoire,  Basile,  Macaire,  Antoine,  Macaire, 
Macaire,  Jean,  Pischoï  et  «  nos  pères  de  Rome  ».  Une  seconde 
«  oraison  de  la  fraction  »,  avant  le  Pater  (75  v.),  commence  par 
les  mots  ijTOK  ne  niAoroc..  —  Dans  la  liturgie  de  saint 
Cyrille,  les  «  Oraisons  de  la  paix  »  nap^Hroc...  et  (i)f  uxe 
farAnH...  sont  interverties.  Au  «  Mémento  des  saints  »  sont 
mentionnés  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Sévère,  Antoine,  et  les 
trois  Macaire.  Ce  manuscrit  ne  contient  pas  la  prière  iiaeuen 
eBOA2A  nineT2UJov,  avant  le  Pater.  Il  manque  la  «  Prière  de 
l'action  de  grâces  ». 

Ms.  de  126  feuillets;  18  x  10.  Écrit  en  1023  E.  M.  [1307  ap. 
J.-C]  par  Joussouf  fils  de  Batros  (note  arabe,  2  r.). 

Ce  manuscrit  est  coté  en  chiffres  coptes  rouges  et  en  lettres 
noires,  d'une  manière  très  irrégulière.  Division  en  cahiers 
de  dix  feuillets,  cotés  par  première  et  dernière  page. 

Les  prières  préparatoires  et  les  anaphores  sont  précédées 
d'un  ornement  en  couleurs;  au  verso  du  feuillet  précédent, 
croix  ou  ornements.  Les  principales  prières  commencent  par 
une  majuscule  ornée,  accompagnée  d'arabesques  et  d'animaux; 
la  première  ligne  est  en  majuscules,  cj)  et  f  majuscules  ont 
une  très  longue  tige.  (J)  et  13  portent  un  point  rouge  dans  la 
boucle.  Les  paroles  prononcées  par  le  diacre  sont  en  petites 
lettres  noires;  les  répons  du  peuple,  en  rouge. 

A  appartenu  à  Peiresc,  dont  le  cachet  est  imprimé  sur  la 
couverture  et  au  bas  de  quelques  feuillets,  puis  à  Saumaise. 
Une  note  manuscrite  constate  qu'il  fut  acquis  en  1752  pour  la 
Bibliothèque  du  roi,  par  l'abbé  Sallier,  conservateur  des  Im- 
primés, mais  il  n'est  parvenu  au  Département  des  Manuscrits 
que  pendant  la  Révolution. 

Invent.  :  Copte  82. 


MANUSCRITS    COPTES.  93 

68 

Liturgie  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire  et  de  saint 
Cyrille  (bohaïrique),  avec  traduction  arabe. 

1  r.  _  4  r.  Prières  préparatoires.  4  v.  —  50  r.  x\naphore 
de  saint  Basile.  51  r.  —  59  r.  Prières  préparatoires.  .59  v. 
—  102  r.  Anaphore  de  saint  Grégoire.  103  r.  —  109  r.  Priè- 
res préparatoires.  109  v.  —  163  v.  Anaphore  de  saint  Cyrille. 
1(34  r.  _  203  v.  Prières  diverses.  

Le  manuscrit  est  acéphale  et  au  premier  feuillet  (ua),  on 
trouve r«  Oraison  de  l'assistance  »  riAMii  oii...  Aucune  «  Orai- 
son du  baiser  de  paix  ».  Au  «  Mémento  des  saints  »  sont  men- 
tionnés la  Vierge,  Jean-Baptiste,  Etienne,  Marc,  Sévère,  Dios- 
core,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Antoine,  Paul,  les  trois  Macaire, 
Jean,  Pischoï,  «  nos  pères  de  Rome,  Maxime  et  Domitius  », 
les  49  martyrs,  Moyse,  Daniel,  Pacôme  et  son  disciple  Théo- 
dore, Schenouti  et  son  disciple  Visa  (bica),  Benofer,  Samuel 
le  confesseur.  Juste  et  Apollon  ses  disciples,  Barsoma  le  nu. 
Entre  les  oraisons  Api  (i)ueri...   uuHTHpor  eTATeiiKOT... 
et  iiH  U61J  nôô  eAKcri...  est  ajoutée  la  «  Prière  de  la  béné- 
diction »  iiAoc  mot  GTOO^  iiTA  ueTpeqepiJOBi •  •  •  (23v.). 
Il  manque  les  prières  (\)f  nipequici...  et  6AKf  ijaij...  Dans 
la  dernière  «  Prière  de  la  bénédiction  »  iiaoc  iiiof...   sont 
nommés  la  Vierge,  les  anges  Michel,  Gabriel,  Raphaël  et  Sou- 
riel,  les  quatre  animaux  incorporels,  les  vingt-quatre  vieil- 
lards, Jean-Baptiste,  les  cent  quarante-quatre  Innocents,  les 
Apôtres,  les  trois  jeunes  gens,  les  saints  Etienne,  Marc,  Geor- 
ges, Théodore   le   Stratélate,  Théodore   l'Oriental,   Mercure, 
Menas,   Victor,    Claude,   Schêron  (cxHpou),  Isaac,  tous  les 
martyrs,  Antoine,  Paul,  les  trois  Macaire,  Jean,  Pischoï,  «  nos 
pères  de  Rome,  Maxime  et  Domitius  » ,  les  quarante-neuf  martyrs, 
Moyse,  Pacôme,  Schenouti,  Benofer  (Beiiovqep),  Samuel,  Bar- 
soma le  nu.  —  Dans  le  «  Mémento  des  saints  »  de  l' Anaphore  de 
saint  Grégoire  sont  mentionnés  la  Vierge,  Jean-Baptiste,  Marc, 
Sévère,  Dioscore,  Cyrille,  Basile,  Georges,  Antoine,  Paul,  les 
trois  Macaire,  Jean,  Pischoï,  «  nos  pères  de  Rome,  Maxime  et 
Domitius  »,  les  quarante-neuf  martyrs,  Chori  (xujpi),  Moïse, 


94 


REVUE    DE    L  ORIENT   CHRETIEN. 


Daniel,  Pacôme,  Sclienouti  (ceiioreiov),  Benofer,  Samuel, 
Barsoma  le  nu.  Ce  manuscrit  n'a  pas  l'oraison  <|)f  iito  f  a- 
rAiiM  qui  précède  l'anaphore  de  saint  C3'rille.  Dans  la  prière 
iieiiiof  lieu  iiGiiciiMov  eTAveiiKOT  sont  mentionnés  la 
Vierge,  Jean-Baptiste,  Etienne,  Marc,  Sévère,  Dioscore,  Atha- 
nase,  Jean-Clirysostume,  Pierre  martyr,  Philothée  (c|)VAooeoc), 
Ignace,  le  grand  archiprêtre  Démétrius,  Timothée,  Théophile, 
Théodose,  le  patriarche  Matthieu,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  les 
conciles  de  Nicée,  Constantinople  et  Éphèse,  les  saints  Antoine, 
Paul,  et  les  trois  Macaire.  Ce  manuscrit  n'a  ni  la  prière 
iiA^Lieii  eiiOA  ni  celle  qui  commence  par  A>y  ikjuov... 

Ms.  de  219  feuillets;  '21  x  14.  Sans  date  (voir  la  note  arabe, 
203  V.). 

Ce  manuscrit  est  coté,  au  verso,  de  lia  à  ôiT  avec  omission 
de  qA.  Division  en  cahiers  de  dix  feuillets. 

Les  liturgies  sont  précédées  d'un  ornement  en  ors  et  en 
couleurs;  sur  le  verso  du  feuillet  précédent,  ornement.  Rubri- 
ques en  arabe.  Les  principales  prières  commencent  par  une 
lettre  ornée,  en  couleurs,  une  ligne  de  majuscules  et  une  ou 
plusieurs  lignes  en  rouge,  j),  e  et  cj)  portent  un  point  rouge. 

Manuscrit  du  comte  Delaporte,  entré  à  la  Bibliothèque  natio- 
nale pendant  la  première  République. 

Invent.  :  Copte  84. 

69 

Liturgies  de  saint  Basile,  de  saint  GréCxOire  et  de  saint 
Cyr^e  {bohaïriquè),  avec  traduction  arabe. 

piiB  r.  —  cA  r.  Anaphore  de  saint  Basile.     cT,  r.  —  (^  v. 

Prières  préparatoires^ ^  v.  —  ^v^  r.  Anaphore  de  saint 

Grégoire,     tu  r.  —  tob  r.  Prières  préparatoires.     -roB  r.  — 

())i  Y.  Anaphore  de  saint  Cyrille.  ^    v.  —  cKTh  v.  Prières 
diverses. 

Le  manuscrit  est  acéphale,  il  manque  75  feuillets.  Le  texte 

commence  dans  la  «  Prière  de  la  fraction  »;  <j^  nipequici... 

est  placé  après  eAKf  haii...  Les  (    Prières   de  l'action  de 

grâces  »  sont  suivies  d'une  autre  oraison  mmok   im  urAiiYto 


MANUSCRITS    COPTES.  95 

uneiJtoMb...  (9  v.).  Dans  la  prière  de  la  bénédiction  iiaoo 
iiiof...  il  est  fait  mention  des  quatre  saints  poqepoTooiiu 
Michel,  Gabriel,  Raphaël  et  Souriel,  des  quatre  animaux  incor- 
porels, des  vingt-quatre  vieillards,  «  des  cent  saints,  des 
quatre  (sic)  Innocents  (1)»,  des  apôtres,  des  trois  jeunes  gens, 
des  saints  Etienne,  Georges,  Théodore,  Mercure,  Menas,  tous 
les  martyrs,  Macaire,  Antoine,  Jean,  Pischoï,  «  nos  pères  de 
Rome  »,  abba  Moyse,  les  quarante-neuf  martyrs  (il  manque 
peut-être  ici  un  feuillet  coté  cii),  tous  les  Staurophores.  — 
Dans  lanaphore  de  saint  Grégoire,  au  «  Mémento  des  saints  » 
sont  mentionnés  (74  r.)  Cyrille,  Grégoire,  Basile,  Sévère,  Dios- 
core,  Macaire  et  Antoine.  —  L'anaphore  de  saint  Cyrille  porte 
dans  la  prière  iioinof  iieu  iieiiciiHov  6tavii6iikot. 
(1 18  r.)  les  noms  de  la  Vierge,  Jean-Baptiste,  Etienne,  Marc, 
Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Macaire,  Antoine,  Macaire,  Macaire, 
Jean,  Pischoï,  «  nos  pères  de  Rome  »  et  Moyse.  Le  texte  se 
termine  avant  la  prière  A^y  iicuor... 

Ms.  de  195  feuillets;  21  x  14.  Daté  (ca  =  18  r.)  de  l'an 
1318  E.  M.  [1602ap.  J.-C.|. 

Ce  manuscrit,  incomplet  au  début  et  à  la  fin,  est  coté  au 
verso  en  lettres  coptes,  de  piiB  à(|)UH  (chiffres  pairs  seule- 
ment), avec  omission  de  toa.  Il  manque  les  75  premiers 
feuillets,  ceux  qui  étaient  cotés  <\)u  et  c|)ub,  enfin  ceux  qui 
suivaient  ^ujih .  Il  faut  lire  le  texte  dans  l'ordre  suivant  :  44  à 
52,  1  à  42,  60,  43,  53  à  59,  61  à  92,  115  à  183,  188  à  195,  184  à 
187,  93  à  114.  Division  en  cahiers. 

Les  offices  sont  précédés  d'un  ornement  en  ors  et  couleurs. 
Les  titres  sont  en  lettres  rouges  ;  les  principales  prières  com- 
mencent par  plusieurs  lignes  de  majuscules  de  couleurs  variées 
(34  r.,  80  r.,  etc.);  b  porte  un  point  rouge  dans  la  boucle;  <\)  en 
a  deux  ;  ces  lettres  ont  en  outre  la  boucle  rehaussée  de  rouge. 
Notes  arabes  aux  feuillets  ca,  tug  et  tu  h. 

Invent.  :  Copte  83. 

70 

Fragments  liturgiques  (boha'irique),  avec  traduction  arabe. 

(l)  Lire  :  des  cent  quarante-quatre  Innocents;  cf.  n°  HG. 


9G  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 


Feuillets  pq,  pqa  (commencement  de  la  liturgie  de  saint 
Cyrille),  cb,  pka,  cki-,  cgr.,  r.e,  ciu.,  cgn,  ouh,  ce,  ciiï., 
pKu  (?)  (oraison  n\c  neiiiiorf ,  liturgie  de  saint  Grégoire), 
cKe  (?)  (oraison  après  le  Pater,  liturgie  de  saint  Basile),  cm, 

<^(?). 

Ms.  de  19  feuillets;  15  x  12.  Sans  date. 

Les  feuillets  sont  cotés,  au  verso,  en  lettres  coptes  disposées 
entre  deux  traits  rouges.  14  ou  15  lignes  à  la  page.  Les  diverses 
prières  sont  précédées  des  mots  :  prêtre,  diacre  ou  peuple,  en 
copte  et  en  arabe,  écrits  en  lettres  rouges.  Très  grandes 
majuscules,  noires,  ornées  de  rouge,  cb  porte  un  point  rouge 
dans  chaque  boucle;  j)  en  a  un  seul.  Les  abréviations  sont 
surmontées  de  deux  traits,  l'un  rouge  et  l'autre  noir.  Au  verso 

du  feuillet  pq  et  au  recto  de  pqa ,  ornement  en  couleurs.  Les 
feuillets  16  et  19,  non  cotés,  sont  plus  modernes  que  les 
autres.  —  Même  manuscrit  que  le  suivant. 

Acquis  en  1882. 

In  vent.  :  Copte  109. 

71 

Fragments  liturgiques  [bohairique) ,  avec  traduction  arabe. 


Feuillets  cub,  cii,  ckh,  poB,  cua,  c^a,  cie,  pqc,  ciia, 


cï.e,  CIA,  CIIA,  pri,  pue,  cir,  priA  et  (?). 

Ms.  de  17  feuillets;  15  x  12.  Sans  date. 
Même  manuscrit  que  le  précédent. 
Acquis  en  1882. 
hïvent.  :  Copte  108. 


72 


Liturgies  de  saint  Basile  et  de  saint  Grégoire  {bohairique), 
avec  traduction  arabe. 

2  r.  — 49  V.  Prières  préparatoires.  50  r.  —  98  v.  Anaphore  de 
saint  Basile.  100  r.  —  118  v.  Mémento  de  la  liturgie  de 
saint  Cyrille.  120  r.  —  125  v.  Prières  préparatoires.  125v.  — 
164 r.  Anaphore  de  saint  Grégoire.  161  v.  —  lG5r.  Note  en 
copte  et  en  arabe. 


MANUSCRITS    CÙPTKS.  97 

Dans  la  liturgie  de  saint  Basile,  la  «  Prière  de  l'action  de  grâ- 
ces »  ne  comporte  pas  la  seconde  partie  (|)i  m  b  HOC..-  (J)ia)T... 
L'«  Absolution  du  Fils  »  comporte  les  mentions  des  mêmes 
personnages  que  dans  le  manuscrit  64.  Dans  le  «  iMemento  des 
saints  »  sont  nommés  la  Vierge,  Jean-Baptiste,  Etienne,  Marc, 
Sévère,  Dioscore,  Jean  Chrysostome,  Cyrille,  Basile,  Grégoire, 
Antoine,  Paul,  les  trois  Macaire,  Jean,  Pischoï,  Maxime  et 
Domilius,  les  quarante-neuf  martyrs,  et  Moyse.  11  n'y  a  pas  les 
oraisons  (|>f  mpoquici...  et  tiAnf  iiaii...  L'office  se  termine 
par  la  «  Prière  de  la  bénédiction  »  iioc  iioet-u...  —  Le  «  Mé- 
mento »  de  la  liturgie  de  saint  Cyrille  mentionne  la  Vierge  et 
les  saints  Jean-Baptiste,  Etienne,  Marc,  Sévère,  Dioscore,  Jean- 
Clirysostome,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Antoine,  l'aul,  les  trois 
Macaire,  Jean,  Pischoï  et  «  nos  pères  de  Rome  ».  —  Dans  la 
liturgie  de  saint  Grégoire,  il  n'y  a  pas  la  prière  ct>H  tiT,"Joii... 
Le  texte  finit  pari'»  Oraison  d'action  de  grâces  »  TeuyjHii^- 

LIOT..- 

Ms.  de  166  feuillets;  20  x  15.  Daté  (165  r.)  de  l'an  1355  E.  M. 
[1639  ap.  J.-C.]. 

Ce  manuscrit  est  coté  au  verso  en  lettres  coptes,  au  recto  en 
chiffres  arabes,  de  1  à  165  avec  un  feuillet  75  bis.  Division  en 
cahiers  de  10  feuillets  cotés  par  première  et  dernière  page,  avec 
ornement  noir  et  rouge. 

Au  verso  du  premier  feuillet,  croix  en  couleurs.  Les  trois 
parties  principales  sont  précédées  chacune  d'un  ornement  en 
couleurs.  Titres  en  rouge.  La  première  ligne  de  chaque  oraison 
est  écrite  en  majuscules  et  suivie  d'une  ou  plusieurs  lignes  en 
rouge;  la  première  lettre,  très  grande  et  de  plusieurs  couleurs. 
Chaque  alinéa  commence  par  une  lettre  rehaussée  de  rouge. 
t|),  j)  et  ^  portent  un  point  rouge  dans  la  boucle.  Le  a  ne  dépasse 
les  autres  lettres  qu'au-dessous  de  la  ligne;  la  barre  du  t 
forme  un  crochet  à  gauche  et  est  trois  fois  plus  longue  de  ce 
côté-là  ;  la  boucle  du  <]>  forme  un  losange. 

A  appartenu  à  Gaulmin.  —  Regius,  235. 

Invetii.  :  Copte  -29. 


OKIENT   CHKETIEN. 


98  REVUE    DE    l'orient    CIIRÉTIExN. 

73 

Liturgies  de  saint  Basile  et  de  saint  Grégoire  {bohaïrique), 
avec  traduction  arabe. 

2  r.  Mois  grecs  et  mois  coptes.  3  v.  Croix  en  couleurs.  4r. 
—  59  V.  Prières  préparatoires.  59  v.  —  148  r.  Anaphore  de 
saint  Basile.  149v.  —  150r.  Pièce  copte.  151  r.  —  163  v. 
Prières  préparatoires.  164  r.  —  181  v.  Anaphore  de  saint 
Grégoire. 

Dans  r«  Absolution  du   Fils   »  sont  nommés  les  Apôtres, 
Marc,  Sévère,  Dioscore,  Cyrille,  Grégoire,  Basile,  les  conciles 
de  Nicée,  Constantinople  et  Éplièse,  enfin  le  patriarche.  Avant 
le  Credo,  il  n'y  a  pas  l'oraison  tujiik  nA-ooic.  Dans  le  a  Mé- 
mento   des  saints  »  sont   nommés  la   Vierge,  Jean-Baptiste, 
Etienne,    Marc,   Sévère,   Dioscore,  Cyrille,   Basile,    Grégoire, 
Macaire  (uApi),  Antoine,  Paul,  Macaire,  Jean,  Pischoï,  «  nos 
pères  de  Rome  »,  les  quarante-neuf  martyrs,  Moïse,  Daniel, 
enfin  Schenouti.  11  n'y  a  pas  l'oraison  eAKf   iiaij...  Après  la 
«  Prière  de  l'action  de  grâces  »  ueKCBiAïK...  une  autre  oraison 
HBOK  ne    iieTAiixa)...    suivie    de   l'oraison    maoc  iiiof... 
dans  laquelle    sont   mentionnés  la   Vierge,    les   trois  peqe- 
povu)im  Michel,  Gabriel  et  Raphaël,  les  quatre  animaux  in- 
corporels,    les    vingt-quatre    vieillards,     Jean-Baptiste,     les 
cent  quarante-quatre  Innocents,  les  Apôtres,  les  trois  jeunes 
gens,     les     saints    Etienne,    Georges,     Théodore,    Mercure, 
Menas,  tous   les  martyrs,  Antoine,   Paul,    les   trois  Macaire,' 
Jean,   Pischoï,  tous  les  Staurophores.  —  Dans  la  liturgie  de 
saint  Grégoire,  la  piière  n\c  rioiniovf...  est  placée  avant 
l'oraison  <\>\\  eT^jon...  Au  «  Mémento  des  saints  »  sont  men- 
tionnés   la    Vierge,    Jean  -  Baptiste,  Etienne,   Marc,   Cyrille, 
Basile,  Grégoii-e,  Antoine  et  les  trois  Macaire.  Le  manuscrit 
est  incomplet  :  le  texte  se  termine  par  l'oraison  entre  le  Pater 
et  la  Communion;  le  dernier  feuillet  est  plus  moderne  que  les 
autres. 

Ms.  de  181  feuillets;  10x8,5.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  copte  au  verso  des  feuillets,  très 
irrégulièrement;  il  faut  prendre  le  texte  dans  l'ordre  suivant  • 
1  à  99,  130  à  139,  149  à  169,  lOOà  129,  1  10,  170à  181.  Division 


MANUSCRITS    COPTES.  90 

en  cahiers  de  dix  feuillets,  cotés  par  première  et  dernière  page, 
avec  ornement  en  couleurs. 

Au  verso  du  feuillet  3,  croix.  La  liturgie  de  saint  Basile  est 
précédée  d'un  ornement  eu  couleurs;  titre  en  arabe,  première 
ligne  en  majuscules  jaunes  suivie  de  deux  lignes  en  lettres 
rouges.  La  liturgie  de  saint  Grégoire  commence  au  feuillet  I.jI 
par  une  ligne  de  mauscules  dorées  suivie  de  deux  lignes  en 
lettres  vertes;  elle  est  précédée  d'un  ornement  et,  au  verso  du 
feuillet  150,  il  y  a  une  rosace.  Les  titres  sont  en  rouge.  4)  et  j) 
portent  un  point  rouge  dans  la  boucle. 

Au  recto  du  feuillet  3,  sceau  sur  cire  portant  une  croix  à  deux 
croisillons  inégaux  et  les  initiales  F.  D. 

A  appartenu  à  Gaulmin.  —  Regius,  354. 

Invenf.  :  Copte  39. 

{A  suivre.) 

L.  Delaporte. 


BIBLIOGRAPHIE 


Nestûrius,  Le  livre  d'IJéraclide  de  Damas  traauii  en  français  par 
F.  Nau,  professeur  à  l'Institut  catholique  de  Paris,  avec  le  concours  du 
R.  P.  Bedjan  et  de  M.  Brière,  suivi  du  texte  (jrec  de  trois  homélies  de 
Nestorius  sur  les  tentations  de  Notre-Seiyneiir  et  de  trois  appendices  : 
Lettre  à  Cosme,  présents  envoyés  d'Alexandrie,  lettre  de  Nestorius  aux 
habitants  de  Constantinople.  Paris,  Lêtouzey  et  Ané,  1910,  xxviii  et 
404  pp.  —  10  francs. 

Lorsque  M.  Bethune-Baker  fit  paraître  en  1908  son  Nestorius  and  his  tea- 
ching  (1),  plusieurs  s'émurent  de  l'entendre  déclarer  que  le  célèbre  pa- 
triarche de  Constantinople  condamné  au  concile  d'Éphèse  comme  héré- 
siarque n'avait  pas  été  véritablement  hérétique.  D'aucuns  auraient  été 
heureux  de  répondre  au  savant  historien  anglais  qui  n'étaient  pas  en  état 
de  le  faire,  car  la  nouvelle  thèse  était  basée  sur  un  document  nouveau,  et 
celui-ci,  pour  avoir  été  largement  utilisé  et  partiellement  traduit,  n'en 
restait  pas  moins  inédit.  Aussi  fut-on  heureux  d'apprendre  que  le  Livre 
d'Héraclide  allait  bientôt  tomber  dans  le  domaine  public  (texte  syriaque 
édité  par  le  P.  Bedjan,  traduction  française  par  M.  Nau). 

Après  que  Nestorius  eut  définitivement  succombé  aux  attaques  de  saint 
Cyrille  d'Alexandrie,  l'empereur  ne  tarda  guère  à  compléter  par  une  sen- 
tence d'exil  les  condamnations  de  l'autorité  ecclésiastique.  Relégué  à  Pétra, 
puis  dans  la  grande  Oasis,  l'ex-patriarche  consacra  les  loisirs  de  sa  retraite 
à  composer  une  apologie  de  son  enseignement;  c'est  la  dernière  protesta- 
tion d'un  vaincu  qui,  se  croyant  fort  de  son  droit,  en  appelle  déjuges  par- 
tiaux et  insuffisamment  informés,  selon  lui,  au  tribunal  de  la  voix  publique. 
Pour  ne  pas  exposer  ce  dernier  ouvrage  à  la  proscription  qui  frappait  tous 
ses  écrits,  l'auteur  l'avait  intitulé  Traité  d'Héraclide  de  Damas,  vraisembla- 
blement TlpaytiaTefa  'HpaxXsfSou  AafjLaaxrjvou  (2).  Le  pseudonymat  qui  le  sau- 
vait du  feu  nuisit  peut-être  à  la  diffusion  du  livre.  Parmi  les  auteurs  de 
langue  grecque,  on  ne  connaît  qu'Évagre  d'Antioche  qui  l'ait  eu  entre 
les  mains  ;  il  en  a  donné  dans  son  Histoire  Ecclésiastique  une  brève  ana- 
lyse, où  n'est  même  pas  noté  le  titre  exact.  Pourtant  ce  témoin  important 

(1)  Cf.  iROC,  1909,  p.  330-332. 

(2)  Cf.  ROC,  1909,  p.  208-209 


BIBLIOGRAPHIE.  101 

des  dernières  pensées  de  Nestorius  n'était  pas  destiné  à  disparaître  :  aux 
environs  de  l'année  530,  le  patriarche  des  Nestoriens  de  Mésopotimie  et 
de  Pers  ,  Mar  Aba,  avait  rapporté  de  Constantinople  la  liturgie  et  tous  les 
écrits  ce  Nestorius.  Quelques  années  plus  tard,  en  539  ou  540,  le  Livre 
d'Héraclide  fut  traduit  en  syriaque,  à  la  grande  édification  du  moine  Bar- 
'Edtaqui,  nous  dit  son  biographe,  l'avait  étudié  plusieurs  années  et  avait 
fini  par  le  savoir  par  cœur.  Le  beau  zèle  des  cénobites  syriens  ne  fut  pas 
de  longue  durée,  de  Bar-'Edtaau  manuscrit  de  Kotchanès,  c'est-à-dire 
jusqu'au  xr  ou  xiF  siècle,  nous  n'avons  aucun  témoin.  Peu  après,  Ebed- 
jésu  mentionne  le  Livre  d'Héraclide  dans  son  catalogue  des  auteurs  ecclé- 
siastiques, et  ce  n'est  pas  à  dire  qu'il  ait  eu  le  volume  entre  les  mains  ; 
puis,  on  en  perd  toute  trace  jusqu'à  l'exhumation  en  1889  par  un  prêtre 
syrien  du  manuscrit  de  Kotchanès. 

Voilà  l'histoire,  et  combien  misérable  !  du  testament  dogmatique  d'un 
homme  qui  a  été  l'occasion  sinon  la  cause  d'un  des  plus  grands  schismes 
qu'ait  vus  l'Éelise  chrétienne.  L'oubli  dans  lequel  cette  composition  est 
tombée  n'en  diminue  aucunement  la  valeur  documentaire  ;  historiens  et 
théologiens  friands  d'histoire  accueilleront  avec  une  vive  reconnaissance  la 
publication  de  M.  Nau;  les  uns  y  trouveront  une  chronique  du  concile 
d'Éphèse  assez  différente  de  la  version  des  Cyrilliens;  les  autres  y  pren- 
dront connaissance  de  l'argumentation  subtile  et  ardente  d'un  des  meil- 
leurs orateurs  de  l'époque. 

Encore  que  la  plupart  des  lecteurs  de  la  Revue  de  l'Orient  Chrétien 
soient  disposés  à  lire  l'ouvrage  entier,  il  ne  sera  peut-être  pas  inopportun 
d'en  esquisser  le  plan.  Dans  une  introduction  philosophico-théologique, 
Nestorius  examine  en  93  questions  les  divers  points  sur  lesquels  avaient 
porté  ou  portaient  encore  au  début  du  v«  siècle  les  discussions  christo- 
logiques,  puis  il  décrit  les  principales  hérésies  dont  la  dernière  est,  selon 
lui,  la  doctrine  cyrillienne,  celle-là  qui  aurait  dû  être  condamnée  par 
le  concile  d'Éphèse,  à  son  jugement.  Après  une  lacune,  le  texte  reprend 
sur  une  violente  invective  au  patriarche  d'Alexandrie  :  *  Tu  as  réuni  une 
troupe  de  moines  et  de  ceux  qui  étaient  appelés  évêques  pour  le  malheur 
et  le  trouble  de  l'Église  (1)  ».  Suivent  le  récit  et  le  commentaire  des  Actes 
du  concile.  La  description  des  collaborateurs  de  Cyrille  n'est  pas  flatteuse 
et  les  procédés  prêtés  à  l'orthodoxie  ne  sont  pas  des  plus  avouables  :  le 
patriarche  d'Alexandrie  a  circonvenu  l'empereur  et,  fort  de  l'appui  sécu- 
lier, il  a  mis  la  main  sur  l'église  de  Constantinople  où  il  était  étranger. 

Dans  un  appendice  au  traité  de  Nestorius,  M.  Nau  a  reproduit  deux 
textes  qui  sont  un  véritable  commentaire  des  accusations  de  Nestorius.  La 
lettre  écrite  de  Constantinople  à  Cosme  d'Jntioche  expose  au  point  de  vue 
nestorien  les  raisons  de  la  défaveur  où  était  tombé  l'intraitable  patriarche. 
Voici  ce  qui  avait  mis  Cyrille  en  mouvement,  on  verra  de  quel  côté  fut 
la  première  intrusion  dans  les  affaires  d'autrui  :  i  Des  clercs  d'Alexandrie 
vinrent  près  de  l'empereur  et  se  plaignirent  d'avoir  été  censurés  illégale- 
ment par  leur  évéque  ;  Nestorius  les  aida  dans  le  jugement  devant  l'em- 

[\)  Nau,  Le  Livre  d'Héraclide,  p.  89. 


102 


REVUE    DE    L  ORIENT    CHRÉTIEN. 


pereur,  et  cela  l'avait  mis  en  grand  péril  d)  ».  A  la  cour,  Cyrille  avait 
un  auxiliaire  de  choix  en  la  personne  de  l'impératrice  blessée  par  la  ri- 
gueur du  patriarche  de  la  ville  impériale:  «  Pulchérie  et  ses  moniales  dî- 
naient le  dimanche  au  palais  épiscopal,  après  avoir  reçu  la  communion; 
Nestorius  ne  l'admit  pas,  et  il  en  résulta  un  grand  bruit  contre  lui  de  la 
part  des  clercs  et  de  toute  la  cour  (2)  ■».  D'ailleurs  le  pire  ennemi  de  \es- 
torius  était  lui-même,  ses  amis  ne  font  aucune  difficulté  d'avouer  qu'il 
«  n'avait  pas  l'expérience  des  affaires  du  monde  et  manquait  de  ce  qu'on 
appelle  amabilité  (3)  ».  Une  tactique  savante  avait  ménagé  au  patriarche 
d'Alexandrie  des  appuis  qui  n'étaient  pas  tous  désintéressés;  qu'on  lise 
seulement  la  liste  des  présents  expédiés  d'Egypte  pour  être  habilement 
distribués  parmi  les  personnages  influents  de  la  cour  :  Marcellae  cubicnla- 
riae  dirertum  est  ei,  ut  Augustam  rogando  persuadent^  auri  libras  quin- 
quaginta  (4).  Et  ce  n'est  pas  un  document  nestorien  qui  nous  a  conservé 
ce  détail,  c'est  une  lettre  d'Épiphane,  archidiacre  et  syncelle  de  S.  Cyrille. 

Après  avoir  décrit  les  préliminaires  du  concile  et  dépeint  le  caractère 
néfaste  de  ses  adversaires,  Nestorius  en  vient  à  la  controverse  ;  plus  de 
200  pages  du  volume  assez  dense  de  M.  Nau  sont  occupées  par  les  explica- 
tions de  l'ex-patriarche  destinées  à  le  justifier  :  commentaire  du  .symbole, 
examen  des  doctrines  de  Cyrille,  défense  des  extraits  de  ses  propres 
écrits  lus  et  discutés  au  concile,  voilà  les  principales  subdivisions  de  cette 
partie.  Enfin,  à  ceux  que  la  discussion  technique  n'aurait  pas  convertis  à 
ses  idées,  l'auteur  expose  pourfinir  les  malheurs  dont  Dieu  a  frappé  l'em- 
pire à  la  suite  de  sa  déposition,  en  première  ligne  la  déviation  de  la  foi 
sous  l'influence  néfaste  d'Eutychés,  les  épreuves  de  Flavien,  les  violences 
de  Dioscore  au  conciliabule  d'Éphése,  puis,  les  troubles  de  la  nature,  les 
invasions  des  Barbares  :  «  ils  endurèrent  les  contagions,  les  famines,  la 
privation  de  la  pluie,  la  grêle,  la  chaleur,  les  tremblements  de  terre  éton- 
nants, la  captivité,  la  crainte,  la  fuite,  et  tous  les  maux,  et  ils  n'arrivèrent 
pas  à  se  rendre  compte  de  la  cause  de  tels  maux  (5)...  ».  Enfin,  après  toute 
l'ardeur  de  la  discussion,  Nestorius  termine  par  des  paroles  de  résigna- 
tion, où  il  y  a  peut-être  mieux  qu'un  stoïcisme  boudeur  :  «  Réjouis-toi  en 
moi,  désert,  mon  ami,  mon  nourricier  et  ma  demeure,  (et  toi  aussi)  exil, 
ma  mère,  qui  même  après  ma  mort,  garderas  mon  corps  jusqu'à  la  résur- 
rection par  la  volonté  de  Dieu.  Amen  (6)  ». 

Le  nom  du  traducteur,  la  collaboration  du  P.  Bedjan  sont  les  meilleures 
garanties  qu'on  puisse  désirer  pour  l'exactitude  du  sens;  le  français  est 
limpide  et  se  lit  volontiers,  même  dans  les  passages  théologiques  l'es  plus 
ardus. 

Le  volume  contient  encore  un  texte  très  précieux  :  M.  Nau  a  découvert 
dans  un  ms.  de  Paris  l'original  grec  de  trois  homélies  de  Nestorius  sur 


(1)  Op.  cit.,  p.  363. 

(2)  Ibid. 

(3)  Op. cit.,  p.  367. 

(4)  Op.  cit.,  p.  368. 

(5)  Op.  cil.,  p.  317. 

(6)  Op.  cit.,  p.  331. 


BIBLIOGRAPHIE. 


103 


les  tentations  du  Seigneur  dont  Marins  Mercator  avait  conservé  une  partie 
en  traduction  latine.  Ainsi,  il  n"y  a  presque  rien  que  de  l'inédit  en  ce 
gros  volume,  le  troisième  appendice  est  lui  aussi  un  document  nouveau  : 
c'est  la  lettre  de  Xeslorius  aux  habitants  <fe  Constantinople.  reconstituée 
d'après  les  citations  de  Philoxùne  de  Mabboug  etunms.  syria(iue  du  British 
Muséum.  Une  table  analytique  facilite  l'usage  de  cette  publication;  grâce  à 
M.  Nau,  le  Livre  d'Héraclide  sera  entre  les  mains  de  tous  les  théologiens 
une  des  sources  les  plus  importantes  pour  l'étude  des  controverses  chris- 
tologiques  dans  la  première  moitié  du  cinquième  siècle. 

Rome. 

Eug.    TlSSERANT. 

J.  ViTEAU,  docteur  es  lettres,  Les  Psaumes  de  Salomon,  introduction,  texte 
grec  et  traduction,  avec  les  principales  variantes  de  la  version  syriaque, 
par  François  Martin,  S",  428  pages.  Paris,  Letouzey,  1911.  —  6  fr.  75. 

Cinq  manuscrits  grecs  renferment,  à  la  suite  de  livres  de  Salomon,  un 
livre  apocryphe  formé  de  dix-huit  psaumes  attribués  à  ce  roi.  Les  psaumes 
de  Salomon  ont  sans  doute  été  chantés  comme  les  psaumes  de  David,  car 
certains  titres  et  parfois  rindication  de  la  pause  semblent  le  montrer.  Leur 
contenu  est  analogue  à  celui  des  psaumes  canoniques  :  louanges  du  Sei- 
gneur et  des  justes,  éloge  de  la  prière,  blâme  des  pécheurs,  du  juge 
hypocrite,  de  la  médisance,  allusions  aux  événements  contemporains  de 
l'auteur,  annonces  messianiques.  Leur  langue  originale  est  sans  doute 
l'hébreu,  il  reste  une  version  grecque  représentée  par  cinq  manuscrits  et 
une  version  syriaque  (faite  sur  le  grec)  représentée  par  un  seul  manus- 
crit. Leur  forme  est  analogue  à  celle  des  psaumes  canoniques  ;  cependant 
le  parallélisme  est  souvent  difficile  à  établir,  soit  que  l'auteur  ait  négligé 
cet  élément  essentiel  de  la  poésie  hébraïque,  soit  que  le  traducteur  grec 
ne  l'ait  pas  respecté.  L'éditeur  nous  avertit  que  la  fin  du  psaume  xv  a  été 
bouleversée,  p.  333,  n.  15;  qu'une  ligne  de  xvui,  2  a  été  transposée.  Ces 
imperfections  se  retrouvent  sans  doute  encore  ailleurs.  Voici  par  exemple 
le  commencement  du  psaume  xvi. 

1.  Comme  mon  âme  sommeillait  loin  du  Seigneur, 

j'ai  presque  glissé  dans  la  profondeur  du  sommeil. 

2.  Pour  être  lom  de  Dieu,  mon  àaie  était 

presque  répandue  dans  la  mort, 

tout  près  des  portes  de  l'Hadès,  en  compagnie  du  pécheur, 

3.  pendant  <4ue  mon  âme  était  emportée 

loin  du  Seigneur  Dieu    d'Israël, 
si  le  Seigneur  ne  m'avait  secouru 
par  sa  miséricoi-de  pour  toujours. 

4.  Il  m'a  piqué,  comme  l'aiguillon  du  cheval, 

pour  m'éveiller  pour  lui; 

mon  sauveur  et  secoureur  m'a  sauvé  en  toute  occasion. 

Le  premier  verset  est  excellent  et  met  d'autant  mieux  en  relief  la  fai- 


104  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

hlesse  des  trois  autres,  qui  le  suivent,  pour  ainsi  dire,  clopin-clopant  sur 
trois  et  quatre  pieds.  Il  suffit  de  rétablir  les  mots  sous-entendus  par  le 
poète,  d'intervertir  deux  lignes  qui  se  suivent  et  de  coupe»*  autrement  les 
phrases  pour  trouver  : 

I.  Lorsque  mon  àiiie  sommeillait  loin  (lu  Seigneur, 

j  aurais  presque  j;Iissé  dans  la  profondeur  du  sommeil; 

:J.    Lorsquel  mon  âme  était  loin  de  Dieu, 

elle  se  serait  presque  répandue  dans  la  mort; 

3.  Lorsque  mon  âme  était  emportée  loin  du  Seigneur  Dieu  d'Israël, 

[elle  serait  arrivée]  tout  près  des  portes  de  l'enfer  avec  le  pécheur  ; 

4.  Si  le  Seipneur  ne  m'avait  pas  sauvé, 

si,  dans  sa  miséricorde,  il  ne  m'avait  stimulé  toujours  : 

5.  Comme  l'aiguillon  qui  réveille  le  cheval. 

Ainsi  mon  sauveur  et  mon  défenseur  m'a  sauvé  toujours. 

Il  est  certain  que  trop  d'ingéniosité  peut  nuire,  et  qu'il  peut  sembler 
plus  sûr  de  s'attacher  au  mot  à  mot  du  grec.  Cependant  cette  langue  a 
toujours  mal  rendu  la  poésie  hébraïque,  et  c'est  pour  avoir  traduit  de  son 
mieux  la  version  grecque  que  l'ancien  traducteur  latin  des  psaumes  cano- 
niques a  accumulé  tant  de  non-sens.  Il  ne  faut  donc  pas  craindre  de  s'en 
écarter  quelquefois,  lorsque  le  parallélisme  le  demande,  pour  retrouver 
la  pensée  de  l'atiteur. 

Le  recueil  ne  renferme  ni  date  ni  nom  propre ,  mais  présente  du  moins 
des  allusions  nombreuses  à  des  faits  politiques  et  religieux.  Ces  allusions 
s'expliquent  toutes  à  l'époque  de  la  rivalité  de  Hyrcan  et  d'AristobuIe  et  de 
la  prise  du  temple  par  Pompée.  Les  parti.sans"^  d'AristobuIe,  les  saddu- 
céens,  sont  les  pécheurs;  les  partisans  d'Hyrcan,  les  pharisiens,  sont  les 
i listes.  L'auteur,  bien  entendu,  est  de  ces  derniers.  La  prise  de  Jérusalem 
par  Pompée  et  la  mort  de  celui-ci,  plus  tard,  en  Egypte,  sont  indiquées 
avec  assez  de  clarté.  Les  événements  se  déroulent  de  Tan  69  à  l'an  47 
avant  notre  ère.  On  a  par  là  même  la  date  de  composition  des  divers 
psaumes,  si  l'on  admet  qu'ils  ont  été  composés  individuellement  et  qu'ils 
sont  contemporains  des  faits  auxquels  ils  font  allusion.  Ils  auraient  été 
réunis  plus  tard  en  un  recueil  sans  tenir  compte  de  l'ordre  chronologique 
et  auraient  été  traduits  avant  l'an  70  de  notre  ère. 

M.  V.  traite  toutes  ces  questions  dans  une  introduction  très  documentée 
qui  comprend  l'histoire  de  la  Palestine  à  l'époque  de  la  composition  des 
])saumes  et  la  destinée  de  ce  recueil  dans  les  littératures  juive  et  chré- 
tienne ;  l'analyse  du  livre  et  des  doctrines  qu'il  renferme,  avec  des 
études  sur  la  date,  l'auteur,  le  lieu  de  composition  ;  le  texte  original  et  les 
versions.  La  bibliographie  est  réunie,  p.  240-251,  par  ordre  chronologique, 
et  une  table  alphabétique  très  détaillée,  p.  :n7-397,  facilite  les  recherches! 
M.  l'abbé  F.  Martin  a  ajouté  la  traduction  des  variantes  de  la  version 
syriaque  qui  représente  en  somme  un  ancien  manuscrit  grec. 

Cette  édition,  avec  son  introduction  si  documentée  et  ses  nombreuses 
notes,  est  une  véritable  mine  de  renseignements  pour  l'historien  et  l'exé- 
gète;on  reconnaît  encore  l'helléniste  éprouvé  qu'est  M.  Viteau  aux  nom- 


BIBLIOGRAPHIE.  105 

breiises  ];a,ges(p.  105-148)  qu'il  consacre  à  l'étude  minutieuse  de  la  version 
grecque. 

M.  E.  W.  Brooks  nous  signale  une  citation  des  versets  1  à  G  du  Ps.  m, 
insérée  par  Jacques  d'Édesse  en  l'an  675,  dans  sa  revision  des  hymnes  de 
Sévère  d'Antioche  {P.  0.,  Vil,  726).  Cette  version  syriaque  est  ?innoncée 
comme  «  De  la  Sagesse  (de  Salomon)  »  ;  elle  est  différente  de  celle  que 
M.  Rendel  Harris  a  éditée,  mais  elle  en  confirme  plusieurs  fois  les  lectures. 
La  découverte  de  cette  ancienne  citation  est  d'importance  capitale,  car  on 
n'en  possède  aucune  autre,  puisque  les  écrivains  grecs  et  latins,  comme 
l'écrit  M.  Viteau,  p.  184-185,  «  gardent  le  silence  le  plus  profond  sur  les 
Psaumes  de  Salomon  ». 

F.  Nau. 


Le  P.  Cyrille  Charon  (Cyrille  Karalevsky,  de  l'éparchie  de  Lvov),  Histoire 
des  Patriarcats  Melkites,  tome  II,  fasc.  l.  Rome,  1910  (Paris,  Geuthner 
ou  Picard). 

Dans  l'avant-propos  de  ce  deuxième  volume  (1),  qui  comprendra  l'histoire 
moderne  de  l'Église  melkite,  l'auteur  explique  de  quelles  ressources  il 
dispose  pour  reproduire  la  physionomie  et  l'activité  des  trois  patriarches 
de  cette  époque  Maxime  Mazjoum,  Grégoire  Youssef  et  Pierre  Géraïgiry. 
Le  présent  fascicule  est  tout  entier  consacré  au  premier  de  ces  trois  per- 
sonnages, grâce  à  qui  fut  réalisée,  dans  la  première  moitié  du  dix-neuvième 
siècle,  l'émancipation  civile  des  melkites  catholiques. 

Mazloum,  baptisé  sous  le  nom  de  Michel,  était  né  en  1779.  Instruit  dans 
les  sciences  ecclésiastiques  par  deux  prêtres  d'Alep,  sa  ville  natale,  il  re- 
çut le  sacerdoce  en  1806  des  mains  du  métropolite  d'alors,  le  célèbre  Ger- 
manos  Adam.  L'année  même  de  son  ordination,  après  avoir  été  secrétaire 
du  concile  de  Qarqafé,  Michel  Mazloum  prenait  part  à  la  longue  discus- 
sion qui  divisa  les  catholiques  Alépins  sur  la  question  de  l'épiclèse.  Le  mé- 
tropolite Adam  avait  formulé  sur  ce  grave  sujet  des  propositions  manifes- 
ement  conformes  à  la  doctrine  des  orthodoxes  ;  les  laïques  s'en  émurent 
et  portèrent  le  débat  au  tribunal  du  patriarche  Agapios  III  Matar;  Michel 
Mazloum  et  quelques  prêtres  qui  avaient  soutenu  dès  le  début  les  opinions 
de  leur  métropolite  s'y  obstinèrent,  bien  que  celui-ci  fût  mort  en  commu- 
nion avec  l'Église  catholique,  et  présentèrent  au  patriarche  une  apologie 
de  leur  conduite.  Les  troubles  provoqués  par  cette  discussion  étaient  loin 
d'être  terminés  lorsque  le  P  Mazloum  fut  consacré  métropolite  d'Alep  sous 
le  nom  de  Maxime  par  Agapios  qui  s'était  retourné  du  côté  des  Adamites. 
Cette  cérémonie  eut  lieu  le  6  août  1810,  après  une  élection  aussi  peu  cano- 
nique que  possible. 

Ces  débuts  dans  la  vie  ecclésiastique  de  celui  qui  devait  donner  à  TE- 
glise  melkite  catholique  une  bonne  partie  de  sa  constitution'  témoignent 

H)  Cf.  la  recension  du  tome  III,  fasc.  1.  ROC  1009,  XVI.  4»3  sq. 


106  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

assez  do  son  caractère;  Maxime  s'est  montré  dès  lors  d'une  ambition  très 
énergique,  secondée  par  une  grande  habileté  et  une  déconcertante  mobilité 
d'opinions.  D'ailleurs  les  temps  furent  rarement  plus  agités  :  en  moins  de 
trois  ans,  trois  patriarches  se  succédèrent  sur  le  siège  d'Antioche,  et  de 
1810  à  1815,  la  S.  Congrégation  de  la  Propagande,  désorganisée  comme  toute 
la  cour  romaine,  fut  incapable  de  donner  une  solution  à  l'affaire  d'Alep 
dont  elle  avait  été  saisie.  Après  bien  des  péripéties,  Mazloum,  venu  à 
Rome,  renonça  à  son  siège  et  fut  promu  à  Tarchevèché  titulaire  de  Myre 
après  s'être  solennellement  engagé  à  finir  ses  jours  en  Occident,  où  il 
pourrait  s'occuper  des  affaires  de  son  patriarche. 

Maxi'me  ne  resta  pas  inoccupé  :  profitant  avec  beaucoup  d'à-propos  d'une 
occasion  qui  lui  était  offerte  de  parler,  à  Trieste,  avec  l'empereur  d'Autri- 
che François  I,  il  sollicita  de  celui-ci  la  protection  officielle  de  l'Autriche 
pour  ses  coreligionnaires.  Il  commençait  par  cet  acte  l'œuvre  capitale  de  sa 
vie,  l'émancipation  civile  des  melkites  catholiques,  —  émancipation  bien  né- 
cessaire, car  malgré  leur  renonciation  au  schisme,  les  catholiques  de  rite 
byzantin  étaient  restés  jusqu'alors  soumis  dans  toutes  les  affaires  tempo- 
relles à  la  juridiction  des  patriarches  orthodoxes,  et  en  raison  de  cette  situa- 
tion bien  étrange,  conflits  et  abus  de  toute  sorte  ne  manquaient  pas.  Après 
un  voyage  à  Vienne  pour  continuer  l'œuvre  commencée  à  Trieste,  Maxime 
se  rendit  à  Marseille  pour  y  organiser  la  vie  religieuse  d'une  communauté 
melkite  déjà  forte  de  500  âmes;  en  1823,  il  rentrait  à  Rome  d'où  il  s'était 
absenté  six  ans.  Las  de  son  séjour  en  Occide'ht,  Maxime  se  vit  enfin  accor- 
der en  1831  l'autorisation  de  retourner  dans  son  pays;  deux  ans  après,  il 
était  élu  patriarche,  le  6 avril  1833,  enfin  confirmé  par  le  papeGrégoire  XVI 
au  consistoire  du  l*^""  février  1836. 

Après  un  chapitre  très  documenté  sur  l'histoire  politique  de  la  Syrie,  suit 
un  exposé  très  complet  de  l'œuvre  accomplie  par  l'infatigable  patriarche  ; 
nous  regretterions  de  déflorer  en  la  résumant  cette  intéressante  narration, 
on  la  lira  dans  le  livre  du  P.  Charon.  Notons  seulement  quelques  épisodes  ; 
un  ah  après  son  élection,  Maxime  III  entre  solennellement  a  Damas,  où 
aucun  patriarche  catholique  n'avait  pénétré  depuis  cent  dix  ans,  tant  était 
grandie  fanatisme  des  orthodoxes  ;  il  y  consacre  une  nouvelle  église  après 
un  audacieux  discours  sur  la  liberté  religieuse.  L'année  suivante,  1835,  il 
fait  ouvrir  une  chapelle  à  Homs,jusque-làfermée  aux  catholiques  ;  e^n  même 
temps,  il  s'impose  un  fatigant  et  périlleux  voyage  dans  la  triste  région  du 
Hauran,  abandonnée  par  ses  prédécesseurs  depuis  cent  cinquante  ans,  et 
il  y  ressuscite  le  catholicisme  qui  n'a  pas  cessé  depuis  d'y  faire  des  pro- 
grès. En  1836,  Mazloum  est  au  Caire,  payant  de  sa  personne,  préchant, 
bâtissant,  organisant  dans  tous  ses  détails  la  communauté  dont  il  était  le 
chef.  En  même  temps  qu'il  veillait  à  l'administration  intérieure  de  son 
Eglise,  le  patriarche  engageait  avec  l'autorité  civile  une  lutte  dont  il  devait 
sortir  vainqueur  :  il  s'agissait  d'obtenir  pour  ses  ouailles  l'émancipation  civile 
du  joug  orthodoxe,  et  ce  ne  fut  pas  trop  de  son  habileté  et  de  son  courage 
pour  assurer  le  triomphe  d'une  juste  cause  où  l'appui  de  la  diplomatie 
française  ne  lui  fit  pas  défaut.  Mazloum  n'hésita  pas  à  entreprendre  le 
voyage  de  France  et  à  séjourner  plusieurs  années  à  Constantinople  ;  il  ne 


BIBLIOGRAPHIE.  107 

rentra  en  Syrie  que  quand  il  eut  obtenu  gain  de  cause,  après  une  absence 
de  douze  ans,  le  23  mars  1848;  son  arrivée  à  Beyrouth  fut  un  triomphe. 

Nous  avons  omis  dans  ce  bref  exposé  ce  qui  concerne  les  conciles  de 
'Ain  Tràz  (1835)  et  de  Jérusalem  (1849)  ;  et  nous  n'avons  fait  aucune  allu- 
sion aux  documents  pour  la  plupart  inédits  que  l'auteur  a  insérés  dans  son 
récit,  ils  intéressent  quiconque  s'occupe  de  l'histoire  des  églises  orientales. 
Les  dernières  années  de  l'altier  patriarche  furent  troublées  par  plusieurs 
affaires  etnotammentpar  ses  démêlés  avec  le  digne  métropolite  de  Beyrouth 
Agapios  Riàchi.  Agé  de  .soixante-quinze  ans,  mais  actif  comme  dans  sa  jeu- 
nesse, Maxime  s'embarque  pour  l'Egypte  à  la  fin  de  1854;  il  voulait  construire 
dans  Alexandrie  une  cathédrale  grecque  catholique,  comme  il  l'avait  fait 
quelques  années  plus  tôt  à  Jérusalem  ;  il  y  tomba  malade  et  resta  plus  d'un 
mois  dans  un  état  très  grave  au  début  de  1855  ;  pourtant  le  jeudi  saint  il 
était  guéri,  et  ne  cessa  pas  de  faire  les  démarches  nécessaires  à  la  cons- 
truction de  l'église  jusqu'à  ce  qu'il  fut  terrassé  par  un  mal  incurable.  Le 
11  août  (31  juillet)  1855,  Maxime  mourait  après  d'atroces  souffrances  sainte- 
ment supportées,  laissant  l'Église  catholique  melkite  libre  et  passablement 
organisée.  Nous  espérons  que  l'auteur  ne  tardera  pas  à  publier  l'histoire 
des  deux  successeurs  de  Mazloum;  là  encore  il  y  aura  bien  des  détails  cu- 
rieux à  glaner,  et  le  fait  que  le  P.  Charron  a  été  témoin  oculaire  de  cer- 
tains événements  ne  contribuera  pas  peu  à  augmenter  l'intérêt  et  la  valeur 
de  son  livre. 


Rome. 


Eug.  TiSSERANT. 


P.    Bedjan,   Homiliœ    selectee    Mar    Jacobi    Sarugensis,    t.    V.    8°,   x\- 
908  pages.  Leipzig,  Harrassowitz,  1910. 

Ce  nouveau  volume,  édité  par  le  vénérable  septuagénaire  si  actif,  si 
zélé  —  nous  serions  tenté  de  dire  :  si  jeune  —  qu'est  le  R.  P.  Bedjan, 
comprend  quarante-neuf  homélies.  Elles  sont  numérotées  de  147  à  195  (1)  à 
la  suite  des  homélies  choisies  contenues  dans  les  quatre  précédents 
volumes.  Quarante-huit  sont  éditées  pour  la  première  fois,  d'après  des 
manuscrits  de  Londres,  de  Mardin,  de  Mossoul,  d'Oxford,  de  Paris  et  de 
Rome.  C'est  miracle  de  voir  l'auteur,  soutenu  par  son  amour  de  l'Église 
qu'il  veut  orner  de  nouvelles  couronnes,  réunir  les  documents,  les  trans- 
crire, les   interpréter  par  une  vocalisation  toute  personnelle,  et  corriger 

(I)  Sur  Gain  et  Abel  (liT-liiO);  sur  Sodome  (lSl-154);  sur  Melchisédek  (JSb);  sur  Job 
130-157),  sur  Moïse,  sur  la  ûlle  de  Jephlc,  sur  Samson;  sur  la  chute  des  élus;  sur  David 
et  Urie  ;  sur  Ozias  et  Isaïe  ;  sur  le  torrent  que  vit  Ezéchiel;  sur  la  présentation  de  N.  S.  ; 
sur  Luc,  II,  34;  sur  Cana,  sur  le  trésor  enfoui;  sur  Luc,  xiii,  H  ;  sur  la  femme  hémor- 
roisse  ;  sur  Luc,  xiv  ,  16;  sur  Luc,  xx,  29;  sur  la  parabole  des  talents;  sur  le  lundi  des 
Rameaux;  sur  la  Pàque  légale  au  jeudi  saint;  sur  la  mort  et  le  démon;  sur  le  chérubin 
et  le  bon  larron;  sur  Jean,  xxi,  14;  sur  le  paralytique'gueri  par  S.  Pierre  et  S.Jean  ;  sur 
Édesse  et  Jérusalem  ;  sur  S.  Georges  ;  sur  l'admonition,  sur  les  défunts  (sept  homélies)  ; 
sur  la  mort;  sur  le  décès  d'une  religieuse  (litt.  :  sur  une  fille  de  l'alliance  pure,  vierge 
qui  quitte  ce  monde);  sur  la  fin  du  monde  et  le  dernier  jugement  (quatre  homélies). 


108  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

avec  tant  de  soins  de  multiples  épreuves.  En  récompense  de  tant  de 
peine,  il  confirme  les  dogmes  catholiques  dont  Jacques  de  Saroug,  au 
v«  siècle,  est  si  souvent  un  témoin  autorisé  et  il  fournit  aux  prêtres  et  aux 
fidèles  chaldéens,  si  déshérités  jusqu'à  lui  du  pain  intellectuel,  des  lec- 
tures édifiantes,  intéressantes  et  instructives. 

L'historien  peut  glaner  aussi  des  témoignages  en  faveur  des  anciennes 
traditions.  Jacques  vient  ajouter  son  témoignage  à  celui  d'Eusèbe  lorsqu'il 
expose  celle  qui  faisait  l'orgueil  d'Édesse.  Pour  lui  aussi  Abgar  le  Noir  a 
écrit  au  Christ  de  venir  habiter  près  de  lui  à  Édesse  :  «  Ma  ville  est  petite, 
mais  belle  et  elle  suffit  pour  nous  deux  »,  lui  fait  dire  Eusèbe. 

Jacques  oppose  Édesse  l'araméenne,  la  fille  des  Parthes,  à  Jérusalem 
la  juive  qui  voit  les  prodiges  et  n'en  est  pas  touchée. 

Par  l'entremise  de  son  roi  juste  (et)  plein  de  foi, 

Édesse  fit  prier  le  Fils  de  Dieu  de  venir  chez  elle. 

Le  roi  Abgar,  qui  était  aussi  appelé  «  le  Noir  », 

père  de  la  fiancée,  priait  l'époux  de  venir  près  d'elle, 

La  nuit,  pour  ainsi  dire,  envoyait  (chercher)  le  jour, 

car  il  portait  le  nom  de  «  Noir  »  (qui  est)  la  couleur  de  la  nuit... 

A  la  figure  lumineuse  qui  parcourait  le  pays  de  Juda 

(Édesse)  fit  dire  de  venir  éclairer  son  obscurité... 

«  Viens  près  de  moi,  Fils  de  Dieu  qui  es  venu  sur  terre, 

Éclaire  nos  places  publiques  et  dissipe  nos  vaines  idoles  »... 

Édesse  la  première  et  sans  apôtres  (pour  le  prêcher)  a  aimé  le  Fils  ; 

elle  n'a  pas  eu  besoin  de  prédicateurs  de  la  foi... 

Le  roi  crut  en  Notre-Seigneur  :  qu'il  était  le  Fils  de  Dieu, 

et  qu'il  était  descendu  du  ciel  pour  marcher  dans  le  pays  de  Juda. 

Le  poète  se  tourne  ensuite  vers  ses  contemporains  et  les  exhorte,  en 
termes  pathétiques,  à  se  montrer  dignes  de  leurs  devanciers;  il  constate 
enfin  que  l'Évangile  a  été  prêché  par  tout  le  monde  et  termine  par  : 

Le  Fils  de  Dieu  a  répandu  (sa)  lumière  sur  la  terre  ténébreuse; 
Béni  celui  qui  est  venu  et  qui  a  chassé  l'obscurité  de  (nos)  pays. 

L'homélie  suivante  est  un  nouveau  témoignage  de  l'ancienneté  de  la 
légende  qui  raconte  le  martyre  de  saint  Georges,  sous  le  roi  Dadianos,  et 
ses  multiples  souffrances.  En  somme,  ces  éditions,  données  avec  tant  de 
peines  et  de  soins  par  le  R.  P.  Bedjan,  seront  utiles  à  l'historien  et  au  phi- 
lologue, mais  contribueront  surtout  à  instruire  et  à  édifier  ses  compatriotes, 
les  prêtres  chaldéens,  auxquels  il  a  dévoué  sa  vie. 

F.  N.\u. 


Fr.  I.  c.  c.\RD.  Vives  o.  m.  cap..  De  ine/fabili  bonitate  Sacratissimi  Cordis 
/esw  (contemplationes  et  orationes  quotidiaucc  in  menses  duodecim 
distributae,  adiectis  orationibus  marianis).  Rome,  1911,  librairie  Fr. 
Pustet.  In-Ro  broché,  vi-4«U  pages.  —  3  L. 

Ce  remarquable  ouvrage  ascétique   est  avant  tout  complet,  concis  et 


BIBLIOGRAPHIE.  109 

solide.  Dire  de  lui  qu'il  est  une  véritable  Somme  de  théologie  affective  sur 
le  Sacré-Cœur,  c'est  le  caractériser  assez  justement. 

L'auteur  a  réuni  avec  discernement  —  pour  les  distribuer  un  à  un  aux 
divers  jours  de  l'année  —  les  meilleurs  fragments  sur  le  Sacré-Cœur, 
épars  dans  les  œuvres  des  auteurs  les  plus  compétents.  Sententiœ  B.  Mar- 
garitœ  Marias  Alacoque  ex  gallico  sermone  translata;  ponuntur.  Ea  quse 
ex  libris  S.  Alphonsi  Mariae  de  Ligorio,  S.  Leonardi  a  Portu  Mauritio, 
Beati  Pompilii  M.  Pirrotti,  et  devoti  Thomae  Bergomensis  leguntiir,  ex 
italicis  eorum  opusculis  excerpta  sunt.  Quœ  vero  ex  variis  Carthusianis 
scriptoribus  habentur,  ex  gallicis  prœcipue  editionibus  veniunt  ;  exceptis 
scriplis  B.  Dionysii  Carthusiani  et  Lanspergii,  quœ  latine  ab  ipsis  édita 
fuerunt  (p.  m).  Chaque  méditation  quotidienne  est  suivie  d'une  oraison  à  la 
Sainte  Vierge,  que  l'on  pourrait  dire  appellative,  car  elle  commence  tou- 
jours par  un  prédicat,  attribué  à  Marie  par  un  Père,  un  Saint,  ou  un  dévot 
personnage  [Emandatrix  mnndi  :  S.  Jean  Damascène;  Exemplar  spon- 
tanese  paupertatis  :  S.  Éloi,  etc.),  que  l'auteur  énonce  sous  la  forme  sui- 
vante :  0  Maria  Jmmaculata,  quse  a  S.  Damasceno  rite  dicta  es  :  Emun- 
datrix  mundi...,  et  dont  il  fait  le  corps  de  son  oraison. 

Les  méditations  sont  écrites  dans  une  langue  sobre,  claire,  nerveuse 
même.  L'exposition  théologique  est  à  la  fois  profonde  et  précise.  Point  de 
sentimentalisme,  mais  partout  richesse  de  doctrine,  solidité  des  argu- 
ments et  élévation  des  pensées.  La  distribution  des  sujets  est  faite  de 
manière  à  écarter  toute  monotonie.  Tantôt,  les  fondements  de  la  dévotion 
au  Sacré-Cœur  sont  établis  avec  netteté,  v.  g.  :  55.  Cor  lesu  non  separatim 
a  sacratissima  Persona  Christi  colitur  (p.  16);  55.  Cor  lesu  nobis  aman- 
dumest,  quia  est  Cor  Creatoris  atque  ludicis  nostri,  Cor  Patris,  Pastoris, 
Cor  Régis,  Cor  Nautx  nostri  (p.  87)  ;  tantôt,  un  bref  commentaire  de 
l'Ecriture  est  donné  :  Devotio  Divini  Cordis  in  sacris  Sc7'ipturis  insinuata 
(p.  228j  ;  5.  Paulus  Apostolus  et  55.  Cor  lesu  (p.  247)  ;  Circa  verba  :  Vulne- 
rasti  Cor  meumsoror  mea  aponsa...  (p.  248)  ;  ici,  se  trouve  une  série  d'élé- 
vations, tirées  des  grands  dévots  au  Sacré-Cœur  :  Contemplatio  devoti 
lacobi  Alvarez  de  XII  Cordis  lesu  munditiis  (pp.  23-36)  ;  55.  Cor  lesu... 
umatornostri  (Innoc.  Carth.)  (pp.  363-391);  Cor  lesu  solamen  in  Iribulatio- 
nibus;  Cor  lesu  immensi  amoris  centrum,  etc.  (B.  Pompilius  Maria  Pir- 
rotti) (pp.  394-436)  ;  là,  ce  sont  des  élans  du  cœur,  pix  aspirationes 
(pp.  220-238)  ;  plus  loin,  les  faits  historiques  occupent  une  place  importante  : 
ils  consistent  en  un  résumé  succinct  de  tout  ce  qui  a  contribué  à  promou- 
voir et  à  répandre  le  culte  du  Sacré-Cœur,  comme  les  nombreux  synodes 
provinciaux,  les  règles  des  familles  religieuses,  les  actes  et  décrets  des 
Papes. 

Une  neuvaine  {supplicatio  novendialis)  en  l'honneur  du  Sacré-Cœur, 
ainsi  que  des  oraisons  variées  pour  Pâques,  l'Ascension,  la  Pentecôte,  là 
Fête-Dieu  et  la  Fête  du  Sacré-Cœur  sont  ajoutées  en  supplément.  Il  eût 
été  utile  que  la  table  des  matières,  simplement  énumérative,  fût  accom- 
pagnée d'un  répertoire  alphabétique. 

L'heureuse  alliance  de  la  variété  à  l'unité  rend  la  lecture  du  livre 
très  attrayante.  Mais  le  principal  mérite  de  l'ouvrage  est  d'éclairer  Tin- 


110  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

telligence,  de  fortifier  la  volonté,    d'échauffer  le    cœur,   en    un  mot  de 
donner  à  l'àme  une  nourriture  substantielle. 

Sylvain  Gréuaut. 

Le  P.  Paul  Abboud,  maronite,  vicaire  épiscopal  à  Jaffa,  Les  relations 
des  Maronites  avec  le  Saint-Siège  au  XVII I^  siècle  (en  arabe),  3  vol. 
Beyrouth,  Imprimerie  Attawfick,  N.  Sabra,  1909.  —  15  francs. 

Le  R.  P.  Abboud  vient  de  publier  en  trois  volumes  l'histoire  des  événe- 
ments qui  se  sont  déroulés  au  Liban  dans  la  seconde  moitié  du  xvin'  siècle, 
surtout  sous  le  patriarcat  de  Joseph  Stefan,  17G6-1793. 

L'auteur  laisse  la  parole  aux  faits,  en  donnant  les  documents  quil  a  pu 
trouver  aux  Archives  de  la  Propagande,  du  Patriarcat  maronite  ou  dans  les 
collections  particulières.  La  plupart  de  ces  documents,  qui  étaient  jus- 
qu'ici inédits,  se  composent  de  lettres  adressées  par  les  Souverains  Pon- 
tifes et  les  Préfets  de  la  Propagande  aux  Patriarches  ou  au  peuple 
maronites,  de  quelques  écrits  et  lettres  du  Patriarche  Joseph  Stefan,  de 
.synodes  nationaux  et  de  relations  officielles  de  cette  époque.  Le  P.  Abboud 
en  donne  le  texte  original  latin  ou  italien  accompagné  d'une  traduction 
arabe. 

A  la  lecture  de  ces  documents,  on  est  frappé  du  profond  attachement  et 
de  la  soumission  filiale  que  les  maronites  se  glorifient  d'avoir  toujours 
témoignés  à  l'Eglise  romaine,  mère  de  toutes  les  Églises.  Le  P.  Abboud  a 
très  bien  mis  ce  fait  en  relief.  Mais  ce  qu'il  a  surtout  visé,  c'est  de  réta- 
blir la  vérité  historique  sur  la  fameuse  religieuse  Hendié,  fondatrice  de 
la  congrégation  du  S. -Cœur  au  Liban  (1720-1798).  11  retrace  à  l'aide  de 
ces  documents  le  portrait  de  cette  religieuse  et  le  rôle  qu'elle  a  joué  au 
Liban  pendant  une  quarantaine  d'années. 

Le  R.  P.  Abboud,  qui  a  dépensé  beaucoup  de  temps  et  de  patience  pour 
mettre  ces  documents  à  la  portée  du  public,  témoigne  aussi  d'un  sens 
critique  judicieux  et  pénétrant  et  d'une  impartialité  remarquable.  Les 
historiens  trouveront  dans  son  ouvrage  la  contribution  la  plus  conscien- 
cieuse et  la  plus  informée  qui  soit  sur  Ihistoire  de  l'Église  maronite  au 
xviii^  siècle. 

Pierre  Dib. 


Livres  nouveaux. 

René  Basset,  La  Banal  So'âd,  poème  de  Ka'b  ben  Zohaïr,  publiée  avec 
une  biographie  du  poète,  une  traduction,  deux  commentaires  inédits  et 
des  notes:  8-^,  180  pages.  Alger,  Jourdan,  1910. 

Ka'b  ben  Zohaïr  est  un  poète  arabe  antéislamique.  Il  reste  de  lui  quel- 
ques pièces  de  vers  relatives  aux  principaux  événements  de  sa  vie;  la 
principale,  récitée  au  moment  où  il  se  convertissait  à  l'islamisme  —  entre 
les  mains  de  Mahomet  lui-même  -—  pour  éviter  la  mort,  commençait  par 


BIBLIOGRAPHIE.  111 

les  deux  mots  BAnat  So'ad  «  So  ad  a  disparu  »  qui  ont  servi  depuis  à  la 
désigner. 

Cette  pièce  plut  au  Prophète  au  point  qu'il  jeta  son  manteau  sur  les 
épaules  de  Ka'b.  Le  calife  Mo 'awiah  racheta  ce  manteau  au  fils  de  Ka'b  et 
le  mit  dans  le  trésor  des  califes  qui  le  revêtaient  à  certaines  fêtes.  M.  René 
Basset  traduit  cette  pièce  célèbre,  p.  45  50,  au  milieu  d'un  grand  nombre 
d'autres  relatives  à  la  vie  de  Ka'b  et  fait  suivre  cette  étude  du  texte  arabe 
de  la  Bânat  So'âd  et  des  commentaires  d'Ibn  Yalalbakht  et  de  Tha'lab, 
accompagnés  de  nombreux  passages  parallèles  d'autres  poètes  arabes. 


Miguel  Asin  Palacios,  La  polemica  anticrUliana  de  Mohamed  el  Caïsi,  8", 
28  pages,  1909,  Extrait  de  la  Revue  Hispanique,  t.  XXI. 

L'auteur,  de  la  tribu  de  Caïs,  vivait  sans  doute  à  Tunis  vers  la  fin  du 
XM"  siècle  et  avait  été  prisonnier  à  Lérida.  En  quelques  pages  intitulées 
«  question  »,  il  attaque  la  Trinité  et  l'Incarnation.  Pour  lui,  comme  pour 
tous  les  Musulmans,  le  Christ  n'est  qu'un  prophète  gratifié  de  la  grâce 
divine. 

Rappelons  que  Francisco  Codera,  le  maître  de  M.  Asin,  a  été  reçu  mem- 
bre de  l'Académie  royale  espagnole  le  15  mai  1910.  M.  Codera,  après  avoir 
été  professeur  de  grec,  a  consacré  sa  vie  à  l'étude  comparée  de  l'arabe 
et  de  l'espagnol  pour  rechercher  ce  que  ces  deux  langues,  parlées  simulta- 
nément durant  plusieurs  siècles  dans  presque  toute  la  péninsule  ibérique, 
se  sont  emprunté  l'une  à  l'autre.  Cette  étude  comparée  porte  sur  la 
grammaire,  le  vocabulaire,  la  prononciation,  les  littératures,  les  relations 
politiques,  la  philosophie;  ses  nombreux  élèves,  Ribera,  Meneu,  Pons, 
Asin,  etc.,  le  secondent  dans  ces» multiples  recherches.  Cf.  Discursos  leidos 
ante  la  real  Academia  espagnola,  en  la  réception  publica  delexcmo.  sr.  D. 
Francisco  Codera,  8°.  84  pages,  Madrid,  imprenta  iberica,  1910, 

Malachia  Ormanian.  ci-devant  patriarche  arménien  de  Constantinople, 
L'Eglise  arménienne,  son  histoire,  sa  doctrine,  son  régime,  sa  discipline, 
m  liturgie,  sa  littérature,  son  présent,  8"  x-192  pages.  Paris,  1010. 

Ce  court  résumé,  clair  et  concis,  sans  notes  ni  références,  de  l'histoire 
et  des  institutions  de  l'église  arménienne,  se  lit  avec  intérêt.  Il  a  le  tort  de 
paraître  en  même  temps  que  l'ouvrage  si  complet  et  si  documenté  du 
Père  Tournebize,  annoncé  plus  haut,  HOC,  1910,  p.  334.  Il  a  le  tort, 
plus  grand  encore,  de  faire  à  la  polémique  une  place  qui  ne  lui  attirera 
guère  de  partisans  et  qui  pourra  lui  aliéner  bien  des  lecteurs  :  que  penser 
des  nombreux  couplets  sur  la  perfection  relative  de  l'église  arménienne 
démontrée  par  le  fait  qu'elle  a  jugé  le  premier  concile  d'Éphèse  plus  im- 
partial, plus  général,  nous  dirions  plus  catholique,  que  celui  de  Chalcé- 
doine  ?  Pourquoi  veut-il  arrêter  la  liste  des  conciles  généraux  au  concile 
d'Ephèse  et  empêcher  l'Église  de  continuer  à  fixer  les  points  en  litige, 


112  REVUE   DE    l'orient   CHRETIEN. 

c'est-à-dire  de  vivre?  Quel  service  peuvent  rendre  à  l'histoire  d'Armé- 
nie des  phrases  comme  celle-ci  :  «  on  peut  dire  que  la  dernière  encyclique 
de  Rome  a  prononcé  définitivement  le  divorce  entre  son  église  et  la 
science  »  (p.  82)?  Elles  nous  obligent  uniquement  à  nous  rappeler  que  la 
nation,  représentée  par  l'auteur  de  cette  phrase,  ne  savait  encore  ni  lire 
ni  écrire  au  commencement  du  v^  siècle  (cf.  p.  18),  et  qu'elle  a  plus  brillé 
par  ses  traducteurs  que  par  ses  auteurs  originaux  ;  elle  est  donc  mal  venue 
à  se  poser  en  champion  de  la  science  en  face  de  TÉglise  romaine.  Une 
préface  étrange,  que  Ms''  Ormanian  a  laissé  mettre  entête  de  son  ouvrage 
(on  y  loue  l'église  arménienne  de  ce  que  le  clergé  est  à  la  discrétion  des 
fidèles,  p.  11  ;  de  ce  qu'elle  fait  bon  marché  de  la  doctrine,  p.  111  ;  de  ce 
qu'elle  accepte  la  suppression  des  privilèges  des  communautés  religieuses, 
p.  IX),  nous  autorise  à  penser  qu'il  n'est  peut-être  pas  responsable  de  tous 
les  passages  polémiques,  d'ailleurs  très  contestables,  qui  déparent  son 
œuvre. 


Patrologia  Orientams,  gr.  in-S*^,  format  de  Migne,  Paris,  Firmin-Didot, 
t.  VI,  710  pages,  prix  42  francs.  —  t.  VII,  804  pages  prix,  net  47  fr.  85. 
Ces  deux  volumes  ont  coûté  26  fr  55  et  30  fr.  15  (port  en  sus)  aux  sous- 
cripteurs. Voir  ci-après,  sur  la  couverture,  le  contenu  de  ces  deux  volu- 
mes. Quelques-uns  des  fascicules  seront  l'objet  de  comptes  rendus.  Signa- 
lons seulement  que  la  souscription  sera  close  le  l^""  juillet  1911.  Le  prix 
de  souscription  (0  fr.  60  la  feuille)  a  été  consenti  jusqu'ici  pour  favoriser 
les  savants,  et  tous  ceux  qui  ont  fait  les  frais  de  quelques  publications 
orientales  savent  qu'il  est  vraiment  un  prix  de  faveur.  A  partir  du 
l*""  juillet  1911  le  prix  unique  sera  de  0  fr.  95  la  feuille  (port  en  sus)  pour 
ies  acheteurs  qui  n'auront  pas  souscrit  avant  cette  époque. 

La  rédaction  de  la  Theologische  Literaturzeilung,  fondée  par  E.  Schùrer 
en  1876,  nous  prie  d'annoncer  qu'elle  élargit  son  programme  et  l'étend 
aux  questions  historico-philologiques,  à  Thistoirede  l'Église  et  aux  littéra- 
tures étrangères.  Elle  se  limitait  plutôt  auparavant  aux  diverses  manifes- 
tations de  la  théologie  protestante  en  Allemagne.  Chaque  numéro  com- 
prendra deux  feuilles.  Les  vingt-six  numéros  de  l'année  coûtent  18  marks; 
Éditeur  :  J.  C.  Hinrich.  Leipzig;  Directeur  :  A.  Titius,  Gottingue. 


Le  Directeur  gérant 
F.  Charmetant. 


Tjj/op-aphie  Finnin-Diilot  et  C 


HISTOIRE  DU  COUVENT 
DE    RABBAN   HORMIZD 

DE  18U8  A   1832 
{S m  te)  (1) 


Année  1822. 


Quand  le  nombre  des  frères  eut  augmenté  et  qu'ils  eurent  appris  à  lire 
la  langue  chaldeenne  et  la  langue  arabe,  notre  père  Gabriel  et  le  conseil 
de  la  communauté  choisirent  alors  huit  frères  pour  l'ordre  du  sacerdoce 
et  un  pour  le  diaconat  de  l'Evangile.  Ce  furent  Joseph  Audô  d'Alqôs,  Man- 
?our  Asmar  de  Tclkepc,  Thomas  Kabàrà  de  Tesqôpà,  Augustin  de  Tëlkêpê 
Raphaël   de  Te  kep.    Antoine  de  Telkep.,  Laurent   d'Alqôs  et  Jean  dé 
Telkepe  (2)    Aotre  père  Gabriel  les  conduisit  à  Amid  auprès  d'Augustin 
Hendi  et  ce  digne  personnage  les  consacra  prêtres  et  Jean  diacre  de  l'Évan- 
gile :  ceci  eut  lieu  en  l'année  1822,  le  25  adar.  Notre  père  Gabriel  demanda 
a  Mar  Augustin  d  en  élever  deux  parmi  les  prêtres  à  la  dignité  de  métro- 
politain et  celui-ci  refusa  en  ces  termes  :  .  Je  ne  peux  consacrer  des  mé- 
tropolitains sans    e  conseil  de  la  Sacrée  Congrégation.   .  C'est  pourquoi 
notre  père  Gabriel  laissa  deux  prêtres  à  Amid  auprès  de  (Mâr  Augustin) 
jusqua  ce  fut  arrivée  la  réponse  de  la  Sacrée  Congrégation;  les  prêtres 
qu  11  y  laissa  étaient  ,1e  prêtre  Mansour  et  le  prêtre  Thomas.  Il  prit  lui- 
même  les  autres  prêtres  et  ils  revinrent  au  couvent.  Cette  année-là  entrè- 
ent  Zacliarie  de  Telkêpe,  Anselme  de  Têsqôpâ,  Athanase  de  Têlseqipâ 
oachim  de  Telkepe    Yàunan  de  Telkêpê,  le  diacre  Joseph  d'Amid,'£ 
de  Mossoul,  Martin  d'Alqôs  Cyriaque  d'Alqôs,  Éphrem  d'Alqôs,  Philippe 
de  Telkepe,  Lewis  (^.«.]  de  Telkëpe,  Jérôme  de  Tëlkepe,  Gfrânîmôs  de 

Année  1823. 

Notre  père  Gabriel  alla  une  autre  fois  à  Amid.  Cette  année-là  encore  il 

(1)  Voy.  llJlo,  p.   iio. 

{■il  II  manque  un  nom  propi-e. 

OniE.NT    CIlIîtTirN. 


111  REVUE   DE    l'ORTENT   CHRÉTIEN. 

emmena  avec  lui  quatre  autres  frères;  il  fit  prêtres  trois  d'entre  eux  et 
diacre  de  l'Évangile  le  dernier;  c'étaient  le  prêtre  Jean,  le  prêtre  Etienne, 
le  prêtre  André  et  le  diacre  Martin.  11  demanda  encore  à  Mâr  Augustin  de 
consacrer  métropolitains  les  deux  premiers  prêtres  qui  viennent  d'être 
nommés  et  celui-ci  n'y  consentit  pas.  Notre  père  Gabriel  envoya  ensuite 
au  couvent  le  prêtre  Jean,  le  prêtre  André  et  le  diacre  Martin;  il  prit  avec 
lui  le  prêtre  Etienne  et  partit  pour  Béroe  qui  est  Alep,  où  ils  écrivirent 
et  envoyèrent  des  lettres  à  la  Sacrée  Congrégation.  Quand  il  était  dans 
cette  ville,  la  Sacrée  Congrégation  répondit  à  Mâr  Augustin  de  choisir 
quelques  moines  du  couvent  de  Mâr  Hormîzd  pour  les  créer  métropolitains 
et  pour  occuper  les  sièges  vacants  de  la  nation  chaldéenne.  Mar  Augustin 
envoya  une  lettre  à  notre  père  Gabriel  et,  après  son  retour  à  Amid,  il 
consacra  deux  métropolitains,  le  prêtre  Mansour  qu'il  appela  Basile  pour 
la  région  de  'Amâdya  et  le  prêtre  Thomas  qu'il  appela  Laurent  pour 
Babylone.  Avant  le  retour  d'Amid  de  notre  père  Gabriel  entrèrent  cette 
année-là  le  frère  Aklîmandous  de  Têlkêpê,  Rokos  de  Manguêsë,  Samuel 
d'Are  {^m),  Élie  de  Ma'altâyè,  le  prêtre  Isaac  de  Guessa,  Benoît  de 
Tëlseqïpa,  Romain  d'Alqôs,  Vincent  (^ci..^ïix*ax.o)  d'Alqôs,  Damien  d'Alqôs, 
Elisée  de  Deh(:»k  et  Cléophas  de  Têlkëpë. 

Année  1824. 

Après  que  les  deux  métropolitains  eurent  reçu  la  consécration,  notre 
père  Gabriel  les  laissa  à  Amid  et  ne  les  emmena  pas  par  crainte  du  mé- 
tropolitain Jean,  et  lui  il  revint  au  couvent.  Cette  année-là  il  vint  à  Ba- 
bylone le  métropolitain  latin  Pierre  Coupperie  (^vâ<i=).  Dès  son  arrivée, 
Mar  Jean  alla  le  trouver  et  l'importuna  afin  qu'il  fit  quelque  chose  pour 
lui  auprès  de  la  Sacrée  Congrégation.  Coupperie  était  encore  étranger  et 
ne  connaissait  pas  ses  affaires,  (aussi)  il  lui  dit  :  «  Moi  je  t'apporterai  la  fin 
de  ta  peine  de  la  part  de  la  Sacrée  Congrégation.  »  Quand  le  prêtre 
Georges,  administrateur  du  siège  de  Babylone,  apprit  cela,  il  alla  le  trou- 
ver à  Mossoul  avec  notre  père  Gabriel  et  ils  lui  racontèrent  toutes  ses 
affaires.  Alors  Coupperie  le  laissa  et  l'abandonna  et  il  resta  avec  le  prêtre 
en  question. 

Année  1825. 

Avant  qu'il  se  fût  écoulé  beaucoup  de  temps,  le  cœur  du  métropolitain 
Coupperie  s'éloigna  de  Mâr  Augustin.  Le  prêtre  Jean  de  Têsqôpa  se  dé- 
tourna aussi  du  couvent  et  du  père  Georges  en  question  et  il  suivit  Mâr 
Jean.  Le  prêtre  Jean  écrivit  des  lettres  au  nom  des  notabilités  et  des  prêtres 
de  la  localité  de  Mossoul  au  métropolitain  Pierre  Coupperie  afin  qu'il 
apportât  de  la  Sacrée  Congrégation  pour  Mâr  Jean  Hôrmizd  la  fin  de  sa 
peine,  et  le  métropolitain  Coupperie  écrivit  et  envoya  une  lettre  à  la 
Sacrée  Congrégation,  pour  qu'elle  prononçât  en  faveur  de  Mâr  Jean  la 
fin  de  sa  peine.  Cette  année-là  entrèrent  au  couvent  Sîpâ  d'Alqôs,  Léon 
de  Têlkëpë  et  André  de  Tèlkêpê.  Quand  fut  arrivé  au  couvent  le  diacre 


HISTOIRE    DM    COUVENT    DE    RABB\N    HORMIZD.  115 

Joseph  d'Amid  qui  savait  un  peu  parler  la  langue  chaldéenne,  il  com- 
mença à  apprendre  aux  frères  à  parler  (le  chaldéen)  et  les  frères  apprirent 
à  parler  la  langue  chaldéenne  et  la  langue  arabe.  Lorsque  le  nombre  des 
prêtres,  des  diacres  et  des  lecteurs  eut  augmenté,  notre  père  Gabriel  les 
envoya  deux  par  deux  dans  les  campagnes  et  les  villes  pour  prêcher,  en- 
seigner et  instruire  les  enfants  :  à  Alqôs  deux  prêtres  et  deux  diacres,  à 
Pios  un  prêtre  et  un  diacre,  à  Nesëryâ  un  prêtre  et  un  diacre,  à  Tësqôpâ 
deux  diacres,  à  Têtnayâ  un  prêtre  et  un  diacre,  à  Mossoul  un  prêtre 
et  un  diacre,  à  Babylone  un  prêtre  et  un  diacre,  à  Bôsra  deux  prêtres, 
à  Ma^eltayè  un  prêtre  et  un  diacre,  à  Etouk  un  prêtre  et  un  diacre,  à 
Esrm  Birta  un  prêtre  et  un  diacre,  à  Rezë  un  prêtre  et  un  diacre,  à  Tela  un 
prêtre  et  un  diacre. 

Cette  année-là  il  y  eut  une  persécution  dirigée  contre  nous  par  Mâr 
Jean.  Lorsque  Merâd  pacha,  gouverneur  de  'Amâdya,  fut  descendu  dans 
la  région  et  qu'il  fut  venu  à  Alqôs,  notre  père  Gabriel  s'enfuit  parce  qu'il 
craignait  d'avoir  à  faire  sa  soumission  au  gouverneur  en  question;  nous 
cachâmes  les  autres  prêtres  dans  une  caverne  de  la  montagne  et  nous  les 
envoyâmes  de  nuit  à  Tesqôpâ  auprès  de  notre  père  Gabriel;  ceux  qui  se 
trouvaient  dans  les  campagnes  de  'Amâdya  s'enfuirent  pendant  la  nuit 
dans  la  région  de  Mossoul  et  il  ne  resta  au  couvent  qu'un  vieillard,  le 
prêtre  Hôrmîzd.  Le  fils  du  gouverneur  monta  au  couvent  avec  des  hommes 
de  Mar  Jean  ;  ils  cherchèrent  dans  le  couvent  ceux  qu'ils  désiraient  sans 
les  trouver  et  finalement  ils  redescendirent  tous  le  même  jour. 

Quand  le  gouverneur  en  question  fut  sorti  d'Alqôs,  le  frère  du  gouver- 
neur de  Mossoul  monta  à  Alqôs  :  Mâr  Jean  avait  accusé  auprès  de  lui  le 
prêtre  Georges  et  ce  frère  du  gouverneur  nommé  Sa'lr  bàg  était  monté 
afin  de  nuire  au  prêtre  en  question.  Beaucoup  de  gens  conseillèrent  au 
vieillard  de  s'enfuir  et  lui  ne  s'enfuit  pas.  Mais  quand  il  se  trouva  en  face 
de  Sa'îr  bàg,  Dieu  changea  le  cœur  de  ce  tyran.  Ce  dernier  dit  aux  no- 
tabilités d'Alqôs  qui  se  trouvaient  là  :  «  C'est  le  prêtre  Georges  que  Mar 
Jean  a  accusé? .  —  «  Oui, .  répondit  celui-ci.  Là-dessus  (Sa'îr  bàg)  ajouta  : 
«  Ne  crains  rien,  on  ne  te  fera  absolument  aucun  mal.  »  Après  avoir 
trouvé  grâce  devant  lui,  (le  prêtre  Georges)  lui  expliqua  le  comment  de 
l'affaire  de  Mâr  Jean  et  la  cause  de  la  haine  qu'il  lui  portait.  (Sa'lr  bâg)  à 
partir  de  cette  époque  devint  l'ami  du  prêtre  Georges  et  celui-ci  lui  de- 
manda de  créer  un  métropolitain  pour  la  région  de  Mossoul  et  de  faire 
venir  les  deux  métropolitains  que  nous  avons  nommés  plus  haut  et  qui 
étaient  à  Amid.  Sa'îr  bâg  lui  accorda  alors  cette  faveur  et  le  prêtre  Geor- 
ges et  Jérémie  Daqdo  la  demandèrent  au  gouverneur  de  Mossoul  Hâhâ 
pacha  que  cette  démarche  apaisa.  Là-dessus  le  père  Georges,  notre  père 
Gabriel  et  Monsieur  (k^aa)  Jérémie  envoyèrent  le  prêtre  et  moine  Joseph 
Audo  auprès  de  Mâr  Joseph  Hêndî  pour  que  celui-ci  le  consacrât  métropo- 
litain de  Mossoul  et  pour  qu'il  l'envoyât  avec  les  deux  autres  métropolitains 
qui  étaient  (à  Amid);  ceci  eut  lieu  en  l'année  1825  dans  le  mois  d'adar. 


116  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Année  1826. 

Après  la  consécration  de  Joseph  Audô,  Mâr  Joseph  Hendî  les  envoya 
tous  les  trois  et  ils  vinrent  à  Mossoul.  Alors  le  prêtre  Georges  et  le  raïs 
d'Alqôs  allèrent  trouver  le  gouverneur  et  lui  donnèrent  cinquante  sacs  de 
piastres  {^o-^)  (1),  afin  qu'il  leur  accordât  la  faveur  et  le  sultan  la  leur 
octroya  ensuite  en  leur  donnant  un  écrit.  Ils  sortirent  et  vinrent  dans  la 
région,  et  ce  fut  une  allégresse  et  une  joie  telle  qu'il  n'y  en  eut  jamais 
(le  semblable  dans  toute  la  contrée.  Ils  montèrent  à  Alqôs  et  allèrent 
trouver  Mâr  Jean,  mais  ils  ne  s'entendirent  pas.  Après  être  monté  au 
couvent  et  en  être  descendu  le  même  jour,  Mâr  Joseph  resta  à  Alqôs  et 
débuta  par  une  ordination,  tandis  que  Mâr  Laurent  à  Tesqôpâ  et  Mâr  Basile 
à  Têlkëpe  faisaient  une  ordination  chacun  en  son  lieu.  Cette  année-là 
(entrèrent  au  couvent)  Paul  de  Têlkëpe,  Thomas  de  Têlnâyâ,  Mathieu  de 
Tetnâyâ,  Laurent  de  Tëtnâyâ,  Sëm'an  de  Séert. 

Année  1827. 

Mâr  Laurent  descendit  à  Babylone.  Quant  à  Mâr  Basile,  il  fut  chassé  de 
la  région  de  Mossoul  par  le  gouverneur  et  il  alla  trouver  Mâr  Joseph  Hêndï 
à  Amid,  parce  que  l'une  des  notabilités  de  Tëlkëpë  avait  porté  des  accusa- 
tions contre  lui.  Cette  année-là  entrèrent  au  couvent  Michel  de  Mardin,  le 
diacre  David  de  Manguësë,  le  diacre  Péthion  d'Amid,  Jean  de  'Amêdâ, 
Mansour  d'Alqôs  et  le  diacre  Antoine  de  Guezïd. 

Cette  année-là  le  métropolitain  latin  Pierre  Coupperie  monta  et  vint  à 
Mossoul  et  il  apporta  à  Mâr  Jean  Hôrmizd  la  fin  de  sa  peine  de  la  part  de 
la  Sacrée  Congrégation  et.  après  l'arrivée  de  celui-ci  à  Mossoul,  il  fit  cesser 
son  interdit.  Mâr  Joseph,  le  prêtre  Georges  et  notre  père  Gabriel  descen- 
dirent trouver  (le  métropolitain  Pierre)  et  eurent  avec  lui  un  entretien 
pour  que  la  région  de  'Amcâdya  appartint  à  Mâr  Joseph.  Pierre  Coupperie 
accepta,  mais  Mâr  Jean  refusa  ;  le  métropolitain  Pierre  se  fâcha  contre  lui 
et  Mâr  Jean  s'en  alla  auprès  d'Asqeph  Besârâ.  Après  des  pourparlers,  ces 
derniers  mandèrent  là  le  métropolitain  Pierre,  le  firent  revenir  de  son 
idée  pour  suivre  leur  conseil  et  ils  ne  donnèrent  pas  le  diocèse  de  'Amâ- 
dya  à  Mâr  Joseph.  Le  métropolitain  Pierre  sortit  ensuite  pour  visiter  le 
diocèse  de  Mossoul  et  pour  confirmer  Mâr  Jean;  il  monta  au  couvent  et  en 
descendit  le  même  jour.  Après  cela  il  se  rendit  dans  le  diocèse  de  'Amàdya 
qu'il  parcourut  en  entier  et  il  alla  faire  visite  au  gouverneur  de  'Amàdya. 
puis  il  descendit  à  Mossoul.  Après  qu'il  fut  descendu  à  Mossoul,  un  prêtre 
du  couvent  nommé  le  prêtre  Joseph  d'Amid  eut  une  tentation.  Il  s'in- 
surgea contre  notre  père  Gabriel,  il  avait  également  d'autres  compagnons 
parmi  les  prêtres  et  les  frères,  lesquels  l'approuvaient  secrètement; 
c'étaient  ceux  qui  demandaient  le  changement  de  la  nourriture  sous  pré- 
texte qu'elle  était  vile  et  qui  voulaient  que  l'on  fit  encore  d'autres  modi- 
fications selon  leur  bon  plaisir.  A  partir  de  ce  moment  Satan  sema  la  zi- 

(Ij  Le  te.Kte  ajoute  -^^Z». 


HISTOIRE    DU    COUVENT   DE    RABBAN    HORMIZD.  117 

zanie  parmi  les  frères  du  couvent;  jusqu'alors  en  effet  ils  n'avaient  eu 
tous  qu'un  seul  esprit  et  qu'une  seule  intention  et  ils  obéissaient  à  leur 
supérieur  tous  dans  une  même  volonté.  Ce  prêtre  Joseph  d'Amid,  du  jour 
oîi  il  était  entré  au  couvent,  avait  appris  et  enseigné  la  lecture  jusqu'à  ce 
qu'il  fut  ordonné  prêtre  et  devenu  administrateur  du  couvent.  Comme  il 
n'était  pas  établi  dans  la  crainte  de  Dieu,  dans  la  sainte  humilité  et  dans 
la  vie  parfaite,  il  ne  put  pas  se  maintenir  dans  les  degrés  élevés  et  il 
tomba.  Une  première  fois  il  descendit  du  couvent  et  on  le  fit  rentrer.  Les 
frères  et  les  prêtres  qui  l'avaient  suivi,  quand  ils  virent  qu'il  était  descendu 
du  couvent,  se  séparèrent  de  lui  et  le  laissèrent  seul.  Peu  de  jours  après, 
comme  il  ne  pouvait  encore  supporter  de  demeurer  dans  le  couvent,  il 
descendit  une  seconde  fois  et  il  alla  trouver  le  métropolitain  Pierre  à  Mos- 
soul.  11  exposa  ses  plaintes  contre  notre  père  Gabriel,  en  présence  même 
de  notre  père  Gabriel,  et  ils  discutèrent  la  question  devant  lui.  Le  prêtre 
susnommé  dit  au  métropolitain  Pierre  :  «  Je  ne  suis  pas  seul,  mais  j'ai 
d'autres  compagnons  au  couvent.  »  Alors  le  métropolitain  Pierre  écrivit 
une  lettre  au  frère  administrateur  de  notre  père  Gabriel  et  lui  ordonna 
d'en  donner  connaissance  dans  le  couvent  à  tous  les  frères  réunis  : 
«  Chaque  frère  demeurera  en  silence  dans  sa  cellule  tout  seul  pendant 
huit  jours;  tous  seront  constamment  appliqués  aux  prières  et  aux  ré- 
flexions spirituelles;  au  bout  de  huit  jours  ceux  qui  voudront  rester  au 
couvent  en  feront  le  vœu  publiquement  et  solennellement;  toi,  consacre 
les  moines  ;  et  ceux  qui  ne  voudront  pas  faire  ce  vœu  sortiront  du  cou- 
vent. »  Il  envoya  la  lettre,  lui  et  notre  père  Gabriel;  l'administrateur 
suivit  les  prescriptions  et  au  bout  de  huit  jours  nuus  fîmes  tous  les  pro- 
messes, les  serments  et  les  vœux;  il  ne  sortit  qu'un  seul  frère  séculier 
qui  n'était  pas  lecteur,  nommé  Michel  Doudà.  Le  prêtre  Joseph  sortit  éga- 
lement du  couvent  et  alla  à  Amid  auprès  de  Mâr  Joseph  Hêndi.  Cette 
année-là  le  métropolitain  Pierre  envoya  du  couvent  deux  prêtres  dans 
la  ville  de  Bosra. 

Année  1828  (1). 

Le  métropolitain  Pierre  descendit  à  Babylone.  Après  un  mois  entier 
notre  père  Gabriel  se  disposa  également  à  partir  :  il  prit  avec  lui  deux 
prêtres,  Paul  Gêndi  Gâmâlâ  de  Tolkepê  et  Philippe  de  Telkepe,  et  il  des- 
cendit à  Babylone  trouver  le  métropolitain  Pierre.  De  là  il  fît  route  vers 
la  grande  Rome  après  avoir  établi  à  sa  place  comme  administrateur  le 
vénérable  père  Jean  :  il  faisait  lui-même  ce  voyage  afin  d'apporter  l'ap- 
probation pour  le  couvent  de  la  part  de  la  Sacrée  Congrégation.  Quand  il 
fut  arrivé  à  la  mer,  il  laissa  le  prêtre  Philippe  dans  la  montagne  du  Liban 
à  cause  de  l'exiguïté  de  ses  ressources;  il  emmena  avec  lui  le  prêtre  Paul 
Gâmâlâ  et  il  se  rendit  en  bonne  santé  dans  la  grande  ville  de  Rome. 

Cette  année-là  il  y  eut  une  grande  famine  dans  notre  région.  Les  Ismaé- 
lites venaient  nous  demander  avec  violence  des  vivres  parce  qu'ils  étaient 

(1)  Dans  le  ms.,  il  y  a  :  /6'27. 


118  REVUE   DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

affamés.  Aussi  nous  ne  pûmes  leur  résister  et  nous  descendîmes  dans  un 
village  nommé  Bozâye  situé  près  du  couvent  et  nous  y  demeurâmes  depuis 
le  commencement  du  grand  jeûne  jusqu'au  jour  du  jeudi  de  Pâques.  Puis 
le  fils  de  Younës  âghâ  ainsi  que  tous  (âAio)  ses  conseillers  vinrent  nous 
faire  monter  au  couvent  et  nous  y  montâmes  le  jour  du  jeudi  de  Pâques. 
Quand  nous  fûmes  montés,  le  père  Jean,  administrateur  du  couvent,  et 
le  père  David  allèrent  dire  à  Mar  Jean  que  nous  étions  montés  au  couvent. 
A  cette  nouvelle  que  nous  étions  montés,  celui-ci  entra  en  colère  parce 
que  telle  n'était  pas  sa  volonté.  Mais,  quand  ils  lui  dirent  :  «  Le  fils  de 
Younës  agha  est  venu  et  nous  a  fait  monter  »,  il  se  tut  alors  et  ne  parla 
plus  parce  qu'il  le  craignait. 

Cette  année- là  la  famine  fut  grande,  très  grande.  Beaucoup  d'hommes 
mangeaient  de  la  paille  et  beaucoup  moururent  de  faim;  on  mangeait 
encore  de  la  viande  de  cheval,  de  chien,  de  renard  et  d'animaux  sembla- 
bles; beaucoup  d'hommes  riches  devinrent  pauvres  et  allaient  à  la  recher- 
che de  vivres;  beaucoup  se  dispersèrent  dans  des  pays  lointains.  La 
famine  fut  telle  que  beaucoup  d'hornmes  vendirent  leurs  fils  et  leurs 
filles  seulement  pour  la  nourriture.  Le  cœur  de  l'homme  brûlait  en  voyant 
ses  semblables  dans  une  pareille  nécessité.  Nous  toutefois  nous  ne  fûmes 
pas  dans  un  aussi  grand  besoin,  car  nous  avions  beaucoup  de  haricots  et 
c'était  là  notre  repas  de  chaque  jour,  à  savoir  de  la  farine  et  des  haricots 
et  cela  à  cause  de  la  grande  famine.  Le  père  Jean  envoya  dix  frères 
auprès  de  Mar  Michel  au  couvent  de  Mar  Jacques;  celui-ci  ne  subvint  pas 
à  leur  nourriture,  mais  il  choisit  parmi  eux  ceux  qui  lui  étaient  utiles  et 
il  renvoya  (1)  les  autres  qui  revinrent  au  couvent. 

Il  y  eut  de  nouveau  inimitié  entre  le  gouverneur  de  Mossoul  et  le  gou- 
verneur de  'Amâdya,  parce  que  le  gouverneur  de  'Amàdya  avait  pris 
Alqôs  au  gouverneur  de  Mossoul.  Au  bout  de  plusieurs  jours  les  troupes 
du  gouverneur  de  Mossoul  vinrent  et  reprirent  Alqôs;  elles  tuèrent  les 
serviteurs  du  gouverneur  de  'Amâdya,  quelques-uns  se  sauvèrent  et 
s'enfuirent.  C'est  pourquoi  Mâr  Jean  ne  put  pas  rester  à  Alqôs  ni  autre 
part,  de  crainte  que  l'un  des  deux  gouverneurs  ne  se  détournât  de  lui; 
car  s'il  demeurait  à  Alqôs,  il  ne  pouvait  plus  monter  à  'Amâdya,  et  s'il 
demeurait  dans  une  des  campagnes  de  'Amâdya,  il  ne  pouvait  plus 
descendre  à  Mossoul;  aussi  choisit-il  de  monter  au  couvent.  Il  monta  chez 
nous,  et  demeura  dans  le  temple  inférieur  du  vestibule  de  l'église  ;  nous 
lui  apportâmes  sa  nourriture  du  couvent  et  nous  lui  donnâmes  un  frère 
pour  son  service  personnel. 

Il  nous  arriva  cependant  une  injure  de  sa  part;  souvent  en  effet  il 
parlait  en  cachette  avec  des  frères  qu'il  connaissait  sur  des  sujets  qui 
non  seulement  n'avaient  aucune  utilité,  mais  encore  qui  détruisaient  et 
contredisaient  la  charité,  et  il  cherchait  continuellement  à  amener  à  son 
sentiment  plusieurs  frères  et  prêtres,  sans  y  réussir  toutefois;  c'est  ainsi 
entre  autres  choses  qu'il  fit  venir  une  fois  le  père  Jean  administrateur  et 
le  prêtre  David  et  leur  dit  :  «  Abandonnez  le  père  Gabriel  et  venez  me 

(1)  Le  texte  porte  le  pluriel. 


HISTOIRE    DU    COUVENT   DE    RABBAN    HORMIZD.  119 

suivre  et  je  vous  ferai  tout  ce  que  vous  voudrez.  —  Nous  n'abandonne- 
rons pas  le  père  Gabriel,  lui  répondirent-ils,  nous  ne  te  demandons  rien 
si  ce  n'est  que  tu  marches  selon  les  exigences  des  canons  de  la  sainte 
Église  et  (alors)  nous  serons  tous  tes  serviteurs.  » 

Il  arriva  dans  l'un  de  ces  jours  où  Mâr  Jean  était  chez  nous,  que  le  raïs 
du  village  de  Telkës  qui  adore  Satan  vint  pour  recevoir  la  bénédiction  du 
couvent  et  il  donna  (1)  au  couvent  environ  douze  kourasà  (^xûioaa)  de  blé 
et  cette  année-là  le  koumsâ  de  blé  était  de  dix  roubabâ  (piooj).  Mâr  Jean 
resta  chez  nous  environ  quarante  jours  ;  et  ensuite  il  ne  put  ni  demeurer 
auprès  de  nous  parce  que  Younes,  l'àghà  des  Mouzrenaye,  s'était  fâché 
contre  lui,  ni  faire  sortir  sa  maison  et  ses  hommes  d'Alqôs  sans  passer 
pour  appartenir  au  parti  du  gouverneur  de  Mossoul.  Après  bien  des 
angoisses,  il  monta  à  'Amàdya  sans  l'avis  de  Younes  âghâ.  Younès  âgha, 
ayant  appris  qu'il  était  monté,  écrivit  une  lettre  au  gouverneur  de 'Amàdya 
avant  l'arrivée  de  Mâr  Jean  et  il  l'accusa  d'appartenir  au  parti  du  gouver- 
neur de  Mossoul.  Quand  Mâr  Jean  fut  arrivé  à  Amàdya,  (le  gouverneur  de 
cette  ville)  l'enferma  en  prison  avant  qu'il  eût  pu  voir  le  gouverneur 
et  (Mâr  Jean)  resta  en  prison  environ  trois  mois. 

Pendant  deux  ans  il  y  eut  la  famine  et  les  sauterelles.  Nous  descen- 
dîmes encore  une  fois  à  Alqôs  et  nous  demeurâmes  dans  l'église  supé- 
rieure de  Mâr  Mîkâ  par  crainte  des  Ismaélites;  car  Younes  âghâ  s'était 
fâché  contre  nous  et  nous  avait  abandonnés  parce  que  les  hommes  de  Mâr 
Jean  nous  avaient  accusés  auprès  de  lui  d'avoir  exhorté  les  habitants 
d'Alqôs  à  être  vigilants  quand  (Younes  âghâ)  marcherait  contre  eux.  Une 
fois  en  efTet  celui-ci  réunit  une  nombreuse  armée,  afin  que,  quand  sorti- 
raient les  troupeaux  de  moutons,  les  taureaux  et  les  laboureurs,  il  se  pré- 
cipitât sur  eux,  les  prit  et  en  tuât  quelques-uns.  Mais  nous  eûmes  con- 
naissance de  cette  ruse  et  nous  avertîmes  les  habitants  d'Alqôs.  Le 
lendemain  personne  ne  sortit  d'Alqôs,  sauf  les  bœufs  des  hommes  de  Mâr 
Jean;  quand  les  brigands  se  répandirent  autour  d'Alqôs  ils  ne  virent  que 
les  bœufs  dont  nous  avons  parlé,  ils  les  prirent  et  les  emmenèrent.  Les 
hommes  de  Mâr  Jean  étant  ensuite  allés  prendre  leurs  taureaux,  trouvè- 
rent une  raison  et  une  occasion  de  nous  accuser(auprès  de  Younes  âghâ) 
et  lui  dirent  :  c  Les  moines  sont  venus  et  ont  donné  des  renseignements 
aux  habitants  d'Alqôs,  personne  ne  s'est  rendu  au  travail,  personne  n'est 
sorti  parmi  eux.  »  Celui-ci  fut  affermi  dans  ses  dispositions  et  ajouta  foi  à 
leurs  paroles  ;  à  cause  de  cela  il  se  détourna  de  nous  et  nous  abandonna. 
Aussi,  pressés  par  la  nécessité,  nous  descendîmes  à  Alqôs  et  nous  demeu- 
râmes dans  l'église  de  Mâr  Mîkâ  depuis  le  canon  I"  jusqu'au  jour  de  la 
fête  de  Mâr  Hôrmizd  qui  tombe  quinze  jours  après  la  Résurrection.  (Car) 
Younes  âghâ  se  réconcilia  de  nouveau  avec  nous  :  «  Montez  au  couvent- 
dit-il,  et  je  serai  avec  vous  comme  précédemment.  »  Et  nous  montâmes. 

Le  méchant  Satan  jeta  encore  la  division  parmi  les  frères;  quelques 
frères  en  effet  tinrent  conseil  entre  eux  en  cachette  afin  de  déposer  de  la 
charge  d'administrateur  le  père  Jean  que  notre  père  Gabriel  avait  institué, 

(1)  Le  te.xte  porte  le  pluriel. 


120  REVUE    DE    LORIENT    CHRETIEN. 

et  afin  de  faire  venir  pour  le  créer  administrateur  le  prêtre  Joseph  dont 
nous  avons  parlé,  celui  qui  était  descendu  du  couvent  et  était  allé  à 
Amid;  ils  lui  écrivirent  des  lettres  en  cachette  pour  qu'il  vint  au  couvent. 
Ils  écrivirent  également  à  Babylone  au  métropolitain  Coupperie  afin  qu'i' 
leur  vint  en  aide  et  qu'il  envoyât  chercher  ce  prêtre,  et  ils  accusèrent 
auprès  de  lui  le  père  Jean  sur  beaucoup  de  points,  à  savoir  qu'il  n'admi- 
nistrait pas  bien  le  couvent  et  sur  d'autres  sujets  analogues.  Us  envoyè- 
rent ces  lettres  en  cachette  par  le  prêtre  Pierre  neveu  de  Mâr  Jean.  Cette 
année-là  qui  est  l'année  1828,  lorsque  les  frères  dont  nous  avons  parlé 
eurent  écrit  et  envoyé  ces  lettres,  ils  se  mirent  alors  à  solliciter  d'autres 
frères  pour  les  amener  à  leur  obéir  et  à  embrasser  leur  parti. 

Peu  de  jours  après,  leur  affaire  fut  découverte  par  des  pères  qui  avaient 
eu  une  conversation  avec  eux.  Alors  le  père  Jean  réunit  les  pères  qui 
étaient  dans  le  couvent  et  leur  posa  cette  question  :  «  Avez-vous  des  rela- 
tions avec  ces  frères?  »  Ils  lui  répondirent  :  «  Nous  ignorons  totalement 
tout  ce  qu'ont  fait  ces  frères.  »  Ces  jours-là  survint  la  peste  appelée 
^^ai.;jt  et  elle  devenait  chaque  jour  plus  forte.  C'est  également  dans  ces 
jours  que  Mâr  Joseph  Audô  s'enfuit  devant  ia  peste  et  monta  au  couvent. 
Le  père  Jean  et  Mar  Joseph  firent  venir  les  frères,  eurent  une  conversa- 
tion avec  eux  et  leur  dirent  :  «  Pourquoi  vous  êtes-vous  ainsi  conduits  et 
avez-vous  en  cachette  écrit  des  lettres  au  métropolitain  Coupperie?  »  Ils 
commencèrent  d'abord  par  nier  en  disant  :  «  Nous  n'avons  pas  écrit.  » 
Mais  quand  (le  père  Jean  et  Mâr  Joseph)  leur  eurent  prouvé  qu'ils  avaient 
écrit  et  envoyé  des  lettres,  ils  avouèrent  alors  et  dirent  :  «  Nous  avons 
écrit  et  aussi  envoyé  des  lettres.  »  Alors  Mâr  Joseph  et  le  père  Jean 
prêchèrent  à  ces  frères  de  se  repentir  de  cette  action  insensée  et  de  reve- 
nir de  leur  idée  mauvaise,  et  ils  leur  dirent  :  «  Quand  sera  arrivée  la 
réponse  à  vos  lettres,  apportez-nous-la  cachetée.  »  —  Ils  répondirent  : 
«  Oui.  »  Mais  ce  n'était  que  pour  ce  moment-là  seulement,  car  telle  n'était 
pas  la  disposition  de  leur  cœur,  au  contraire  ils  prirent  l'engagement  et 
firent  la  promesse  de  mettre  de  toute  manière  leur  projet  à  exécution. 
L'affaire  fut  ensuite  connue  de  toute  la  communauté  et  (les  frères)  furent 
divisés  entre  eux  :  les  uns  se  mirent  du  côté  du  père  Jean,  et  les  autres 
du  côté  des  frères  révoltés.  Ces  derniers  déclarèrent  publiquement  leur 
intention  de  vouloir  se  donner  un  autre  administrateur  et  de  ne  pas  con- 
sentir à  avoir  le  père  Jean  pour  administrateur.  Il  se  produisit  une  grande 
agitation  parmi  les  frères,  à  tel  point  qu'ils  se  battaient  entre  eux  dans 
une  colère  violente.  Malheur  à  la  grande  dureté  de  cœur!  Autant  la  peste 
était  dure  et  forte,  autant  et  plus  encore  était  dure  la  méchanceté  de  leurs 
cœurs.  (Les  frères  révoltés)  s'adressèrent  à  Mâr  Jean  et  lui  demandèrent 
conseil,  et  il  leur  répondit  :  «  Attendez-moi  jusqu'à  la  fin  de  la  peste.  » 
Quand  Mar  Joseph  et  les  prêtres  leur  prêchèrent  pour  les  faire  revenir  de 
leur  idée,  ils  entraient  davantage  en  discussion  avec  le  père  qui  les 
combattait,  jusqu'à  ce  que  tous  les  partis  se  fussent  entendus  de  déposer 
le  père  Jean  et  d'instituer  le  prêtre  Raphaël  et  ils  l'instituèrent  trois  '^" 
quatre  jours. 

Ils  suscitèrent  encore  une  autre  agitation.  Quand  les  prêtres  et  les  frères 


HISTOIRE    DU    COUVENT    DE    RABBAX    HORMIZD.  121 

virent  que  le  parti  du  père  Jean  allait  contre  leur  dessein,  ils  demandèrent 
en  effet  de  faire  prêtre  un  frère  (I)  et  d'ordonner  d'autres  frères  séculiers 
qui  n'étaient  parfaits  ni  dans  la  science  ni  dans  la  crainte  de  Dieu.  Or  ce 
frère  n'était  pas  digne  de  devenir  prêtre  à  cause  d'une  faute  grave  qu'il 
avait  faite  et  commise;  c'est  pourquoi  ses  compagnons  ne  l'avaient  pas 
fait  prêtre  et  c'est  à  cause  de  ce  frère  qu'ils  avaient  fait  prêtre  notre  père 
Gabriel  tandis  que  lui-même  avait  été  éloigné;  pour  cette  raison  il  poussait 
les  frères  qui  étaient  de  son  parti  à  le  faire  prêtre.  Lui  et  un  autre  frère 
nomme  Sa'yâ  étaient  les  chefs  des  frères  qui  se  révoltèrent  contre  le 
supérieur  du  couvent,  et  cet  autre  frère  dont  il  vient  d'être  question  ne 
savait  pas  lire  ;  quand  notre  père  Gabriel  vit  qu'ils  étaient  médiocres  au 
point  de  vue  de  la  science  et  qu'ils  ne  pouvaient  pas  apprendre  à  lire,  il 
leur  supprima  la  lecture  et  celui-ci,  c'est-à-dire  le  frère  Isaac,  se  fâcha. 
Ces  deux  frères  cherchaient  continuellement  à  mettre  leur  dessein  à 
exécution  et  ils  ne  pouvaient  pas  y  arriver.  Quand  d'autres  prêtres  se 
furent  joints  à  eux,  ils  leur  montrèrent  alors  leur  intention.  Mais  les  pères 
et  les  frères  du  couvent  s'élevèrent  contre  eux  et  n'acceptèrent  pas  que  le 
prêtre  Raphaël  fût  l'administrateur  du  couvent:  mais  ils  dirent  :  «  Pour 
nous,  notre  administrateur  est  le  père  Jean  que  noire  père  Gabriel  a  établi.  » 
Les  autres  frères  qui  ne  Tagréaient  pas,  persévérèrent  dans  leur  révolte  et 
ne  se  repentirent  pas. 

La  peste  prit  de  l'extension  ;  les  frères  du  couvent  furent  également 
atteints  et  il  mourut  au  couvent  environ  douze  frères  ;  à  la  fin  de  la  peste 
quelques-uns  des  frères  (révoltés)  revinrent  à  résipiscence,  quelques-uns 
moururent  et  il  n'en  resta  plus  que  huit. 

Alors  le  père  Jean  et  les  prêtres  du  couvent  ainsi  que  Mâr  Joseph  eurent 
une  conversation  avec  ces  frères  qui  étaient  restés  et  ils  les  admonestèrent 
en  ces  termes  :  «  Si  vous  n'obéissez  pas  et  si  vous  ne  changez  pas  vos 
dispositions,  nous  vous  ferons  sortir  et  nous  vous  chasserons  du  couvent.  » 
Ces  frères  se  réconcilièrent  par  .suite  de  la  crainte  et  ils  acceptèrent  que 
le  père  Jean  fut  administrateur.  Tous  se  levèrent,  firent  l'entente  entre 
eux  et  s'embrassèrent,  et  lorsque  la  cloche  sonna  pour  le  silence,  ils  se 
rendirent  chacun  à  sa  cellule.  Tandis  que  tous  les  moines  dormaient,  ces 
frères  se  levèrent,  se  réveillèrent  les  uns  les  autres  après  minuit  et  chacun 
prenant  avec  soi  ce  qu'il  pouvait  porter,  ils  descendirent  à  Alqôs  et  allèrent 
trouver  Mâr  Jean.  Après  qu'ils  furent  descendus,  les  frères  s'aperçurent  de 
leur  départ  et  restèrent  tous  dans  l'étonnemcnt,  (en  se  demandant)  com- 
ment ils  avaient  fait  cette  grande  fourberie.  Comme  les  frères  étaient 
réunis  dans  la  cour  v»-^?  et  qu'ils  parlaient  de  cette  affaire,  ils  virent  se 
diriger  vers  une  cellule  de  novices  deux  des  fugitifs  qui  étaient  revenus 
prendre  autre  chose:  les  frères  les  poursuivirent,  mais  ceux-ci  sautèrent 
par-dessus  le  mur  et  s'enfuirent.  Dès  le  matin  cette  affaire  fut  connue  de 
tout  le  village.  Le  père  Jean  et  Mar  Joseph  descendirent  à  Alqôs  ;  ils 
reprirent  le  bien  du  couvent  qui  était  à  Alqô.s  entre  les  mains  de  chaque 
fugitif  et  le  mirent  dans  un  autre  endroit:  ils  emportèrent  également  deur 

(1)  Ce  frère  s'appelle  Isaac. 


122  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

paquets  cachés  le  long  de  la  route.  Le  père  (Jean)  alla  trouver  Mâr  Jean, 
alors  que  celui-ci  n'était  pas  encore  rétabli  des  atteintes  de  la  peste  et  ils 
dirent  à  Mar  Jean  :  «  Ne  viens  pas  en  aide  aux  frères  qui  sont  descendus 
chez  toi.  »  —  «  Comhient  abandonnerai-je,  dit-il,  ceux  qui  se  sont  réfugiés 
dans  ma  maison?  Si  des  païens  venaient  en  effet  se  réfugier  chez  moi,  je 
ne  les  ferais  pas  sortir  et  je  ne  les  chasserais  pas;  à  combien  plus  forte 
raison  n'abandonnerai-je  pas  ceux-ci,  qui  sont  des  moines!  »  Ils  restèrent 
chez  lui  environ  sept  jours  et  ils  demeurèrent  ensuite  dans  l'église  mfé- 
rieure  de  Mar  Georges. 

Après  qu'il  fut  rétabli  de  sa  maladie,  Mar  Jean  en  consacra  sept  diacres 
de  l'Évangile  et  ces  derniers  en  choisirent  trois  parmi  eux  pour  les  faire 
prêtres.  A  cette  nouvelle,  le  père  Jean  alla  trouver  Mar  Jean,  encore  une 
fois,  et  eut  une  longue  conversation  avec  lui  pour  qu'il  ne  les  consacrât 
pas  prêtres.  Celui-ci  répondit  :  «  Je  l'ai  fait,  et  je  le  fais  jusqu'à  ce  jour,  et 
maintenant  qu'ils  sont  restés  dix  jours  auprès  de  moi,  je  ne  le  ferais  pas  !  > 
Quand  le  père  Jean  vit  qu'il  n'arrivait  à  rien,  il  se  leva  et  monta  au 
couvent.  Le  lendemain  Mâr  Jean  les  consacra  prêtres  dans  l'église  de 
Mâr  Georges,  après  avoir  revêtu  tous  les  habits  pontificaux  ;  mais  quand  il 
les  avait  consacrés  diacres,  il  les  avait  consacrés  dans  sa  chambre,  revêtu 
simplement  des  habits  sacerdotaux.  Ceux  qui  devinrent  prêtres  sont  le 
prêtre  Isaac  Moga,  le  prêtre  Arsène  et  le  prêtre  Élie,  le  premier  d'Alqôs, 
le  second  de  Manguêée  et  le  troisième  de  Mossoul.  Mar  Jean  les  consacra 
(prêtres)  le  dix-neuf  heziran  de  l'année  1828  du  Christ. 

A  cette  occasion  les  habitants  d'Alqôs  se  divisèrent  encore  et  formèrent 
deux  partis  :  les  uns  allèrent  après  Mâr  Jean  et  après  les  frères  qui  étaient 
descendus  auprès  de  lui,  et  les  autres  vinrent  après  Mâr  Joseph,  après  le 
prêtre  Georges  et  après  le  couvent.  Même  les  églises  se  séparèrent  : 
Mar  Joseph,  le  prêtre  Georges  et  le  prêtre  Yaunan  ainsi  que  ceux  qui  les 
suivaient  priaient  et  offraient  le  saint  sacrifice  dans  l'église  supérieure  de 
Mâr  Mikà,  tandis  que  Mâr  Jean  et  les  frères  qui  s'étaient  attachés  à  lui 
ainsi  que  sa  propre  suite  priaient  dans  l'église  inférieure  de  Mâr  Georges. 

Les  frères  qui  étaient  descendus  du  couvent  écrivirent  des  lettres  et 
firent  connaître  leur  action  au  métropolitain  Pierre  Coupperie  et  portèrent 
contre  le  couvent  des  accusations  sur  de  nombreux  points  peu  convenables. 
Le  père  Jean  écrivit  aussi  à  Mâr  Coupperie  et  lui  fit  connaître  tout  ce  qui 
avait  eu  lieu.  Celui-ci  fit  réponse  aux  deux  partis.  11  répondit  au  père  Jean 
en  ces  termes  :  «  Ces  personnages  qui  sont  devenus  prêtres  n'étaient  nul- 
lement dignes  d'être  élevés  à  l'ordre  du  sacerdoce.  »  Et  il  répondit  aux 
frères  en  leur  disant  :  «  Vous  n'avez  pas  bien  agi  assurément  en  descen- 
dant du  couvent;  vous  ne  pouvez  pas  amener  la  chute  du  père  Jean 
administrateur  du  couvent  parce  qu'il  a  été  institué  par  le  père  Gabriel  et 
approuvé  par  nous  ;  vous  ne  pouvez  pas  non  plus  fonder  u^  autre  couvent 
parce  qu'il  est  impossible  qu'il  s'élève  un  couvent  contre  un  couvent.  Du 
reste  nous-méme  nous  ne  pouvons  pas  juger  votre  cause  de  loin,  mais  je 
pense  que  Mar  Jean  a  maintenant  jugé  votre  cause  parce  qu'il  connaît  bien 
votre  affaire.  En  tout  cas  il  est  absolument  nécessaire  que  vous  écoutiez  son 
autorité,  que  vous  soyez  soumis  à  sa  voix  pour  lui  obéir  et  que,  en  quelque 


HISTOIRE     DU    COUVENT    DE    RABBAN    HORMIZD.  123 

endroit  qu'il  vous  envoie,  vous  y  alliez  pour  prêcher  et  instruire  :  proposez- 
vous  surtout  d'éteindre  le  feu  de  la  calomnie  qui  se  trouve  au  milieu  de 
vous,  à  savoir  entre  moi  d'une  part  et  vous  et  le  couvent  d'Alqôs  d'autre 
part.  »  Quand  les  frères  eurent  lu  cette  lettre,  elle  ne  leur  plut  pas;  pour- 
tant ils  ne  se  repentirent  pas  de  leur  méchanceté  et  ils  persévérèrent  dans 
l'obéissance  à  Mar  Jean,  avec  la  pensée  que,  quand  il  le  pourrait,  il 
chasserait  les  frères  qui  étaient  dans  le  couvent  et  qu'il  les  installerait  à 
leur  place  dans  le  couvent.  Cependant  l'idée  de  celui-ci  était  bien  différente 
de  leur  idée;  il  leur  vint  en  aide  en  effet  et  il  les  laissa  auprès  de  lui  afin 
de  dévaster  le  couvent  en  leur  nom,  car  depuis  longtemps  il  avait  cela  en 
vue  et  il  ne  pouvait  pas  y  arriver. 

Au  bout  de  peu  de  jours  un  autre  frère  se  détourna  du  père  Jean  et  vola 
au  couvent  environ  cent  piastres  d'argent  ;  il  descendit  lui  aussi  vers  ceux 
qui  étaient  descendus;  ceux-ci  le  reçurent  avec  honneur  et  le  consacrèrent 
également  diacre  de  lÉvangile  auprès  de  Mar  Jean.  Quand  le  prêtre  Isaac 
et  Isaïe  voulurent  le  faire  prêtre  ainsi  qu'un  autre  nommé  Aklimandous, 
les  autres  s'élevèrent  contre  eux  et  ne  leur  permirent  pas  de  les  faire 
prêtres,  et  lorsque  ce  frère  vit  qu'ils  ne  le  consacraient  pas  encore  prêtre, 
il  les  quitta  et  monta  au  couvent. 

Deux  autres  frères  qui  se  trouvaient  avec  les  prêtres  dans  les  campagnes, 
vinrent  aussi  se  joindre  à  eux  et  ils  furent  également  consacrés  diacres  dé 
l'Evangile.  L'un  d'eux  retourna  au  village  afin  de  prendre  ses  affaires  ;  un 
prêtre  du  couvent  son  camarade  se  leva  contre  lui  ainsi  que  les  habitants 
du  village,  ils  s'entretinrent  avec  lui  et  le  firent  revenir  de  son  idée. 
Quant  à  l'autre,  il  arriva  que  les  habitants  du  village  de  Bêrscbe  deman- 
dèrent un  prêtre  à  Mar  Jean  et  celui-ci  leur  envoya  l'un  de  ces  trois 
prêtres,  nommé  le  prêtre  Arsène,  qui  emmena  avec  lui  cet  autre  frère.  Ils 
s'en  allèrent  tous  deux  ensemble,  et  tandis  qu'ils  se  rendaient  au  village, 
bien  loin  de  leur  faire  des  honneurs,  on  les  tournait  au  contraire  en  déri- 
sion, on  les  méprisait  et  on  les  regardait  comme  des  impurs,  et  cela 
jusqu'à  ce  qu'ils  fussent  parvenus  au  village  où  ils  allaient.  Quand  les 
habitants  de  ce  village  surent  qu'ils  étaient  sortis  du  couvent,  ils  les 
méprisèrent  également  et  ne  les  reçurent  point.  Aussi  revinrent-ils' trouver 
leurs  compagnons  à  Alqôs.  Le  diacre  cependant,  une  fois  arrivé  à  Alqôs, 
monta  aussitôt  au  couvent  et  n'alla  point  trouver  ses  compagnons;  il  leur 
parla  en  ces  termes  :  «  Si  nous  sommes  un  objet  de  mépris  et  de  moquerie 
aux  yeux  des  hommes  parce  que  nous  sommes  descendus  du  couvent,  à 
combien  plus  forte  raison  resterons-nous  méprisables  et  impurs  auprès  de 
Dieu!  » 

Dans  l'un  de  ces  jours,  le  père  Jean  et  quelques  frères  tinrent  conseil, 
afin  de  faire  venir  les  frères  qui  étaient  descendus  auprès  du  métropolitain 
Jean,  de  peur  qu'ils  ne  devinssent  une  cause  de  mal  pour  le  couvent.  Le 
père  Jean  alla  les  trouver,  s'entretint  avec  eux  et  leur  dit  :  «  Venez,  prenez 
(pour  vous)  le  couvent  et  faites  tout  ce  que  vous  voulez.  .  Ils  répondirent  : 
«  Le  prêtre  Isaac  sera  l'administrateur  du  couvent,  Aklimandous  l'écrivain 
des  mystères  (|,ï/?  k-oi^)  et  Damien  le  coadjuteur  du  prêtre  Isaac.  .  Le  père 
Jean  approuva  'eurs  paroles.  Ils  ajoutèrent  ensuite  :   «  Nous  irons     o- 


124  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

mander  conseil  à  Mâr  Jean  et  nous  verrons  ce  qu'il  dira.  .  Ils  allèrent  le 
trouver  et  lui  dirent  :  «  Le  père  Jean  est  venu  vers  nous  afin  de  nous  faire 
monter  au  couvent,  nous  lui  avons  tenu  ce  langage  et  il  a  approuvé  ce  que 
nous  lui  avons  dit;  toi,  que  dis-tu?  .  11  répondit  au  prêtre  Isaac  :  «  Montez 
à  cette  condition  que  tu  seras  le  supérieur  du  couvent.  Mais  niscris  sur 
deux  feuilles  tous  les  biens  et  toutes  les  possessions  du  couvent;  gardes-en 
une  chez  toi  et  envoie-moi  l'autre  ;  et  tout  ce  qui  entrera  dorénavant, 
inscris-le  sur  ton  exemplaire.  »  Ils  vinrent  dire  au  père  Jean  :  «  Ainsi  a 
parlé  Mâr  Jean.  »  Le  père  Jean  leur  répondit  :  «  Nous  l'approuvons  égale- 
ment. »  Ils  ajoutèrent  :  «  Va  annoncer  cela  à  tous  les  frères;  si  tous  y 
consentent,  viens  nous  trouver  demain  et  nous  monterons  tous  ensemble.  . 
Lorsque  'le  père  Jean  monta  au  couvent,  les  frères  avaient  déjà  appris 
qu'il  était  parti  pour  cette  affaire;  ils  se  réunirent  tous  et  s'élevèrent 
contre  lui,  en  disant  :  «  Jusqu'à  la  mort  nous  n'acceptons  pas  cette  affaire  ; 
comment  accepterions-nous  que  le  prêtre  Isaac  soit  l'administrateur  du 
couvent,  lui  qui  a  été  cause  de  cette  grande  agitation  dans  le  couvent?  Il 
est  descendu  du  couvent  et  il  s'en  est  allé  se  faire  prêtre  de  sa  propre 
volonté;  et  maintenant  en  vertu  de  quelle  loi  deviendrait-il  le  supérieur 
du  couvent?  Nous  ne  le  recevons  pas  en  effet  dans  le  sacerdoce,  comment 
le  recevrons-nous  dans  la  charge  de  supérieur?  Et  si  vous  le  faites  néces- 
sairement monter  au  couvent,  nous  ne  resterons  pas  dans  un  couvent 
où  il  y  aura  le  prêtre  Isaac  et  ses  compagnons.  »  Alors,  quand  le  père  Jean 
vit  que  toute  la  communauté  n'approuvait  pas  et  n'acceptait  pas  cette 
combinaison,  il  resta  et  n'alla  pas  les  trouver. 

Les  frères  de  leur  côté,  le  prêtre  Isaac  et  ses  compagnons  restèrent  à 
leur  place  et  ils  écrivirent  des  lettres  d'accusations  au  métropolitain  Pierre 
et  à  la  Sacrée  Congrégation.  Dans  l'un  de  ces  jours  qui  était  la  fête  du 
passage  de  la  Vierge  Marie,  le  prêtre  Isaac  et  Aklimandous  se  levèrent 
pour  descendre  à  Mossoul  porter  leurs  accusations  contre  le  couvent, 
contre  Mâr  Joseph  et  contre  le  prêtre  Georges.  Un  personnage  de  nationa- 
lité syrienne  avait  formé  en  effet  le  projet  de  descendre  à  Babylone  et  de 
monter  de  là  dans  la  montagne  pour  se  faire  ordonner  évêque.  Comme  il 
était  l'ami  de  Mar  Jean,  il  lui  avait  fait  dire  :  «  Voici  que  je  descends  à 
Babylone;  si  tu  as  une  affaire  ou  des  lettres,  je  les  emporterai.  »  Mâr  Jean 
fit  alors  venir  le  prêtre  Isaac  et  lui  dit  :  «  Va,  descendez  à  Mossoul,  traitez 
tout  cela  avec  cet  homme  et  écrivez  aussi  des  lettres,  parce  qu'il  va  à 
Babylone  et  qu'il  dira  tout  au  métropolitain  Pierre.  » 

Le  prêtre  Isaac  se  leva  et  prit  avec  lui  le  diacre  Aklimandous,  et  ils 
descendirent  à  Mossoul.  Après  qu'ils  furent  arrivés  dans  la  région  de 
Tesqopâ,  le  diacre  Aklimandous  tomba  par  terre  et  il  resta  comme  mort 
jusqu'à  ce  que  les  habitants  de  Ti'sqopâ  eurent  appris  qu'un  moine  était 
tombé  de  soif  sur  la  route.  Des  hommes  sortirent  en  toute  hâte  et  leur 
portèrent  de  l'eau  ;  quand  ils  virent  que  c'était  l'un  de  ceux  qui  étaient 
descendus  du  couvent,  ils  se  mirent  à  faire  de  ces  voyageurs  l'objet  de  leur 
dérision  et  de  leur  moquerie  et  à  lancer  contre  eux  beaucoup  de  paroles  ; 
ils  chargèrent  le  diacre  sur  un  âne  et  le  déposèrent  devant  l'église  de 
Mar  Georges.  Il  souffrit  beaucoup  jusqu'au  soir  et  il  mourut.  Le  prêtre 


HISTOIRE    DU    COUVENT    DE    RABBAN    IIORMIZD.  12r> 

Isaac  chargea  alors  son  corps  sur  un  àne  pendant  la  nuit  et  il  l'emmena  à 
Alqôs  à  cause  de  la  honte  qu'il  éprouvait  et  on  l'enterra  dans  le  temple 
supérieur  de  Mâr  Georges  devant  le  baptistère.  Il  ne  continua  (1)  pas  à 
descendre  à  Mossoul  et  pourtant  il  ne  se  repentit  pas  à  cause  de  ce  coup, 
mais  il  avait  éprouvé  beaucoup  de  honte. 

Mâr  Jean  accusa  une  autre  fois  encore  trois  prêtres  du  couvent  qui 
étaient  dans  son  diocèse  et  le  gouverneur  de  Mossoul  les  enferma,  mais 
les  chefs  des  campagnes  allèrent  et  les  firent  sortir  de  prison.  Au  commen- 
cement du  canon  I",  le  gouverneur  de  'Amâdya  nommé  Mousâ  pacha  vint 
à  Alqôs,  afin  d'aller  cerner  cette  région  et  prendre  'Amâdya  aux  liommes 
de  Mërâd  pacha  lequel  se  trouvait  dans  'Amàdya.  Le  gouverneur  dont  il 
vient  d'être  question,  Mousâ  pacha,  demeura  dans  la  maison  de  Mâr  Jean. 
Alors  Mâr  Jean  dit  au  gouverneur  :  «  Il  y  a  un  couvent  situé  tout  près 
d'AIqôs  et  il  s'y  trouve  des  moines  qui  se  sont  révoltés  contre  moi  et  qui 
ne  m'obéissent  pas.  Je  te  demande  de  les  faire  sortir  du  couvent.  »  Et  il 
fit  don  au  gouverneur  de  dix  sacs  d'argent,  de  sacs  ^.ov^^»  et  de  tout  ce 
que  le  sultan  réclamait.  Le  gouverneur  fit  alors  venir  un  de  ses  officiers 
nommé  Sahîn  âgha  et  il  lui  dit  :  «  Monte  au  couvent,  fais-en  sortir  les 
moines  et  chasse-les  et  prends-moi  le  supérieur  du  couvent.  »  Là-dessus 
Sahîn  âgha  prit  des  soldats  avec  lui  et  monta  au  couvent  avec  les  hommes 
de  Mâr  Jean.  Comme  il  arrivait  au  couvent,  le  père  Jean  descendit  à  sa 
rencontre  ainsi  que  toute  la  communauté.  Alors  les  gens  de  Mâr  Jean 
dirent  à  Sahîn  âgha  en  lui  montrant  le  père  Jean  :  «  C'est  le  supérieur  du 
couvent.  »  Il  alla  et  visita  toute  l'église  en  compagnie  du  père  Jean  et  des 
frères.  Lorsqu'ils  furent  entrés  pour  visiter  l'église,  un  des  hommes  de 
Mâr  Jean  se  tint  devant  la  porte  du  temple  et  garda  la  porte  pour  empê- 
cher le  père  Jean  de  s'enfuir.  Quand  (Sahin  âgha)  eut  fini  de  visiter  l'église 
et  qu'il  sortit  dans  la  cour  de  l'église,  il  frappa  le  père  Jean  avec  un  bâton 
qu'il  avait  à  la  main  et  il  lui  dit  :  «  C'est  l'ordre  du  gouverneur.  »  Le  père 
Jean  répondit  en  disant  :  «  Je  le  prends  pour  moi.  »  Il  dit  à  ses  serviteurs  : 
«  Saisissez-le.  »  Les  serviteurs  s'avancèrent,  saisirent  le  père  Jean  et  lui 
lièrent  les  mains  avec  une  corde.  Puis  les  serviteurs  se  dispersèrent  et  se 
mirent  à  saisir  les  frères,  à  les  amener  auprès  du  père  Jean  et  à  les  atta- 
cher avec  une  corde.  Les  serviteurs  et  les  hommes  de  Mâr  Jean  se  disper- 
sèrent dans  les  cellules  et  prirent  les  objets  qu'ils  voulurent,  tout  en 
frappant  les  frères.  Enfin  ils  réunirent  tous  les  frères  et  parmi  ceux  qu'ils 
avaient  pris  ils  rendirent  la  liberté  à  ceux  que  leur  indiquaient  les  hommes 
de  Mâr  Jean.  Ils  ne  laissèrent  que  le  père  Jean  et  le  frère  Joachim  liés 
avec  des  cordes  et  ils  firent  sortir  et  chassèrent  du  couvent  tous  les  autres 
frères  au  milieu  des  coups,  de  l'ignominie,  de  la  moquerie,  de  l'injure  et 
de  grandes  afflictions.  Sahîn  âgha  descendit  avec  ses  soldats;  ils  firent 
descendre  les  frères  devant  eux  en  les  frappant  et  en  les  insultant  jusqu'à 
ce  qu'ils  fussent  parvenus  à  Alqôs  et  ils  les  laissèrent.  Les  frères  allèrent 
demeurer  dans  l'église  de  Mâr  Mîkâ  auprès  de  Mar  Joseph.  Le  père  Jean 
et  le  frère  Joachim  restèrent  en  arrière  et  deux  serviteurs  les  attendirent. 

(I)  Le  texte  porte  le  i)luriel. 


126  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Après  le  départ  de  Sahin  aghâ  et  de  ses  soldats,  ces  deux  serviteurs  firent 
sortir  le  père  Jean  et  le  frère  Joachim  ;  alors  qu'ils  n'étaient  pas  très 
éloignés  du  couvent,  ces  deux  serviteurs  déshabillèrent  le  père  Jean  et  le 
frère  Joachim  et  ils  prirent  leurs  habits.  Comme  ils  s'attardaient  un  peu 
en  chemin,  un  serviteur  monté  sur  un  cheval  vint  les  trouver;  il  les  plaça 
devant  la  poitrine  du  cheval  et  il  se  mit  à  les  frapper  et  à  les  injurier.  Au 
milieu  de  nombreux  mauvais  traitements  ils  les  conduisirent  à  Alqôs  et 
les  enfermèrent  en  prison,  après  leur  avoir  mis  des  chaînes  au  cou.  Ce 
fut  une  grande  douleur  et  une  grande  tristesse  parmi  les  chrétiens,  parce 
que  le  couvent  était  dévasté  et  que  le  père  Jean  était  prisonnier  ;  Mâr 
Jean  et  son  parti  au  contraire  étaient  triomphants.  Le  gouverneur  resta 
trois  jours  dans  le  village  ;  le  troisième  jour  il  partit  d'Alqôs  et  il  alla  dans 
un  village  nommé  Dehok  en  emmenant  avec  lui  à  pied  le  père  Jean  et  le 
frère  Joachim  chargés  de  chaînes. 

Le  jour  même  où  le  gouverneur  partit  d'Alqôs,  les  habitants  d'Alqôs  se 
battirent  entre  eux,  le  parti  des  moines  et  le  parti  de  Mâr  Jean.  Le  combat 
fut  très  violent;  le  parti  des  moines  vainquit  le  parti  de  Mâr  Jean,  ils  les 
poursuivirent  jusqu'à  ce  qu'ils  les  eussent  fait  entrer  dans  les  maisons  et 
ils  blessèrent  un  homme  d'entre  eux.  Mâr  Jean  craignit  beaucoup  ce 
jour-là  qu'ils  ne  vinssent  contre  lui  et  qu'ils  ne  lui  tissent  du  mal  :  aus.si 
il  se  leva  pendant  la  nuit,  partit  et  descendit  à  Mossoul,  afin  de  les  accuser 
auprès  du  gouverneur  de  Mossoul.  De  leur  côté  le  parti  des  moines  avec 
Mâr  Joseph  et  le  prêtre  Georges  Yohanâ  eurent  peur,  s'enfuirent  du  village, 
se  rendirent  au  village  de  Bôzâye  et  se  réfugièrent  auprès  de  l'âghâ  des 
Mouzrenâye. 

Lorsque  Mâr  Jean  fut  allé  à  Mossoul  afin  d'accuser  Mâr  Joseph  et  le 
prêtre  Georges,  le  raïs  Thomas  du  village  de  Tésqopà  envoya  trouver 
Mâr  Joseph  et  lui  dit  :  <i  Donnons  seulement  quelque  chose  au  gouverneur 
et  moi  je  ferai  tourner  la  condamnation  sur  Mâr  Jean.  »  Mâr  Joseph  ne 
voulut  pas  et  n'accepta  pas.  Mâr  Jean  alla  trouver  le  gouverneur  et  il 
énonça  ses  accusations  auprès  de  lui,  en  disant  :  «  Le  prêtre  Georges  et 
le  métropolitain  Joseph,  eux  et  leur  parti,  se  sont  élevés  contre  moi,  ils 
ont  blessé  un  homme  de  mon  parti  ;  après  avoir  dévasté  le  village,  ils  sont 
partis  et  se  sont  enfuis  loin  de  moi,  et  ils  sont  ailés  dans  la  région  de 
'Amâdya.  »  Et  il  lui  fit  également  des  dons  importants. 

Le  gouverneur  de  Mossoul  alors  envoya  son  armée.  Les  soldats  vinrent 
pendant  la  nuit,  entourèrent  le  village  où  se  trouvaient  Mâr  Joseph,  le 
prêtre  Georges,  les  habitants  d'Alqôs  et  les  moines  et  ils  poussèrent  les 
habitants  du  village  à  ne  pas  les  aider,  mais  à  les  livrer  dans  leurs  mains. 
Alors  les  habitants  du  village  dirent  aux  moines  :  «  Levez-vous  et  fuyez 
parce  que  des  soldats  sont  venus  contre  vous  et  nous  ne  pouvons  pas  leur 
résister.  »  Cest  nar  ruse  que  les  habitants  du  village  tinrent  ce  langage, 
afin  que  les  moines  sortissent  du  village  et  que  l'armée  qui  entourait  le 
village  les  rencontrât.  En  effet,  quand  Mâr  Josepii  et  les  moines  furent 
sortis  du  village  pour  s'enfuir  sur  1«  montagne,  les  soldats  se  levèrent 
alors  contre  eux  et  les  poursuivirent.  Les  frères,  Mâr  Joseph  et  les  habi- 
tants d'Alqôs  se  dispersèrent  dans  la  montagne  et  dans  la  plaine  et  chacun 


HISTOIRE   DU    COUVENT    DE    RABBAN    HORMIZD.  127 

d'eux  prit  la  fuite  pour  se  sauver.  Qui  pourrait  dire  en  effet  la  crainte,  la 
terreur,  la  peine  et  les  angoisses  qu'ils  éprouvèrent  dans  cette  nuit,  alors 
qu'ils  s'enfuyaient  et  se  dispersaient  chacun  dans  un  endroit  différent; 
les  uns  se  cachèrent  dans  des  cavernes,  les  autres  périrent  la  nuit  dans  la 
montagne;  ceux-ci  allèrent  cette  nuit  même  à  Alqôs,  ceux-là  errèrent  çà 
et  là  pendant  toute  la  nuit.  Finalement  les  troupes  rencontrèrent  Mar 
Joseph,  le  reconnurent,  le  saisirent,  le  déshabillèrent  et  le  lièrent  lui  et 
son  frère  Isaac  ;  ils  saisirent  quatre  et  cinq  frères  et  deux  ou  trois  habi- 
tants d'Alqôs,  ils  les  déshabillèrent  cette  nuit  même  et  ils  les  emmenèrent 
à  pied  et  nus  au  village  de  Bibânoû  et  les  livrèrent  au  serviteur  du  gou- 
verneur qui  se  trouvait  dans  ce  village.  Les  autres  frères  se  dispersèrent 
tous  chacun  dans  un  endroit  différent,  les  uns  à  Alqôs,  les  autres  dans 
diverses  campagnes,  et  des  novices  récemment  arrivés  retournèrent  cha- 
cun dans  la  maison  de  son  père.  Le  serviteur  du  gouverneur  les  conduisit 
à  Mossoul  et  les  amena  devant  le  gouverneur.  Celui-ci  les  regarda  avec 
un  air  furieux  parce  qu'il  était  en  colère  et  dit  :  «  Allez,  enfermez-les 
dans  la  prison  et  demain  je  les  précipiterai  dans  le  fleuve.  »  lis  les  firent 
descendre  de  devant  lui  et  les  enfermèrent  dans  la  prison,  après  leur  avoir 
mis  des  liens  et  des  chaînes.  Plusieurs  jours  après  ils  firent  sortir  les 
frères  de  prison  grâce  à  l'intervention  de  quelques  habitants  de  Mossoul 
qui  donnèrent  un  peu  d'argent  au  gouverneur  ;  ils  relâchèrent  également 
les  habitants  d'Alqôs  parce  qu'ils  donnèrent  de  l'argent  au  gouverneur. 
Mâr  Joseph  resta  seul  parce  que  Mar  Jean  l'accusa  auprès  du  gouverneur 
et  dit  :  «  11  y  a  chez  lui  une  châsse  d'argent  du  couvent.  »  Quand  le  gou- 
verneur lui  demanda  :  «  Y  a-t-il  chez  toi  ce  qu'a  dit  Mâr  Jean?  »  Mâr 
Joseph  répondit  au  gouverneur  :  «  11  n'y  a  chez  moi  rien  qui  appartienne 
au  couvent.  »  Le  gouverneur  se  mit  en  colère  contre  lui  et  dit  au  chef  de 
la  prison  :  «  Torture-le  tous  les  jours.  » 

Note  deVauteur.  —  11  y  avait  chez  Mâr  Joseph  une  châsse  d'argent  du  cou- 
vent; elle  était  parvenue  au  couvent  pendant  la  peste  et  elle  était  cachée 
dans  sa  maison.  Mar  Joseph  envoya  un  homme  auprès  de  son  frère  et 
il  lui  dit  :  «  Va  et  dis  à  mon  frère  de  faire  sortir  la  châsse  du  couvent 
et  de  la  cacher  autre  part,  parce  qu'ils  m'infligent  chaque  jour  de  mauvais 
traitements  à  cause  d'elle.  Envoie-moi  aussi  un  peu  d'argent  que  je  don- 
nerai au  chef  de  la  prison  pour  qu'il  ne  me  torture  pas  tous  les  jours.  » 

En  vérité  ils  lui  infligèrent  beaucoup  de  mauvais  traitements  à  cause  de 
cette  châsse;  mais  il  n'en  dit  rien,  n'en  parla  pas  et  ne  la  fît  pas  connaître. 

Mâr  Jean  sortit  de  Mossoul  et  monta  à  Alqôs  ;  il  écrivit  au  gouverneur 
de  'Amâdya  et  lui  dit  :  «  Frappe  trois  fois  par  jour  le  prêtre  Jean  et  son 
compagnon,  parce  qu'ils  ne  m'ont  rien  révélé  de  ce  qui  appartient  au  cou- 
vent. »  Le  gouverneur  donna  ordre  de  frapper  le  père  Jean  le  lendemain. 
\,di  nuit  même  le  père  Jean  envoya  un  homme  à  Alqôs  ;  celui-ci  alla  et 
revint  la  même  nuit  et  apporta  du  vin.  Le  père  Jean  le  donna  à  tous  les 
officiers  du  gouverneur  et  ils  ne  le  frappèrent  pas. 

{A  suivre.) 

Maurice  Brière. 


UN  APOCRYPHE  CARCHOUNI 

SUR  LA  CAPTIVITÉ  DE  BaBïLONE 

{Suite)  (1) 


■dLwÔjC       jAl^      L«  ill      >Uls      ^J\      JCS>      ^      Ij^      Ol      jl<9 
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iJiljj   LiJ    1^1   k_iJl   ^jUJUT  5siA£.    k_„ouiJl    IJLaj   ^y-j   ^jjj  iVl 

Jalj    IjAS    ^JJ^Jy^    J   ^y-*^J    ^1^^      d-V^     Ai-    -û-iUl    4^LJ1    iÂAj 

<*^yA  j  ^jjy^  ^1^1  ^^-  lij^  (2)  ^5^^  y^ipoj  ^j^iy, 

l^y^■J  c^r-'^  J  -*^1  ^-^.  0^  ^^j  jy!l  ^U  "dU  ^jji 


(1)  Voy.  1910,  p.  255,  398.  -  (2)  M.  ^a^,  =      3.i^\, 


UN    APOCRYPHE    CARCHOUXI    SUR    LA   CAPTIVITÉ    DE    BABYLONE.    129 
\X-^\j    >Uj     ^i     J\     ^     Jlii     jl^l     ^^l     ^     UU     L,jl 

L_,j1    lL^\  (fol.  240,  a)  (1)   jjj^l    aJ   l^lli    j^I   ^    1^    aJ 

Ia^Ij  M^j  ^1   j\   ^    JU»    jl^l    ^1^1   ^^   UU    Ujl 
^1^1    d)jj   4JJI    J^  ^_^i   ilf^   U-U   *L5C   l5Ci    !j^I    j^    Jj 

ij>^\     ^jse-tf»     (jy     A«^J    "C^iOl    ^\j     bj     ^^^Ij    (j-->iJi    ^U    jj3s>' 

^  Sa.^a:>J1j  ^Ll^l   ^^J^\   ^jj  ^Vl  dUUl   jJUi  J\  j'^\ 
-*^  Jl  J^l   lÀA  j^   ^Jy"  ^_j^  «ci  dU  Jjii    ^j^   vdDi  JUI 

JJl^    dlU    jVl    rcjil    <^!^1    isÂA    cJ-i    lÀA  (2)  Jl?-i  ^    ^J^J^  jr^ 

^l^À^  Aàl>l  ^    ^p^    J5OI    ia^U  U!l   jvwl  U;^   ^^1   jljVi 
^^   4jlj    jL5Cjl    lÂA    ^1    J'J^r-l    (^    (^^    '^-'Jl    ^^„    ^x    ij^ 

(1)  On  lit  en  marge  :  ^--srr*^!  ^js-*  L^JjcJ    y :S  tj,a  Uj'^  cela 

fut  écrit  pour  nous  servir  d'instruction,  à  nous  chrétiens.  —  (2)  Ms. 

ORIENT   CHRÉTIEN.  9 


130  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

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Ji5C_A  7c-JU«   Â^b   -«--b    ^    (*^^^-^    ^.-Ul    ^1-^*  (fol.  240,  b) 

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L.;l  Jlc  ^1  ^^1  v*«^l  >^  U-^   ôr'^-^^^^    ^^  J^  t^r^^ 

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J^  JjIj  l>i,_li  Lis  «u-lj  ij^j  (j^'  t/^  V^-5  (*v~'  '^^^.  fnt* 
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v^JLiïj   (♦^-^Ji    (V     C-«^fl'"    *^A»-lj   A.<wADi    oui     iji»j!     Jllt     OjttfJ 

(j-.«-t]l  o-s^H=*"J  ^^  J^  (V^^  (^  ^J^J  ^Jy^  (fol.  241,  a) 
lj^>;^j   pA.sL-3.-l   ;3^^   ^jJlj  ^j^^  (^vr-^-î  lyr^^^  ij^   jvfc:>Lj>.l 


UN  APOCRYPHE  CARCHOUNI  SUR  LA  CAPTIVITÉ  DE  BABYLONE.   131 

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JsUl  ^JJi   ^Myi  i'^  j^^  Ji;^^  iJ^  ^3-Sl  f^î  (Vl?f"J  ^  ^j^J 

IsJu     U    j\-s>ej\     UJ.I     i^^J     U-Jl      *»-o     v_jl^"    f**--^     >— '^'     .,/=2-«li     ^JwJl 

aJ^Lc   viX«L>o-i   ^^jl   ijJ^j    (vJàc-    »_^<^j   Ajjji    Ix^    iy>-L3j  (^ 

Lie  [>.  1J^3  dLIji  LaJ'Ij  d)L..:ac-  LV  UU^l^  bjjU-  liyj  jlj^U 
4^  bj^3  (Jij  ^^^*    Jl   Jj-^j  (J)l   ^1  ^;-^a^^  j*v^J^  '*-^  ^^ 

^»«\5»-   ijo    (_XUj1   t""^    (Jj  /♦*-Ji   **^v^3   (*y   Ls^   /»— j1-u.>oi   («9  51     "4^ 
LJ^.»o>i»j    jl    ^^^aiisïj    cti-UJi  ^li  (^"L«i    A£.L^     J^    LrU  a>âJI 

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(f.  241,  b)   (j^l^l   \y>J^   LJI3  ^LJJ]  ^  ^,^__  L'y   ^^__  J^  p^ 

jj-L<^«L^3  ^ijLij  |V*^.LL  jvj*«3  ^1  J^  j^fLrK  f^„  <-^  iJ 
jjJ^A^  (♦-^l?  (*ir    '^1/    ' ^    ,.^1^   ùA      (*t^J^^ — '-^    J^i/t*^ 


132  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

jjjjl     ^     ilp^J    *— '^'     -^-«■t-»J     i>J^^     *^«flO    A^UjIj     L>s^l>       *^l_jJl 
iJljU-    Li>-    IjJlsj    t-^^^Ij    l^^     \y>-^j^    \-Ks>-    ^^\    ,_^     LJJi    <o^ 

LlJI  ^1  ^jl  jV[j  ^  J»-  (^JJl  ^1  l-\^  LSL^l  ^_Pyi  s_;Jl 
L:iV  LJUsl  L-M>  l'Ài>-ur  V  L^jij  LjL   c^lj  LoIas  ii**»-^  (^J*"  j^ 

p^-^1    J:^^\i   f-^^    (TT^  ^^-*^    ûtr'L'-*^'    V***    (_5-jliJl    c/J^ 

p_A^j  J^l  J  pJ'^ljj  V^.  ^-*^^  ^'  (nr^  CÂ  ôrr^î. 
(j^  jl^^  ^1  ^1  àr'^'  "^^  (*r*  (3^  pJ  ^^  ^^  â::::^'^^ 
^Ll<J1   JI   u\    <X^   \jj^  «u^l   ^^   ^^   ^^x^  ^    'j^^ 

^  ^jj  \À£,  ji^3  iij  Vj  u^  vj^r»^  V  i-v^  )^^  y^  y^^ 

J>?->-:.  ôr::^^-^^  ^Vjlj  ^{^i  (f.  24-2,  a)  ^Vjl  \y\^j  <JU1 
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JLS,      jj.^:.       l<,j      ^-j     LwJl      Jl      ,^__^     ]^^         —      1^^     ^ 


LN  APOCRYPHE  CARCHOUNI  SUR  LA  CAPTIVITÉ  DE  BABYLONE.   133 

dL^  ^\J  (1)  J^l  ^  li^jlj  Ul  J^\  J<5^  i^.UJl  ^b  ^3îjlî. 
JVI3  <*Vi   5$ijb  ia^j   jj   cti::iii-  ^2rf.  ùi-'^-i  "^-^^  êr*-'  f "^^ 

yi^j  s^i  ^^  u^  u  Ut^i^j  ^1  J\  J>j  V  !>■  "^"^ 
^>  Uj  <.y  J-.  Ui  ^_^l  j^^  l->wl  .j<J\  J\  J«*5  Uj 

jJU^l  iTj  U»  Vji  jl^  U^  -^li  <:?>)  <^  <!/  ô*  ^^  cOi 

J^   ^U   -u    jl^   Uj   Ot::iLrH^   ^Vjlj   y.  411   j^  <^    il^j.^ 

V3  j^>!l^-  Vj  j^Jl^l  ^  y>^  c>.  (v^  y^3  j^IaKSI 
p-^  y>lj  L::^!  Ji  jj^-  V  j^'V  1^^"  Vj  ^  1^ 
î^^^»t^  Jb  OU^  v-j^  <jl^l  vilJi  Jl  bj^  J^  ^  l**^^j 
j.^  ^^  ^Ijj  ^jUJl  ^1  Jl«  1a^  ^i^  Ul  l^:^  ^^liiU 
jlijjp  <\é>  ^^1  j^  ^^^^  (f.  242,  b)  yi5  ôr'^"^^  ^-'^ 
dU  U  aJ  J^j  O^j^  ^-^^  Jij  b>J  -^^^-j  (vUJl  ^U  vriyJj 
Ijj^   ^J   jvj^    l^Jl^  <:>-01   av  jl   V  v^^   (2)  V^j 

(1)  Ms.  >iss^  =  S^-  —  (2)  Ms.  wjioAo  =  ^^'j- 


134  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

f^  W^  ^^^^  coJlIj   UU  ^jVl  o^    ^jDj  ^Vi  ^_^J1  J 

j^_*-ol-U>Ji    i_*Ix^    j^^   ^    "r^-^i    c^lr^'    "^y^^    ^*-.o^    -Vi-lj    Ijjf- 
^^J  Ot:^']^'   v^*-^   ^-^>H  j^  '■^^^   cr-î^  ^1  4Jl^  1JL&  j^   ^^3 

jO^jjl  p<aV1  jjj^-  ^\  [J>  J^jj>  ^  ^[£i  dIJi  ^  V  U^l 

p-ol-jj  lyU  Sjli^l  Ur^-?  lî-^i  ôr'Lr*''  /»^  f^-^  ^jV 
:^A.^j  y^   f^^  (*A  â>„^l   ^jVl   .i^jl   ciyij   ^jVI  Jl^ 

J  f^V  ^^^--3  (**^M:  Jl  J,|^l  ^  ^y  jl  Aj/  Jy  Jl 
^    W.J1    Aie    ^    ^l:>^     Jj;_5     J^1ji<Jl     [^j^lj     lyU^     jJUjjl 

^^1   dUi   J  ^j^l  j  ^   J^  ^   J5gi   ^^  iU_3  uJi 

^'  ^-^  c^^  ù"  (n^^.  "^b  JlLt-I  .^  ^j  jS  ^J  jl 
JUj  1a=.  ^l:.  ^-i^Ls  ^1  j.  jl^  U  o^1aJI<)1  dlL  Jj/ 
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(f.  243,  a)  C>  J  ^Vl  j^p::^j  ^^%  Jl  1^^-  jl  Jl   ^>U1 

tfr^     ^1     <-     J^^*^      .JUU^     pXiiU     JlU^    jv;Ujj1 

H^i    à:'    J^'-^j   \j^  ^.1    Ijji^   i'^dl    jLiJl    ^^^Vyt    jl^j 
^^  ^S   ^-^r^J  rr^.  ^J  j^  ^'^^l  Vy.  ^^^  ^1   jLij^j 
U^-  ^  -^*-:j  \^\  J  «^>;j  >U^  i^l-  Il   ly^l  ^  ^ 

t^  fi^  (n^'lir»  J^i^i  jl:   ^  v-w^  dl^l.  UJl  ^  ^\  Jjii 

'^>u  ^ji  j^^j  L,  c.^^  as"  -c^-  4)1  ^:*^j  j«Ài  ^j  Ij.a;.-  u 


UN   APOCRYPHE    CARCHOUNI    SUR   LA   CAPTIVITÉ    DE    BABYLONE.        135 

^JJJ      JlJ^J\      IjÂi-lj     O"^^      ^'^*     O^y-"}      V^-^J     ^J^^     v-J^^J 

aJ>.\  ^  -U^  <]  Âi^l_3  i-^l  (2)  Jj^  J^^y  ^^  ^-^^  (Jj^^ 
'iy    <Cii    ^ilj    «OU*    ^    JJ    ^    C^    hj^     3^    S-^^^     ô'.^ 

^y    ^jJ^    ^JJi    ii^Vi    J    jyC    U    ^^3    LJi    ^J,^    ^^3 

ia^l^l  jsVll  ^>  ^\  ^^"b  ^^  v^^  UJl  c^"  U  J^ 
Ao  O-J^-ftl^  i^-j^l  «iJA^  ^ilj  (_5^j-«-^  j:^1j  t/^^  (^*-^'  t-^' 
^IjLi^l  dlUl  ^"Is  ^-y^  d]^  y^i^  jl  c^j  (r;*U^  (3)  ^^J 
dU--l  ^  sl>j^  tjî.'^^'*^  Cf^  dJ-u-^  j^lj  ^Usl  ^jL  jVl^ 
^^jLJilj  l:;l^  L.  Jilj  dU^  (4)  j^  y>  ç^\  ^^  ^^   c'^-^^ 

i^jji    jc«   ^yîi«3   '*.*-^>:^   T^^'J   ^^^'^ 
^^^      Jl    fn^Cr^"   "*^^  "^    ùl"^^  AT^^^  <%^   bj^    J^   ^^ 

^  K.%S\  ^j  Jbl^^  Jji  ^J\  J\  ^\J  -^  (f.  243,  b) 
^JS\  jUl  ^^i  JujJIj  .^Ja^Jl   J^^b  ^.-*-»J^  (^  ^33  ^-^"^ 

vS^^iiJlj  ;,jUJl  ;^^i  ^  djlj  jLjLi  ;;->LLiJ  ^j  _^1  J 
^^\  <Jl^j  viUJl  JbJ^^  Jl  ^  ^\  L,ji  UU  «ciij  obU-J^ 

d)A^  ^1^^-^  jVl  ^t*--i   ^->^ — >-j  ^^3J  ^V^L   ^jl   ^jL  ^^li 

,.^  Ms.  }^o  ^j-^y  —  (2)  Ms.  po/  =  ^_^1.  —  (3)  Ms.  k-w   =  W.M. 
—  (4)  Ms.  |Qi>^  =  !j.U. 


136  REVUE    DE   l'orient  CHRÉTIEN. 

é%J\  j^}^  ^J\  ^u  ctus  ^j^y^  cUV  ciizi  ;^iJi  j^vi 

^■^  j^  J^li  c^'-''^^  (^  ^^'  cir^^  ^^  <-^A  <-^^  r^j*^  j^ 
j»^  jlj  ii-^j  ^y»  ^j<*iJl  (jâXs»-^  JjI  vilL  ^J\  ^  s_**Slj  i-V|^  ^^j 

<)  JlJj  J.U^  dJ>Ul  Oi  Jlil  Ulj  ^p\  J   ^1  Ujl  Uj^ 

dU^L-    viui/-    JLSJ    ojl    lio'U    ^    Jlij    jLjUt^    ^^1    dJ>U    ^i 

^Vi  JiU  >^.*>tJi  ^  S-uJl  bijb  J  l'Ij  ^^1  IJLa  j  VI  J  ^^" 
11  U  ^1  UjV  d)>Ul  JU;  ._^l  iJub  ^  Jl^  1Â<*  o  «^ 
(f.  244,  a)  aJUI  ^  cJL-jl  ^V  v^  ^^1  ^  ^^1  dUU 
lÂ*  c*-%-^j  Ai  ^1  4^-G-i   1:1  ^j}\   ^J\  Jjl  U  !-U  JuJI  IJ^ 

J'J     (^>^/.     (J^     lj>-Ul     j^J^     (iJJÀ^J     j^jj^.     Jaie*-1      lu     j»*^ÂJia, 

viXJl  ^^Ij  ^ii  ^  btU  ^1  \L\  aJ  Jl5  ^1  L^jV  lÀA 
^^J  tyl/f  Lrs=^  V^  ^S   ^^^    <-k^^  t/-»^   v*^'  r-:^ 

oUUl  Ui  a:*)  <:,aJI  Jl  ^j  dijj^  ^  Ji;^  Ul  j^j 
J*  p5Ci::c  ji  ojl  jU  v^j  J^  i^UX  dUJ^  ^^  Jlîj  ^^1 
Jti  (vU  Ujl  jX.J  Jl  l^lj  1^  ^MiJl  ^lUlj  lÂA  |XiU^ 


UN  APOCRYPHE  CARCHOUNI  SUR  LA  CAPTIVITÉ  DE  BABYLONE.  137 

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-dl  yt  j^j  ^\   L.jV   ^^y^^lj  Jj^  JLli    J.1^    d)>Ul   <! 

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^•r^l  JUcl  ^  ^3j_i]l  ^^_^1  Ij^lj  ^j^\  ^  ^yrj>-  ,j^3 
lt^^  J'-^y'  v^-'J  ff*^.  Ir^^.  tr*"  (**j-'."^-*-'J  (**jir^.  (^ 

J  ^\y  j^^  (♦j-^  s-jl^  |yl^  ^J^\  j^/^b  u^J*^^  jl^  /|^ 
SUi  J\  (f.  244,  b)  Cxé^-^^  ^^  ^j^^  J^  ^^jVl^  ^>jVl 

L»^    ^^1    cW»^    jl     ij-^/     (^'^    ^-*^,r^.     ^    îy^J    lY-y^J    (J"^^ 

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\^1     Afrlji     ^,-^Xilj     iSj     ^j^.^*\     A-W)l     dU-Oj    ^^^    jjàf-    ^y-*Xllj 

l_P^^   j!  dU-5  lu::.  UV  dUl   U^^i  a£j  L^J  ^j^]^\  iVl 

i^^^Cj  7-^  (V^-^  cJ  Ij-A-^  (♦jÂXJaJ  ^y>àj  LL-Ô-^Ij  LAc-  ^j-^J 
J-j^    Xc    Jl    Uj    jV-^'3    (*-ti^^    ^    ô^    ^    (^^    ^'^    (V^ 

(T-*-^^       O^;^       <ij^---Jl       ^^«--^J       (J^jV^       vll-^lj      -^      (V*      L*-^      Oil^- 

(1)  Le  ms.  ajoute  ici  ^  ^  ^j^. 


138  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

^^■^     lJ^     l5^      ^J^     ^ilLJl     ^JJ  jr^     «CjaSj     L&i     jVjJ     l5*S^J     fv'" 

^^,*tS  tj^  Oi  ^y^^  t^ji  (j^'j  ^^  "^f*-"  ^*-^jj  ctLLJi  ^vj  A*^j 
■c-Ji-ij  ^^jJI  L«jl  aIaj  lj^>-^y_i.c->  jl  J^  J_^-Ijj  /^-wJIjJXJI  ^jl 
L«jl   7:J>-3    ^_,-^    d)j.Lk^  ^,-ij:^   ^"1    ^Ji    L«jV    «wXUJl  r^^3    (*y^ 

(^^-^  L^^ri'-^  (*:^-'J^^.  (.5^^  ûr^.^  ^.>=^b  (f.  245,  a) 
^yJij   l5Cjlj  JJJL   dLu  l^j^  dL,   jV   jj^lj    ^>]l   dl^l- 

L*jl    ^Icj    Jj^dlj    ^^llj    <,>UL    dUl    Ijib    jJ    jVlj  jj=Jl 

j^^>^\  Jj_^)b  ^î::^  ^^j^  '4^\j  J^b  ^i  ^J-Dl  Jl  J^j 
U   ^M   <L^    j   dll^l    JliL^  o-clj  cJLL  Ji   {^  oil^  ^ÂJl 

^Jl  ^UJl  J^l  jl  ^j  l^  Ali  O-Ul  Ujl  J\  j^lj  jVl 
^L;  y^j  ^y  ^  dlL^l  ^U"  Uj  j:>=Jl  J  djUl  ^1  ^1  Ujl 

u3  ^[j  ^1   ^lj_5  ^1^  ^j  ^_j^  Iaj_^  ^j^}  UU   jvJJ;  )_y__ 

(1)   MS.  -\t^cu.o    =   JUo>.j. 


UN  APOCRYPHE  CARCHOUNI  SUR  LA  CAPTIVITÉ  DE  RABVLONE.   139 

aJ^  jUi  AfeLL_  J3  vIj^^  -^*  ^[^\  *^|^ij  Cv«A^3  ^^^*r^ 
aJI  ^^-^2^   s^iii^  ^«-^^.  7ç-^  j^^  ,^  '^^  f^'  t.^-^-^  c5-^^  "^^^^ 

1JL&  Uj  liUj  ^-jJI  ^  Jlftj  J:^^^  J^  ^^^  M  <3-J^  ^J^  (3;^ 
Ay]\  \Xt^   Uji  yb  ^^r'J  ^-*^  J^  cT*  (5-^J^.  '^^'  <^-^^  ^>LxJl 

^  di;i  Vy  JJlJLw.;l  aJ  Jlli  ^1  Ujl  jV^j  ^>:ol.d<51  Jjl 
^-^j^  ^^ju-  jL^  ^^1  <r^~fci  Ui  iii  jj-^  ^i  J^^  c-lS 
\y>-J^   y^  (1)  .:u*-Li   ^Lc   (f.  215,  b)   ^  cilS   <iliJi   o^j 

JlJ  jl  p^  J^  rn:;^  ^^^  ^^^  (^^  ^-^"^  t^r^^  (J^  v^^ 
1  o  ^    JLij    7c_JiJi    ^^-li    -I0-I3    jv^    Ap-i   kj:^  (3^J  f'ir^}    3^^ 

'^•:  ,.->z^  ^..ji^lj  ^^gJl  Lojl  (J^j  ^y^  Jji  ^jJi  ^-^  ji  ^  -^j 
IJLa    ^-J    <JA»^    ^ÂJI    'r^lî    ôr-^^    ^"^    (-5*^^^!.   '^-^^    (J^    i-**iJ^ 

J^)i\  J\  J^\  ^\  ^  jUl  ^-U  ^Jl  >;1  oij  Vj  A;y 
IJLa  j^j  -ciU  Vj  ^  jUj  ^  "^Ij  ^j^\  ^-^  J  (3*  v-^ 
^1    ^^^\    L^jl    Ai    Jm^j    ^y^\    lÂ*j    bj^^    ^    y>    ^1 

^jJJ   pj^_5   jVl   Jii   Ji  (2)  .-^1   i-^3   c>«:    J^  ''-^   Vt 

(i)  Ms.  i!o>...i3  =  ^j^li^.  —  (2)  Ms.  .^..^o  =  ^^L)\.. 


140  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Ujl  J\  Jl:  dlL^l  jl  pT  oy>^\^  'J^J\  jUJ  j^>>j  J^l 

Ijvs^L-  aJI  çy-,l9  iJaJI  ^y^\  -Cl^  dlUl  jU^  ^Ij  y^j  j^l 
L>^4    U-jU    4J   JI9J  <Jlij  <-y    ^_^   ^   JjJ    L^j^   ^,r-*J   ^   *J 

^_oi  iApti%^  S^lc-  j»Jj;j^__   O-^tî   jl   ^   *^j^    çy    (i    "^^-^-^i 

Uj  ^  <)  <JU1  «^^  Mi  Ij^I  J^  ^  (f.  ^6,  a)  ^u^Jlj  ^1 
<_L;_JL^1  ^J\  ^\  L*j\  Jii-:>  LJ3  cLs-  ^ll  J^  ^^1  L.jl  JCc 
IjiLf.  -*i  jVl  f^Aj  jj^l)  '^^.  "^^  !>?v^  -^  "^^  û^  cîJU-lr 

A_9    f»-j-^     j»^     V-r'     ^'^'     l^lr'J    (V-"^'^.     f^"'-'^     ljA>-l>j     ^^yù»>j 

^Jl   ^  ^ÂJl  iL::Jl   y   Jyl   dU  J<^J1  ^l  l^  JU'  J<^1 

aIU     ^     ^^__     ^1^1     -*^y     (J-aUI     Jl     Jb^33     ^Jl     ^1-V5     1jApc-J 


UN    APOCRYPHE    CARCHOUM    SUR    LA    CAPTIVITÉ    DE    BABYLONE.       111 
LijU-     LUli     v_,*.»^J     UljUai>-    jJ3        Àc-     (2)     LoJul)'  ^lou-tf     (1)    ^.«-Xpc» 

Ji  U=,l  (3)  A*^_5  p<:l:^^  p^j  ^  j[^\  ^\j  ^J\  J\  ^\J}\ 

^j.  .  ->r  '  *»    -C^l      -^j    jL-Lj?    jjb^    dJAx.   ^JJl   S-yJi    fr^p-lî    *-^^ 

^,«»Jl    ^cl9    <iJ^^    ^;i/9    J^J    ^-^    l5^-'   '^"    "^^^    ^"^   "^^    7r^-=^ 

-.^1    ^Lol    r-^    <-tl)i    -*^J    "^^^    cTi^    <»s:>j    JoX^\    'ry>-^J   "n^ 

V-^^  ô^   cTJ-^^  vJ'   f-^  "S:^  (fol.  --^46,  b)  d)-^  «o^i3  ^ÀJl 

A.-^j    <^1    ^j-^    <us:>j    U^l    l^    Jj^J    ^__y-/»-l!l    J>U-i    Jl    ^^\ 
^j^J    ^^\    ^\     \y5:i    4^    UÂi-1     jl^    ^iJi    ^^11     vT^     (4)  <o1 

î^l    ^U   ^1    L,j\    JjLJ'^    v-^Ji   jv-1    "J^    ^S■^\    bjlj    jUUaJlj 
J   (^Crt-Î   "^^   (VLrl    J^    t5r^^    (^   N^-J^   -*-^   "^^    ^^^    j^   t^-^^ 

\.»^^^    s:^\j   J^\   Ll^j   4J1   j^   j^  ^J\  jL5Cjt  :>{:;«lj  ^Jl 
^Vl    J-s^j    p-jJ    (5)  «Cj-^    ^J^J    ptr^    ^^^     -^    (U^J     w--iJij 

CJb^Â)!^   j^L    ljir^3   ^.--iLj   cjj   ^   p^   Jo-ij  J^  (*r*-*^ 
^  jUl  ^jJ_5  *^*:r*^  ^^^   ^j  v^^  -^  <J=*-j  ùrîLr^'  1^-*^^ 

0^    f^„    jj^r^J    ^L.^    ^j    pyO    ,.,^1    IjA^j    bJc.**a]l    k1Jo\j    UJl 
(1)  Ms.  ow-i^L  =  i-J^.  —  (2)  Ms.  M^foNi.  =  U^p_^J.  —  (3)  Ms.  i.^jo 

^   IJa^j.  —  (4)  Ms.   ow^xs  :=  i^J.J.  (5)  Ms.'0|l;..mao  =  ^  y.-^ . 


142  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

^Lii  ^J\  ^ui  ^\  \^j\  -^j  (vl^  ^>.  vJ'  Ipt"-^  "^^^y. 

^1  ^jx  <^jj  ji  ç^\^\  ^y  jiLji  4.^j  ^jj^\  ii-v^  ^i 

^j^  Jl  jLij  <r!^  ^Ojj  <-^  ^  LJMy^  ^  ^~\  -^Vi 
^:>_^  j.  (^j  ^^\  ^^j  ^1  -^^b"^.  jn''^  ç^j^  -S-^J 
A^l  aJU  ^aUI  aX5C*  ^1  j^jijj  ^^^1  Sjl^  ^j  ^\'^\ 
J.JJ1  ^1^1  dLUl  ^S]\  J.\^\  ^Vi  a;V  jU-Vb  ^^-i^b  cl^Vlj 

^j  4)1  Ju^  J  ^;^"  jl  ^j\  \y^j  (f.  247,  a)  Ô^^J 
^j>.\   l^li-lj  ^   Ij^JuJ   ^\^\   J\   451  j.,,^-!   dDi    J^M^ 

jl  p^-  «L^^ii  J|,l^l  ^  Ori  i>  fr!.-'-^  ^-3^^.^-?  ^-'"^^  <^  c> 
j  ..  -^j   <L«MJl    çA^j    .-.*^1    _^*    -^j    Jl^j    ç^   (^^    ^J' 

Vj    p^.j    4)1   i:il*^    ô^    (1)    l^*?:^.   "^    J^    pJbA&Uj   pl;lj   (n^^ 

(2)  «^1  ^J\  ^\  _^A  d);L«  J^__l9  «U-wl  l_^-»i3  \j^  \J^  4)1 
jvj^Ulj    ^1-4^1    ^    ^   (^^J    '^  c>*^-?    Afl-lil   j^iJl    Jî.[^^ 

^     ^JJ     pJblLfrl     ^iJl     «Cl^j     4^jl     Jl     ^l*lj     Jjl,     ^     4^jl     Jl 

^jS^j  Jii  ^Vl  Jl  j^  îjjf^.  ^j-^^  jJj  oy^lj  S^lj  ^^^\ 
^_.l"  C-^  S^Ui  (3)  4)1  jj-*-*>_  v_,ot^l  Jlj>_  Jj  (v^î^j  (*v:^ 
^,. 11  j    JLj>tL^lj    ^^1    L«jl    SL=^    ^U    J^    ^^liilj    j^j^t 

^b  J^^  cl^J   jVl   Jr   u--^^    C^Jb  à'.'^b  V>^  crt-^b 

^1  j^^Ul  ^i 

(1)  MS.  ais,,^'  =J*^>Î-  —  (2)  Ms.  oii^  =^  ôJj\. 

(3)  Le  ms.  ajoute  ici  le  mot  w^  =  ^'. 


UN  APOCRYPHE  CARCHOUNI  SUR  LA  CAPTIVITÉ  DE  BABYLONE.   143 

JSj  "ClLb  ^Li-tuJ    jj^   1-Jjt>  Jsl'  bLLLi^  ^^  Ji3-1    -^  jUl  Ifrj^ 


TRADUCTION 

La  voix  du  Seigneur  se  fit  entendre  à  Jérémie  :  «  Jérémie.  mon  élu,  di- 
sait-elle, n'élève  plus  de  supplication  en  faveur  de  cette  méchante  nation 
et  de  ce  peuple  cruel  et  sans  pitié  (1).  Ne  sais-tu  pas  que  je  suis  un  Dieu 
bon  et  miséricordieux?  Ce  peuple  est  au  nombre  de  plus  de  800  millions. 
Et  nous  voici  à  la  sixième  heure.  Prends  une  lampe  dans  ta  main,  par- 
cours Jérusalem  tout  entière,  regarde  et  cherche  si  tu  y  trouves  un  seul 
homme  qui  pratique  la  justice,  ou  possède  la  vie;  si  tu  le  trouves,  je  re- 
tirerai ce  peuple  de  la  captivité  (2)  et  ne  le  laisserai  point  partir  avec  Na- 
buchodonosor  (Bokht-Nassar).  S'il  en  est  un  seul  dont  la  bouche  reste  en- 
core pure  des  sacrifices  des  idoles,  je  délivrerai  le  peuple  de  la  servitude 
et  il  ne  partira  pas  en  captivité.  S'il  en  est  un  qui  aime  son  frère  ou  son 
compagnon,  je  leur  ferai  grâce  à  tous.  Mais  s'il  n'en  est  aucun,  tu  entreras 
dans  le  temple  et  tu  poseras  la  lampe  allumée  sur  le  chandelier.  Elle  res- 
tera allumée  pendant  soixante-dix  ans  jusqu'à  ce  que  le  peuple  revienne 
de  l'exil,  qu'il  suive  mes  voies  et  mes  lois  et  qu'il  observe  mes  droits.  Et 
une  fois  que  tu  auras  posé  la  lampe  allumée  à  sa  place,  tu  quitteras  ton 
vêtement  de  lumière  et  tu  demeureras  parmi  le  peuple,  durant  les 
soixante-dix  ans  de  captivité  qu'il  aura  à  subir  sous  la  puissance  de  Na- 
buchodonosor  (Bokht-Xassar).  » 

Quand  le  prophète  Jérémie  eut  entendu  ces  paroles  du  Seigneur,  il  sor- 
tit, la  lampe  allumée  à  la  main.  On  lui  disait  :  «  Pourquoi,  ô  Jérémie, 
notre  père,  marches-tu  ainsi,  tenant  la  lampe  pendant  le  jour?  »  Et  lui 
de  répondre  ;  «  Je  cherche  un  homme  qui  pratique  la  justice,  et  je  ne  le 
trouve  pas.  »  D'autres  lui  demandaient  également  :  (f.  240,  a)  t  0  Jérémie, 
notre  père,  pourquoi  marches-tu,  la  lampe  à  la  main,  pendant  qu'il  est 
jour?  »  Jérémie  leur  répondit  :  «  Je  cherche  quelqu'un  dont  la  bouche  soit 
pure  des  sacrifices  idolâtriques,  mais  je  n'en  trouve  pas.  »  D'autres  lui 
adressaient  à  leur  tour  la  même  question  :  «  0  Jérémie,  notre  père,  il  fait 
jour;  pourquoi  te  sers-tu  de  la  lampe?  »  11  répondait  :  «  Je  recherche  un 
homme  qui  aime  son  compagnon  ou  son  prochain;  mais  inutile!  » 


(1)  Jérémie,  vu,  16. 
("2)  Jérémie,  v,  1. 


144  REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 

Frustré  dans  son  attente  après  tant  de  recherches,  Jérémie  pleura 
amèrement,  revint  au. temple  de  Dieu  et  déposa  la  lampe  allumée  sur  le 
chandelier.  Puis  il  entra  dans  la  maison  de  Dieu,  où  se  trouvaient  les  vête- 
ments du  sanctuaire.  11  en  tira  le  manteau  du  grand-prêtre,  et,  montant  sur 
la  terrasse  du  temple,  il  dit  à  la  pierre  qui  formait  le  sommet  de  l'angle  (1)  : 
«  Je  te  le  dis  :  Tu  as  procuré  une  grande  noblesse  et  le  salut  à  ceux  qui 
ont  péché  contre  toi;  tu  es  l'image  du  Fils  de  Dieu  éternel,  qui  viendra 
dans  le  monde,  le  roi  fidèle,  le  Seigneur  de  l'ancienne  et  de  la  nouvelle 
alliance.  Aussi  je  te  dis  que  tu  seras  renversée  et  détachée  de  ce  temple 
pour  être  posée  au  rang  de  la  pierre  angulaire.  C'est  à  cause  de  cela  que 
tu  as  été  l'objet  de  cet  honneur.  Et  maintenant  ouvre  ta  bouche,  reçois  le 
manteau  du  grand-prêtre  et  conserve-le  jusqu'au  jour  où  Dieu  ramènera 
son  peuple  de  la  captivité.  »  Aussitôt  la  pierre  ouvrit  la  bouche  et  reçut  de 
la  main  du  prophète  Jérémie  le  manteau  du  sacerdoce.  11  prit  ensuite  la 
mitre  sur  laquelle  était  écrit  le  nom  du  Seigneur  des  armées  tout-puissant 
et  que  portaient  sur  la  tête  Aaron  et  ses  fils  quand  ils  faisaient  le  service 
dans  le  sanctuaire;  il  l'éleva  vers  le  ciel  et  parla  au  soleil  en  ces  termes  : 
€  0  toi,  la  source  de  la  grande  lumière  et  le  chef  caché,  je  te  dis  que, 
parmi  toutes  les  créatures  de  Dieu,  je  ne  vois  rien  qui  te  ressemble  :  Tu 
conserveras  cette  mitre  (2)  dont  les  bords  portent  gravé  le  nom  de  Dieu 
tout-puissant;  tu  la  conserveras  jusqu'à  ce  que  Dieu  ramène  dans  ce  lieu 
les  captifs  Israélites.  »  Et  il  lança  la  mitre  (2)  vers  le  soleil  qui  l'attira  à 
lui-même  par  ses  rayons.  Quant  au  reste  des  ustensiles  de  la  maison  du 
Seigneur,  ils  furent  cachés  par  le  prophète. 

Après  quoi,  Jérémie  se  dépouilla  de  ses  vêtements  de  lumière  au  milieu 
du  temple  et  ayant  revêtu  le  cilice  et  passé  un  voile  de  lin  autour  des 
reins,  il  adora  le  Seigneur,  (f.  240,  b)  la  tête  inclinée  devant  l'autel.  11  prit 
ensuite  les  clefs  du  temple  pour  les  déposer  sur  le  linteau  de  la  porte  : 
e  0  linteau  du  temple  du  Seigneur,  dit-il,  reçois  ces  clefs  et  garde-les  jus- 
qu'au retour  du  peuple  de  la  captivité  ».  Et  le  linteau  de  la  porte  les  reçut 
aussitôt  de  la  main  du  prophète  Jérémie.  Celui-ci  se  présenta  ensuite  devant 
le  monarque  chaldéen. 

Dès  que  le  peuple  vit  Jérémie  revêtu  du  cilice  et  la  tête  couverte  de 
poussière,  il  comprit  que  Dieu  ne  lui  avait  pas  pardonné  ;  il  gémit,  pleura 
et  se  couvrit  la  tête  de  poussière.  C'est  qu'en  effet  Jérémie  sortait  du 
temple  revêtu  d'une  robe  blanche,  la  tête,  la  barbe  et  le  manteau  parfumés, 
lorsque  sa  prière  pour  le  peuple  était  exaucée  et  faisait  descendre  sur  ce 
dernier  la  miséricorde  du  Seigneur. 

Quand  Jérémie  eut  accompli  toutes  ces  choses,  il  dit  à  Nabuchodonosor 
(Bokht-Nassar)  :  «  Monte  sur  ton  char,  dirige-toi  vers  Babylone  (Babel)  et  ne 
crains  rien,  car  le  Seigneur  t'a  livré  le  peuple  afin  de  le  punir.  Nabucho- 
donosor (Bokht-Nassar)  se  leva  sur-le-champ  comme  un  lion  et  se  mit  en 
marche  pour  Babylone  (Babel),  son  pays,  avec  les  généraux,  les  soldats  et 
le  reste  de  son  empire,  auxquels  il  ordonna  de  rassembler  tous  les  Juifs 

(1)  Math.,  XXI,  4-2. 

(2)  Litt.  :  .  voile  .. 


UN   APOCRYPHE   CARCHOUNI    SUR    LA   CAPTIVITÉ    DE    BABYLONE.       145 

pour  les  déporter.  Quant  au  prophète  Jérémie,  il  les  précédait,  la  tête  et  les 
pieds  nus.  Le  roi  l'aperçut  et  lui  dit  :  .  Quel  péché  as-tu  donc  commis 
ô  prophète  de  Dieu?  Monte  sur  mon  char;  mais  il  estmesséant  d'y  monter 
avec  un  cilice.  .  Et  le  prophète  Jérémie  de  lui  répondre  :  «  J'ai  péché  devant 
le  Seigneur  plus  que  tout  le  peuple.  Le  nom  du  Seigneur,  mon  Dieu,  est 
vivant!  Je  n'y  monterai  jamais,  ni  ne  quitterai  ce  vêtement  jusqu'à  ce  que 
le  Seigneur  détourne  sa  colère  et  ramène  son  peuple  de  l'exil.  » 

Le  roi  Nabuchodonosor  (Bokht-Nassar)  enjoignit  à  ses  généraux  de 
porter,  malgré  lui,  le  prophète  Jérémie.  Quant  aux  Hébreux,  ils  marchaient 
vers  Babylone  (Babel),  en  proie  à  une  misère  terrible  et  à  des  maux 
multiples.  Un  mois  ne  s'était  pas  encore  écoulé,  que  leurs  vêtements 
étaient  souillés  et  usés  comme  de  vieilles  loques,  leurs  chaussures  dé- 
chirées et  leurs  cheveux  (f.  241,  a)  pendant  sur  leurs  épaules  comme  des 
cheveux  de  femmes.  Le  soleil  les  brûla  d'une  chaleur  mortelle,  la  boue 
les  couvrit  et  les  ordures  s'attachèrent  à  leurs  corps.  Couverts  de  blessures 
d'ulcères  et  de  plaies,  ils  étaient  exposés  au  froid  de  la  lune  et  des  étoiles 
de  la  nuit;  ils  tombaient,  la  face  contre  terre,  et  ils  étaient  entourés  de 
ténèbres  si  épaisses  qu'ils  ne  pouvaient  plus  retrouver  leur  chemin.  Ils 
pleuraient,  tombaient  les  uns  sur  les  autres,  souffraient  de  la  faim  et  de 
la  soif  et,  les  yeux  levés  au  ciel,  ils  disaient  en  gémissant  ;  .  Oh'  que 
nous  sommes  loin  des  cailles  et  de  la  manne  que  le  Seigneur  envoyait  à 
Moïse,  et  de  l'eau  qui  jaillissait  du  rocher  dans  le  désert. .  Du  haut  du  ciel 
le  Seigneur  fit  pleuvoir  sur  eux  de  la  poussière,  et,  au  lieu  d'eau  douce 
une  eau  salée  et  amère,  au  point  qu'ils  furent  frappés  d'une  gale  incurable' 
Les  femmes  enceintes  avortèrent  par  suite  des  fatigues  de  la  route  et  les 
nourrices  jetèrent  leurs  enfants,  parce  que  la  faim  et  la  soif  avaient 
desséché  et  tari  leurs  mamelles.  Ils  versaient  des  torrents  de  larmes 
éclataient  en  sanglots  et  disaient  :  »  Seigneur,  tes  jugements  sont  équi- 
tables, et  tu  as  fait  toutes  choses  avec  sagesse;  tu  nous  as  rétribués  selon 
nos  péchés,  car  nous  avions  immolé  nos  enfants  aux  idoles:  tu  nous  as 
traites  selon  nos  œuvres,  car  nous  nous  étions  révoltés  contre  toi  et  nous 
avions  commis  l'iniquité  en  ta  présence.  Voilà  pourquoi  tout  ceci  nous 
arrive.  » 

Le  roi  Nabuchodonosor  (Bocht  Nassar)  les  conduisit  jusqu'à  Babylone 
(Babel).  Il  entra  dans  son  palais  et  embrassa  ses  enfants.  Après  les  avoir 
salues,  il  leur  raconta  tout  ce  qui  lui  était  arrivé  depuis  son  départ  de  la 
Chaldee  jusqu'à  son  retour  au  milieu  d'eux.  Sans  prendre  aucun  repos  il 
se  mit  aussitôt  à  juger  les  Hébreux  qu'il  fit  taillables  et  corvéables  à  merci 
11  les  dénombra  ensuite  et  trouva  qu'ils  étaient  diminués,  sans  compter  les 
enfants  morts  entre  les  bras  de  leurs  mères,  de  220.050  personnes  qui 
avaient  péri  en  route  de  fatigue,  de  faim  et  de  soif.  Puis  il  ordonna  d'em- 
ployer les  jeunes  gens  à  travailler  l'argile  et  la  brique,  les  vieillards  à 
couper  du  bois  et  à  porter  de  l'eau  et  les  femmes  à  filer  et  à  tisser  la 
laine.  Ils  devaient  chaque  jour  apporter,  comme  des  esclaves,  le  produit 
de  leur  travail  et  ne  recevaient  qu'un  peu  de  pain  et  d'eau  pour  toute 
nourriture. 

Les  Hébreux  servirent  donc  ^ï.  241,  b)  à  Babylone  sous  le  joug  de  rcscia- 

ORIENT    CHRÉTIEN.  ^^^ 


146  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

vage.  Le  roi  Nabuchodonosor  (Boclit-Nassar)  fît  bâtir  de  nombreux  villages, 
hôtelleries,  greniers  publics  ainsi  que  des  tours  auprès  du  fleuve  qui 
entourait  Babylone.  La  foule  des  Chaldéens  sortait  chaque  jour  vers  le 
fleuve  avec  tambourins  et  cithares,  faisait  travailler  les  Hébreux  et  leur 
demandait  :  «  Montrez-nous  comment  vous  chantez  les  louanges  de  votre 
Seigneur  et  de  votre  Dieu.  »  Mais  les  Hébreux  répondaient  avec  des  pleurs 
et  des  gémissements  :  «  Comment  clianterions-nous  les  louanges  du  Sei- 
gneur sur  une  terre  étrangère?  »  Et  l'on  accablait  d'humiliations  le 
peuple  du  Seigneur.  Les  Hébreux  poussèrent  des  cris  de  lamentations  et 
pleurèrent  en  disant  :  «  Le  Seigneur  nous  donne  justement,  par  ces 
malheurs  qui  ont  fondu  sur  nous,  la  récompense  de  nos  œuvres.  Et  main- 
tenant, Seigneur,  jette  un  regard  sur  nous,  car  la  confusion  couvre  nos 
visages.  0  toi,  Notre-Seigneur  et  notre  Dieu,  ne  nous  châtie  pas  à  cause  de 
nos  iniquités;  car  nous  t'avons  irrité,  en  n'écoutant  pas  tes  prophètes  qui 
étaient  à  Jérusalem.  » 

Les  Hébreux  travaillaient  pour  le  roi  à  Babylone  et  ils  enduraient  de  la 
part  des  Chaldéens  des  supplices  terribles.  Or  le  prophète  Jérémie  était  à 
Babylone  et  élevait  à  Dieu,  jour  et  nuit,  des  prières  et  des  supplications  en 
faveur  du  peuple  dont  il  voyait  la  souffrance  et  la  misère.  Cependant  le 
roi  Sédécias  avait  été  attaché  au  char  de  Nabuchodonosor  (Bocht-Nas.sar) 
et  traîné  derrière  lui  jusqu'à  Babylone  (Babel).  Après  avoir  subi  de  durs 
traitements,  il  fut  employé,  durant  une  captivité  de  40  ans,  à  faire 
marcher  le  cheval  qui  tournait  un  moulin,  et  mourut  ensuite  de  souffrances 
et  de  peines  telles  que  personne  n'en  avait  enduré  jusque-là. 

Nabuchodonosor  (Bocht-Nassar)  eut  durant  toute  sa  vie  quelque  compas- 
sion pour  les  Hébreux  ;  il  mourut.  A  sa  mort,  Cyrus  (Khourisch)  le  Persan 
lui  succéda  sur  le  trône.  11  fit  cruellement  souffrir  les  Hébreux  de  la  faim 
et  de  la  soif;  il  réduisit  la  ration  qui  leur  était  servie  sous  xNabuchodonosor 
(Bocht-Nassar)  et  ne  donna  à  chacun  qu'un  pain  tous  les  deux  jours  et  leur 
mesura  parcimonieusement  l'eau  qu'ils  buvaient.  11  augmenta  leur  travail 
et  les  opprima  de  toutes  manières.  Beaucoup  en  moururent,  et  de 
180  millions  qu'ils  étaient  leur  nombre  tomba  à  80  millions. 

Des  enfants  hébreux,  au  nombre  de  70,  étudiaient  chez  des  maîtres 
chaldéens.  Parmi  eux  se  trouvait  un  garçon  appelé  Esdras  (Azra)  que  sa 
mère  avait  porté  à  l'école  quand  il  était  encore  tout  jeune  et  ne  distinguait 
pas  le  bien  du  mal.  Mais  l'esprit  de  Dieu  était  en  lui.  Les  enfants  (f.  242,  a) 
des  Hébreux  allaient  chaque  jour  au  fleuve  avec  les  enfants  chaldéens 
pour  y  puiser  de  l'eau  qu'ils  rapportaient  sur  leurs  épaules.  Un  jour  qu'ils 
étaient  sortis  pour  aller  chercher  l'eau,  Esdras  (Azra)  lais.sa  tomber  sa 
jarre  qui  se  brisa.  Les  enfants  des  Chaldéens  se  tournèrent  vers  les  Hé- 
breux et  leur  dirent  :  «Malheur  à  vous,  Hébreux  désespérés,  paresseux 
et  méprisables.  »  Ils  donnaient  ensuite  des  soufflets  à  Esdras  en  disant  : 
«  Hébreux,  vous  êtes  des  gens  mous  et  sans  force.  »  Et  ils  se  moquaient 
d'Esdras  (Azra).  Mais  celui-ci,  dans  sa  tristesse,  éleva  les  yeux  au  ciel, 
soupira  et  pleura.  «  0  mon  Seigneur  et  mon  Dieu  tcut-puissant,  dit-il. 
jette  un  regard  sur  nous  et  aie  pitié  de  nous  à  cause  d'Abraliam,  ton  ami, 
d'Isaac,  ton  serviteur,  et  d'Israël,  ton  saint.  N'oublie  pas  l'alliance  que  tu  as 


U\  APOCRYPHE  CARCHOUNI  SUR  LA  CAPTIVITÉ  DE  BABYLONE.   147 

conclue  avec  nos  pères,  tes  serviteurs,  et  n'éloigne  pas  de  nous  ta  face  et 
ta  miséricorde;  car  nous  sommes  détestés  de  tous  les  peuples,  humiliés  et 
opprimés  devant  ta  créature  et  au  milieu  de  cette  nation.  Et  maintenant, 
Seigneur,  regarde  et  fais  descendre  sur  nous  ta  miséricorde.  Nous  avons 
péché  devant  toi  ;  mais  tu  es  clément  et  miséricordieux,  tu  pardonnes  les 
fautes  et  tu  ne  veux  point  la  mort  des  pécheurs.  «> 

Quand  Esdras  (Azra)  eut  achevé  sa  prière,  il  quitta  son  vêtement, 
descendit  dans  le  fleuve  et  le  remplit  d'eau  comme  on  remplit  une  jarre. 
Il  le  chargea  sur  ses  épaules  et  revint  avec  les  enfants  de  l'école  ;  le  vête- 
ment ne  perdit  pas  une  goutte.  De  retour  à  l'école,  il.  se  mit  à  arroser  le 
sol  avec  l'eau  de  son  vêtement,  et,  quand  il  eut  fini,  il  revêtit  son  habit  qui 
fut  à  l'instant  aussi  sec  qu'auparavant.  Le  maître  d'école,  voyant  cela,  se 
leva  et  se  prosterna  devant  lui,  en  disant  :  «  En  vérité  je  te  le  dis,  ô  mon 
fils  Esdras  (Azra),  c'est  toi  qui  délivreras  ton  peuple  de  l'exil.  » 

Esdras  (Azra)  et  les  enfants  hébreux  croissaient  chaque  jour  dans  la 
grâce  de  Dieu.  Quelques  jours  après,  ils  voulaient  aller  puiser  de  l'eau 
comme  d'habitude.  Les  enfants  chaldéens  sortirent  et  se  dirent  les  uns 
aux  autres  :  «  Laissez  ces  Hébreux:  ne  les  fréquentez  pas;  ne  prenez  pas 
vos  repas  avec  eux  ;  car  ils  n'adorent  pas  nos  dieux,  k  Aussitôt  ils  s'en 
séparèrent  et  les  battirent.  Dans  cette  affliction,  Esdras  (Azra)  frappa  un 
rocher  de  ses  pieds,  et  il  en  jaillit  une  eau  abondante  comme  un  fleuve, 
qui  se  répandit  et  atteignit  les  pieds  des  Chaldéens.  (f.  242,  b)  L'eau  sortait 
toujours  du  rocher  ;  l'on  eût  dit  un  déluge.  Le  maître  se  leva  aussitôt,  se 
prosterna  devant  Esdras  (Azra),  lui  baisa  les  mains  et  les  pieds  et  lui  dit  : 
«  Pourquoi  s'occuper  de  ces  chiens?  Voudrais-tu  pour  eux  faire  périr  toute 
la  ville?  »  Esdras  (Azra)  eut  pitié  de  son  maître,  lorsqu'il  le  vit  pleurer;  il 
alla  donc  à  l'endroit  où  était  le  rocher.  «  0  terre,  dit-il,  ouvre  ta  bouche  et 
engloutis  ces  eaux  ;  car  le  Seigneur  a  dit  qu'il  n'y  aurait  pas  un  second 
déluge  sur  la  terre  (1),  mais  qu'un  feu  viendrait,  qui  la  brillerait  jusqu'à 
ses  fondements  et  la  dissoudrait  au  dernier  jour.  »  Alors  la  terre  ouvrit  sa 
bouche  et  engloutit  les  eaux.  Esdras  (Azra)  se  leva  ensuite,  prit  tous  les 
enfants  hébreux  et  quitta  avec  eux  l'école  des  Chaldéens. 

Après  ces  événements,  le  roi  Cyrus  (Khourisch)  ordonna  aux  Hébreux  de 
comparaître  et  leur  dit  :  «  Apportez  vos  cithares  dont  vous  vous  servez 
pour  louer  votre  Dieu,  et  jouez-en  devant  moi.  »  Ils  répondirent  au  roi 
Cyrus  (Khourisch;  :  «  Nous  craignons  de  jouer  de  nos  instruments  sur  une 
terre  étrangère,  car  notre  Dieu  nous  le  défend.  »  Cyrus  (Khourisch)  leur 
dit  :  «  Comme  vous  célébriez  votre  Dieu  à  Jérusalem,  célébrez-le  ici.  » 
Les  Hébreux  lui  répondirent  :  «  Ce  sont  les  lévites,  nos  chefs,  que  Dieu  a 
choisis  pour  jouer  de  la  cithare.  »  Cyrus  (Khourisch)  ordonna  à  la  tribu  de 
Lévi  de  marcher  devant  les  Hébreux  et  de  pincer  de  la  cithare.  C'est  ce 
qu'ils  firent.  Les  autres  Hébreux  chantaient  en  même  temps  avec  un 
ensemble  pariait,  battaient  des  mains  et  frappaient  la  terre  en  cadence. 
Soudain  le  sol  sur  lequel  ils  étaient  s'éleva  comme  s'il  voulait  déposer  les 
Israélites  dans  leur  pays.  Leurs  voix  furent  entendues  à  Jérusalem,  et  les 

(1)  Gen.,  IX,  11. 


14S  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Chaldéens  éprouvèrent  une  frayeur  indicible.  Le  Seigneur  envoya  ensuite 
une  nuée  du  ciel,  qui  voila  entièrement  le  temple.  Alors  tous  ceux  qui 
étaient  à  Jérusalem  comprirent  que  le  Seigneur  avait  fait  miséricorde  à 
son  peuple  et  qu'il  allait  le  retirer  de  la  captivité. 

Cyrus  (Khourisch)  fut  épouvanté  de  l'effet  des  cithares  :  il  dit  donc  aux 
Hébreux  :  «  Gardez-vous  bien  de  toucher  encore  à  vos  instruments  tant 
que  vous  n'aurez  pas  quitté  ce  pays  et  ne  serez  de  retour  dans  le  vôtre  :  à 
Jérusalem  vous  louerez  votre  Dieu  selon  vos  habitudes.  » 

Ainsi  se  terminèrent  les  70  ans  de  captivité. 

Il  y  avait  à  Babylone  trois  enfants  auxquels' le  Seigneur  adressait  sa 
parole  et  qui  prophétisaient.  C'étaient  Esdras  (Azra),  tils  de  Nariah,  Daniel, 
tils  de  Batariah  et  Ézéchiel,  fils  de  Bardi.  Ils  se  dirent  les  uns  aux  autres  : 
t  Allons  prendre  un  bélier;  nous  le  mènerons  au  désert  et  l'offrirons  en 
sacrifice  au  Dieu  d'Israël.  Ainsi  faisaient  nos  pères  qui  sacrifiaient  en 
expiation  de  leurs  fautes  :  un  ange,  tenant  une  baguette  de  feu,  descendait 
alors  du  ciel  et  recevait  le  sacrifice  qui  était  offert.  Peut-être  que  la  misé- 
ricorde divine  est  proche  de  nous  et  que  le  Seigneur  enverra  son  ange 
pour  recevoir  notre  offrande.  »  C'est  ce  qu'ils  firent.  Esdras  (Azra)  pris  trois 
espèces  de  bois  :  du  nard  (atpacpa^t;),  du  styrax  (diupaÇ)  et  de  Tébéne;  et 
l'on  plaça  dessus  le  bélier.  Puis  Esdras  tourna  sa  face  vers  l'Orient,  regarda 
vers  Jérusalem  et  adressa  une  prière  au  Dieu  d'Israël.  «  Seigneur,  dit-il, 
Dieu  de  nos  pères  justes  et  pieux,  Dieu  unique  et  éternel,  tu  as  prêté 
l'oreille  à  Abel,  le  premier  des  martyrs,  tu  l'as  vengé  de  son  frère  Caïn: 
tu  as  créé  Seth  à  ta  ressemblance  et  éloigné  de  lui  les  puissances  des  ténè- 
bres: tu  as  récompensé  la  pureté  d'Enoch  en  l'élevant  dans  son  corps  au 
ciel  dont  tu  lui  as  manifesté  les  mystères  et  tu  lui  as  appris  les  secrets  de 
l'autre  vie:  tu  as  sauvé  Noé  pour  sa  justice  et  lui  as  donné  le  pouvoir  que 
possédait  Adam  avant  sa  chute  et  tu  l'as  établi  maître  de  tout  ce  qui  est 
îous  le  ciel;  je  te  prie  et  te  conjure.  Seigneur,  Dieu  tout-puissant,  d'exau- 
cer ma  prière,  de  regarder  nos  larmes  et  de  te  souvenir  de  l'alliance  que 
tu  as  faite  avec  notre  père  Abraham  à  qui  tu  as  dit  :  <  Si  tes  enfants  obser- 
«  vent  mon  alliance,  je  ferai  périr  leurs  ennemis.  »  Et  maintenant, 
Seigneur,  cherche  et  visite  tes  serviteurs.  Nous  sommes  asservis  jusqu'à 
la  mort  à  cause  de  ton  saint  nom.  Exauce-nous  du  haut  de  ton  ciel, 
reçois  notre  offrande,  agrées-en  l'odeur,  fais  miséricorde  à  ton  peuple  et 
accorde-lui  le  pardon.  » 

Lorsque  Esdras  et  ses  frères  eurent  fini  de  prier,  leur  supplication  s'éleva 
jusqu'au  trône  du  Seigneur  et  leur  parole  retentit  à  Foreille  du  Dieu  des 
armées.  II  envoya  son  ange  sous  une  forme  humaine,  (f.  243,  b)  pour  rece- 
voir leur  offrande.  L'archange  Michel  descendit  donc  du  ciel,  se  tint  prés 
de  l'autel  et  brûla  le  bois  et  le  bélier  avec  la  baguette  de  feu  qu'il  avait  à 
la  main;  le  feu  consuma  tout.  L'archange  en  remontant  au  ciel,  s'arrêta 
en  l'air,  se  montra  aux  trois  jeunes  gens,  et  leur  donna  la  bénédiction 
céleste;  le  ciel  s'ouvrit  ensuite  pour  le  recevoir. 

Le  prophète  Jérémie,  revêtu  de  cilice,  alla  trouver  le  roi  Cyrus  (Khou- 
risch). Il  avait  ainsi  prié  auparavant  le  Seigneur  pour  le  peuple  :  «  Sei- 
gneur, Seigneur,  Dieu  de  mon  âme  et  de  mon  corps,  écoute  la  prière  de 


UN    APOCRYPHE    CARCIIOUM    SUR    LA    UAPTFVITP^    DE    hîABYLOXE.       149 

ton  serviteur  pour  ce  peuple  malheureux;  les  jours  de  ton  indignation 
contre  lui  sont  achevés,  et  Theure  que  tu  as  fixée  pour  son  salut  a  sonné,  d 
Pendant  qu'il  priait  ainsi  devant  lui,  le  Seigneur  avait  donné  cet  ordre  à 
lange  Michel  :  «  Va  tout  de  suite  au  pays  des  Chaldéens  pour  sauver  le 
peuple  et  le  tirer  de  sa  captivité.  Si  les  Babyloniens  le  retiennent,  je  cou- 
vrirai la  terre  de  nuages  et  ferai  éclater  sur  eux  ma  colère  jusqu'à  ce 
qu'ils  le  mettent  en  liberté.  Va  annoncer  à  Jérémie,  mon  élu,  cette  bonne 
nouvelle  et  amène-le  au  roi  de  Babylone  et  délivre  le  peuple  de  la  main 
de  ce  dernier.  Si  le  monarque  des  Chaldéens  s'y  oppose,  je  les  ferai  périr, 
comme  jadis  j'ai  fait  périr  Pharaon  et  ses  chars  avec  les  Égyptiens  qui 
l'accompagnaient.  » 

Jérémie  était  au  temple  (vaoç),  lorsque  l'ange  Michel  se  présenta  à  lui, 
en  disant  :  «  Salut,  homme  de  Dieu.  »  Cette  salutation  fortifia  le  courage 
du  prophète  Jérémie  ;  il  regarda  Michel,  l'ange  du  Seigneur,  et  lui  dit: 
«  Me  voici,  Seigneur.  J'ai  reconnu  ta  salutation;  tes  paroles  ont  donné  de 
la  force  à  mes  os  et  retrempé  ma  vigueur.  Si  tu  étais  là.  Seigneur,  pour- 
quoi donc  ne  m'as-tu  apparu  qu'aujourd'hui,  quand  nous  sommes,  le 
peuple  et  moi,  dans  cette  détresse?  Je  suis  pour  ce  peuple  comme  un  père 
pour  ses  enfants.  » 

L'ange  lui  répondit  :  «  Je  suis  venu  à,  toi  en  ce  jour  pour  sauver  ton 
peuple;  Dieu  m'envoie  (f.  244,  a)  pour  accomplir  cette  œuvre,  et  voici  ce 
que  dit  le  Seigneur  que  je  sers  :  i  J'ai  pitié  de  ce  peuple,  je  veux  le  rame- 
«  ner  dans  son  pays  afin  qu'il  m'y  serve.  Si  les  Chaldéens  refusent  de  le 
«  laisser  partir,  je  m'irriterai  contre  eux,  je  ravagerai  leur  pays  jusqu';V  ce 
«  qu'ils  le  renvoient  et  je  ferai  avec  eux  comme  avec  Pharaon,  roi  d'Egypte.  » 
L'ange  Michel  dit  encore  à  Jérémie,  le  prophète  :  «  Reste  ici  pendant  que 
je  vais  rassembler  tout  le  peuple.  »  L'ange  Michel  prit  la  figure  d'un  Hébreu 
et  alla  réunir  tous  les  Israélites,  comme  un  seul  homme,  dans  un  même 
endroit.  Il  se  dirigea  d'abord  vers  ceux  qui  travaillaient  la  brique  et  leur 
dit  :  «  Vous  avez  assez  travaillé.  Allez  trouver  votre  père  Jérémie,  car  le 
Seigneur  vous  affranchit  de  cette  corvée.  •»  Il  se  rendit  ensuite  auprès  de 
ceux  qui  coupaient  du  bois  et  arrosaient  et  leur  tint  le  même  langage.  Puis 
il  entra  dans  la  ville  où  les  femmes  tissaient  la  laine.  «  Vous  avez  assez 
travaillé  et  peiné,  leur  dit-il;  le  Seigneur  vous  délivre  et  vous  sauve; 
venez  chez  votre  père  Jérémie.  » 

Ainsi  tous  se  rassemblèrent  de  toutes  parts. 

Le  prophète  Jérémie  les  réunit  et  se  présenta  avec  eux  devant  le  roi 
Cyrus  (Khourisch)  et  le  général  en  chef  des  Chaldéens.  Jérémie  parla  à 
Cyrus  (Khourisch)  et  au  général  Amsis  en  ces  termes  :  «  Écoutez  la  parole 
du  Seigneur,  le  Dieu  d'Israël  »  ;  et  il  rapporta  toutes  les  paroles  que  l'ange 
Michel  lui  avait  dites.  Cyrus  et  Amsis  répondirent  :  «  Qui  est  donc  le  Dieu 
d'Israël?  Retourne?,  Hébreux,  à  vos  travaux  et  ne  prêtez  point  l'oreille  à 
de  telles  paroles.  »  Et  le  roi  donna  l'ordre  de  flageller  le  prophète  Jérémie 
devant  tous  les  Hébreux,  et  il  sortit  sur-le-champ  du  palais  en  compagnie 
d'Amsis.  Ils  donnèrent  l'ordre  à  ceux  qui  surveillaient  les  travaux  de 
battre  les  Hébreux  et  de  leur  infliger  des  tortures  pour  les  contraindre  de 
se  rcmertre  à  l'ouvrage.   Ils  montèrent  ensuite  à  cheval  et  sortirent  et  se 


lôO  RF.VUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

rendirent  eux-mêmes  sur  les  lieux  pour  faire  châtier  les  Israélites.  Mais 
alors  un  nuage  apparut,  le  tonnerre  éclata,  la  terre  fut  violemment 
scouée,  le  vent  se  déchaîna,  le  soleil  s'obscurcit  en  plein  midi,  toute  la 
terre  fut  plongée  dans  les  ténèbres.  Le  ciel  et  la  terre  éprouvèrent  ainsi 
une  égale  confusion.  Les  chevaux  que  montaient  (le  roi  et  le  général) 
enfoncèrent  leurs  pattes  en  terre  comme  on  enfonce  des  pieux.  Les  Chal- 
déens  crièrent  (f.  244,  b)  à  Cyrus  et  à  Amsis  :  «  Voulez-vous  par  votre 
impiété  que  le  Seigneur  vous  fasse  comme  aux  Amorrhéens  ?  » 

Le  roi  Cyrus  (Khourisch)  tomba  de  son  cheval  et  se  brisa  l'épine  dorsale. 
Le  général  Amsis  tomba  également  et  se  cassa  tout  le  bras  droit  jusqu'au 
coude.  Toute  la  foule  s'écria  alors  :  «  Dieu  d'Abraham,  Dieu  d'Isaac,  Dieu 
d'Israël,  Dieu  des  Hébreux,  aie  pitié  de  nous,  car  nous  avons  péché  contre 
toi  pour  avoir  empêché  ton  peuple  de  sortir  de  notre  pays.  Pitié!  Sei- 
gneur, nous  t'en  prions.  Ne  nous  punis  pas  à  cause  de  nos  péchés;  mais 
de  grâce  !  guéris-nous,  et  nous  le  laisserons  retourner  dans  son  pays  en 
joie  et  sécurité.  » 

Le  prophète  Jérémie,  entendant  ces  paroles  et  ces  gémissements,  eut 
pitié  d'eux.  Il  s'approcha  de  Cyrus,  le  releva  et  lui  guérit  la  fracture  de 
l'épine  dorsale.  Abraham  remit  également  le  bras  du  général  chaldéen. 
Dieu  vit  que  leurs  cœurs  étaient  changés,  et  alors  la  terre  cessa  de  trem- 
bler, l'univers  reprit  son  calme  et  le  soleil  répandit  de  nouveau  sa  lumière 
sur  la  face  du  globe. 

Le  roi  Cyrus  (Khourisch)  et  Amsis  firent  venir  les  Hébreux,  comptèrent 
les  jours  de  leur  service,  acquittèrent  le  salaire  du  travail  qu'ils  avaient 
fourni  de  leur  temps  et  leur  donnèrent  beaucoup  d'or  et  d'argent.  Le  roi 
fit  monter  Jérémie  sur  son  cheval,  le  revêtit  du  vêtement  rcy^l.  lui  mit 
son  diadème  sur  la  tête,  et  lui  donna  beaucoup  de  chevaux,  de  bêtes  de 
somme  et  de  chameaux  chargés  de  provisions  pour  la  route.  Il  fit  en  outre 
publier  dans  tout  le  pays  des  Chaldéens  que  ses  sujets  devaient  aller  à  la 
rencontre  du  prophète  Jérémie  et  de  son  peuple,  les  recevoir  avec  joie 
et  allégresse,  les  bien  traiter  et  les  servir  tant  qu'ils  seraient  dans  leur 
royaume.  Le  roi  offrit  encore  au  prophète  Jérémie  douze  serviteurs. 

Jérémie  quitta  donc  avec  le  peuple  hébreu  les  villes  de  Chaldée.  Le 
total  des  Hébreux  qui  partirent  de  Babylone  était  de  80  millions  :  cette 
longue  captivité  les  avait  diminués  de  100  millions. 

A  la  sortie  de  Babylone,  ils  commencèrent  la  prière,  (f.  245,  a)  en 
disant  :  «  Lève-toi,  Jérusalem,  réjouis-toi  et  mets  ta  couronne  au  milieu 
de  la  joie  et  de  l'allégresse.  Tes  enfants  t'avaient  quittée,  humiliés,  les 
larmes  aux  yeux  et  en  proie  à  la  crainte  et  à  la  tristesse,  et  maintenant  ils 
reviennent  avec  la  sécurité,  la  joie  et  les  chants.  » 

Le  retour  de  Jérémie  dans  sa  patrie  fut  un  triomphe.  Toutes  les  villes 
chaldéennes  lui  faisaient  bon  accueil.  Des  cavaliers  marchèrent  devant  lui 
jusqu'à  Jérusalem  pour  faire  honneur  à  la  ville,  et  la  présenter  comme 
une  épouse  à  ce  peuple.  Tel  fut  ce  retour  à  Jérusalem. 

Sur  ces  entrefaites  le  serviteur  Abdémélech  (Aftimalek)  se  réveilla  et 
sortit  de  l'endroit  oîi  il  dormait,  sous  le  rocher.  11  vit  de  la  poussière  sur  le 
panier  qui  contenait  les  raisins,  les  figues  et  d'autres  fruits;  les  feuilles 


U\   APOCRYPHE   CARCIIOUNI    SUR    LA    f'APTIVITÉ    DE    BABVLONE.       151 

vertes  qui  le  couvraient  s'étaient  allongées  et  étendues.  Il  se  dit  à  lui-même  : 
t  Je  ne  suis  pas  en  retard  pour  m'ètre  endormi;  j'avais  la  tête  lourde 
et  j'ai  voulu  me  reposer.  Je  vais  me  lever  maintenant  et  aller  à  la  ville 
trouver  Jérémie.  Il  est  temps  de  porter  à  manger  au  prophète  Jérémie, 
mon  père  béni,  qui  est  en  prison.  » 

Or  Abdémélech  ne  s'était  réveillé  qu'à  la  fin  des  soixante-dix  ans  [de  la 
captivité].  II  porta  le  panier  de  raisins  et  de  fruits  qui  étaient  aussi  frais 
que  si  on  venait  de  les  cueillir  et  parvint  à  Jérusalem.  Là  il  se  trouva  en 
présence  de  murailles  en  ruines  ;  mais  les  raisins  et  les  figuiers  montraient 
leurs  fruits,  le  palmier  et  le  sycomore  leurs  feuilles (?).  Il  en  fut  surpris  et 
tout  interdit.  Il  entra  alors  dans  la  ville  dont  il  ne  reconnaissait  plus  les 
rues  parce  qu'elles  avaient  été  détruites  et  bâties  de  nouveau  sous  une  forme 
différente.  Il  vit  que  les  lieux  dévastés  étaient  reconstruits;  mais  il  n'y  vit 
personne  de  ses  connaissances.  Il  resta  frappé  de  stupéfaction;  puis  il  s'ar- 
rêta et  dit  :  «  Mon  Seigneur  et  mon  Dieu,  de  quelle  inadvertance  suis-je 
pris?  »  Mais  il  aperçut  un  vieillard  qui  ramassait  du  bois;  il  avança  vers 
lui.  Et  le  vieillard  de  lui  dire  :  «  Eh  bien  !  mon  enfant.  »  Abdémélech  lui 
adressa  ces  paroles  :  «  Saurais-tu  ce  qu'a  fait  aujourd'hui  Sédécias  de  mon 
père,  le  prophète  Jérémie?  L'a-t-il  fait  sortir  de  prison?  »  —  «  Quoi!  répon- 
dit le  vieillard,  qu'est-ce  que  tu  dis  là,  mon  enfant?  Quel  est  ce  Sédécias? 
Quel  est  Jérémie?  II  y  a  aujourd'hui  soixante-dix  ans  que  Nabuchodonosor 
(Bocht-Nassar)  a  détruit  Jérusalem  et  a  emmené  le  peuple  avec  le  prophète 
Jérémie  en  captivité  à  Babylone  dans  la  Clialdée.  » 

Abdémélech  fAftimalek)  lui  dit  :  «  Si  tu  n'étais  un  vieillard,  je  dirais  que 
tu  es  fou.  Je  suis  allé  au  jardin  de  mon  maître  Aramis  pour  lui  apporter  des 
fruits.  Comme  j'avais  les  yeux  appesantis  (f.  245,  b)  par  le  sommeil,  j'ai  fait 
un  petit  somme.  Le  peuple  a-t-il  été  exilé?  Est-ce  que  des  ténèbres  seraient 
tombées  sur  lui  et  l'auraient  enveloppé,  ou  bien  aurait-il  été  englouti  par 
l'abime?  Nepourrai-je  pas  rencontrer  au  moins  une  personne  de  ce  peuple?  » 
Le  vieillard  lui  répliqua  :  «  Tu  es  vraiment  un  homme  de  Dieu,  un  homme 
juste.  Dieu  n'a  pas  voulu  te  laisser  voir  la  ruine  de  Jérusalem,  ni  éprou- 
ver les  misères  pénibles  que  le  peuple  a  endurées  pendant  la  captivité,  ni 
tomber  sous  la  férule  [de  Nabuchodonosor]  :  mais  il  a  fait  descendre  un 
sommeil  sur  toi,  afin  que  tu  ne  voies  Jécusalem  que  florissante  comme  elle 
l'était  au  temps  de  sa  gloire.  Veux-tu  reconnaître  —  toi  qui  es  vraiment  le 
juste  du  Seigneur  qui  t'a  fait  miséricorde  et  t'a  laissé  en  repos  soixante- 
dix  ans  jusqu'au  retour  du  peuple.  —  Veux-tu  reconnaître,  mon  enfant,  si 
le  prophète  Jérémie  est  arrivé  aujourd'hui,  accompagné  du  peuple,  voici 
ces  figues  et  ces  raisins  que  tu  portes.  Ils  sont  hors  de  saison.  Regarde, 
mon  enfant,  —  tu  es  un  homme  qui  crains  Dieu  —  rega^-de  les  arbres, 
comme  ils  sont  à  cette  époque.  Ce  n'est  pas  la  saison  du  raisin  ni  des 
fruits;  c'est  bien  le  mois  de  Barmoudah.  Le  prophète  Jérémie  est  arrivé, 
en  ce  jour,  à  .Jérusalem,  après  avoir  passé  soixante-dix  ans  en  exil.  Les 
paroles  que  tu  prononces  se  confirment  les  unes  les  autres.  Et  ce  peuple, 
le  voilà  de  retour  avec  les  branches  de  palmier,  de  myrte  et  d'olivier.  » 

Puis  Abdémélech  (Aftimalek)  vit  le  prophète  Jérémie  :  il  montait  le  che- 
val du  roi  et  brillait  comme  le  soleil.  Abdémélech  accourut  à  lui  et  se 


152  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEX. 

prosterna.  Dès  qu'il  le  vit,  Jérémie  descendit  de  son  cheval  et  l'embrassa. 
«  Sois  le  bienvenu,  lui  dit-il,  Abdémélech  (Aftimalek),  mou  am'i,  considère 
l'honneur  que  Dieu  t'a  fait.  C'est  ainsi  qu'il  agit  avec  celui  qui  se  montre 
bienfaisant  et  miséricordieux  envers  sa  créature.  Et  parce  que  tu  as  eu 
pitié  de  moi  au  jour  de  ma  détresse,  le  Seigneur  a  posé  sur  toi  sa  main 
sainte  et  t'a  procuré  un  sommeil  de  repos  jusqu'à  ce  que  tu  aies  vu  Jérusa- 
lem rebâtie  et  glorifiée  à  nouveau.  Tu  n'as  pas  eu  à  goûter  la  saveur  de  la 
mort  et  des  amertumes,  ni  à  subir  comme  nous,  durant  les  soixante-dix 
années  d'exil  et  de  persécution,  le  joug  du  roi  Nabuchodonosor  (Bocht- 
Nassar).  Mais  Dieu  t'a  préservé  de  cette  peine  terrible.  Aussi  bien,  qui- 
conque entendra  parler  de  toi,  sera  bienfaisant  et  miséricordieux  envers 
tout  le  monde;  (f.  246,  a)  et  sa  peine  ne  sera  point  perdue  devant  Dieu.  » 
Lorsque  Jérémie  eut  achevé  de  parler,  tous  rentrèrent  dans  la  ville.  Et 
toute  sa  vie  durant,  le  prophète  Jérémie  révérait  Abdémélech  (Aftimalek). 
Étant  entré  dans  la  ville,  le  prophète  Jérémie  célébra  Dieu  par  ce  can- 
tique :  «  Exulte,  Jérusalem,  lève-toi  et  mets  ta  couronne.  Tes  enfants 
étaient  sortis  de  toi  au  milieu  des  larmes  et  des  tristesses  ;  ils  te  revien- 
nent maintenant  avec  la  joie  et  l'allégresse.  Le  ciel  exulte  et  la  terre  se 
réjouit  pour  les  enfants  d'Abraham,  d'Isaac  et  de  Jacob,  car  ils  sont  de 
retour  dans  leur  pays.  Que  nos  pères  Abraham,  Isaac  et  Jacob  avancent, 
les  cithares  à  la  main,  pour  chanter  les  louanges  du  Seigneur.  Leurs 
enfants  avaient  été  exilés  et  dissipés;  mais  Dieu  les  a  réhabilités.  Qu'ils 
l'exaltent  et  qu'ils  chantent  avec  nous  pour  les  enfants  d'Abraham.  Les 
Chérubins  et  les  Séraphins  s'ouvrent  à  la  joie  pour  les  Israélites  qui  rega- 
gnent leur  pays  et  rentrent  dans  leur  patrie.  » 

Jérémie  se  dirigea  ensuite  vers  la  porte  du  temple  et  adressa  la  parole 
au  linteau  :  «  0  linteau  de  la  maison  du  Seigneur,  je  te  dis  de  rendre  les 
clefs  que  je  t'ai  confiées.  »  A  l'instant  même,  le  linteau  exhiba  les  clefs  et 
les  remit  au  prophète  Jérémie.  Ce  dernier  ouvrit  la  porte  du  temple  et  y 
entra  avec  tout  le  peuple.  Ils  se  prosternèrent  devant  le  Seigneur.  Puis 
Jérémie  entra  au  sanctuaire  où  il  trouva  la  lampe  encore  allumée  comme 
il  l'avait  laissée  :  elle  ne  s'éteignit  point,  ni  sa  lumière  ne  s'affaiblit.  Il 
s'agit  de  la  lampe  avec  laquelle  Jérémie  avait  parcouru  Jérusalem  et 
cherché  en  vain  un  homme  de  miséricorde. 

Tous  adorèrent  Dieu  en  disant  :  «  Saint,  Saint,  Saint.  Seigneur,  tu  es 
équitable  dans  tes  œuvres  ;  tu  fais  toutes  choses  avec  sagesse  :  Tu  nous  as 
infligé  cette  peine  pour  nous  châtier  selon  nos  péchés,  tu  nous  as  rétribués 
selon  nos  fautes.  » 

Le  prophète  Jérémie  appela  les  fils  d'Aron  et  leur  dit  :  «  Levez-vous 
maintenant  et,  purs  suivant  l'ordre  de  votre  sacerdoce,  sacrifiez  au  Sei- 
gneur. »  Il  monta  ensuite  sur  la  terrasse  de  la  maison  du  Seigneur  et  se 
tint  sur  la  pierre  qui  en  formait  l'angle  :  «  Pierre,  dit-il,  ouvre  ta  bouche 
et  rends  ce  que  je  t'avais  confié,  je  veux  dire  le  manteau  du  grand  prêtre. 
Nous  en  avons  besoin,  car  le  Seigneur  nous  a  exaucés  et  a  agréé  nos 
offrandes.  »  Aussitôt  la  pierre  ouvrit  sa  bouche,  sortit  le  manteau  (litt.  voile) 
et  le  remit  au  grand  prêtre. 
Après  quoi,  le  prophète  alla  au-devant  du  soleil  et  lui  dit  :  «  0  soleil, 


UN   APOCRYPHE    CARCHOUNI   SUR    LA   CAPTIVITÉ    DE    BABYLONE.       153 

grand  luminaire  du  ciel,  je  te  dis  de  rendre  la  mitre  (litt.  manteau)  qui 
porte  gravé  sur  elle  le  nom  du  Seigneur  très  saint,  et  dont  je  t'ai  confié  la 
garde,  (f.  246,  b)  Le  Seigneur  a  eu  pitié  de  son  peuple  et  nous  en  avons 
besoin  à  l'autel.  »  Alors  le  prophète  Jérémie  étendit  la  main  vers  le  rayon 
du  soleil,  reçut  la  mitre  (litt.  manteau)  et  la  présenta  au  grand  prêtre  avec 
le  reste  des  ustensiles  de  la  maison  du  Seigneur  qu'il  avait  emportés. 

Le  grand  prêtre,  qui  revenait  de  l'exil  avec  eux,  se  vêtit  de  la  robe 
sacerdotale  et  du  voile  et  porta  la  mitre  (litt.  manteau)  sur  laquelle  était 
le  nom  du  Seigneur. 

Le  prophète  Jérémie  reprit  ses  vêtements  prophétiques  dont  il  s'était 
dépouillé  sur  l'ordre  de  Dieu,  au  moment  de  son  départ  avec  les  exilés, 
pour  les  laisser  au  temple  jusqu'au  retour  de  la  captivité  de  Babylone. 
Il  alla  ensuite  devant  le  temple  du  Seigneur.  Mais  la  gloire  du  Seigneur 
remplit  le  temple,  l'enveloppa  et  couvrit  toute  la  maison  et  le  peuple,  et 
sa  splendeur  éclata  magnifiquement  au  sein  des  Israélites,  tandis  que  sa 
joie  y  débordait.  Et  le  Dieu  d'Israël  habita  au  milieu  d'eux  avec  les  Chéru- 
bins et  les  Séraphins. 

Quant  aux  fils  d'Aaron,  ils  reprirent  le  service,  chacun  selon  son  rang 
et  ses  fonctions;  ils  sonnèrent  du  cor,  jouèrent  de  la  cithare  et  portèrent 
les  offrandes.  Lct  gloire  du  Seigneur  se  manifesta  et  remplit  toute  la  mai- 
son, et  un  feu  descendit  du  ciel  et  consuma  l'holocauste. 

Le  peuple  entier  fêta  le  25  de  Barmoudah  et,  au  comble  de  la  joie,  il 
célébra  les  louanges  du  Seigneur,  devant  qui  le  prophète  Jérémie  se  pros- 
terna et  dit  :  «  Béni  soit  le  Seigneur,  Dieu  d'Israël,  béni  soit  son  nom  à 
jamais  !  Il  se  rappela  son  alliance  sainte  et  le  serment  sincère  fait  par  lui 
à  notre  père  Abraham,  que  la  postérité  de  ce  dernier  existera  pour  tou- 
jours. Du  liaut  du  ciel  il  a  jeté  un  regard  sur  son  peuple  et  ses  héritiers, 
il  a  vu  leur  tristesse  et  [entendu]  les  gémissements  de  leurs  cœurs.  Il  les  a 
sauvés  par  son  bras  puissant  et  sa  main  suprême  et  les  a  déliés  de  la  ser- 
vitude des  Chaldéens  et  des  amertumes  de  l'exil  et  ramenés  à  son  temple 
sacré.  A  lui  la  gloire,  l'honneur,  la  grandeur  et  la  puissance.  Il  est  le  Dieu 
d'Israël,  qui  a  exterminé  ses  ennemis  qui  se  détournèrent  de  son  obéis- 
sance pour  sacrifier  à  l'idole  de  Baal,  l'adorer  et  offrir  de  l'encens  à  des 
dieux  fabriqués  par  les  mains;  qui  versèrent  le  sang  des  enfants  en  l'hon- 
neur des  étoiles  du  ciel  et  des  démons  (f.  247,  a)  et  s'écartèrent  de  la  voie 
de  Dieu,  leur  Seigneur.  C'est  pourquoi  il  les  a  livrés  à  leurs  ennemis  pour 
les  châtier,  les  faire  disparaître  jusqu'au  dernier  de  la  surface  de  notre 
globe  et  extirper  leur  postérité  d'entre  les  enfants  de  son  peuple,  Israël.  » 

Puis  le  prophète  Jérémie  se  leva  et,  s'étant  tourné  vers  le  peuple,  le 
félicita  d'être  en  possession  de  la  paix  et  du  salut.  Il  le  bénit  et  lui  fit  pro- 
mettre de  ne  plus  s'éloigner  du  culte  de  Dieu,  son  Seigneur,  de  ne  plus 
adorer  l'idole  de  Baal. 

Ils  offrirent,  ce  jour-là,  beaucoup  de  sacrifices  et  d'holocaustes  parfaits  : 
ils  débordaient  de  joie  dans  la  maison  du  Seigneur,  remerciant  Dieu  de 
tout  le  cœur  et  sanctifiant  son  nom  :  «  Béni  soit,  disaient-ils,  le  nom  du 
Seigneur,  Dieu  d'Israël,  qui  a  visité,  sauvé  et  délivré  son  peuple  de  l'op- 
pression des  Chaldéens;  qui  l'a  ramené  de  Babylone  à  son  pays,  à  la  terre 


154  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

et  à  l'héritage  qu'il  lui  avait  donnés;  qui  lui  a  rendu  le  pouvoir,  la  pro- 
phétie et  le  sacerdoce  et  qui,  loin  de  perpétuer  sa  colère,  a  été  touché  de 
pitié  et  l'a  sauvé.  » 

Du  vivant  du  prophète  Jérémie,  le  peuple  ne  cessa  de  rendre  à  Dieu  un 
culte  parfait  par  des  offrandes  et  par  des  sacrifices. 

Gloire,  louanges  au  Père,  au  Fils  et  au  Saint-Esprit  maintenant  et  dans 
les  siècles  des  siècles.  Ainsi  soit-il. 

A  été  terminé,  avec  l'aide  de  la  sainte  Trinité,  ce  grand  récit  de  la  capti- 
vité des  Israélites  à  Babylone.         - 

Souviens-toi,  Seigneur,  de  ton  serviteur  coupable,  qui  est  indigne,  pour 
s€s  nombreux  péchés,  d'être  appelé  homme,  Cyriacus  (Qouriaqous)  qui  a 
transcrit  ce  [livre]  sur  une  mauvaise  copie.  Quiconque  y  trouvera  une 
faute  et  la  corrigera,  obtiendra  de  Dieu  le  pardon  de  ses  péchés,  car  le 
scribe  est  faible,  imparfait  et  chétif  parmi  les  hommes. 

Pierre  Dib. 


CATALO&UE  SOMMAIRE 
DES    MANUSCRITS    COPTES 

DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 

(Sinie)  (1) 


74 


Liturgies  de  saint  Basile  et  de  saint  Grégoire  (boha'in'que), 
avec  traduction  arabe. 

I  r.  —  19  r.  Prières  préparatoires.  19  v.  —  99  v.  Anaphore 
de  saint  Basile.  100  r.  —  110  v.  Prières  préparatoires. 
111  r.  —  161  V.  Anaphore  de  saint  Grégoire.  161  v.  —  163  v. 
Notes  en  arabe. 

L'«  Absolution  du  Fils  »  porte  les  mêmes  noms  que  dans  le 
manuscrit  64.  Une  troisième  «  Oraison  de  la  paix  »,  attribuée 
à  Jean  de  Bostra  (16  v.),  commence  par  les  mots  (\^f  irrc? 
+Ar\vMii...  Elle  est  suivie  de  l'oraison  (|)f  ovoe  (|)imi>-.. 
que  le  manuscrit  65  attribue  à  l'apôtre  saint  Jacques.  Dans  le 
«  Mémento  des  saints  ^)  sont  nommés  la  Vierge,  Jean-Baptiste, 
Etienne,  Marc,  Sévère,  Dioscore  (ajouté  sur  un  texte  effacé), 
Cyrille,  Basile,  Grégoire,  Macaire  fiiApi,  écrit  de  la  même 
main  que  Dioscore),  Jean-Chrysostoine,  Athanase,  Antoine, 
Paul,  Macaire,  Jean,  Pischoï,  Maxime  et  Domitius,  les  49 
martyrs,  Moyse,  Daniel  (ajouté),  Jean  le  Noir,  Pachôme  et 
Théodore,  Schenouti  e(  Visa,  Benolér,  Cyr  (Kvpoc),  Paphnuce, 
Samuel,  Juste  et  Apollon,  Pidjimi  (niniii),  Apollon  (aiioaao), 
Épip,  Aukin  (a'/kiii),  Épiphane,  Apahor,  Archellitès,  Bar- 
soma,  Éphrem  le  syrien,  Abraham  et  Georges,  Benipi  et  son 
disciple  Jean,  le  patriarche  Matthieu,  l'higoumène  Abraham, 

(1)  Voy.  ROC,  iniO,  p.  85,  133,  302;  Util,  p.  H\. 


156  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Marc  rAiitonin,  Barsoma  le  nu,  et  enfin  Tedji.  La  Prière  de  la 
bénédiction,  ^f  ecie^yen^HT ...,  mentionne  la  Vierge,  les 
quatre  peqeportumi  Michel,  Gabriel,  Raphaël,  Souriel,  les 
quatre  animaux  incorporels,  les  vingt- quatre  vieillards,... 
Jean-Baptiste,  les  cent  quarante-quatre  Innocents,  les  Apôtres, 
les  trois  jeunes  gens,  Etienne,  Georges,  les  deux  Théodore, 
Mercure,  Menas,  Victor,  Apaici  (aiiahci)  et  sa  fille  Thècle, 
Macaire  (uApi)  et  sa  fille  Sara,  Antoine,  Paul,  les  trois  Macaire. 

Ms.  de  165  feuillets;  21  x  14.  Daté  (note  finale)  du  3  Pa- 
chons  de  l'an  1241  E.  M.  [1528  ap.  J.-G.]  et  écrit  au  monastère 
de  Saint-Antoine,  à  El-Afqasieh,  en  Chypre. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  lettres  coptes  au  verso,  de  a  [4,  feuil- 
let 1]  à  pgA  [164,  feuillet  161].  Le  premier  feuillet  est  numé- 
roté A;  les  suivants,  de  1  à  164;  le  dernier  n'appartient  pas 
au  manuscrit  primitif. 

Au  verso  du  feuillet  A,  croix  en  couleurs.  Les  deux  liturgies 
sont  précédées  d'un  ornement;  le  titre  est  en  rouge  dans  les 
deux  langues;  le  texte  copte  commence  par  une  ligne  de  majus- 
cules coloriées.  Titres  et  grandes  majuscules  en  rouge;  petites 
majuscules  rouges,  rehaussées  de  noir.  ([>,  ij  et  z  portent  un 
point  rouge  dans  la  boucle,  t,  q,  f  ont  la  tige  terminée  à  la 
partie  inférieure  par  une  boucle;  a  descend  au-dessous  de  la 
ligne.  Notes  marginales. 

Légué  par  Renaudot  à  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés, 
en  1720.  —  Saint-Germain,  n"  34. 

Invent.  :  Copte  73. 

75 

Liturgie  de  saint  Basile  (bohaïrique),  avec  traduction  arabe. 

Ce  manuscrit  ne  contient  ni  la  seconde  «  Oraison  du  baiser 
de  paix  »  ctroci  can^ymi  ...  ni,  dans  la  «  Prière  de  la 
fraction  »,  (|)f  nipKquici  ...  et  eanf  iiaii  iinieuoT  ... 
Il  est  incomplet  et  finit  au  début  de  \\<  Oraison  d'action  de 
grâces  »  ueneBiAiK  ...  Il  a  été  composé  au  temps  d'un  patriar- 
che du  nom  de  Jean,  qui  est  mentionné  deux  fois  :  dans 
l'«  Oraison  des  Pères  »  (42  r.)  et  dans  le  «  Mémento  des  vivants  » 
(63  r.). 


MANUSCRITS    COPTES.  157 

Le  «  Mémento  des  saints  »  porte,  après  Marc  Tévangéliste,  les 
noms  de  Sévère,  Dioscore  son  disciple.  Athanase  l'apostolique, 
Jean-Chrysostome,  Pierre  martyr,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  le 
grand  Antoine,  Paul  [hataoc],  les  trois  Macaire,  Jean  Thi- 
goumène,  Pischoï,  Paul  [navaii],  Maxime  et  Domitius  de 
Rome,  les  quarante-neuf  martyrs  de  Scété,  Moïse,  Jean  le  Noir, 
Daniel  Thigoumène,  Isidore,  Pacôme  et  Théodore  son  disciple, 
Schenouti  et  Visa  [btca]  son  disciple,  Benofer  [BeMorqep] 
l'anachorète,  Samuel  le  confesseur,  Juste  [iujctoc]  et  Apollon 
lanoAAo],  Apollon  [arieA],  Epip  [enin],  Pidjimi  [iiixiui], 
Apahor  [AnA2op],  Apaphis  [anAcbic],  Épiphane,  Ammonius 
[euuoiiioc],  Archellitès  [ap^ewiTHc],  Arsène,  Sarapamon, 
Psate  [-hATG]  et  Callinice  [i-aammikoc],  Pisinthée  [riicm- 
oeoc]  le  pneumatophore,  Abraham  et  Georges,  Benipi  et  Jean 
son  disciple,  Barsoma  [nApctoucv],  Ephrem  le  syrien,  Siméon 
et  Luc  [aokac]  le  stylite,  Marc,  patriarche  Matthieu,  Abraham 
l'higoumène  et,  enfin,  Tedji  [Texi]- 

Dans  r«  Absolution  du  Fils  »  sont  mentionnés  les  Apôtres, 
Marc,  Sévère,  Dioscore,  Cyrille,  Basile,  et  Grégoire,  les  conci- 
les de  Nicée,  Constantinople  et  Éphèse,  ainsi  que  le  patriarche. 
Nulle  part  on  ne  commémore  l'évêque  ou  quelque  autre  supé- 
rieur ecclésiastique.  Entre  ;'<>  Absolution  du  Fils  »  et  la  «  Prière 
de  l'encens  »,  ce  manuscrit  contient  (18  v.  —  22  r.)  une  pièce 
qui  n'existe  pas  dans  les  autres  codices  de  la  Bibliothèque 
nationale. 

Ms.  de  89  feuillets;  17  x  12.  Sans  date.  _ 

38  feuillets  seulement  sont  cotés  en  copte,  de  ir  [13,  feuillet 
12]  à  H  [50,  feuillet  49J;  les  11  premiers  sont  d'une  écriture 
plus  moderne. 

Les  titres,  en  arabe,  sont  écrits  à  l'encre  rouge;  les  rubri- 
ques :  prêtre,  diacre,  peuple,  sont  en  rouge;  les  paroles  pro- 
noncées par  le  diacre  sont  en  lettres  plus  petites  que  les  paroles 
du  prêtre.  Les  majuscules  sont  en  noir  rehaussé  de  rouge;  la 
tige  de  «t)  et  de  f  occupe  parfois  toute  la  hauteur  de  la  page  ; 
(J),  ?  et  q  sont  ornés  d'un  point  rouge;  la  barre  transversale 
du  T  couvre  les  lettres  voisines  et  sa  tigne  forme  un  crochet 

à  gauche. 
Acquis  au  Caire,   pour  une   piastre  (couverture,  note  auto- 


158  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

graphe),  par  Vansleb  dont  le  cachet  est  imprimé  avec  celui  de 
la  Bibliothèque  du  roi  aux  pages   1  r.  et  89  v.  —  Regius,  350. 
Invent.  :  Copte  25. 

76 

Liturgie  de  saint  Basile  [bohairique),  avec  traduction  arabe. 

2  r.  —  57  V.  Prières  préparatoires.  58  v.  —  110  v.  Ana- 
phore.     112  r.  —  152  r.  Prières  et  bénédictions. 

Dans  «  l'Absolution  du  Fils  »  sont  mentionnés  les  Apôtres, 
Marc,  Sévère,  Cyrille,  Basile,  Grégoire,  les  conciles  de  Nicée, 
Constantinople  et  Éphèse,  enfin  le  patriarche.  Ce  manuscrit  ne 
contient  pas  la  seconde  «  Oraison  du  baiser  de  paix  »  ctrocii 
cAii^yan...  Au  «  Mémento  des  saints  »  sont  nommés  la  Vierge, 
Jean-Baptiste,  Etienne,  Marc,  Sévère,  Dioscore,  Cyrille,  Basile, 
Grégoire,  Antoine,  Paul,  les  trois  Macaire,  Jean,  Pischoï, 
Maxime  et  Domitius,  les  quarante-neuf  martyrs,  Daniel,  Pa- 
côme,  et  Théodore,  Schenouti  et  Visa,  Benofer,  Samuel  et 
Juste,  enfin  Barsoma.  Avant  «  le  Pater  »  il  n'y  a  pas  les  orai- 
sons (J)f  nipequici...  et  eAKf  iicvii...  La  «  Prière  de  la  béné- 
diction »  commence  par  les  mots  v\xg  neiniovf  novpo... 

Ms.  de  153  feuillets;  21  x  14.  Daté  du  20  Thoth  1358  E.  M. 
[17  septembre  1642  ap.  J.-C]  (fol.  152  v.). 

Ce  manuscrit  est  coté,  au  verso,  en  lettres  coptes,  de  a 
feuillet  2)  à  puA  (feuillet  152).  Division  en  cahiers  cotés  et 
paraphés  par  première  et  dernière  page. 

Au  verso  du  premier  feuillet,  ornement  en  ors  et  couleurs; 
au  recto  du  deuxième  feuillet,  un  ornement  précède  le  titre 
arabe,  en  lettres  rouges.  Les  oraisons  commencent  par  une 
grande  majuscule  ornée  en  diverses  couleurs  et  parfois  accom- 
pagnée d'un  animal  peint  dans  la  marge;  la  première  ligne 
du  texte,  en  lettres  majuscules,  est  souvent  suivie  d'une  ou 
plusieurs  lignes  en  lettres  rouges. 
.Acquis  par  Vansleb,  au  Caire,  en  1G71.  —  Regius,  349. 

Invent.  :  Copte  30. 


MANUSCRITS   COPTES.  159 

77 

LiTURCfiE  DR  SAINT  GRÉGOIRE  {bohairiqiw),  avec  traduction 
arabe. 

1  r.  —  1 1  V.  Prières  préparatoires.  1 1  v.  —  70  r.  Anaphore. 
70  V.  —  103  V.  Diverses  prières. 

Au  «  Mémento  des  saints  »  sont  nommés  la  Vierge,  Jean- 
Baptiste,  Etienne,  Marc,  Sévère,  Cyrille,  Basile,  Grégoire, 
Antoine  et  les  trois  Macaire. 

Parmi  les  pièces  qui  suivent  la  liturgie,  l'une  contient  des 
passages  de  l'Apocalypse;  une  autre  raconte  le  sacrifice 
d^Abraham. 

Ms.  de  105  feuillets;  9x5.  Daté  de  1216  E.  M.  [1200  ap. 
J.-C]  d'après  une  note  arabe  (99  v.).  La  partie  primitive  est 
un  peu  plus  ancienne. 

Ce  manuscrit  n'est  pas  coté  en  copte;  il  est  toutefois  divisé 
en  cahiers  de  dix  feuillets.  La  numérotation  moderne  commence 
au  deuxième  feuillet  et  comprend  un  chiffre  5"'^ 

Au  verso  du, premier  feuillet,  croix  rouge  et  noire.  Le  titre, 
en  rouge,  est  précédé  d'un  ornement  rouge  et  noir.  Les  majus- 
cules sont  en  rouge  ou  en  noir  rehaussé  de  rouge,  et)  et  b 
portent  un  point  dans  la  boucle;  les  abréviations  sont  marquées 
par  un  trait  noir  et  un  gros  point  rouge.  L'écriture  est  irré- 
gulière; les  feuillets  1,  2,  6  à  9,  48,  57,  76  à  103  sont  moins 
anciens  que  les  autres. 

A  appartenu  à  Gaulmin.  —  Regius,  355. 

Invent.  :  Copte  40. 

78 

Liturgie  de  saint  Cyrille  (bohaïrique),  avec  traduction 
arabe. 

Le  texte  finit  par  la  prière  a^  iicuot... 

Ms.  de  122  feuillets;  8,5  x  5.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté,  au  verso,  en  lettres  coptes  disposées 
entre  deux  traits  noirs  qui  traversent  chacun  un  gros  point 
rouge.  Division  en  cahiers  de  dix  feuillets,  cotés  par  première 
et  dernière  page,  avec  ornement.  Les  feuillets  1,  7,  8,  121  et 
122  sont  moins  anciens  que  les  autres. 


160  REVUE   DE    l'orient   CHRETIEN. 

Titres  en  rouge.  Majuscules  en  couleurs  ou  en  noir  rehaussé 
de  rouge.  La  lettre  t  a  le  double  de  la  hauteur  des  autres 
lettres;  sa  barre  couvre  les  deux  lettres  voisines.  c|)  et  jj  por- 
tent un  point  rouge  dans  la  boucle. 

Sur  une  feuille  de  garde,  sceau  sur  cire  portant  une  croix  à 
deux  croisillons  et  les  initiales  F.  D. 

A  appartenu  à  Gaulmin.  —  Regius,  356. 

Invent.  :  Copte  41. 

79 

Liturgie   de   saint  Cyrille   {bohairique),  avec   traduction 

arabe. 

Ce  manuscrit  est  acéphale,  cependant  il  ne  manque  au  début 
de  la  première  prière  que  mpeqeAuio  iif .  Entre  les  pages 
3  r.  et  3  V. ,  une  lacune  de  texte  comprend  la  fin  de  la  prière 
nipeqeAuio...  et  le  début  de  l'c  Oraison  de  la  paix  »  napxH- 
roc...  Une  autre  lacune,  entre  les  pages  7  r.  et  7  v.,  commence 
un  peu  avant  r«  Oraison  pour  la  paix  »  c|)f  iire  f  ArAiiH... 
et  se  termine  dans  la  Préface;  le  feuillet  G7  qui  donne  le  début 
de  la  Préface  comble  une  partie  de  cette  lacune.  La  liturgie 
se  termine  avant  la  prière  a^  ncuov...  Au  feuillet  75,  une 
oraison  pour  un  patriarche  défunt,  du  nom  de  Jean. 

Ms.  de  75  feuillets;  16  x  10.  Copie  du  xvii"  siècle,  d'après 
une  note  latine  inscrite  sur  la  couverture  :  «  Liturgia  Sancti 
Basilii  ad  usum  Nationis  Cophtarum  linguà  Cophtiticà  Et  Ara- 
bica. Exscripta  anno  Domini  1G33  ex  exemplari  carie  pêne 
absumpto  Et  collata  cum  exemplari  quod  est  pênes  D.  Dau- 
uergnes  anno  Domini  1640.  » 

Colbert.  6477.  —  Regius,  3523. 

Invent.  :  Copte  27. 

{A  suivre.) 

L.  Delaporte. 


LA  DIDASCALIE  ETHIOPIENNE 

Traduite  en  Français  par  J.  Francox. 


AVERTISSEMENT 

La  Didascalie  des  douze  apôtres,  écrite  en  grec  vers  le 
III''  siècle,  était  traduite  (I)  bientôt  après  en  latin,  puis  en 
syriaque.  Ces  deux  versions,  qui  sont  indépendantes  l'une  de 
l'autre,  se  contrôlent  mutuellement  et  permettent  de  rétablir 
la  Didascalie  primitive  aujourd'hui  perdue. 

Le  texte  grec  de  la  Didascalie  primitive  a  été  remanié  — 
nous  pourrions  dire  a  été  mis  à  jour  — du  iv"  au  v  siècle; 
de  ce  remaniement  proviennent  d'une  part  les  six  premiers 
livres  des  Constitutions  apostoliques  (-2)  et,  d'autre  part,  une 
version  syriaque  {'A)  traduite  plus  tard  en  arabe  (aussi  bien  que 
tout  l'octateuque  de  Clément).  Cette  version  arabe,  que  nous 
appellerons  Didascalie  d'Abou  Maqàrah,  au  nom  du  com- 
pilateur qui  l'a  insérée,  au  commencement  du  xiv*  siècle, 
dans  sa  collection,  ne  correspond  encore  qu'aux  six  premiers 
livres  des  Constitutions  apostoliques,  c'est-à-dire  s'arrête  en 
somme  au  même  endroit  que  la  Didascalie  primitive.  Mais  il 


(1)  Les  fragments  latins  ont  éti'  édités  par  Hauler.  La  version  syriaqiio  t'ditéf» 
par  Paul  cU'  Lagardc  a  été  traduite  en  français  par  nous  (Paris,  1902),  éditée 
à  nouveau  (d'après  un  nianusci'it  qui  présente  des  additions  et  omissions)  et 
traduite  en  anglais  par  M'""  Gibson  (Londres,  1903),  traduite  en  allemand  par 
Fleniming-  (Leipzig,  1904)  et  en  latin  par  Funk  (Paderborn,  1905).  Une  réédition 
de  notre  traduction  française  est  sous  presse  à  la  librairie  Lethielieux. 

Cl)  Voir  Cotelier,  Paires  apuslolid;  aligne,  /■*.  IL,  t.  I  et  Funk  (Paderborn 
1905). 

(3)  Version  hypothétique  pour  expliquer  l'arabe  qui  suit.  Cependant  le  prolo- 
gue de  l'édition  Gibson  appartient  à  cette  version  syriaque  Cf.  Journal  Asia- 
tique, mars-avril  1911,  p.  319-323. 

ORnCNT  CHRÉTIKf*.  11 


162  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

y  a  de  nombreuses  additions  (en  particulier  un  prologue)  et 
beaucoup  d'interversions  (1).  Le  style  de  la  Didascalie  d'Abou 
Maqàrah  est  très  mauvais,  offre  beaucoup  de  négligences  et 
de  passages  incompréliensibles  ;  cette  version  ne  mérite  donc 
guère  d'être  éditée  et  traduite.  C'est  l'avis  de  M^'^  Chébli, 
archevêque  maronite  de  Beyrouth,  qui  avait  commencé  d'en 
préparer  l'édition. 

Il  y  a  encore  une  autre  version  arabe  de  la  Didascalie  que 
nous  appellerons  Didascalie  Borgia  parce  qu'elle  est  contenue 
dans  le  manuscrit  unique  Borgiano  siro  60,  signalé  d'abord 
par  M^""  Rahmani,  puis  analysé  par  M.  A.  Baumstark  (2).  Cette 
version  arabe,  comme  la  version  éthiopienne  (3),  ne  présente 
pas  d'interversions  et  comprend  le  VIP  livre  des  Constitutions 
apostoliques  presque  tout  entier.  Ces  deux  versions  (la  Didas- 
calie Borgia  et  l'éthiopienne)  comprennent  donc  les  livres  I-VII 
des  Constitutions  apostoliques  sous  le  nom  de  Didascalie  des 
apôtres. 

La  Didascalie  Borgia  a  été  traduite  sur  le  copte  par  Abou 
Ishâq  ben  Fadl  Allah,  l'an  1011  des  martyrs  (1291),  et  n'est  pas 
le  prototype  de  la  Didascalie  éthiopienne,  car  toutes  deux  ont 
leurs  additions,  leurs  omissions  et  leurs  fautes  propres. 

Voici  le  mot  à  mot  du  cliapitre  xxii  de  la  Didascalie  Borgia, 
qui  nous  a  été  dicté  par  M.  l'abbé  Dib.  Si  on  le  compare  au 
chapitre  xxiii  ci-dessous  de  la  Didascalie  éthiopienne  ou  à 
l'édition  de  M.  Platt,  p.  130-131,  on  peut  voir  qu'il  n'y  a  pas 
rapport  de  filiation. 

XXII.  —  Qu'il  faut  que  les  serviteurs  servent  leurs  maîtres  de  la  même 
manière  (à^.  J-^j);  qu'il  {sic)  soit  fidèle  ou  non. 

Des  serviteurs  que  dirons-nous  de  plus,  sinon  que  le  serviteur  doit  bien 
servir  le  maître,  volontiers,  avec  la  crainte  de  Dieu.  S'il  est  infidèle,  il 

(1)  C'est  la  Didascalie  d'Abou  Maqàrah  qui  a  été  utilisée  par  Ibn  el-Assal  dans 
son  Nomocanon.  La  traduction  éthiopienne  de  ce  Nomocanon  a  été  éditée  et 
traduite  en  italien  par  M.  I.  Guidi,  sous  le  titre  de  Felha-Nagasi  ou  la  législa- 
tion des  rois. 

Ci)  Testamenium  D.  N.  J.-C,  Mayence.  1899,  p.  xiv  et  Oriens  chrislianus, 
Rome,  t.  III,  1903,  p.  201. 

(3)  M.  Thomas  Pell  Platt  a  édité  et  traduit  en  anglais  le  commencement  de  la 
Didascalie  jusque  dans  le  cours  du  chap.  xxii  (ou  23  d'après  la  numération  de 
M.  Françon)  d'après  un  manuscrit  incomplet.  The  Ethiopie  Diaascalia,  Londres, 
1834.  La  suite  n'a  été  ni  éditée  ni  traduite. 


LA    DIDASCALIK    ÉTHIOPIENNE.  163 

parlera  à  son  maître;  s'il  est  mauvais,  il  doit  se  soumettre  à  lui  selon  sa 
servitude.  De  la  même  manière  que  le  maître  aime  son  serviteur.  Et  s'il 
est  étranger  à  sa  race  et  à  sa  manière  d'être  (^i^^L),  qu'il  lui  garde  son 
âme  parce  qu'il  est  homme  et  qu'il  lui  est  semblable.  Celui  qui  a  main- 
tenant un  maître  fidèle,  qu'il  l'aime  en  tant  que  maître  et  en  tant  que 
fidèle  et  qu'il  lui  présente  le  travail  dû  à  sa  qualité  de  maître;  qu'il  le 
considère  comme  un  père.  Que  (le  maître)  ne  le  traite  pas  comme  servi- 
teur à  la  manière  des  hommes,  mais  plutôt  à  la  manière  des  bons  maîtres, 
parce  qu'il  sait  que  Dieu  lui  donnera  sa  récompense  dans  le  siècle  à 
venir  pour  les  services  qu'il  aura  rendus.  De  même  le  maître  qui  a  un 
serviteur  croyant  et  qui  lui  est  fidèle  dans  ses  épreuves,  qu'il  l'aime 
comme  un  fils,  et  aussi  à  cause  de  la  communauté  de  la  foi. 

La  didascalie  éthiopienne,  ne  provenant  d'aucun  des  deux 
textes  arabes  connus,  a  donc  chance  —  sauf  découverte  nouvelle 
—  de  provenir  du  grec  ou  du  copte.  Nous  opinons  pour  le 
copie  à  cause  du  mot  ni-philoponos  qui  a  été  simplement 
iranso^it  dans  l'éthiopien  parJri^A^flTft  (Nipilôbànôs),  cf.  Platt, 
p.  1,  dern.  ligne  et  p.  132  et  Journal  Asiatique,  mars-avril 
1911,  p.  319-323  (note  sur  le  prologue  de  la  Didascalie  arabe). 

M.  l'abbé  J.  Françon,  qui  est  licencié  es  lettres  (série  langues 
vivantes)  et  qui  a  obtenu  le  diplôme  de  langues  sémitiques  à 
l'Institut  catholique  de  Paris,  est  l'un  des  plus  distingués 
élèves  de  W  Graffm  et  de  M.  Martin.  Il  s'est  proposé,  pour  son 
premier  travail,  de  compléter  la  traduction  de  M.  Platt,  en  tra- 
duisant en  français  la  fin  de  la  Didascalie  éthiopienne  (ch.  xxir 
à  XLiii)  qui  n'est  encore  ni  éditée  ni  traduite.  La  traduction 
est  faite  sur  le  manuscrit  de  Londres  or.  799  qui  sera  désigné 
par  la  lettre  A  :  on  renverra  quelquefois  aussi  aux  mss.  or. 
793  (B)  et  d'Abbadie,  79  (C).  M.  Françon  ajoutera  à  la  fin  une 
étude  sur  les  manuscrits  et  la  version. 

F.  Nau. 


ICI  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

TRADUCTION  FRANÇAISE 
CuAPiTRE  23  (1)  (Const.  Ap.  =  K.,  iv,  12). 

Qu'il  faut  que  les  serviteurs  soient  soumis  à  leurs  maîtres  en  toute  pureté, 
que  {ceux-ci)  soient  infidèles  ou  croyants  (2). 

Que  dites-vous  donc  au  sujet  des  serviteurs? 

Qu'ils  soient  (3)  donc  intelligents  et  qu'ils  servent  leurs  maîtres  dans  la 
crainte  du  Seigneur.  Et  si  c'est  un  serviteur  chrétien,  et  si  son  maître  est 
païen,  il  faut  qu'il  le  serve  en  toute  chose;  seulement  il  ne  s'associera 
pas  avec  lui  dans  la  foi.  Et  de  même,  que  les  maîtres  aiment  aussi  leurs 
serviteurs  (4).  Et  si  son  maître  est  croyant,  qu'il  le  serve  et  qu'il  le 
craigne  comme  le  Seigneur,  et  qu'il  l'aime  comme  un  père  et  comme 
un  bon  maître  et  pour  cette  cause  il  recevra  une  bonne  récompense  en 
retour  de  ce  qu'il  a  servi  son  maître.  Et  s'il  y  a  un  maître  qui  a  un  servi- 
teur croyant  et  qui  fait  sa  volonté,  qu'il  l'aime  comme  son  fils  et  qu'il  le 
traite  comme  son  frère  pour  l'amour  de  la  foi  (5). 

(K.,  IV,  13).  —  Soumettez-vous  aussi  et  obéissez  aux  rois  et  aux  (6)  pré- 
posés craignant  le  Seigneur,  car  ils  sont  les  serviteurs  du  Seigneur.  Crai- 
gnez donc  les  chefs  comme  il  convient,  et  offrez-leur  de  ce  qu'il  y  a  chez 
vous  en  honneur  et  obéissance  comme  l'a  ordonné  le  Seigneur.  Ne  faites 
pas  pour  vous  de  faux  prétextes  (7),  mais  aimez- vous  mutuellement  entre 
vous,  comme  l'a  ordonné  le  Père  par  son  Fils  Notre-Seigneur  Jésus-Christ. 

CiiAi'iTRE  24  ;'K.,  IV,  14).. 

Quil  ne  faut  pas  que  les  Vierges  se  vouent  elles-mêmes  sans  s'éprouver 
elles-mêmes. 

Il  ne  faut  pas  qu'elles  entrent  dans  cet  état  (8)  sans  être  éprouvées,  et 
sans  s'être  gardées  elles-mêmes  dans  la  pureté.  Ainsi  nous  leur  ordon- 
nons qu'elles  n'entrent  pas  vite  avant  qu'elles  n'acquièrent  leurs  mé- 
rites (9).  Comme  dit  Salomon  :  //  vaut  mieux  qu'elle  ne  soit  pas  vouée, 
que  si  elle  était  vouée  et  qu'elle  revienne  (10).  Que  la  Vierge  soit  donc  pure 
en  son  âme  et  en  son  corps,  af  n  qu'elle  soit  donc  la  maison  du  Seigneur 

(1)  C'est  le  chapitre  16  de  la  Didascalie  arabe  Maqâiah  et  le  chapitre  'i2  de 
la  Didascalie  arabe  Borgia  et  du  manuscrit  éthiopien  de  ]\I.  Plaît. 

(2)  C  :  ••  Dans  la  pureté,  s'ils  sont  fidèles  ". 

(3)  "  Des  serviteurs  que  dirons-nous  de  plus,  sinon  qu'ils  soient  »  K. 

(4)  K  ajoute  une  phrase. 

(5)  «  A  cause  de  la  communauté  de  (leur)  foi  »  K. 

(G)  Ici  s'arrôte  rédition  et  la  traduction  de  M.  Th.  P.  Platt. 

(7)  «  Ne  devez  rien  à  personne  »  K. 

(8)  Litt.  :  "  dans  cette  affaire  ». 

(9)  <•  Au  sujet  de  la  virginité,  nous  n'avons  pas  reçu  de  coinn  audenient, 
mais  nous  laissons  cela  à  la  volonté  de  ceu.\  qui  le  désirent,  en  leur  ronseillanl 
seulement  de  ne  rien  promettre  avec  hâte  »  K.  Passage  obscur  dans  rélhiopien. 

(10)  Ecole.,  V,  4. 


LA    niDASCALlK    ÉTHIOPIEWE.  165 

et  la  demeure  du  Christ  et  le  lieu  de  repos  du  Saint-Esprit.  Qu'elle 
marche  dans  la  voie  de  la  prédication  de  l'Évangile  et  dans  l'obéissance 
qui  plaît  au  Seigneur  (1).  Que  sa  conduite  (2)  ne  soit  pas  selon  la  cou- 
tume de  ce  monde  :  qu'elle  n'aille  pas  dans  la  ville,  qu'elle  ne  marche 
pas  dans  la  voie  des  mauvaises  (femmes)  et  qu'elle  ne  soit  pas  double  de 
cœur;  mais  qu'elle  soit  (la  vierg>)  sage  et  pure  qui  n'a  pas  dd  tache,  et 
qu'elle  ne  désire  pas  être  louée,  mais  qu'elle  soit  extrêmement  avare  (3) 
de  paroles. 

Chapitre  25  (K.,  v,  1). 

Au  sujet  des  morlyrs  qu'on  conduit  au  trib'inal  et  qu'on  tourmente  d'un 
grand  supplice.  Sur  les  f'des  et  la  Pâque  (4). 

S'il  y  a  des  chrétiens  qu'on  conduit  au  tribunal  des  païens,  soit  pour 
(les)  tuer,  ou  pour  être  exilés,  soit  pour  é're  mis  en  prison  ou  (pour) 
les  (5)  donner  aux  bêtes  à  cause  du  nom  de  Notre-Seigneur  Jésus  Christ, 
et  de  la  vraie  foi  et  de  l'amour  du  Seigneur,  ne  détournez  pas  votre  face 
d'eux,  mais  seulement,  de  vos  biens  et  de  la  sueur  de  votre  face,  envoyez- 
leur  de  la  nourriture.  Et  donnez  encore  leur  nourriture  aux  licteurs  sol- 
dats qui  les  gardent,  afin  qu'ils  n'aggravent  pas  sur  eux  la  douleur  du 
supplice.  Et  n'abandonnez  pas  le  chrétien  votre  frère,  qu'on  a  traîné 
dans  l'enceinte  du  tribunal,  à  cause  du  nom  du  Seigneur  notre  Dieu. 
C'est,  en  effet,  un  saint  martyr,  le  frère  de  Notre-Seigneur,  le  fils  du  Très- 
Haut  et  la  demeure  du  Saint-Esprit.  C'est  le  fidèle  qui  a  gardé  l'ordre  de 
l'évangile,  a  hérité  la  couronne  de  vie,  a  été  martyr,  à  cause  de  la  Pas- 
sion de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  et  cher  à  son  sang  glorieux.  C'est 
pourquoi,  ô  fidèles,  par  votre  labeur  et  par  vos  biens  servez  les  saints. 
Ceux  qui  n'ont  pas  de  biens,  qu'ils  jeûnent  (6)  pour  eux  ;  et  ceux  qui 
en  ont,  qu'ils  donnent  une  partie  de  leurs  biens  aux  saints.  S'il  y  a  quel- 
qu'un qui  donne  tout  en' rançon  pour  eux,  afin  de  les  sauver,  celui-là 
certes  est  bienheureux  et  l'ami  du  Christ.  Et  s'il  y  a  quelqu'un  qui  donne 
ses  biens  aux  pauvres,  il  sera  élu  et  pur;  à  plus  forte  raison  donc,  celui 
qui  donne  ses  biens  pour  le  martyr,  celui-là  a-t-il  accompli  le  bon  plaisir 
du  Seigneur,  et  est-il  devenu  semblable  aux  saints  martyrs,  qui  ont  con- 
fessé Notre-Seigneur  devant  les  peuples,  et  les  rois,  et  le  peuple  d'Israël. 
Car  il  dit  :  Celui  qui  m'aura  confessé  en  face  des  hommes  Je  le  confesserai, 
moi  aussi,  en  face  de  mon  père  qui  est  dans  les  deux  (7).  Quant  à  ceux 
qui  feront  ainsi,  le  Christ  sera  leur  témoin  auprès  du  Père.  Quant  à  vous, 
il  n'est  pas  bien  d'être  languissants  et  de  rougir  d'aller  dans  la  prison  et 

(1)  La  phrase  précédente  diffère  dans  K. 
{2)  Litt.  :  «  son  œuvre   ■■. 

(3)  Litt.  :  «  et  extrêmement  donc  cessant  la  parole  ». 

(4)  C  :  ■'  Au  sujet  des  fêles  de  Pâques  ». 

(5)  Les  mss.    donnent  le  singulier  jusqu'ici,  et  le  pluriel  pour  le  reste  de  la 
phrase. 

(6)  «  Qu'ils  jeûnent  ■•  K. 

(7)  Matth.,  X,  32. 


166  REVLE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

de  visiter  les  prisonniers  vos  frères.  Au  contraire,  aidez-les  et  consolez- 
les,  et  si  vous  avez  fait  cela,  vous  serez  comptés  avec  les  martyrs,  car, 
quant  à  eux,  leurs  noms  et  leur  martyre  ont  été  écrits,  parce  qu'ils  ont 
souffert  et  qu'ils  ont  été  persécutés.  Et  vous  aussi,  vous  serez  comptés 
avec  eux,  parce  que  vous  les  avez  servis  de  bon  cœur  et  d'un  bon  minis- 
tère, sans  nonchalance  (1).  pjt  au  sujet   de  ceux-là,  Notre-Seigneur  dit  : 
Vene:.,  les  bénis  de  mon  Père:  héritez  le  royaume  qui  vous  est  préparé  dès 
avant  le  monde,  car  f  ai  en  faim  et  vous  m'avez  rassasié  ;  j'ai  eu  soif  et  vous 
m'avez  donné  à  boire;  fai  été  étranger  et  vous  {ni']avez  reçu,  fai  été  nu  et 
vous  m'avez  vêtu;  fai  été  malade  et  votis  m'avez  visité;  fai  été  prisonnier  et 
vous  m'avez  parlé.  Et  alors  les  saints  répondront  et  diront  :  O  Seigneur, 
quand  t'avons-nous  vu  affamé  et  Cavons-nons  rassasié,  altéré  et  Vavons- 
nous  donné  à  boire?  Quand  Cavons-nous  vu  étranger  et  t'avons-nous  donné 
r hospitalité,  nu  et  t'avons-nous  vêtu,  malade  et  t'avons-nous  visité,  prison- 
nier et  t'avons-nous  parlé  ?  Et  le  roi  répondra  et  leur  dira  :  En  vérité,  je 
vous  le  dis,  tout  ce  que  vous  avez  fait  à  l'un  de  ces  petits  (2),  c'est  à  moi  que 
vous  l'avez  fait.  Et  après  cela,  il  dira  à  ceux  {qui  seront)  à  sa  gauche  : 
Allez,  inaudits,  dans  le  feu  qui  est  éternel,  qui  est  préparé  à  Satan  et  à  ses 
anges,  car  fai  eu  faim  et  vous  ne  m'avez  pas  rassasié;  fai  eu  soif  et 
vous  ne^  m'avez  pas  donné  à  boire;  fai  été  étranger  et  vous  ne  m'avez  pas 
donné  l'hospitalité,  fai  été  nu  et  vous  ne  m'avez  pas  vêtu  ;  fai  été  malade  et 
vous  ne  m'avez  pas  visité;  j'ai  été  prisonnier  et  vous  ne  m'avez  pas  parlé. 
A  lors  ceux  {qui  seront)  à  sa  gauche,  répondront  en  disant  :  0  Seigneur,  quand 
t'avons-nous  vu  affamé  (3),  altéré,  étranger,  nu,  malade?  {Quand)  as-tu  été 
prisonnier  et  ne  t'avons-nous  pas  servi?  Et  après  cela,  le  roi  leur  répondra 
en  disant  :  En  vérité,  je  vous  le  dis,  ce  que  vous  n'avez  pas  fait  à  un  de 
ces  petits  (4),  c'est  à  moi  que  vous  ne  l'avez  pas  fait.  Et  ceux-là  iront  vers 
le  supplice  qui  est  éternel;  }>iais  les  fis/es  vers  la  vie  qui  est  éternelle  (5). 
{A  suivre.) 

J.  Francon. 


(1)  ..  En  faisant  cela,  le  martyre  vous  sera  compté;  pour  eux,  le  martyre  leur 
est  échu  en  vérité,  et,  pour  vous,  la  bonne  volonté,  parce  que  vous  avez  pris 
pai't  a  leur  lutte  »  K.  ' 

(2)  Caj.  :  ..  qui  ont  ci'u  en  moi  ... 

(3)  Caj.  :  «  et  ne  t'avons-nous  pas  donné  à  manger  ... 

(4)Litt  :  ..  H  ces  uns  petits  ...C  :  ..  à  un  de  ceux-ci,  un  de  ces  petits  ... 
(o)  Matth.,  XXV,  31  sqq. 


LITTÉRA.TURE  ÉTHIOPIENNE 
PSEUDO-CLÉMENTINE 

,,!_    —   TRADUCTION    UU    (iALÈMliNTOS. 

(Suite) 


CHAPITRE  IV 

Tentation  et  chute  d'Adam  et  d'Eve. 

l.  Con.mciit  et  pourquoi  Satan  se  cache  dans  le  serpent.  -/^^  ^^^^^  ^^^^^ 
i:ve.  _  3.  Conséquences  de  la  désobéissance   d  Adam.  -  4.  Dieu   pi  omet  a 
Adam  le  Rédempteur. 

1    Comment  et  pourquoi  S.vtan  se  cache  dans  le  serpent.  -  (F.  6  v»  a 
,uite)  Satan  continua,  selon  sa  malice,  à  'i^^^^^'^' ^^^'l^'^'J''^^^^^ 
de  toute  la  grâce  qui  leur  avait  été  donnée  par  le  Seigneur    Puis   i 
saisUroccasron  d'eitrer  dans  le  serpent  (I),  dont  1;^  J--/;     ^f 
étaient  plus  beaux  que  (ceux  de)  tous  les  animaux  et  betes   En  effet    la 
premier'  créature,  (dans  laquelle  il  était  entré)    ressemblai   au  p        du 
chameau  (2).  Alors,  Satan  transporta  le  serpent,  le  fit  monter  (3)  dans  les 
airs,  et  l'amena  au  paradis. 

,La  raison)  pour  laquelle  Satan  se  cacl.a  (F.  6  V  b)  dans  e  serpen 
dont  la  forme  et  l'aspect  étaient  beaux  (4),  lut  que,  lorsque  le  Seigneur 
e"  été  de  Satan  la  grandeur  de  sa  gloire,  son  aspect  «-'  f--">  "'-; 
meraent  liideux.  Aucune  de  toutes  les  créatures  ne  pouvait  le  regarder 
TTac".  Si  /;>  l'avait  v„,  sans  qu'il  se  fut  caché  dans  le  -^P^n  •  -- 
tainement  elle  ne  lui  aurait  pas  parlé  (5),  et  elle  se  serait  enfuie  (loin)  de 

(2)  Texte*:  ^iiao  :  +^^  ,  «PT^I:   '■   nhi^^A  :  >,^A  •  7«n»A  car   sa   première 
créature  était  à  l'image  du  petit  du  chameau. 

(3)  Texte  :  h-flîV^  le  fit  parvenir. 

(4)  Texte  :  Hu.Tj6  =  'W?  '•  ^7.P  dont  la  forme  de  l'aspect  était  belle. 
f5^  La  négation  n'existe  pas  dans  le  texte. 


168  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

lui.  Mais  il  saisit  l'occasion  de  se  cacher  dans  le  serpent.  Ce  fut  en  s'y 
prenant  comme  celui  qui  enseigne  à  un  oiseau  la  langue  des  hom- 
mes. Il  prend  donc  un  miroir  clair,  et  (le)  place  entre  l'oiseau  et  lui 
11  cause  à  son  gré  et  enseigne  (F.  7  r°  a)  l'oiseau.  L'oiseau,  voyant  dans 
le  miroir  sa  propre  image,  dont  il  ne  méprise  pas  l'aspect,  croit  que  son 
image,  qui  est  dans  le  miroir,  c'est  bien  elle  qui  lui  cause.  Il  vient  vers 
elle,  et  rapidement  il  apprend  la  langue  (des  hommes)  {D.  C'est  ainsi 
que  fit  Satan,  lorsqu'il  entra  dans  le  serpent. 

2.  Satan  séduit  Eve.  -  Il  alla  vers  Eve,  alors  qu'elle  était  seule  (2) 
dans  le  paradis,  et  l'appela  par  son  nom.  Elle  se  retourna  vers  lui  et  vit 
son  image.  Clle  causa  avec  lui;  il  la  séduisit  par  sa  parole.  En  effet    la 
créature  de    la  femme   est  faible    et  croit   tout  propos  qu'elle  entend 
(K7rob)  Pour  lui,  avec  sa   grande  malice,  il  lui  causa  de  l'arbre  qui 
était  dans  le  paradis,  et  lui  exposa  combien  délicieux  était  son  fruit    11 
lui  dit  :  bi  tu  en  manges,  tu  deviendras  Dieu  (3).  Quant  à  elle   elle  désira 
manger  du  fruit  de    l'arbre,  dont   il   lui   vantait    la   suavité    En    effet 
naguère  elle  n'avait    pas  entendu    le  commandement  que   le  Sei-neur 
Très-Haut  avait  prescrit  à  Adam  au  sujet  de  l'arbre.  Au  moment  même 
elle  se  leva  vivement,  alla  vers  l'arbre  et  prit  du  fruit  (4),  qu'elle  désirait' 
Hus  elle  appela  Adam,  (qui)  vint  vers   elle  rapidement.  Elle  lui  donna 
du  fruit  de  1  arbre,  et  lui  dit  :  Si  tu  en  manges,  (F.  7  vo  a)  tu  deviendras 
Dieu.  Quant  a  lui    il  écouta  la  parole  (d^Ève),  et  désira  devenir  Dieu 
comme  elle  (le)  lui  disait.  ' 

3.  Conséquences  de  la  désobéissance  d'Adam.  -  Lorsqu'ils  en  eurent 
mange,  ils  devmrent  dépouillés  (5)  de  la  grâce  qui  était  sur  eux  et  la 
lumière,  dont  Us  étaient  revêtus,  s'éloigna  d'eux.  Lorsqu'ils  se  'virent 
eux-mêmes  dépouillés  de  la  grâce  qui  était  sur  eux,  voici  que  leur 
pudenda,6)se  découvrirent.  A  ce  moment,  ils  se  firent  des  caLons  de 
feuilles  de  figuier,  dont  ils  ceignirent  et  couvrirent  leurs  pudenda  11 
ntré  da^?  T  'T'-  '''""^"'  '  '''''  ^^"^^^  ^'^  effet, '^.«.  et 

demeures  (F    7Tb    h'  'T  '''''''  ''  ^^"'^^^'-  ^^''  ^'  ^"^)   ^^^-^ 
aemeures    F.  7  v°  b)  dans  la  grâce  spirituelle  et  la   royauté    que  leur 

avait  données  le  Seigneur,  à  trois  heures.  Le  Seigneur  fit'le'irprocés   7) 

a  trois  heures.  A  neuf  heures,   eut  lieu  leur  sortie   du  paradis    contre 

Apres   quils  .se  furent  revêtus   de  feuilles  de  figuier,    le  Seigneur  les 


(1)  Texte  :  >7C-  sa  lanjue.  Or,  plus   haut   il  est  question  de  la  langue  des 
hommes  ■  >7<:  :  n-n>,  (fol.  6  v-  b;. 
(•2)  Texte  :  î,T,t  .  (\!ht^  qui  était  seule. 
(3)  Gen.,  m,  5. 
(-1)  Mot  à  mot  :  de  son  ftncit. 

(5)  Texte  :  »•>.  ,  ô^^^j,  ,7,  devinrent  nus. 

(6)  :i'ï:4-Foo-. 

(7)  •^'P4•^oIVi. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE    PSEUDO-CLÉMENTINE.  169 

revêtit  d'une  robe  de  peau  (1),  c'est-à-dire  de  la  peau  qui  est  sur  notre 
chair,  vêtement  de  souffrance  et  d'affliction. 

4.  Dieu  promet  a  Adam  le  Rédempteur.  —  Lorsque  Adam  et  Eve  furent 
sortis  du  paradis,  ils  sommeillèrent  et  dormirent  à  l'orient  du  paradis. 
Quand  (Adam)  fut  réveillé  de  tson)  sommeil,  le  Seigneur  parla  à  Adam 
et  lui  dit  :  Ne  (F.  8  r"  a)  t'afflige  pas,  Adam,  voici  que  je  te  ferai  retourner 
dans  ton  premier  état,  duquel  je  fai  fait  sortir  parce  que  tu  as  trans- 
gressé mon  commandement.  Pour  l'instant,  comprends  donc  que  c'est  à 
cause  de  ton  amour  (des  clioses  terrestres)  que  j'ai  maudit  la  terre  (2). 
Je  ne  Tai  pas  épargnée  cà  cause  de  ta  faute  et  de  ton  péché.  De  plus, 
j'ai  maudit  le  serpent,  qui  a  séduit  Eve.  J'ai  mis  ses  mains  et  ses  pieds 
dans  son  ventre,  et  je  lui  ai  fixé  pour  nourriture  la  poussière.  Mais  toi, 
je  ne  t'ai  pas  maudit.  J'ai  condamné  Eve  à  être  sous  tes  pieds  (3). 

Comprends  donc  que,  lorsque  tu  auras  achevé  ta  destinée,  (qui  est) 
(F.  8  r°  b)  de  demeurer  sur  la  terre  maudite,  voici  que  j'enverrai  mon 
Fils  bien-aimé.  11  descendra  du  ciel  sur  la  terre,  et  se  revêtira  de  la 
chair  de  la  Vierge,  appelée  Marie.  Je  la  choisirai  de  ta  souche  ;  je  la 
purifierai;  je  la  sanctifierai  (4)  dans  les  séries  (5)  de  générations,  qui 
suivront  les  générations,  et  de  peuples,  qui  suivront  les  peuples,  jusqu'à 
l'époque  de  la  descente  du  Fils,  (venant)  du  ciel.  A  cette  époque- là,  aura 
lieu  ton  premier  salut,  et  tu  retourneras  dans  ton  héritage. 

CHAPITRE  V 
La  Caverne  des  Trésors. 

1.  Ordre  de  Dieu  au  sujet  de  la  sépulture  d'Adam.  —  2.  Les  trois  trésors  : 
l'or,  l'encens  et  la  myrrhe. 

1.  Ordrr  de  Dieu  au  sujet  ue  la  sépulture  d'Adam.  —  Voici  :  ordonne 
à  tes  fils  de  garder  ton  corps,  lorsque  tu  seras  mort,  (de  l'embaumer)  avec 
de  l'aloès  et  de  la  myrrhe,  et  de  le  déposer  dans  la  Caverne  (F.  8  v»  a) 
des  Trésors,  jusqu'à  ce  que  tes  fils  partent  de  la  montagne  sainte  (et) 
des  lieux  voisins  du  paradis  du  bonheur,  et  retournent  dans  la  terre 
maudite.  Ordonne  à  ceux  de  tes  fils  qui  existeront  alors  (6),  d'emporter 
ton  corps  avec  eux  et  de  l'amener  dans  le  lieu  que  je  leur  indiquerai 
moi-même.  En  effet,  à  l'endroit  où  ils  déposeront  ton  corps,  c'est  là 
qu'aura  lieu  ton  salut  ainsi  que  le  salut  de  tous  tes  enfants. 

(1)  M^  •'  'nbtï. 

(2)  Texte  :  n>,T:1'  :  ^¥ù  >  H.>,lf1  »  ar"ï\V  »  hr'KC  à  cause  de  ton  amour 
fai  maudit  la  ferre. 

(3)  Texte  :  'hlàV'  ses  pieds. 

(4)  Texte  :  MK'h  je  la  purifierai. 

(5)  nilf-tlfa»-. 

(6)  Texte  :  hTIHo»»-  =  Afl>-A-,Ç:YJ  '■  HjBïA-  i  h'^Y  i  'hr'a>'ti-f!.o^  ordonne  à  les 
lih,  {et  à)  ceux  de  leurs  fils  gui  existeront  alors. 


170  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

2.  Les  trois  trésors  :  l'or,  l'encens  et  la  myrrhe.  —  Le  Seigneur 
révéla  à  Adam  toute  l'affliction,  le  tourment  et  la  souffrance  qui  vien- 
draient sur  lui,  et  (lui)  ordonna  de  (les)  supporter  patiemment  (F.  8  v"  b) 
partout.  Lorsque  Adam  et  Eve  furent  sortis  du  paradis,  le  Seigneur  y 
mit  un  ange  de  feu,  dans  la  main  duquel  était  un  glaive  de  feu.  Adam 
et  Eve  habitèrent  sur  la  montagne  sainte,  appelée  Matârtjon  (1).  C'est 
au  haut  de  (cette  montagne)  qu'était  l'emplacement  du  paradis  du 
bonheur  (2).  Ils  demeurèrent  là,  dans  une  caverne,  sur  le  sommet  de  la 
montagne,  en  étant  des  vierges  purs.  Puis,  lorsque  Adam  voulut  coucher 
avec  Eve,  il  prit  au  haut  de  la  montagne  sainte,  sous  le  paradis,  de  l'or 
—  environ  cent  didrachmes,  —  de  la  myrrhe  et  de  l'encens.  (F.  9  r"  a)  Il 
les  sanctifia  et  les  bénit  dans  la  caverne,  car  il  en  avait  fait  une  maison 
de  prière. 

Il  donna  à  Eve  l'or,  la  myrrhe  et  l'encens,  et  lui  dit  :  Prends  ta  dot,  et 
conserve-la  soigneusement,  jusqu'à  ce  qu'on  offre  tous  ces  présents  au 
Fils  du  Seigneur,  à  l'époque  de  sa  venue  dans  le  monde.  L'or,  c'est  le 
signe  de  sa  royauté.  L'encens,  (c'est  le  signe  de)  la  nature  de  sa  divinité. 
La  myrrhe,  (c'est  le  signe)  qui  sera  donné  pour  sa  mort  et  pour  l'ense- 
velissement du  corps  (3)  qu'il  prendra  de  nous.  Que  ceci  serve  de  témoi- 
gnage entre  toi  et  moi  pour  notre  Sauveur,  lorsqu'il  viendra  (F.  9  r»  b) 
dans  le  monde  !  Adam  appela  cette  caverne  la  Caverne  des  Trésors. 

CHAPITRE  VI 
Les  enfants  d'Adam  et  d'Eve. 

1.  Les  quatre  premiers  enfants  d'Adam.  —  2.  Leur  mariage.  —  3.  Offrande  de 
Caïn  et  d'AbcI.  —  1.  Le  Seigneur  agrée  le  sacrifice  d'Abel,  mais  répudie 
celui  de  Caïn.  —  5.  Caïn  tue  Abel.  —  6.  Setli. 

1.  Les  quatre  premiers  enfants  d'Adam.  —  Après  leur  sortie  du  pa- 
radis, Adam  et  Eve  demeurèrent  cent  ans  dans  une  grande  affliction, 
(dans)  les  pleurs  et  les  lamentations.  Puis,  ils  descendirent  de  la  mon- 
tagne sainte,  au  bas  de  laquelle  ils  demeurèrent.  Là  Adam  connut  Eve; 
elle  conçut;  l'époque  de  sa  parturition  arriva;  elle  enfanta  Caïn  (4)  et 
sa  sœur,  Loud  (5),  jumeaux.  De  nouveau,  elle  conçut;  l'époque  de  sa 
parturition  arriva:  elle  enfanta  .46e/  (6)  et  sa  sœur,  'Aqlàmyâ  (7),  jumeaux. 

2.  Leur  marlvge.  —  Les  fils  et  les  filles  grandirent  et  arrivèrent  à  la 
nubilité.  Adam  dit  à  (F.  9  V  a)  Eve  :  Voici  que  le  Seigneur  a  fait  grandir 
ces  enfants.  Il  est  donc  juste  que  Caïn  épouse  'Aqldmyâ,  sœur  d'Abel,  et 
qn  Abel  épouse  Lotcd,  sœur  de  Caïn.  Ils  résolurent  ainsi.  Mais  Caïn  'dit 

(1)  ««rtlCf-Tr. 

(2)  Texte  :  aowi^-t^  ,  rt7>t  «  ^Ç/^A^  les  fondements  du  paradis  du 
bonheur. 

(3)  Mot  à  mot  :  de  son  corps. 

(4)  ^?A.  —  (5)  A-jÇ-.  —  (6)  htt.A.  —  (7)  h^'ir'f. 


LITTÉRATLRE    F:THI0PIENNE    PSEUDO-CLÉjMExN'FIXE.  171 

à  Eve  :  0  ma  mère,  il  faut  que  tu  me  donnes  ma  sœur,  qui  est  née  avec 
moi.  pour  qu'elle  devienne  ma  femme,  et  que  tu  donnes  à  Abel  celle 
qui  est  née  avec  lui,  pour  qu'elle  devienne  sa  femme.  En  effet,  la  forme 
et  l'aspect  de  Loud  (1)  étaient  plus  beaux  que  (ceux)  de  'Aqlàmyà;  (Loud) 
ressemblait  à  sa  mère,  Eve.  Lorsque  Adam  eut  entendu  cette  parole,  il 
fut  extrêmement  triste  et  cliafi;rin.  11  dit  (F.  9  v"  b)  à  Caïn  :  0  mon  fils, 
ce  que  tu  désires  est  contraire  à  la  loi.  En  effet,  il  ne  faut  pas  que  tu 
épouses  ta  sœur,  qui  est  née  avec  toi.  A  ce  moment-là,  la  jalousie  entra 
en  {Caïn),  et  il  résolut  de  tuer  son  frère. 

3.  Offrande  de  Caïn  et  d'Auel.  —  Ensuite,  Adam  dit  à  Caïn  et  à  Abel  : 
Choisissez  le  plus  pur,  que  vous  trouverez,  des  fruits  de  la  terre,  et  (le 
plus  pur)  agneau  des  petits  de  brebis  ;  apportez-les  (2)  au  haut  de  la 
montagne  sainte;  entrez  dans  la  Caverne  des  Trésors;  priez  là  devant  le 
Seigneur,  et  présentez  (au  Seigneur),  comme  offrande,  ce  que  vous  appor- 
terez en  fait  de  fruits  et  d'agneaux  de  brebis.  (F.  10  r"  a)  Lorsque  vous 
ferez  une  telle  (offrande),  vous  prendrez  chacun  votre  femme.  Pour  eux, 
ils  firent  comme  (le)  leur  avait  ordonné  leur  père,  Adam. 

4.  Le  Seigneur  agrée  le  sacrifice  d'Abei.,  mais  répudie  celui  de  C.\ïn. 
—  Pendant  qu'ils  montaient  à  la  montagne,  Satan  entra  dans  Caïn,  qui 
résolut  sciemment  de  tuer  Abel  (3).  Puis  ils  firent  (4)  leur  offrande 
devant  le  Seigneur.  Le  Seigneur  accepta  le  sacrifice  A' Abel,  mais  répudia 
le  sacrifice  de  Caïn.  En  effet,  le  Seigneur  Très-Haut  connaissait  la  pensée 
de  Caïn,  (et  savait)  qu'il  voulait  tuer  son  frère.  Lorsque  Caïn  eut  vu  que 
le  Seigneur  avait  agréé  (F.  10  r°  b)  le  sacrifice  à.' Abel,  mais  avait  répudié 
son  sacrifice,  la  jalousie,  l'indignation  et  la  colère  augmentèrent  en  lui. 

5.  Caïn  tue  Abel.  —  Pendant  qu'ils  descendaient  de  la  montagne, 
Caïn  s'emporta  contre  Abel,  prit  une  pierre,  le  frappa  sur  le  sommet  de 
la  tête,  et  le  tua.  Le  Seigneur  maudit  Caïn  et  fit  sur  lui  un  signe.  Caïn 
devint  agité  et  angoissé,  tous  les  jours  de  sa  vie.  Le  Seigneur  le  fit 
descendre  de  la  montagne  sainte  avec  sa  femme,  et  le  chassa  dans  la 
terre  maudite  die'Aksàryà.  (5),  où  il  demeura. 

6.  Setii.  —  Adam  et  Eve  éprouvèrent  au  sujet  é:Abel  une  grande 
affliction,  pendant  cent  ans.  Ensuite,  Adam  connut  (F.  10  v^  a)  Eve.  Elle 
conçut  et  enfanta  Seth  (6),  (qui  devint)  un  homme  beau  (7),  fort,  puissant 
et  parfait.  Par  son  aspect  il  ressemblait  à  .son  père,  Adam.  Le  Seigneur 
l'aima  et  le  choisit  (8),  pour  qu'il  devint  le  père  de  tous  les  forts  de  la 


(1)  Texte  :  '\;hf  '•  <J->ijP  la  forme  de  l'aspect  (de  Loua). 

(2)  Texte  :  hùCh  faites-les  monter  ou  bien  offrez-les. 

(3)  Texte  :  <C«f»^  s  Vthli,  ••  Yl«n»  :  jB^^A-  (Caïn)  voulut  songer  à  tuer  (Abel). 

(4)  Mot  à  mot  :  offrirent. 

(5)  hYl'iC^. 

(6)  ikh-. 

(7)  Texte  :  Hu'S'jB  :  ^î»R  dont  l'aspect  était  beau. 

(8)  Texte  :  ^Af-  l'établit. 


172  REVUE    DE    L'ORrENT    CHRETIEN. 

terre.  Il  épousa  Loud.  En  premier  lieu,  Seth  engendra  Hênos  (1).  Hênoa 
(engendra)  Qnynân  (2).  Qâynân  engendra  MalâVêl  (3j.  En  effet,  ces 
pères  sont  nés  dans  les  jours  de  la  vie  (VAdam.  (Adam)  vécut  950  ans. 

CHAPITRE  VII 
Instructions  d'Adam  à  Seth  avant  sa  mort. 

1.  Dernières  recommandations  d'Adam  à  Seth  au  sujet  de  sa  sépulture.  — 
2.  L'emploi  des  12  heures  du  jour.  —  :>.  L'emploi  des  12  heures  de  la  nuit.  — 
4.  L'Incarnation  du  Verbe  annoncée. 

1.  Dernières  recommandations  d'Adam  a  Seth  au  sujet  de  sa  sépulture. 
—  Lorsque  fut  arrivée  l'époque  de  sa  mort,  Adam  appela  Seth,  Hênos, 
Qâynàn  et  MalâCêl.  Il  pria  (F.  10  v»  b)  sur  eux  et  les  bénit.  Il  prescrivit 
à  son  fils  Seth  le  commandement  (suivant),  et  lui  dit  :  Écoute,  6  mon 
fils,  ce  que  je  te  commanderai,  et  mets-le  dans  ton  cœur.  Lorsque  sera 
arrivée  l'époque  de  ton  départ  de  ce  monde,  ordonne  à  ton  fils  Hênos  — 
ensuite,  que  Hênos  (ordonne)  à  Qâynân;  puis,  que  Qâynân  (ordonne)  à 
MalâVêl  —  que  (ses  fils)  accomplissent  ce  commandement,  (puis)  leurs 
enfants,  après  eux  les  générations,  après  les  générations  les  peuples,  et 
après  les  peuples  (la  postérité).  Jadis,  (voici)  ce  que  je  t'ai  ordonné  : 
Lorsque  je  serai  mort,  garde  mon  corps  dans  de  l'aloès  et  de  la  myrrhe, 
et  dépose-le  dans  la  Caverne  des  Trésors,  (F.  II  r'^  a)  au  haut  de  la 
montagne  sainte,  jusqu'à  ce  que  tes  enfants  partent  de  la  montagne 
sainte  et  des  lieux  voisins  du  paradis  du  bonheur.  (Ordonne-leur)  d'em- 
porter mon  corps  avec  eux,  et  de  le  déposer  dans  le  centre  de  la  terre  (4), 
car  c'est  dans  cet  endroit  qu'aura  lieu  mon  salut  ainsi  que  le  salut  de 
tous  mes  enfants.  Sois  le  chef  (5),  ô  mon  fils,  après  moi,  et  gouverne  ton 
peuple  avec  droiture  et  équité,  et  dans  la  crainte  du  Seigneur.  Éclaire 
ton  âme  et  celle  de  tes  enfants,  (les  éloignant)  des  enfants  de  Caïn, 
l'homicide. 

2.  L'emploi  des  12  heures  du  jour  (6).  —  De  plus,  comprends  les  heures 
du  jour  et  de  la  nuit,  (et  sache)  comment  il  faut  que  tu  intercèdes  (F.  11 
r'^  b)  auprès  du  Seigneur,  et  que  tu  pries  à  chaque  temps  (déterminé). 
En  effet,  mon  Créateur  m'a  enseigné  tout  cela.  Il  m'a  dit  les  noms  de 
toutes  les  bêtes,  animaux  et  oiseaux  du  ciel.  Ensuite,  le  Seigneur  m'a 
fait  comprendre  le  nombre  des  heures  du  jour  et  de  la  nuit.  II  m'a 
exposé  comment  les  anges  glorifient  le  Seigneur. 

Comprends  donc,  6  mon  fils,  qu'à  la  première  heure  du  jour  la  prière 
de  mes  enfants  monte  vers  le  Seigneur.   Comprends  aussi  qu'à   la  se- 

(1)  ÏVn.  —  {-)  .^jBTTr.  —  (3)  0DtA?i>A. 

(4)  fl»-nt  !  1^w^  :  T'KC.  —  (5)  -fMr*. 

i^"*)  M.  C.  Bezold  a  édité  les  te.xtes  arabe  et  éthiopien  qui  correspondent  aux 
paragrapiies  2  et  3.  Voir  le  texte  grec  original  dans  la  Pati^ologia  Syriaca, 
t.  II,  Paris,  l'.JOr,  p.  1376-1381,  et  la  version  syriaque,  ibid.,  col.  1319-1338. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE    PSEUDO-CLÉMENTINE.  173 

conde  (1)  heure  ont  lieu  la  prière  et  la  demande  des  anges.  A  la  troi- 
sième heure,  les  oiseaux  du  ciel  glorifient  (le  Seigneur).  A  la  quatrième 
(F.  11  v°  a)  heure,  les  spirituels  (2)  l'adorent  (3).  A  la  cinquième  heure, 
tous  les  animaux  et  bêtes  le  glorifient.  A  la  sixième  heure,  a  lieu  la 
demande  des  Chérubins.  A  la  septième  heure,  les  anges  entrent  auprès 
du  Seigneur;  ils  partent  (ensuite)  d'auprès  de  lui,  car,  à  cette  même 
heure,  la  prière  de  tous  les  vivants  monte  vers  le  Seigneur.  A  la  huitième 
heure,  les  êtres  célestes  (et)  lumineux  le  glorifient.  A  la  neuvième  heure, 
le  servent  les  anges  du  Seigneur,  qui  se  tiennent  devant  le  trône  du 
Très-Haut.  A  la  dixième  heure,  l 'Esprit-Saint  fait  de  l'ombre  sur  les  eaux. 
(Alors)  les  démons  s'enfuient  (F.  11  v°  b)  et  s'éloignent  des  eaux,  tout 
le  jour.  (Autrement)  personne  ne  pourrait  boire  de  l'eau,  car  elle  corrom- 
prait le  corps  à  cause  des  démons  mauvais.  Si  le  prêtre  prend  de  l'eau 
à  cette  heure,  y  mélange  l'huile  sainte,  en  oint  les  malades  et  ceux  qui 
ont  des  esprits  impurs,  ils  seront  guéris  de  leurs  maladies.  A  la  onzième 
heure,  a  lieu  la  joie  des  justes.  A  la  douzième  heure,  le  Seigneur  Très- 
Haut  reçoit  la  prière  et  la  demande  des  enfants  des  hommes. 

3.  L'emploi  des  12  heures  de  la  nuit.  —  A  la  première  heure  de  la 
nuit,  les  démons  rendent  grâces  au  Seigneur  Très- Haut;  ils  n'ont  point 
de  méchanceté  contre  personne,  jusqu'à  ce  (F.  12  r"  a)  qu'ils  aient 
achevé  leur  service.  A  la  deuxième  heure,  le  glorifient  les  poissons, 
toutes  les  bêtes  et  les  monstres  marins  (4),  qui  se  trouvent  dans  l'eau. 
A  la  troisième  heure,  le  glorifie  le  feu  jusqu'aux  infimes  profondeurs.  A 
cette  même  heure,  personne  ne  peut  s'entretenir  avec  (le  Seigneur).  A  la 
quatrième  heure,  les  Séraphins  lui  disent  :  Saint,  Saint,  Saint  (5).  a  la 
cinquième  heure,  le  glorifient  les  eaux  qui  sont  au-dessus  des  cieux. 
Autrefois,  je  restais  à  écouter  comment  criaient  les  anges  à  cette  rnème 
heure,  (en  faisant  un  bruit)  semblable  au  bruit  (produit  par)  de  grandes 
roues.  De  plus,  les  flots  crient  vers  le  Seigneur  avec  des  paroles  de 
glorification.  A  la  sixième  (F.  12  r°  b)  heure,  les  nuées  glorifient  le  Sei- 
gneur, dans  la  crainte  et  dans  la  terreur.  A  la  septième  heure,  toute  la 
terre  se  tait  ainsi  que  tout  ce  qui  est  sur  elle  :  les  eaux  dorment.  A  cette 
heure,  si  le  prêtre  prend  de  l'eau,  y  mélange  l'huile  sainte,  et  en  oint 
les  malades  et  ceux  qui  ne  dorment  pas  par  suite  d'une  grande  souf- 
france, (les  malades)  seront  guéris  de  leur  maladie,  et  ceux  qui  sont 
éveillés  dormiront.  A  la  huitième  heure,  la  terre  fait  sortir  l'herbe  et  'es 
plantes,  et  fait  pousser  les  arbres.  A  la  neuvième  heure,  les  anges 
servent  (le  Seigneur),  et  la  prière  des  enfants  des  hommes  entre  devant 
le  Seigneur  (F.  12  v^  a)  Très-Haut.  A  la  dixième  heure,  les  portes  du  ciel 
s'ouvrent;  la  prière  de  mes  enfants  fidèles  est  entendue^  et  les  demandes 

(1)  Toxti'  :  A+'S'T.'V  "  ^"  preniitu-e  (heure).  C'est  une  faute  évidente  de  copiste. 
{2)  ao'^i.i\ah^-^.  —  (3)  ^«wAYU»». 

(4)  Texte  :  Wi9°C^t-  tigres.  C'est  encore  une  faute  de  copiste.  Il  faut  lire 
hÇ'flC^  monstres  marins. 

(b)  Texte  :  fifèRtlf  '"*  chantent  le  trisagion. 


174  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

qu'ils  font  sont  exaucées  par  le  Seigneur.  Au  bruit  des  ailes  des  Séra- 
phins, à  ce  même  moment,  les  coqs  chantent  et  glorifient  le  Seigneur. 
A  la  onzième  heure,  ont  lieu  la  joie  et  l'allégresse  sur  la  terre.  En  effet, 
le  soleil  entre  dans  le  paradis,  et  sa  lumière  se  lève  sur  toutes  les  extré- 
mités du  monde,  et  éclaire  toutes  les  créatures.  A  la  douzième  heure,  il 
faut  que  mes  enfants  se  tiennent  devant  le  Seigneur  (F.  12  v»  b)  et  le 
servent,  car,  à  cette  même  heure,  il  y  a  un  petit  silence  chez  tous  les 
êtres  célestes. 

4.  L'Incarnation  du  Vekbe  annoncée.  —  Sache  donc  ceci,  écoute  mon 
exposé,  et  comprends  la  parole  du  Seigneur  Très-Haut.  (Le  Verbe)  des- 
cendra sur  terre  (1),  comme  me  l'a  exposé  (le  Seigneur),  lorsqu'il  m'a 
fait  sortir  du  paradis.  Lui-même  m'a  dit  que,  dans  les  jours  ultérieurs, 
son  Verbe  s'incarnerait  de  la  Vierge  (2),  appelée  Marie;  se  cacherait  en 
elle;  se  revêtirait  de  notre  chair;  naîtrait  à  l'image  d'un  homme,  par  sa 
grande  Puissance  et  par  l'opération  de  sa  Sagesse,  que  personne  ne 
connaît,  sauf  lui-même  et  aussi  celui  à  qui  il  les  a  révélées  ;  marcherait 
avec  mes  enfants  sur  la  terre;  (F.  13  r»  a)  croîtrait  en  jours  et  en  années; 
ferait  des  miracles  et  des  prodiges  publiquement;  irait  (sur  les  eaux 
comme)  sur  le  sec  ;  réprimanderait  la  mer  et  les  vents  ouvertement,  et 
se  ferait  obéir  d'eux  (3}  ;  appellerait  les  flots  de  la  mer,  et  les  ferait  venir 
vivement;  ferait  voir  les  aveugles;  purifierait  les  lépreux;  ferait  en- 
tendre les  sourds,  parler  les  muets,  se  lever  les  paralytiques  et  courir 
les  boiteux;  les  rendrait  (tous  en  bonne  santé);  convertirait  beaucoup 
(d'hommes)  de  l'erreur  à  la  connaissance  du  Seigneur;  chasserait  les 
démons  des  hommes. 

De  plus,  (F.  13  r«  b)  le  Seigneur  ma  parlé  et  m'a  dit  :  Ne  t'afflige  pas, 
ô  Adam,  d'avoir  voulu  devenir  Dieu  et  d'avoir  transgressé  mon  com- 
mandement, car  voici  que  je  te  ferai  sortir  (de  ta  déchéance),  non  pas 
maintenant,  mais  dans  peu  de  jours.  C'est  moi,  le  Seigneur,  qui  t'ai  fait 
sortir  du  paradis  du  bonheur,  (pour  te  chasser)  dans  la  terre  qui  fait 
croître  les  épines  et  les  ronces.  Tu  y  habiteras.  Je  courberai  ton  dos,  et 
je  ferai  trembler  tes  genoux  dans  (ta)  vieillesse  ;  je  ferai  de  ta  chair  la 
nourriture  des  vers.  Dans  cinq  jours  et  demi  (4),  je  me  montrerai  clément 
envers  toi  et  j'aurai  pitié  de  toi,  dans  la  grandeur  de  ma  clémence  et  de 
ma  miséricorde.  Je  descendrai  dans  ta  maison,  et  j'habiterai  (F.  13  v»  a) 
dans  ta  chair.  A  cause  de  toi,  ô  Adam,  je  naîtrai  comme  un  enfant.  A 
cause  de  toi,  ô  Adam,  je  descendrai  sur  la  place  publique.  A  cause  de 
toi,  ô  Adam,  je  jeûnerai  quarante  jours  et  quarante  nuits.  A  cause  de 
toi,  ô  Adam,  je  recevrai  le  baptême  (5).  A  cause  de  toi,  ô  Adam,  je 
recevrai  la  souffrance.  A  cause  de  toi  je  serai  crucifié  sur  le  bois  de  la 

(1)  Texte  :  ah-tl'l'  «  7>^  dans  le  paradis. 

(2)  Texte  :  ^T'ath^-  de  la  fille. 

(3)  Mot  à  mot  :  ils  lui  obéiraient. 

(4)  ïi^jÇl*:  I  /how-n  «  ow'PÔA  i  fl»<n»Tr«{.4'  i  <n»«^A^. 

(5)  Mot  à  mot  :  ton  baptême. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE    PSEUDO-CLÉMENTINE.  175 

croix  '^Je  subirai)  tout  ceci  à  cause  de  toi,  ô  Adam,  moi,  à  qui  (appar- 
tiennent) la  gloire,  la  domination,  la  majesté,  l'honneur,  l'adoration,  la 
louange  avec  mon  Père  (1)  et  l'Esprit-Saint,  (depuis  l'origine),  depuis 
maintenant  et  jusqu'aux  siècles  des  siècles.  Amen. 

En  outre,  sache  (ceci),  ù  mon  fils  Seth.  (F.  13  v"  b)  Voici  que  le  déluge 
viendra  et  lavera  toute  la  terre  à  cause  des  enfants  de  Caïn,  qui  a  tué 
son  frère  par  jalousie  au  sujet  de  sa  sœur,  Loud.  Après  le  déluge,  dans 
de  nombreuses  semaines,  surviendra  (le  feu  dévorant),  dans  les  derniers 
jours.  Tout  sera  consommé.  L'époque  arrivera  où  le  feu  dévorera  tout  ce 
qu'il  rencontrera  devant  le  Seigneur.  La  terre  sera  sanctifiée,  et  le 
Seigneur  des  Seigneurs  ira  sur  elle. 

Selh  écrivit  ce  commandement,  et  le  scella  de  son  sceau,  du  sceau  de 
son  père,  Adam,  que  (ce  dernier)  avait  emporté  avec  lui  du  paradis,  et  du 
sceau  d'Eve,  sa  mère. 

{A  suivre.) 

Sylvain  Grébaut. 

Bézancourt,  par  Gournay-eu-Bray,  le  "20  avril  19il. 
(1)  Mot  à  mot  :  non  Père. 


TRADUCTION 

DES    LETTRES    DE    NESTORIUS    A    SAINT    CYRILLE    ET 
A    SAINT    CÉLESTIN    ET  DES    DOUZE   ANATIIÉMATISMES    DE    CYRILLE. 

Utraque  nalura  per  conjunclionem  summam  et 
inconfusam  in  una  persona  Unigenili  ado- 
ratur.  (Cf.  p.  189.) 

Nestorius. 

Pour  nous  préparer  à  traduire  la  version  syriaque  du  Livre 
cCHéraclide  (cf.  supra,  p.  100),  nous  avons  traduit  en  français 
beaucoup  de  documents  grecs,  latins  et  syriaques  relatifs  à  Nes- 
torius. Nous  en  avons  déjà  employé  un  bon  nombre,  publiés 
dans  la  Revue  de  FOrient  chrétien,  utilisés  dans  l'introduction 
et  les  appendices  de  notre  traduction  du  Livre  d'Héraclide,  ou 
découpés  et  classés  dans  le  travail  qui  précède  (1).  Il  nous  reste 
encore,  intactes,  les  lettres  à  saint  Cyrille,  les  deux  premières 
lettres  à  saint  Célestin  et  la  version  des  aiiathématismes.  Nous 
croyons  utile  de  publier  ici  notre  traduction,  car  les  textes 
originaux  paraissent  être  assez  peu  lus;  pour  notre  part,  nous 
avons  pu  consacrer  trois  ans  aux  études  théologiques  sans  les 
rencontrer.  Nous  trouverons,  dans  ces  textes,  les  motifs  dont 
s'inspiraient  les  adversaires  pour  s'attribuer  mutuellement  ce 
qu'ils' affirmaient  tous  avec  raison  n'avoir  jamais  voulu  ensei- 
gner. Les  annotations  que  nous  ajoutons  préciseront  peut-être 
les  locutions,  causes  de  tant  de  litiges. 

Nous  n'entendons  pas,  dans  nos  annotations,  apprécier  et 
blâmer  les  locutions  de  saint  Cyrille,  mais  montrer  comment 
ses  adversaires,  la  plupart  de  ses  amis,  certains  de  ses  suc- 
cesseurs et  toute  l'église  monophysite  les  ont  entendues  (2). 

F.  Nau. 

(1)  Cf.  ROC,  1910,  p.  365  et  1911,  p.  1. 

(2)  En  somme,  les  gens  simples  disaient  •  un  »  de  toute  manière,  et,  parmi  les 
gens  instruits,  ceux  qui  disaient  «  deux  •  affirmaient  vouloir  dire  «  un  »  et  ceux 
qui  disaient  «  un  »  affirmaient  vouloir  dire  «  deux  ..  Leurs  intentions  sem- 
blaient excellentes,  mais  leur  prétention  d'expliquer  un  sujet,  qu'ils  ne  compre- 
naient pas  et  qu'ils  ne  pouvaient  pas  comprendre,  les  exposait  à  des  critiques 
fort  justifiées. 


THADUCTIOX    DES    LETTRES    DE    NESTORIUS    A    SAINT    CYRILLE.     177 


I.   —    LETTRE    DE    SAINT    CYRILLE. 

Dans  cette  première  lettre,  saint  Cyrille  écrit  à  Nestoriusque 
«  certains  ne  reconnaissaient  plus  le  Christ  pour  Dieu,  mais  pour 
l'organe  et  l'instrument  de  la  divinité,  ou  pour  un  homme  qui 
porte  Dieu  ».  Il  lui  demande  si  les  écrits  qui  portent  ces  erreurs 
et  qui  circulent  sous  son  nom  sont  de  lui;  il  le  prie  de  ne  pas 
refuser  à  la  sainte  Vierge  le  titre  de  Mère  de  Dieu,  et  enfin  de 
ne  pas  l'attaquer  comme  il  le  fait  à  l'occasion  de  sa  lettre  aux 
moines  (1). 

Nestorius  qui  était  intervenu  en  faveur  des  Pélagiens  con- 
damnés par  saint  Célestin,  et  qui  avait  insisté  plusieurs  fois 
{saepe  scripsi)  pour  obtenir  une  réponse,  ne  semble  pas  ad- 
mettre qu'on  puisse  de  même  lui  demander  une  explication,  car 
il  commence  par  ne  pas  répondre,  puis,  lorsque  le^rèiTQ  Lampon 
lui  arrache  une  réponse,  au  lieu  de  protester  que  ses  écrits 
n'avaient  pas  été  compris  et  de  condamner  lui  aussi  les  erreurs 
dénoncées  par  Cyrille,  voici  tout  ce  qu'il  trouve  à  dire  : 

II.  —  LETTRE  DE  NESTORIUS  A  CYRILLE  D'ALEXANDRIE,   (PORTÉE) 

PAR  Lampon,  prêtre  et  moine  (2). 

Rien  n'est  plus  fort  que  la  condescendance  (3)  chrétienne;  c'est  elle  qui 
nous  a  contraint  maintenant  à  (envoyer)  la  présente  lettre  par  le  très  re- 
ligieux prêtre  Lampon  :  car  il  nous  a  beaucoup  parlé  de  ta  Piété  —  il  a 
aussi  beaucoup  écouté,  —  enfin  il  ne  nous  a  pas  laissé  avant  d'avoir  obtenu 
de  nous  la  présente  lettre,  et  nous  avons  été  vaincu  par  la  ténacité  de  cet 
homme.  Car  j'avoue  avoir  le  plus  grand  respect  pour  toute  condescen- 
dance chrétienne  de  tout  homme,  comme  si  Dieu  y  était  engagé.  Chez 
nous  il  n'y  a  que  patience  et  charité  dans  (nos)  lettres,  bien  que  beaucoup 
de  choses  n'aient  pas  été  faites  par  ta  Piété  —  pour  user  d'euphémisme 
—  selon  la  charité  fraternelle.  L'expérience  nous  apprendra  quel  sera  le 
fruit  de  la  violence  que  nous  a  faite  le  très  pieux  prêtre  Lampon.  Moi  et 
tous  ceux  qui  sont  avec  moi  nous  saluons  tous  les  frères  qui  sont  avec  toi. 

III.  — Cette  réponse  n'en  était  pas  une,  et  jusqu'ici  on  a  été  très 
excusable  d'avoir  cru,  à  Rome  et  à  Alexandrie,  que  si  Nesto- 
rius se  refusait  à  toute  explication  —  lui  qui  avait  coutume  d'en 
exiger  des  autres  —  c'est  parce  qu'il  professait  les  erreurs 

(1)  Labbe,  Conciles,  t.  III,  31 1-315. 

(2)  Labbe,  lac.  cit.,  III,  3IG. 

(3)  Le  latin  porte  probitas  ou  modeslia. 

ORIENT   CHRÉTIEN.  12 


J78  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

dénoncées  par  saint  Cyrille.  Celui-ci  devait  d'ailleurs  revenir 
bientôt  à  la  charge  : 

II  était  accusé  en  effet  d'avoir  condamné  à  tort  des  cleiTS 
d'Alexandrie  réfugiés  à  Constantinople,  et  Nestorius  avait  été 
choisi  pour  instruire  cette  cause  {supra,  p.  16).  On  l'accusait 
encore  d'être  monophysite,  et,  par  suite,  de  dire  que  la  nature 
du  Verbe  s'était  changée  en  la  chair,  ou,  au  contraire,  de  rap- 
porter à  la  nature  du  Verbe  toutes  les  propriétés  de  la  nature 
humaine,  cest-à-dire  d'attribuer  à  la  nature  divine  la  naissance, 
les  souffrances  et  la  mort,  et  de  n'entendre  la  locution  «  Mère  de 
Dieu  »  qu'au  sens  de  «  Mère  de  la  nature  divine  ».  Sur  ces 
divers  sujets,  saint  Cyrille  a  écrit  à  Nestorius  une  seconde  lettre 
dont  voici  les  principaux  passages  : 

IV.   —  DEUXIÈME  LETTRE  DE  SAINT  CYRILLE  A  NESTORIUS. 

Certains,  comme  jel'apprends,menoircissentauprèsdetaPiété... hommes 
auxquels  onn'a  fait  torten  rien,  mais  qui  ont  été  repris,  etcela  avecraison, 
car  l'un  causait  du  préjudice  aux  aveugles  et  aux  pauvres,  un  autre  avait 
levé  le  glaive  contre  sa  mère,  un  autre  avait  fait  enlever  l'argent  d'autrui 
par  une  servante  (1).  Le  saint  concile  dit  que  celui  même  qui  est  de  Dieu 
le  Père  selon  la  nature...  est  descendu,  s'est  fait  homme,  a  souffert  (2)...  Que 
signifie  ceci  que  le  Verbe  de  Dieu  s'est  incarné  et  s'est  fait  homme?  Nous 
ne  disons  pas  que  la  nature  du  Verbe  s'étant  transformée  est  devenue  chair, 
ni  qu'elle  s'est  changée  en  tout  l'homme  formé  d'âme   et  de  corps;  mais 
plutôt  ceci  :  que  le  Verbe  s'unissant  selon  l'hypostase  (3)  une  chair  animée 
d'une  âme  intellectuelle  (4)  est  devenu  homme  d'une   manière  inexpri- 
mable et  incompréhensible  (5),  et  il  fut  révélé  comme  fils  de  l'homme  non 
d'après  la  seule  volonté  et  le  bon  plaisir,  ni  encore  par  l'adjonction  de  la 
personne   [prosôpon]  seule  (6).  Les  natures  qui  se  réunissent  en  une  unité 
véritable  sont  à  la  vérité  différentes,  mais  des  deux  (résulte)  un  Christ  et 
Fils,  non  que  la  différence  des  natures  soit  enlevée  à  cause  de  l'union  (7), 

(1)  Ce  sont  là  les  clercs  qui  avaient  confié  leur  cause  à  Nestorius  et  c'est  pour 
ne  pas  avoir  à  lui  fournir  des  explications  et  pour  pouvoir  le  récuser  comme 
juge  que  Cyrille  l'avait  accusé  d'hérésie  Cf.  supra,  p.  16-19. 

(2)  Cette  phrase  sera  commentée  par  Nestorius. 

(3)  Pour  les  uns,  cette  locution  signifiait  «  en  une  substance  ou  en  une  na- 
ture •  ;  pour  d'autres  elle  signifiait  «  selon  la  personne  ». 

(4)  Cyrille  n'emploie  pas  les  mots  «  nature  humaine  >■.  Nestorius  aurait  dit 
«  la  nature  divine  s'adjoignant,  selon  la  personne (proso;5on),  la  nature  humaine  ». 

(5)  Exact. 

(6)  Locutions  nestoriennes  opposées  à  l'union  naturelle  (en  une  nature)  et  né- 
cessaire (comme  l'union  de  l'âme  et  du  corps). 

(7)  Nestoriuslouera  souvent  cette  phrase. 


TRADUCTION    DES    LETTRES    DE    NESTORIUS    A    SAINT    CYRILLE.    179 

mais  plutôt  que  la  divinité  et  l'humanité  nous  complètent  un  seul  Seigneur 
Jésus-Christ  et  Fils  (1),  par  un  concours  ineffable  et  inexprimable  (2)  vers 
l'unité.  Ainsi,  bien  qu'il  existe  avant  les  siècles  et  qu'il  soit  né  du  Père, 
il  est  dit  aussi  être  né,  selon  la  chair,  d'une  femme;  non  que  sa  divine 
nature  (3)  ait  pris  le  commencement  de  son  existence  dans  la  sainte  Vierge 
ou  qu'il  ait  eu  besoin  nécessairement  d'une  autre  naissance  provenant 
d'elle  après  colle  qui  provenait  du  Père,  car  il  est  insensé,  et  en  même 
temps  inepte,  de  dire  que  celui  qui  existe  avant  tous  les  siècles  et  qui  est 
coéternel  au  Père  a  besoin,  pour  être,  d'un  second  commencement  (4),  mais 
parce  que  pour  nous  et  pour  notre  salut,  s'étant  uni  l'humanité  selon 
l'hypostase  (5),  il  est  sorti  d'une  femme,  c'est  par  elle  qu'il  (6)  est  dit  être 
né  dans  la  chair.  Ce  n'est  pas  un  homme  vulgaire  né  d'abord  de  la  sainte 
Vierge,  sur  lequel  le  Verbe  est  ensuite  descendu  (7),  mais,  uni  dès  le 
sein  (8),  il  est  dit  endurer  la  naissance  charnelle,  en  tant  qu'il  s'approprie 
la  naissance  (9)  de  sa  propre  chair.  C'est  de  la  même  manière  que  nous 
disons  qu'il  a  souffert  et  qu'il  est  ressuscité,  non  que  Dieu  le  Verbe  ait 
souffert  dans  sa  propre  nature  les  coups  ou  les  blessures  des  clous  ou  encore 
les  autres  blessures,  car  la  divinité  est  impassible,  parce  qu'elle  n'a  pas  de 
corps  (10),  mais  parce  que  le  corps  qui  était  devenu  son  propre  corps  (11) 
a  souffert  tout  cela,  il  est  dit  aussi  les  souffrir  lui-même  à  cause  de  nous; 
car  l'impassible  était  dans  un  corps  passible  (12);  c'est  de  cette  même  ma- 
nière que  nous  comprenons  qu'il  est  mort,  car  le  Verbe  de  Dieu  est  im- 
mortel par  nature  et  incorruptible,   il  est  la  vie  et  l'auteur  de  la  vie; 

(1)  Nestorius  entendra  cette  phrase  de  deux  substances  incomplètes  qui 
s'unissent  en  une  seule  substance  et  nature  (comme  l'àme  et  le  corps). 

(2)  Exact. 

(3)  On  cherche  vainement  les  mots  corrélatifs  :  •<  nature  humaine». 

(4)  Cyrille,  comme  Nestorius,  rejette  les  corollaires  que  l'on  veut  tirer  de' ses 
principes. 

(5)  L'ambiguïté  subsiste  toujours.  Cyrille  rejette:  «  selon  la  personne  [pro- 
sôpon)  >'.  Pour  beaucoup  «  selon  l'hypostase  »  signifie  «  selon  la  nature  •  ou  "  selon 
la  substance  ». 

(6)  «  Il  »  désigne  toujours  le  Verbe  ou  •■  la  nature  divine  ».  Nestorius,  k  la 
rigueur,  en  dirait  autant  d'ailleurs,  mais  ajouterait  que  «  naître  »  est,  pour  la 
nature  divine,   une    propritHé  qui  lui  provient  de  l'union  et  non  de  son  essence. 

(7)  Nestorius  ne  l'a  jamais  dit. 

(8)  C'est  l'avis  de  Nestorius. 

(9)  L'ambiguïté  subsiste.  Cette  naissance  est-elle  rapportée  à  sa  nature  ou  à 
sa  personne?  Cyrille  tend  à  dire  «la nature  divine  s'approprie  la  naissance  .,  car 
«  il  »,  pour  lui,  est  toujours  le  Verbe.  De  là  provient  l'accusation  d'apoUina- 
lisme,  portée  si  souvent  contre  saint  Cyrille. 

(10)  Cyrille  rejette  encore  ici  ce  qu'on  lui  attribue. 

(U)  Est-ce  le  corps  de  la  nature  divine,  ou  le  corps  du  Dieu-homme  compre- 
nant deux  natures? 

(12)  Pour  Nestorius,  la  nature  du  Verbe  est  restée  impassible,  bien  qu'elle  soit 
dans  un  corps  passible.  Saint  Cyrille  est  moins  clair  et  prête  à  accusation, 
d'autant  que,  dans  d'autres  écrits,  il  compare  l'union  des  deux  natures  à  celle 
de  l'àme  et  du  corps,  or  l'àme,  impassible  par  elle-même,  souffre  de  toute  né- 
cessité à  l'occasion  du  corps. 


18Q  REVUE    DE    l'ORIENT    CHRÉTIEN. 

mais  ensuite  lorsque  son  propre  corps  (1),  par  la  grâce  de  Dieu,  a  goûté  la 
mort  pour  tout  (homme)  (2),  selon  la  parole  de  Paul,  il  est  dit-  souffrir  la 
mort  pour  nous;  non  qu'il  ait  jamais  été  exposé  à  endurer  la  mort  dans 
sa  propre  nature,  car  c'est  une  folie  de  le  dire  ou  de  le  pen.^r,  mais  c  est 
que  comme  je  le  disais  tout  à  l'heure,  sa  chair  (3)  a  enduré  la  mort.  De 
la  même  manière,  lorsque  sa  chair  a  ressuscité,  la  résurrection  lui  est 
attribuée,  non  qu'il  ait  été  corrompu  -  à  Dieu  ne  plaise  !  -  mais  parce 
que  son  corps  (4)  a  été  animé  de  nouveau. 

De  même,  nous  confessons  un  Christ  et  Seigneur,  non  pas  que  nous 
adorions  l'horame  .  avec  .  le  Verbe  (5),  de  crainte  que  ce  mot  .  avec  . 
n'introduise  une  idée  de  division,  mais  nous  l'adorons  comme  un  et  le 
même  (6),  car  ce  n'est  pas  chose  étrangère  au  Verbe  que  son  corps  avec 
lequel  il  siège  près  du  Père,  non  encore  comme  si  deux  Fils  siégeaient  (7), 
mais  d'après  l'union  (8)  avec  sa  propre  chair. 

Si  nous  repoussons  l'union  selon  l'hypostase  ou  comme  incompréhensi- 
ble ou  comme  peu  convenable,  nous  en  arrivons  à  dire  deux  Fils,  car  il 
faut  alors  partager  et  dire  que  l'un  tout  particulièrement  homme  est  honoré 
du  nom  de  Fils,  tandis  que  le  Verbe  de  Dieu  a  encore  particulièrement, 
d'après  sa  nature,  le  nom  et  la  réalité  de  la  filiation.  On  ne  peut  donc  pas 
diviser  en  deux  Fils  le  seul  Seigneur  Jésus-Christ  (9). 

V.  —  Nestorius,  obligé  enfin  de  répondre,  adresse  à  saint  Cy- 
rille un  petit  chef-d'œuvre  de  persiflage,  sur  le  ton  d'un  maître 
qui  tance  un  mauvais  écolier.  Ce  n'était  pas  pour  améliorer 
leurs  rapports.  Tandis  que  saint  Cyrille  taxe  de  folies  les  erreurs 

(î)  Pour  Cyrille,  c'est  •  le  corps  du  Verbe  immortel  »  ou  «  de  la  nature  di- 
vine •  . 

(2)  Hébr.,  iv,  9, 

(3)  A  noter  toujours  qu'après  •  sa  propre  nature  -  —  relie  du  Verbe  —  nous 
ne  trouvons  que  <•  sa  chair  ». 

(4)  C'estencore  "  le  corps  du  Verbe  .  ou  -  le  corps  de  la  nature  divine  ..Poui' 
Cyrille,  le  terme  de  l'Incarnation  c'est  la  nature  du  Verbe.  Nestorius  aurait  dit 
«le  corps  du  Christ  -,  car  le  corps  (nature  humaine)  concourt  au  même  litre  que 
le  Verbe  à  constituer  le  Christ  (la  personne). 

(5)  Locution  de  Nestorius  qui  la  justifie  d'ailleurs,  car  pour  lui  elle  n'imphque 
pas  division,  mais  seulement  existence  simultanée. 

(6)  Ambiguïté.  Cette  phrase  et  la  suivante,  prises  isolées,  conduisent  facilement 
à  l'eutychianisme. 

(7)  Nestorius  a  dit  deux  natures,  mais  a  toujoui-.s  nié  dire  deux  Fils. 

(8)  Ambiguïté.  Toute  la  difficulté  portait  sur  le  mode  d'union.  Cyrille  rapporte 
la  chair  à  la  nature  divine  et  emploie  le  mot  evuxriç,  union  «  en  un  »  ;  il  a  fait 
croire  que  la  chair,  après Vincamalion,  ne  «  faisait  qu'un  »  avec  la  nature  divine. 

(9)  Nestorius  examine  très  longuement  cette  phrase  dans  le  livre  d'Héraclide 
(trad.,  p.  136-149).  11  nie  diviser  en  deux  Fils;  car  cette  accusation  est  basée  uni- 
quement sur  ce  qu'il  «  associe  »  les  deux  natures  pour  les  «  unir  en  une  per- 
sonne »  au  lieu  de  les  «  unir  en  une  nature  »,la  nature  du  Verbe.  Pour  Nesto- 
rius, hypostase  est,  en  somme,  synonyme  de  nature. 


TRADUCTION    DES    LETTRES    DE    NESTORIUS    A    SAINT    CYRILLE.     181 

qu'on  lui  reproche,  tout  en  maintenant  les  locutions  qui  ont 
produit  le  malentendu,  ce  qui  permettra  de  continuer  à  dire 
qu'il  n'est  pas  conséquent  avec  lui-même,  Nestorius  esquisse 
plutôt  une  apologie  de  la  doctrine  des  deux  natures  unies  en 
une  personne,  qui  ne  devait  triompher  qu'à  Chalcédoine.  II  ne 
mentionne  même  pas  l'hypostase  (1);  aussi  le  concile  d'Éphèse 
qui  l'a  condamné  surtout  d'après  cette  pièce,  sera  censé,  chez 
les  jacobites,  Tavoir  condamné  pour  sa  doctrine  des  deux  na- 
tures unies  en  une  personne  (prosôpon)  opposée  à  la  doctrine 
des  deux  natures  unies  en  une  nature,  qu'on  appelle  «  la  na- 
ture du  Verbe  incarnée  »,  ou  en  une  hypostase. 

VI.    —   COPIE    DE    LA   LETTRE    DE    NESTORIUS    AU   PAPE   CYRILLE   QUI   DÉPLUT   A 
TOUS   AU    SAINT   CONCILE   d'ÉPHÈSE   (2). 

Au  très  pieux  et  très  aimé  de  Dieu,  (à  notre)  collègue  Cyrille,  Nestorius, 
salut  dans  le  Seigneur. 

1.  Je  passe  sur  les  injures  de  tes  admirables  lettres  à  notre  égard,  car 
elles  méritent  (seulement)  le  remède  d'une  longue  patience  et  la  réponse 
que  les  événements  eux-mêmes  leur  donneront  à  l'occasion;  quant  à  ce 
qui  ne  supporte  pas  le  silence,  parce  qu'il  entraînerait  un  grand  danger 
si  on  le  taisait,  je  m'efforcerai,  autant  qu'il  se  peut,  d'en  donner  un  exposé 
sommaire,  sans  tomber  dans  la  prolixité,  et  en  évitant  les  nausées  d'un 
bavardage  obscur  et  indigeste  (3). 

2.  Je  commence  par  les  paroles  si  sages  de  ta  Charité  que  je  citerai  lit- 
téralement. Quelles  sont  donc  les  paroles  de  la  didascalie  admirable  (ren- 
fermée dans)  tes  écrits?  (D'après  toi)  le  grand  et  saint  Concile  (de  Nicée) 
a  dit  que  «  le  même  fils  unique  né  de  Dieu  le  Père  selon  la  nature,  vrai 
Dieu  de  vrai  Dieu,  Lumière  de  Lumière,  par  qui  le  Père  a  tout  fait,  (le 
même)  est  descendu,  s'est  incarné,  s'est  fait  homme,  a  souffert,  est  res- 
suscité »(4).  Voilà  les  paroles  de  ta  Piété  et  tu  reconnais  certainement  les 
tiennes.  Ecoute  donc  aussi  les  nôtres  :  (à  savoir)  la  fraternelle  exhortation 
sur  la  piété,  celle  que  Paul  le  Grand  adressait  à  son  cher  Timothée  :  Ap- 
plique-toi à  la  lecture,  à  l'invocation  et  à  la  doctrine.  Ce  faisant  tu  te  sau- 
veras aussi  bien  que  tes  auditeurs  (5).  Que  signifie  ce  applique-toi,  sinon 
qu'une  lecture  superficielle  de  la  tradition  de  ces  saints  t'a  causé  une 
ignorance  bien  pardonnable,  (puisque)  tu  as  cru  qu'ils  disaient  que  le  Fils 

(1)  Cette  divergence,  nous  l'avons  dit,  n'aurait  i»as  empêche  Nestorius  de  sous- 
crire au  concile  de  Chalcédoine,  car  elle  n'était  qu'une  affaire  de  définition. 

(2)  Labbe,  III,  322;  Loofs,  p.  173. 

(3)  Chacun  d'eux  accusait  l'autre  de  bavardage. 

(4)  Cette  plirase  (Igure  on  effet  dans  la  lettre  de  Cyrille.  Nestorius  la  comprend 
dans  le  sens  ■■  la  nature  divine  wo  du  Père,  cette  même  nature  a  souffert  ». 

(5)  1  Tim.,  IV,  IC. 


182  REVUE    DE    l'orient  CHRÉTIEN. 

coéternel  au  Père  était  passible,  étudie  plus  attentivement  leurs  paroles  et 
tu  trouveras  que  ce  chœur  divin  des  Pères  ne  dit  pas  que  la  divinité  con- 
substantielle  est  passible,  ni  qu'un  nouveau-né  est  coéternel  au  Père,  ni 
que  (la  Divinité)  qui  relevait  le  temple  détruit  a  ressuscité.  Si  tu  prêtes  at- 
tention à  mon  traitement  fraternel,  je  t'apporterai  les  paroles  des  saints 
Pères  et,  à  leur  aide,  à  l'aide  aussi  des  divines  Écritures,  je  te  débarrasserai 
du  scandale. 

3.  Nous  croyons  donc  en  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  son  fils  unique.  Re- 
marque comment,  lorsqu'ils  placent  d'abord  les  mots  Seigneur,  Jésus, 
Christ,  unique,  Fils,  (ils  énoncent)  les  noms  communs  à  la  divinité  et  à  l'hu- 
manité comme  des  fondements  pour  y  construire  la  tradition  de  l'incar- 
nation, de  la  souffrance  et  de  la  résurrection,  afin  qu'en  écrivant  d'abord 
les  noms  qui  désignent  les  propriétés  communes  des  deux  natures,  les 
choses  de  la  filiation  ne  soient  pas  séparées  de  celles  de  la  domination  et 
que  les  propriétés  des  natures  ne  risquent  pas  de  disparaître  par  un  mé- 
lange (1)  à  cause  de  la  singularité  de  la  filiation.  Paul  lui-même  nous 
en  instruit  lorsque,  faisant  mémoire  de  la  divine  incarnation  et  devant  y 
ajouter  ce  qui  concerne  la  souffrance,  il  place  d'abord  le  Christ,  nom  com- 
mun des  deux  natures  (2)  comme  je  l'ai  dit  un  peu  plus  haut,  et  il  continue 
ensuite  son  discours  comme  il  convient  aux  deux  natures.  Que  dit-il  en 
effet  :  Ayez  en  vous  le  sentiment  qui  était  dans  le  Christ  Jésus  lequel,  se  trou- 
vant dans  la  forme  de  Dieu,  n'usa  pas  indiscrètement  de  ce  qu'il  était  à  l'ins- 
tar de  Dieu,  mais  —  pour  ne  pas  tout  citer  —  devint  obéissant  jusqu'à  la. 
mort,  {et)  la  mort  sur  la  croix  (3).  Comme  il  devait  faire  mention  de  la  mort, 
—  pour  éviter  que  quelqu'un  ne  s'imaginât  par  là  que  Dieu  le  Verbe  (4) 
était  passible,  —  il  écrivit  ce  (nom)  :  le  Christ,  qui  est  la  désignation  propre 
de  l'essence  impassible  et  passible  dans  une  unique  personne  (prosôpon)  (5), 
afin  que  le  Christ,  sans  inconvénient,  pût  être  appelé  (à  la  fois)  impassi- 
ble et  passible  :  impassible  d'une  part  par  la  divinité  et  passible  par  la 
nature  du  corps  (6) . 

4.  Je  pourrais  en  dire  long  à  ce  sujet,  et  d'abord  que  ces  saints  Pères, 
au  sujet  de  l'économie  (divine),  mentionnent  non  la  naissance ma.[s  l'incar- 
nation (7),  mais  je  sens  que  la  promesse  de  brièveté,  faite  au  commence- 

(1)  Voici  le  nœud  de  la  controverse  :  Deu\  natures,  ot  leurs  propriétés  ne  se 
mélangeant  pas. 

(2)  Par  suite,  ne  jamais  oublier  que,  pour  Nestorius,  le  mot  «  Chznst  >•  désigne 
les  deux  natures,  et  on  comprendra  son  ypio-rotôxo;. 

(3)  Phil.,  I,  5. 

(4)  Dieu  le  Verbe  désigne  la  nature  divine. 

(5)  «  Christ  »  désigne  les  deux  natures  en  une  pei-sonne. 

(6)  Voici  la  cause  du  concile  d'Éphèse  et  des  schismes  :  Nestorius  et  ses  amis 
écrivent  «  passible  par  la  nature  du  corps  »  tandis  que  Cyrille  et  les  monophy- 
sites  écrivent  «  passible  dans  le  corps  »  ou  plus  souvent  ■■  passible  dans  la  chair  >•. 
Les  traducteurs  latins,  nous  l'avons  dit,  n'ont  pas  saisi  la  cause  du  litige  et  ont 
canonisé  les  locutions  nestoriennes  sous  le  nom  de  saint  Cyrille  (cf.  supra,  1910, 
p.  376,  377,  382). 

(7)  La  nature  divine  n'est  pas  née,  mais  s'est  incarnée. 


TRADUCTION    DES   LETTRES   DE    NESTORIUS   A   S4INT   CYRILLE.     183 

ment  enchaîne  mon  discours  et  m'amèjie  au  second  chapitre  de  ta  Charité. 

5.  J'y  loue  la  distinction  des  natures  en  celle  de  la  divinité  et  celle  de 
l'humanité  ainsi  que  l'union  des  deux  en  une  personne  (prosôpon)  et  de 
n'avoir  pas  dit  que  Dieu  le  Verbe  a  besoin  de  naître  une  seconde  fois 
d'une  femme  et  de  confesser  que  la  divinité  ne  comporte  pas  la  souffrance, 
car  tout  cela  est  en  vérité  orthodoxe  et  opposé  aux  fausses  opinions  de 
toutes  les  hérésies  au  sujet  des  natures  du  Maître  (1).  Quant  au  reste,  il 
appartient  à  ta  Minutie  de  savoir  s'il  peut  enfoncer  quelque  sagesse  ca- 
chée, incompréhensible,  dans  les  oreilles  des  lecteurs;  car  pour  moi,  il 
me  paraît  détruire  ce  qui  précède.  Celui  en  effet  que  tu  avais  d'abord  dé- 
claré impassible  et  incapable  d'une  seconde  naissance,  tu  l'introduis  de 
nouveau,  je  nesais  comment,  comme  passibleet  nouvellement  produit  (2), 
comme  si  les  (propriétés)  qui  appartiennent  par  nature  à  Dieu  le  Verbe 
étaient  détruites  par  l'union  du  temple  (corporel),  ou'comme  si  cela  avait 
peu  d'importance  pour  les  hommes  que  ce  temple  impeccable  (du  corps), 
inséparable  de  la  nature  divine,  avait  été  (seul)  soumis  càlanaissance  et  à  la 
mort  pour  les  pécheurs,  ou  enfin  comme  s'il  fallait  regarder  comme  im- 
propre la  parole  du  Seigneur  adressée  aux  Juifs  :  Détruisez  ce  temple  et  en 
trois  joursje  le  rétablirai  {3}.  11  ne  dit  pas:  Détruisez  ma  divinitéet  entrais 
jours  elle  sera  rétablie.  Je  m'arrête,  me  rappelant  ce  que  j'ai  promis.  Je 
parlerai  donc  sans  me  départir  de  la  brièveté. 

6.  Partout  où  la  divine  Écriture  fait  mention  de  l'économie  du  Seigneur, 
la  naissance  comme  la  souffrance  nous  est  présentée,  non  comme  (l'at- 
tribut) de  la  divinité,  mais  de  l'humanité  du  Christ  (4)  ;  de  sorte  que  la 
sainte  Vierge,  d'après  l'appellation  la  plus  exacte,  sera  appelée  «  mère  du 
Christ  »  (5)  et  non  «  mère  de  Dieu  ».  Écoute  les  Évangiles  qui  crient  cela  : 
Livre  de  la  génération  de  Jésus-Christ,  fils  de  David,  fils  d'Abraham  (6); 
or  il  est  évident  que  Dieu  le  Verbe  n  était  pas  fils  de  David.  Accepte  en- 
core, s'il  te  plaît,  un  autre  témoignage  :  Tacob  engendra  Joseph,  époux  de 
Marie,  de  laquelle  est  né  Jésus,  qui  est  appelé  Christ  (7).  Écoute  encore 
cette  autre  parole  nous  témoignant  :  Or  la  naissance  de  Jésus-Christ  était 
ainsi  :  Lorsque  Marie  sa  mère  était  fiancée  à  Joseph,  elle  se  trouva  en- 
ceinte du  Saint-Esprit  (8)  ;  qui  pourrait  croire  que  la  divinité  du  Fils 
unique  est  une  création  de  l'Esprit?  Que  dire  encore  de  :  La  mère  de  Jésus 

(1)  Nestorius  fait  remarquer  souvent  que  Cyrille,  par  endroits,  parle  comme 
lui  et  permet  de  défendre  toutes  les  thèses;  les  Jacobites  en  ont  dit  autant.  Cf. 
supra,  1910,  p.  377,  note  5. 

(2)  Nous  avons  vu  en  effet  que,  pour  Cyrille,  le  sujet  est  toujours  «  le  Verbe  -, 
c'est-à-dire  «  la  nature  divine  ». 

(3)  Jean,  n,  19. 

(4)  Voilà  les  deux  natures. 

(5)  Cette  locution  pour  Nestorius  a  donc  pour  but  uniquement  de  mettre  en 
relief  que  la  Vierge  n'est  pas  la  mère  de  la  nature  divine,  c'est  ce  qu'il  écrit 
partout. 

(6)  Matth.,  I,  1. 

(7)  Matth.,  I,   16. 

(8)  Ibid.,  18. 


184  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

était  là  (]);  et  aussi  de  :  avec  Marie  mère  de  Jésus  (2);  et  :  Ce  qui  est  né 
en  elle  est  du  Saint-Esprit  (3)  ;  et  :  Prends  l'enfant  et  sa  mère  et  fuis  en 
Egypte  (4);  et  :  Au  sujet  de  son  Fils,  de  celui  qui  est  issu,  selon  la  chair, 
de  la  postérité  de  David  (5)  ;  et  encore  au  sujet  de  sa  passion  :  Dieu  en- 
voyant son  propre  Fils  dans  une  chair  semblable  à  la  chair  de  péché,  au 
sujet  du  péché  a  condamné  le  péché  dans  la  chair  (6)  ;  et  encore  :  Le  Christ 
est  mort  pour  nos  péchés  (7);  et  :  \Le  Christ  ayant  souffert  dans  la  chair  {8); 
et  :  Ceci  est  —  non  pas  ma  divinité,  mais  —  mon  corps  qui  a  été  brisé  pour 
vous  (9)  ;  et  dix  mille  autres  paroles  montrant  au  genre  humain  à  ne  pas 
croire  que  la  divinité  du  Fils  est  récente  ou  sujette  à  la  souffrance  corpo- 
relle (10),  mais  bien  la  chair  unie  (11)  à  la  nature  de  la  divinité;  aussi 
le  Christ  se  nomme  lui-même  et  le  Seigneur  et  le  Fils  de  David  :  Que  pen- 
sez-vous du  Christ,  dit-il,  de  qui  est-il  fils  ?  Ils  lui  dirent  :  De  David.  Jésus 
leur  répondit  et  leur  dit  :  Comment  donc  David,  animé  de  l'Esprit,  Vap- 
pelle-t-il  «  Seigneur  »  quand  il  dit  :  Le  Seigneur  a  dit  à  mon  Seigneur  : 
Assieds-toi  à  ma  droite  (12);  comme  étant  certes  fils  de  David  selon  la 
chair,  mais  (son)  seigneur  selon  la  divinité.  11  est  donc  juste  et  conforme 
aux  traditions  évangéliques  de  confesser  que  le  corps  est  le  temple  (13) 
de  la  divinité  du  Fils,  un  temple  uni  d'une  adhésion  extrême  et  divine  (14), 

(1)  Jean,  ii,  1. 

(2)  Actes,  I,  14. 

(3)  Matth.,  I,  -20. 

(4)  Matth.,  II,  13. 

(5)  Rom.,  r,  3. 

(6)  Rom.,  VIII,  o. 

(7)  I  Cor.,  XV,  3. 

(8)  I  Pierre,  iv,  1. 

(9)  I  Cor.,  IX,  24.  Le  texte  édité  chez  Labbe  porte  en  plu.s  •  pour  la  rémis- 
sion des  péchés  ». 

(10)  Nous  avons  vu  que  pour  Cyrille  le  sujet  est  toujours  •<  le  Verbe  »  ou  ■■  la 
nature  divine  ».  Pour  lui,  la  nature  divine  e.st  dite  naître,  souffrir  et  mourir. 
Pour  Nestorius,  le  Christ  (la  personne  Dieu  et  homme)  naît,  souffre  et  meurt, 
parce  que  les  propriétés  de  la  nature  humaine  lui  sont  rapportées  au  même  titre 
que  les  propriétés  de  la  nature  divine.  Nestorius  admet  d'ailleurs  la  communica- 
tion des  idiomes;  il  demande  seulement  de  distinguer  les  propriétés  qui  résul- 
tent de  l'essence  (de  la  nature),  de  celles  qui  résultent  de  l'union  ou  de  l'appro- 
priation. 

(11)  Nestorius,  comme  Cyrille,  prône  donc  ..  l'union  »  des  natures,  mais  les 
mots  employés  ne  sont  pas  indifférents  :  Nestorius  emploie  auvotiiiévri  ..  jointe 
avec  »,  ce  qui  laisse  bien  entendre  que  les  deux  natures  continuent  a  subsister; 
Cyrille  préférerait  i^tùMaa.  «  faite  une  »,  ce  qui  a  permis  de  lui  attribuer  l'union 
des  deux  natures  en  ■<  une  nature  »  ;  l'église  jacobite  a  ajouté  ••  sans  mélange  ni 
confusion  »,  ce  qui  est  évidemment  aussi  mvstérieux  que  l'Incarnation. 

^12)  Matth.,  XXII,  42-44. 

(13)  Cette  locution  reprochée  souvent  à  Nestorius  est  tirée  de  l'Évangile.  De 
plus,  elle  a  l'avantage  de  montrer  la  coexistence  des  deux  natures. 

(14)  Nestorius  emploie  le  mot  adhésion  («ruvaçeîa)  pour  montrer  la  coexistence 
des  deux  natures.  Cyrille  préfère  evwaiç,  ce  qui  permet  encore  de  lui  reprocher 
d'unir  les  natures  en  une. 


TRADUCTION'  DES    LETTRES    DE    NESTORIUS   A    SAINT    CYRILLE.     185 

au  point  que  la  nature  de  la  divinité  s'approprie  les  propriétés  du  corps  (1). 
Mais  lui  attribuer,  sous  prétexte  d'appropriation,  jusqu'aux  particularités 
de  la  chair  qui  lui  est  jointe  (2),  je  veux  dire  la  naissance,  la  souffrance  et 
la  mort  (3),  ceci  provient  en  vérité,  ô  frère,  d'un  esprit  ou  complice  des  er- 
reurs des  païens  (4),  ou  malade  de  l'hérésie  extravagante  d'Apollinaire, 
d'Arius  et  des  autres,  ou  de  quelque  chose  plus  grave  encore  que  cela. 
Il  est  nécessaire  que  ceux  qui  sont  ainsi  attirés  par  le  nom  d'appropria- 
tion (5),  fassent  participer  Dieu  le  Verbe,  à  cause  de  l'appropriation,  à 
l'allaitement  et  à  la  croissance  par  degré  et  à  la  nécessité  du  secours  an- 
gélique à  cause  de  (sa)  crainte  au  moment  de  la  souffrance;  j'omets  la 
circoncision,  le  sacrifice,  les  sueurs  et  la  soif  qui  étaient  attachés  à  la  chair, 
comme  s'ils  lui  arrivaient  à  cause  de  nous  ;  mais  c'est  à  tort  qu'on  les  at- 
tribuerait à  la  divinité  et  ils  nous  causeraient  (dans  ce  cas)  une  juste  con- 
damnation comme  à  des  calomniateurs.  Voilà  les  traditions  des  saints 
Pères,  voilà  les  préceptes  des  divines  Écritures.  C'est  ainsi  que  l'on  rai- 
sonnera sur  les  propriétés  de  la  philanthropie  divine  (6)  et  sur  celles  de  la 
majesté  (7).  Médite  ces  choses,  insiste  sur  elles,  afin  que  ton  progrès  soit 
visible  à  tous  (8);  Paul  le  recommande  à  tous. 

7.  Tu  fais  bien  certes  en  t'occupant  avec  zèle  des  scandalisés  et  j'en 
rends  grâce  à  ton  âme  qui  médite  les  choses  divines  et  qui  s'occupa  de 
nos  affaires  (9).  Sache  cependant  que  tu  as  peut-être  été  trompé  par  les 
clercs  de  ta  Charité,  par  ceux  d'ici  qui  ont  été  anathématisés  par  le  saint 
concile,  comme  fauteurs  des  opinions  manichéennes  (10).  Car  les  affaires 
de  l'Eglise  progressent  de  jour  en  jour  de  même  que  celles  des  peuples, 
par  la  grâce  de  Dieu,  avec  un  tel  surcroît,  que  tous  ceux  qui  voient  leur 
multitude  s'écrient  avec  le  prophète  :  La  terre  sera  remplie  de  la  connais- 
sance du  Seigneur,  de  même  que  la  grande  quantité  d'eau  couvre  les  mers  (11). 
Les  affaires  des  empereurs  sont  aussi  dans  une  prospérité  débordante  pen- 
dant que  le  dogme  resplendit  (12).  Enfin,  pour  le  dire  en  terminant,  chacun 

(I)  C'est  1?,  communication  des  idiomiis. 
f2)  i;uvï)[ji[j.£VT)ç.  Cyrille  écrirait  évwÔEtdï);. 

(3)  C'est-à-dire  :  •.  il  faut  cependant  éviter  d'écrire  —  sous  prétexte  de  commu- 
nication des  idiomes—  que  la  nature  divine  est  née,  a  souffert  et  est  morte  ••. 

(4)  Car  les  païens  racontent  la  naissance  et  les  souffrances  de  leurs  dieux. 

(5)  C'est-à-dire  ceux  qui  rapportent  tout  à  la  nature  divine  comme  sujet. 

(6)  Propriétés  «  prjses  pour  nous  ■•  ou  de  la  nature  humaine. 

(7)  Propriétés  de  la  nature  divine. 

(8)  I  Tim.,  IV,  15. 

(9)  Dans  la  letti-e  à  Célestin  (lettre  IX),  Cyrille  dit  qu'il  a  écrit  sa  lettre  aux 
monastères  pour  que  la  contagion  de  la  maladie  (des  enseignements  de  Ncsto- 
rius)  n'envahît  pas  les  âmes  des  simples.  Il  ajoute  que  des  exemplaires  de  sa 
lettre  ont  été  portés  à  Constantinopie  et  lui  ont  valu  beaucoup  de  remerciements. 

(10)  Une  ancienne  version  latine  porte  :  •■  Sache  que  tu  as  été  trompé  par  ceux 
qui  ont  été  déposés  ici  par  le  saint  concile,  comme  fauteurs  des  opinions  mani- 
cliéennes,  ou  peut-être  par  les  clercs  qui  sont  de  ta  Charité.  .. 

(ll)Is.,  xi,9. 

(12)  Nestorius  attribuait  la  prospérité  de  l'empire  à  la  pureté  du  dogme.  Dès 
son  ordination,  il  disait  que  l'empereur  vaincrait  les  Perses  s'il  combattait  les 


186  REVUE   DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

trouvera  que  la  parole  (du  prophète)  s'accomplit  tous  les  jours  chez  nous, 
au  sujet  de  toutes  les  hérésies  ennemies  de  Dieu  et  de  l'orthodoxie  de 
l'Église  :  La  maison  de  Saiil  allait  en  .^'affaiblissant  et  celle  de  David  pro- 
gressait et  se  fortifiait  (1). 

8.  Voilà  nos  conseils  comme  de  frères  à  des  frères,  mais  si  quelqu'un  se 
plaît  à  contester,  Paul  crie  à  celui-là  par  notre  bouche  :  telle  n'est  pas 
notre  habitude  ni  celle  des  Églises  de  Dieu  (2).  Moi  et  toux  ceux  qui  sont 
avec  moi  nous  saluons  beaucoup  les  frères  qui  sont  avec  toi.  Porte-toi 
bien  et  prie  toujours  pour  nous,  ô  très  cher  et  très  pieux. 


VII.    —    LETTRES   A    SAINT    CELESTIN. 

Ces  lettres  ne  sont  conservées  que  dans  une  ancienne  ver- 
sion latine.  Des  Pélagiens,  condamnés  déjà  par  le  pape  Zo- 
sime,  en  418,  intriguaient  à  Constantinople  (3)  ;  Nestorius  qui 
n'admettait  pas,  comme  nous  l'avons  vu,  qu'on  lui  demandât 
des  explications  sur  ses  paroles  et  ses  actes,  imagina  d'en 
demander  au  pape  Célestin.  Il  aurait  dû  lui  suffire  de  savoir 
qu'ils  avaient  été  condamnés  à  Rome  sans  paraître  vouloir 
évoquer  la  cause  à  son  tribunal  ;  le  reste  de  la  lettre  respire 
aussi  la  suffisance  et  le  contentement  de  soi-même. 

Cette  lettre  et  la  suivante  n'ont  pas  grande  importance  dog- 
matique, mais  elles  nous  expliquent  le  mécontentement  de  la 
cour  de  Rome  contre  Nestorius  et  nous  font  comprendre  com- 
ment Possidonius,  venant  accuser  Nestorius  d'hérésie,  put 
remporter  aussitôt  sa  condamnation  et  le  mandat,  pour  saint 
Cyrille,  de  la  faire  exécuter.  Après  que  les  légats  du  pape 
eurent  ratifié  ce  qu'avait  fait  saint  Cyrille  contre  Nestorius, 
le  concile  d'Éphèse  condamna  nommément  les  évêques  d'Italie 
en  faveur  desquels  Nestorius  avait  semblé  intervenir  (4). 

hérétiques  (Socrate,  VII,  29).  A  la  fin  de  sa  vie,  il  attribuait  tous  les  maux  causés 
par  les  barbares  à  l'appui  que  l'empereur  avait  donné  aux  monophysites  (Héva- 
clide,  p.  497-520). 

(1)  II  Rois,  m,  I. 

(2)  I  Cor.,  XI,  16. 

(3)  Saint  Célestin  les  avait  aussi  condamnés,  car  ses  légats  lui  écrivent  d'E- 
phèse :  «  Nous  avons  ordonné  que  le  jugement  porté  contre  eux  par  Votre  Sain- 
teté demeurerait  ferme.  »  Labbe,  Conciles,  t.  III,  col.  665. 

(4)  Une  phrase  des  légats  du  pape,  qui  rendent  compte  de  ce  résultat,  est  assez 
suggestive.  Labbe,  Conciles,  t.  III,  col.  665  C  :  «  Si  nous  souffrons  que  tous  ceux 
qui  le  voudront  puissent  insulter  aux  plus  grands  sièges  et  à  ceux  sur  lesquels 
ils   n'ont  aucun  pouvoir,  les  aff"aires  de  l'Église  tombent  dans  la  dernière  con- 


TRADUCTION  DES    LETTRES   DE   NESTORIUS   A   SAINT   CYRILLE.     187 


VIII.    —   L.\  LETTRE  DE  NESTORIUS    V  CÉLESTIN,  PAPE   DE   ROME  (1). 

Nous  devons  avoir  des  relations  fraternelles,  afin  d'arriver  ensemble  au 
bon  accord  pour  combattre  (ensemble^  le  démon  ennemi  de  la  paix.  Où 
tend  ce  préambule?  Julianus,  Florus,  Orontius  et  Fabius,  disant  qu'ils 
.sont  évéques  dans  les  pays  occidentaux,  allèrent  souvent  trouver  le  très 
pieux  et  très  illustre  empereur  et  déplorèrent  leur  sort,  comme  s'ils 
avaient  été  persécutés  bien  qu'orthodoxes  et  en  des  temps  orthodoxes  ;  ils 
nous  ont  souvent  adressé  les  mêmes  lamentations  et,  souvent  repousses, 
ils  n'ont  cessé  de  revenir  à  la  charge,  et  ils  remplissent  toutes  les  oreilles 
de  leurs  voix  larmoyantes.  Nous  leur  avons  dit  ce  qui  convenait,  puisque 
nous  ignorions  le  crédit  que  mérite  leur  affaire  ;  mais  nous  avons  besoin 
d'une  connaissance  plus  claire  de  leur  cause,  afin  que  notre  empereur 
très  pieux  et  très  chrétien  ne  soit  plus  souvent  ennuyé  par  eux  et  que 
nous-même,  ignorant  leur  cause,  nous  ne  soyons  pas  dans  le  doute  pour  la 
solution  de  cette  affaire.  Daigne  donc  nous  la  faire  connaître  de  crainte 
que  quelques-uns,  ignorant  la  justice  de  la  vérité,  ne  soient  troublés  par 
une  importune  compassion,  ou  n'estiment  que  l'indignation  canonique  de 
Ta  Béatitude,  qui  est  sans  doute  justifiée  à  leur  égard  pour  cause  de  secte 
religieuse,  est  autre  chose  que  cela;  car  la  nouveauté  des  sectes  mérite 
grande  défense  de  la  part  des  vrais  pasteurs. 

Nous  aussi,  ayant  trouvé  ici  chez  quelques-uns  une  corruption  non  mo- 
dique de  l'orthodoxie,  nous  usons  tous  les  jours  envers  les  malades  de 
colère  et  de  douceur,  car  c'est  une  maladie  non  petite,  mais  apparentée  à 
la  pourriture  &' Apollinaire  et  à'Arius.  Ils  brouillent  au  hasard  l'union  du 
Seigneur  avec  l'homme  jusqu'à  la  confusion  d'un  certain  mélange,  au 
point  que  certains  clercs  chez  nous  —  les  uns  par  maladresse,  les  autres 
par  une  perfidie  hérétique  cachée  en  eux  jusque-là  (ce  qui  arriva  .souvent, 
même  au  temps  des  apôtres)  —  sont  malades  d'hérésie,  et  blasphèment 
ouvertement  Dieu  le  Verbe  consubstantiel  à  son  Père  (2),  comme  s'il 
avait  pris  le  commencement  de  son  origine  de  la  Vierge  mère  du  Christ, 
s'il  avait  été  bâti  avec  son  temple  et  enseveli  avec  la  chair;  ils  disent 
encore  que  la  chair  n'est  pas  demeurée  chair  après  la  résurrection,  (pour 
le  dire  en  abrégé),  ils  rapportent  la  divinité  du  Fils  unique  au  moment  où 
il  s'est  uni  la  chair  (3)  et  ils  la  mortifient  avec  la  chair,  mais  ils  blasphè- 
ment en  disant  que  la  chair  jointe  à  la  divinité  est  passée  à  la  divinité, 
par  le  mot  même  de  déification,  ce  qui  n'est  autre  que  corrompre  l'une  et 
l'autre. 

fu.sion.  »  Cette  phrase  rapprochée  de  celle  de  Cyrille  à  ses  clercs  {supra,  p.  78) 
donne  à  entendre  que  Nestorius  avait  eu  grand  tort  de  s'occuper  des  évoques 
romains  et  des  clercs  d'Alexandrie. 

(1)  Loofs,  Nesforiana,  p.  IG5. 

(2)  C'est-à-dire  la  nature  divine. 

(3)  C'est-à-dire  :  ils  font  naître  la  nature  divine  avec  la  chair. 


188  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Ils  ont  encore  osé  traiter  la  Vierge,  mère  du  Christ,  de  divine  (d'une 
certaine  manière)  avec  Dieu;  ils  ne  craignent  pas  en  effet  de  l'appeler 
«  Mère  de  Dieu  »  (1),  lorsque  ces  Pères  saints  et  supérieurs  à  toute 
louange  (2),  n'ont  rien  dit  de  plus  par  (le  symbole  de)  Nicée,  sinon  que 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ  s'est  incarné  du  Saint-Esprit  et  de  la  Vierge 
Marie.  Je  passe  sous  silence  les  Écritures  qui  partout,  par  les  anges  et  par 
les  Apôtres,  ont  prêché  la  Vierge  (comme)  mère  «  du  Christ  »  et  non  c  de 
Dieu  le  Verbe  »  ;  quels  grands  combats  nous  avons  soutenus  pour  cela, 
j'espère  que  la  renommée  précédente  l'aura  appris  à  Ta  Béatitude,  laquelle 
voudra  bien  remarquer  aussi  que  nous  n'avons  pas  combattu  en  vain,  car 
beaucoup  de  ceux  qui  s'étaient  écartés  de  nous  dans  leur  perversité  ont 
été  corrigés  par  la  grâce  du  Seigneur.  Car  ce  qui  naît  et  qui  est  gratifié  de 
la  vie  est  (à)  proprement  (parler)  consubstantiel  à  celle  qui  l'a  enfanté  ;  cette 
apparition  dans  l'homme  est  la  créature  de  l'humanité  du  Seigneur  jointe 
à  Dieu,  de  la  Vierge  par  l'Esprit  (3).  Si  quelqu'un  propose  ce  nom  de  Mère 
de  Dieu  à  cause  de  la  naissance  de  Thumanité  jointe  à  Dieu  le  Verbe  — 
non  à  cause  de  la  mère,  car  nous  disons  que  ce  mot  ne  convient  pas  en 
celle  qui  a  enfanté,  parce  qu'il  faut  que  celle  qui  a  enfanté  soit  de  la  même 
essence  que  celui  qui  est  né  d'elle  —  on  peut  cependant  supporter  ce 
vocable  (4;  en  considérant  qu'il  est  attribué  à  la  Vierge  seulement  à  cause 
du  temple  inséparable  de  Dieu  le  Verbe  qui  provient  d'elle,  et  non  parce 
qu'elle  est  la  mère  de  Dieu  le  Verbe  ;  car  personne  n'enfante  celui  qui  est 
plus  ancien  que  soi  (5).  Voilà  ce  qu'exprimait,  à  mon  avis,  le  bruit  précé- 
dent. 

Nous  exposons  nous  aussi  ce  qui  est  arrivé,  pour  montrer  par  des  faits 
que  ce  n'est  pas  par  un  désir  de  curiosité  importune,  mais  avec  un  esprit 
fraternel  (6)  que  nous  avons  désiré  connaître  l'affaire  de  ceux  dont  nous 
avons  parlé;  puisque  nous  racontons  aussi  nos  affaires  comme  des  frères 
aux  frères,  nous  faisant  connaître  mutuellement  la  vérité  des  sectes,  pour 
en  revenir  au  commencement  très  véritable  de  ma  lettre,  car  j'ai  dit  en 
commençant  cette  lettre,  que  nous  devons  avoir  des  relations  fraternelles. 
Moi  et  ceux  qui  sont  avec  moi  nous  saluons  toute  1' (assemblée)  fraternelle 
qui  est  avec  toi. 

IX.  —  Le  pape  ne  répondit  pas  et  Nestorius,  au  lieu  de  com- 
prendre ce  silence  éloquent,  eut  la  maladresse  d'insister  plu- 
sieurs fois  pour  obtenir  une  réponse. 

(1)  Cette  locution  signifie,  pour  Nestorius  :  •■  Jlère  de  la  nature  divine  ».  i 

(2)  Les  évèques  de  Nicée. 

(3)  Nestorius  veut  dire,  ici  comme  partout,  que  ce  n'est  pas  la  nature  divine  \ 
qui  naît.  La  négative  est  claire;  mais  l'afllrmative  l'est  beaucoup  moins  et  à  bon  i 
droit  puisqu'il  s'agit  d'un  mjstère.  ! 

(4)  Ici,  comme  toujours,  Nestorius  admet  (et  emploie)  la  locution  •  mère  de 
Dieu  »  pourvu  qu'on  n'exclue  pas  «  mère  de  l'homme  ». 

(5)  C'es^à-dire  la  nature  divine. 
(C)  Ici  Nestorius  n'a  pas  été  cm. 


TRADUCTION'    DES    LETTRES    DE    NESTORIUS   A    SAINT    CYRILLE.    189 


.\.  —   SECONDK    LKTTRE   DE    NESTORIUS   A   CÉLESTIN  (1). 

J'ai  souvent  écrit  à  Ta  Béatitude  au  sujet  de  Julien,  d'Orontius  et  des 
autres  qui  s'attribuent  la  dignité  épiscopale,  font  de  très  fréciuentes  visites 
chez  le  très  pieux  et  très  illustre  empereur  et  nous  assaillent  de  fré- 
quentes lamentations  comme  s'ils  avaient  été  chassés  d'Occident  durant 
des  temps  orthodoxes:  mais  jusqu'ici  nous  n'avons  pas  reru  d'écrits  de  Ta 
Vénération  à  leur  sujet.  Si  j'en  avais  reçu,  je  pourrais  leur  répondre,  et  je 
donnerais  \me  réponse  détaillée  à  leurs  doléances.  Maintenant  en  effet, 
d'après  leurs  paroles  incertaines,  personne  ne  sait  où  se  tourner  :  les  uns 
les  font  passer  pour  hérétiques  et  disent  qu'ils  ont  été  chassés  d'Occident 
à  cause  de  cela;  mais  eux-mêmes  jurent  qu'ils  ont  été  calomniés  et  que 
c'est  par  fraude  qu'ils  ont  été  exposés  au  péril  pour  la  foi  orthodoxe.  11 
nous  est  pénible  d'ignorer  ce  qu'il  en  est  exactement,  car  compatir,  s'ils  sont 
vraiment  hérétiques,  est  un  crime,  et  ne  pas  compatir,  s'ils  endurent  la 
calomnie,  est  dur  et  impie.  Que  ton  âme  qui  aime  beaucoup  Dieu  daigne 
donc  nous  instruire,  nous  qui  ne  savons  jusqu'ici  où  pencher  :  vers  l'aver- 
sion ou  vers  la  pitié.  Nous  voulons  savoir  ce  que  nous  devons  penser 
d'eux... 

Nous  avons  ici  beaucoup  de  travail,  tant  que  nous  travaillons  à  extirper 
de  l'Église  de  Dieu  la  très  sordide  impiété  de  la  très  mauvaise  opinion 
d'Apollinaire  et  d'Arius,  car  je  ne  sais  comment  certains  ecclésiastiques, 
admettant  une  certaine  forme  de  mélange  de  la  divinité  et  de  l'humanité 
du  Fils  unique  (2),  sont  malades  de  la  maladie  des  hérétiques  ci-dessus, 
lorsqu'ils  osent  transporter  les  souffrances  du  corps  à  la  divinité  du  Fils 
unique,  qu'ils  imaginent  que  l'immutabilité  de  la  divinité  a  passé  à  la 
nature  du  corps,  et  qu'ils  confondent,  dans  la  modification  du  mélange, 
l'une  et  l'autre  nature  qui  sont  adorées,  par  une  conjonction  souveraine  et 
sans  confusion,  dans  la  seule  personne  du  Fils  unique  (3)... 

XI.  —  Une  troisième  lettre  à  saint  Célestin  est  toute  dog- 
matique. Nous  en  avons  cité  plus  haut  (page  14)  le  principal 
passage. 


XII.    —    LES    ANATHEMATISMES    DE  SAINT    CYRILLE  D  ALEXANDRIE. 

II  y  a  avantage  à  mettre  les  écrits  de  saint  Cyrille  en  paral- 
lèle avec  les  écrits  de  Nestorius,  car  ils  se  complètent  et,  par 

(1)  Loofs,  p.  170-17-2. 

(~)  C'est-à-dire  un  mélange  des  deux  natures. 

(3)  Utramque  naturam,  quae  per  conjunctionem  summam  el  inconfusam,  in  una 
liersona  Unifjeniti  adoratur.  Cette  formule  de  Nestorius  devait  être  consacrée, 
vinjjrt  ans  plus  tard,  à  Chalccdoiuc,  en  lui  ajoutant  "  une  hypostase  ». 


190  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

suite,  s'éclairent  mutuellement.  Nous  terminerons  donc  par  la 
traduction  des  anathématismes  ou  «  chapitres  »  de  saint  Cyrille. 
Voici  à  quelle  occasion  ils  ont  été  écrits  :  Cyrille,  nous  l'avons 
dit,  avait  envoyé  à  saint  Célestin  des  coupures  des  écrits  de 
Nestorius,  il  avait  poussé  l'attention  jusqu'à  les  faire  traduire 
en  latin  aussi  bien  qu'on  avait  pu  le  faire  à  Alexandrie  et  il 
avait  reçu,  par  le  retour  de  son  courrier,  un  blanc-seing  pour 
déposer  Nestorius  s'il  ne  rétractait  ses  erreurs  (erreurs  que  le 
pape  ne  désignait  pas  clairement)  dans  les  dix  jours.  C'est  en 
vertu  de  ce  blanc-seing  que  Cyrille  fit  porter  à  Constantinopie, 
vers  le  début  de  décembre  430,  une  lettre  contenant  la  profession 
de  foi  que  Nestorius  devait  accepter  et  les  anathématismes  qu'il 
devait  souscrire.  Nous  ne  savons  pas  si  saint  Célestin  en  a  eu 
connaissance,  mais  Denys  le  Petit,  au  vi'  siècle,  dit  qu'il  est  le 
premier  à  les  traduire  en  latin  (1).  C'est  cependant  à  l'occasion 
de  ce  petit  écrit  que  Nestorius  devait  être  condamné  à  Éphèse 
et  que  les  Orientaux  devaient  prolonger  leur  résistance  jusqu'au 
jour  où  Cyrille  et  son  archidiacre  Épiphane  le  sacrifieraient  en 
somme,  en  écrivant  qu'il  ne  fallait  pas  l'apprécier  en  lui-même, 
mais  en  tant  qu'il  était  dirigé  contre  Nestorius.  On  aurait  pu,  en 
somme,  en  dire  autant  des  écrits  de  Nestorius,  car  il  est  bien 
certain  qu'ils  étaient  écrits  uniquement  contre  les  écrits  de 
Cyrille  et  qu'il  faut  les  apprécier  moins  en  eux-mêmes  qu'en 
tant  qu'ils  sont  opposés  aux  tendances  monophysites.  C'est  pour 
faciliter  cette  étude  comparée  que  nous  allons  traduire  et  com- 
menter ces  textes  de  saint  Cyrille. 

Ici,  pour  la  première  fois,  nous  avons  disposé  d'une  traduc- 
tion française,  celle  de  M.  Joseph  Mahé;  cf.  Les  anathéma- 
lis/nes  de  saint  Cyrille  cV Alexandrie  et  les  évêques  orientaux 
du  patriarcat  dAntioche,  dans  la  Revue  d'histoire  ecclésias- 
tique^ t.  VII  (1906),  Louvain,  p.  505-542.  Nous  y  renverrons 
par  la  lettre  J.  Nous  avons  utihsé  aussi  les  traductions  latines 
de  J.  Aubert,  Œuvres  de  saint  Cyrille,  Paris,  1638,  t.  V,  pars  2, 
epistola3,  p.  76-77  (=  A)  ;  et  celles  qui  ont  été  éditées  par  Lupus, 
loc.  cit.,  p.  9-1 1  (=z  L),  et  par  H.  Denzinger,  Enchiridion 
symbolorum,  Fribourg-en-Brisgau,  I90S,  p.  52-55  (==M),  avec 
celle  de  Denys  le  Petit,  d'après  Denzinger  (==  D);  enfin  nous 

(1)  Il  y  a  cependant  une  version  de  Marins  Mercator  qui  est  antérieure. 


TRADUCTION    DES    LETTRES    DE    NESTORIUS   A    SAINT    CYRILLE.    191 

renverrons  à  la  version  syriaque,  éditée  par  le  R.  P.  Bedjan, 
Le  livre  d'Héraclide,  texte  syriaque,  Paris,  1910,  p.  526  sqq. 
(=  S).  La  lettre  G  désigne  le  texte  grec  de  Denzinger  (ou 
d'Aubert). 

TRADUCTION   ET  COMMENTAIRE 

1.  Si  quelqu'un  ne  confesse  pas  que  l'Emmanuel  est  Dieu  selon 
la  vérité  (1),  et  qu'à  cause  de  cela,  la  sainte  Vierge  est  Mère  de 
Dieu,  car  elle  a  enfanté  charnellement  (2)  le  Verbe  de  Dieu  (3) 
devenu  chair  (4),  qu'il  soitanathème. 

Commentaire. —  L'Emmanuel  est  Dieu.  Nous  ne  comprenons  pas  pour- 
quoi saint  Cyrille  emploie  ici  le  mot  E)7imanuel  qui  n'est  pas  usité  dans  les 
Évangiles  (car  Matth.,  i,  23,  ne  fait  que  cite?-  Is.,  vu,  14).  S'il  avait  écrit 
«  le  Christ  est  Dieu  »,  on  aurait  vu  aussitôt  que  personne  ne  le  niait;  les 
«  très  pieuses  reines  »  seules  avaient  peut-être  été  dupes  de  cette  accusa- 
tion {cf.  supra,  p.  20).  —  La  sainte  Vierge  est  Mère  de  Dieu;  personne  à 
cette  époque  ne  l'a  jamais  nié.  Il  n'y  avait  difficulté  que  lorsqu'on  voulait 
expliquer  la  locution.  —  Elle  a  enfanté  charnellement  (aapxtxw?),  locution 
impropre,  presque  répugnante  ;  saint  Cyrille  l'a  remplacée  depuis  lors  par 
xarà  aipxa,  selon  la  chair  ;  il  emploie  ces  deux  locutions  pour  éviter  de  dire 
ï  selon  la  nature  humaine  »,  d'où  ses  adversaires  lui  reprochent  de  sup- 
primer ou  du  moins  de  sacrifier  cette  nature.  Pour  lui,  lorsque  ses  adver- 
saires disent  :  «  elle  a  enfanté  selon  la  nature  humaine  »,  il  leur  reproche 
de  diviser,  de  faire  deux  Christs,  de  dire  que  la  Vierge  n'a  enfanté  qu'un 
homme,  de  faire  du  Christ  un  simple  homme,  toutes  choses  que  ses  adver- 
saires nient,  car  Nestorius  unit  les  deux  natures  en  une  personne  et  dit  que 
la  Vierge  a  enfanté  la  personne, /)«>«  etVhomme.  —  Elle  a  enfanté  le  Verbe 
de  Dieu.  Voilà  très  clairement,  disent  les  adversaires,  la  tendance  de 
Cyrille  à  tout  rapporter  au  Verbe,  à  «  la  nature  divine  ».  Pour  voiler  un  peu 
.son  erreur  et  créer  une  amphibologie,  il  ajoute  :  devenu  chair,  mais  la 
preuve  qu'il  ne  veut  pas  dire  «  elle  a  enfanté  la  personne,  Verbe  et  chair  », 
c'est  qu'il  condamne  Nestorius,  lequel  n'a  dit  rien  autre. 

2.  Si  quelqu'un  ne  confesse  pas  que  le  Verbe  de  Dieu  le  Père 
est  uni  à  la  chair  selon  l'hypostase  (5),  et  est  un  seul  Christ 

(1)  Sic  GL.  ■-  Véritablement  >-  M.  «  Vrai  Dieu  »  A.  «  En  toute  vérité  >■  .J.  «  Dieu 
au  commencement  »  S  (faute  de  scribe). 

(2)  Sic  GLS.  «  Selon  la  chair  »  AJM. 

(3)  Sic  GALMS.  «  De  Dieu  le  Père  »  .1  (texte  et  traduction). 

(4)  Sic  GLMS.  <.  Incarné  >•  AJ. 

(5)  Sic  GAJ.  «  Selon  la  subsistance  »  ML,  «  selon  la  substance  -  D.  S  emploie 
le  mot  Qnoumà  qui  signifie  aussi  substance. 


192  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

avec  sa  propre  chair  (1),  le  même  à  savoir  (étant)  Dieu  à  la  fois 
et  (aussi)  homme  (2),  qu'il  soit  anathème. 

Commentaire.  —  Ici,  comme  d'autres  fois,  J  présente  le  même  sens  sous 
une  forme  plus  heureuse,  mais  nous  croyons  qu'il  ne  faut  pas  éclaircir 
un  texte  aussi  important,  émané  d'un  concile  d'Alexandrie  et  destiné  à 
justifier  la  déposition  du  patriarche  de  Constantinople.  Ses  lourdeurs, 
ses  obscurités  ne  doivent  être  ni  allégées  ni  éclaircies,  car  elles  ont  toute 
chance  d'avoir  été  voulues. 

,  La  principale  amphibologie  ici  est  la  locution  selon  l'hypostase.  Si  Cyrille 
avait  dit  selon  la  personne,  il  était  d'accord  avec  Nestorius  ;  s'il  avait  dit 
selon  la  nature  —  comme  Nestorius  et  les  monophysites  ont  prétendu 
qu'il  voulait  le  dire  —  il  leur  donnait  clairement  raison.  11  a  donc  pris  le 
vieux  mot  hypostase,  déjà  tiré  en  deux  sens  depuis  plusieurs  siècles,  et  ce 
qu'il  attendait  s'est  produit.  Les  uns,  comme  Denys  le  Petit,  les  Syriens  et 
Nestorius  ont  traduit  hypostase  par  substance  (ou  nature)  et  les  autres 
l'ont  traduit  par  subsistance  (ou  pcisonne).  Chalcédoine  a  consacré  la  der- 
nière interprétation.  —  Mais,  dira-t-on,  cette  locution  devait  du  moins  être 
claire  pour  Cyrille?  —  Nous  ne  le  croyons  pas;  car  il  va  rapprocher 
hypostase  de  personne,  mais  ailleurs  il  le  rapproche  de  nature,  cf.  J,  lac.  cit., 
p. 510,  et  il  dit  encore  «  uni  selon  la  nature  »,  P.  G.,  t,  LXX'VII,  112  B; 
«  union  selon  la  nature  »,  P.  G.,  t.  LXXVI,  65  A,  1220  B,  cité  par  J,  ibid.  — 
Et  est  un  seul  Christ  avec  sa  propre  chair.  Si  Cyrille  avait  dit  que  le  Christ 
est  un  avec  sa  cl.air  (du  Christ),  —  il  suffisait  pour  cela  d'ajouter  t6v  devant 
Xpiaxbv,  —  il  aurait  parlé  comme  Nestorius  et  tous  les  orthodoxes.  Sans 
cet  article  au  contraire,  on  doit  lire  que  le  Verbe  avec  la  chair  du  Verbe, 
c'est-à-dire  avec  la  chair  de  la  nature  divine,  est  un  Christ.  Comprenne 
qui  pourra.  —  Le  même  à  savoir  étant  Dieu  à  la  fois  et  (aussi)  homme.  Sil 
s'agit  du  Christ  ou  de  la  personne,  tout  le  monde  est  d'accord,  mais  en 
privant  ainsi  XpioTov  de  son  article,  Cyrille  a  évité  d'en  faire  un  sujet,  et 
«  le  même  »  peut  toujours  être  rapporté  au  Verbe,  comme  les  monophy- 
sites n'ont  pas  manqué  de  le  faire  :  c'est  la  nature  divine,  disent-ils ,  qui 
est  «  Dieu  à  la  fois  et  (aussi)  homme  >. 

3.  Si  quelqu'un,  dans  le  Christ  un,  divise  les  hypostases  (3) 
après  l'union,  les  associant  par  la  seule  adhésion  qui  est  selon 
la  dignité,  c'est-à-dire  (4)  l'autorité  ou  la  puissance,  et  non 
plutôt  par  un  concours  qui  est  selon  l'union  naturelle  (5),  qu'il 
soit  anathème. 

(1)  Sic  GM.    «  Avec  sa  chair  «  ALS. 

(2)  .Sic  GALM.  S  omet  «  à  l;i  fois  ».  «<  Le  même,  homme  et  Dieu  tout  en- 
semble •  J. 

(3)  Sic  GAJ.  «  Les  subsistances  >•  L.  «  Les  substances  »  MD.  «  Qnoumà  ••  S. 

(4)  Toutes  les  versions,  avec  d'autres  petites  différences,  traduisent  ici  ^^ù-j\. 
comme  rj,  par  «  ou  •■. 

(5)  Sic  GLA.  «  Et  non  plutôt  par  un  concours  qui  est  fait  par  unité  naturelle  ». 


TRADUCTION    DES   LETTRES    DE    NESTORIUS   A    SAINT    CYRILLE.     193 

Commentaire.  —  Dans  le  Christ  un.  Nous  venons  de  voir  que  le  Christ 
a  été  assez  mal  introduit  plus  haut.  Nestorius  a  toujours  dit  que  le  Christ 
était  un  (une  personne  en  deux  natures)  et  il  accusait  Cyrille  de  dire  une 
seule  nature  [du  Verbe)  après  l'union,  tandis  que  Cyrille  l'accusait  de  dire 
deux  Christs  parce  qxCil  disait  deux  natures.  —  Divise  les  hijpostases  après 
Vunion,  même  amphibologie  que  plus  haut.  —  Et  non  plutôt  par  un  con- 
cours qui  est  selon  Vunion  naturelle.  Cette  phrase,  un  peu  vague  à  dessein, 
a  paru  opposer  l'union  en  une  nature  (naturelle)  à  l'union  en  une  personne 
(personnelle).  En  effet  Cyrille  aimait  comparer  l'union  du  Verbe  et  de  la 
chair  à  celle  de  l'âme  et  du  corps  qui  est  naturelle  (en  une  seule  na- 
ture) et  nécessaire  (où  l'âme  souffre  nécessairement  et  non  volontairement 
à  l'occasion  du  corps).  Et  pour  qu'on  ne  dise  pas  qu'il  s'agit  d'une  simple 
comparaison,  ajoutons  que  tous  les  monophysites  ont  entendu  Cyrille 
dans  ce  sens  (union  en  une  nature)  et  que  Cyrille  écrivait,  dix  ans  avant 
la  controverse  nestorienne  :  «  Reconnaissant  celui  qui  s'est  fait  homme 
pour  ¥'ûs,unet  unique  selon  la  nature  ».  P.  G.,  t.  LXXVII,  568  C,  cité  par  J, 
loc.  cit.,  p.  510.  Plus  tard,  après  la  condamnation  de  Nestorius,  Cyrille 
écrivait  que,  pour  lui,  union  naturelle  voulait  dire  seulement  union  véri- 
table, ibid.,  p.  511-512.  S'il  l'avait  dit  plus  tôt,  tout  le  monde  l'aurait  répété 
après  lui,  mais  que  penser  d«  ce  théologien  qui  méconnaît  à  ce  point  l'é- 
tymologie  des  termes  qu'il  emploie? 

1.  Si  quelqu'un  divise  entre  deux  personnes,  c'est-à-dire  (1) 
hypostases,  les  paroles  qui  sont  dans  les  écrits  évangéliques  et 
apostoliques,  ou  celles  qui  sont  appliquées  au  Christ  par  les 
saints,  ou  (celles)  qu'il  (dit)  de  lui-même  (2);  et  attribue  les 
unes,  comme  (humbles),  à  l'homme  (seul)  (3)  considéré  à  part 
du  Verbe  de  Dieu  (4),  et  les  autres  comme  dignes  de  Dieu  (5), 
au  seul  Verbe  de  Dieu  le  Père,  qu'il  soit  anathème. 

Commentaire.  —  Cyrille  pouvait  écrire  avec  clarté  TtpoawTjoi?  ouaiv,  louTscjTt 
ujio-JTdoeai  Suafv  *  à  deux  personnes  :  c'est-à-dire  à  deux  hypostases  »  ou 
bien  :  ï]  upoawzoïç  ôualv,  ri  oua\v  u;;oataa£ai  «  ow  à  deux  personnes,  ou  à  deux 
hi/postases  »  ;  dans  le  premier  cas  il  aurait  identifié  hypostase  et  personne 
comme  on  le  fait  depuis  Chalcédoine,  et,  dans  le  second,  il  aurait  montré 
qu'il  visait  deux  locutions  fautives  différentes.  Il  a  choisi  l'amphibologique, 
ïiYouv,  et  l'on  peut  traduire  â  volonté  «  deux  personnes,  c'est-à-dire  hypo- 

M.  "  Et  non  plutôt  par  un  concours  d'unité  naturelle  >-  S.  «  Au  lieu  d'admettre 
entre  elles  une  union  physique  >>  J. 

(1)  YÎYouv  G.  Toutes  les  versions  traduisent  ce  mot  par  «  ou  ». 

(2)  Sic  GALMS.  «  Les  expressions  employées  au  sujet  du  Clirist  dans  les  écrits 
évangéliques  et  apostoliques  par  les  saints  et  par  le  Christ  lui-même  »  J 

(3)  «  Los  unes  certes  comme  à  l'homme  »  GLMS.  ■<  Les  unes  à  l'homme  ■•  AJ. 

(4)  Sic  GALMS.  "  De  Dieu  le  Père  »  J  (texte  et  traduction). 

(5)  J  omet  dans  sa  seule  traduction  les  mots  «  comme  dignes  de  Dieu  ». 

ORIENT   CHRÉTIEN.  13 


194  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

stases  »,  ou  «  deux  personnes  et  liypostases  ».  C'est  que  jamais  Nestorius  et 
les  Orientaux  n'ont  partagé  les  propriétés  du  Christ  à  deux  personnes, 
mais  seulement  à  deux  natures  ;  ils  n'employaient  même  pas  la  locution 
iiypostase;  les  locutions  claires  n'auraient  donc  visé  personne;  tandis 
qu'avec  une  locution  un  peu  obscure,  sans  préciser  la  place  de  l'hypostase 
entre  la  personne  et  la  nature,  on  amène  le  lecteur  bénévole,  par  une  sorte 
de sorite inconscient,  à  croire  que  Nestorius  dit«  deuxpersonnes  »et«  deux 
Christs  ».  En  effet,  Nestorius  et  les  Orientaux  partagent  les  propriétés  aitar 
deux  natures,  et  uniquement  aux  deux  natures;  c'est  parce  qu'ils  rappro- 
chent nature  d'hypostase  et  parce  que  Cyrille,  au  présent  endroit,  rap- 
proche hypostase  de  personne,  qu'on  leur  fait  dire,  bien  malgré  eux, 
deux  personnes.  Telle  est  la  genèse  du  «  dualisme  nestorien  ».  i,loc.  cit., 
p,  513.  —  £;t  attribue  les  unes, comme  (humble),  à  V homme  (seul).  Le  parallé- 
lisme n'est  qu'amorcé  dans  le  texte  de  Cyrille  :  «  1°  Les  unes  comme  à 
l'homme;  2°  les  autres,  comme  dif/nes  de  Dieu,  au  Verbe.  »  Nous  le  com- 
plétons à  l'aide  de  l'accord  avec  les  Orientaux  qui  porte  :  «  Quant  aux 
paroles  évangéliques  et  apostoliques  au  sujet  du  Seigneur,  nous  connaissons 
des  hommes  théologiens  qui  font  les  unes  communes,  comme  (attribuées) 
à  une  personne,  et  qui  partagent  les  autres  comme  sur  deux  natures, 
rapportant  celles  qtii  sont  dignes  de  Dieu  à  la  divinité  du  Christ  et  les  hum- 
bles à  son  humanité.  »  Lettres  de  Jean  d'Antioche  à  Cyrille  d'Alexandrie, 
P.  G.,  t.  LXXVII,  col.  169.  Tels  sont  les  termes  exacts  dont  se  servaient 
Nestorius  et  les  Orientaux;  ils  nous  permettent  de  rectifier  le  texte  am- 
phibologique de  Cyrille  qui  est  d'ailleurs  —  comme  bien  d'autres  —  à  côté 
de  la  question. 

5.  Si  quelqu'un  ose  dire  que  le  Christ  est  un  homme  qui 
porte  Dieu  (1);  et  qu'il  n'est  pas  plutôt  Dieu  selon  la  vérité, 
et  Fils  un,  même  par  nature  (2),  en  tant  que  le  Verbe  s'est 
fait  chair  (3)  et  qu'il  a  participé  (4),  de  manière  semblable  à 
nous  (5),  au  sang  et  à  la  chair,  qu'il  soit  anathème. 

Commentaire.  —  Si  quelquîm  dit  que  le  Christ  est  un  homme  qui  porte 
Dieu...  qu'il  soit  anatltème.  11  se  trouve  que  ce  terme  ne  figure  ni  dans 
les  fragments  de  Nestorius  condamnés  à  Éphèse,  ni  même  dans  ce  que 
nous  connaissons  de  lui;  par  contre  il  a  été  utilisé  par  saint  Basile;  P.  G., 
t.  XXIX,  468  A;  t.  XXXII.  969  C  (cité  par  J,  p.  514);  il  est  difficile  de 
croire  que  Cyrille  visait  saint  Basile;  il  convient  cependant  de  rappeler 

(1)  Sic  GAJLM.  "  Un  homme  en  qui  Dieu  demeure  >-  S. 

(2)  Sic  GS.  «  Comme  fils  par  nature  »  M.  «  Qu'il  est  fils  un  et  par  nature  » 
i.  «  Utpote  ununi  naturalemque  filium  »   A.  «  Ut  filium  unum  et  naturam  »  L. 

(3)  Sic  GLMS.  «  Môme  en  tant  que  Verbe  fait  chair  »  J.  «  Quatenus  nimirum 
Verbum  caro  factum  >■  A. 

(4)  Sic  GLMS.  «  Et  participant  »  J.  ..  (en  tant  que  le  Verbe  fait  chair)  a  parti- 
cipé »  A. 

(5)  ^fcGALMS.  «  Comme  nous  •  J. 


TRADUCTION    DES    LETTRES    DE    NESTORIUS    A    SAINT    CYRILLE.    195 

qu'il  lui  est  arrivé  «  non  pas  d'utiliser  les  passages  des  Pères  pour  montrer 
que  Nestorius  était  hérétique,  mais  au  contraire  d'utiliser  des  passages  de 
Nestorius  pour  montrer  que  les  Pères  jusque-là  considérés  comme  ortho- 
doxes étaient  hérétiques  »,  supra,  p.  3G.  —  Et  Fils  un,  même  parnature . 
Cette  phrase  est  opposée  à  Nestorius  qui  prône  avec  raison  le  Fils  «  un  en 
personne  »  et  «  deux  en  nature  ».  Cette  phrase  monophysite  a  gêné  quel- 
que peu  les  traducteurs  orthodoxes,  comme  on  le  voit  aux  variantes;  le 
syriaque  seul  porte  clairement  y^^^^^s  ^i  j-  y^s,  ;-./  «  comme  fils  un,  même 
par  nature  ».  —  En  tant  que  le  Verbe  s'est  fait  chair  et  qu'il  a  participé,  de 
manière  semblable  à  nous,  au  sang  et  à  la  chair.  Cette  phrase  montre  que  le 
Christ  est  un  par  nature  (et  non  un  en  personne),  car  tout  est  rapporté  au 
Verbe,  c'est-à-dire  à  la  nature  divine  ;  c'est  la  nature  divine,  dit  Cyrille,  qui 
a  pris  la  chair  et  qui  a  participé  au  sang,  le  résultat  est  donc  une  nature 
(incarnée). 

G.  Si  quelqu'un  dit  que  le  Verbe  de  Dieu  le  Père  est  le  Dieu 
ou  le  Seigneur  (1)  du  Christ,  et  ne  confesse  pas  plutôt  que  le 
même  est  Dieu  en  même  temps  et  aussi  homm.e  (2),  le  Verbe 
s'étantfait  chair  selon  les  Écritures  (3),  qu'il  soit  anathème. 

Commentaire.  —  Si  quelqu'un  dit  que  le  Verbe  de  Dieu  le  Père  est  le  Dieu 
ou  le  Seigneur  du  Christ.  Ce  sont  des  locutions  employées  par  l'Ecriture  et 
les  Pères  pour  marquer  la  subordination  de  la  nature  humaine  du  Christ 
à  la  nature  divine,  qui  est  commune  au  Père  et  au  Verbe;  les  seuls  mono- 
physites  peuvent  s'en  choquer.  —  Le  même  est  Dieu  en  même  temps  et  aussi 
homme.  S'il  s'agit  du  Christ,  comme  M.  J.  Mahé  a  voulu  le  faire  dire  à 
Cyrille,  c'est  là  une  des  formules  chères  à  Nestorius.  La  suite  nous  montre 
qu'il  s'agit,  non  du  Christ,  mais,  comme  toujours,  du  Verbe,  car  pour 
Cyrille,  c'est  le  Verbe,  c'est  la  nature  divine,  qui  est  Dieu,  en  même  temps  et 
aussi  homme,  mais  il  proteste,  comme  les  monophysites  mitigés  ou  diplo- 
physites,  qu'il  ne  veut  ni  mélange  ni  confusion.  Comprenne  qui  pourra. 

7.  Si  quelqu'un  dit  que  Jésus  est  mû,  comme  homme,  par 
Dieu  le  Verbe  (4),  et  que  la  gloire  du  Fils  unique  lui  a  été  pro- 


(1)  5ic  GALMS.  «  Et  le  Seigneur  »  .J. 

(i)  Sic  GLMS.  ■<  Au  lieu  de  reconnaître  que  le  Christ  lui-même  est  Dieu  et 
homme  tout  ensemble  »  J. 

(3)  A  mélange  les  deux  uerniéres  phrases  :  «  neque  post  Yerbum  secundum 
scripturas  incarnatum;  unum  eumdemque  Deum  simul  et  hominem  esse  con- 
fessas fuerit  ». 

(4)  «  Si  quelqu'un  affirme  que  Jésus-Christ  est  mù  comme  un  lionimc  (distinct) 
par  le  Dieu  Logos  >-  J.  «  Si  quelqu'un  dit  que  Jésus-Christ  est  seulement  un 
homme  mù  par  la  force  du  Verbe  divin  »  A.  -<  Si  quelqu'un  dit  que  Jésus  comme 
homme  a  été  fait  par  le  Verbe  de   Dien  »   I-.  «   Si   quelqu'un  dit  (que)  Jésus, 


19G  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

curée  comme  à  un  autre  qui  est  distinct  de  lui  (1),  qu'il  soit 
anathème. 

Commentaire.  —  Les  traducteurs  se  sont  ingéniés  à  trouver  ici  un  sens  lié- 
rétique:  du  moins  N'estorius  n'a  jamais  dit  «  Que  Jésus-Christ  es«  seule- 
ment un  homme  mû  par  le  Verbe  ».  Pour  Nestorius,  Jésus  est  Dieu  et 
homme  à  la  fois,  et  au  même  titre;  mais,  comme  homme,  ou  en  tout 
qu'homme,  il  est  mù  et  glorifié  par  le  Verbe  (ou  par  la  nature  divine);  il 
semble  bien  prôner  une  énergie  et  une  volonté  pour  les  deux  natures  ;  loin 
de  les  séparer  trop,  il  ne  les  sépare  donc  pas  assez,  mais  Cyrille,  comme 
monophysite,  ne  peut  admettre  aucune  séparation  (distinction),  et  souvent 
encore  il  attribue  à  «  deux  personnes  »  ce  que  Nestorius  disait  de  «  deux 
natures  ». 

8.  Si  quelqu'un  ose  dire  que  l'homme  qui  a  été  pris  doit  être 
coadoré  et  co/rglorifié  et  co?inommé  Dieu  avec  Dieu  le  Verbe, 
comme  un  autre  avec  un  autre  —  car  le  co  (avec)  qui  est  tou- 
jours ajouté  oblige  à  penser  cela  (2)  —  et  n'honore  pas  plutôt 
l'Emmanuel  d'une  seule  adoration  et  (ne)  lui  accorde  (pas)  une 
seule  glorification,  en  tant  que  le  Verbe  s'est  fait  chair  (3),  qu'il 
soit  anathème. 

Commentaire. —  Les  locutions  condamnées  ici  ne  sont  qu'une  expression 
de  la  communication  des  idiomes  :  la  nature  humaine  est  adorée  et  est  appelée 
Dieu  à  cause  de  son  union  avec  la  nature  divine  ;  si  «  Emmanuel  »  est,  pour 
Cyrille,  synonyme  de  «  Christ  »,  il  est  certain  que  Nestorius  l'honore  d'une 
seule  adoration,  car  ce  mot  «  Christ  »  désigne  chez  lui  la  personne  qui 
est  une.  —  La  fin  :  en  tant  que  le  Verbe  s'est  fait  chair,  indique  encore  que 
Cyrille  veut  placer  l'unité  dans  la  nature  divine;  l'amphibologie  tant  de 
fois  signalée  dure  toujours. 

9.  Si  quelqu'un  dit  que  l'unique  Seigneur  Jésus-Christ  est 
glorifié  par  l'Esprit  comme  s'il  se  servait  d'une  puissance  étran- 
gère qui  (lui  vient)  par  lui  (4),  et  s'il  recevait  de  lui  de  pouvoir 


coiinne  homme,  (est)  aidé  par  l'opération  du  Verbe  de  Dieu  >■  M.  «  Si  quelqu'un 
dit  que  Dieu  le  Verbe  agit  dans  Jésus  comme  dans  un  homme  ■•  S. 

(1)  C'est-à-dire  «  distinct  du  Fils  unique  >■,  comme  le  porte  J,  ou  «  distinct  du 
Verbe  >■,  comme  le  porte  A. 

(L')  •  La  particule  co  suggère  en  effet  cette  idée  de  dualité  -  J. 

(3)  •  En  tant  que  I.ogos  fait  chair  »  J. 

(4)  Sic  L.  «  Comme  s'il  était  loué  par  la  pui.ssance  étrangère  de  l'Esprit  »  S. 
•  Glorifié  par  l'Esprit-Saint  comme  par  une  veitu  différente  de  lui  »  A.  •<  Qu'en 
se  servant  de  la  puissance  du  Saint-Esprit,  il  se  sert  d'une  puissance  étran- 
gère ^  J.  •  Tanquam  qui  aliéna  virtute  per  eum      us  fuerit  >•  M. 


TRADUCTION    DES    LETTRES    DE    NESTORIUS  A    SAINT   CYRILLE.     197 

agir  sur  les  esprits  impurs  et  d'opérer  des  prodiges  divins  (1) 
en  faveur  des  hommes,  et  s'il  ne  dit  pas  plutôt  que  l'Esprit  par 
lequel  il  a  opéré  même  les  prodiges  divins  (2)  est  son  propre 
(esprit),  qu'il  suit  anathème. 

Commentaire.  —  M.  Mahé  estime  que  Théodoret  et  André  de  Samosate 
n'ont  pas  compris  ce  paragraphe,  car  lorsqu'ils  exposent  leur  doctrine 
qu'ils  croient  opposée  à  celle  de  Cyrille,  ils  parlent  comme  Cyrille,  loc.  cit., 
p.  519.  Pourquoi  Cyrille  n'a-t-il  pas  parlé  plus  clairement?  —  L'amphibo- 
logie est  toujours  la  même  :  Jèsus-Christ  désigne,  pour  Nestorius  et  les 
siens,  la  personne  Dieu  et  homme,  tandis  que  son  propre  Esprit  désigne 
l'Esprit  du  Verbe  ou  de  la  nature  àxNine.  Si  l'on  a  en  vue  la  nature  divine 
(fin  du  texte),  l'Esprit  saint  est  «  son  propre  Esprit»,  mais  si  l'on  a  en  vue 
la  personne  (chargée  de  la  nature  humaine),  «  son  propre  Esprit  »  com- 
porte une  distinction.  Nous  croyons  que  V unique  Seigneur  veut  encore  dire  le 
Seigneur  ewune  «a^^^re  (incarnée)  afin  d'exclure  dès  le  commencement  la 
distinction  si  simple  de  Nestorius  et  des  orthodoxes  que  nous  venons  d'in- 
diquer. 

10.  La  sainte  Écriture  dit  que  le  Christ  est  devenu  le  pontife 
et  l'apôtre  de  notre  confession  (3),  et  qu'il  s'est  offert  pour  nous 
en  odeur  de  suavité  à  Dieu  le  Père  (4).  Si  donc  quelqu'un  dit 
que  notre  pontife  et  notre  apôtre  n'est  pas  le  Verbe  de  Dieu  (5) 
lui-même,  lorsqu'il  s'est  fait  chair  et  homme  comme  nous  (6), 
mais  en  tant  qu'un  autre  à  part  distinct  de  lui  (7)  :  homme 
(né)  de  la  femme  ;  ou  bien  si  quelqu'un  dit  qu'il  offre  (8)  le 
sacrifice  pour  lui-même  et  non  pas  plutôt  pour  nous  seuls,  — 
car  il  n'a  pas  besoin  de  sacrifice  celui  qui  n'a  pas  connu  le 
péché,  —  qu'il  soit  anathème. 

Commentaire.  —  L'Écriture  a  dit  que  notre  Pontife  et  notre  Apôtre  est  le 
Christ,  et  Nestorius  le  répétait  avec  l'Écriture.  Cyrille  le  trouve  mauvais, 
car,  pour  lui,  tout  doit  être  rapporté  au  Verbe  ou  à  la  nature  divine.  Nous 
trouvons  que  son  «  donc  »  est  très  mal  placé.  Puisque  l'Écriture  dit  Christ, 


(1)  Sic  GMS.  «  Miracles  »  AJ. 

(2)  Sic  GAMS.  «  Jliracles  •■  J. 

(3)  Hébr.,  m,  1. 

(4)  Eph.,  v,  2. 

(5)  J  ajoute  «  le  Père  »  dans  le  te.xte  grec  et  pas  dans  la  traduction. 

(6)  Sic  JS.  "  Secundum  nos  ••  L.  «  Semblable  à  nous  ■•  A.  <■  juxta  nos  »  M. 

(7)  «  Mais  un  autre  distinct  de  lui  ••  J.  ■<  Mais  comme  un  autre  homme  (né) 
d'une  femme  à  part  en  dehors  de  lui  ■■  S. 

(8)  «  Qu'il  a  ofTert  »  LMS. 


198  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

il  faut  dire  Clirist,  c'est-à-dire  désigner  la  personne  et  non  la  nature  di- 
vine, n'en  déplaise  aux  monophysites.  II  est  vrai  que,  suivant  la  tactique 
signalée  partout,  Cyrille  ajoute  :  lorsque  la  nature  divine  «  s'est  faite  chair 
et  homme  comme  nous  ».  Mais  si  la  nature  divine  faite  chair  n'est  autre 
que  la  personne  formée  de  deux  natures,  c'est-à-dire  le  Christ,  pourquoi 
ne  pas  conserver  le  mot  Christ  et  laisser  croire  aux  monophysites  que  la 
chair  n'est  que  «  la  chair  de  la  nature  divine  »  et  n'est  pas  elle-même  une 
nature  après  l'union?  —  Mais  en  tant  qu'un  autre  à  part,  distinct  de  lui  : 
homme  ne  de  la  femme.  Phrase  embarrassée  à  dessein  pour  suggérer  que 
l'on  condamne  ceux  qui  font  de  notre  Pontife  un  simple  homme  ou  du 
Christ  un  homme.  Cyrille  ne  pouvait  le  dire  clairement,  car,  depuis  sa 
lettre  «  aux  très  pieuses  reines  »,  on  avait  dû  lui  apprendre  que  personne 
ne  faisait  du  Christ  un  simple  homme.  En  somme,  voici  la  locution  con- 
damnée par  lui  :  «  Notre  pontife  et  notre  apôtre  est  le  Christ  {=  la  per- 
sonne Dieu  et  homme)  non  pas  en  tant  que  Verbe  (nature  divine),  mais 
en  tant  qu'homme  (nature  humaine).  »  Ce  sont  les  trois  mots  «  en  tant 
qu"homme  »  que  Cyrille  veut  condamner  par  cette  phrase  tortueuse  : 
«  mais  en  tant  qu'un  autre  à  part,  distinct  de  lui  :  homme  né  de  la  femme  ». 

11.  Si  quelqu'un  refuse  de  confesser  que  la  chair  du  Sei- 
gneur est  vivifiante  et  propre  au  Verbe  de  Dieu  le  Père  (1), 
mais  (prétend)  qu'elle  (est)  d'un  certain  autre  distinct  de  lui, 
uni  à  la  vérité  à  lui  selon  la  dignité,  c'est-à-dire  comme  possé- 
dant la  seule  habitation  divine  (2),  et  non  plutôt  (qu'elle  est)  vi- 
vifiante, comme  nous  l'avons  dit,  parce  qu'elle  est  devenue 
propre  au  Verbe  qui  peut  vivifier  toutes  choses,  qu'il  soit 
anathème. 

Commentaire.  —  Mêmes  tendances  que  plus  haut  :  la  chair  est  «  propre  au 
Verbe»,  elle  est  «  propre  à  la  nature  divine  ».  Eutychèsen  conclura  qu'elle 
ne  nous  est  pas  consubstantielle,  et  tous  les  monophysites  comprendront 
qu'elle  ne  forme  pas  une  nature,  car  elle  est  subordonnée  au  Verbe  au 
point  de  lui  être  sacrifiée.  Les  locutions  selon  la  dignité,  selon  l'habitation 
employées  par  Nestorius  pour  donner  quelque  idée  d'un  fait  «  inexprimable 
et  incompréhensible  »  ont  certainement  leurs  dangers,  mais  il  suffisait 
que  Nestorius  voulût  bien  condamner  toutes  les  interprétations  mauvaises 
de  ses  formules.  Il  l'a  toujours  fait.  —  Ajoutons  que  les  formules  de  saint 
Cyrille  étaient  aussi  dangereuses  que  celles  de  Nestorius  puisqu'elles  ont 
également  engendré  un  schisme. 

12.  Si   quelqu'un  ne  confesse  pas  que  le  Verbe  de  Dieu  a 

(1)  "  Et  est  la  propre  chair  du  Logos  de  Dieu  le  Père  ••  J. 

(2)  ■<  Et  uni  seulement  à  lui  par  la  dignité,  la  chair  de  quelqu'un  en  qui  ha- 
biterait simplement  la  Divinité  »  J. 


TRADUCTION    DES    LETTRES    DE    NESTORIUS    A    SAINT    CYRILLK.      199 

souffert  dans  la  chair,  a  été  crucifié  dans  la  chair,  a  goûté  la 
mort  dans  la  chair  (1),  et  est  devenu  le  premier-né  d'entre  les 
morts  (2),  lui  qui,  comme  Dieu,  est  vie  et  vivifiant,  qu'il  soit 
anathème. 

Commentaire.  —  Même  amphiboloiiie  que  plus  haut.  Les  monophysites 
lisaient  «  le  Verbe  a  souffert  »  et  les  hérétiques,  partisans  de  Cyrille,  —  le 
jour  où  Nestorius  fut  condamné,  —criaient  :  t  Dieu  est  mort  *  [supra,  1910. 
p.  375).  Les  orthodoxes  portent  leur  attention  sur  le  mot  chair  et  retrouvent 
dans  Cyrille  le  langage  de  Théodoret,  d'André  de  Samosate  et  de  Nestorius. 
Nestorius  aurait  dit  :  «  Le  Christ  (=  homme-Dieu  ou  la  personne)  a  souf- 
fert dans  la  chair  (=  nature  humaine),  le  Verbe  (=  nature  divine)  restant 
impassible.  »  M.  Mahé  s'exclame  :  't  Non,  quand  saint  Cyrille  écrit  que  le 
Logos  a  soufîert  dans  sa  chair,  il  ne  veut  pas  dire  que  la  divinité  elle- 
même  ait  souffert  avec  sa  chair  en  même  temps  que  sa  chair.  Il  songe  uni- 
quement à  résumer  en  une  formule  brève  et  expressive  l'enseignement 
traditionnel  :  Le  Logos,  impassible  dans  sa  nature  divine,  a  fait  siennes 
les  souffrances  de  sa  propre  chair.  »  Nous  ne  savons  pas  où  M.  Mahé  a 
puisé  cette  belle  assurance,  car  saint  Cyrille  compare  souvent  l'union  du 
Verbe  et  de  la  chair  à  celle  de  l'âme  et  du  corps,  or  quand  on  dit  que  Vâme 
a  souffert  avec  son  corps,  il  faut  certes  entendre  qu'elle  a  souffert  —  bien 
que  cène  soit  pas  en  tant  qu'âme  — avec  son  corps  ei  en  même  temps  que  son 
corps.  Pour  en  arriver  à  prêter  à  saint  Cyrille  l'enseignement  traditionnel 
—  but  fort  louable  —  M.  Mahé  est  obligé  de  donner  ici  au  même  mot  Logos 
(Verbe)  un  double  sens  :  tantôt  celui  de  nature  et  tantôt  celui  de  personne. 
Il  écrit  encore  :  «  (Cyrille)  peut  répéter  avec  la  Tradition  que  pour  être  le 
Sauveur  de  tous,  le  Logos  a  souffert  dans  sa  chair,  en  faisant  siennes  les 
douleurs  qu'elle  endurait.  »  Ces  deux  locutions  ne  sont  pas  identiques  : 
«  le  Verbe  (nature  divine)  a  souffert  dans  la  chair  ■>  conduit  au  mono- 
physisme;  «  le  Verbe  (nature  divine)  a  fait  siennes  les  douleurs  de  la 
chair  »,  sera  signé  par  les  nestoriens.  D'ailleurs  Nestorius  nous  a  dit  plu- 
sieurs fois  qu'on  trouve  le  pour  et  le  contre  dans  les  écrits  de  Cyrille  et 
qu'il  peut  fournir  les  armes  à  de  nombreuses  hérésies  (supra,  p.  40)  (3);  il 
est  possible  qu'il  en  soit  de  même  ici. 

F.   Nau. 

(1)  J  éci'it  partout  -  sa  chair  »  au  lieu  de  <  la  chaii-  -. 

(2)  Col.,  I,  18. 

(3)  Timothée  le  prêtre  énumère  douze  sectes  de  monophysites,  qui  étaienttous 
Cyrilliens,  P.  G.,  t.  LXXXVI  a,  col.  52.  —  Nous  rappelons  encore  que  notre  but, 
dans  ce  commentaire,  est  moins  de  blâmer  les  expressions  de  saint  Cyrille  — 
car  on  peut  leur  donner  un  sens  orth'  oxe  —  que  de  monti-er  les  principes 
tPoù  monophysites  et  nestoriens  ont  tiré  de  pernicieuses  dtkluctions. 


MÉLANGES 


I 


UN  MANUSCRIT  DE  M^^  GRAFFIN  : 

L'ANCIEN  MANUSCRIT  DU  KALILA  ET  DIMNA 

SYRIAQUE 

Les  contes  sanscrits,  rédigés  en  pehlvi  au  v^  siècle  de  notre  ère 
d'après  le  Pantscliatantra,  ont  été  traduits  en  syriaque  au 
vi"  siècle  et  en  arabe  au  viii'",  puis  ont  passé  de  là  dans  toutes 
les  littératures.  L'attention  vient  d'être  attirée  à  nouveau  sur 
l'ancienne  version  syriaque  par  l'édition  de  M.  Fr.  Schulthess, 
Kalila  und  Dimna  syrisch  und  deutsch,  Berlin,  1911,  2  vol. 
8°,  XVI-I98  et  xxviii-246  pages,  éditée  avec  le  concours  de 
l'Académie  des  sciences  de  Berlin.  L'ancienne  version  syria- 
que est  conservée  dans  un  seul  ancien  manuscrit  (du 
XVI'  siècle)  que  M.  Schulthess  appelle  «  manuscrit  de 
Mardin  »  et  qu'il  déclare  «  inaccessible  ».  Il  avait  espéré  trou- 
ver un  second  manuscrit  à  Édesse  où  l'on  conservait  un 
certain  «  Livre  des  renards  »,  il  s'en  est  procuré  une  copie  et  a 
constaté  qu'il  n'avait  rien  de  commun  avec  Kalila;  il  lui  a 
donc  fallu  donner  son  édition  d'après  quatre  copies  du  seul 
manuscrit  «  inacessible  »  de  Mardin;  l'une  de  ces  copies  avait 
déjà  été  éditée  par  Bickell,  tandis  que  les  trois  autres,  exécu- 
tées pour  le  compte  de  M.  Sachau,  de  1881  à  1882,  sont  main- 
tenant conservées  à  Berlin.  Les  copies  présentent  de  nom- 
breuses différences  parce  que  chaque  copiste  interprétait  à 
sa  manière  le  manuscrit  primitif  qui  est  mauvais.  Certaines 
pages  ont  jusqu'à  huit  lignes  de  variantes  causées  presque 
toujours  par  les  bévues  ou  par  les  modifications  plus  ou  moins 
justifiées  des  copistes.  Il  aurait  été  facile  de  donner  une 
édition  définitive  d'après  le  manuscrit  de  Mardin,  base  des 


MÉLANGES.  201 

quatre  copies,  si  M.  Schulthess  avait  remarqué,  dans  les  tables 
décennales  du  Journal  asiatique,  que  W^  Graffin  possédait, 
dès  1895,  la  photographie.de  ce  manuscrit  (cf.  Journal  Asia- 
tique, ix"  série,  t.  V,  p.  340  et  t.  XX,  p.  455).  Il  a  acquis  depuis 
le  manuscrit  lui-même  et  nous  allons  le  décrire  brièvement  : 

C'est  un  manuscrit  sur  papier  de  22  x  15  cm.,  qui  était 
relié,  à  la  mode  éthiopienne,  entre  deux  planches  :  la  planche 
de  droite,  épaisse  de  huit  à  neuf  millimètres,  est  encore  en 
place;  celle  de  gauche  a  disparu  avec  la  fin  du  manuscrit.  Le 
manuscrit  compte  encore  134  feuillets  (le  feuillet  1  a  disparu 
à  Paris,  mais  M"  Graffin  en  possède  la  photographie).  Kalila  et 
Dimna  occupe  les  folios  1  à  116  et  l'Apocalypse  de  Paul  (très 
mutilée)  les  folios  117  à  132. 

Le  manuscrit  est  divisé  en  cahiers  de  dix  feuillets  et  nous 
pouvons   voir   ainsi  le  nombre  des  feuillets  qui   manquent. 

Nous  trouvons  o  au  fol.  8;  u  au  fol.  18;  9  au  fol.  28;  01  au 
fol.  38;  o  au  fol.  48;  ;  au  fol.  58;  w  au  fol.  08.  Ce  cahier 
V--  se  termine  au  fol.  77,  le  feuillet  suivant  qui  evrait  porter 
v^  manque;  ^  au  fol.  87;  [^  au  fol.  97;  ol-  au  fol.  107;  ce 
cahier  o-.  se  termine  à  116;  le  feuillet  suivant  qui  devrait 

porter  v^  manque,  avec  deux  autres,  car  on  trouve  ^  au  fol. 

123. 

Il  manque  donc  deux  feuillets  au  commencement,  un  feuil- 
let après  77  (1)  et  la  fin  de  Kalil'a  et  Dimna  après  le  fol.  116. 
Cette  fin  n'occupait  d'ailleurs  qu'une  ou  deux  pages  (2). 

Le  manuscrit  est  écrit  d'une  cursive  nestorienne  irrégu- 
lière; les  noms  des  interlocuteurs  sont  à  l'encre  rouge;  le 
scribe,  surtout  au  commencement,  ne  tient  aucun  compte  des 

(1)  Ce  feuillet  existait  encore  dans  le  manuscrit  lorsqu'on  a  pris  la  copie 
éditée  par  M.  Bickell  en  1876.  Il  avait  disparu  lorsque  M.  Sacliau  a  fait  exécuter 
ses  trois  copies  de  1881  à  1883. 

(2)  Car  la  lacune  est  de  trois  feuillets,  ou  de  six  pages,  mais  lo  commence- 
ment de  l'Apocalypse  de  Paul  qui  se  trouvait  dans  cette  lacune,  et  dont  nous 
pouvons  évaluer  la  longueur  d'après  la  traduction  éditée  Journal  of  the  Amer, 
or.  .soc  t.  VIII,  18G4,  occupait  de  quatre  à  cinq  pages.  Il  ne  reste  donc  qu'une 
ou  deux  pages  pour  la  lacune  finale  de  Kalila.  II  ne  manque  en  somme  que 
deux  feuillets  du  premier  cahier  (sans  doute  le  premier  et  le  dernier,  car  on  ne 
trouve  pas  leur  signature),  et,  au  plus,  un  feuillet  à  la  fin 


202  REVUE    DE    l'orient   CHRETIEN. 

intervalles  des  lignes  que  Ton  voit  cependant  encore  tracées 
par  endroits,  et  ne  suit  pas  toujours  la  ligne  droite,  cf.  2,  5,  6, 
7,  etc.  Vers  la  fin  l'écriture  est  meilleure,  plus  ferme,  plus 
fine  et  plus  régulière;  le  nombre  des  lignes  par  page  est  très 
variable,  on  trouve  tous  les  nombres  de  17  à  21.  Le  scribe  s'est 
très  souvent  corrigé  lui-même  :  lorsqu'il  s'est  aperçu  d'une 
faute  dans  l'écriture  d'un  mot,  ou  d'une  omission,  il  barre  ce 
qu'il  a  commencé  à  écrire  et  il  rétablit  ensuite  le  mot  ou  le 
passage  omis  (1).  Quelquefois  il  rétablit  les  ommissions  en 
marge.  On  devine  que  plus  souvent  encore  il  ne  les  aura  pas 
vues. 

L'aspect  de  l'écriture  fait  songer  à  un  écolier  que  Ton 
exerce  en  lui  faisant  transcrire  les  fables  de  Kalila  et 
Dimna.  La  reliure  solide,  formée  de  fortes  ficelles  et  de  deux 
planches,  tend  à  faire  croire  aussi  que  le  manuscrit  était  des- 
tiné à  des  lecteurs  turbulents  et  que  les  fables  de  Kalila  et 
Dimna,  comme  nos  fables  de  La  Fontaine,  faisaient  surtout 
les  délices  des  débutants.  On  trouve  encore  sur  les  marges 
quelques  exercices  enfantins;  par  exemple,  au  fol.  18,  on  a  écrit 

vingt-huit  s£d  et,  au  folio  22,  )Kj  oj!^  )ioi ^  » ^  o^»^  jio  ^  » ^ 

oi  oi  owSi^  comme  si  l'on  s'exerçait  à  écrire  certaines  lettres. 

Plus  tard  on  a  ajouté  en  marge  quelques  pensées  pieuses; 
par  exemple,  fol.  62  : 

\*,,^A  o^oSl^.  J  '^^^;  |,./vv>  jjoiâ^  vooi^  9Q.M  «  Consi- 
dère les  prêtres  rebelles,  qui  ont  causé  satisfaction  à  Satan  »  ; 
et,  fol.  5,  en  dessous  du  passage  où  il  est  dit  que  les  hommes 
s'écartent  des  affaires  dans  lesquelles  ils  voient  du  danger,  un 

scribe  a  écrit  :  ^^  )i/»  s^oo^^m^p  ^^^  '^^^^oo/o  V-io/  )iv> 
<V^^.aDo    o  \v>t    JJo  ^^îjao^    K.iwâ9   ^^Ol^   U^lI;   .^^JsX 

«  Que  dirai-je  et  raconterai-je  au  sujet  du  Christ,  qui  est  venu 
d'en  haut  pour  convertir  tout  Israël,  et  ils  ne  l'ont  pas  entendu 
et  ils  ont  adoré  Bel.  » 

(1)  Pour  remplir  la  ligne,  il  commence  un  mot  qu'il  termine  à  la  ligne  sui- 
vante, mais  le  plus  souvent  il  barre  le  mot  commencé  et  il  le  récrit  en  entier  à 
la  ligne  suivante.  Il  y  a  aussi  beaucoup  de  dittographies. 


MELANGES. 


203 


Le  manuscrit  n'a  certainement  pas  été  à  Zafaran,  siège  ùu 
patriarche  jacobite,  comme  récrit  M.  Rubens  Duval,  La  litt. 
syriaque,  3"  éd.,  p.  322,  n.  1,  car  il  porte  en  marge,  fol.  101, 
une  note  en  l'honneur  de  Nestorius  que  les  Jacobites  n'au- 
raient pas  laissé  subsister  :   ^^  a-./  .)liQ-io;I  ^-a^   ^^  o( 

«  0  toi  le  thaumaturge;  ô  toi  qui  opères  des  prodiges;  que  ta 
prière  soit,  pour  les  églises,  un  rempart  à  toutes  les  heures. 
11  nous  faut  raconter  un  peu  le  prodige  que  fit  Théodore  l'in- 
terprète, le  maître  du  juste  Nestorius.  » 

Il  y  a  d'ailleurs  ici  plusieurs  fautes  :  )^-ai.  (sans  point  au  ;) 

Au  fol.  112^  est  une  invocation  au  martyr  Péthion. 

C'est  en  somme  un  manuscrit  nestorien,  qui  est  resté  chez 
les  Nestoriens  convertis  ou  Chaldéens  dans  leur  bibliothèque 
de  Mardin,  où  la  copie  éditée  par  Bickell  a  été  faite.  Il  a  été 
porté  à  Mossoul  au  patriarcat  chaldéen,  où  il  a  été  copié  deux 
fois  par  le  diacre  Jérémias  Samir  (1881  et  1882),  au  temps  du 
patriarche  Elle  (voir  mss.  syr.  de  Berlin,  n°'  104  et  105).  Il  a 
été  porté  à  Telképé  (Telkef)  où  il  a  été  copié  au  1883,  dans 
l'église  de  Mar  Cyriacus  (voir  ms.  syr.  de  Berlin,  n°  106). 
Enfin  Sa  Béatitude  Aboul  Yonan,  patriarche  des  Chaldéens, 
l'a  apporté  à  Paris,  et  Bickell,  chez  M^--  Graffin,  l'a  reconnu 
pour  le  manuscrit  original  dont  il  n'avait  eu  qu'une  transcrip- 
tion. Sur  le  désir  de  M.  Bickell,  avec  la  permission  de  Sa  Béa- 
titude le  patriarche,  ilF""  Graffin  a  fait  exécuter  d'abord  une 
photographie,  qu'il  a  présentée  à  la  Société  asiatique  en  1895, 
et  enfin  il  a  obtenu  le  manuscrit  lui-même  dont  nous  venons 
de  donner  la  description. 

D'ailleurs  ce  serait  mal  connaître  le  caractère  généreux  de 
M^'  Graffin  que  de  croire  qu'il  a  jamais  songé  à  «  accaparer 
pour  lui  »  ce  manuscrit.  De  même  qu'il  a  déjà  donné  des 
myriades  de  pages,  en  copies  ou  en  photographies,  à  de  très 
nombreux  savants,  il  nous  autorise  à  écrire  que  le  manuscrit 


204  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

de  Rallia  et  Diinna,  et  la  Patrologie  orientale,  sont  à  la  dis- 
position de  M.  Schulthess,  s'il  veut  en  donner  enfin  une  édition 
définitive. 


II 


LE  DEUXIEME  CENTENAIRE 

DE  LA  FONDATION  DU  MONASTÈRE 
DES  RELIGIEUX  BASILIENS  DE  SAINT-SAUVEUR 

Les  religieux  Basiiiens  Salvatoriens  ont  célébré,  le  1"  jan- 
vier dernier,  l'ouverture  des  fêtes  jubilaires  du  deuxième  cen- 
tenaire de  la  fondation  de  leur  premier  monastère.  Ces  fêtes 
servent  à  ranimer  chez  les  membres  de  cette  congrégation, 
qui  a  fait  et  qui  ne  cesse  de  faire  beaucoup  de  bien  en  Orient, 
l'esprit  apostolique  de  ceux  de  leurs  premiers  pères  qui  ont  tra- 
vaillé de  toutes  leurs  forces  à  conserver  la  foi  catholique  dans 
ce  pays  dominé  par  l'islamisme  et  plongé  dans  les  ténèbres  de 
l'hérésie  et  du  schisme. 

Le  projet  de  ces  fêtes  qui  se  succéderont  jusqu'au  6  août, 
fête  patronale  de  l'église  du  monastère,  a  été  approuvé  par  l'au- 
torité ecclésiastique  :  Son  Éminence  le  Cardinal  Gotti,  Préfet 
delà  Sacrée  Congrégation  de  la  Propagande,  a  envoyé  une  lettre 
d'approbation  et  de  félicitation  au  supérieur  général  de  cette 
congrégation,  le  Révérendissiine  Père  Archimandrite  Gabriel 
Nabaa;  Sa  Sainteté  le  Pape  Pie  X  a  honoré  aussi  cette  congré- 
gation par  une  lettre  de  félicitation  accompagnée  de  sa  béné- 
diction apostolique.  Lorsque  ce  projet  a  été  proposé,  lors  du 
concile  national,  à  Sa  Béatitude,  M^'  le  Patriarche  Cyrille  VIII, 
et  à  Nos  SS.  les  Évêques,  il  a  été  approuvé  à  l'unanimité 
des  voix.  Le  jour  même  de  la  fête,  tous  les  évêques  melchites 
ainsi  que  le  supérieur  de  Grotta  Ferrata,  le  primat  des  Béné- 
dictins et  toutes  les  communautés  religieuses  en  Orient,  ont 
envoyé  au  supérieur  général  leurs  mots  de  félicitation. 

La  fête  de  l'ouverture  a  été  célébrée  le  P""  janvier  avec  une 


MÉLAXGES.  205 

grande  solennité.  Grand  aussi  fut  le  concours  des  peuples  ; 
on  comptait  au  couvent  de  Saint-Sauveur,  le  jour  même  de  la 
fête,  plus  de  trois  mille  personnes  qui  étaient  venues  unir  leurs 
prières  à  celles  des  religieux  pour  remercier  Dieu  de  toutes  les 
grâces  qu'il  a  accordées  à  cette  congrégation  durant  ces  deux 
siècles. 

Les  cérémonies  ont  été  présidées  par  Sa  Grandeur,  M-'  Ba- 
sile Hajjar,  évèque  de  Sidon,  qui  y  assistait  comme  délégué  de 
Sa  Béatitude  j\P'  le  Patriarche  et  en  sa  qualité  de  successeur  de 
l'illustre  fondateur  de  cette  congrégation,  M*^'  Euthyme  Saïfy. 

A  l'occasion  de  ces  fêtes,  je  voudrais  présenter  aux  lecteurs  de 
cette  Revue  un  petit  aperçu  historique  sur  l'origine,  les  épreuves 
et  le  progrès  de  cette  Congrégation,  à  qui  la  communauté  des 
Grecs  unis  en  Syrie  et  en  Egypte  doit  la  conservation  de  la  foi 
catholique. 

ORKilNE 

Le  fondateur  de  la  congrégation  basilienne  de  Saint-Sauveur 
est  W  Euthyme  Saïfy,  archevêque  de  Tyr  et  de  Sidon. 

11  est  né  à  Damas  en  1643  environ,  d'une  famille  distinguée, 
et  fut  élevé  dès  sa  plus  tendre  enfance  selon  les  principes  de  la 
foi  catholique.  A  Tàge  de  onze  ans,  il  entra  au  collège  des  Pèi'es 
Jésuites,  à  Damas.  D'après  le  témoignage  d'un  de  ses  contem- 
porains, «  tout  le  morde  admirait  déjà  sa  vive  intelligence,  son 
exquise  bonté  et  sa  solide  piété  »  ;  c'est  pourquoi  le  patriarche 
Macaire  d'Alep  le  confia  à  son  vicaire  à  Damas,  IVF  Néophytes 
de  Chio,  qui  aclieva  son  éducation  cléricale  et  l'ordonna  diacre 
en  1666. 

Devenu  prêtre,  Euthyme  continua  encore  ses  études  théolo- 
giques avec  un  diacre  nommé  Constantin,  petit-fils  de  Macaire. 
Ce  dernier  avait  été  marié  et,  après  la  mort  de  sa  femme,  il  fut 
sacré  évêque  d'Alep,  puis,  en  1647,  il  fut  élu  patriarche  d'An- 
tioche.  Sonpetit-fils,  Constantin,  devint  à  son  tour  patriarche  en 
1672  sous  le  nom  de  Cyrille.  Ce  dernier  connaissait  bien  Eutliyme 
et  l'estimait  beaucoup  à  cause  de  son  éminente  piété  et  sa  vive 
intelligence;  c'est  pourquoi  il  le  sacra,  en  1683,  archevêque  de 
Tyr  et  de  Sidon,  car  ces  deux  villes  ne  formaient  qu'un  seul 
diocèse. 


206  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

L'année  même  de  son  élévation  sur  ce  siège  archiépiscopal, 
pour  témoigner  son  grand  attachement  au  Saint-Siège,  Euthyme 
signa  une  seconde  fois  la  Confession  de  foi  qu'Urbain  VIII 
avait  faite  pour  les  Orientaux,  et  qu'Euthyme  avait  déjà  signée 
la  première  fois  étant  prêtre,  et  avait  envoyée  au  Saint-Siège. 
Il  ne  se  contenta  pas  de  cela,  il  se  mit  lui-même  à  propager 
dans  son  diocèse  la  foi  catholique  avec  un  zèle  infatigable.  Pour 
élargir  le  cercle  de  son  apostolat,  il  réunit  autour  de  lui  quel- 
ques jeunes  gens  pieux  et  intelligents,  et  il  se  mit  lui-même  à  les 
exercer  à  la  vie  religieuse  par  ses  paroles  et  ses  exemples, 
gravant  dans  leurs  cœurs  Tardent  amour  du  salut  des  âmes  ; 
puis  il  les  ordonnait  et  les  envoyait  prêcher  la  foi  catholique 
dans  son  diocèse  et  ailleurs,  avec  l'autorisation  du  Saint-Siège, 
en  sa  qualité  de  vicaire  apostolique  pour  les  Grecs  catholiques, 
dans  le  but  d'en  former  une  congrégation  de  missionnaires  à 
l'imitation  des  congrégations  religieuses  des  missionnaires 
latins. 

Lorsque  ses  disciples  devinrent  nombreux,  il  résolut  de  leur 
bâtir  un  couvent  qui  leur  servirait  de  résidence,  et  duquel  ils 
pourraient  rayonner  partout  pour  accomplir  leur  noble  mission 
d'évangélisation.  Mais  ce  projet  était  très  difficile  à  réaliser  à 
cause  des  troubles  qui  désolaient  à  cette  époque  toute  la  Syrie, 
et  particulièrement  le  mont  Liban. 

Cependant  Dieu,  qui,  comme  le  dit  Bossuet,  «  rapporte  tous 
ses  conseils  à  la  conservation  de  la  Sainte  Église  et  qui,  fécond 
en  moyens,  emploie  toutes  choses  pour  ses  fins  cachées  »  ;  Dieu, 
dis-je,  aplanit  devant  lui  toutes  les  difficultés  ;  et  même  il  se 
servit  d'un  fait  miraculeux  pour  lui  marquer  l'endroit  où  il  de- 
vait bâtir  son  nouveau  monastère,  et  il  lui  facilita  l'acquisi- 
tion du  terrain  et  la  construction  du  couvent. 

Un  jour  qu'il  faisait  sa  tournée  pastorale  accompagné  de 
quelques-uns  de  ses  disciples,  M°'  Euthyme  arriva  à  Djoun 
(Liban),  village  situé  au  nord-est  de  Sidon.  Plusieurs 
paysans  des  environs  vinrent  le  saluer  ;  ils  avaient  naturelle- 
ment avec  eux  leurs  armes,  car  la  sécurité  laissait  à  désirer  en 
ces  temps  de  troubles.  Un  diacre  de  la  suite  de  Monseigneur, 
nommé  Athanase,  curieux  de  voir  les  armes,  prit  un  fusil  d'un 
nouveau  système  introduit  depuis  peu  en  Orient;  et,  pendant 
qu'il  le  tournait  et  le  retournait,  le  coup  partit  et  atteignit  à  la 


MÉLANGES.  207 

poitrine  un  de  ses  confrères  nommé  Ibrahim  Toutou.  Ce 
dernier  tomba  aussitôt  à  la  renverse.  Monseigneur  s'élança  vers 
lui  en  s'écriant  :  0  Sauvciu-  du  monde.  A  peine  avait-il  achevé 
cette  invocation  que  le  prêtre  se  dressa  et  dit  :  «  Ne  crains  rien, 
mon  maître,  je  suis  sain  et  sauf.  »  Et  réellement  il  n'avait  eu  au- 
cun mal.  On  lui  délia  la  ceinture  et,  chose  étonnante,  on  trouva 
les  grains  de  petits  plombs  rassemblés  sur  la  poitrine  sans  le 
blesser  ni  lui  laisser  même  de  trace.  A  la  suite  de  ce  fait  mer- 
veilleux, l'évêque  prit  la  résolution  de  bâtir  son  monastère 
sous  le  vocable  du  Sauveur,  en  mémoire  de  ce  miracle. 

Aussitôt  il  demanda  aux  habitants  de  Djoun  de  lui  indiquer 
un  endroit  convenable  à  raccomplisseraent  de  son  projet.  Ces 
derniers  lui  montrèrent  près  de  leur  village  une  colline  sur  la- 
quelle s'élevaient  les  ruines  d'une  ferme  appelée  Machmouché. 
Cette  colline  fut  alors  achetée  au  prix  modique  de  30  piastres, 
soit  6  francs  environ;  mais  en  réalité  cette  terre  n'était  qu'un 
don  fait  à  Monseigneur  par  son  ami  El-Cheikh  Kabalan  Cadi, 
chef  des  Druses  dans  le  district  d'Eschouf  au  mont  Liban. 

Alors  les  religieux  se  mirent  à  bâtir  eux-mêmes  leur  cou- 
vent sous  la  surveillance  de  quelques  maîtres  maçons;  et 
M^  Euthyme  eut  la  consolation  de  voir  le  monastère  achevé  en 
1711.  Par  conséquent  il  a,  en  1911,  deux  cents  ans  d  existence. 
Deux  ans  après,  Monseigneur  posa  les  fondements  de  la  grande 
église  actuelle  du  monastère,  et,  en  1720,  il  eut  la  consolation 
de  la  voir  terminée.  Il  l'a  consacrée  de  sa  propre  main,  la  dé- 
diant à  la  Transfiguration  du  Sauveur.  Cette  église  était  à  cette 
époque  une  des  plus  grandes  de  TOrient,  qui  n'en  a  jamais  vu 
de  semblable  depuis  les  Croisés  jusqu'à  l'époque  de  la  réforme 
turque  du  sultan  Mahmoud.  Elle  resta  toujours  considérée 
comme  marque  évidente  de  la  divine  providence  pour  cette 
congrégation,  et  le  couvent  fut  regardé  comme  une  forteresse 
de  la  foi  pour  les  Grecs  catholiques. 


PERSECUTION 

Si  vous  étiez  du  monde,  dit  Notre-Seigneur  à  ses  disciples, 
le  monde  aimerait  ce  qui  lui  appartient;  mais  parce  que  vous 
n'êtes  pas  du  monde,  et  que  je  vous  ai  choisis  du  milieu  du 


208  REVUE    DE    l'orient   CHRETIEN. 

monde,  à  cause  de  cela  le  monde  vous  hait.  Cette  parole  du 
Divin  Maître  devait  s'accomplir  non  seulement  pour  l'Église  en 
général,  mais  aussi  pour  toute  œuvre  sainte  qui  a  le  même 
but  que  l'Église,  c'est-à-dire  d'étendre  sur  la  terre  le  règne  de 
Jésus-Christ;  c'est  pourquoi  il  n'est  pas  étonnant  de  voir  cette 
congrégation  dès  son  berceau  en  butte  à  toute  sorte  de  persé- 
cutions. En  effet  il  est  difficile  de  décrire  ce  que  les  Religieux 
de  Saint-Sauveur  ont  enduré  pendant  les  persécutions  dirigées 
successivement  par  les  Grecs  schismatiques  contre  les  catho- 
liques et  par  les  Druses  contre  les  chrétiens. 

En  voyant  les  nouveaux  religieux  contribuer  pour  beaucoup 
par  leur  vie  édifiante  et  surtout  par  leur  zèle  à  ramener  dans 
le  giron  de  l'Église  catholique  bon  nombre  d'hérétiques  et  de 
schismatiques,  les  orthodoxes  dirigèrent  contre  eux  tous  les 
traits  de  leur  haine.  Voici  ce  qu'écrivait  en  1746  à  ce  propos 
M.  Delane,  consul  français  à  Saïda  : 

Nous,  François  Delane, 

Conseiller  du  Roi  et  devenant  Consul  à  Seyde  et  actuellement  à  A!ep  et 
dépendances,  certifions  et  attestons  que  le  monastère  des  religieux  grecs 
de  Saint-Sauveur,  situé  à  trois  heures  de  Seyde,  a  éprouvé  en  dernier  lieu 
les  effets  de  la  haine  des  schismatiques,  qui  voyaient  depuis  longtemps 
avec  peine  que  ce  couvent  servait  de  retraite  et  d'asile  aux  catholiques 
persécutés  et  que  la  vie  édifiante  qu'on  y  menait  et  les  bons  sujets  qu'il 
donnait  à  l'Église  dans  la  Syrie,  contribuait  pour  beaucoup  à  ramener  les 
hérétiques  à  la  vraie  foi.  Les  avanies  qu'on  a  suscitées  à  cette. occasion  à 
ces  religieux  et  les  sommes  considérables  qu'ils  ont  employées  pour  sou- 
tenir leur  patriarche  dont  on  a  voulu  envahir  le  siège,  les  mettent  aujour- 
d'hui dans  la  nécessité  d'abandonner  leur  monastère,  si  la  charité  des 
fidèles  ne  subvient  à  leurs  besoins,  c'est  là  leur  unique  ressource  dans  la 
triste  situation  où  ils  se  voyent  réduits,  en  foi  de  quoi  nous  avons  signé 
les  présentes  de  notre  main,  fait  contre-signer  par  le  Sieur  Chancelier,  en 
icelles  apposer  le  sceau  Royal  accoutumé  de  ce  consulat,  à  Alep,  le  18  mars 
1746.  Uelane. 

M.  Delane  fait  remarquer  que  les  religieux  ont  dépensé  «  des 
sommes  considérables  pour  soutenir  leur  patriarche  dont  on  a 
voulu  envahir  le  siège  ».  En  effet  Cyrille  Thanas,  neveu  de 
M^'  Euthyme,  religieux  Salvatorien  et  élève  de  la  Propagande, 
a  été  élu  patriarche  d'Antioche  le  20  septembre  1724  par  les 
catholiques;  en  même  temps  le  patriarche  du  Fanar  imposait 
un  autre  schismatique  nommé  Sylvestre.  Ce  dernier,  avec  le 


MÉLANGES.  209 

concours  du  Patriarche  de  Constantinople,  qui  était  reconnu 
seul  chef  des  chrétiens  auprès  de  la  Sublime-Porte,  obtint  du 
sultan  un  firman  par  lequel  il  était  reconnu  patriarche  officiel 
d'Antioche.  Cyrille,  ne  pouvant  pas  rester  sur  son  siège  à  Damas 
devant  un  tel  compétiteur,  fut  obligé  de  chercher  asile  au  cou- 
vent de  Saint-Sauveur.  Ses  confrères  en  religion  le  soutin- 
rent de  leur  mieux  en  dépensant  des  sommes  considérables 
et,  avec  le  secours  du  Saint-Siège,  ils  lui  obtinrent  un  firman 
impérial  d'investiture  contre  celui  qui  avait  été  accordé  à  Syl- 
vestre. Mais  ce  dernier  ne  tarda  pas  d'obtenir  un  autre  firman 
contraire.  Alors,  fort  de  l'appui  du  gouvernement  turc,  il  se 
mit  à  se  venger  de  tous  les  religieux  Salvatoriens  qui  se  trou- 
vaient à  Damas  et  à  Sidon. 

Cette  persécution,  plus  ou  moins  vive,  dura  longtemps,  jus- 
qu'à 1831,  lorsque  les  Grecs  catholiques  furent  reconnus 'indé- 
pendants des  Grecs  orthodoxes  par  le  sultan  Mahmoud  ;  elle 
rappelait  celles  des  premiers  temps  de  l'Église,  car  plusieurs 
avaient  été  emprisonnés  ou  exilés,  et  quelques-uns  même 
avaient  trouvé  la  mort  au  milieu  de  leurs  souffrances.  Aucun 
prêtre  ne  pouvait  exercer  publiquement  son  saint  ministère 
sans  s'exposer  à  toutes  sortes  de  danger. 

«  Il  y  a  à  Damas  10.000  Grecs  unis  sans  église!  écrivait  en- 
core en  1816  M.  Pillavoine,  consul  de  France  à  Saint-Jean 
d'Acre.  Quatorze  prêtres  arabes  vont  journellement  dire  la 
messe  chez  les  principaux  qui,  les  dimanches  et  fêtes,  vont  à 
l'office  divin  à  l'église  de  Terre-Sainte  ou  à  celle  des  Pères  Ca- 
pucins. A  Damas  et  au  Caire,  où  résidaient  les  patriarches  non 
unis,  les  Melchites  catholiques  ne  pouvaient  garder  leur  cos- 
tume; c'est  à  cause  de  cela  que  bien  souvent,  dans  ces  temps 
de  persécution,  les  prêtres  Grecs  catholiques  entraient  dans  la 
ville  déguisés  en  paysans  portant  des  herbages  sur  leur  dos 
comme  s'ils  allaient  les  vendre  au  marché;  et  ce  n'est  qu'à  la 
faveur  de  ce  déguisement  qu'ils  pouvaient  pénétrer  dans  les 
maisons  de  leurs  coreligionnaires  et  leur  administrer  les  sa- 
crements (1).  » 

En  citant  ce  dernier  texte,  il  faut  remarquer  que  ces  «  prêtres 
arabes  »  étaient  pour  la  plupart  des  religieux  Salvatoriens. 

(1)  Mémoire  sur  l'étal  actuel  de  l'église  grecque  catholique  dans  le  Levant   Mar- 
seille, 1841. 


ORIENT    CIIIIÉTIEN. 


H 


210  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Celui  qui  connaît  l'état  du  pays  et  surtout  du  clergé  à  cette 
époque  ne  le  niera  pas  :  en  effet  pour  les  prêtres  séculiers  de  ce 
temps,  sauf  quelques  rares  exceptions,  les  persécutions    es 
oblia-eaient  à  abandonner  les  villes  où  ils  étaient  continue  le- 
ment  exposés  au  danger  ;  et  pour  eux  s'exposer  au  danger  c  était 
V  exposer  aussi  leur  famille  et  leurs  biens  ou  leur  foi,  avec  leurs 
paroissiens  catholiques.  C'est  pourquoi  les  évoques  avaient  cesse 
en  ces  temps  d'ordonner  des  prêtres  séculiers  et,  a  partir  de 
cette  époque,  les  religieux  commencèrent  à  desservir  les  pa- 
roisses surtout  dans  les  villes;  car,  comme  ils  s  étaient  donnes 
à  Dieu  corps  et  âme,  ils  ne  craignaient  ni  les  persécutions,  m 
les  prisons,  ni  même  la  mort;  d'ailleurs,  s'il  se  trouvait  parmi 
eux  quelque  lâche  qui  ne  se  sentait  pas  le  courage  de  supporter 
la  persécution,  ou  qui,  par  prudence,  ne  voulait  pas  se  laisser 
surprendre,  il  n'avait  qu'à  se  réfugier  dans  son  monastère. 
C'est  pourquoi   nous  devons  rappeler  à  qui  l'ignore,  que  si 
l'Église  grecque  catholique  existe  encore  en  Orient,  c'est  aux 
Religieux  qu'elle  doit  son  existence. 

Si  telles  étaient  les  persécutions  endurées  par  les  religieux 
de  la  part  de  leurs  frères  séparés,  de  ceux  qui,  comme  eux, 
croient  au  Christ  et  à  ses  divins  enseignements,  que  dire  main- 
tenant des  dommages  et  des  pertes  immenses  qu'ils  ont  subies 
durant  les  persécutions  dirigées  par  les  infidèles  contre  les 
chrétiens,  persécutions  qui  ne  se  sont  terminées  que  par  les 
massacres  de  1860,  où  plusieurs  de  ces  religieux  ont  ete  vie- 
limes  de  cette  boucherie  humaine.  Plus  de  40  religieux  ont  été 
marqués  au  registre  de  la  congrégation,  massacrés  par  les 
infidèles  pour  la  foi  chrétienne. 

C'est  durant  ces  persécutions  qu'ils  ont  vu  leur  couvent 
saccagé  et  brûlé,  leur  bibliothèque  vendue,  eux-mêmes  disper- 
sés partout.  Voici  ce  qu'écrivait  en  1778  le  consul  général  de 
France  à  Saïda,  M.  Ynozan,  dans  un  certificat  donné  aux  Pères 
Aghapios  Matar  et  Basilios  Atallah ,  religieux  prêtres  Melchites 
Grecs  catholiques  de  la  Congrégation  de  Saint-Sauveur  en 
Syrie,  qui  allaient  demander  aux  chrétiens  d'Europe,  et  surtout 
de  la  France,  un  secours  pour  la  restauration  de  leur  monas- 
tère. Ce  certificat  a  été  signé  aussi  par  les  missionnaires  et 
négociants  français  résidant  alors  à  Saïda.  Voici  ce  qui  y  est 
dit  : 


MÉLANGES.  211 

«  Nous  soussignés  certifions  que  vers  la  fin  de  l'année  1777,  le  Pacha 
des  Turcs,  résidant  à  Sidon,  transporté  de  fureur  contre  la  nation  des 
Druses,  qui  habitent  le  Liban,  a  fait  une  irruption  subite  et  inopinée  sur 
leurs  possessions  les  plus  voisines  de  Sidon;  qu'il  les  a  dévastées,  réduites 
en  solitudes,  et  quïl  a  massacré  ou  vendu  comme  esclaves,  en  place  pu- 
blique, tous  les  chrétiens  qu'il  y  a  surpris.  Nous  attestons  de  plus  que 
dans  cette  même  dévastation,  il  a  ruiné,  ravagé,  et  totalement  dépouillé 
trois  couvents,  bâtis  dans  ces  possessions  des  Druses  :  ils  étaient  compo- 
sés de  plus  de  trois  cents  religieux  Grecs-Melchites-Romains,  qui  vivent 
sous  la  règle  de  Saint  Basile  le  Grand,  et  qui  professent  la  Religion  Catho- 
lique. Le  témoignage  que  nous  en  rendons  est  d'autant  plus  certain,  que 
nous  avons  vu  de  nos  propres  yeux  tous  les  ustensiles  de  ces  religieux,  les 
ornements  de  leurs  églises,  et  beaucoup  d'autres  effets  k  leur  usage,  expo- 
sés en  vente  sur  les  places  de  Sidon,  abandonnés  au  plus  offrant;  les 
livres  de  leur  bibliothèque  sont  dispersés  dans  toute  la  ville,  et  nous  ne 
savons  s'il  y  a  dans  cette  ville  une  seule  maison  où  on  ne  puisse  trouver 
quelque  chose  qui  appartienne  à  ces  religieux ,  qui  ont  toujours  été  dans 
la  louable  pratique  de  donner  l'hospitalité,  avec  l'humanité  la  plus  compa- 
tissante et  la  libéralité  la  plus  généreuse,  à  tous  les  étrangers  de  quelque 
pays,  de  quelque  nation,  de  quelque  religion  qu'ils  fussent,  et  il  est  inouï 
qu'aucun  indigent ,  sollicitant  leur  charité,  n'en  ait  reçu  les  secours  qu'il 
demandait;  l'année  même  où  ils  ont  été  si  impitoyablement  saccagés,  se 
proposant  de  continuer  leurs  charités,  ils  avaient  amassé  à  grands  frais, 
pour  l'hiver,  quantité  de  provisions  de  bouche  qui  ont  beaucoup  servi  aux 
malheureux  Sidoniens,  pressés  par  la  disette.  Donné  à  Sidon,  le  7  mars 
1778.  » 

Arrivés  à  Versailles,  les  deux  Pères  ont  obtenu  du  roi  un 
brevet  grâce  auquel  ils  ont  pu  quêter  en  France.  A  son  retour 
d'Europe,  le  Père  Aghapios  Matar,  ayant  été  élu  patriarche,  se 
servit  de  l'argent  recueilli  pour  relever  le  patriarcat  d'Antio- 
che,  fonder  le  séminaire  de  Aïn-Trase  et  pour  réunir  le  synode 
célèbre  de  Carcafé  et  imprimer  ses  actes. 


PROGRES 

Mais  le  «  sanguis  martyrum  semen  christianorum  »  de  Ter- 
tuUien  trouve  ici  son  application.  En  effet,  malgré  toutes  ces 
persécutions,  le  nombre  des  religieux  Salvatoriens,  loin  de 
diminuer,  alla  s'augmentant  de  jour  en  jour.  Le  nombre  des 
nouveaux  venus  s'était  tellement  accru  qu'on  se  vit  obligé 
d'élargir  les  bâtiments,  et  ainsi  le  couvent  de  Saint-Sauveur 


212  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

devint  l'un  des  plus  grands  monastères  du  Liban.  Dans  le  but 
d'étendre  le  cercle  de  leur  zèle,  les  religieux  se  mirent  à  fonder 
de  nouveaux  monastères,  qui  sont  actuellement  au  nombre 
de  huit;  et  la  plupart  de  ces  trois  cents  religieux  Basiliens 
Salvatoriens  sont  des  prêtres  répandus  dans  les  différentes 
éparchies  melchites,  dans  la  Syrie,  la  Palestine  et  l'Egypte. 

D'ailleurs  l'ancienne  maison,  qui  était  l'habitation  des  pa- 
triarches et  des  évêques  réfugiés  à  Saint-Sauveur,  est  devenue 
en  1833  le  scolasticat  de  la  Congrégation.  Il  a  été  restauré 
et  agrandi  successivement  en  1885  et  en  1901.  11  renferme 
actuellement  soixante  étudiants  qui  s'y  préparent,  par  une 
formation  sérieuse,  à  l'exercice  du  saint  ministère;  outre 
l'arabe,  la  langue  du  pays,  ils  étudient  le  français,  le  grec  et  le 
latin. 

Au  commencement ,  les  avis  et  les  exemples  du  fondateur 
tenaient  lieu  de  règles  pour  ses  disciples  ;  mais  il  ne  tarda 
pas  à  les  doter  de  règles  écrites  qu'il  composa  lui-même,  avec 
émancipation  de  la  juridiction  des  archevêques  de  Tyr  et  Saïda, 
pour  leur  donner  plus  de  liberté  dans  leur  mission  et  pour  ne 
laisser  aucun  prétexte  à  ses  successeurs,  surtout  aux  schisma- 
tiques,  de  s'opposer  à  leur  apostolat  proprement  catholique. 

Dès  le  principe,  il  a  eu  soin  de  cultiver  leur  vie  intellectuelle 
et  il  a  pu  envoyer  à  Rome  trois  de  ses  disciples  pour  faire  leurs 
études  au  collège  de  la  Propagande.  C'est  pourquoi  il  a  jugé 
bon  de  les  dispenser  de  quelques  obligations  de  la  vie  céno- 
bitique  ancienne,  fort  sévère,  pour  s'adonner  plus  librement 
aux  études  et  à  la  mission. 

Un  an  après  la  mort  de  M^  Euthyme,  qui  a  eu  lieu  en  1723,  les 
religieux  de  Saint-Sauveur ,  dans  leur  chapitre ,  ont  décidé 
d'adopter  les  règles  de  Saint  Basile  le  Grand,  approuvées  par 
le  Saint-Siège  pour  les  Basiliens  de  Grottaferrata  ;  le  docteur 
Joseph  Babila,  élève  de  la  Propagande,  a  été  chargé  de  les 
traduire  en  arabe  et  de  les  modifier,  avec  M^""  Basile  Finan, 
évêque  de  Panéas,  protecteur  de  la  congrégation  et  ancien  reli- 
gieux de  Saint-Sauveur.  Ces  règles  ont  été  suivies  longtemps 
par  les  Basiliens  de  Saint-Sauveur,  jusqu'à  ce  que  les  règles  de 
Saint  Basile  proprement  dites  leur  aient  été  traduites  du  grec 
et  imprimées  par  ordre  de  Benoit  XIV,  en  1745. 

Un  an  après  la  mort  du  fondateur,  les  religieux  de  Saint- 


MÉLANGES.  213 

Sauveur  virent  un  de  leurs  frères  monter  sur  le  siège  patriar- 
cal d'Antioche  sous  le  nom  de  Cyrille  Thanas,  avec  quatre 
autres  sur  les  sièges  de  Saïda,  de  Panéas,  de  Forzol  et  de 
Damas.  C'est  donc  par  la  vertu  féconde  de  l'épiscopat  et  par  le 
zèle  de  ses  religieux  que  cette  congrégation  a  pris  une  place 
d'honneur  dans  l'Église  catholique  en  propageant  et  conser- 
vant la  foi  catholique  parmi  les  Grecs-Melchites  dans  les  trois 
patriarcats  d'Antioche,  de  Jérusalem  et  d'Alexandrie  ;  et  c'est 
ainsi  que  la  Providence  divine  s'est  servie  de  cette  congréga- 
tion comme  de  son  instrument  ordinaire  pour  former  une 
nation  ou  une  communauté  catholique  unie  avec  l'Église 
Romaine  dans  l'Église  grecque  séparée  de  l'Église  mère.  Cette 
congrégation  a  fourni  à  l'Église  iMelchite  huit  patriarches,  entre 
autres  nous  citerons  Cyrille  Thanas  (1724-1760),  Aghapios 
Matar  dont  il  a  été  question  plus  haut;  Clément  Bahouthe 
I  (1856-1864)  qui  a  introduit  le  calendrier  grégorien  dans  son 
lÉghse  et  qui,  après  avoir  donné  sa  démission  en  1864,  est 
venu  passer  dans  le  silence  de  son  monastère  le  reste  d'une 
vie  pleine  de  mérites  et  d'édification;  enfin  Grégoire  Joussef 
1(1864-1897)  qui  acheva  l'œuvre  de  restauration  religieuse  et 
I  civile  commencée  par  M^'Maximos  Mazloum,  premier  patriar- 
che reconnu  par  le  sultan  Mahmoud  ;  car,  en  dehors  du  Liban, 
qui  avait  toujours  son  autonomie  politique,  notre  communauté 
grecqiie-catholique  n'avait  pas  droit  d'existence  dans  l'empire 
ottoman,  parce  qu'elle  obéit  au  pape  et  qu'elle  est  de  la  reli- 
|gion  des  Francs. 

!     Grand  fut  aussi  le  nombre  d'évêques  que  cette  congréga- 
I  tion  donna  à  l'Église  ;  aujourd'hui,  sur  quinze  archevêques  et 
évêques  melkites,  il  y  en  a  sept  qui  sont  religieux  Salvato- 
riens.» 

Voilà  un  résumé  de  l'histoire  de  cette  congrégation  pendant 

ces  deux  cents  ans  qu'elle  a  passés  au  service  de  la  sainte 

Église  cathohque  en  Orient,  et  qui  comprend  en  somme  l'his- 

I  toire  religieuse  de  l'Église  Melchite  en  Syrie,  en  Palestine  et  en 

I  Egypte. 

Constantin  Bâcha. 


BIBLIOGRAPHIE 


Quœstiones  practicee  theologise  moralis  ad  usum  missionariorum  prœsertim 
orientatium  regionum,  Auctore  J.  Borgomanero,  missionario  apostolico, 
ex-Vicario  Gen.  Delegationis  Apost.  Constantinop.,  1  vol.,  vii-233  pp. 
Rome,  Pustet,  1910.  —  5  francs. 

L'auteur,  pendant  plusieurs  années  en  pays  de  mission,  a  étudié  sur 
place  les  besoins  des  missionnaires  et  s'est  rendu  compte  des  difficultés 
pratiques  qui  peuvent  s'y  présenter  dans  l'exercice  du  saint  ministère.  Il 
n'a  en  vue  que  ces  diffîcuités  dans  ses  «  questions  de  théologie  morale  ». 
Il  les  propose  sous  la  forme  de  cas  de  conscience,  auxquels  il  s'efforce  de 
donner  une  solution  claire  et  précise. 

Le  livre  de  Ms'  Borgomanero  comprend  six  divisions  :  I.  De  Baptismo  et 
Pœnitentia.  —  II.  De  Matrimonio.  —  III.  De  Eucharistia.  —  De  sacrificio 
missse.  —  IV.  De  Fide.  —  De  cooperatione.  —  De  communicatione  in 
divinis.  — V.  De  proprio  ritu  servando.  —  VI.  De  Prœceptis  et  de  qui- 
busdam  usibus  Orientis. 

L'ouvrage  se  termine  par  quelques  appendices. 

Les  missionnaires  sauront  gré  à  l'auteur  d'avoir  recueilli  dans  son  livre 
non  seulement  les  solutions  des  auteurs  les  plus  autorisés,  mais  un  grand 
nombre  de  décisions  émanées  du  Saint-Siège,  dont  quelques-unes  étaient 
encore  inédites. 

Cependant,  malgré  les  recherches  de  l'auteur,  il  reste  encore  à  faire 
quelques  réserves,  et  tous  ceux  qui  connaissent  la  complexité  des  questions 
canoniques  ne  s'en  étonneront  pas.  Voici,  par  exemple,  quelques  points 
où  nous  ne  serions  point  de  l'avis  de  M^''  Borgamanero.  P.  107  ;  «  Missam 
solemnem  pro  acatholicis  vivis  aliquando  Ecclesia  celebrari  permitlit;  sed 
tantum  pro  principibus  acatholicis  et  cum  intentione  implorandi  auxi- 
lium  pro  reipublicse  prosperitate...  Idirco  pro  privatis  acatholicis  viven- 
tibus  nunquam  missam  solemnem  celebrare  licet.  » 

Il  est  regrettable  que  l'auteur  ne  cite  aucune  preuve  à  l'appui  de  cette 
assertion.  Car  d'après  une  décision  du  Saint-Office  (19  avril  1837),  con- 
firmée par  Grégoire  XVI,  on  peut  célébrer  des  messes  basses  ou  solen- 
nelles pour  la  conversion  d'un  hérétique  ou  des  non-catholiques  en  gé- 
néral (1). 

(1)  F.  Sânti,P rselectiones  juris  canonici,  1.  V,  4--  éd.,  p.  103. 


BIBLIOGRAPHIE.  215 

P.  106-107  :  «  Quod  si  stipendium  ab  acatholico  offeratur  ut  pro  ipso 
vivente  missa  celebretur,  non  licet  illud  acciperè  «  nisi  constet  expresse 
eleemosynam  ab  ipso  praeberi  ad  impetrandam  conversionem  ad  veram 
fidem  »  (S.  C.  Conc.  19  apr.  1837)  (1).  Atnon  videtur  necessarium  ut  ipse 
acatholicus  missam  praecise  postulat  pro  propria  conversione,  nam,  ut 
dicit  Marc,  juxta  sententiam  probabilem, licet  pro  ipsis  vivis  (maxime  pro 
eorum  conversione)  offerre  sacrificium  missse.  Ergo,  in  praxi,  sacerdoti 
licet  missam  privatam  pro  acatholico  vivente,  etiam  accepto  stipendie, 
celebrare,  quando  ipse  sacerdos  hanc  intentionem  (nempe  conversionis 
acatholici)  addat.  »  Mais  alors,  comment  éviter  le  scandale  et  l'indilïerence 
religieuse  (2)  ? 

Le  cardinal  Gennari  cite  en  outre  deux  réponses  du  Saint-Office,  qui 
ne  s'accorderaient  pas,  ce  semble,  avec  la  conclusion  pratique  de  l'au- 
teur. «  L'archevêque  de  A.,  dit-il,  exposait  que  les  prêtres  latins,  invités 
par  les  Grecs  schismatiques  à  assister  aux  funérailles  de  leurs  défunts  et 
à  célébrer  la  messe  pour  eux,  acceptaient,  par  crainte  d'inconvénients, 
cette  invitation,  prenaient  part  au  service  et  recevaient  l'honoraire  de  la 
messe;  mais  ils  l'appliquaient  aux  âmes  des  ancêtres  catholiques  de  ces 
schismatiques.  Il  demandait  si  cette  manière  de  faire  était  licite.  Le  Saint- 
Office  lui  répondit,  le  mercredi  18  avril  1757  :  «  non  licere  ». 

Le  prêtre  J.  demandait  :  1»  Est-il  permis  à  un  prêtre  catholique  de  re- 
cevoir d'un  schismatique  un  honoraire  de  messe,  avec  la  condition  de 
prier  pour  lui  et  de  lui  appliquer  le  saint  sacrifice?  —  Et  si  cela  n'est  pas 
permis  :  2»  Peut-il  du  moins  recevoir  cet  honoraire  avec  l'intention  de  le 
distribuer  aux  pauvres,  et  d'appliquer  la  messe  pour  la  conversion  du 
schismatique?  —  Le  Saint-Office  répondit,  le  mercredi  18  novembre  1765  : 
«  ad  1  et  II  :  négative  »  (3). 

A  cette  question  :  *  utrum  possit  aut  debeat  celebrari  missa,  ac  percipi 
eleemosyna  pro  graeco  schismatico,  qui  enixe  oret  atque  instet  ut  missa 
applicetur  pro  ipso  sive  in  ecclesia  adstante,  sive  extra  ecclesiam  ma- 
nente?  »  le  Saint-Office  répondit  encore,  le  19  avril  1837  :  «  juxta  exposita 
non  licere,  nisi  constet  expresse  eleemosynam  a  schismatico  prseberi  ad 
impetrandam  conversionem  ad  veram  fidem  »  (4). 

D'ailleurs  le  prêtre  qui  reçoit  un  honoraire  de  messe  ne  peut  changer 
de  lui-même  l'intention  du  donateur  (5). 

P.  163  :  «  Matrimonia  orientalium,  sive  inter  se,  sive  cum  latinis,  legi 
Tridentinae  de  clandestinitate  subjecta  non  erant,  ante  decretum  Ne 
lemere  ».  Pourtant  certains  Orientaux  étaient  avant  le  décret  «  Ne  temere  » 
et  restent  encore  soumis  à  la  loi  du  décret  «  Tametsi  »  :  1°  les  Maronites 


(1)  Les  Collectanea  S.  C.  de  P.  K.,  vol.  I,  p.  495,  n. 858,  attribuent  ceue  décision  au 
Saint-Office. 

(-2)  Cf.  Snnti,oja.  cit.,  V,  p,  lOi. 

(3)  Consultations  de  morale,  CXXXUI  (trad.  fr.  de  M.  Boudinlion,  !«  partie  :  Morale^ 
t.  H,  p.  421);  Collect.  S.  C.  de  P.  F.,  vol.  I,  p.  2:>7-258,  n.  403,  S. 

(41  Collect.  S.  C.  de  P.  F.,  vol.  I,  pp.  495-496,  n.  858. 

(5)  Cf.  les  Consultations  du  cardinal  Gennori,  l.  c,  p.  42t,  n.  1. 


216  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

en  vertu  de  l'approbation  apostolique  en  forme  spécifique,  donnée  aux 
décrets  du  synode  du  Mont-Liban  (1). 

2"  Les  Ruthènes  en  vertu  du  synode  provincial  tenu  en  1720  à  Zamosc 
et  approuvé  en  1724  par  Benoît  Xlll  (2).  et  de  celui  de  Lemberg  tenu  en 
1891  et  approuvé  par  un  décret  émané  de  la  S.  C.  de  la  Propagande, 
le  le'  mai  1895  (3). 

3°  Les  Italo-Grecs  (4). 

P.  165  :  «  Sacerdotes  Syri,  Chaldaei,  Maronitse,  qui  Constantinopoli 
morantur,  nec  habent  nec  habere  possunt  jurisdictionem  parochialem, 
nedum  in  fidèles  orientales  alterius  ritus,  sed  nec  in  proprios;  quia  eorum 
PatriarchcB  nullam  habent  ibidem  jurisdictionem.  Et  sane  (prout  constat 
ex  Archivis  Delegationis  Apost.  Constantinop.)  S.  C.  de  Propag.  Fide 
pluries  admonuit  Vicarium  Patriarchalem  Chaldseorum,  Constantinopoli 
degentem,  *  eidem  nullam  competere  jurisdictionem  spiritualem  super 
catholicos  Chaldaeos  ejusdem  civitatis  ». 

De  ce  que  la  Propagande  avertit  le  Vicaire  patriarcal  chaldéen  qu'il  n'a 
pas  à  Constantinople  de  juridiction  spirituelle  sur  les  fidèles  de  son  rite, 
s'ensuit-il  que  les  Patriarches  Syrien  et  Maronite  ne  peuvent  en  avoir 
aucune  sur  les  membres  de  leurs  communautés?  La  conclusion  de 
l'auteur  dépasse  trop  les  textes.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  synode  du  Mont- 
Liban  (5)  étend  la  juridiction  du  Patriarche  Maronite  à  tous  les  fidèles  de 
son  rite,  qui  habitent  l'Orient. 

Aux  pages  208-209,  l'auteur  donne  une  très  brève  notice  sur  la  hiérar- 
chie des  Eglises  orientales.  Mais  pour  en  relever  les  nombreuses  inexac- 
titudes, il  suffit  de  collationner  ces  deux  pages  avec  l'annuaire  arabe 
de  1911,  publié  par  les  Pères  Jésuites  à  Beyrouth  (6). 

Ces  quelques  remarques  n'enlèvent  au  travail  de  M*^'  Borgomanero,  ni 

H)  Nullum  est  matrimonium  clandestinum,  id  est,  quod  aliter  contrahilur,  quam  pra;- 
sente  parocho  vel  sacerdote  de  ipsius  parochi  vel  ordinarii  licentia  et  duobus  vel  tribus 
lestibus  ».  Syn.  du  Mont-Liban,  p.  II,  c.  xi,  n.  8,  XII;  Acta  et  décréta  S.  Conc.  récent., 
Collectio  Laceosis,  II,  col.  166.  Le  synode  du  Mont-Liban,  assemblé  en  1736  sous  le  Ponti- 
ficat de  Clément  XII,  a  elc  approuvé  en  forme  spécifique,  le  1"  septembre  1741,  par  la 
constitution  de  Denoît  XIV  :  •  Singularis  Romanorum  Pontificum  ». 

(2)  Coll.  Lac,  /.  c,  col.  2-3  et  42. 

(3)  Cf.  Le  Canoniste  contemporain,  1897,  p.  247,  et  1900,  pp.  550,  351  et  570;  cf.  aussi 
Coll.  Lac.  l.  c,  col.  591-592,  n.  1  ;  Perione,  De  Matrimonio.,  II,  p.  260;  Mausella,  Decausis 
matrimonialibus,  éd.  1906,  p.  133. 

(4)  Const.  •  Etsi  Pastoralis  »  de  Benoit  XIV,  §  VIII,  n.  1,  26  mai  1742;  cf.  aussi  M.  Boudin- 
hon.  Le  mariage  et  les  fiançailles,  8''  édit.,  p.  112.  Il  ne  serait  pas  inutile  de  noter  ici  que 
le  Synode  des  Coptes,  tenu  au  Caire  (Egypte)  en  1898,  prescrit  que  le  mariage  soit  célé- 
bré en  présence  du  prêtre  et  de  deux  témoins.  Voici  d'ailleurs  les  paroles  du  Synode  : 
«  XVI.  Clandestina  matrimonia,  ea  scilicet  qu*  fiuntabsquepra;sentia  parochi  et  testiam, 
sancta  ecclesia  semper  ut  abominabilia  detestata  est,  quia  in  iiujusmodi  connubiis  et  di- 
gnilas  sacramenti  spernitur,  et  populo  christiano  multa  scandala  objiciuntur.Quapropter 
sanctitati  chrisliani  matrimonii  siniul  et  a>dificationi  fidelium  eflicaciter  providere  volen- 
tes,  decernimus  antiquissimam  consuetudinem  in  nostra  Ecclesia  Alexandrina  vigentem 
esse  servandam.  quae  irrita  vult  matrimonia,  quibus  non  assislit  sacerdos  cum  duobus 
saltem  testibus  »  (sect.  2,  c.  3,  an.  8,  §  5,  cilé  par  Mansella,  op.  cit.,  pp.  136-137,  n.  2). 

(5)  P.  III,  c.  VI,  n.  4  ;  Coll.  Lac,  H,  col.  337. 

(6)  Taqouim  al-Bachir,  pp.  54-61. 


BIBLIOGRAPHIE.  217 

son  intérêt,  ni  son  utilité.  Les  missionnaires  s'en  serviront   comme  d'un 
répertoire  commode  de  textes  et  de  solutions  pratiques. 

O'Brien, 

licencié  en  droit  canon. 


Georg  Graf,  Die  arabischen  Schriften  der  Theodor  Abù-Qwra,  biscliofs 
von  Harran  (ca.740-820),  literarhistorischeUntersuchungen  und  Ueber- 
setzung  (Forschungen  zur  Christlichen  Lit.  und  Dogmengeschichte,  t.X, 
3-4),  8°,  vni-336  pages.  Paderborn,  F.  Schôningh,  1910.  —  12  M. 

Du  même  auteur,  Die  philosophie  und  Gotteslehre  des  lahjâ  iùn'Adi  und 
spdlerer  Autoren.  Skizzen  nach  meist  ungedruckten  Quellen  (Beitrage  zur 
Geschichte  der  Philosophie  des  Mittelalters,  t.  VIII,  n°  7),  8",  80  pages; 
Munster  i.  W.,  Aschendorf,  1910.  —  2  M.  75. 

Nous  avons  déjà  annoncé  l'édition  du  texte  arabe  des  neuf  traités  et  de 
la  lettre  dogmatique  de  Théodore  Abou-Qourra,  t.  X  (1905),  p.  442;  c'est 
la  traduction  de  cette  édition  que  nous  annonçons  aujourd'hui.  Un  traité 
seulement  (le  premier)  avait  été  édité  à  part  par  le  Père  C.  Hacha  avec 
une  introduction  et  une  traduction  française,  cf.  ibid. 

M.  G.  admet  et  confirme  l'identification  de  Théodore  Abou  Qourra  avec 
Théodoricus  Pygla,  cf.  HOC,  t.  XI  (1906),  p.  103-104;  il  montre  aussi  que 
le  texte  arabe  qu'il  traduit  est  l'œuvre  originale  de  Théodore  et  n'est  pas 
une  traduction  du  grec.  Il  étudie  ensuite  la  théologie  de  Théodore  sur  la 
foi,  sur  Dieu  et  la  Trinité,  sur  la  rédemption,  l'Église  et  le  culte  des  ima- 
ges; enfin,  après  quelques  pages  consacrées  aux  écrits  de  Théodore  con- 
servés en  grec  et  à  sa  dispute  devant  Al-Mamoun,  il  traduit  les  dix  pièces 
éditées  par  C.  Hacha  et  une  onzième  sur  le  culte  des  images,  éditée 
auparavant  par  Arendzen. 

Le  premier  traité,  adressé  aux  juifs  et  à  tous' les  hérétiques,  a  pour  but 
de  montrer  que  la  religion  catholique  est  la  véritable,  il  établit  la  pri- 
mauté de  Pierre  et  l'autorité  des  conciles  jusqu'au  septième.  Le  deuxième 
continue  le  même  sujet  et  prouve  la  divinité  de  la  religion  chrétienne 
d'après  les  miracles  des  apôtres  et  la  pureté  de  leur  morale  ;  le  troisième 
est  consacré  à  la  Trinité  ;  le  quatrième  établit  l'existence  de  Dieu  et  du 
Verbe  éternel;  le  cinquième  explique  le  dogme  de  la  Rédemption;  le 
sixième  réfute  les  objections  que  l'on  adresse  à  l'incarnation;  le  septième 
est  sur  la  paternité  divine;  le  huitième  explique,  contre  les  nestoriens  et 
les  jacobites,  dans  quel  sens  il  faut  entendre  que  le  Verbe  éternel  est 
mort  pour  nous  ;  le  neuvième  établit  le  libre  arbitre  de  l'homme.  Le  dixième 
traité,  sous  forme  de  lettre,  est  adressé  à  un  jacobite,  nommé  David,  pour 
lui  faire  adopter  la  doctrine  de  saint  Léon.  L'ouvrage  se  termine  par  un 
index  des  citations  bibliques. 

Grâce  à  M.  Graf,  le  bagage  littéraire  de  Théodore  Abou  Qourra  est  dou- 
blé et  on  peut  avoir  une  idée  plus  juste  de  ce  disciple  de  S.  Jean  Damas- 


218  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

cène  qui  serait  aussi,  dit  le  R.  P.  Bâcha,  un  représentant  de  l'orthodoxie 
au  milieu  des  hérésies  orientales.  La  traduction  allemande  met  l'ouvrage 
à  la  portée  des  occidentaux  et  apporte  un  important  complément  à  la 
Patrologie  grecque  de  Migne. 

Beaucoup  plus  varié  est  le  second  ouvrage,  car  si  Abu  Zakarija  lahjâ 
ibn'Adi,  né  à  Tagrit  vers  893,  mort  le  13  août  975,  en  occupe  la  plus  grande 
partie  (p.  7-47),  M.  Graf  expose  encore  la  vie  et  l'enseignement  de  Abù'l- 
Farag  ibn  at-Tajjib,  auteur  arabe  nestorien,  mort  en  1048  (48-51)  :  Elie  de 
Nisibe,  né  en  975,  mort  en  1049  (51-56);  deux  Ibnal-'Assâl,  auteurs  égyp- 
tiens jacobites  du  xiii^  siècle  (63-70)  ;  Daniel  ibn  al-Kattab  (70-74)  ;  Petrus 
al-Sadmanti  (74-75)  ;  Petrus  ibn  ar-Rahib,  auteur  égyptien  du  xiii«  siècle 
comme  le  précédent  (75-78)  ;  avec  l'histoire  et  le  contenu  du  «  Livre  de  la 
démonstration,  attribué  à  tort  à  saint  Athanase. 

La  plupart  des  ouvrages  philosophiques  ou  théologiques  analysés  ici 
par  M.  G.  sont  encore  inédits,  il  présente  lui-même  son  étude  comme  un 
complément  à  la  Patrologie  orientale  qui  n'a  encore  édité  en  arabe  que 
des  chroniques,  des  ouvrages  de  Sévère  ibn  al  Moqaffa,  et  quatre  mois  du 
synaxaire.  M.  Graf  nous  a  d'ailleurs  proposé  d'éditer  dans  la  Patrologie 
orientale  la  discussion  (non  authentique)  de  Théodore  abou  Qourra  devant 
al-Mamoun  et  les  œuvres  d'Abou  Raïta,  contemporain  de  Théodore;  c'est 
ainsi  que  la  connaissance  des  littératures  chrétiennes  orientales  s'étend 
et  se  vulgarise  de  jour  en  jour  lorsque,  il  y  a  vingt  ans,  on  ne  pouvait 
qu'à  grand'peine,  dans  de  rares  périodiques  et  collections,  éditer  les 
textes  et  les  dissertations  qui  les  concernaient.  M.  l'abbé  Martin,  profes- 
seur à  l'Institut  catholique,  de  Paris  avait  transcrit  un  grand  nombre  de 
manuscrits  intéressants  :  chronique  du  Pseudo-Denys,  histoire  du  couvent 
deBeit-Abé,  Paradis  d'Eden,  et  il  a  dû  céder  ses  copies  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale de  Paris  (fonds  syriaque,  n"^  284-288)  parce  qu'il  ne  trouvait  aucun 
éditeur.  Son  catalogue  des  manuscrits  arméniens  de  Paris  n'a  pas  été 
édité  ;  il  a  dû  recourir  à  la  lithographie  pour  arriver,  en  dépit  du  manque 
d'imprimeur,  à  donner  quelques  éditions  (1). 

Aujourd'hui  le  mouvement  créé  par  Ms""  Graffin  avec  la  Patrologie  sy- 
riaque et  l'invention  de  la  reproduction  directe  des  manuscrits,  et  continué 
par  lui  avec  la  Patrologie  orientale  et  la  Revue  de  l'Orient  chrétien^  va 
en  progressant,  grâce  à  l'émulation  que  montrent  les  auteurs  et  les  so- 
ciétés savantes  ;  aussi  les  littératures  des  peuples  vaincus  et  toujours  op- 
primés :  celles  des  jacobites,  des  nestoriens,  des  coptes,  des  melkites, 
sortent  de  l'oubli  aussi  bien  que  celles  des  abyssin^  et  des  grecs  byzantins. 

Le  jacobite  lahjà  ibn  'Adî  est  l'un  de  ces  actifs  traducteurs  qui  ont  tra- 
duit les   ouvrages  philosophiques   grecs  du   syriaque  en  arabe  (car  la 


(1)  Les  grammaires  de  Bar  Hébraeus,  la  letti-e  de  Jacques  d'Edesse  sur  les  voyelles  syria- 
ques; nous  avons  entre  les  mains  le  commentaire  de  Jacques  Bar  Salibi  sur  les  Évan- 
giles qu'il  avait  commencé  à  lithographier.  Il  avait  transcrit  aussi  un  évangéliaire  liéra- 
cléen  du  Vatican  qui  est  à  l'Institut  catholique  de  Paris  et  composé  un  vocabulaire  sy- 
riaque. 


BIBLIOGRAPHIE.  219 

plupart  du  temps  le  syriaque  a  servi  d'intermédiaire)  :  les  Topiques,  la 
Poétique,  la  Physique,  le  De  mundo,  les  Catégories,  les  Analytiques  d'Aris- 
tote  avec  des  ouvrages  d'Alexandre  d'Aphrodisias  et  de  Platon,  déjà  tra- 
duits en  syriaque,  l'ont  été  du  syriaque  en  arabe  par  lahjâ.  M.  Graf  nous  fait 
connaître  les  théories  de  ce  traducteur  —  qui  a  aussi  été  auteur  —  sur  l'être 
et  les  attributs  divins,  l'unité  de  Dieu,  la  Trinité  et  l'incarnation,  et  son  in- 
fluence sur  les  auteurs  postérieurs.  Semblable  étude,  bien  que  plus  réduite, 
est  consacrée  aux  personnages  que  nous  avons  énumérés  plus  haut.  La  plu- 
part des  sources  utilisées  sont  encore  manuscrites  ;  l'ouvrage  se  termine 
par  des  tables  des  auteurs,  des  titres  des  ouvrages  et  des  termes  arabes. 
Daniel  ibn  al-Kattab  qui  vivait  après  Bar  Hébraeus,  qui  a  écrit  «  les  fon- 
dements de  la  foi,  ou  la  consolation  des  cœurs  des  croyants  »  et  qui  a 
traduit  l'éthique  de  Bar  Hébraeus,  est  peut-être  Rabban  Daniel  de  Mardin, 
dont  nous  avons  édité  l'autobiographie  dans  ROC,  t.  X  (1905),  p.  314. 

Ces  travaux  de  M.  le  D""  Georg  Graf,  curé  à  Obergessertshausen,  ont 
déjà  été  l'objet  d'une  récompense  flatteuse  de  la  part  de  la  Gœrres-Gesell- 
schaft.  Ce  sera,  pour  le  sympathique  auteur,  un  encouragement  à  con- 
tinuer le  défrichement  de  la  littérature  arabe  chrétienne. 

F.  Nau. 

F.  Nau,  Nestorius  d'après  les  Sowxes  orientales,  1  vol.  in-12  (Collection 
Science  et  Religion,  n»  606),  0  fr.  60.  —  Blond  et  C'^,  Paris,  1911. 

Dans  ce  petit  livre,  M.  l'abbé  F.  Nau  publie  le  résultat  des  recherches 
qu'il  a  eu  l'occasion  de  faire  sur  la  personne  de  Nestorius  en  préparant  la 
traduction  du  Livre  d'JIéraclide.  Cet  opuscule  :  Nestorius  d'après  les 
Sources  orientales,  est  d'abord  une  biographie  du  célèbre  hérésiarque 
composée  à  l'aide  des  œuvres  de  Nestorius  lui-même  et  en  particulier  de 
son  Livre  d'Héraclide,  des  Actes  du  Concile  d'Ephèse  et  de  documents  de 
langue  grecque  et  surtout  de  langue  syriaque  dont  la  liste  se  trouve  dans 
l'avant-propos.  Il  est  de  plus  une  courte  histoire  des  événements  très  im- 
portants qui  se  sont  passés  en  Orient  dans  le  second  quart  du  v^  siècle  et 
qui  se  rattachent  étroitement  à  la  condamnation  de  Nes,torius  à  Éphèse 
(431),  tels  que  les  Conciles  de  Constantinople  (448)  et  de  Chalcédoine  i451). 
En  neuf  chapitres,  M.  Nau  nous  présente  la  jeunesse  de  Nestorius,  son 
épiscopiit,  le  premier  Concile  d'Ephèse,  la  campagne  contre  Théodore  de 
Mopsueste,  la  condamnation  d'Eutychès,  les  intrigues  d'Eutychès  et  le 
Conciliabule  d'Ephèse,  le  Concile  de  Chalcédoine,  la  mort  de  Nestorius  et 
les  miracles  qui  lui  ont  été  attribués.  Le  lecteur  reconnaîtra  sans  peine 
qu'il  y  a  grand  mérite  à  ofTrir  en  soixante  pages  (et  pour  soixante  centimes) 
une  matière  aussi  abondante  et  aussi  documentée,  et  il  saura  gré  à  M.  Nau 
de  lui  faire  connaître  l'histoire  de  Nestorius  (1)  au  moment  où  la  publica- 
tion du  Livre  d'Héraclide  va  de  nouveau  faire  parler  de  ce  fameux  évéque 

du  v'=  siècle. 

M.  Brière. 

1.  Ce  petit  volume  est  conçu  au  point  de  vue  historique,  il  est  complété,  au  point  de 
vue  théologique,  par  les  articles  parus  dans  cette  revue,  1910,  p.  365;  1911,  p.  1  et  176. 


220  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN- 

Conrad  von  Orelli,  Allgemeine  Beligionsgeschic/tle,  2^"  Auflage  in  2  Ban- 
den.  —  A.  Marcus  und  E.  Weber's  Verlag,  Bonn,  1911. 

Il  n'est  pas  question  de  donner  un  compte  rendu  de  V Histoire  générale 
des  Religions  de  C.  von  Orelli,  puisque  la  première  livraison  est  seule  parue 
jusqu'à  ce  jour.  Mais  nous  voulons  uniquement  annoncer  aux  lecteurs  de 
la  Revue  l'apparition  de  la  deuxième  édition  de  cet  ouvrage,  paru  en  1899 
pour  la  première  fois. 

La  première  livraison  comprend  une  assez  longue  introduction  qui  fait 
connaître  le  plan  général  du  livre.  Dans  un  premier  volume,  l'auteur  étu- 
diera la  religion  des  Chinois,  des  Japonais  et  des  autres  peuples  mongols, 
puis  la  religion  des  anciens  Égyptiens  et  la  religion  des  Babyloniens  et 
des  Assyriens  à  laquelle  se  rattache  celle  des  Araméens,  des  Chananéens 
et  du  peuple  d'Israël,  et  enfin  la  religion  musulmane.  Dans  un  deuxième 
volume  il  passera  en  revue  les  religions  de  l'Inde,  de  la  Perse,  de  la  Grèce, 
de  Rome  et  des  autres  peuples  occidentaux,  et  ensuite  les  religions  des 
indigènes  de  l'Afrique,  de  l'Amérique  et  de  l'Australie. 

La  première  livraison  contient  déjà  l'exposé  de  la  religion  des  Chinois. 

L'ouvrage,  qui  se  présente  comme  un  précis  de  l'Histoire  des  Religions, 
coûtera  20  marks  et  sera  achevé  à  la  fin  de  1912. 

M.  Briére. 


G.  Diettrich,  Die  Oden  Salomos,  unter  beriicksichtigung  der  Hberlieferten 
Stichengliederung ,  8°,  xxiv-136  pages.  Berlin,  Trowitzsch,  1911.  —  5  M. 

Dans  son  introduction,  l'auteur  cherche  d'abord  si  les  Odes  sont  d'ori- 
gine juive  ou  chrétienne,  il  dit  que  l'attention  qu'il  a  apportée  à  reconsti- 
tuer les  strophes  et  le  parallélisme,  lui  a  permis  de  reconnaître  et  d'écarter 
bien  des  additions  qui  se  dénotent  comme  d'origine  chrétienne,  ce  qui 
reste  est  donc  plutôt  d'origine  juive,  même  les  traces  de  gnose  que  l'on 
rencontre  dans  l'annonce  du  règne  futur  de  «  la  connaissance  >  ou  de 
«  la  vérité  »,  et  dans  les  vertus  et  les  puissances  de  Dieu  personnifiées,  re- 
lèvent plutôt  de  la  gnose  juive  que  de  la  gnose  chrétienne.  Il  place  leur 
composition  au  temps  €  où  les  prophètes  se  sont  tus  »,  entre  Malachie  et 
l'ère  chrétienne. 

M.  D.  fait  précéder  chaque  ode  d'une  introduction  sur  son  objet,  ses  dif- 
ficultés, ses  interpolations,  son  contenu  primitif;  il  traduit  ensuite  l'ode 
divisée  en  versets  de  deux  membres  parallèles,  et  il  ajoute  une  riche  anno- 
tation qui  contient  des  explications,  des  renvois  aux  passages  parallèles  et 
surtout  les  traductions,  explications  et  corrections  des  traducteurs  précé- 
dents lorsqu'ils  s'écartent  de  lui.  Il  imprime  en  italiques  les  passages  qu'il 
regarde  comme  des  additions,  les  additions  d'origine  juive  sont  en  grosse 
italique  et  les  autres  en  petite  italique. 

C'est  donc  un  ouvrage  systématique  qui  en  appellera  d'autres  inspirés 
par  un  autre  système,  car  c'est  en  partie  parce  que  l'auteur  veut  a  priori^ 
avec  M.  Harnack,  trouver  dans  les  Odes  un  écrit  intermédiaire  entre  Mala- 


BIBLIOGRAPHIE.  221 

chie  et  le  christianisme,  qu'il  est  obligé  d'admettre  des  interpolations  pour 
récuser  commodément  les  passages  chrétiens  ;  un  autre  auteur  verra  dans 
les  passages  chrétiens  l'élément  essentiel  des  Odes  et  expliquera  les  pas- 
sages juifs  par  un  plagiat  plus  ou  moins  heureux  de  l'Ancien  Testament. 

M.  D.  n'en  donne  pas  moins  une  traduction  soignée  qui  s'écarte  souvent 
de  celle  de  ses  devanciers  ;  ses  introductions  et  ses  notes  contiennent  aussi 
beaucoup  d'idées  utiles  à  connaître  même  si  on  ne  les  admet  pas  toutes. 

Voir,  sur  les  Odes,  supra,  ROC,  1910,  p.  448-449.  Ajoutons  que  M.  F.  C. 
Conybeare  leur  attribue  une  origine  chrétienne  et  montaniste,  The  Odes  of 
Salomon  montanist  dans  Zeitschrift  fur  die  neutestam.  Wissenschaft,  t.  XII 
(1911),  Giessen,  p.  70-75,  et  que  M.  C.  Clemen  n'est  pas  loin  non  plus  de 
leur  attribuer,  avec  Zalm  [Neue  kirchliche  Zeitschrift,  Leipzig,  t.  XXI,  1910), 
une  origine  chrétienne,  Die  neuenldeckten  Oden  Salomos,  dans  Theolog. 
Rundschau,  t.  XIV  (1911),  Tubinguë,  p.  I-I9.  Pour  M.  Preuschen,  c'est  une 
partie  du  psautier  de  Valentin. 

F.  Nau. 


Joseph  Linder,  S.  J.,  Die  Heilige  Schrift  fïir  das  Volk  erklàrt  (Geschichte 
des  Allen  Rundes).  Deux  premières  livraisons,  354  pages.  Klagenfurt, 
1910-191 1 .  St-Josef-Vereinsbuchdruckerei. 

Si  l'on  se  place  au  point  de  vue  apologétique,  la  lecture  de  la  Bible  paraît, 
à  première  vue,  soulever  des  difficultés.  Pour  avoir  la  solution  de  ces  dif- 
ficultés, il  faut  posséder  des  connaissances  étendues,  car  les  problèmes 
soulevés  sont  à  la  fois  nombreux  et  complexes,  et  se  rapportent  à  des 
sciences  essentiellement  dilîérentes  l'une  de  l'autre  par  leur  objet  et  par 
leur  méthode.  II  importe  donc  non  seulement  de  faciliter  la  lecture  de  la 
Bible,  en  écartant  tout  appareil  d'érudition,  capable  de  rebuter  le  lecteur, 
mais  encore  de  montrer  que  la  science  et  la  foi  ne  peuvent  pas  entrer  en 
conflit,  puisqu'elles  se  meuvent  dans  deux  plans  parallèles,  et  d'établir  qu'au 
contraire  elles  s'éclairent  réciproquement,  en  étant  deux  rayons  distincts, 
qui  émanent  d'un  même  foyer,  Dieu,  auteur  des  vérités  naturelles  et  auteur 
des  vérités  surnaturelles.  Le  P.  J.  Linder  a  fait  avec  succès  cette  démons- 
tration, en  composant  son  ouvrage  :  Die  Heilige  Schrift  fiir  das  Volk 
erklàrt. 

Exposer  les  faits  avec  clarté,  précision,  dans  un  langage  simple;  les  situer 
dans  le  milieu  ambiant;  en  déterminer  les  causes,  les  circonstances,  les 
conséquences  ;  réfuter,  en  passant,  les  objections  courantes,  sans  alourdir 
le  discours  par  l'opposition  continuelle  dune  défense  à  une  attaque;  don- 
ner une  exégèse  sobre  des  passages  difficiles  et  des  expressions  propres  aux 
Orientaux;  édifier  une  apologie  solide,  en  mettant  en  relief  les  arguments 
qui  établissent  la  transcendance  des  saints  Livres;  montrer  la  lumière 
nouvelle  que  projettent  sur  la  Bible  les  récentes  découvertes,  faites  en 
Assyrie,  en  Egypte,  en  Palestine,  c'est  bien  faire  œuvre  excellente  de  vul- 
garisateur. 


222  REVUE   DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Toutes  les  questions  qui  intéressent  la  Bible  sont  traitées  avec  brièveté, 
netteté  et  simplicité.  Voici  quelques  exemples.  Questions  théologiques  :  les 
rapports  entre  la  Bible  et  la  science  ainsi  que  les  notions  sur  l'inspiration 
et  le  péché  originel  sont  précisés;  questions  exégétiques  :  l'œuvre  des  six 
jours  donne  lieu  à  l'exposition  des  divers  systèmes  d'interprétation  :  con- 
cordisme,  théories,  idéalistes,  etc.;  questions  philologiques  :  à  propos  de  la 
création  et  du  déluge,  le  récit  de  la  Genèse  est  comparé  au  récit  babylo- 
nien ;  questions  scientifiques  :  les  origines  cosmologiques,  biologiques  et 
anthropologiques  prêtent  à  des  considérations  apologétiques;  questions  his- 
toriques :  les  caractères  principaux  des  religions  des  peuples  voisins  des 
Hébreux  sont  succinctement  esquissés;  voir  les  articles  :  die  religiôse  Welt- 
lage  zur  Zeit  des  Patriarchen  Abraham;  die  Golter  der  Babylonier  und 
Assyrier;  die  Gôtter  der  Agypter;  der  Gotzendienst  der  Kanaanàer;  ques- 
tions géographiques  :  une  place  importante  est  réservée  à  la  description 
des  pays  bibliques  et  des  particularités  géographiques  ;  voir  notamment  les 
articles  :  Beschreibung  des  Landes;  dus  Jordantal;  das  Ostjordanland;  das 
W  estjordanland . 

Cette  courte  énumération  montre  que  le  P.  Linder  a  atteint  heureuse- 
ment le  but  poursuivi,  et  que  son  œuvre  de  vulgarisation  doit  être  comptée 
comme  l'une  des  meilleures. 

Sylvain  Grébaut. 


Courtes  notices. 

I.  —  I.  GuiDi,  Vocabolario  Amarico-italiano,  Roma,  1901,  4°,  xvi  pages, 
918  colonnes.  —  45  L. 

L'amharique  a  supplanté,  en  Ethiopie,  la  langue  gheez,  comme  le  fran- 
çais a  supplanté  chez  nous  le  latin  ;  si  le  gheez  est  la  langue  des  manus- 
crits et  la  langue  liturgique,  l'amharique,  qui  mélange  au  gheez  de  nom- 
breux éléments  africains,  est  maintenant  la  seule  langue  usuelle  à  la  cour 
d'Ethiopie.  Un  missionnaire,  le  Père  Juste  d'Urbain,  en  avait  rédigé  un 
dictionnaire,  dont  les  premières  lettres  se  trouvent  transcrites  dans  le 
ms.  d'Abbadie  n.  217.  Ce  dictionnaire  ne  semble  pas  avoir  été  édité. 
M.  Antoine  d'Abbadie  l'a  "utilisé,  avec  les  mots  qu'il  avait  recueillis  dans 
ses  lectures  et  durant  son  long  séjour  en  Abyssinie,  pour  rédiger  le  Die 
tionnaire  de  la  langue  amarinna,  Paris,  1881  (Actes  de  la  Société  philolo- 
gique, t.  X).  . 

M.  Guidi  s'est  proposé  de  corriger  et  de  compléter  le  dictionnaire  de 
M.  A.  d'Abbadie.  En  sus  de  ses  lectures  et  de  son  expérience  personnelle, 
il  a  utilisé  le  concours  du  dabtara  Kefla  Giorgis,  savant  abyssin  avec  qui  il 
a  revu,  corrigé  et  complété  toute  l'œuvre  de  son  prédécesseur.  Les  mot 
de  celle-ci  qui  étaient  inconnus  de  Kefla  Giorgis  ont  été  conservés,  mais 
mis  entre  crochets. 


BIBLIOGRAPHIE.  223 

II.  —  Peter  Thomsen,  Die  Palàstina-Literatur,  t.  II  :  Littérature  des 
années  1905-1909,  8°,  xx-316  pages.  Leipzig,  Hinricli,  1911. 

C'est  une  indication  de  tous  les  ouvrages  consacrés  à  la  Palestine  avec 
un  dépouillement  méthodique  des  articles  de  deux  à  trois  cents  périodi- 
ques pour  ("lasser  ensuite  tous  ceux  qui  sont  relatifs  à  la  terre  sainte.  Les 
principaux  chefs  de  classement  sont  :  I.  Généralités  ;  II.  Histoire;  III.  Géo- 
graphie historique  et  topographie;  IV.  Archéologie;  V.  Géographie; 
VI.  La  Palestine  contemporaine.  Suivent,  une  table  des  noms  des  auteurs, 
des  personnes,  des  choses  et  des  lieux  et  un  index  des  manuscrits  et  des 
bibliothèques  cités.  Le  présent  volume  contient  3755  numéros,  contre 
2915  que  contenait  le  précédent.  Les  titres  sont  donnés  dans  leur  langue 
en  hébreu,  en  grec,  en  russe,  mais  ces  derniers  sont  ensuite  traduits  en 
allemand.  Les  collections  sont  analysées,  bien  des  ouvrages  sont  carac- 
térisés en  quelques  lignes  et  les  principales  recensions  qui  en  ont  été  faites 
sont  indiquées.  M.  Thomson,  qui  est  aidé  d'ailleurs  de  six  collaborateurs, 
se  propose  de  donner  un  troisième  volume  vers  1915. 

III.  —  M.  Chaîne,  Un  monastère  éthiopien  à  Rome  au  XV'^  et  au  XVI^  siècle  : 
San  Stefano  dei  Mari. 

IV.  —  Noël  Giron,  A'otes  èpigraphiques  (Damas,  Alep,  Orfa).  Extraits 
des  Mélanges  de  la  Faculté  orientale  de  Beyrouth,  t.  V,  pp.  1-36  et  71-78. 

Des  moines  éthiopiens  sont  venus  de  Jérusalem,  où  ils  avaient  un  cou- 
vent, pour  assister  au  concile  de  Florence  (sept.  1441);  c'est  vers  1481 
qu'ils  eurent  un  monastère  à  Rome,  le  pape  y  assurait  leur  subsistance, 
leur  nombre  ne  dépassa  jamais  seize.  En  1537,  il  y  vint  trois  moines  de 
Debra  Libanos  dans  le  Choa  et,  en  1635,  il  n'en  restait  plus  aucun,  mais 
leur  couvent  a  continué  à  servir  de  pied  à  terre  aux  Abyssins  qui  venaient 
à  Rome.  Le  Père  Chaine  reproduit  et  traduit  leur  règle,  quelques  inscrip- 
tions funéraires  et  une  pièce  en  l'honneur  de  Peiresc. 

Signalons  au  P.  Chaine  le  ms.  de  Londres,  Harl.  5512.  qui  contient  une 
transcription  du  missel  latin  en  caractères  syriaques  et  quelques  pièces 
syriaques.  Ce  ms.  a  été  écrit  l'an  1549,  par  le  célèbre  Moïse  de  Mardin,  le 
premier  éditeur  de  la  Peschitto,  pour  l'évêque  abyssin  Sahyùn  ibn  Levi  (Tafsa 
Selon?)  «  dans  le  couvent  des  Abyssins  dédié  à  S.  Etienne  à  Rome  »;  cf. 
catalogue  Wright,  p.  215. 

M.  Giron  reproduit  et  commente  une  inscription  de  Damas  relative  au 
droit  d'asile  ecclésiastique  et  deux  sceaux  hébraïques. 

\.  —  M*"'  NiccoLO  Marim,  Le  Macchie  apparenti  nel  grande  Luminare 
délia  chiesa  ;/reca  S.  Giovanni  Clirisostomo,  8^,  70  pages.  Rome,  1910. 

L'auteur  relève  les  taches  apparentes  que  les  hérétiques  et  les  hyper- 
critiques  ont  signalées  dans  les  oeuvres  de  S.  Jean  Chrysostome.  11  les 
classe  en  cinq  groupes  :  h'  sur  le  dogme  du  péché  originel;  2"  sur  le 
dogme  de  lincarnation;  3°  sur  la  très  sainte  Eucharistie;  4^'  sur  toutes  les 


224  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

prérogatives  ineffables  de  la  bienheureuse  Vierge  Marie;  5°  sur  le  men- 
songe, et  montre  qu'on  a  mal  interprété  quelques  passages  du  saint  docteur 
dont  la  doctrine  est  fort  orthodoxe. 

VI.  —  L'Oriens  ChristianUs,  le  frère  cadet  de  la  Revue  de  l'Orient 
chrétien  (cf.  ROC,  t.  VI  [I90I],  p.  481-483),  vient  d'être  favorisé  d'une 
subvention  de  la  Gœrres-Gesellschaft  qui  lui  permet  de  reprendre  une 
existence  régulière.  11  va  retrouver  son  ancien  directeur,  le  D""  Anton 
Baumstark,  dont  l'activité  semble  ne  pas  connaître  de  bornes.  L'Oriens 
Christianus  paraîtra  deux  fois  par  an,  Leipzig,  Harrassowitz.  —  20  M. 

VII.  —  M.  Paul  Rubens  Duval  est  mort  le  10  mai  191 1,  dans  sa  72^  année. 
11  a  été,  avec  M.  l'abbé  Paulin  Martin,  le  rénovateur  des  études  syriaques 
en  France.  Citons  sa  grammaire  syriaque,  son  histoire  d'Édesse,  sa  littéra- 
ture syriaque,  son  édition  du  dictionnaire  de  Bar  Bahlul,  son  édition  de 
huit  homélies  de  Sévère  dans  la  Patrologie  Orientale  (t.  IV,  fasc.  1),  etc. 


Le  Directeur-Gérant 

F.    Ch ARM ETANT. 


LITTERATURE  ETHIOPIENNE 
PSEUDO-CLÉMENTINE 

III.    —   TRADUCTION    DU    QALÈMENTUS 

{Suite)  (1) 


CHAPITRE  VIII 

Mort  d'Adam. 

I.  Les  honneurs  rendus  à  Adam  après  sa  mort.  —  2.  La  mort  d'Adam, 
symbole  de  la  mort  de  Jésus-Christ. 

1.  Les  honneurs  rendus  a  Adam  après  sa  mort.  —  {V.  13  v°  b,  suiie) 
Ensuite,  vinrent  les  enfants  (F.  14  r"  a)  àWdam,  ainsi  que  les  enfants  des 
enfants  dMrfrtm,  hommes  et  femmes;  ils  se  réunirent  auprès  de  lui.  II 
pria  sur  eux,  (les)  bénit,  intercéda  pour  eux,  et  demanda  qu'ils  obtinssent 
le  salut  (2)  et  la  paix.  Adam  mourut  à  950  ans.  Toutes  les  armées  des 
anges  se  réunirent  pour  son  ensevelissement,  à  cause  de  la  grandeur 
û^Adam  devant  le  Seigneur.  Son  lils  Selh  l'ensevelit,  et  le  déposa  dans 
un  cercueil,  à  l'orient  du  paradis,  (là'  oîi  {Adam)  demeura  jadis,  lorscjuc 
le  Seigneur  l'eut  fait  sortir  du  paradis.  Lorsque  Adam  mourut,  le  soleil  et 
la  lune  s'obscurcirent  d'une  grande  obscurité,  (F.  14  r"  b)  pendant  sept 
jours  et  sept  nuits. 

2.  La  MORT  d'Adam,  symbole  de  la  mort  de  Jésus-Christ.  — Ensuite, 
(Selh)  prit  le  Livre  du  Commandement,  et  le  déposa  dans  la  Caverne  des 
Trésors,  avec  Toffrande  (\\x\\dam  avait  emportée  avec  lui  du  paradis, 
c'est-à-dire  l'or,  la  myrrhe  et  l'encens.  Voici  ce  qu'.4rfam  exposa  à  son 
fils  Seth.  II  lui  dit  ;  Voici  que  cette  (offrande)  retournera  aux  trois  Rois- 
Mages;  ils  l'apporteront  (comme)  présent  au  Sauveur  du  monde,  qui  naî- 
tra dans  la  ville  appelée  Bethléem  de  Jiida.  La  mort  d'Adam,  (c'est-à-dire) 
l'époque  (de  son  départ)  de  ce  monde,  eut  lieu  le  sixième  jour,  le  ven- 
dredi, le  14  Miyâzyà,  au  commencement  de  la  nuit  (3).  (F.  14  v"  a)  C'est 

(1)  Cf.  HOC,  1911,  p.  72  sqq.;  p.  1()7  sqq. 

(2)  fi'^y. 

(3)  Te.xte  :  Au'C*  •  AA^- 

ORIENT    CUnÉTiEN.  t'> 


226  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

on  ce  même  jour  que  Nolre-Seigneûr  Jésus-Christ  remit  son  âme  dans  la 
main  de  son  Père.  Le  deuil  fut  porté  par  les  enfants  d'/lrfom  (1)  et  les 
enfants  de  ses  enfants,  pendant  quarante  jours  et  quarante  nuits. 

CHAPITRE  IX 

Seth. 

1.  Les  gens  do  Caïu  so  sépai-ent  des  gens  de  Seth.  —  2.  Origine  du  Livre  du 
ConiiiiaïKiement.  —  3.  Seth  et  son  peuple.  —  4.  Mort  de  Seth. 

1.  Les  gens  uf.  Caïn  se  sép.arent  des  gens  de  Seth.  —  Les  gens  de  la 
famille  de  Caïn  se  séparèrent  de  (ceux  de)  la  famille  de  Seth,  après  la 
mort  lïAdam.  Alors,  Selh  prit  ses  enfants,  les  enfants  de  ses  enfants  et 
leurs  femmes,  et  les  fit  monter  à  la  montagne  sainte,  où  Adam  avait  été 
inhumé.  Mais  Caïn.  ses  enfants  et  les  enfants  de  ses  enfants  demeurè- 
rent au  bas  de  la  montagne,  où  il  avait  tué  AheJ.  Seth  gouverna  son  peu- 
ple dans  la  justice,  (F.  14  v"  b)  dans  la  pureté  et  dans  la  sainteté. 

2.  Op.iGiNE  DU  Livre  du  Cgmmandeme.nt.  —  Je  tiens  cet  exposé,  ô  mon 
tils  Clément,  ainsi  que  l'histoire  d'.4rfam  et  ses  commandements,  de  la 
part  des  Mages,  qui  sont  venus  vers  Notre-Dame  Marie,  à  l'époque  de  la 
naissance  de  Xntre-Seigncur  et  Notre-Sauveur  Jésus-Christ.  En  effet, 
nous  avons  trouvé  avec  eux  le  Livre  du  Commandement.  De  plus,  écris 
dans  (ce  livre)  ce  que  je  te  révélerai  plus  tard  {2).  Voici,  (en  effet),  que  je 
t'enseignerai  tous  les  mystères  que  je  connais. 

3.  Seth  et  son  i>eupi.e.  —  (Le  nom)  du  fils  à' Adam,  qui  a  été  appelé 
Seth,  signifie  ;  Nous  l'avons  aajuis  par  le  Seigneur,  tn  effet,  Adam  et  h've 
demeurèrent  dans  la  justice,  dans  (F.  15  r°  a)  la  pureté  et  dans  la  sainteté. 
Cest  pourquoi  le  Seigneur  leur  accorda  ce  nom  glorieux ,  qui  est  le  plus 
grand  de  tous  les  noms. 

Selh  et  son  peui)lc  demeurèrent  au-dessous  du  paradis,  au  haut  de  la 
montagne  sainte.  (Ils  s'occupaient)  à  glorifier,  remercier,  bénir  le  Sei- 
gneur et  à  lui  dire  :  Saint,  Saint,  Saint.  Étant  dans  le  salut  et  la  paix, 
ils  ne  pensaient  en  rien  aux  affaires  de  ce  monde  (3).  Ils  n'avaient  point 
d'autre  .euvi-o  que  la  glorification  (du  Seigneur)  et  la  psalmodie,  dans  le 
paradis. 

La  nourriture  tlout  ils  se  nourrissaient  (se  composait)  des  fruits  des 
arbres  qui  se  trouvaient  au  haut  de  la  montagne  sainte.  En  effet,  les 
fruits  de  ces  arbres  étaient  (F.  1.')  r"  b)  extrêmement  délicieux.  (Par)  leur 
odeur  et  leur  parfum,  c'étaient  les  meilleurs  (fruits)  du  paradis.  Ils  tou- 
chiiient  à  ces  arbres,  et  goûtaient  leurs  fruits. 

Le  peuple  demeurait  dans  la  justice  et  dans  la  vertu.  11  n'y  avait  pas  en 
<ni.\  diniinitiè.  (ie  jalousie,  do  calomnie,  d'orgueil;  ils  ne  pensaient  pas  au 

(1)  Mol  à  mot  :  Icdcidl  ilcmeura  sur  les  enfaïUs  d'Adam. 

Cl)  'Vnw   :  \]-h1\r"f  ••  AV)  :  mh)^  I  ,e>,u.  ce  que  Je  le  recèlerai,  tnais  non  pas 

nuiiiiIctKVil. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE    PSEUDO-CLÉMENTINE.  ^'i? 

blasphème  (1);  ils  ne  pensaient  pas  au  mensonge;  jamais  ils  ne  juraient 
(en  vain)  ;  lorsqu'ils  voulaient  jurer,  ils  n'avaient  pas  d'autre  serment  que 
par  le  sang  à'Abel  le  Juste.  La  coutume  de  ce  peuple  était  de  monter  au 
haut  de  la  montagne  sainte,  petits  et  grands,  hommes  et  femmes,  tous  les 
joars,  afin  d'être  bénis  par  le  corps  de  leur  père  Adam.  (F.  15  v»  a)  Là  ils 
élevaient  leurs  yeux  au  paradis  ;  ils  se  prosternaient  devant  le  Seigneur  ; 
ils  le  glorifiaient,  et  lui  disaient  :  Saint,  Saint,  Saint.  Puis  ils  retournaient 
dans  leurs  demeures. 

4.  Mort  de  Seth.  —  Seth  le  Juste,  fils  et  enfant  d'Adam,  vécut  911  ans. 
Alors,  il  tomba  malade,  (et  fut  sur  le  point  de)  mourir.  Hênos,  Qàynân, 
Malàl'él,  ïârêd  (2),  Hénoch  (3),  leurs  femmes,  leurs  fils  et  leurs  filles  se 
réunirent  auprès  de  lui.  Selli  pria  sur  eux,  les  bénit,  demanda,  et  intercéda 
pour  eux.  Il  leur  dit  :  Par  le  sang  d'Abel  le  Juste,  qu'aucun  d'entre  vous  (4) 
ne  descende  de  (F.  15  v°  b)  la  montagne  sainte,  et  ne  s'unisse  avec  les 
enfants  de  Caïn  l'Homicide,  car  vous  connaissez  l'inimitié  qui  existe 
entre  nous  et  eux  (5),  depuis  qu'a  été  tué  Abel  le  Juste.  Alors,  son  fils 
Hênos  s'approcha  de  lui.  {Seth)  le  bénit,  et  lui  dit  :  0  mon  fils,  gouverne 
ton  peuple  dans  la  justice.  Lorsque  je  serai  mort,  rends  un  culte  (6)  au 
Seigneur,  et  (rends  un  culte)  devant  le  corps  de  notre  père  Adam  le 
Saint.  Il  lui  fit  jurer,  par  le  sang  d'Abel  le  Juste,  qu'il  agirait  avec  bonté 
envers  son  peuple,  qu'il  le  gouvernerait  '7)  dans  la  justice  et  dans  la 
pureté,  et  qu'il  ne  cesserait  pas  le  culte  devant  le  corps  d'Adam.  Seth 
mourut.  (F.  16  r«  a;  Sa  mort  eut  lieu  le  10  Tàhchâch.  Son  fils  Hênos 
l'ensevelit  dans  de  la  myrrhe  et  de  l'aloès,  et  le  déposa  dans  la  Caverne 
des  Trésors,  avec  le  corps  de  notre  père  Adam.  Les  lamentations,  les 
pleurs  et  le  deuil  de  son  peuple  durèrent  pendant  quarante  jours. 

CHAPITRE  X 

Hênos,  Qâynân  et  Malârêl. 

1.  Lamech  tue  accidenteUement  Caïn  et  son  propre  fils.  —  2.  Mort  do  Hènos. 
3.  Qàynàn.  —  4.  Malàrêl. 

L  Lamech  tue  accidentellement  Caïn  et  son  propre  fils.  —  Après 
la  mort  de  Seth,  Hênos  gouverna  son  peuple  dans  la  justice  et  dans  la 
droiture;  il  fit  envers  (son  peuple)  tout  ce  que  lui  avait  ordonné  son  père. 
Lorsque  Hênos  eut    atteint    l'âge  de  820  ans,  Lamech  (8)  l'Aveugle  tua 

(1)  Kfi-^AV.  :  f:CéLt. 

C^)  ^AJt. 

(3)  l'TM. 

(4)  Texte  :  îiîP'iiftn»*  d'entre  eux. 

(5)  Texte  :  '^'hWti.Ma^  entre  vous. 

(6)  t+y^. 

(7)  Texte  :  jac^f-tf»*  le  paîtrait. 

(8)  f{'^\i. 


•228  nRVUE  DR  l'orient  chrétien. 

Cah).  Il  le  tua  dans  des  arbres,  à  l'endroit  que  l'on  appelle  Nor-Erqnr  (l). 
En  effet,  Lomerh,  en  allant  dans  la  campagne,  entendit  le  bruit  (F.  16 
r"  b)  d'une  voix,  au  milieu  des  arbres;  il  ne  savait  pas  que  c'était  Caïn, 
mais  il  lui  semblait  que  c'était  le  cri  d'une  bête.  Alors,  il  prit  une  pierre, 
et  la  lani-a  du  cùté  (d'où  venait;  le  bruit,  (vers)  ce  qui  remuait  au  milieu 
des  arbres.  C'est  alors  que  (la  pierre)  atteignit  accidentellement  Caïn 
entre  les  yeux,  et  le  tua.  Son  tils,  qui  le  conduisait,  dit  à  Lamec/i  :  Voici 
que  tu  as  tué  notre  père  C(un.  Lamech  battit  des  mains,  à  cause  de  sa 
tristesse  au  sujet  de  Cain;  dans  son  battement  de  mains,  il  atteignit  son 
tils,  et  le  tua. 

2.  Mort  de  Hè.nos.  —  Lorsque  Hênos  eut  atteint  l'âge  de  905  ans,  il  fut 
alors  sur  le  point  de  mourir.  Tous  les  Pères  se  réunirent  auprès  de  lui. 
Avec  eux  (se  trouvaient)  Yàrêd,  Hénoch,  (F.  16  v»  a)  Mâtousûlà  (2), 
(Jàymhi,  {ils  de  I/énos  (3),  MaUirêl,  leurs  femmes,  leurs  tils  et  leurs  filles. 
H  pria  sur  eux,  les  bénit,  demanda  et  intercéda  pour  eux.  Il  (leur)  fit 
jurer  par  le  sang  A'Abel  Je  Juste  qu'ils  ne  s'uniraient  pas  avec  les 
enfants  de  Caïn  VHomÂcide.  Il  leur  dit  :  Souvenez-vous  de  l'inimitié  qui 
existe  entre  nous  et  eux.  Qâynân  s'approcha  de  son  père  Hênos.  (Celui- 
ci)  le  bénit,  et  lui  dit  :  0  mon  fils,  gouverne  (4)  ton  peuple  et  ta  race,  et 
garde-les,  comme  moi-même  je  les  ai  gardés;  rends  justice  sur  eux  avec 
droiture  ;  ordonne  à  ton  fils  (F.  16  v^'  b)  MalôVêl  de  gouverner  son  peuple 
dans  la  justice  et  dans  la  droiture,  et  de  ne  pas  cesser  le  culte  devant  le 
corps  de  notre  père  Adam,  tous  les  jours  de  sa  vie.  Hênos  mourut  le 
samedi  (5),  le  7  du  mois  de  Teqemt,  alors  que  Mâtousâlâ  était  âgé  de 
cinquante-trois  ans.  Son  fils  Qâynân  ensevelit  Hênos,  et  le  déposa  dans 
la  Caverne  des  Trésors.  On  se  lamenta  sur  Hênos  pendant  quarante 
jours. 

3.  Qaynan.  —  Ensuite,  Qâynân  gouverna  son  peuple  dans  la  justice  et 
dans  la  droiture.  Il  garda  tous  les  commandements  de  son  père.  Il  vécut 
920  ans.  Lorsque  l'époque  (de  sa  mort)  fut  arrivée,  il  bénit  ses  fils  et  ses 
filles.  Il  mourut  (F.  17  r'^  a)  le  mercredi,  le..-:  (6)  du  mois  de  Sanê.  Son 
fils  Malâl'êl  l'ensevelit,  et  le  déposa  dans  la  Caverne  des  Trésors.  On  se 
lamenta  sur  lui  pendant  quarante  jours. 

4.  Malal'èl.  —  Ensuite,  MalâVêl  gouverna  son  peuple  dans  la  justice 
et  dans  la  droiture.  Il  garda  tous  les  commandements  de  son  père.  11 
vécut  (de  longues  années).  Après  (7)  qu'il  eut  gouverné  son  peuple  dans 
la  justice  et  dans  la  droiture,  pendant  895-  ans,  et  lorsque  fut  arrivée 
l'époque  de  son  départ  de  ce  monde,   Malâl'êl  ordonna  à  ses  enfants 

(1)  î"n  !  "hc:)i:. 

(2)  '^■l:fl'\ 

(3)  Toxle  :  atAR  ••  '"ll:ft'\  A/"  lU'  Mdluosnlâ. 
(1)  Texte  :  <'."/V"<"»"  pdis. 

(r»  ii+.s"7."i-  !  ftTrn^-. 

(li)  L.i  place  pour  la.  date  est  iaisM'e  on  hlanr  dan^  le  mami'jcrit. 
(?)  Texte  :  'hT'.e:'^/.,lh  rnmiile. 


LITTliUATURE    ''^TinOPIEXNK    l'SEUDO-CLÉMENTINE.  "i'^O 

comme  avaient  ordonné  ses  pères,  qui  étaient  avant  lui.  Il  mourut  le 
dimanche,  le...  (1)  de  Miyàzyâ.  Son  fils  Yârêd  l'ensevelit,  et  (F.  17  r"  b) 
le  déposa  dans  la  Caverne  des  Trésors,  avec  ses  Pères. 

CHAPITRE  XI 

Union  des  enfants  de  Seth  avec  les  enfants  de  Caïn. 

1.  Les  enfants  de  Seth  sont  séduits  par  les  enfants  de  Gain.  —  2.  Débauclie  dos 
enfants  de  Caïn  et  dos  enfants  de  Seth. 

1.  Les  enfants  de  Seth  sont  séduits  par  les  enfants  de  Caïn.  — 
Lorsque  Yârêd  fut  âgé  de  500  ans,  des  hommes  d'entre  les  enfants  de 
Selh  se  révoltèrent,  transgressèrent  les  commandements  de  leurs  pères, 
et  abandonnèrent  derrière  eux  le  serment.  Ils  se  mirent  à  descendre 
chacun  de  la  montagne  sainte,  et  ils  s'unirent  avec  les  enfants  de 
Caïn.  Satan  avait  trouvé  moyen  de  (les  pervertir)  par  les  enfants  de 
Lantech  r Aveugle.  En  effet,  à  Lamech  étaient  nés  deux  enfants  :  l'un 
s'appelait  Tiyowofil  (2),  et  l'autre  s'appelait  Bâliqen  (3).  Ils  fabriquaient 
des  cordes,  des  cithares,  des  lyres,  des  flûtes,  des  tambourins  et  toutes 
sortes  d'instruments  de  musique.  Lorsque  les  enfants  de  Seth,  que  (F.  17 
v°  a)  Satan  avait  séduits,  entendirent  les  sons  de  ces  instruments  de 
musique  et  leur  harmonie  délicieuse,  ils  descendirent  de  la  montagne 
sainte,  et  ils  s'unirent  avec  les  enfants  pervers  de  Caïn,  qui  persévé- 
raient dans  toutes  sortes  d'œuvres  mauvaises,  et  s'adonnaient  au  plaisir, 
au  manger,  au  boire  et  à  la  luxure.  Quant  aux  femmes,  elles  cou- 
raient (4)  après  les  jeunes  gens;  les  jeunes  gens,  de  leur  côté,  couraient 
après  les  femmes.  (Celles-ci)  étaient  entièrement  nues  sur  les  places 
publiques,  afin  (d'éviter  aux  jeunes  gens)  de  parcourir  les  campagnes. 

2.  DÉBAUCHE  des  ENFANTS  DE  CaÏN  ET  DES  ENFANTS  DE  SeTH.  —  Satan 

séduisit  (donc)  les  enfants  de  Seth,  et  les  unit  avec  les  enfants  de  Caïn,  par 
les  sons  des  instruments  de  musique,  de  la  lyre  (5)  et  de  la  cithare,  qu'ils 
entendaient  auprès  d'eux.  Ils  descendirent  de  (F.  17  v  b)  la  montagne 
sainte  dans  la  terre  maudite,  et  partirent  des  lieux  voisins  du  Seigneur  et 
de  ses  anges  vers  les  lieux  voisins  des  démons.  Ils  choisirent  la  mort  de 
préférence  à  la  vie.  Ils  rejetèrent  le  nom  glorieux,  que  le  Seigneur  leur 
avait  accordé.  En  effet,  le  Seigneur  Très-Haut  —  que  son  nom  soit  béni! 
—  les  avait  appelés  (ses)  enfants,  comme  dit  le  prophète  David  :  Pour 
moi,  Je  dis  que  vous  êtes  tou<(  des  dieux  et  les  enfants  du  Très-Haut  (6).  (Il 
les  avait  appelés  ainsi),  parce  qu'ils  avaient  persévéré  jadis  dans  l'ac- 
complissement de  ses  commandements.  Mais,  lorsqu'ils  eurent  péché,  il 

(1)  La  place  pour  la  date  est  laissée  en  blanc  dans  le  manuscrit. 

(2)  •fcfJP.tA. 

(3)  OA.^'V. 

(4)  Texte  :  fi'hf  elles  fuyaient. 

(5)  «TÏA,*. 

(6)  Ps.  Lxxxi,  6. 


230  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

dit  à  leur  sujet  :  Poxir  vous,  vous  mourrez  comme  des  hommes,  et  i^ous 
tomberez  comme  Vun  des  princes  (1).  En  effet,  (les  fils  de  Seth)  avaient 
péché,  (eux  dont)  (F.  18  r°  a)  le  corps  s'était  souillé  avec  les  filles  de 
Caïn.  Ils  moururent  dans  leur  péché.  En  effet,  ils  avaient  accompli  beau- 
coup de  désirs  mauvais;  ils  avaient  continué  à  coucher  homme  avec 
femme,  en  présence  du  prochain,  à  aller  à  deux  hommes  et  à  trois  vers 
une  même  femme,  et  à  coucher  avec  elle  sans  honte.  Ils  souillèrent  toute 
la  terre.  Ils  s'unirent  à  toutes  les  créatures.  Personne  ne  connaissait  ses 
propres  enfants  d'avec  les  enfants  d"un  autre.  Satan  les  avait  extrême- 
ment asservis,  alors  qu'ils  se  réjouissaient,  et  s'égayaient  dans  le  plaisir 
et  dans  la  malice  de  leurs  actions.  Le  bruit  de  leurs  rires  et  du  heimis- 
sement  de  (leurs)  chevaux  s'entendait.  De  plus,  le  bruit  de  leurs  cla- 
meurs s'entendait  (F.  18  r"  b)  sur  la  montagne  sainte. 

CHAPITRE  XII 

Yârêd  et  Hénoch. 

1.  Yâréd  et  Hénoch  réprimandent  les  enfants  de  Seth.  —  2.  Les  pierres  de  feu. 
.3.  Mort  de  Yàrèd.  — 4.  Hénoch  est  enlevé  au  ciel. 

1.  Yared  et  Hénoch  réprimandent  les  enfants  de  Seth.  —  Ensuite, 
cent  hommes  vaillants  et  forts  d'entre  les  enfants  de  Seth  se  réunirent,  et 
voulurent  descendre  de  la  montagne  sainte.  Lorsque  Yârêd  eut  appris 
(leur  résolution),  il  s'attrista  extrêmement  à  leur  sujet:  il  envoya  (des 
messagers)  vers  eux.  (Les  fils  de  Seth)  vinrent,  et  se  tinrent  devant  lui. 
Il  leur  dit  :  Ne  faites  pas  aii)si.  Il  les  reprit,  et  leur  fit  jurer  par  le  sang 
d'Abel  le  Juste  qu'ils  ne  descendraient  pas  de  la  montagne  sainte.  De 
plus,  il  leur  dit  :  Souvenez-vous  du  serment  que  vous  ont  fait  jurer  vos 
anciens  Pères.  Hénoch  le  Juste  vint,  s'entretint  avec  eux,  et  leur  dit  : 
Sachez  donc,  ô  fils  de  Seth,  que  celui  d'entre. vous  qui  aura  abandonné 
(F.  18  V  a)  les  commandements  des  Pères,  aura  violé  (2)  le  serment,  et 
sera  descendu  de  la  montagne  sainte,  ne  retournera  plus  jamais  vers  elle. 
Mais  eux  ne  se  convertirent  pas  à  la  parole  de  Yàrèd,  n'écoutèrent  pas  la 
parole  d'Benoch,  et  descendirent  de  la  montagne  sainte.  Lorsqu'ils 
virent  les  filles  de  Caïn,  la  beauté  (et)  la  grâce  de  leur  aspect,  (lorsqu'ils 
virent)  comment  elles  allaient  nues  sans  honte,  ils  s'unirent  avec  elles,  et 
s'avilirent  eux-mêmes  (3). 

'3.  Les  pierres  de  feu.  —  Lorsqu'ils  eurent  fait  ainsi,  ils  voulurent 
retourner  à  la  montagne  sainte.  Mais  les  pierres  de  la  montagne  étaient 
devenues  comme  du  feu,  qui  brûlait  devant  eux.  Ils  ne  purent  pas  (y) 
retourner.  Ensuite,  (F.  18  v^  b)  d'autres  d'entre  les  enfants  de  Seth  vou- 
lurent descendre  de  la  montagne.  Ils  ne  savaient  pas  le  fait  des  pierres  de 

(1)  Ps.  i.xxxi,  7. 

(2)  yuj-t. 

(3)  at"ij?j.  t  c.'hfia»'. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE    PSEL  DO-CLÉMENTINE.  231 

feu  (1).  Ils  descendirent  vers  (les  enfants  de  Ca'in),  et  se  souillèrent  par 
l'impureté  des  filles  de  Gain. 

3.  Mort  de  Yarèd.  —  Lorsque  Wh-érf  fut  ;ie;é  de  072  ans,  et  que  lépoiiue 
de  son  départ  de  ce  monde  fut  arrivée,  Ilénoch,  Màlousnià,  Lainech  et 
Noé  (2)  se  réunirent  auprès  de  lui.  11  pria  sur  eux,  les  bénit,  et  leur  dit  : 
Pour  vous,  ne  descendez  pas  de  la  montagne  sainte.  Cependant,  vos 
enfants  et  vos  femmes  en  partiront,  car  le  Seigneur  Très- Haut  ne  leui- 
permettra  pas  d'y  demeurer,  parce  qu'ils  ont  transgressé  les  commande- 
ments des  Pères.  Alors,  il  dit  à  leurs  enfants  :  (F.  19  r"  a)  Voici  que  vous 
retournerez  dans  la  terre  maudite,  où  poussent  les  épines  et  les  ronces. 
Que  (l'un)  d'entre  vous,  qui  partira  de  la  montagne  sainte,  emporte  avec 
lui  le  corps  de  notre  père  Adam,  et,  si  cela  lui  est  possible,  qu'il  emporte 
aussi  le  corps  de  tous  les  Pères,  et  fasse  (pour  eux)  de  même  (que  i)our 
Adam)\  De  plus,  qu'il  emporte  avec  lui  le  Livre  du  Commandemcut  et 
l'offrande  :  l'or,  la  myrrhe  et  l'encens,  et  qu'il  la  dépose  avec  le  corps  do 
notre  père  Adam*.  Puis,  il  dit  à  Hènoch  :  Quant  à  toi,  ô  mon  fils,  ne  cesse 
pas  la  glorification  et  la  psalmodie  devant  le  corps  de  notre  père  Adam. 
Rends  un  culte  devant  le  Seigneur,  avec  droiture  et  avec  justice,  (F.  19 
r"  b)  tous  les  jours  de  ta  vie.  Yàrêd  mourut  le  vendredi,  à  trois  heures. 
le  14  du  mois  de  Genbot,  alors  que  Màlousàlâ  était  âgé  de  3G5  ans.  Son 
fils  Hénoch  l'ensevelit,  et  le  déposa  dans  la  Caverrîe  des  Trésors. 

4.  HÉNOCii  EST  ENLEVÉ  AU  CIEL.  —  Le  Seigneur  répudia  ceux  qui  res- 
taient des  enfants  de  Selh,  parce  qu'ils  avaient  aimé  le  péché.  Alors,  ils 
se  séparèrent,  et  devinrent  deux  peuples.  Ils  voulurent  descendre  de  la 
montagne  sainte.  Lorsque  Hénoch,  Mâtousnlà,  Lamech  et  Not'  eurent 
appris  (cette  résolution),  ils  s'attristèrent  extrêmement  à  leur  sujet. 
Lorsque  Hénoch  eut  rendu  le  culte,  pendant  cinquante  ans,  devant  le  Sei- 
gneur, et  qu'il  fut  arrivé  à  la  365""=  année  de  sa  naissance,  le  Seigneur  lui 
enseigna  (F.  19  v°  a)  toutes  choses,  (et  lui  dit)  comment  il  l'enlèverait 
auprès  de  lui.  A  ce  moment-là,  Hénoch  appela  Màtomàlà ,  Lamech  et  Noé, 
et  leur  dit  :  Voici  que  je  sais  moi-même  que  le  Seigneur  Très-Haut  est  en 
colère  contre  ce  peuple,  et  va  prononcer  contre  eux  une  sentence  do 
condamnation,  sans  miséricorde.  Pour  vous,  qui  êtes  restes  les  Pères  des 
générations  des  saints,  ne  cessez  pas  le  cuite  devant  le  Seigneur:  soyez 
purs  et  vertueux;  sachez  que  personne  ne  naitra  plus  désormais  après 
vous  sur  la  montagne  sainte,  et  qu'il  n'y  aura  plus  personne  d'entre  les 
Pères,  qui  gouvernera  le  peuple.  Après  avoir  achevé  ce  discours,  {Hénochi 
fut  ravi  dans  la  vie  (éternelle).  (F.  19  v°  b)  Le  Seigneur  le  mit  autour  du 
paradis,  dans  une  région  où  la  mort  n'existe  pas. 


232  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

CHAPITRE  XIII 

Noé  et  la  construction  de  Tarche. 

1.  Noé  épouse  Haykal.  —  2.  La  prédiction  du   déluge  et  la   construction 

de  l'arche. 

1.  Noé  épouse  Haykal.  —  Ceux  qui  restèrent  d'entre  les  enfants  de 
Seth  descendirent  de  la  montagne  sainte  vers  le  lieu  d'habitation  de  Caïn 
et  de  ses  enfants.  Personne  d'entre  eux  ne  resta  sur  la  montagne  sainte, 
sauf  cependant  trois  Pères  :  Mâlousàld,  Lamech  et  A'ué.  Noé  le  Juste  se 
garda  dans  la  virginité  pendant  500  ans.  Puis  le  Seigneur  miséricor- 
dieux s'entretint  avec  lui.  C'est  alors  qu'il  épousa  une  femme,  appelée 
Haykal  (1),  fille  de  Nâmous  (2),  fils  d'Hénoch,  frère  de  Mâtousâla. 

2.  La  prédiction  du  déluge  et  la  construction  de  l'arche.  —  Le  Sei- 
gneur (lui)  révéla  comment  le  déluge  viendrait  dans  le  monde,  et  laverait 
toute  la  terre.  (F.  20  r"  a)  11  lui  exposa  que  cela  arriverait  dans  cent  ans. 
11  lui  ordonna  de  faire  une  arche  pour  son  salut  et  pour  le  salut  de  ses 
fils  et  de  leurs  femmes.  De  plus,  il  lui  ordonna  (ainsi  qu'à  ses  fils)  (3)  de 
couper  les  arbres  au-dessus  de  la  montagne  sainte.  {Noé)  déposa  cesarl'rcs 
dans  le  lieu  d'habitation  des  enfants  de  Caïn.  C'est  là  (que  le  Seigneur 
leur  ordonna)  de  faire  l'arche,  d'une  longueur  de  300  (coudées),  d'une 
largeur  de  50  coudées,  et  d'une  hauteur  de  30  coudées;  (de  faire  dans 
l'arche  une  fenêtre,  réduite  à)  une  coudée  de  largeur  en  haut;  de  faire 
en  elle  trois  demeures,  afin  qu'il  y  eût  une  demeure  inférieure  pour  les 
bêtes  et  pour  les  animaux,  une  demeure  intermédiaire  pour  les  oiseaux 
et  pour  tout  ce  qui  vole  au-dessus  de  la  terre  et  dans  les  airs,  (F.  20  r"  b) 
et  une  demeure  supérieure,  pour  qu'elle  fût  pour  lui,  pour  sa  femme, 
pour  ses  enfants  et  pour  leurs  femmes;  de  faire  en  elle  un  réservoir  pour 
l'eau  et  des  magasins  pour  les  vivres  ;  de  faire  une  trompette  de  bois  de 
Libânos  (4),  d'une  longueur  de  trois  coudées  et  d'une  largeur  d'une 
(coudée). 

Lorsque  [Noé)  commença  à  faire  l'arche,  il  sonna  de  la  trompette,  tous 
les  jours,  trois  fois  :  (une  fois),  le  matin,  afin  qu'on  se  réunît  pour  le  repas 
et  pour  le  travail;  (une  autre  fois),  le  midi,  afin  qu'on  se  réunît  pour  le 
repas:  (une  troisième  fois),  lorsque  le  soleil  se  couchait,  afin  qu'on  retour- 
nât à  sa  maison.  Si  des  gens  l'interrogeaient  au  sujet  de  son  travail,  il  leur 
exposait  que  le  Seigneur  enverrait  le  déluge,  et  laverait  toute  la  terre. 
Pour  lui,  il  fit  l'arche,  (F.  20  v»  a)  afin  de  se  sauver  en  elle,  ainsi  que  ses 
enfants.  Noé  écouta  le  commandement  du  Seigneur,  et  épousa  une  femme. 

(1)  /hjKïlA. 

(3)  Texte  :  at'^^  -.  Mtitrt-  de  plus,  il  leur  ordonna. 

(I)  A,nyft. 


LITTÉRATURE    ÉTHIOPIENNE    PSEUDO-CLÉMENTINE.  233 

Cent  ans  après,  il  engendra  trois  enfants  mâles  :  le  premier  s'appela 
Sem  (1);  le  second  s'appela  Cham  (2);  le  troisième  s'appela  Jnphet  (3).  Ils 
épousèrent  les  filles  de  MâtousAIâ.  Lorsque  Noé  eut  fini  de  faire  l'arche, 
comme  le  lui  avait  ordonné  le  Seigneur,  il  s'était  écoulé  2.000  ans,  depuis 
que  le  Seigneur  avait  créé  notre  père  Adam. 

[A  suivre.) 
Bézancourl,  par  Gournay-en-Bray,  le  28  juin  1911. 

Sylvain  Grébaut. 
(1)  i^.V. 

(3)  fé^R. 


L'HISTOIRE  ECCLÉSIASTIQUE 

DE  BAR  HADBESABBA  (1)  ARBAIA  (2)  ET 

UNE  CONTROVERSE  DE  THÉODORE  DE  MOPSUESTE 

AVEC  LES  MACÉDONIENS 


Ebedjésus  nous  apprend  que  Barhadbesabba,  auteur  nes- 
torien  du  vi"  au  vif  siècle,  a  composé  une  histoire  ecclésias- 
tique (w>n.f;>mm\n/  ^m)  (3).  Cette  hlstoirc  était  jusqu'ici  regardée 
comme  perdue.  Nous  venons  de  la  retrouver  dans  un  manuscrit 
récemment  acquis  par  le  British  Muséum,  Or.  6714.  Elle  est 
intitulée  M;*  ^^^^^o  as.u/j  ix.»^  nbv^/,  in^^^^l  Histoires  des  saints 
Pères  qui  ont  été  persécutés  à  cause  de  ta  vérité. 

Nous  voyons  que  cette  «  histoire  »  ne  porte  pas  le  nom 
d'  «  ecclésiastique  ».  Il  n'y  a  donc  plus  de  motif  pour  placer 
notre  auteur  à  la  fin  du  \\V  siècle,  puisque  la  seule  raison 
donnée  par  Assémani  était  que  «  l'histoire  ecclésiastique  », 
d'après  Amrou,  n'avait  pas  été  écrite  chez  les  Nestoriens  avant 
l'époque  de  Jésuyahb  (f  660).  Nous  savons  d'ailleurs  qu'il 
était  déjà  évêque  en  l'an  605.  Son  histoire,  qui  ne  lui  donne 
pas  ce  titre,  et  qui  se  termine  par  la  vie  d'Abraham  (f  569), 
a  donc  toute  chance  d'avoir  été  écrite  à  la  fin  du  m'  siècle. 
Cf.  ROC,  1906,  p.  15  et  6. 

Nous  avons  transcrit  aussitôt  la  seconde  partie  de  cette  his- 
toire (chap.  xix-xxxii)  consaci'ée  à  Théodore  de  Mopsuestc,  Nes- 
torius,  le  premier  concile  d'Éphèse,  Narsa    et  Abraham  son 


(1)  Ce  nom  siguilie  «  (ils  du  Dimanche  >■  et  con'cspoiid,  dit  Assomaui,  à 
Cyi'iaqiie  (chez  les  Grecs)  et  à  Dominique  (chez  les  Latins). 

a,  C'est-à-dire  •  originaire  du  Beit-'Arbaie  ».  Voir  dan.'i  la  l'air.  Or.,  t.  IV, 
son  traité  sur  la  cause  de  la  session  des  écoles. 

(3j  Assémani,  B.  ().,  l.  111,  1,  Ki'J. 


l'histoire  ecclésiastique.  235 

successeur.  Nous  l'éditons  dans  la  Patrologie  Orientale  avec 
une  controverse  de  Théodore  de  Mopsueste  contre  les  Macédo- 
niens, qui  lui  fait  suite  dans  le  manuscrit.  La  seconde  partie 
est  en  particulier  l'une  des  sources  de  la  légende  syriaque  de 
Nestorius  éditée  et  traduite  dans  cette  revue  par  M.  Brière(l). 
Nous  éditerons  plus  tard  la  première  partie  qui  offre  moins 
d'intérêt,  en  voici  du  moins  les  titres  des  chapitres  : 

Incipit,  fol.    101*    :   P>a-^«>o  |«i-vvi>    ]i-^    ^^>^O0    oSmI/.    \j^^  llova/»    iB^^siw.   ..aoL 

«  Ensuite  histoires  des  saints  Pères  qui  ont  été  persécutés  à 
cause  de  la  vérité,  compilées  et  composées  par  l'excellent  et 
pieux  Mar  Hadbesabba  (2),  prêtre  et  chef  interprète  de  la  sainte 
école  de  la  ville  de  Nisibe.  » 

Fol.  103.  Chap.  I,  dans  lequel  il  nous  faut  montrer  comment 
Satan  a  pu  s'élever  contre  l'église  dès  son  commencement  et 
quelles  sont  les  ruses  qu'il  enseigne  aux  siens. 

Fol.  104.  Quelles  sont  les  hérésies  qui  ont  déchiré  l'église; 
quels  sont  leurs  enseignements  et  quelles  sont  celles  qui  ont 
corrompu  les  Livres  (saints).  1.  Les  Sabbaiiens.  2.  Les  Simo- 
niens.  3.  Les  Marcionites.  4.  Les  Borboriens.  5.  Les  Bardesa- 
nites.  6.  Les  Manichéens.  7.  Les  Pauliniens.  8.  Celle  des  i-.''«^- 
9.  Les  Qouqéens.  10.  Les  Montanistes.  11.  Celle  des  ^.1^^0:4,. 
12.  Celle  des  i^^i^.  13.  Celle  des  ^.^-A:>euï;  (ariens).  11.  Celle  des 
Cyrilliens  et  des  Syriens  qui  disent  que  le  Fils  éternel  est 
devenu  chair.  —  Tout  cela  semble  avoir  été  repris  par  Théo- 
dore bar  Khouni. 

(Fol.  106").  Chap.  m.  Sur  Arius;  comment  il  fut  amené  à  cette 
erreur,  de  l'opposition  énergique  d'Alexandre  et  des  siens. 
Pour  quelle  cause  on  réunit  un  concile. 


(1)  Nous  avons  traubcni/  aussi,  dans  un  manuscrit  récemment  acquis  par  le 
BriLisli  Muséum  (Or.  7160),  l'histoire  de  Nestorius,  écrite  en  vers  par  le  prêtre 
Salibà,  fils  du  prêtre  David,  du  village  de  Mansouriah.  D'après  un  manuscrit 
df  Berlin,  Salibà  s'inspire  de  -  Jean  •>.  Comme  nous  avons  trouvé  quelques  pas- 
sages identiques  à  ceux  que  Ms'  Scher  a  tirés  de  .lean  bar  Penkayé  (Journal 
Asiatique],  c'est  évidemment  là  le  ■•  .Jean  »  visé  par  le  manusciùt  de  Berlin. 
Dans  ce  cas,  Bar  Hadbesabba  serait  l'une  des  sources  de  Jean  bar  Penkayé,  qui 
est  du  vii«  siècle.  La  légende  syriaque  de  Nestorius  a  aussi  des  passages  identi- 
ques à  certaines  phrases  de  Salîbà. 

(2)  Dans  la  finale  de  l'ouvrage  il  est  anoelé  'Arbaïa,  comme  nous  l'iivnns  ccrit 
en  litre. 


236  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

(Fol.  108).  Chap.  iv.  Lettre  de  l'empereur  pour  réunir  le 
concile  à  Nicée  de  Bithynie. 

(Fol.  108').  Chap.  v.  Réponse  de  Siméon  le  Perse;  nombre 
des  évêques  qui  se  sont  réunis  (318). 

(Fol.  109).  Chap.  vi.  De  ce  que  fit  le  concile  quand  il  se  fut 
réuni.  Quels  sont  ceux  qui  eurent  à  souffrir  de  la  part  des 
ariens. 

(Fol.  110').  Chap.  VII.  Sur  l'artifice  que  machina  Arius  contre 
l'Église,  après  sa  première  condamnation,  et  sur  la  punition 
qu'il  reçut  de  Dieu  à  la  prière  d'Alexandre  de  Constantinople. 

(P'ol.  111').  Chap.  VIII.  Histoire  des  saints  Eustathe  et  Mélèce, 
évêques  d'Antioche. 

(113').  Chap.  IX.  Histoire  dû  bienheureux  Athanase. 

(Fol.  116').  Chap.  X.  Sur  les  maux  que  Georges  l'arien  fit 
subir  aux  chrétiens  d'Alexandrie. 

(Fol.  118').  Chap.  XI.  Sur  Eudoxius  l'àrien  et  les  maux  qu'il 
fit  endurer  aux  fidèles  d'Antioche. 

(Fol.  119').  Chap.  XII.  Histoire  de  Grégoire  de  Néocésarée. 

(Fol.  121").  Chap.  XIII.  Sur  l'impie  Aétius. 

(Fol.  128').  Chap.  xiv.  Sur  l'impie  Eunoraius. 

(Fol.  130').  Chap.  xv.  Sur  saint  Basile,  la  persécution  qu'il 
souffrit  de  la  part  de  Valens  et  sa  mort. 

(Fol.  136').  Chap.  xvi.  Sur  Flavien. 

(Fol.  139).  Chap.  xvii.  Sur  Diodore. 

(Fol.  140').  Chap.  xviii.  Sur  Jean  (Chrysostome). 

Fol.  144'  à  178.  Chap.  xix-xxxii.  Théodore  de  Mopsueste, 
Nestorius,  Narsès  (1)  et  Abraham  «  prêtre  et  interprète  des 
saints  Livres  »  (2)  né,  comme  Narsès,  à  Ma'altâ. 

Dans  le  chapitre  consacré  à  Théodore,  l'auteur  raconte  que 
les  évêques  macédoniens  n'ayant  pas  voulu  entrer  à  discussion 
avec  un  simple  prêtre,  les  orthodoxes  ont  créé  Théodore  évêque, 
la  nuit  qui  a  précédé  la  controverse.  C'est  cette  controverse  que 
Barhadbesabba  lui-même  transcrit  à  la  fin  de  son  histoire. 

«  Dispute  que  le  bienheureux  Théodore  eut  contre  les  Macé- 
doniens dans  la  ville  d'Anazarbe.  » 

(1)  Auteur  syrien  du  v'  siècle,  le  plus  célèbre  des  poètes  nestoriens,  fondateur 
de  l'école  de  Nisibe. 

(2)  Neveu  et  successeur  de  Narsès. 


L'HISTOmE    ECCLÉSIASTIQUE.  237 

C'est  nn  récit,  écrit  par  Théodore  lui-même,  plusieurs  années 
après  l'événement.  Il  adresse  ce  récit  à  Patrophile  (uso;^),  il 
ne  rapporte  pas  les  paroles  échangées  «  parce  qu'elles  ont  été 
trop  nombreuses  »  mais  il  expose  plutôt  ses  propres  théories  (1) 
(fol.  178-187). 

Le  ms.,  in  8°,  du  ix*  au  x^  siècle,  sur  parchemin,  est  écrit 
avec  soin,  en  estranghélo,  avec  très  souvent  des  points-voyelles 
nestoriens  (que  nous  avons  remplacés  par  les  voyelles  jacobites) 
et  des  signes  de  lecture.  Les  premiers  et  les  derniers  feuillets 
ont  disparu.  11  en  reste  201  ;  les  premiers  sont  consacrés  à 
Soubhal-moran  et  Abraham  de  Nephtar,  les  derniers  à  Grégoire 
le  moine. 

Les  œuvres  de  Soubhal-moran  (2)  comprennent  trois  traités, 
le  premier  est  divisé  en  15  chapitres  (les  deux  premiers  man- 
quent), sur  «  l'humilité  nouvelle  que  Notre-Seigneur  a  ensei- 
gnée à  ses  disciples  »;  l'obéissance,  fol.  4';  la  patience,  fol.  (]'; 
la  douceur,  fol.  9;  le  jeûne,  fol.  9\  etc. 

Le  second  est  intitulé  : 

«  Chapitres  de  sages  avertissements  et  sur  les  manières  dont 

la  grâce  appelle  chacun  de  nous  ».  Il  y  a  22  chapitres,  fol.  30-54. 

Ensuite,  fol.  54  :  ^-^aajcoo;  j^p  ^j,  pju/,  t»^,  ^  o^,  p-^;  ^:,y  ooi 

«  Autres  chapitres  du  même  (Soubhal-moran)  :  quels  doivent 
être  les  rapports  des  frères  lorsqu'ils  demeurent  avec  charité  à 
l'étranger,  soit  dans  une  cellule,  soit  dans  un  monastère,  soit 
n'importe  comment;  règles  et  ordonnances  pour  leur  conduite 
du  dedans  et  du  dehors.  »  Ces  trois  traités  ne  forment  d'ailleurs 
qu'un  tout,  car  on  lit  à  la  fin,  au  fol.  73'  : 

y;.ia\    PuoOJi    w^po:^    ,  «,->\;    |LâJ^e«    (.sCo  ^o\jt 

«  Fin  du  livre  des  parcelles  (3),  composé  par  Mar  Soubhal- 
moran. 


(1)  Ce  petit  traité  n'est  pas  mentionné  par  Ebedjésus,  dans  son  catalogue  des 
ouvrages  de  Théodore,  B.  0.,  III,  I,  p.  30. 

(2)  Ce  nom  signifie  «  gloire  à  Notre-Seigneur  ».  L'auteur  vivait,  d'après 
Assémani,  vers  661;  cf.  B.  0.,  III,  I,  p.  189. 

(3)  C'était  aussi  la  leçon  du  manuscrit  d'Assémani,  loc.  cit.,  note  3,  qui  a  cru, 
à  tort,  devoir  la  corriger  en  Uolti^  ..  livre  des  centuries.  •  Il  s'agit  bien  d'un 
ouvrage,  composé  de  «  parties  »  différentes,  sans  aucun  lien  entre  elles. 


238  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Vient  ensuite,   fol.  73-101  :  ^o,;^/  -po.  1-.^:^-.  w  lq^.  itaj-i;^  ^-oi 

«  Conseils  aux  frères  solitaires  de  Mar  Abraham  de  Nelfar  (1). 
Cause  de  la  conduite  monacale  écrite  par  lui  à  un  homme  qui 
la  lui  demandait.  »  —  M.  Simmons  prépare  une  édition  de  cet 
ouvrage,  —  La  fin  du  manuscrit  est  occupée  par  un  extrait  de 
Grégoire  le  moine,  fol.  187,  et  par  un  autre  extrait,  tronqué, 
«  du  septième  discours,  sur  le  Saint-Esprit  (2)  ». 

F.  Nau. 


(1)  Auteur  antérieur  à  630,  cf.  Assémani,  loc.  cil.,  p.  191.  Le  R.  P.  Bedjan 
en  a  édité  quelques  pages  à  la  fin  du  t.  VII  des  Acta  martyrum  et,  sanctorum. 

(2)  Les  autres  mss.  syriaques  acquis  récemment  par  le  British  Muséum  (une 
dizaine)  sont  ae  peu  d'importance.  Nous  en  donnerons  peut-être  prochaine- 
ment une  notice.  Par  contre,  le  British  Muséum  a  acquis  beaucoup  de  mss. 
persans,  turcs,  chinois  et  même  une  cinquantaine  de  mss.  coptes  dont  le 
contenu  est  souvent  peu  intéressant,  car  ce  sont  en  général  des  sermons  qui 
ont  encore  moins  de  valeur  chez  les  Égyptiens  —  les  plus  grands  menteurs  de 
la  chrétienté,  si  l'on  en  juge  par  leurs  romans  des  martyrs  —  que  dans  les 
autres  littératures;  mais  il  est  remarquable  que  beaucoup  de  manuscrits  sont 
complets  et  datés  de  la  fin  du  x"  siècle;  à  signaler  un  ms.  d'apocryphes  attri- 
bués à  S.  Barthélémy  (Or.  6804)  et  l'apocalypse  de  S.  Jean  (Or.  6803).  Si  l'on 
demande  ces  mss.,  on  répond  d'ailleurs  que  le  D^  Budge  est  occupé  à  les 
transcrire.  Il  rend  ainsi  un  grand  service  à  tous  les  savants,  en  assumant  à  lui 
seul  ce  fastidieux  travail. 


CATALOGUE  SOMMAIRE 
DES   MANUSCRITS   COPTES 

DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 

{Suite)  (l) 

IV.  —  THÉOTOKIES  (2) 

80 

Théotokies  {bohaïrique),  avec  traduction  arabe. 

1  r.  —  54  V.  Psalmodie.  55  r.  —  232  v.  Psallies  et  théo- 
tokies. 233  r.  — 277  r.  Prières  de  chaque  jour.  277  r. 
—  282  V.  Profession  et  symbole  de  foi. 

Ms.  de  288  feuillets;  11,5  x  8.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  chiffres  modernes,  de  1  à  285  y 
compris  72"'%  97"'^  et  170'''*  en  arabe,  au  recto  des  feuillets,  de 
1  à  292  :  il  manque  les  feuillets  5  à  8. 

Dans  la  «  psalmodie  »  la  lacune  commence  avant  et  finit 
après  le  psaume  50.  Le  quatrième  cantique  est  précédé  de  api 
npecBeTiij...  Les  prières  de  chaque  jour  ne  comportent  ni 
nemol"    iiAnocTOAoc-..  ni  îauxachu.-. 

Titres  arabes,  en  lettres  rouges,  cj),  i3  et  ?  n'ont  pas  de  point 
dans  la  boucle.  La  barre  horizontale  de  t  est  très  large,  la 
tige  forme  crochet  à  gauche. 

F.   12.  —  Séguier.  —  Coislin.  —  Saint-Germain,  n°  526. 

Invent.  :  Copte  75. 


(1)  Yoy.  ROC,  1910,  p.  85,  133,  392;  1911,  p.  81,  156. 

(2)  Sur  le  livre  liturgique  de  la  ihéotokie,  voir  l'article  du  P.  Mallon.  S.  J., 
publié  dans  celte  Kevue,  tome  IX  ^1904;,  p.  17  à  31. 


'240  REVUK    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 


81 


ÏHÉOTOkiEs,  Hymnes  en  l'hoxnelr  des  Saints  [bo/iah'ique  , 
avec  traduction  arabe. 

l  V.  Croix  en  or  et  couleurs.  2  r.  —  412.  Psalmodie. 
41  V.  —  157  V.  Psallies  et  Tliéotokies  pour  les  sept  jours  de  la 
semaine.  157  v.  —  17*2.  Hymnes  pour  le  Carême  (3),  le 
temps  de  la  Pentecôte,  le  temps  de  l'Ascension  à  la  Pentecôte, 
et  le  Jeune  des  Apôtres.  170  v.  —  195  r.  Prières  du  matin, 
de  minuit,  aux  Anges,  aux  Apôtres,  aux  Martyrs,  aux  Saints. 
Cantique  des  Anges.  Prières  du  soir.  195  v.  — 244  r.  Doxo- 
logies  (^ton  BAeoc)  en  l'honneur  de  la  \'ierge,  Michel,  Gabriel. 
Raphaël,  Souriel,  les  quatre  animaux  incorporels  (2\  les  vingt- 
quatre  vieillards,  saint  Jean-Baptiste  (2),  les  cent  quarante-qua- 
tre mille  élus,  les  apôtres,  les  trois  jeunes  gens,  les  saints 
Etienne,  Georges,  Théodore  le  Siratélate,  Mercure,  Menas,  les 
martyrs,  Antoine,  Paul  ermite,  Antoine  et  Paul,  Macaire  le 
Grand,  Macaire  et  ses  disciples  (^supi).  Macaire  Tévèque, 
Macaire  le  prêtre,  Jean,  le  prêtre  de  Scété,  Jean  le  Noir,  Pi- 
schoï  et  Paul,  Maxime  et  Domitius,  Moyse  le  Noir,  les  qua- 
rante-neuf martyrs,  les  solitaires,  le  prophète  Élie,  l'évangê- 
liste  Marc,  la  Vierge,  Sévère  d'Antioche,  le  patriarche.  2-14  r. 
—  247  r.  Profession  de  foi.  247  v.  —  261  v.  Explication 
des  tliéotokies  du  samedi  et  dimanche. 

Ms.  de  204  feuillets:  2»^  -<  1 1.  Daté  (261  v.  du  V  Paopi  1234 
E.  M.  [1518  ap.  J.-C.]. 

Ce  manuscrit  est  coté  au  recto,  en  lettres  rouges,  de  r  [feuil- 
let 2]  cà  Ggr  [feuillet  264];  pkh  et  puA  sont  comptés  deux  fois. 

Les  diverses  parties  sont  précédées  d'un  ornement  en  cou- 
leurs. Les  titres,  en  lettres  rouges,  sont  tantôt  en  copte  et 
tantôt  en  arabe.  Le  texte  commence  par  une  majuscule  ornée, 
les  alinéas  par  une  majuscule  à  la  marge,  rouge  ou  noire, 
rehaussée  de  rouge.  <{>.  ))  et  e  portent  un  point  rouge  dans  la 
boucle. 

Gaulmin.  —  Regius,  343. 

Incent.  :  Copte  11. 


MANUSCRITS   COPTES  241 

82 

Théotokies,  Hymnes  et  Doxologies,  Explication  de  Théoto- 
KiEs  ibohairUjue),  avec  traduction  arabe. 

2  r.  —  40  r.  Psalmodie.  41  r.  —  135  r.  Psaliies  et  Tliéo- 
tjkies  pour  les  sept  jours  de  la  semaine.  135  r.  —  1G4  v. 
Hymnes  pour  le  Carême,  le  temps  de  la  Pentecôte,  etc..  Priè- 
res du  matin,  de  minuit,  aux  Anges,  etc.  Cantique  des  Anges 
et  prière  du  soir.  1G5  r.  —  208  r.  Doxologies  (ton  baoocj, 
comme  dans  le  manuscrit  81.  208  r.  —  231  r.  Profession  de 
foi  et  symbole,  suivi  de  l'office  du  diacre.  (La  liste  des  patriar- 
ches s'étend  jusqu'au  80''  :  Gabriel).  231  v.  —  212  r.  Explica- 
tion de  la  théotokie  du  samedi. 

Ms.  de  242  feuillets;  23  x  16.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  copte,  au  verso,  de  ii  [feuillet  48]  a 
cuï.  [feuillet  239].  Les  feuillets  2  à  40  sont  moins  anciens  que 
les  autres.  Quelques  feuillets  remplacés;  plusieurs  autres  dont 
les  bords  ont  été  renforcés  avec  des  fragments  d'autres  manus- 
crits. 

Les  titres,  précédés  d'un  ornement,  sont  en  lettres  rouges. 
Chaque  pièce  commence  par  une  ligne  de  majuscules  suivie 
d'une  ligne  en  lettres  rouges  ou  par  une  seule  ligne  rouge. 
<t>;  b  et  i?  portent  un  point  rouge  dans  la  boucle.  La  barre  hori- 
zontale de  B  et  de  a  est  très  longue,  la  boucle  de  <t>  est  ou- 
verte à  gauche. 

Acquis  à  Nikiou,  par  Vansleb,  en  1671  (cachet  sur  cire,  note 
autographe,  p.  212  v.).  —  Au  recto  du  premier  feuillet,  sceau 
portant  les  initiales  ¥D  et  une  croix  à  deux  croisillons.  Au- 
dessous  :  F.  4.  —  Regius,  333. 

lavent.  :  Copte  22. 

83 

Théotokies,  Doxologies  et  Hymnes  {bohaïrique),  avec  traduc- 
tion arabe. 

1  r.  Croix  en  or  et  couleurs.  2r.  —  58  r.  Psalmodie  avec 
intercalation  de  api  npecBïjviii  avant  le  quatrième  cantique. 
58  V.  —  240  r.  Psaliies  et  Théotokies  pour  les  sept  jours  de  la 
semaine.      240  v.  —  245  v.  Prière  du  matin   :    Psaume  50. 

OIUENT  CURÉTIEIf.  16 


242  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

2i()i-.  —  259  \.  (/antique  des  Anges,  avec  le  Trisagion  et  le 
Pater.  2()()r.  —  iU.")  v.  Doxologies,  ton  baooc  ol(Jr.  —  327 r. 
Hymnes  pour  le  Carême  (3)  et  le  temps  de  la  Pentecôte. 
;!27  V.  —  .332  r.  Profession  de  foi  et  symbole. 

Ms.  de  332  feuillets;  10,5  x  11,5.  Daté  (332  v.)  du  15 
Thùth  1281  E.  M.  [13  septembre  1505  ap.  J.-C.]. 

Ce  ms.  est  coté  au  verso,  de  a  h  -iwii,  avec  deux  fois  ge 
(dont  un  feuillet  blanc)  et  oubli  des  chiffres  ccjK  à  cqo.  Divi- 
sion en  cahiers.  Les  feuillets  63  à  05  devraient  être  placés 
après  le  feuillet  00.  Il  manque  les  feuillets  ï.  et  m. 

Dans  la  Théotokie  du  dimanche  est  intercalée  son  interpréta- 
tion. Ce  codex  ne  contient  pas  la  seconde  doxologie  des  quatre 
animaux,  celles  des  trois  jeunes  gens,  d'Antoine  et  Paul,  de 
Jean  le  prêtre,  de  .lean  le  Noir,  de  Pischoï,  de  Maxime  et  Domi- 
tius,  de  Moyse,  des  quarante-neuf  martyrs,  de  la  Vierge  et  de 
Sévère.  Avant  celle  d'Élie,  il  en  comporte  une  pour  les  confes- 
seurs (nu III  HIBOU..)- 

Les  diverses  parties  sont  précêdt'es  d'ornements  en  couleurs, 
en  tête  du  texte  et  sur  la  page  précédente.  Le  texte  commence 
[»ar  de  grandes  majuscules  très  ornées  et  une  ligne  de  majus- 
cules rehaussées  de  couleurs  diverses.  Petites  majuscules 
rehaussées  de  rouge.  ))  et  i  portent  un  point  rouge  dans  la 
boucle;  ({>  en  a  deux. 

Saint-Germain  des  Prés,  526 3. 

Invent.  :  Copte  70. 

84 

DuxoLOGiEs  ET  TnKoTOKiEs  [holiàiriquc),  avec  traduction  arabe. 

164  V.  —  160r.  Prière  arabe.  L59  v.  —  1 1 1  r.  Psalmodie, 
depuis  le  premier  cantique  de  Moyse,  avec  intercalation  avant 
les  trois  derniers  psaumes  de  la  prière  Api  iip(;CB(3viii(:  epiii 
e^-toii...  (sans  traduction).  133  v.  —  131  r.  Hymne  acrostiche 
Aiucof  ii(;n)K  j)Hii  nyjiii...  13(1  v.  —  108  v.  Doxologies,  ton 
liAooc;.  108 r.  —  21  v.  Théotokies  pour  les  sept  jours  de  la 
semaine.      20  v.    —    12  r.    Hymnes    acrostiches  aiccotou 

tïlllOAJj      lITti     -f-HKKAHCIA...     et    AIIIAel-      (30Be      <t>AICAXI-- 

P2  r.  —  11  r.  Sanctus.  10  v.  —  1  r.  Pièce  arabe.  Tableau  de 
concordance  des  années. 


MANUSCRITS    COPIES.  243 

Ms.  de  163  feuillets;  16  x  10.  Daté  (5r.)  du  1"  Thôth  1455 
E.  M.  [29  août  1739  ap.  J.-C.]. 

Ce  manuscrit  commence  par  la  Ln  du  volume,  comme 
s'il  était  écrit  en  arabe.  Il  est  coté  en  arabe,  de  82  [feuil- 
let 164]  à  240  [feuillet  4];  en  chiffres  occidentaux,  de  1  à 
163,  avec  omission  de  83,  de  la  dernière  à  la  première  page. 

Dans  les  Doxologies,  il  manque  la  seconde  Doxologie  des 
quatre  animaux,  celles  des  trois  jeunes  gens,  de  Menas,  des 
martyrs,  de  Paul  à  Maxime  le  Grand,  de  Macaire  Tévêque  à 
Marc . 

Chaque  page  est  encadrée  de  rouge;  la  traduction  arabe  est 
en  rouge.  Les  diverses  parties  sont  précédées  d'ornements  en 
couleurs.  Les  titres,  presque  tous  en  arabe,  sont  à  l'encre 
rouge,  (f),  j)  et  z  portent  un  point  rouge  dans  la  bouclé;  c|> 
est  ouvert  à  gauche;  la  queue  de  z  remonte  jusqu'à  la  'igné 
d'écriture. 

Invent.  :  Copte  81. 

85 

Théotokies  et  Doxologies  {bo/iah^iqiie),  avec  traduction  arabe. 

1  r.  —  24  V.  Psalmodie.  26  r.  —  116  r.  Psallies  et  Théoto- 
kies pour  les  sept  jours  de. la  semaine.  117  r.  —  123  r.  Can- 
tique des  Anges.  12  Ir.  —  149  r.  Doxologies  (ton  BAeoc)  en 
l'honneur  de  la  Vierge,  Michel,  Gabriel,  Raphaël,  Sourie),  les 
quatre  animaux  incorporels  (ni  Â  wï.toovii...),  les  vingt- 
quatre  vieillards,  saint  Jean-Baptiste  (2),  les  disciples  (titre  : 
(mAAtooTi),  les  apôtres,  les  trois  jeunes  gens,  les  saints 
Etienne,  Georges,  Théodore  le  Stratélate,  Mercure,  les  mar- 
tyrs (titre  :  otsujovtc  uu),  Macaire  et  ses  disciples, 
(titre  :  hioujottc  iiiiianoc),  les  staurophores  (titre  : 
ovGTiJArcorH  iiiiiixnoo),  Éliele  Thesbite,  l'évangéliste  Marc, 
la  Vierge  et  Sévère  d'Antioche.  149  r.  —  152  v.  Deux  profes- 
sions de  foi  et  symbole.  152  v.  —  186  r.  Hymnes  pour  le  Ca- 
rême (2),  le  temps  de  la  Pentecôte,  etc.  187  r.  —  231  v.  Doxo- 
logies (ton  AAAu)  en  l'honneur  de  la  Vierge  (3),  Michel  (2), 
Gabriel  (2),  Raphaël  (2),  Souriel,  les  quatre  animaux  (2),  les 
vingt-quatre  vieillards  (2),  saint  Jean-Baptiste  (2),  les  Inno- 
cents (2).,  les  apôtres,  les  trois  jeunes  gens  (2),  Etienne  (2), 


244  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Georges,  Théodore  (2),  Menas,  Victor,  Philothée,  les  sept  Stra- 
télates,  les  autres  martyrs  (titre  :  nceni  miiu),  Macaire  le 
Grand,  Paul,  Antoine,  Jean  niKo.voBoc,  Pischoi,  Paul,  Maxime 
et  Domitius,  Moyse  le  Noir,  les  quarante-neuf  martyrs,  Elie  le 
Thesbite,  Marc,  la  Vierge,  Sévère  d'Antioche.  232  r.  —  237  r. 
ovcv..Aroc  cTvxoc  aAAU.  237  r.  -  211  v.  Synaxe 
(cviiAro,.-..),  ton  aaau.  242  r.  -  345  v.  Explication 
(epueiiia)  des  Théotokies. 

Ms.  de  348  feuillets;  25  X  17.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  au  verso,  en  lettres  coptes,  de  r  [feuil- 
let 1]  à  T^  [feuillet  3 13] ;_dans  la  pagination  or  manque;  oa 
et  ^  ^  et  ^,  ^1  et  ^i  sont  inscrits  sur  un  même  feuil- 
let au  recto  et  au  verso.  Dans  la  numérotation  en  chilïres  occi- 
dentaux, un  feuillet  a  été  oublié  entre  104  et  105. 

Chaque  division  est  précédée  d'un  ornement  en  couleurs  et , 
au  verso  du  feuillet  précédent,  d'une  rosace.  Titres  coptes,  en 
rouge.  Le  texte  commence  par  une  ligne  de  majuscules,  accom- 
pagnée d'arabesques  à  la  marge.  Grandes  majuscules  à  tête 
d'oiseau;  petites  majuscules  en  rouge  ou  en  noir  rehaussé  de 
rouge,  cl)  et  1)  ont  en  général  un  point  rouge  dans  la  boucle. 

F.  IV.  —  Saint-Germain,  50. 

Invent.  :  Copte  69. 

86 

Théotokies,  Doxologies  et  Hymnes  {bohairique),  avec  tra- 
duction arabe. 

1  V.  Croix  en  couleurs.  2  r.  —  21  v.  Psalmodie  compre- 
nant les  psaumes  50,  134,  148,  149  et  150,  accompagnés  de 
prières  et  suivis  de  la  Psallie  Aicto-reu  eiiicAh...  22 r. — 
34  r.  Théotokie  du  samedi.  34  v.  —  46  r.  Explication  de  la 
Théotokie  du  samedi.  47  r.  —  85  v.  Psalmodie,  du  commen- 
cement jusqu'à  la  Psa^ie  des  trois  jeunes  gens  inclusivement. 
86  r. —  94  v.  Psallie  api  npecBeviii  e2pHi  extuu ...  94v. 
—  98  r.  Psallie  AiiiAef  eeee  (1)aica3:i...  98  r.  —  218  v.  Psal- 
lies  et  Théotokies  pour  les  six  premiers  jours  de  la  semaine. 
Dans  la  Théotokie  du  dimanche  est  intercalée  l'explication. 
218  V.  —  229  v.  Psallies  diverses  :   api  yAAiii    eqn   era- 


MANUSCRITS    COPTES.  245 

VA^T  ..,  Aucuiiii  iiiAAOG.  .,  c|)H  eTAT3:(|>oq • . •  etc.      230 F. 

—  254  V.  Prière  du  matin.     2.55  r.  —  286  r.  Doxologies.     286  r. 

—  307  V.  Hymnes  pour  le  Carême,  le  temps  de  la  Pentecôte, 
de  l'Ascension  à  la  Pentecôte,  le  Jeûne  des  apôtres,  etc.     308  r. 

—  311  r.  Profession  de  foi  et  symbole.  311  v.  —  334  v.  Office 
du  diacre.  (La  liste  des  patriarches  s'étend  jusqu'au  102^  : 
Matthieu). 

Ms.  de  333  feuillets;  21  x  14.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  de  r  [feuillet  IJ  à  tag  [335,  feuillet  334]  ; 
de  1  à  334,  avec  omission  de  172. 

Dans  les  Doxologies,  il  manque  la  seconde  des  quatre  ani- 
maux, celles  de  Menas,  de  Paul,  d'Antoine  et  Paul,  de  Macaire 
le  Grand,  de  Macaire  l'évêque  aux  quarante-neuf  martyrs. 
Celle  des  martyrs  commence  par  aha  uhiia  ntg  iii4)aiat; 
p.  282  V.,  ouHi  IIIB6II...  pour  les  staurophores. 

Les  principales  divisions  sont  précédées  d'un  ornement  en 
couleurs.  Titres  en  arabe.  Le  texte  commence  par  une  ligne  de 
majuscules  noires  rehaussées  de  rouge  et  deux  lignes  en  rouge. 
4>,  i>  et  2  portent  un  point  rouge  dans  la  boucle,  cj)  est  ouvert 
à  droite  et  à  gauche  de  la  tige. 

Acquis  au  Caire,  par  Vansleb,  dont  le  cachet  est  empreint 
aux  feuillets  1  et  334.  —  Regius,  351. 

Inveni.  :  Copte  35. 

87 

Théotokies,  Doxologies,  Canons  de  la  Résurrection  {bohaï- 
rique),  avec  traduction  arabe. 

I  r.  —  8  V.  Divers  canons.     9  r.  —  22  v.  Psalmodie.     23  r. 

—  81  r.  Psallies  et  Théotokies  pour  les  sept  jours  de  la  semaine. 
81  V.  —  99  V.  Cantique  des  Anges.  Prière  du  soir.  Prière  du 
matin.  100  r.  —  125  r.  —  Doxologies  (ton  baooc)  en  l'hon- 
neur de  la  Vierge;  Michel;  Gabriel;  Raphaël;  Souriel;  les 
quatre  animaux  incorporels;  les  vingt-quatre  vieillards;  saint 
Jean-Baptiste  (2);  les  disciples,  les  apôtres;  les  saints  Etienne, 
Georges,  Théodore  le  Stratélate,  Mercure,  les  martyrs  (ara 
UHIIA  iiTe  iii<t)AiAT),  Antoine,  Paul,  Antoine  et  Paul,  Ma- 
caire (2),  Macaire  l'évêque,  Macaire  le  prêtre,  Jean  le  Noir, 
Pischoï  et  Paul,  Maxime  et  Domitius,  Moyse  le  Noir,  les  qua- 


246  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

rante-neuf  martyrs,  la  croix,  le  prophète  Élie,  révangéliste 
Marc,  la  Vierge,  Sévère  d'Antiuche.  125  r.  —  12G  v.  Profession 
de  foi  et  symbole.  12G  v.  —  130  v.  TemiAv  (jtaiiactaoic..., 
cvpi  yAMiJ...,  Teijovee  iKUOK...,  api  iipeciioriii.. ., 
cvutuiiii  uApeiioiia),''jT  fopiAG..,  i:38r.  — 142r.  Psalliedu 
dimanche.  Fragment  delà  Théotokie  du  dimanche  (v.  iicon.-- 
et  ATuor-f).  142  v.  —  144  r.  Psallie  \eptjiie  uapiA  f  na 
picTpioii...  142  r.  —  1 19  V.  Explication  de  la  Théotokie  du 
samedi.  150  r.  —  153  r.  ctureu  tu  iiAuniipAi-...  et  coAce.v 
iimeKKAHciA...  153  r.  —  158  r.  Explication  de  la  Théotokie 
du  dimanche.  158  r.  —  170  r.  Hymnes  pour  le  Carême  (3),  le 
temps  de  la  Pentecôte,  de  l'Ascension  à  la  Pentecôte,  etc. 
170  r.  —  202  r.  Textes  coptes,  avec  commentaire  en  arabe; 
202  V.  —  342  r.  Hymnes  et  Psallies,  quelques-unes  accompa- 
gnées d'une  paraphrase  en  arabe.  393  r.  —  346  v.  Prières 
arabes  (apocalypse  avec  une  préface,  canons  pour  les  moines, 
office  du  mariage).  393  v.  —  401  r.  Prières  coptes  et  arabes. 
402  V.  Note  descriptive  par  Joseph  Ascari. 

Ms.  de  402  feuillets;  20,5  x  14.  A  la  page  352  r.,  daté  de 
1326  E.  M.  [leiOap.  J.-C.]. 

Ce  manuscrit  est  formé  de  plusieurs  parties  différentes  d'ori- 
gine. —  Cachet  de  Peiresc.  —  n""  3.  —  Delamarre,  581.  — 
Regius,  3423. 

Invent.  :  Copte  34. 

88 

Théotokies  et  Doxologies  {bohaïriqué). 

1.  Titre  en  arabe.  Psaume  et  fragment  de  saint  Matthieu. 
2  r.  —  5  V.  X^kidl  :  fm  du  5",  6"  à  9^  6  r.  —  18  r.  Alléluia 
acéphale,  suivi  de  la  traduction  arabe.  18  v.  —  28  v.  Psallie 
A  noc  eporpoT  Aqf iiotcai...  1"  cantique  de  Moïse  et 
Psallie  1)611  ov^toT...  29  r.  —  40  v  Psallie  aaau  gti 
eqoi...  etAutuiiii  THpoij  uc|)oov...;  Théotokie  du  lundi. 
40  v.  —  41  V.  yvjcH  IJIB6IJ  GTeccopeu...  42  r.  —  58  r. 
Psallies  aiioii  eton  ne.,  et  Apee  epoi  nANovf..;  Théoto- 
kie du  mardi,  et  AcuByy  sur  la  dernière  division.  58  v.  —  66  v. 
Psallie  Ape  2uot;  second  cantique  (ps.  135);  Psallie  uApe- 


MANUSCRITS    COPTES.  247 

iiovtoiie  et  .\oB,">  sur  celte  Psaliie.  (u  r.  —  83  r.  Psallits 
A  iiiovpo  lira  iii(|)ii()vi...  et  Ai(-p  etJAriic-..  ;  Tliéotokie 
du  mercredi.  83  v.  — 98  r.  Psaliie  a  <|)f  ca.xi...;  Tliéotokie 
du  jeudi.  98  y.  —  109  v.  Psaliie  AK,"j(;nj)ici...  ;  troisième 
cantique  (cantique  (les  trois  jeunes  gens);  Psallies  Api   m/a.\ii 

(sic)    (illl     (iTA'iA,"J(|    ..,      TOIICilHOGeiI     f3IIOGIA...,     TGII()^•6^ 

iicoK...  110  r.  —  117  V.  Api  npc-cBovii  oepui  (]:xa)ii..- 
118  V.  —  127  V.  Psaliie  aiidk  J)a    ni:vtuB  upA(|Kpiioi>i...  ; 

Tliéotokie  du  vendredi  et  acob^'j  sur  la  dernière  division. 
128  •.  —  IIG  r.  Psaliie  aikuiiii  riipov  ))eii  ()vcri,"j,"j(()ov...  ; 
Tliéotokie  du  samedi;  Psaliie aiiok  J)a  fiimiob  iiaaa\ictoo... 
intercalée  avant  la  dernière  division  de  la  Tliéotokie.  146  v. 
151  V.  Psallies  Api  yAAii  (sic)  iioc  (\^f  imakiob...  ;  psaumes 
1  18,  1 19  et  150.  155  r.  —  203  v.  Psallies  aiija2oc  1m-ii 
ovA'oii...  et  AiK(o4"  iitMOK...;  Théotokie  du  dimanche  avec 
intercalation    de    l'explicalion.      -204   r.   —  207.    Doxologies 

pour  le  mois  de  Thoiak  :  npo  ncnxc.ex  iifnA  p...  kh  i-Ap 
Ai,"j(3iioAAi...,     MiArreAoo     iirABpiHA     A(|2i,'y(niiiovqi... 

l'ABpillA     niAITeAOC 

Ms.  de  -207  feuillets;  "21  x  14,5.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  au  verso,  kt-  [feuillet  2|;  aa  à  [\r] 
|feuillets  3  à  5];  u  à  cur  [feuillets  6  à  207];  pKB  et  pui-,  pKA 
et  pKG  sont  sur  un  même  feuillet;  il  manque  pu  et  pu  a  est 
compté  deux  fois.  149  [ce]  est  à  placer  après  170;  150[pqfe"'] 
api'ès  162.  La  pagination  moderne,  de  1  à  208,  ne  comporte 
pas  le  (diiffre  22.  Les  principales  divisions  sont  précédées 
d'un  (•rnement  en  couleurs.  Les  titres  sont  tantôt  en  arabe  et 
tantôt  en  copte.  Le  texte  commence  par  une  ligne  de  majuscules 
noires  suivies  d'une  ligne  de  lettres  rouges.  (|),  j)  et  z  portent 
un  point  rouge  dans  la  boucle,  cj)  n'est  pas  fermé  à  gauche  et 
sa  tige  est  coupée  par  une  barre  horizontale;  tv  a  une  longue 
queue;  celle  de  ,"j  se  recourbe  à  droite. 

Don  de  la  Mission  du  Caire. 

Invent.  :  Copte  128. 


248  REVUE    DE    l'orient    CHRETIEN. 

89 

DoxoLOGiES  ET  Hymnes  {boliairique). 

Ms.  de  37  feuillets;  16,5  x  11.  Il  s'y  trouve  au  moins  quatre 
écritures  différentes. 
Invent.  :  Copte  87. 

90 

Explication  des  Théotokies  et  Hymnes  {boliairique). 

1  V.  — 41  r.  Explication  (epunuia)  des  Théotokies  des  jours 
de  la  semaine,  en  ton  aaau  pour  les  dimanche,  lundi  et  mardi, 
en  BABOG  pour  les  quatre  autres  jours.  41  v.  —  53  r.  Hym- 
nes de  réunion  (orcTWArturH),  en  ton  baooc  et  ton  aAau- 
53  V.  —  55  r.  Psallie  aixtoBe  uuok  naiiovl-...  55  v.  — 
59  r.  Explication  de  la  Théotokiedu  dimanche,  en  ton  aaau- 
59  r.  —  59  V.  Psallie  incomplète  en  ton  aaau  :  f  uAKCjuf- 
TïcajK   nxc...     60.  —  66.  Fragments  de  Théotokies. 

Ms.  de  66  feuillets;  25  x  17;  24  lignes  de  22  à  26  lettres. 
D'après  la  note  finale  (66  v.),  il  fut  achevé  en  1364  E.  M.  [1648 
ap.  J.-C.].  Il  est  écrit  par  trois  mains  différentes;  à  la  fin  de  la 
première  partie  (41  r.),  une  note  arabe  est  accompagnée  de  la 
date  1014  E.  M.  [1298  ap.  J.-C]  qui  se  rapporte  probablement 
au  codex  sur  lequel  celui-ci  a  été  copié. 

Ce  manuscrit  est  coté,  au  verso,  de  coa  [271  ^  feuillet  I]  à 


TKB  [429  =  feuillet  59];  le  feuillet  60  est  coté  tap;  64  et  65 
portent  la  traduction  arabe. 

Les  titres,  écrits  à  l'encre  rouge,  sont  accompagnés  de  la 
traduction  arabe.  Les  alinéas  sont  indiqués  par  une  majuscule, 
à  la  marge,  rehaussée  de  rouge  ou  par  trois  traits  verticaux, 
deux  noirs  séparés  par  un  rouge,  b  et  et)  portent  un  point  rouge 
dans  la  boucle;  les  abréviations  sont  surmontées  d'un  point 
rouge  que  traverse  un  trait  noir  horizontal;  les  points  de  divi- 
sion sont  indiqués  par  le  signe  •'j,-,  en  rouge. 

Acquis  par  Vansleb,  dont  le  cachet  sur  cire  est  empreint  aux 
pages  12  et  66  r.  —  Regius,  338  ^. 

Invent.  :  Copte  23. 
{A  suivre.) 

L.  Delaporte. 


HISTOIRE  DU  COUVENT 
DE   RABBAN   HORMIZD 

DE  1808  A  1832 
{Suite)  (1) 


Année  1829. 

Au  bout  de  plusieurs  jours,  Màr  Jean,  voyant  que  les  biens  du  couvent 
ne  lui  étaient  pas  révélés,  alla  directement  au  village  de  Dehok  trouver 
le  gouverneur.  Il  ne  s'arrêta  dans  aucun  endroit  et  dans  aucune  maison, 
mais  il  alla  directement  trouver  le  gouverneur  et  dès  son  arrivée  il  lui 
dit  :  «  Vous  n'avez  pas  encore  frappé  le  prêtre  Jean  et  son  compagnon. 
Ne  vous  ai-je  pas  fait  dire  :  Frappez-les  trois  fois  par  jour?  Pourquoi 
ne  les  avez-vous  pas  frappés,  puisqu'ils  ne  m'ont  rien  montré  des  biens 
du  couvent.  Maintenant,  à  cette  heure  même,  je  veux  que  vous  les  lapi- 
diez. »  L'officier  du  gouverneur  donna  un  ordre  à  ce  moment  même  et 
dit  à  ses  serviteurs  :  «  Allez,  faites-les  sortir  dehors  et  lapidez-les  à  coups 
de  pierres.  »  Les  serviteurs  sortirent  en  grand  nombre  en  tenant  chacun 
une  pierre  et  un  bâton  à  la  main  et  il  se  rassembla  beaucoup  de  monde 
pour  voir  ce  qui  allait  se  passer.  Une  fois  arrivés  à  la  maison  où  était 
enfermé  le  père  Jean,  les  serviteurs  donnèrent  alors  ordre  et  dirent 
aux  gardiens  :  «  Faites-les  sortir  dehors  pour  que  nous  les  lapidions.  » 
Et  ils  les  firent  sortir  dehors. 

Cependant,  comme  ils  les  faisaient  sortir,  éclata  la  miséricorde  de. Dieu 
qui  ne  délaisse  pas  ses  serviteurs  et  ne  les  abandonne  pas  au  temps  de 
la  tribulation.  En  effet,  avant  que  Mâr  Jean  vînt  trouver  le  gouverneur, 
il  y  avait  un  certain  homme  chef  du  village  de  Bêrsëbê,  village  de  catho- 
liques, et  ce  catholique  nommé  Mansourzizâ  était  l'ami  de  Mâr  Jean.  Cet 
homme  était  venu  trouver  le  gouverneur  pour  ses  affaires.  Après  que 
Mâr  Jean  fut  venu  trouver  le  gouverneur  et  lui  eut  demandé  de  frapper 
le  père  Jean,  ce  catholique  supplia  Mâr  Jean  de  ne  pas  faire  cette  action 
insensée  :  «  Par  suite  de  cette  grande  injustice  nous  éprouverons,  toi  et 
nous  tous  les  chrétiens,  du  déshonneur  et  du  mépris  et  nous  serons  un 
objet  de  moquerie  pour  tous  païens  et  juifs.  »  Mais  Mâr  Jean  ne  fît  pas 
attention  à  ses  paroles.  Quand  l'affaire  fut  terminée  devant  l'officier  du 
gouverneur  et  que  ce  dernier  donna  ordre  de  les  lapider,  (Mansourzizâ) 
(  voulut  se  lever;  (mais)  Mâr  Jean  prit  sa  main  et  il  ne  le  laissa  pas  se 
I  lever.  Celui-ci  retira  sa  main  violemment,  sans  crainte,  parce  qu'il  était 

',       (1)  Voy.  ROC,  i910  et  1911. 


250  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

libre  avec  lui  et  avec  l'officier  ;  il  s'enfuit  avec  beaucoup  de  force  et  il 
atteignit  les  (serviteurs)  au  moment  où  les  gardiens  faisaient  sortir  le  père 
Jean  et  son  compagnon  afin  de  les  lapider;  il  les  retint  tous  et  dit  aux 
serviteurs  :  «  Je  n'accepte  pas  que  l'un  de  vous  les  frappe  en  quoi 
que  ce  soit,  avant  que  je  sois  allé  trouver  Sâhin  agha.  »  Il  alla  le  trouver 
et  le  pria  de  leur  défendre  de  les  lapider.  Il  dit  au  métropolitain  Jean  : 
«  Toi,  tu  demandes  ce  qui  appartient  au  couvent;  accepte-le  de  ma  part, 
je  vais  aller  m'entendre  avec  les  moines;  s'ils  ne  te  montrent  pas  ce  qui 
appartient  au  couvent,  fais-leur  ce  que  tu  voudras.  N'as-tu  pas  peur  de 
Dieu?  Quelques  païens  m'ont  dit  :  Moi  je  ne  donnerais  pas  ordre  de  les 
frapper  si  le  métropolitain  Jean  ne  me  le  disait  pas.  »  Il  extorqua  la 
permission  de  Sâhln  aghâ  et  étant  retourné  trouver  les  serviteurs  réunis 
pour  les  frapper,  il  dit  aux  serviteurs  :  «  Sahîn  âgha  a  donné  ordre  de 
ne  pas  les  frapper;  allez  et  dispersez-vous.  »  Un  des  fils  des  officiers 
frappa  le  père  Jean  de  colère  avec  un  bâton,  ils  se  dispersèrent  et  s'en 
allèrent  tous  et  ils  firent  entrer  le  père  Jean  à  l'intérieur.  (Le  catholique 
Mansourzlzà)  s'entretint  avec  le  père  et  lui  dit  :  «  A  quoi  vous  servira 
ce  qui  appartient  au  couvent  lorsqu'ils  vous  auront  lapidés"'  Révélez-ie 
au  métropolitain  Jean.  »  Le  père  Jean  lui  répondit  :  «  Il  sait  lui-même 
également  dans  quelle  maison  d'Alqô.s  et  che*!,  qui  il  se  trouve,  mais 
il  ne  peut  pas  entrer  en  relations  avec  celui-ci.  »  Cet  homme  lui  dit  : 
«  Écris  aux  frères  de  le  remettre  au  métropolitain  Jean.  »  Le  père  Jean 
lui  répondit  :  «  Bien.  »  Il  y  avait  aussi  en  prison,  en  même  temps  que  le 
père,  le  prêtre  et  le  diacre  du  village  qui  faisaient  partie  du  couvent. 
Mar  Jean  les  avait  également  mis  en  prison  parce  qu'ils  étaient  en  union 
avec  le  couvent  et  qu'ils  n'approuvaient  ni  lui-même  ni  les  moines  qui 
étaient  chez  lui.  Cependant,  grâce  à  la  prière  des  chefs  qui  hrent  beau- 
coup de  démarches  en  sa  faveur  et  donnèrent  de  l'argent  au  gouverneur, 
ils  enlevèrent  les  chaînes  (à  ce  prêtre)  et  '"  firent  sortir  de  prison  ainsi 
que  le  diacre.  Le  père  Jean  et  le  frère  Joachim  firent  leurs  recomman- 
dations à  ces  deux  frères,  à  savoir  le  prêtre  et  le  diacre,  et  leur  dirent  : 
«  Faites  bien  attention  à  ne  pas  leur  montrer  l'argent,  mais  seulement 
les  vivres,  les  vêtements,  les  provisions  de  Tannée  et  même  cela,  autant 
que  vous  le  pourrez,  cachez-le  leur.  »  Ceux-ci  rapportèrent  ces  paroles 
aux  frères  qui  connaissaient  les  biens  du  couvent. 

Mar  Jean  revint  à  Alqôs  avec  ces  deux  frères.  Ce  prêtre  dit  aux  frères 
qui  par  crainte  étaient  cachés  dans  Alqôs  :  t  Le  père  Jean  m'a  dit  :  Va 
dire  aux  frères  de  tout  remettre.  »  Et  ils  n'ajoutèrent  pas  foi  à  sa  parole. 
Quand  Mar  Jean  fut  arrivé  à  Alqôs,  les  frères  qui  étaient  chez  lui  lui 
donnèrent  des  renseignements  et  des  indications  pour  saisir  quelques-uns 
de  ceux  qui  connaissaient  les  biens  du  couvent.  Le  raïs  et  les  hommes 
de  Mar  Jean  allèrent  à  leur  recherche  et  les  trouvèrent  cachés  dans 
les  maisons;  ils  saisirent  trois  frères,  le  frère  Eusèbe  et  Sam'ounâ(l),  et 
leur  mirent  des  liens  aux  pieds.  Mâr  Jean  ordonna  alors  au  raïs,  et  à  ses 
officiers  ainsi  qu'à  ses  propres  hommes  de  parcourir  le  village  et  de  faire 

(1)  II  manque  ici  un  nom  propre. 


HniOIRE    DU    COUVENT    DE    RABBAN    IIORMIZD,  251 

sortir  les  biens  du  couvent.  Ces  hommes  employèrent  les  menaces  et 
répandirent  la  frayeui  parmi  les  frères  en  proférant  de  terribles  malédic- 
tions ;  quelques  frères  qui  étaient  timides  et  pusillanimes  révélèrent  ce  qu'ils 
connaissaient,  et  de  plus,  comme  (nommes  de  Mâr  Jean),  ils  allaient  de 
maison  en  maison  et  d'endroit  en  endroit;  beaucoup  furent  ébranlés,  même 
parmi  les  autres  frères.  Les  frères  qui  étaient  auprès  de  Mâr  Jean,  voyant 
qu'ils  apportaient  les  biens  du  couvent  et  sachant  que  les  frères  du  cou- 
vent ne  montraient  pas  tout,  exhortaient  davantage  Mâr  Jean  à  montrer 
plus  d'empre.ssement  à  rechercher  ce  qui  appartenait  au  couvent.  Alors 
le  raïs  du  village  et  les  hommes  de  Mâr  Jean  se  mirent  à  parcourir  le 
village  et  à  chercher  dans  les  maisons;  ils  répandirent  la  frayeur  même 
parmi  les  habitants  d'Alqôs  et  ils  firent  sortir  tout  le  bien  du  couvent 
qui  se  trouvait  dans  Alqôs  :  toutes  les  provisions  de  Tannée  comme  le 
blé,  l'orge,  le  sésame,  les  légumes  secs,  le  lin,  le  beurre,  le  sainfoin, 
les  vêtements  de  la  communauté,  les  habits,  tous  les  lits  et  matelas  de 
tous  les  frères,  tous  les  objets  de  l'église,  les  livres  de  prières,  tous  les  cali- 
ces et  patènes,  les  encensoirs,  la  cire,  les  nappes,  les  chandeliers,  tous  les 
livres  du  couvent,  tous  les  ornements  des  prêtres  et  des  diacres,  une  mule 
(l^jQjj  =  injjouo?)  du  couvent,  un  grand  calice  dans  lequel  il  y  avait  des 
objets  en  argent  et  en  or  comme  des  vases,  des  verrous,  des  ceintures, 
des  présents  (?)  qui  étaient  des  ex-votos  offerts  à  l'occasion  de  la  peste, 
et  deux  coffrets  (pleins)  d'argent,  dont  l'un  contenait  de  la  monnaie  en 
or  ;  tous  les  objets  qui  étaient  à  Alqôs,  ils  les  firent  sortir  ainsi  qu'une  quan- 
tité de  volailles  et  de  vêtements  qu'on  avait  apportés  pendant  la  peste.  Toute 
la  monnaie  d'argent  et  d'or  et  tous  les  objets  en  argent  et  en  or,  Mâr  Jean 
les  cacha  chez  lui;  et  il  ne  laissait  voir  que  les  autres  objets  qui  n'a- 
vaient pas  de  valeur  à  ses  yeux;  mais  (ce  qui  était  précieux)  il  ne  voulait 
pas  le  montrer  même  aux  moines  de  son  entourage.  Chacun  emportait  ce 
qu'il  pouvait  et  le  cachait  à  son  semblable,  Mâr  Jean  pour  lui-même,  ses 
hommes  pour  eux-mêmes,  ses  propres  moines  aussi  pour  eux-mêmes 
et  chacun  pour  soi-même.  De  même  aussi  parmi  les  habitants  d'Alqôs 
qui  avaient  chez  eux  quelque  bien  du  couvent,  chacun  cachait  et  ne 
montrait  pas  ce  qu'il  avait  lorsque  c'était  possible  et  que  personne  ne 
le  savait,  car  il  pensait  que,  si  le  métropolitain  Jean  ou  les  moines  qui 
étaient  descendus  (du  couvent)  l'emportait,  ce  serait  perdu  pour  lui, 
quoique  cela  lui  appartînt  et  non  pas  à  eux. 

Après  avoir  tout  emporté,  Mâr  Jean  descendit  une  autre  fois  à  Mossoul 
et  il  accusa  de  nouveau  Mâr  Joseph  auprès  du  gouverneur,  en  lui  disant  : 
«  Il  y  a  chez  lui  un  coffret  d'or  (1).  »  Le  gouverneur  fit  venir  Mâr  Joseph 
et  lui  dit  :  t  Livre  le  coffret  d'or  qui  est  chez  toi,  autrement  je  t'infligerai 
de  durs  traitements.  »  Mâr  Joseph  lui  répondit  et  lui  dit  :  «  Il  n'y  a  chez 
moi  ni  coffret  d'or  ni  coffret  d'argent;  fais-moi  ce  que  tu  voudras.  > 
Le  gouverneur  donna  ordre  de  le  torturer  avec  de  lourds  instruments 
de  fer  et  on  le  tortura  beaucoup.  Mâr  Jean  fit  encore  des  dons  impor- 

(1)  cf.  supra,  p.  127,  où  il  s'agit  d'un  colfrel  rempli  d'argent,  et  non  d'une  chaîne  en 
argent. 


252  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

tants  au  gouverneur  afin  que  celui-ci  fît  sortir  (Mar  Joseph)  du  village 
et  qu'il  l'envoyât  dans  des  villes  étrangères.  Mais,  bien  que  le  gouver- 
neur eût  reçu  confirmation  qu'il  n'y  avait  rien  chez  Mar  Joseph  et  que 
tout  ce  qu'avait  dit  Mar  Jean  n'était  que  mensonge  et  fausseté,  il  montra 
extérieurement  qu'il  tiendrait  sa  parole  et  qu'il  le  ferait  sortir  de  la  ville, 
afin  de  recevoir  par  là  l'argent  que  (Mâr  Jean)  lui  avait  promis;  c'est 
pourquoi  il  lui  déclara  qu'il  le  ferait  sortir  de  la  ville  aujourd'hui  ou 
demain.  Mâr  Jean  rechercha  encore  dans  Mossoul  les  biens  du  couvent, 
parce  qu'on  lui  avait  dit  :  «  Il  y  a  des  biens  du  couvent  dans  la  ville.  » 
Aussi  fit-il  des  recherches  et  des  enquêtes  et  il  ne  trouva  rien.  Quand 
le  gouverneur  lui  eut  confirmé  qu'il  le  ferait  sortir  de  la  ville  aujourd'hui 
ou  demain,  (Mâr  Jean)  monta  à  Alqôs.  Mâr  Joseph  resta  en  prison  en 
endurant  des  tourments  par  ordre  du  gouverneur;  mais  Dieu  lui  fit 
trouver  miséricorde  devant  le  chef  de  la  prison,  qui  l'aimait  et  ne  le 
tourmentait  que  de  manière  à  ne  pas  transgresser  et  à  ne  pas  fouler  aux 
pieds  l'ordre  du  gouverneur.  De  même  le  père  Jean  trouva  grâce  devant 
le  chef  de  la  prison,  qui  l'aimait  beaucoup.  (Le  chef  de  la  prison)  leur 
venait  en  aide  toutes  les  fois  qu'ils  avaient  faim  ;  il  voyait  en  effet  que 
certains  hommes  venaient  visiter  les  autres  prisonniers  et  que  personne 
ne  regardait  ces  deux  moines. 

Après  avoir  pris  tout  ce  qui  appartenait  au  couvent,  Mâr  Jean  ne  re- 
tourna trouver  ni  le  gouverneur  de  'Amâdya  ni  le  gouverneur  de  Mossoul. 
11  leur  avait  promis  en  effet  beaucoup  d'argent  et  toutes  les  fois  que 
ces  derniers  l'envoyaient  chercher,  il  leur  donnait  une  excuse  et  ne  se 
dérangeait  pas;  et  jamais  il  ne  retourna  auprès  de  l'un  ou  de  l'autre. 
Lorsqu'il  eut  pris  l'église  supérieure  de  Mâr  Mïkâ,  ses  propres  moines  s'y 
rendirent  et  y  demeurèrent,  bien  que  leur  conscience  le  leur  reprochât. 
Le  gouverneur  emmena  avec  lui  le  père  Jean,  en  lui  laissant  ses  liens 
et  ses  chaînes  au  cou,  dans  tous  les  lieux  et  les  villages  où  il  allait,  et 
il  le  conduisit  jusqu'à  Zâkho.  11  s'écoula  beaucoup  de  temps  et  le  père 
Jean  resta  enchaîné  pendant  un  espace  de  quatre  mois  environ.  Le 
bruit  se  répandit  à  Alqôs  que  l'un  des  prisonniers  était  mort;  les  prin- 
cipaux habitants  du  village  se  réunirent  et,  après  être  allés  trouver  Mâr 
Jean,  ils  lui  demandèrent  d'écrire  et  d'envoyer  une  lettre  au  gouverneur 
â  Zâkho,  afin  qu'il  leur  rendit  la  liberté.  Mâr  Jean  écrivit  une  lettre  et 
l'envoya  par  un  messager  qui  la  porta  à  Zâkho.  Le  chef  de  la  prison 
apprit  qu'un  messager  était  venu  de  la  part  du  métropolitain  Jean  et 
qu'il  avait  apporté  une  lettre  au  gouverneur,  afin  qu'il  leur  rendit  la 
liberté.  Ce  chef  de  la  prison,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  aimait 
beaucoup  les  deux  moines,  et  il  vint  leur  donner  des  nouvelles.  Le  mes- 
sager alla  également  trouver  le  père  Jean  et  lui  annonça  qu'il  avait 
apporté  une  lettre  au  gouverneur,  afin  qu'il  leur  rendît  la  liberté,  et  à 
cette  nouvelle  ils  se  réjouirent.  Le  chef  de  la  prison  dit  au  père  Jean  : 
«  Je  vais  aller  au  repas  et  je  serai  présent  au  moment  de  la  lecture 
de  la  lettre  afin  d'apprendre  ce  qui  s'y  trouve.  »  Après  y  être  allé  et 
avoir  assisté  au  repas,  on  lut  la  lettre  au  gouverneur  et  on  vit  que  dans 
cette  lettre  il  était  écrit  en  ces  termes  :  «  Sachez  que  jusqu'à  présent 


HISTOIRE    DU   COUVENT    DE    RABBAN    HORMIZD.  253 


(Màr  Joseph)  ne  m'a  rien  remis  des  biens  du  couvent  :  aussi  jetez-les 
dans  le  fleuve.  »  Le  gouverneur  donna  sur-le-champ  l'ordre  suivant  : 
c  Demain  remplissez  leurs  seins  de  pierres  et  jetez-les  dans  le  fleuve 
pour  les  noyer.  »  Quand  le  repas  fut  terminé,  le  chef  de  la  prison  se 
leva,  accablé  de  tristesse  et  le  visage  transformé  par  suite  de  la  grande 
souffrance  qu'il  éprouvait  à  leur  sujet,  et  il  arriva  à  la  prison  le  visage 
empreint  de  tristesse.  Dès  que  le  père  Jean  et  le  frère  Joachim  virent 
que  son  visage  était  changé  et  qu'il  n'était  plus  comme  hier  où  il  leur 
donnait  des  marques  de  joie  et  d'affection  selon  sa  coutume,  le  père  Jean 
et  le  frère  Joachim  se  mirent  alors  à  lui  demander  de  leur  dire  :  «  Qu'as-tu 
appris  par  cette  lettre?  Pourquoi  es-tu  dans  la  peine  et  n'es-tu  plus 
comme  hier?  »  Comme  ils  l'interrogeaient  sans  qu'il  voulût  répondre, 
ils  l'importunèrent  beaucoup;  et  il  leur  dit  :  «  Le  gouverneur  a  donné 
ordre  que  nous  vous  jetions  demain  dans  le  fleuve  pour  vous  noyer. 
Dans  la  lettre  qu'a  envoyée  le  métropolitain  Jean,  il  était  en  effet  écrit 
en  ces  termes  :  Jetez-les  dans  le  fleuve,  parce  qu'il  ne  m'a  rien  remis 
des  biens  du  couvent.  »  Ils  lui  dirent  :  «  Que  ce  soit  le  nom  du  Seigneur; 
nous  n'avons  personne  en  dehors  de  lui.  »  Le  père  Jean  dit  alors  au 
frère  Joachim*:  «  Confesse  tes  péchés,  moi  j'aurai  également  une  con- 
trition parfaite  et  nous  nous  remettrons  entre  les  mains  de  Dieu.  Vive 
cependant  la  miséricorde  de  Dieu  qui  ne  délaisse  pas  ses  serviteurs,  au 
moment  des  tribulations  et  des  angoisses.  » 

A  cause  du  père  Jean,  le  chef  de  la  prison  dont  nous  avons  parlé  avait 
envoyé  son  serviteur  pour  aller  voir  les  hommes  de  sa  maison  jusqu'au 
village  de  Dêhôk  et  pour  y  apprendre  les  nouvelles  et  les  bruits  nouveaux. 
Après  être  arrivé  au  village  de  Dêhok,  ce  serviteur  alla  trouver  un  ami 
chrétien  de  son  maître  et  il  prit  auprès  de  lui  des  renseignements  sur  le 
gouverneur  de  Mossoul  et  sur  le  métropolitain  Jean.  Ce  chrétien  nommé 
Sabô  lui  dit  :  «  Est-ce  que  vous  n'avez  absolument  rien  appris?  »  — 
«  Non  »,  lui  répondit  ce  serviteur.  —  .  Le  métropolitain  Jean,  ajouta  Sâbù, 
a  pris  tous  les  biens  du  couvent,  et  il  n'est  resté  aux  moines  pas  même  un 
fil  ;  il  est  descendu  à  Mossoul  auprès  du  gouverneur  et  il  lui  a  donné  dix 
sacs  d'argent;  puis  il  est  remonté  et  il  demeure  dans  sa  maison.  Il  ne  vous 
craint  aucunement,  il  n'ira  pas  vous  trouver  et  il  ne  saura  pas  où  vous 
êtes.  >  Le  serviteur  revint  trouver  son  maître  le  jour  même  où  le  gouverneur 
avait  donné  l'ordre  de  jeter  dans  le  fleuve  le  père  Jean  et  le  frère  Joachim. 
Dès  que  le  serviteur  fut  arrivé,  son  maître  lui  demanda  les  nouvelles 
qu'il  avait  apprises,  et  celui-ci  lui  rapporta  tout  ce  qu'il  avait  appris  en 
route  et  ce  que  lui  avait  dit  Sâbo.  A  l'instant  même  le  chef  de  la  prison 
se  leva  en  entendant  cela,  il  alla  au  repas  et  il  se  mit  à  le  rapporter 
rapidement  devant  le  gouverneur  et  tous  les  grands  réunis  en  leur 
disant  :  t  Mon  serviteur  vient  d'arriver  du  village  de  Dêhok  et  voici  ce 
qu'il  m'a  raconté  de  la  bouche  de  Sabo  qui  a  dit  à  mon  serviteur  :  Le 
métropolitain  Jean  a  pris  aux  moines  tous  les  biens  du  couvent  et  il  n'est 
resté  entre  leurs  mains  pas  même  une  obole;  il  est  descendu  auprès 
du  gouverneur  de  Mossoul  et  il  lui  a  donné  dix  sacs  d'argent;  puis  il 
est  remonté  et  il  demeure  dans  sa  maison.  Il  ne  vous  craint  aucunement, 


254  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

et  il  n'ira  pas  vous  trouver.  Examinez  maintenant  si  c'est  de  la  justice 
de  votre  part  d'avoir  décrété  contre  ces  hommes  de  les  jeter  à  l'eau  et 
de  les  noyer,  alors  qu'ils  n'ont  pas  commis  de  faute  et  que  le  métropo- 
litain Jean  a  pris  leurs  biens.  Voici  je  les  ai  aimés  dans  la  prison,  parce 
que,  depuis  le  jour  où  vous  les  avez  pris  jusqu'aujourd'hui,  je  n'ai  vu 
personne  qui  soit  venu  les  visiter  comme  les  autres  prisonniers.  »  Après 
avoir  entendu  ces  paroles,  le  gouverneur  dit  aussitôt  :  <  Allez  et  mettez - 
les  en  liberté.  Pour  moi,  s'il  vient  à  tomber  une  fois  entre  mes  mains, 
je  sais  bien  ce  que  je  ferai  au  métropolitain  Jean.  »  En  entendant  cela, 
les  grands  ne  donnèrent  pas  leur  approbation,  mais  ils  dirent  au  gouver- 
neur :  «  Qu'ils  restent  encore  cette  fois,  jusqu'à  ce  (jue  nous  allions 
au  village  de  Manguêsë.  Mais  si  le  métropolitain  Jean  vient  nous  trouver, 
nous  le  saisirons  à  leur  place,  et  eux  nous  les  mettrons  en  liberté;  et  s'il 
ne  vient  pas,  nous  les 'mettrons  également  en  liberté;  car  s'il  apprend 
que  nous  les  avons  mis  en  liberté,  il  ne  viendra  pas  non  plus  nous 
trouver.  »  Le  gouverneur  alors  dit  :  «  Qu'ils  restent,  toutefois  ne  leur 
faites  pas  de  mal,  laissez-les  et  ne  leur  causez  pas  d'injustice.  » 

Pendant  tout  le  temps  qu'ils  restèrent  à  Zakhû,  il  s'y  trouvait  un  chré- 
tien de  Mossoul  qui  prenait  soin  d'eux  pour  l'entretien  et  la  nourriture. 

Les  frères  du  couvent  venaient  demander  des  couvertures  au  métro- 
politain Jean  et  c'est  à  peine  s'il  leur  en  donnait.  Quelques  frères  de- 
meurèrent dans  la  maison  des  frères  du  métropolitain  Jean  pendant 
dix  jours.  Chez  ces  frères  du  métropolitain  Jean  le  reproche  de  la  cons- 
cience augmenta,  il  y  eut  de  la  division  parmi  eux,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  ils  se  mirent  à  murmurer  les  uns  contre  les  autres 
et  à  dire  :  «  Si  nous  avions  su  que  cela  se  fût  passé  ainsi,  nous  ne  serions 
pas  descendus  du  couvent.  »  L'un  d'eux  sortit  et  alla  au  village  avec 
la  pensée  que,  quand  le  père  Jean  sortirait  de  prison,  il  l'accompagne- 
rait; mais  les  autres  restèrent  dans  l'église  de  Mâr  Mika.  Quand  ils  allaient 
demander  pour  eux  de  la  nourriture  au  métropolitain  Jean,  celui-ci  les 
reprenait  en  disant  :  «  Est-ce  que  je  suis  chargé  de  vous  nourrir;  allez 
et  nourrissez-vous  vous-mêmes.  »  Comme  ils  ressentaient  vivement  leurs 
douleurs,  ils  commencèrent  alors  à  écrire  en  secret  à  Mâr  Joseph  tandis 
(ju'il  se  trouvait  en  prison  ;  ils  lui  offraient  leur  pénitence  et  (cependant) 
ils  ne  pouvaient  pas  se  détourner  de  Mâr  Jean  publi(iuement,  de  peur 
qu'il  ne  leur  arrivât  malneur. 

Le  gouverneur  partit  de  Zâkhr»  et  alla  au  village  de  Manguesè.  Il  y 
avait  là  un  chrétien  qui  était  l'ami  du  gouverneur  et  il  le  pria  avec  ins- 
tance de  relâcher  le  père  Jean.  Le  gouverneur  demanda  qu'on  lui  pré- 
sentât cinquante  guërkïye  et  (il  s'engagea)  à  le  relâcher.  On  emprunta 
à  un  particulier  cinquante  guèrkiyo  et  on  les  remit  au  gouverneur,  et 
celui-ci  relâcha  le  père  Jean  et  le  frère  Joachim  au  milieu  d'un  grande 
joie.  Le  frère  Joachim  alla  trouver  un  prêtre  du  couvent  qui  se  trouvait 
dans  le  village  d'Arden  situé  au-dessus  de  Manguêsë,  emporta  de  chez 
lui  cinquante  guërklyë  et  les  rendit  à  celui  qui  les  leur  avait  prêtés. 
{A  suivre.)  M.  Brière. 


APERÇU 

SUR 

LES  MIRACLES  DE  NOTRE-SEIGNEUR 


W  Graftin,  sur  les  indications  de  M.  Tabbé  Nau,  nous  a 
envoyé  de  très  belles  photographies  des  mss.  dWbbadie  n"'  168 
et  226,  désignés  sous  la  rubrique  de  Miracles  de  Xoire-Sei- 
gneur  (1),  afin  d'en  préparer  l'édition  pour  la  Patrologie  orien- 
tale. 

L'étendue  du  sujet,  décelant  une  compilation  assez  vaste,  le 
l)on  état  du  texte  étliiopien  actuel,  qui  a  chance  d'être  une  tra- 
duction de  l'arabe  (2),  l'unité  relative  de  l'ouvrage  (recueil  de 
traditions  concernant  le  Christ),  la  richesse  et  la  variété  des 
détails  donnent  de  l'importance  à  ces  manuscrits,  qui  peuvent 
être  considérés  comme  un  type  caractéristique  de  la  littérature 
des  Apocryphes,  et  aussi,  sous  un  certain  rapport,  comme  étant 
tributaires  des  Apocalypses  (3). 

Les  mss.  168  et  226,  que  nous  désignons  par  A  et  B,  sont 
identiques.  Le  scribe  éthiopien  les  a  divisés  en  12  Miracles, 
auxquels  s'ajoutent,  comme  supplément,  les  récits  de  la  Pen- 
tecôte et  des  premiers  événements  du  christianisme,  et  la 
fameuse  légende  (ïAbgar,  roi  cVEdesse  (4). 

(1)  Le  titre  complet  est  donné  avec  Vincipil.  Cf.  infra,  p.  250. 

{■2)  Ou,  du  moins,  le  compilateur  éthiopien  s'est  inspiré  de  récits,  écrits  en 
arahe. 

(.3)  Les  Mit^tclex  de  Xotre-Sclr/neur  seront  un  document  utile  pour  une  étutlc 
d'ensemble,  qui  n'est  pas  encore  faite,  sur  la  littérature  des  Apocryphes  et  des 
Apocalypses. 

I  1)  Voici  comment  M.  d'Abbadie  décrit  ces  deux  mss.  :  ..  168.  Taammera  Yasus. 
x'it  sur  'J-'j,  reliure  vieille  et  médiocre  à  dos  refaits,  carrés  de  damas  rouge, 
malidai'  en  mauvais  état,  écriture  médiocre,  espacée  et  en  deux  coloimes,  1.31  feuil- 
lets, dont  l  blanc.  Cet  ouvrage  renferme  des  traditions  quelquefois  apocryphes 
sur  Noti-e-Seigneur.  est  divisé  en  quai'ante-deux  Miracles  et  contient  vers  la  tin 
le  Livre  du  Coq  (voy.  n"  11)  et  l'histoiiv  de  la  Passion. —  2Jr,.  Taammera  Yasus. 


•256  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Incipit  :  flft#w»  :  ^^fl  :  fliflïAJt  ••  oum'id.îx  :  ^.Ç.f|  :  bh9° 

\\cMi\  •  n^hi-  ■  T.PO'  •  evA-  ■  (2)  rt\^  •  ¥*<-  • ...  (3)  a 

«/A/w  :  ^A9"  •  h'^l  ■•••  11^*  •■  5^/*'m.C  •  i\T/\h*P^  •  WilC  '• 

iijjntro  i  4»X'fli'  •■  '>^'>  ••::  B  fol.  2  r°  a  (A  fol.  1  r"  a).  Au  nom 

du  Père,  du  Fils  et  du  Saint-Esprit,  un  seul  Dieu.  Miracles 
<iue  fit  Xotre-Seigneur  et  Notre-Sauveur  Jésus-Christ.  Que  la 
bénédiction  de  sa  grâce  soit  avec  son  cher...  pour  les  siècles 
des  siècles!  Amen.  C'est  le  mystère  divin  que  Notre-Seigneur 
et  Notre-Sauveur  Jésus-Christ  a  exposé  à  son  disciple  et  à 
son  apôtre  Jean,  fils  de  Zébédée.  {Cet  exposé  eut  lieu)  avant 
C Ascension  de  Notre-Seigneur  et  Notre-Sauveur  Jésus- 
Christ  dans  les  deux,  lui  qui  7i'a  pas  été  séparé  de  son  Père 
et  de  VEsprit-Saint,  pas  même  une  heure,  ni  un  instant  (4). 
A  (n"  1(38;  131  feuillets  :  1  blanc)  est  plus  ancien  et  plus 
complet  que  B.  Il  contient  deux  appendices,  qui  ne  se  trouvent 
pas  dans  B  :  le  Livre  du  Coq  (5)  (oof^-gli^  :  ^Clf  ••  H^^ifl 

151  sur  21,  malidai'  et  difat  de  nias  en  bon  état,  reliure  fraîche  et  moderne,  écri- 
ture guilii  sur  deux  colonnes.  Cet  ouvrage  raconte  en  42  Miracles  ou  chapi- 
tres les  événements  de  la  vie  de  Notre-Seigneur,  en  y  mêlant  quelques  apo- 
cryphes. Il  est  orné  de  21  grandes  figures  enluminées  et  se  compose  de  114  feuil- 
lets, dont  trois  blancs.  »  Cf.  Catalogue  raisonné  de  manuscrils  éthiopiens  appar- 
ieaanl  à  A.  d'Abbadie,  Paris,  1859,  p.  176  et  219. 

(1)  A  add.  athf^'WÙ  et  notre  Dieu.  Dans  rûici/>i7,  A  fait  la  même  addition  trois 
autres  fois,  après  '^'HïOù  Notre-Seigneur.  —  Nous  avons  préféré  citer  ici  B,  car 
dans  B  il  y  a  des  espaces  blancs  pour  les  noms  propres,  alors  que  dans  A  les 
noms  propres,  mis  en  surcharge,  sont  illisibles  sur  la  photographie. 

(2)  A  fOA'. 

(3)  Espace  blanc  dans  B. 

(4)  Le  Brilish  Muséum  possède  au  moins  17  mss.  des  Miracles  de  Notre-Sei- 
gnour  (n°'  62  à  75,  02,  272,  288);  les  mss.  sont  du  xvnp  siècle,  hors  un,  qui  est 
(le  la  lin  du  xvu^  Ils  renferment  en  général  42  Miracles,  hors  les  n-'  71  (40  mi- 
racles); 72  et  ',)2  (41  mir.);  272  (44  mir.);  et  68  (47  mir.).  Les  mss.  69  et  71  ren- 
ferment aussi  l'histoire  d'Abgar.  L'introduction,  éditée  par  Wright  d'après  le 
lus.  67,  est  en  substance  la  même  que  dans  nos  manuscrits.  Cf.  W.  Wright, 
(.'alalogue  of  the  cthiopic  manuscripts,  Londres,  1877,  p.  43. 

(5)  [J'ai  signalé  le  premier  cet  apocryphe,  ROC,  1904,  p.  613-614,  sans  indiquer 


LRS    MIRACIJOS    DE    XOTRE-SEICiNEUR.  '257 


C07,  r/id  spva  lu  à  r office  du  jeudi  à  six  heures  du  soir)  (1) 
(fol.  1 1 1  V"  a  :i  fol.  1 19  v°  a),  et  VHistoire  de  la  Passion  (jr-Jfl 
'fl  •■  n^/C-ii  :  m.H.  :  rrt*}'!-  :  Lecture  du  vendredi  à  trois 
heures)  (fol.  il!)  v"  a  à  fol.  129  r  b).  Il  paraît  avoir  eu  deux 
possesseurs,  comme  l'indiquent  les  surcharges  des  noms  propres 
aux  bénédictions  (2).  Le  second  possesseur,  un  cerlain  Wa/da- 
Wùhed  (oïA^  -•  <PAJ^"),  aurait  acheté  ce  manuscrit,  pour  en 
faire  don  au  monastère  da  Dabra-Giyorgis  (^'fl^  .-  XP-CT. 
Il)  (3).  Ce  personnage,  en  inscrivant  son  nom  et  parfois  ceux 
de  son  épouse,  de  son  père  et  de  sa  mère,  en  sus  ou  à  la  place 
du  nom  de  lancien  possesseur,  a  rendu  souvent  les  caractères 
illisibles.  -Desinit     A.^n  ■  -na^--^-  :  MrU-fJrh.C  .•  h-fi  s 

'W  '  K^ù-d  ■■  YiCM-fti  :  h^  :  l'Tnvfi^  •■  ctii-  -  rtià  •  4»?. 

fl^h    •    A.-/'    :   A:VTh    •    l-tïCh    :  (DAA   :   ^/hR'   :    ...    (4)    A^A 

'w  ••  'iHr  •  h*^-}  :•:  0  Père  des  Lumières,  Seigneur  Père, 
je  me  suis  mis  sous  la  protection  de  ton  F  ils  Unique,  Notre- 
Seigneur,  Notre-Dieu  et  Notre-Sauveur  Jésus-ChrisI,  afin 
que  tu  me  donnes  ma  part  d'héritage  avec  tes  saints,  à  moi, 
pécheur,  ton  serviteur  Walda-Wàhed  ...  pour  les  siècles  des 
siècles.  Amen  (fol.  129  v"  1)). 

B  (n"  220:  111  feuillets  :  3  blancs),  d'une  facture  récente, 
est  illustré  de  maintes  images  d'une  expression  naïve  et  d'un 
art  rudimentaire.  Nous  les  signalerons,  au  fur   et  à  mesure 

la  source,  pour  résorvor  le  sujet  à  l'un  de  mes  ainis.  Peu  après,  j'ai  mis  le 
ms.  d'Abbaclie,  n-  11,  on  mains  au  Pore  Cliaine,  de  passage  alors  à  la  Biblio- 
thèque Xationalo.  Le  Père  Chaino  semble  avoir  cdit('  lapocryplie  (.Mazliafa 
Dorho)  d'aj)rès  ce  seul  manuscrit,  /ievue  sémilir/ne,  l'.MC.  F.  X.\u]. 

(1)  M.  à  m.  :  jour,  midi,  d'où  aprrs-midi. 

{■■i)  Nous  appelons  béncdiiliim  [ÇilM^-]  la  foi'mule  où  lo  seribe,  au  commence- 
ment ou  à  la  fm  do  chaque  partie  du  ms.,  implore  la  grâce  du  Seigneur  sur  le 
possesseur  du  ms.,  sur  un  jK-rsonnagc  quelconque,  sur  lui-même  par  ces  mots  : 
nCn-^  «  fipU'  »  fUA-...  que  la  bcncdiclinn  de  xa  grdce  soit... 

(H)  Cf.  le  colophun  (fol.  liiO  i-"  a). 

(  1)  Aux  points  de  suspension  correspondent  des  noms  i)ropres  en  surchai'ge, 
illisibles  sur  la  photographie.  —  Nous  avons  lu  les  mots  suivants  :  a^f|,^^d.\y.  ,  > 
Jifi  I  (D9"il\\.'i  et  son  scribe  pauvre  el  malheureux;  suit  le  nom  du  scribe,  qui  se 
lit  peut-être  :  -^^f.  ,  ^y^^.  {fionlr  de  In  Trinilc). 

ORUCNT    CHRtTIlMN.  j- 


'■2:)f<  l'.EVUE    DR    L  ORIF.XT    CIIRETIEX. 

qu'olles  se  présenteront  dans  le  curps  do  l'ouvrage'.  Xuxbéné- 
tliclioiis  la  place  <les  n<'nis  propres  est  laissée  en  blanc.  ~ 

ù-h  '  licft-fA  .'  iXh^  '■  i-n^'  •  '>^à  •  '^Jih.A  I  />^\y"7f^  ''  '  '^« 

aner  .ses  soldais,  cl  leur  {aux  martyrs)  dit  :  «  Sacri/ie:-vous 
aux  dieux?  »  Us  lui  direid  :  «  Nous  sacrifions  à  Celui  qui  esl 
né  de  Marie.  >^  Alors,  ou  leur  trancJia  la  tête  avec  des  y  la  ires. 
Leur  sauy  coula  comme  de  l'eau,  au  point  de  parvenir  aux 
yenoux  dujuye  (2).  Que  leur  hèuédu-tion  soit  avec  leur  cher... 
pour  les  siècles  des  siècles.'  Amen.  Ici  sont  terminés  les  Mi- 
racles de  nurn  Seiyneur  Jcsus-C/trist,  de  la  main  de  son  ser- 
viteur Hàyla-Mikâ'êl  (fol.  1U9  v"  b). 

L'édition  de  ces  mss.  sera  donnée  dans  la  Patrologia 
Orieulalis  Graffin-Nau.  Nous  faisons  l'analyse  de  leur  contenu 
pour  les  lecteurs  de  la  Bévue  de  F  Orient  Chrétien.  Puisque 
le  copiste  éthiopien  a  pris  soin  de  rompre  la  scriplio  continua 
du  texte,  en  mettant  çà  et  là  quelques  jalons  (emploi  de  îrd/*-'h  •' 
chapitre,  de  caractères  rouges,  de  titres  avec  numéros  d'or- 
dre), nous  sommes  heureux  d'utiliser  les  divisions  de  l'ouvrage 
lui-même  (3). 

1 .  (A  fol.  1  r^  a  à  fol.  "2  r«  b;  B  fol.  2  r"  a  à  fol.  3  r"  a).  —  In- 
troduction. No'wVincipit.  Primauté  de  Pierre,  chef  de  l'Église. 
Saint  Jean  compose  les  Miracles  de  Notre-Seigneur.  ^(î.  •* 


{\)  Espace  blanc  dans  B. 

(2)  M.  à  ni.  :  de  l'humme. 

Ci)  Les  ChiltVes  arabes  en  caractères  gras  et  entre  crochets  sont  la  trans- 
cription des  chiffres  éthiopiens.  Les  autres  cliiffres,  que  nous  mettons  en  tél.- 
des  alinéas,  sont  de  simples  iiuniéros  d'ordre. 


LES    MIRACLES    DE    NOTRE-SEinNEUR.  259 

/l  •  hCft-f-ft  h<w  :  /».JK,>.'i  :  JT.^  ..  ai'>ÎA  :•:  /^^/>/  dit:  «  )/oï- 
7?i6'm^%  yV//  écrit  ce  livre,  que  m'a  montré  mon  Dieu,  qui 
contient  les  mystères  (1).  .fai  mentionné  en  lui  tous  les  pro- 
diges que  fai  rus,  qui  ne  sont  pas  écrits  dans  (mon)  Évan- 
gile, ni  dans  les  écrits  des  trois  Évangélistes.  En  effet,  ces 
derniers  ont  caché  la  plupart  des  miracles  qu'ils  ont  vus,  {et) 
qu'a  faits  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  afin  que  le  récit  de 
V Évangile  ne  fût  pas  allongé  »  (A  fol.  1  v"a;  B  fol.  2  V  a). 
Suit  le  commencement  de  l'Évangile  de  Saint  Jean.  —  Le  fol. 
1  r''  de  B  contient  l'image  de  VEcce  homo,  avec  ce  titre,  mis 
en  exergue  :  nXxao  ..  hoCd?*  •  CM  '  A?i*7HîiV  :•:  Coininent  on 
a  frappé  (2)  la  tête  de  Notre-Seigneur.  Le  ver-so  du  même  fol. 
est  blanc. 

2.  (A  fol.  2  r°  b  (rài^ï)  à  fol.  3  r"  b;  B  fol.  3  r"  a  à  fol.  1  v"  a). 
Les  anges;  leurs  rangs;  leur  fonction  :  louer  Dieu.  Sàtnaél 
(<^TÇ^.A)  entraîne  les  mauvais  anges  dans  la  révolte  et  la 
déchéance.  Gabriel  ^on  attendrait  Michel)  exhorte  les  bons 
anges.  —Au  fol.  3  v"de  B  se  trouve  l'image  de  la  Trinité,  sous  la 
forme  de  trois  personnages  identiques,  avec  l'inscription  en 
exergue  :  /*'A-ft  :  4».^.ft  .-  Trinité  Sainte. 

3.  (A  fol.  3  r"  b  (^d/*.^-)  à  fol.  4  r°  a;  B  fol.  1  v"'  a  (^rôà-^^-) 
à  fol.  3  r°  b).  —  Dieu  crée  Adam  à  son  image  et  à  sa  ressem- 
blance, le  place  dans  le  paradis,  et  lui  défend  de  manger  du 
fruit  de  l'arbre. 

1.  (A  fol.  1  r"  a  (r^àà-fi')  à  fol.  5  r"  b;  B  fol.  3  r°  b  à  fol.  G 
r  b).  —  Le  péché  originel.  Adam  et  Eve,  séduits  pd.r  Satan, 
mangent  du  fruit  défendu,  et  sont  expulsés  du  paradis. 

5.  (A  fol.  :>  r  b  (l>"i>/,.'i:)  à  fol.  G  r"  b;  B  fol.  G  r"  b  (iP^^^q:) 
à  fol.  7  r"  b).  —  Adam  et  Eve  demeurent  sur  la  Montagne  des 
Trésors.  Ils  ont  des  enfants.  Cain  tue  .l/W,  et  est  maudit  par 
Dieu.  Quelques  Pères  justes  :  Xoé,  Aln-aham,  Isaac,  Jacob 
sont  mentionnés.  La  venue  du  Sauveur  doit  avoir  lieu  r».."')()() 

(l)  Un  pn'iV'rorait  lo  scii-s  suivant  :  J'ai  t-rrit  ce  livre,  qui roulienl  les  myxlètvs 
que  mon  Dieu  M'a  montrés.  Mais  ce  .seiait  contraire  à  la  syntaxo  l'-tliiopionne. 
{i)  h-CO  sij:nill«>  fm/iper  li  cim/is  de  pdiiu/. 


200  i;evlt.  de  l'oriext  chrétien. 

ans  (lo  cinquième  jour  et  demi  :  èdA'l*  •'  aioo'ié,^  :  (it\r\') 

après  l'expulsion  àWdam  du  paradis  (1). 

6.  (A  fol.  G  r"  b  (jT'd^'h  foi.  G  v"  a)  à  fol.  7  vMj;  B  f..l.  7  r"  bà. 
fol.  9  r"  a).  —  Marie  est  élue  par  Dieu.  Présentée  au  temple  par 
son  père,  elle  y  demeure  jusqu'à  l'âge  de  puberté.  Elle  habite 
ensuite  Nazareili,  où  l'ange  Gabriel  lui  annonce  sa  maternité 
divine,  ainsi  que  la  conception  (ÏÉlisabeili.  Les  prêtres,  appre- 
nant que  Marie  a  conçu,  contraignent  Joseph  à  l'amener 
devant  eux,  pour  qu'elle  subisse  l'épreuve  de  l'eau  de  malé- 
diction (<»7f  :  HA4.).  Mais,  à  peine  Marie  a-t-elle  bu  de  cette 
eau,  que  son  visage  devient  brillant  comme  le  soleil,  et  que  ses 
yeux  lancent  des  éclairs.  A  la  vue  de  ce  miracle,  les  .Juifs  se 
prosternent  devant  Marie.  Beaucoup  croient  à  la  conception 
virginale  du  Fils  de  Dieu,  et  rendent  grâces  au  Seigneur  de 
l'accomplissement  des  prophéties.  Tel  est  le  premier  miracle 
que  fit  la  Sainte  Vierge.  —  Dans  B  7  v°  se  trouve  l'image  de 
V Annonciation,  avec  cette  inscription  au  haut  du  fol.  :  l\\\ao  : 
h'ÛÙ^'  !  7'flCh>A  !  iih.lll'hH'^  ••  Comment  Gabriel  annonça 
à  Notre-Dame  la  bonne  nouvelle. 

7.  (A  fol.  7  v°  b  à  fol.  9  r°  b;  B  fol.  9  r°  a  à  fol.  10  v°  b).  — 
.Joseph  part  avec  Marie  de  Nazareth  pour  Bethléem,  à  cause 
du  recensement  prescrit  par  l'empereur  romain.  La  Sainte 
Vierge  met  au  monde  Notre-Seigneur  dans  une  grotte,  et  le 
dépose  dans  une  crèche.  Une  sage-femme  Salomé  veut  s'as- 
surer si  Marie  est  réellement  vierge.  Elle  va  à  la  grotte,  et 
lève  la  main  pour  toucher  le  corps  de  Marie.  Sa  main  jusqu'à 
l'épaule  se  dessèche  aussitôt.  Effrayée,  elle  implore  le  secours 
de  la  Sainte  Vierge,  et  reconnaît  l'accomplissement  du  mystère 
de  l'Incarnation,  prophétisé  par  Isaie.  Marie  prend  la  main 
aride  de  Salomé,  et  la  pose  sur  VEnfant.  La  guérison  a  lieu 
sur-le-champ.  Salomé  confesse  la  divinité  de  Jésus.  —  B  9 
v*"  contient  l'image  de  la  Nativité,  avec  ces  mots  en  exergue  : 
nXïOD  !  i-œfii^  :  h*in,'M  ••  dtD'tii'  :  -ÎA  •■  Comment  Notre- 
Seigneur  est  né  dans  une  crèche. 

8.  (A  fol.  9  r°  b  [3]  (r'th9^C)  à  fol.  9  v"  b;  B  fol.  10  V  b 

(1)  Les  Miracles  de  Notre-Seigneur  sont  étroitement  apparentés  avec  le  Qalé- 
menlos,  que  nous  traduisons  actuellement  dans  ROC. 


LKS    MIUACLKS    DR    NOTRE-SEIGNEIR.  2GI 

(•^^»9"C)  à  fol.   11  r°  b).  —  La  sage-lemme  S'f/omr  glorifie 

0.  (A  fol.  0  V"  I)  [4]  (ô'I'krC)  il  foi.  1:5  r"  b;  B  fol.  1  7  v"  b 
{'l'h9"C)  à  fo'..  -20  V"  b).  —  A  la  naissance  de, Jésus,  les  anges 
entourent  la  grotte;  les  idoles  tombent  dans  le  monde  entier. 
Les  démons  se  réunissent  auprès  de  Satan,  et  lui  demandent 
quel  est  Celui  qui  vient  de  naître  et  de  briser  leur  puissance. 
Satan  fait  une  enquête  à  travers  le  monde.  Il  retourne  vers 
les  démons,  sans  avoir  pu  découvrir  la  naissance  de  Notre- 
Seigneur,  et  les  trouve  tombés  la  face  contre  terre.  Il  les  encou- 
rage, et  leur  assure  que  sa  royauté  ne  passera  pas.  Il  se 
demande  si  la  Vierge,  prédite  par  Isa'ie,  n'a  pas  enfiinté,  car 
c'est  son  Enfant  qui  doit  détruire  le  royaume  diabolique.  Mais 
qui  pourra  lui  enseigner  Thistoire  du  Fils  de  la  Vierge?  Il  a 
parcouru  le  monde  en  vain.  Il  invite  donc  ses  démons  à  aller 
voir  si  V Enfant  est  à  Bethléem,  et  rassemble  ses  armées,  afin 
de  guerroyer  contre  les  anges  qui  gardent  la  grotte.  Les 
démons  aperçoivent  de  loin  les  anges,  mais  ils  ne  peuvent  pas 
approcher  de  Bethléem.  Alors,  Satan  se  rend  seul  auprès  des 
bergers.  C'était  le  quatorzième  jour  après  la  Nativité.  Il  ren- 
contre les  anges,  qui  chantaient  le  Gloria  in  e.vcelsis,  et  annon- 
çaient aux  bergers  la  naissance  du  Sauveur  à  Bethléem.  Satan 
revient  épouvanté  vers  les  démons,  et  leur  dit  qu'il  a  appris 
l'Incarnation  du  Fils  de  Dieu.  Pour  obtenir  des  renseignements 
plus  précis,  il  se  hâte  de  joindre,  à  Jérusalem,  les  Docteurs 
Juifs,  interprètes  des  Écritures.  Ceux-ci  lui  disent  que  le  Christ 
doit  naître  à  Bethléem,  lorsque  les  70  semaines  du  prophète 
Daniel  seront  écoulées.  Satan  insistant  sur  la  date  du  terme 
des  semaines,  les  Juifs  consultent  Nicodème,  Cléophas,  (lama- 
liel,  père  éCÉtienne,  le  futur  diacre  et  martyr.  Ces  docteurs 
affirment  que  les  semaines  sont  accomplies,  et  conséquem- 
ment  que  le  }iessie  est  né.  Nicodème  ajoute  même  que  le  prê- 
tre Siméon,  qui  traduisit  les  Écritures  de  l'hébreu  en  grec  pour 
le  roi  Ptolémée,  au  moment  où  il  se  scandalisait  du  passage 
(ïlsaie  :  Virgo  concipiet,  reçut  d'un  ange  l'assurance  qu'il 
vivrait  jusqu'à  ce  qu'il  eût  vu  lui-même  ce  prodige.  Ils  allèrent 
trouver  Siméon,  qui  confirma  leur  opinion.  Satan,  fortement 
agité  par  la  pai'ule  de  Siniéon  et  des  Docteurs,  retourna  vers 


262  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

les  démons,  et  leur  ordonna  de  ne  pas  s'éloigner  de  Bethléem, 
jusqu'à  ce  que  la  naissance  du  Sauveur  fût  exactement  connue. 

10.  (A  fol.  13  r°  b  [5]  (ëVIC)  à  fol.  1 1  r«  a;  B  fol.  11  r°  b  [3] 
(r)  à  fol.  12  r°  b).  —  Notre-Seigneur  est  présenté  au  temple, 
40  jours  après  la  Nativité.  Siméon  porte  VEnfant  dans  ses 
bras,  dit  le  Nunc  dimittis,  et  prophétise  sur  le  Christ.  Satan, 
qui  entend  toutes  ces  choses,  retourne  vers  les  démons,  avec 
la  résolution  de  combattre  contre  le  royaume  du  Christ.  —  Dans 
B  11  y"  il  y  a  l'image  de  la  Présentation  de  Jésus  au  temple. 

11.  (A  fol.  14  r°  a  [6]  (VilC)  à  fol.  16  r"  a;  B  fol.  12  r°  b 
[4]  (o'^^ii^"C)  à  fol.  14  r"  b).  —  Les  trois  Rois-Mages  de  Perse 
aperçoivent  l'étoile  miraculeuse,  qui  contenait  l'image  de  la 
Sainte  Vierge,  et  qui  projetait,  depuis  le  ciel  jusqu'à  terre, 
une  lumière,  eu  forme  de  colonne.  Ils  trouvent,  dans  le  Livre 
du  Commandement,  la  prophétie  de  l'Incarnation  du  Fils  de 
Dieu,  et  la  description  de  l'étoile.  En  partant  de  leur  pays, 
ils  emportent  avec  eux  Tor,  la  myrrhe  et  l'encens,  qui  prove- 
naient de  la  Montagne  des  Trésors,  et  ils  se  font  escorter  de 
3.000  hommes.  L'étoile  les  conduit  vers  l'Orient.  Ils  voyagent 
pendant  deux  années,  avant  d'arriver  à  Jérusalem.  Hérode 
leur  envoie  des  présents,  et  leur  demande  le  motif  de  leur 
voyage.  Ils  répondent  qu'ils  viennent  adorer  VEnfant-Dieu. 
Hérode  les  prie  de  se  rendre  auprès  de  lui,  à  leur  retour,  afin 
que  lui  aussi  puisse  aller  adorer  VEnfant.  Les  Mages  trouvent, 
dans  la  Grotte,  Marie,  qui  étreignait  sur  sa  poitrine  Jésus, 
qu'elle  avait  enveloppé  de  langes.  Ils  adorent  VEnfant,  et  lui 
offrent  comme  présents  :  de  l'or  pour  sa  royauté,  de  l'encens 
pour  son  sacerdoce  divin,  et  de  la  myrrhe  pour  sa  mort  cor- 
porelle. Au  moment  où  ils  partent,  Marie  leur  donne  comme 
provision  de  route  la  seule  chose  qu'elle  possédait  :  un  pain 
d'orge.  L'ange  du  Seigneur  les  avertit  de  ne  pas  retourner  vers- 
Hérode,  mais  de  prendre  une  autre  route.  Ayant  appris  que 
les  Mages  l'avaient  évité,  Hérode  demande  aux  Docteurs  le 
lieu  de  la  naissance  du  Christ.  Ils  lui  répondent  que,  d'après 
les  prophètes,  c'est  Bethléem.  Cependant,  lange  du  Seigneur 
charge  Joseph  de  prendre  VEnfant  et  sa  Mère,  et  de  pai'tir  pour 
^"Egypte.  Joseph  obéit.  Hérode  ordonne  le  massacre  de  tous  les 
enfants  de  Bethléem,  depuis  l'âge  de  deux  ans  et  au-dessous. 


LES    MIRACLES    DE    NOTRE-SEIGNEUR.  263 

12.  {A  fol.  16  r'*  a  [7]  (%'ilC)  à  fol.  17  v°  a;  B  fol.  14  r"  b 
[5]  (ù^lC)  à  fol.  15  v"  b).  —  Hérode  étant  mort,  l'ange  dit  à 
Joseph  de  retourner  en  Palestine.  En  route,  la  sainte  famille 
rencontra  trois  brigands  fameux  :  Tetos  (Trnft),  Dârkes  (S\ 
dtltl)  et  Gamhour  (l^ihC).  Tetôs  est  chargé  par  ses  com- 
plices du  pillage.  Mais  à  peine  a-t-il  aperçu  Notre-Seigneur 
qu'il  le  vénère,  et  dépose  dans  son  sein  l'argent  qu'il  a  sur  lui. 
II  sert  même  de  guide  à  la  sainte  famille.  Chemin  faisant,  il 
tombe,  et  son  épée  se  brise,  sur  une  pierre,  en  trois  morceaux. 
L'Enfant,  appelant  le  brigand  par  son  nom,  sans  le  connaître, 
lui  remet  en  état  son  épée.  Tetôs,  émerveillé,  adore  Notre- 
Seigneur.  Comme  Jésus  lui  assure  qu'il  précédera  Adam 
dans  le  paradis,  et  que  les  clefs  du  royaume  des  cieux  lui 
seront  données,  un  des  compagnons  de  Tetôs  se  met  à  rire. 
Alors,  Notre-Seigneur,  l'appelant  par  son  nom,  lui  dit  : 
«  0  Dârkes,  tu  n'hériteras  pas  de  la  vie  éternelle  avec  Tetcts, 
puisque  tu  n'as  pas  cru  à  la  parole  de  ton  Seigneur  et  de  ton 
Dieu.  »  Dârkes  s'étonne  de  ce  (\wq  Jésus  l'appelle  par  son  nom, 
sans  le  connaître.  Gamhour,  le  chef  des  brigands,  lui  dit  que 
les  saints  voyageurs  sont  le  Sauveur  et  sa  Mère,  la  Vierge. 
Les  voleurs  retournent  chez  eux.  Joseph  conduit  Y  Enfant  et 
sa  Mère  à  Nazareth.  —  Dans  B  94  v**  se  trouve  l'image  de  la 
scène  des  trois  voleurs. 

13.  (A  fol.  17  V»  a  [8]  [x-t-h^^C]  à  fol.  18  v°  a;  B  fol.  20  V  b 
(•i^hT*C)  à  fol.  21  V"  b).  —  Agé  de  cinq  ans,  Jésus  jouait 
auprès  d'une  piscine.  Il  prit  de  la  boue,  et  en  fit  douze  oiseaux. 
C'était  le  jour  du  sabbat.  Beaucoup  d'enfants  jouaient  avec 
Jésus.  Un  Juif  le  vit  faire,  et  alla  l'accuser  auprès  de  Joseph, 
qui  réprimanda  Notre-Seigneur.  Alors,  Jésus  frappa  des 
mains,  et  les  oiseaux  s'envolèrent,  en  glorifiant  le  Fils  de 
Dieu.  Un  Pharisien  fut  surpris  de  ce  miracle,  et  le  raconta.  Le 
fils  du  scribe  Anne,  allant  avec  lui,  prit  une  branche  de  saule, 
et  fit  s'écouler  l'eau  que  Jésus  avait  réunie  dans  la  piscine. 
Aussitôt,  il  devint  aride.  —  En  courant,  un  enfant  frappa  la 
poitrine  de  Jésus.  Il  mourut  sur-le-champ.  Ses  parents  allèrent 
trouver  Joseph,  et  lui  dirent  que  Jésus  ne  pouvait  plus  de- 
meurer parmi  eux.  Joseph  reprit  Jésus.  —  Dans  B  29  r"  b  une 
ijuage  représente  Jésus  faisant  s'envoler  les  oiseaux. 


26  J  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

M.  (A  fol.  18  v'^  a  ('Tii/'^^)  à  fol.  H)  v"  b;  B  fol.  21  v°  b  ;i 
fol.  23  r°  a).  —  Le  maître  Zachée  demande  à  Joseph  de  lui 
confier  l'instruction  de  Notre-Seigneur.  Jésus,  alors  âgé  de 
cinq  ans,  entend  la  conversation,  et,  dans  une  réponse  sublime, 
révèle  sa  divinité.  Il  va  à  l'école  de  Zachée,  qui  lui  dit  :  «  Dis 
Alpha.  »  Comme  Jésus  ne  répond  pas,  Zachée,  en  colère,  lui 
donne  une  gifle  sur  la  tête.  Jésus  commence  depuis  Alpha 
jusqu'à  la  fm,  et  étonne  son  maître  par  sa  science. 

15.  (A  fol.  19  v°  b  à  fol.  2U  r"  a;  B  fol.  23  r^  a  {Tùl.^^) 
à  fol.  23  r°  b).  —  Un  jour  que  Jésus  jouait  sur  le  toit  avec  des 
enfants,  l'un  d'eux  tomba  du  haut  du  toit,  et  mourut.  A  cette 
vue,  les  autres  enfants  s'enfuirent.  Les  parents  de  l'enfant 
mort  accusèrent  Notre-Seigneur  de  l'avoir  fait  tomber.  Jésus 
alla  vers  le  cadavre,  et  lui  dit  :  «  Dis  si  je  t'ai  fait  tomber.  » 
L'enfant  répondit  :  «  Non,  ô  mon  Seigneur.  »  Les  parents, 
stupéfaits,  glorifièrent  Dieu. 

10.  (A  fol.  20  r°  a  (^''bôA')  à  foi.  21  v»  a;  B  fol.  2)}  r°  b  à 
fol.  21  v°  b).  —  Jésus,  âgé  de  sept  ans,  est  envoyé  par  sa  Mère 
puiser  de  l'eau.  La  cruche  se  brise  en  route.  Il  déploie  le  man- 
teau dont  il  est  revêtu,  et  y  met  l'eau,  qu'il  apporte  k  Marie, 
étonnée.  —  A  l'âge  de  huit  ans,  Jésus  exécute  un  travail  de 
charpentier,  en  présence  de  Joseph,  avec  une  extrême  habileté. 
Alors,  Joseph  décide  de  le  mettre  à  l'école.  Jésus  demande 
une  explication  à  son  maître,  qui  se  fâche,  et  le  frappe.  Le 
maître  meurt  aussitôt.  —  Jésus  est  confié  à  un  autre  maître, 
qu'il  étonne  par  sa  science.  —  Joseph  envoie  son  fils  Jac- 
ques ramasser  de  la  paille.  Un  serpent  le  mord  à  la  main. 
Jésus  souffle  sur  la  morsure;  Jacques  est  guéri,  et  le  serpent 
meurt.  —  Jésus  avait  douze  ans.  Joseph  et  Marie  allèrent, 
selon  leur  habitude,  à  Jérusalem,  pour  la  Pàque.  Au  retour, 
ils  croyaient  Jésus  derrière  eux.  Mais,  à  l'arrivée,  ils  le  cher- 
chent en  vain  dans  leur  famille.  Alors,  ils  retournent  à  Jé- 
rusalem, et  le  trouvent  dans  le  temple,  enseignant  les  Doc- 
teurs. A  Marie,  sa  Mère,  qui  lui  exprime  les  souffrances  qu'elle 
a  endurées  avec  Joseph  à  son  sujet,  Jésus  répond  qu'il  doit 
vaquer  aux  affaires  de  son  Père.  —  Jésus  est  porté  par  le 
rayon  de  soleil  qui  entre  par  la  fenêtre.  (Une  image  repré- 
sente   cette    scène   dans   B   21   v°   a).   —   Jésus   sème  cinq 


LES    MIRACLES    DE    NOTRE-SEIGNEUR.  265 

grains  d'orge,  et  récolte  500  sacs,  qu'il  donne  aux  pauvres. 

17.  (A  fol.  21  v^'  a  [9]  (Bi-^^C)  à  fol.  22  r°  b;  B  fol.  15 
v"  b  [6]  (%'i'h9"C)  à  fol.  16  r"  b).  —  Un  juste,  appelé  Tetmenà 
(*p/pjpoç)^  et  habitant  Nazareth,  près  de  la  maison  de  Jésus, 
avait  beaucoup  de  bœufs.  11  fut  volé,  et,  dans  son  malheur,  il 
se  comporta  comme  Job.  Jésus  lui  dit  que  ceux  qui  l'avaient 
volé  étaient  derrière  le  mont  Thaboi\  Tetmenà  et  Joseph 
allèrent  avec  Jésus.  X  peine  Notre-Seigneur  a-t-il  adressé 
la  parole  aux  voleurs,  que  ceux-ci  implorent  le  pardon.  Jésus 
leur  pardonne,  à  condition  qu'ils  croient  en  lui.  Tetmenà 
ramène  ses  bœufs.  Sa  foi  en  Jésus  est  grande. 

18.  (A  fol.  22  r°  b  [10]  (ï-h^î^c)  à  fol.  2:J  r"  a;  B  fol.  16 
v"  a  [7]  (%'t'h9°C)  à  fol.  17  r°  a).  —  Pendant  que  Jésus  était 
à  Tibériade,  des  barques  entrèrent  au  port.  Un  matelot  criait 
que  ses  compagnons  lui  avaient  volé  tout  le  poisson  qu'il  avait 
péché.  Ses  compagnons  et  lui  prirent  Jésus  comme  arbitre. 
Jésus  se  rendit  aux  barques,  et  ordonna  aux  poissons  volés  de 
revenir  dans  la  barque  de  celui  qui  les  avait  attrapés.  Les 
poissons  sautèrent  dans  la  barque  de  celui  qui  avait  été  volé. 
Tous  furent  étonnés,  et  proclamèrent  Jésus  comme  étant  le 
Christ-Sauveur. 

19.  (A  fol.  23  r°  a  [11]  (Ï6'^^9"C)  à  fol.  23  v''  b;  B  fol.  17 
r°  a  [8]  (x-1rh9°C)  à  fol.  17  v°  b).  —  Un  voleur,  qui  avait 
pris  une  génisse,  fut  rejoint  par  le  propriétaire.  Tous  deux  en 
vinrent  aux  mains.  Voyant  Jésus  qui  passait,  ils  le  choisirent 
comme  arbitre.  Jésus  fit  amener  la  génisse  devant  lui,  et  lui 
ordonna  de  dire  qui  était  son  maître.  Elle  répondit  qu'elle 
appartenait  au  vieillard  Kémémour,  fds  de  Nàzer  (%'^tn>-C  • 
flïAA  •  ÇIIC)?  et  qu'elle  avait  été  volée  la  veille,  à  trois  heures 
du  soir,  par  le  présent  jeune  homme,  dans  une  prairie  de 
Césarée.  Jésus  réprimanda  le  voleur,  qui  demanda  pardon. 
Notre-Seigneur  lui  pardonna,  et  le  jeune  homme  crut  en  sa 
divinité. 

(A  suivre.)  Sylvain  Grébaut. 

Bézancourt  par  Gournay-en-Bray,  le  8  août  1911. 


LA  DIDASCALIE  ÉTHIOPIEfNNE 

Traduite  en  français  par  J.  Françon. 


Chapitre  xxv  {suite)  (1). 

(K,  V,  2).  S'il  y  a  quelqu'un  qui  dit  :  «  Je  suis  chrétien  »  et  s'il  fait 
le  mal,  s'il  fornique,  s'il  pratique  l'impureté,  et  qu'on  prononce  contre 
lui  une  condamnation  à  mort  :  de  cet  homme  qui  est  ainsi,  éloignez- 
vous. 

Il  ne  faut  pas  que  les  chrétiens  s'écartent  (2)  de  la  loi  et  qu'ils  se 
réjouissent  (3)  cà  faire  le  mal,  mais  au  contraire,  qu'ils  s'éloignent  des 
païens  et  des  incrédules  et  qu'ils  ne  s'associent  pas  avec  eux,  (ni  avec) 
les  pervers  qui  les  emprisonnent,  les  poursuivent  (4),  les  enchaînent  et 
les  livrent  pour  (les)  tuer,  k  cause  du  nom  du  Christ  (5).  Prenez  garde 
de  sauver  vos  frères  et  vous-mêmes  (6)  de  la  main  des  païens.  Et  s'il 
y  a  un  chrétien  qui  a  subi  des  afflictions  à  cause  d'eux,  bienheureux 
est-il,  et  il  sera  compté  avec  les  martyrs,  car  il  a  souffert  pour  le  Christ. 
De  même  nous  aussi  nous  avons  éprouvé  des  supplices  (7)  et  des  tri- 
bulations auprès  de  Caïphe  et  de  ceux  d'Alexandre  et  d'Anne  qui  sont 
princes  des  prêtres.  Et  après  cela,  nous  sortîmes  d'auprès  d'eux  en 
nous  réjouissant  (8),  car  nous  avons  été  dignes  de  supporter  les  souf- 
frances du  Christ.  De  même  vous  aussi  supportez  patiemment  et  ré- 
jouissez-vous au  sujet  des  .supplices  (9)  afin  que  vous  soyez  bienheureux 
en  ce  jour. 

(K,  V,  3).  Quant  à  ceux  qu'on  poursuivra  ù  cause  de  la  foi  et  (qui) 

(1)  Voy.  BOC,  1911,  p.  lël. 
{2}  Lilt.  :  "  sortent  ». 
'S)  B  (Or.  793)  :  <■  qu'ils  jugent  •. 
(4j  C  (Abb.  79j  ajoute  :  ".et  les  scient  ... 
(o)  Ce  qui  précède  diffère  de  K. 
(6j  Litt.  :  •■  et  vos  membres  ..  ;  sic  K. 

(7)  C  :  ■•  de  nombreux  supplices  ...  —  Litt.  :  •■  à  nous  aussi  des  tribulations  et 
des  supplices  sont  ai-rivés  ... 

(8)  C  :  «  a(]iî  de  nous  réjouir  certes  ... 

(9)  C  :   "  di'  même    vous   aussi   i-('jouissez-voiis  et   suitport.-z  patiemniput  les 
supplices  ». 


LA   DIDASCALIE   ÉTHIOPIENNE.  267 

sortiront  de  ville  en  ville  (1)  à  cause  de  l'ordre  de  l'Evangile  de  Notre- 
Seigneur  (2),  donnez-leur  l'hospitalité,  faites-les  reposer  et  faites-les  ha- 
biter (3)  près  de  vous  comme  des  martyrs,  en  vous  réjouissant  d'avoir 
vécu  en  familiarité  avec  eux.  Comprenez  donc  qu'ils  sont  bienheureux  (4) 
auprès  du  Seigneur,  car  Notre-Seigneur  a  dit  :  Bienheureux  serez-vous 
quand  ils  vous  couvriront  d'opprobres  (5)  et  vous  tourneront  en  dérision, 
et  qu'ils  diront  tout  mal  (6)  contre  vous  en  mentant  à  mon  sujet  (7). 
Rèjouissez-vous  et  exultez,  car  grande  est  votre  récompense  qui  est  (8) 
dans  les  deux,  car  ils  ont  ainsi  persécuté  les  prophètes  qui  ont  été  avant 
vous  (9).  Et  il  a  dit  encore  :  Puisqu'ils  m'ont  persécuté  (10),  vous  aussi 
ils  vous  persécuteront  (11).  Et  il  a  dit  de  nouveau  :  Quand  ils  vous  per- 
sécuteront dans  cette  ville  (12),  fuyez  dans  une  autre  (13).  Et,  vous  tous, 
vous  serez  tristes  et  vous  serez  affligés  en  ce  monde,  car  ils  vous  livre- 
ront dans  l'assemblée  et  dans  leurs  temples  (14),  ils  vous  flagelleront  (15) 
et  auprès  des  chefs,  et  des  juges,  et  des  rois  ils  vous  amèneront  à  cause 
de  moi  en  témoignage.  Et  celui  dont  la  constance  aura  persévéré,  celui-là 
sera  sauvé  (16).  Celui  qu'on  poursuivra  (17)  à  cause  du  nom  du  Christ 
et  (qui)  aura  persévéré,  est  un  martyr,  celui-là  est  certes  en  vérité 
un  homme  du  Seigneur. 

(K,  V,  4).  Mais  celui  qui  se  réconcilie  avec  les  païens,  (qui)  renie  le 
Christ  afin  que  les  incrédules  ne  le  haïssent  pas,  et  (qui)  se  préfère  lui- 
même  à  son  Seigneur  qui  (tient)  .son  esprit  dans  sa  main  (18),  celui-là 
est  haï,  réprouvé  et  (voué)  au  supplice  (19)  auprès  du  Seigneur,  car  il 
a  préféré  l'amour  des  hommes  et  il  est  devenu  l'ennemi  du  Seigneur, 
il  a  pris  une  part  avec  les  maudits  et  non  pas  avec  les  saints.  Au  lieu 
du  royaume  préparé  aux  bénis,  il  a  choisi  pour  lui  le  leu  de  la  géhenne, 
qui  est  à  jamais,  qui  est  préparé  pour  Satan  et  pour  ses   anges  (20).  Et 

(1)  C  :  ■'  sortiront  de  la  ville  ». 

(2)  C  :  •<  à  cause  de  la  crainte  de  l'ordre  de  Seigneur.  »  Cf.  Mattli.,  x,  23. 

(3)  C  :  »  faites-les  habiter  et  faites-les  i-eposer  ». 

(4)  B  :  «  invoquants  ». 

(5)  C  :  «  poursuivront  ■•. 

(6)  B,  C  :  «  du  mal  ». 

(7)  C  :  «  en  ne  mentant  pas  à  cause  de  mon  nom  ». 

(8)  B,  C  omettent  :  ■>  qui  est  ». 

(9)  Matth.,  V,  11. 

(10)  C  omet  :  «  me  ». 

(11)  Jean,  xv,  20. 

(12)  B  :  «  de  cette  ville  fuyez  dans  une  autre  ». 

(13)  Matth.,  X,  23. 

(14)  B  :  «  et  (dans)  leurs  tribunaux  ». 

(15)  K  diffère. 

(16)  .Jean,  xvi,  ;j3;  Maltli.,  x,   1/,  22. 

(17)  C  :  «  amènera  ». 

(18)  Nous  avons  adopté   la  leçon  de   C.    A,  B,  portent  :    ••  qui  (est)  dans  son 
•prit  ». 

(19)  Litt.  :  ■■  supplicié,  accablé  de  douleur  ».  C  :  «  boue  ». 

(20)  Matth.,  XXV. 


268  IIKVLE    DK    l/ORlKNT    CHRÉTIEN. 

c'est  pourquoi  ,^1)  Notre-Seigneur  a  répondu  et  a  dit  :  Celui  qui  m'aura 
renié  en  face  des  hommes,  moi  aussi  je  le  renierai  en  face  de  mon  père 
qui  est  dans  les  deux  (2).  Et  de  nouveau  il  nous  a  ordonné  (3)  en  di- 
sant :  Celui  qui  aimera  (son)  père  et  (sa)  mère  plus  que  moi,  n'est  pas 
digne  de  moi,  et  celui  qui  aimera  {son)  fds  et  sa  fille  plus  que  moi  n'est 
pas  di(jne  de  moi.  Et  celui  qui  na  pas  pris  la  croix  de  sa  mort  (4)  et 
ti'est  jias  venu  (5)  derrière  moi,  n'est  pas  digne  de  moi.  Celui  qui  a  trouvé 
son  âme,  qu'il  la  perde,  et  celui  qui  aura  perdu  son  âme  à  cause  de  moi 
la  trouvera  (G).  Que  servira  à  l'homme  s'il  a  gagné  tout  le  inonde  et  a 
perdu  son  âme  (7),  et  que  {lui  servira-t-il)  si  l'homme  n'a  pas  donné 
la  rançon  de  son  âme  (8).  Et  de  nouveau  il  a  dit  :  Ne  craignez  pas  ceux 
qui  tuent  votre  corps,  mais  {qui)  ne  peuvent  tuer  votre  âme;  craignez 
donc  celui  qui  peut  perdre  l'âme  et  le  corps  dans  la  géhenne  (9). 

(K,  V,  5).  Car  celui  qui  a  appris  un  métier,  il  est  juste  qu'il  l'enseigne 
à  d'autres,  et  s'il  ne  l'a  pas  enseigné  à  d'autres,  il  n'est  pas  parfait 
comme  son  maître.  Or,  pour  nous,  Jésus-Christ  (est)  notre  sauveur  et 
notre  maître.  Comment  n'aimerions-nous  pas  sa  doctrine,  car  Notre- 
Seigneur  a  haï  l'orgueil,  l'insolence,  la  joie,  la  richesse,  l'injustice  et  la 
vengeance.  Et  encore,  il  a  rejeté  sœur,  mère  et  frères  à  cause  de 
l'amour  de  son  père  et  de  l'amour  de  l'homme.  Et  de  nouveau,  il  a  sup- 
porté la  passion  et  le  fouet,  l'opprobre,  le  blasphème  et  la  dérision,  et 
bien  plus  il  a  reçu  les  plaies  des  clous  sur  la  croix,  afin  de  sauver  tous 
Ceux  qui  ont  cru  en  lui.  Or,  s'il  a,  lui,  supporté  tout  cela,  (s')il  n'a  pas 
rougi  d'être  crucifié  sur  l'arbre  de  la  croix  (10),  et  (s")il  a  supporté  la 
passion  de  la  mort,  comment  donc  ne  supporterions-nous  pas,  nous,  les 
souffrances  de  notre  Sauveur?  Lui,  il  a  souffert  (11)  volontairement  pour 
nous,  et  nous  ne  (souffrirons  pas)  pour  lui?  Mais  au  contraire,  espérons 
en  sa  miséricorde.  Quant  à  lui,  il  n'y  a  rien  qu'il  veuille  recevoir  de 
nous,  si  ce  n'est  seulement  la  confession  dans  la  vraie  foi  (12). 

(K,  V,  6).  C'est  pourquoi  nous  rejetons  nos  pères,  nos  parents,  nos 
amis,  nos  femmes,  nos  enfants  et  tous  les  biens  de  ce  monde.  Et  si 
nous  avions  aimé  cela  nous  n'exécuterions  pas  cet  ordre. 

Seulement  prenons  garde  de  ne  pas  entrer  en  tentation  et  si  nous 
avons  été  appelés   en  témoignage,  soyons  fermes  à  confesser  le   nom 


(I)  C  omet:  «  c'est  pourquoi  ». 
Cl)  Luc,  IX,  -26. 

(3)  B  :  '•  il  a  ordonné  ». 

(4)  C  :  "  sa  croi.\  ». 

(o)  Litt.  :  ■<  et  n'a  pas  suivi  ». 

(6)  Matth.,  X,  37-39. 

(7)  C  omet  :  «  son  ». 

(8)  Matth.,  XVI,  26. 

(9)  Matth.,  X,  28. 

(10)  B  :  «  sur  la  croix  ». 

(II)  B  :  -.  et  s'il  a  souffert  ». 
(12)  K  ajoute  une  citation. 


LA  nn).\srALiF,  ÉTHi<)PiENNr<:.  209 

glorieux  de  notre  Sauveur  (  1  ).  Si  donc  on  nous  condamne  (2),  réjouis- 
sons-nous, et  persévérons  quand  on  nous  persécute,  afin  que  nous  héri- 
tions la  vie  qui  est  éternelle.  N'aimons  donc  pas  la  gloire,  ni  à  être 
loués  comme  le  peuple  juif  ([ui  admira  les  miracles  du  Cinist;  et  eux 
ne  crurent  pas  (3)  en  lui,  car  ils  craignaient  les  princes  des  prêtres, 
mais  au  contraire  ils  pré/rrrreni  être  loués  auprès  des  hommes  el  non 
lias  auprès  du  Seigneur  (4).  Et  nous  avons  confessé  la  vraie  foi,  comme 
nous  l'enseignons  aux  nouveaux  baptisés,  et  nous  affermissons  les  cœurs 
des  petits  chrétiens  (5).  Et  si  nous  avions  gardé  en  nos  cœurs  la  foi, 
et  (si)  nous  ne  l'avions  pas  publiée  aux  hommes  par  crainte  du  jugement 
et  de  la  tribulation,  nous  serions  sortis  de  la  vie  qui  est  éternelle;  et 
encore,  (nous  serions)  un  scandale  aux  autres  et  un  piège  pour  beau- 
coup. Et  si  nous  avions  fait  ainsi  nous  recevrions  un  double  châtiment. 
Prenons  donc  garde  de  ne  pas  descendre  dans  la  tribulation,  et  prions 
afin  de  ne  pas  entrer  en  lentalion,  car  l'esprit  veut,  mais  la  chair  est 
faible  (6).  Faisons  donc  attention  de  ne  pas  glisser  de  cette  vraie  foi, 
à  cause  de  la  crainte  des  pa'ïens  et  des  incrédules,  car  peu  {nombreuses) 
sont  nos  années  (7).  Et  s'il  y  a  quelqu'un  qui  rejette  son  espérance  en 
Jésus-Christ,  fils  du  Seigneur,  (en)  tout  temps  (8)  il  sera  tourmenté  par 
les  souffrances  auxquelles  il  n'y  a  pas  de  remède,  et  par  la  fureur  (9) 
qui  affaiblit  les  membres  et  (quij  brise  les  os  et,  après  cela,  il  perdra 
la  vie  (10)  qui  est  éternelle,  et  il  sera  puni  dans  le  feu  de  la  géhenne, 
et  dans  les  pleurs,  et  dans  le  grincement  de  dents  (11).  Celui  qui  a  souffert 
pour  le  Seigneur  et  a  été  martyr,  se  réjouira  dans  le  Seigneur,  car  il 
a  choisi  pour  lui  la  couronne  du  royaume,  et  sa  sortie  de  ce  monde 
a  été  parfaite  dans  la  vraie  foi.  Et  si  un  catéchumène  (12)  a  supporté 
la  tribulation  et  est  mort  pour  le  nom  du  Christ,  ses  souffrances  lui 
serviront  de  baptême,  et  il  trouvera  une  belle  promesse  et  la  vie  qui 
est  éternelle.  Et  les  autres  aussi,  qui  auront  combattu  le  bon  combat 
et  seront  morts  pour  le  Christ  dans  la  vraie  foi,  se  réjouiront  et  exul- 
teront, car  ils  ont  gardé  la  discipline  (13)  de  leur  maître.  Car  Lui  a  dit  : 
Soyez  dignes  de  votre  maître  (14).  Or,  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  a  souf- 
fert pour  nous,  il  a  supporté  le  blasphème  et  la  dérision,  il  a  reçu  les 

^I)  Litt.  :  ■•  que  nous  soyons  fermes  dans  la  confession  par  son  nom  ». 

(2)  B  omet  :  "  Si  donc  on  nous  condamne  ». 

(3)  B  :  «  et  qui  ne  crut  pas  ». 

(4)  Jean,  xu,  43. 

(5)  K  :  <•  des  catéchumènes  ». 

(6)  Matth.,  XXVI,  41. 

(7)  Om.  K. 

(8)  B,  C  :  "  chaque  jour  ». 

(9)  ;h?"H.  —  K  diffère. 

(10)  B  :  ■.  il  périra  de  la  vie  ». 

(11)  Matth.,  VIII,  1-2. 

(12)  Litt.  :  «  un  petit  chrétien  ». 

(13)  C  :  -  l'ordre  ». 
(11)  Cf.  Luc,  VI,  40. 


270  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

crachats  des  impurs,  l'opprobre  (1),  le  blasphème  et  les  coups.  Et  ensuite 
ils  le  flagellèrent,  le  clouèrent,  le  suspendirent  sur  (2)  l'arbre  de  la  croix 
et  lui  firent  boire  du  vinaigre  avec  du  fiel.  Et  (pour)  accomplir  tout 
ce  qui  est  écrit,  il  dit  au  Seigneur  (3)  :  Père,  ô  Père  (4),  voici,  en  ta 
main  je  remets  mon  âme  (5).  Celui  donc  qui  veut  être  disciple,  qu'il  sup- 
porte les  souffrances  et  la  tribulation,  et  qu'il  reçoive  la  flagellation  de 
bon  cœur,  et  (avec)  amour.  Et  même  s'il  avait  été  jeté  dans  le  feu, 
il  ne  le  toucherait  pas,  de  même  que  les  trois  enfants  furent  sauvés 
de  la  fournaise  de  feu.  Et  quiconque  a  souffert  pour  lui,  recevra  une 
récompense,  car  il  a  cru  en  un  seul  Seigneur  Père,  et  (6)  (en)  Jésus- 
Christ,  grand  prince  des  prêtres  (7),  notre  maître,  moniteur  de  nos  âmes 
et  donateur  de  notre  vie.  A  lui  louange  pour  les  siècles  des  siècles. 
Amen. 

{A  suivre.) 

J.  Françon. 

(1)  C  omet  :  «  l'opprobre  ». 

(2)  C  :  «  le  flagellèrent,  le  suspendirent,  le  flagellèrent  (bis)  et  le  clouèrent 
sur  ». 

(3)  C  :  "  le  Seigneur  lui  dit  -. 

(4)  C  omet  :  «  ô  Père  ». 

(5)  Luc,  xxiu,  46. 

(6)  C  cm.  «  et  ». 

(7)  C  :  «  grand  seigneur,  prince  des  prêtres  -    - 


NOTICES 


DES  MANUSCRITS  SYRIAQUE,  ETHIOPIENS  ET  MANDEENS,  ENTRES  A 
LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE  DE  PARIS  DEPUIS  L'ÉDITION  DES  CA- 
TALOGUES. 


1.  —  Soixante-sept  manuscrits  syriaques  (289  à  355),  vingt- 
deux  manuscrits  étliiopiens  (171-192)  et  douze  manuscrits 
mandéens  (20  à  31)  sont  venus  accroître  les  collections  con- 
servées à  Paris.  Les  manuscrits  syriaques  289  à  334  ont  été 
décrits  par  M.  l'abbé  J.-B.  Chabot  dans  \e  Journal  Asiatique, 
IX*"  série,  t.  VIII  (1896),  p.  234  à  290;  nous  nous  bornerons 
en  général  à  quelques  mots  sur  chacun  d'eux,  pour  les  faire 
connaître  à  ceux  de  nos  lecteurs  qui  ne  possèdent  pas  le  Jour- 
nal Asiatique,  et  à  ajouter  quelques  compléments,  sans  préten- 
dre remplacer  la  description  qui  en  a  été  donnée.  Les  autres 
manuscrits  n'ont  pas  encore  été  signalés.  Pour  les  manuscrits 
éthiopiens  et  mandéens  nous  nous  bornons  à  reproduire  la 
notice  manuscrite  qui  est,  à  la  Bibliothèque,  à  la  disposition 
des  lecteurs. 

Notre  but  est  de  donner  une  vue  d'ensemble  de  ces  nouvelles 
acquisitions,  dues  surtout  à  M.  Omont,  pour  compléter  ainsi 
les  notices  des  manuscrits  arabes  chrétiens  et  coptes  rédigées 
pour  cette  revue  par  MM.  R.  Griveau  et  L.  Delaporte.  Les  ma- 
nuscrits les  plus  intéressants  pourront  ensuite  être  l'objet  de 
monographies  particulières. 

F.  Nau. 


272  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN, 


MANUSCRITS    SYRIAQUES. 

289 

2.  —  33  X  23  cm.  Parcherain.  Écriture  estranghélo.  152  feuil- 
lets. Écrit  en  1517  (1206) 

Lectminaire  à  l'usage  des  jacobites. 

Le  colophon,  très  important,  permet,  avec  la  chronfque  ec- 
clésiastique de  Bar  Hébraeus,  d'écrire  l'iiistoire  de  Jean,  évêque 
d'Amid  (ou  Mennas),  l'adversaire  du  neveu  de  Michel  le  Grand. 
C'est  Jean  Mennas  qui  a  fait  éciiouer,  chez  les  jacobites,  le 
népotisme  dans  lequel  devait  sombrer  l'église  nestorienne. 

Michel  le  Grand  avait  nommé  l'un  de  ses  neveux  évêque  de 
Jérusalem  (cf.  Bar  Hébraeus,  Chron.  eccL,  1,  596-598),  et  un 
autre  maphrien  d'Orient  (seconde  dignité  de  l'église  jacobite). 
Un  troisième,  Josué,  s'était  installé  dans  son  antichambre,  et 
faisait  promettre,  à  tous  les  évêques  qui  venaient  trouver  son 
oncle,  de  le  choisir  pour  héritier  du  vieux  patriarche.  Aussi, 
à  la  mort  de  Michel  (1199),  lorsque  les  jacobites  eurent  choisi 
pour  patriarche  Athanase  Saliba,  le  maphrien,  avec  trois  évê- 
ques, conduisit  son  fi-ère  Josué  au  gouverneur  musulman  d'Amid 
et  lui  promit  6.000  dinars,  s'il  reconnaissait  Josué  pour  anti- 
patriarche. 

«  Mais,  continue  Bar  Hébraeus,  Mennas,  métropolitain  d'Amid 
(celui  du  présent  colophon),  s'opposa  au  maphrien,  le  vainquit 
et  l'obligea  à  quitter  Amid  avec  son  frère  Josué,  malgré  leur 
résistance.  Ce  Mennas  d'Amid  était  un  homme  chaste  et  saint, 
habile  et  versé  dans  la  médecine  du  corps,  aussi  les  rois  l'ho- 
noraient et  écoutaient  sa  parole  »  {loc.  cit..  Gin). 

Après  la  mort  d'Athanase  (1208)  c'est  encore  Jean  d'Amid 
qui  a  opposé  un  pauvre  moine,  Josué  le  scribe,  devenu  le  pa- 
triarche Jean  XIV,  au  neveu  de  Michel  et  qui  a  su  le  faire 
triompher  (loc.  cit.,  618-631). 

Ce  patriarche  Jean  s'est  rappelé  un  jour  qu'il  avait  été  Josué 
le  scribe,  et  il  a  écrit  de  sa  main,  en  bel  estranghélo,  le  second 
colophon  que  nous  trouverons  plus  loin  :  il  y  énumère  les  dons 
que  lui  a  faits  Jean  d'Amid  (Mennas)  : 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  273 

^V\-ar»v>\  Iv-oo/  J-icujJs;  )^\  .  Îj-jsj  Nio;  ^o,  o/  .\^  .jj/  \^-yj  JU-  ^/;  ^o,j  ^j  \).^oo 
^3  ^io  .^^o  Pot  p/  .)Nju,I!oo;  Ijiqj  ^  ^^-^Z  ^lo-<.m-.  (ia/j  ^^  t^-i^as^  .  |K-.o>S^ 
K^^;  Ito^po  ^.i^^ot;  OM-So  .yK^jDO^li  ^^^too«  I  ..IV)  >ooi;j/  V-s  .{juuLOO  )_.V^»  .  .  ;  a^tv  »  ^; 
(Ijuo  P  Jot^ou;  •.  wLoa/;  )li£D  >I(1\  w3/o  .  |l.oi..v>;;  ^  )^  .  tCi,!.  \>.^oo  |;0)0  .  ^îop 
^/o  .  jN^ovSX  )ISn  •>;  ).^i^oO)j  ,^LH«o  .  ^)\'-v  r^o  ^)i>jLi  "^- •>  "" •>"'^  ..^lal^xa^o  p»  ,.,^3  .  |i-u. 
.)l.<Aj  w>\  ;^Lt^io;  ptOfO^  ^t/;  )ïj\  ^Qjl»;  |;ov3  ^.aaj  ^j  t^"L;  .  K.os^  1^q_oo  [  i?^  .  <vm\ 
.|Cy.iua^  )N  «\ f>  ->  .)-^o/  Njjls  .li^jaCo  ^N3  pO)»  |IS.3u>N.3\  v3/o  ^0^,00  .  povâ  joaa  .  v> 
.  m  .^^'y^t^  wcoa.fopl/  ^po  |  ■■  -x^i  ^>-VL  iLcx^V  .  «  vkS  «  a  ,^Oi;-3  ^po«  P>J0|3  jpocixo  ova 
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L^;  |NjL.r^  R»-»^  OlJJJio  .1-*-^  l-sto  pO)j  )C^;3u.Co^  ^3j_  .,JlS.o  wO^i  [It^av.  ..  (j^i  vq^, 
^^^  pjj  .po)  pjoioiii.  )v^o  ^*.,5^»  VJ  ^^  ^o:v^\  \^o^  o^oloNj  IojS^  .|^-;o)  Jli^O)  .  )ovS^ 
^oio'ovsl;  INJLâj  . '=>\..o  v^Co>  po>  ^^  ^/o  .pL^^  |  -<^-  •  )••■>"  wO)0.^(«o  ^Sjoovs/*  )NJlSj 
^po;    )»p    vsQjto    psto;    01  ...N  Vin  «    ^»     )oO)    .^oj'oovs/o    pxiLto    ooj    >^;    Pi-^»    o»|0    .  pixio 

•.p,jLio  p>Z    ■  (ov^  oiik  pai^io  .  Uo,)    pL.,^jLD  poojjj  ^p>.   |_3^  P'o-ai.  o^i.   >->^j   (ovS\  p^io  * 
.m«  i|o-./  wpo  pL^i-o  }  «m..   .  pUâo   ^0)a^P    ^/o.  ,  «.^/t    o^^oo    >jsu>jua^/  w'^^o    p-.^i}   |  .  .^^  .  . 

V^iAL/o     .wO)«o/«      ^      |>a.gvJ>    ,JJ.O       ••  y»  ï  «     v^     •  |LOJOV>     tôt  .f     .JL.Jajl>     .rr^nn  .  i  .\[  r.i      clâo;.^^.<.^0 

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INJLaj    ^^^   Pj_i    ^J^s;    x^'»    '"^    .Ih^^/»    Ur^^    pO)     p>to^    ouajt    :)l.Q^j;    pîCooo    p;o,ai.o 

.  P^gxN  |l.a\,o  .^oov^« 
o;.^s.>.^<  p.  -^»  v>  \  «ro)cxa\  ■.  |Lajov>  Loa^^^  ■  -"  -  ■  ■)"  -|  ^;.^o  pU|.c  )  -  ^«^  -.  ooj  ^«  v^;^L/  * 
^pa  ^\aL3  r^IS^O-tî  l-j^M  -l-^Ojt-^  "po;  p.Jop  Iv^ooi.  ^  .  ^>cnj  I!oo»  ICu-po  i-Oo(>  pi^aS 
^j  y^oo)  wOfots^f  .  ■  -»  .'10/  N-iA»  ~iV-Z  yCLia  "-t-'l-a  pill.^  N.»^>  o'o)  .  p;^;.^)^  ^^^pu^io  ^;>io 
P»:^.)»  ^ovJio  •.  |;.io<ii>j>  OV3  PV'»  loolo  .  p^oo  looj  Iv^tooo  .  ;.->-).^o)\\m  ovj>  y^^* 
^•yjDlll  ^j-.0)O  .vjkJsa  pjjL  Pv^;  ).ioojV-3  "po;  Puo%3  |;.^a^a  o^s  )ooto  .  pNjo^;  )I!JL.^ji 
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^.iL^oP  ^L/  •  p»*--  «-*{;  ov£a3a  c^>(sj>;  )N  i«  1  .-30I  o^^o  .^.>j{  J^jjlo  .p.^'  ^^/>  PV»!  |  V"  -  ■■ 
.|Njj^io;  )l.ri\"  x^ii^  00  . 1-3»  )i-Q-P>o  P-o^-»  .  pai.acD;  )  -i«.3  1 1  vi  ■■  >Ga<_3  ç>)i.  ^j^:>^o  .|l\j-.r^o 
)V-;o)  pJto  ^ov3  ^pLâo  .v^œj;  oili-.;  <i3o^^v.oo  , m.  ii|q-./  ^po  "V'P»  .yt^po  ^a  ^/  ^)-. 
pot^^  ov\  ^{o  .  |N.aJ°^{  ILoIlsjO  .^j>jO)^ào  r^  (.^opD;  piXâo  I  -  -'■^'  p:a5o  [yTaw  pco^o 
^  ^owo  .|Lp:,^cD  |lr»T.f,  J.3À  ^;  ,;^cq.  ^/o  .  jov^  1-t^;  IV^  OM-Xk  •.  ya...^s^o{;  )^ISo 
\ïa^  ^Vo^  ^VLo  .|.^^QJïJlO  |V-<o)o  .|N_<)âo  ■.  p[,.jao  JNâjw^o  .|>>o(o  ■  )N^« .»  p^Los 
'|N.^^C>^^    V^'-M;    ■"'«'»     P  yl-^^!    ))  «^ff>    ov^o^o     . ^aoLN;     Jt^uy^f     ojLdjx^o     . ).>\vao     pt-iio 

v^-iBOol  pjt-.>  '''^^  .â{   Q^jo   Wa^  C;   ooi    ).yi\.\.30    pO)   taoNva  p^   po',â  ov^    loop   |cn^ 

^0|d\^    Pjj   |Lp.   o^f    ^;j    ■  I  i^«N-»  Lo\   0)\.<^^    o)\Ta   /L,:A    ir>.t    oo)'  Ofbs^o^S^     -^  r°"    oo-,; 

.vJ/   tout;    .  fCo;  iv>    ,  .^1-3   OV3    /Nîft.«i..ao   w^^^^   ^LaCo     ^Ogoova/    '^^o   ■  -'^"  ■  ■■   ^^.^o 

OlilENT  CURÉTIKN.  18 


274  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

3.  —  Parce  qu'un  homme  bon  doit  s'occuper  selon  sa  force,  sous  peine 
de  tout  perdre,  comme  l'ont  déjà  dit  les  théologiens,  j'ai  choisi  de  ne 
pas  cesser,  même  dans  ma  vieillesse,  de  m'appliquer  à  l'occupation  pai- 
sible de  l'écriture  —  moi,  misérable  et  pécheur  plus  que  tous,  Aboul- 
farag,  moine  et  prêtre,  fils  du  défunt  Abraham,  qui  sommes  appelés 
d'Abousa'id,  de  cette  ville  d'Amid  de  Mésopotamie  —  et  cela  pour  trois 
raisons  :  La  première  est  que  la  constance  rend,  à  un  sot  insensé  comme 
moi,  le  service  de  le  faire  passer  pour  sage,  parce  qu'il  ne  peut  pas  être 
insensé  toujours  et  de  toute  manière;  la  seconde  est  q\ie  la  méditation 
des  paroles  divines  adoucit  les  tribulations  et  les  chagrins  ;  la  troisième 
enfin  est  que  je  laisserai  aux  générations  futures  un  souvenir  qui  me 
vaudra  des  prières  de  la  bouche  des  hommes  intelligents. 

4.  —  Voilà  pourquoi  j'ai  encore  écrit  l'écriture  de  ce  livre,  en  l'année 
1517  (1206),  dans  la  salle  commune,  dans  le  monastère  sacerdotal  même 
de  Mar  Barsauma,  aux  jours  des  pasteurs  orthodoxes,  Mar  Athanase, 
patriarche  d'Antioche  (19  déc.  1199-1207),  et  Mar  Jean  d'Egypte  (Jean 
Aboul  Magd),  sur  l'ordre  de  notre  père,  Mar  Jean,  haut  métropolitain 
d'Amid.  Celui-ci,  parmi  tant  d'initiatives  qu'il  montra  et  prit,  eut  celle 
de  faire  écrire  ce  saint  Livre  et  il  le  donna  à  l'église  de  la  Mère  de  Dieu, 
temple  illustre  ;  puisse  Dieu  le  conserver  toujours  ! 

Quiconque  trouvera  et  lira  ce  témoignage  priera  pour  les  âmes  des 
parents  et  des  frères  défunts  de  ce  saint  évêque  et  aussi  pour  le  mal- 
heureux qui  a  écrit  et  pour  les  âmes  de  ses  parents  défunts.  Quiconque 
priera  trouvera  aussi  miséricorde  avec  ses  parents. 

Ce  livre  a  été  terminé  le  jour  de  fête  de  Mar  Sévère  (patriarche  d'An- 
tioche) le  huit  du  mois  de  Schebat  (8  février  1206). 

5.  —  Que  le  Seigneur  Dieu  fasse  bonne  mémoire  a  Rabban  Barsauma, 
prêtre  zélé,  père  défunt  du  saint  évêque  Mar  Jean,  métropolitain  d'Amid, 
et  aussi  à  ses  frères  défunts  :  l'évêque  saint  Mar  Jean,  métropolitain  de 
Callinice,  qui  fut  évêque  durant  quarante -quatre  ans  et  mourut  dans 
la  sainte  montagne  d'Édesse,  et  fut  enseveli  dans  le  saint  monastère 
inférieur  de  Mar  Ephrem  (1),  et  Rabban  Schenné,  prêtre,  et  Rabban  Jean, 
moine  et  prêtre,  et  Rabban  Joseph,  prêtre,  et  Rabban  xMoubarak  (2;, 
prêtre,  et  Rabban  Simon  et  Rabban  David,  diacres,  et  ses  sœurs  nonnes 
Tabitâ,  Samounî,  Malktâ,  Marganitâ  et  Marie;  il  (Jean  d'Amid)  prit  soin 
de  faire  exécuter  (ce  manuscrit),  et  pour  le  pardon  et  la  rémission  de 
leurs  péchés  (des  péchés  de  ses  frères  et  sœurs)  et  comme  une  demande 
continuelle  de  prières,  il  fit  don  de  ce  livre  à  l'église  susdite.  Quiconque 
le  trouvera  priera  pour  leurs  âmes. 

6.  —  Ce  saint  évêque  Mar  Jean  fut  appelé  à  l'épiscopat  —  pour  le 
siège  illustre  de  la  métropole  Amid,  ville  de  Mésopotamie  —  du  monas- 
tère sacerdotal  de  Mar  Barsauma,  par  les  mains  du  bienheureux  en  tout, 
de  notre  seigneur  Mar  Michel,  patriarche,  qui  est  parmi  les  saints  (dé- 


(1)  Voir  son  histoire  dans  Bar  Ilébraeus,  Chron.  eccl.,  I,  50G-570. 

(2)  Cf.  Bar  Hébr.,  loc.  cit.,  620. 


NOTICES    DES    MANUSCRITS   SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS-  275 

fiint),  au  mois  de  Conoun  second  de  Tannée  1512  (janvier  1201)  (1).  Il 
était  né  à  Qal'ah  Ga'bar  et  il  était  appelé  Menna,  et  il  fut  reçu  moine 
dans  ce  monastère  des  saintes  mains  mêmes  du  bienheureux  (de  Michel), 
et  il  resta  moine  dans  le  monastère  sacerdotal  de  Mar  Barsauma  durant 
sept  ans;  il  fut  ensuite  sacré  évéque.  Par  la  grâce  divine,  il  remplit  avec 
un  bon  renom  sa  charge  de  pasteur  et  il  montra  beaucoup  de  sollicitude 
pour  son  troupeau,  qu'il  gratifia  aussi  de  ce  livre  aux  leçons  séparées 
(lectionnaire).  Quiconque  lira  ce  souvenir  dira  une  prière  avec  suppli- 
cation; il  dira  :  «  Que  Dieu  le  prenne  en  pitié  ainsi  que  ses  parents, 
et  qu'il  le  garde.  » 

7.  —  Au  fol.  131,  la  note  suivante  est  écrite  de  la  main  du 
patriarche  Jean,  ou  Josué  le  scribe  (31  août  1208  à  1220)  : 

Jean  l'étranger  et  le  serviteur  infime  de  tous  les  serviteurs  de  Jésus- 
Christ,  par  la  grâce  de  Dieu  patriarche  du  siège  apostolique  et  illustre 
d'Antioche  de  Syrie  :  Lorsque,  par  les  jugements  secrets  et  insondables 
de  Dieu,  par  les  miséricordes  et  la  providence  du  Seigneur  tout-puissant, 
nous  avons  reçu  l'ordination  du  souverain  sacerdoce  le  dernier  jour 
du  mois  d'Ab  de  l'an  1519  (31  août  1208),  l'année  suivante,  à  la  pleine 
lune  du  mois  de  Ayar  (Mai),  nous  sommes  venus  à  la  ville  d'Amid,  et 
nous  y  sommes  entrés  le  jeudi  de  l'Ascension  (7  mai  1209),  avec  joie 
et  grand  honneur.  Quand  nous  fûmes  entrés  dans  les  églises  de  la  ville 
d'Amid,  nous  vîmes  qu'elles  étaient  ornées  par  les  mains  de  Mar  Jean, 
métropolitain  de  cette  ville  d'Amid,  et  qu'il  leur  avait  donné  des  livres 
remarquables,  de  beaux  vêtements,  des  calices  élégants  et  des  patènes 
d'argent  doré,  avec  beaucoup  d'autres  choses.  Il  donna  aussi  cet  évangile 
à  l'église  de  la  Mère  de  Dieu. 

8.  —  A  nous  aussi,  il  a  fait  de  nombreuses  charités.  Il  nous  a  donné 
une  riche  chasuble  et  une  étole  et  une  mitre  et  une  monture  (paire  de 
bœufs)  et  des  litières  (it-a-va)  et  des  Çwvàp-.a  (ceintures?),  et  un  bâton  et 
deux  manteaux  de  laine  blanche  et  un  habit  épiscopal  extraordinaire. 
Quant  à  ses  autres  charités  envers  Nous  et  à  sa  grande  affection  pour 
Nous,  il  n'est  pas  facile  de  les  exprimer  par  écrit.  Dieu  lui  sera  un  bon 
rémunérateur  dans  ce  monde  et  dans  le  monde  qui  ne  passe  pas... 
Priez  aussi  pour  le  prince  Abousa'id,  honoré  du  nom  d'Al-Daulah,  qui 
a  aidé  l'église  de  toute  sa  force  auprès  des  Puissants.  Il  convient  que 
toute  l'Église  prie  pour  lui,  pour  ses  enfants  et  pour  ses  parents.  Nous 
avons  écrit  cela  de  nos  faibles  mains,  dans  la  ville  bénie  d'Amid,  l'an 
1520  (1209). 

290-291 

9,  _  24  X  19.  Bulletins  du  catalogue  des  manuscrits  sy- 
riaques, par  M.  H.  Zotenberg  (1874). 

(Ij  Bar  Hébraeus  place  la  mort  de  Michel  en  1199. 


276  REVUE    DE    l'orient  CHRETIEN. 

292 

iO  _  44  X  31.  Parchemin.  117  feuillets,  x'f?)  siècle.  Écri- 
ture estranghéio. 
Fragments  des  évangiles  selon  la  version  simple. 

293 

11.  _  62  X  28.  Parchemin.  38  feuillets.  xi'(?)  siècle.  Écriture 
estranghéio. 

Fragments  cVun  livre  d'office  pour  les  jours  de  la  semaine 
et  pour  quelques  fêtes. 

294 

12.  —  17  X  12.  Papier.  58  feuillets,  xviii"  siècle. 
Fragments  d'un  lexique  syriaque  latin, 

295 

13.  —  23  X  16.  Papier.  274  feuillets.  Copié  en  1866  sur  un 
exemplaire  terminé  le  28  juin  1705.  Écriture  nestorienne. 

Vies  des  saints,  Etienne,  Behnam  et  Sara,  Yonan,  Jacques 
l'intercis,  Ignace  d'Antioche,  Himyarites,  Beit  Selouk,  Daniel 
le  médecin,  Mar  Kardag,  Sultan  Mahdouk,  Mar  Saba. 

Le  présent  manuscrit  a  été  copié  en  1866,  sur  un  autre  daté 
de  1705.  La  copie  a  été  faite  pour  Ebedjésus  qui  n'a  plus  revu 
le  manuscrit  original  en  1880  : 

.  |oO)  (.a^N.3  ^0|  |«0|  I^N^1.|   oi>.\\;   jN...]/;  ^«   |l't-~>^ 

Ni»  ■>    .  ^^^M>.3    wO    ;  I  tu  i«  v>..    yoa.»^    ^a^,^>    |IS>«v"tL,    l-sto   |  - 1^--    \^[    ^j^^s   y:i\* 

\jun  .\  cu|I 

toi  M  ->    ••.  )  «. ■>  I    yaa.,^1    o^b^'r^    .  ^onNS    |N^;  ->vio     |l\j]u.;_3    |C^;.cij>    po)     ^Eo    ^>    N^toL{ 

I  n  .\oN.a    pJS\    ^po  .  |La^V«    |^>o    .|Lbv3/>  [sil    >>>.^q-«j   N^CoL{    i)..jm>0|    ^$    ^V^o»   |;.^oo^ 

|ji.«.«  fi   wOiot^{  >o  ..N.3    v>«  -I»    |_>ot   ^<^oi    I  m  . f,v^^   \i.-i..o    ^>    ^âlS.3    p^,^o«     '^  •''i   ï  ^'* 

|V°\m\o    |'f.ov^o   |-.ov.A^    I  im.'=iiv>   fi\  i  ->   .  |  ««niT^»   |_.^   |  «  -  «  r^    ;^   ^^[..u»    )«  -«  "    ;j    .o^oooi 

.^jl.Jj  ^»1S.3   \>.aj»    )e^*j-^J  IN^o^L   ^  IPs^   \iJixj    |-i-.;-o;   ).iOL»a^  ^   v^  otJ   Cooaîo 

Fol.  273  r  (entre  la  fin  et  le  colophon  précédent)  : 


NOTICES    DES   MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  277 

Fol.  274  V,  le  même  écrivait  en  1880  : 

•:-p(  yajf  t^y^  ^3  oooi  ^ot-it>.'{  poa  |  n  vi i :>o>  |,.^{  Lo^Lo  0)l>>«  %-)0  a^oooi  |  »  -  '"^  \°->l 
|N.«\^«o   >^o  f»N\>     \lt^t     |)V(      ^^«  1  ■<     <^^o     '.TQ^iov^o     )«  «  »  f>     y<x>l       ^~^  '     pO|«     0|t<i^n    >N^o 

PI    >0)XD   ^O)    :    \i.v:^o   '^râ(    l^->-A    fiVvyi/;    |r->\<i  ->;    p^^^     Iv>m    ^o    [Jitsji    ^^O)   ^^    o^j>{ 
.  . 'iViN  ^âLâ{  Couio  <•■"•■«/  tuLA  ,.^/>   l-^.Nnq'y^^^^  |^a.axaâ{  vx«i«  .,  -%  )l.  ..v)   p{ 

14.  —  A  la  fin  du  manuscrit  sur  lequel  celui-ci  a  été  copié  il  était 
écrit  : 

Est  fini,  par  la  force  du  Père  caché,  le  livre  des  histoires  des  saints 

le  jeudi  28  haziran,  Fan  201G  des  Grecs  (28  juin  1705). 

Ce  livre  a  été  écrit  dans  le  village  béni  et  sanctifié  d'Alqôs,  village  du 

prophète  Nahum,  dans  le  voisinage  du  monastère  de  Rabban  Hormizd 

Il  a  été  écrit  dans  les  jours  du  Père  des  Pères  et  du  chef  des  pasteurs 
Mar  Élie,  catholique,  patriarche  d'Orient  (Élie  XI,  1700-1722). 

15.  —  A  écrit  et  souillé  ces  feuillets  le  malheureux  et  le  pécheur... 
prêtre  seulement  de  nom,  Houmou,  fils  du  prêtre  Daniel,  fils  du  prêtre 
Élie  d'Alqôs.  Je  prie  instamment  les  lecteurs  habiles  et  les  scribes  exer- 
cés, s'ils  trouvent  des  omissions,  ou  des  fautes  ou  des  erreurs,  qu'ils  ne 
me  jettent  pas  les  pierres  de  malédiction,  parce  que  j'ai  écrit  et  compilé 
ce  livre  d'après  des  manuscrits  nombreux  et  anciens  qui  n'étaient  pas  suf- 
fisants. Après  l'avoir  terminé,  je  l'ai  encore  relu  et  j'ai  noté  en  dehors 
du  corps  du  récit  beaucoup  de  négligences,  d'après  d'autres  (jui  sont 
tombés  depuis  lors  entre  mes  mains... 

16.  —  Au  fol.  273%  entre  la  fin  et  le  colophon  précédent  : 

Ce  livre  d'histoires  est  la  propriété  d'Ebedjésus  Georges  qui  est,  par 
grâce,  évèque  métropolitain  chaldéen  de  Mossoul.  Je  vous  prie,  ô  frères 
([ui  le  rencontrerez,  de  vous  souvenir  de  moi  dans  vos  prières.  Il  a  été 
écrit,  l'an  1866  de  Notre-Seigneur,  par  le  diacre  Mansour  de  Mossoul. 

17.  —  Au  fol.  271,  Ebedjésus  écrivait  en  1880  : 

Le  manuscrit  sur  lequel  celui-ci  a  été  copié  se  trouvait  dans  le  monas- 
tère de  Mar  Hormizd.  11  appartenait  en  réalité  au  monastère  de  Notre- 
Dame  Marie  de  Ilourdafnà,  mais,  après  que  les  Kurdes  eurent  saccagé  et 
pillé  ses  livres,  des  hommes  les  emportèrent  et  les  mirent  en  la  posses- 
sion du  prêtre  Houmou.  Lorsque  je  les  ai  vus,  ils  étaient  dans  la  maison 
et  en  la  possession  du  diacre  Kounâ.  Après  la  mort  de  celui-ci,  le  prêtre 
Maharis  les  a  pris  et  les  a  porté.s  dans  le  secrétaire  de  l'église  d'Alqôs 
et  la  cellule  patriarcale.  Mais  pour  ce  livre  d'histoire  (de  l'an  1705),  je 
ne  sais  pas  sil  est  demeuré  dans  le  monastère  ou  s'il  est  retourné   à 


278  REVUE    DE    l'orient   CHRETIEN. 

Alqôs,  ou  s'il  a  péri,  car  beaucoup  de  ces  livres  et  de  ceux  du  monastère 
ont  péri  au  temps  des  troubles  qui  ont  régné  l'an  1843  et  avant.  Tel  est 
mon  témoignage  de  moi  l'humble  Ebedjésus,  évéque  métropolitain  d'Amid, 
l'an  1866  et  l'an  1880  de  Notre-Seigneur. 

296 

18.  —  26  X  20.  Parchemin.  Écriture  estranghélo.  66  feuillets. 
v%  vi^  et  x^  siècle. 

Fî^agments  des  Évangiles. 

297 

19.  _  26  X  18.  Parchemin.  Écriture  estranghélo.  262  feuil- 
lets, xiii"  siècle. 

Nouveau  Testament,  selon  la  version  simple,  avec  les  la- 
cunes ordinaires. 

Terminé  le  5  nov.  1575  des  Grecs  (1223),  par  le  prêtre  Jean 
du  monastère  de  Mar  Mikaël,  sur  les  bords  du  Tigre. 

298 

20.  —  14  X  12.  Parchemin.  Estranghélo.  115  feuillets,  ix''  (? 
siècle. 

Extraits  des  œuvres  d'Isaac  de  Ninive.  Le  R.  P.  Bedjar. 
possède  la  copie  d'un  manuscrit  d'Ourmiah  plus  complet  que 
celui-ci  (cf.  Mar  Isaacus  Ninivita,  De  Perfectione  religiosa, 
Paris,  1909,  p.  xv). 

299 

2i.  —  34  X  26.  Papier.  Écriture  jacobite.  241  feuillets.  De 
l'an  1499. 

Lexique  de  Bar  Ali. 

|tC:ja<o  |C^^i.<Va£D  |N..ï.,»  |  n«r»<^  N^oo/     ^" "  -  '^ •'^ ;  pO|  |_3to^N.:oa\  ^o^-a  (lOl.   202   V°) 
'^\^  •  v^;  -'^l  C^-LA  .|N^>^)Vp  |touVo.cD  ^o   .  IN-oXna^   IKxLGQ^  ^   p>N^L3  ^^Njl^o;   ^o^âft^t^o 

N..VJt    t-M   ^^    . ..yrvao;  |^«\f>ao;.^>^  ^jpo.moxiQ-.»  wpo  |.>.i..o>  wuoo/  |v..opo  |'>fnQ^Njk°io 

«y',!  v^3  0|>   }.aoa.j  lS.«\vi«    ja^olS.j>    op.30 

Fini  d'écrire  le  livre  du  Lexique,  c'est-à-dire  explication  des  vocables 
syriaques  et  grecs  que  l'on  trouve  dans  les  livres  depuis  les  difficiles 
jusqu'aux  faciles,  et  du  syriaque  en  arabe,  l'an  1810  des  Grecs  (1499),  par 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  279 

les  mains  de  Salomon,  fils  de  Joseph,  fils  de  Daiànos,  de  la  ville  de 
Mardin,  à  la  demande  de  notre  père  le  vénérable  et  le  philosophe  habile 
Denys,  métropolitain  de  Ma'dan...  Je  l'ai  commencé  le  9  mai  et  l'ai 
terminé  le  25  juillet,  le  jeudi,  à  trois  heures. 

300 

22.  —  22  X  16.  Papier.  138  feuillets.  De  l'an  1844. 

Grammaire  de  Timothée-Isaac.  —  Traité  des  conjugai- 
sons par  Rizqallàh.  —  Traité  des  cent  régents  (carchouni). 
—  Sentences  de  Théodose. 

301 

23.  —  22  X  1(3.  Papier.  Écriture  jacobite,  116  feuillets. 
Terminé  le  5  mai  1643. 

Petite  grammaire  de  Bar  Hébraeus  éditée  par  Bertheau, 
Gœttingue,  1843,  et  rééditée  (à  la  suite  de  la  grande  grammaire) 
par  Tabbé  Paulin  Martin,  Paris,  1872. 

Homélie  attribuée  à  Saint  Ephrem,  fol.  105. 

...(-oiL.;  ^^j'   '^-'~'   (fol.    105)   |^<!aJ>  N^i.^  |to;jï^o  IC^'^ii^  ...|jvcd  N\fi« 
oDCL^gOL^/    ^V^    V<a-3/     ...Ijl^VJ»     /Lovilsl    toi.     115    V"    v.oo°à./>o    >— ;..     \^\-s    |»vi..   ya^^ 
1 1  «  vi«  V)  v.rV)^  ^>    v^sCoL/    \».oju    ooi>   vjoo  .\\ . m ->    ^po    ...pN^a^    v^/o    .^ovarv»    oot; 

24.  —  Terminé  l'an  1953  des  Grecs  (1643)  dans  le  village  de  Beit 
Koudidâ,  le  5  mai,  au  temps  des  saints  Pères,  notre  père  Mar  Ignace 
ou  Simon  (patriarche  revenu  à  la  foi  catholique,  mort  à  Alep  en  1662) 
et  notre  père  Mar  Basile  ou  Jésus...  Il  fut  écrit  par  le  diacre  Sabâ,  fils 
de  Paul,  et  sa  mère  (se  nommait)  lazdiah;  il  est  de  la  race  de  Beit  Seliqâ 
qui  est  dans  le  village  béni  de  Beit  Koudidâ,  au  pays  de  Mossoul...  Priez 
pour  mon  maitre  le  diacre  'Abd  el-Mésih,  fils  du  vénérable  Gam'à,  et  sa 
mère  (se  nommait)  Sara. 

302 

25.  — 20  X  14.  Papier.  Écriture  jacobite.  78  feuillets,  xix"  siècle. 
Le  livre  du  discours  de  la  sagesse,  p^om  jcm>,  de  Grégoire 

Bar  Hébraeus;  syriaque  et  traduction  arabe  à  côté. 


280  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

303 

26.  —  18  X  13.  Papier.  Carchôuni.  141  feuillets,  xvii"  siècle. 
Homélies,   Prières  et  vies   de  saints.   Manuscrit  en   très 

mauvais  état,  fol,  6  de  Mar  Jacques  sur  la  parole  de  Paul  : 
Siirsum  quaerite,  sursum  sapite,  fol.  110  sur  Marie  la  péni- 
tente, etc. 

304 

27.  —  "21  X  15.  Papier.  Carchôuni,  syriaque  et  arabe.  89  feuil- 
lets, xviii"  siècle. 

Astronomie,  astrologie,  alchimie. 

305 

28.  —  33  X  22.  Papier.  Carchôuni.  377  feuillets.  Terminé 
le  10  mai  1796. 

Dictionnaire  de  médecine  de  Daoud  al-Antaki. 

306 

29.  —  "28  X  26.  Papier.  Carchôuni  et  syriaque.  121  feuillets. 
Écrit  en  1899. 

Extraits  {en  carchôuni)  des  chroniques  de  Bar  Hébraeus 
et  de  Michel  le  Syrien.  Extraits  relatifs  aux  Yézidis  et  aux 
Nestoriens. 

307 

30.  —  20  X  14.  Papier.  Carchôuni.  93  feuillets.  Terminé  le 
20  janvier  1890. 

Traité  des  nativités  attribué  à  Abou  Ma'sar. 

308 

31.  —  32  X  23.  Papier.  Écriture  nestorienne.  178  feuillets. 
Terminé  le  1"  octobre  1886. 

Commentaire  de  Théodore  de  Mopsueste  sur  l'évangile 
Saint  Jean.  Édi-té  (sans  traduction)  par  M.  l'abbé  J.-B.  Chabot. 
On  lit  au  fol.  176^  : 

aas/      e^-i-»       ..)ljJ.      ^»a_D;     ) ->!->,>.;      |  >N\.a    .oi-s     ^    ^yO     -.-ytX.     ^.^— a     .  .  .  ^oX« 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  281 

l'^jj     P>ja^    (ji_î    ^.ooQi.ci3    )»  ««  f>   |-.^:>j>w^    vO-sfo    .jlS^^a    l^-s;-»    oiio;   ■  "^  -•''i   ;  fc-'=>  |.a^oCv.o 

>^      Nj^^;      I*<3.^     ovjNj     ^•^^J-'     •P'^^i^     ;>-^ooi     ^»     l'OV»;      ...piu.;-^     )^>r^     ...It^^Va 

1 1  «  v»«ai9   . . .  P;^«    »  m  «N\  ^>    .  .  .  |  «  ->  i    >oq.>^«    ot^•.•V-o    ■  «"«'^  |ir»  ->  ■>.  ^. 

32.  —  Terminé  le  29  octobre,  la  nuit  du  dimanche  de  la  dédicace  de 
l'église,  l'an  1886  de  Notre -Seigneur,  2198  des  Grecs,  au  temps  Je 
Léon  XIII,  pape,  d'Ellie,  douzième  catholique  patriarche  de  toute  la  nation 
chaldéenne,  et  de  notre  père  le  prêtre  Paul,  père  général  des  monastères 
chaldéens...  dans  le  monastère  béni  du  martyr  Rabban  Hormizd  le  Perse, 
construit  dans  la  montagne  de  Beit  'Adrà  dans  le  voisinage  d'Alqôs,  le 
village  du  prophète  Nahum.  Rabban  Elias  moine  et  diacre  (l'a  écrit). 

309 

33.  —  24  X  16.  Papier.  Écriture  nestorienne.  314  feuillets. 
Terminé  le  11  juillet  1869. 

Légendes  et  vies  de  Saints;  le  patriarche  Joseph;  les  30  di- 
nars de  Judas;  les  apôtres  Matthieu  et  André;  Marc  de  Tar- 
maqà;  Jean  bar  Malké;  Daniel;  Cyriaque  et  Julitta;  Jacques 
rintercis;  martyrs  hirayarites;  martyrs  de  BeitSeiouk;  Mar 
Kardag;  Soultan  Mahdouk;  Enfants  d'Éphèse;  Invention  de 
la  Croix;  l'empereur  Maurice  [Pair,  or.,  t.  Y,  p.  773);  un  roi 
des  temps  anciens  (pendant  qu'il  est  au  bain,  un  ange  prend 
sa  place,  règne,  et  lui  fait  ensuite  de  bonnes  recomman- 
dations; aucun  nom  propre);  un  enfant  tué  par  son  maître 
(c'est  un  fils  de  roi  que  le  maître  d'école  met  à  mort  pour  lui 
voler  ses  habits.  L'enfant  apparaît  au  roi,  lui  révèle  où  est 
son  corps  et  lui  demande  de  le  mettre  dans  tel  monastère; 
le  roi  se  retire  plus  tard  dans  le  même  monastère;  aucun  nom 
propre).  Histoire  de  Thaïs,  convertie  par  Bessarion;  Histoire 
d'une  religieuse  (analogue  à  Sainte  Marine),  puis  trois  courtes 
traductions  d'apophtegmes. 

Pf.^»  ov.-3l^  In  ->-»■  -»  \  «l-<0  |ftT^^^  ^JLO.a.^  .  .  .  )t^..',.^ij3  pO)  l-al^o  w:>DoL(  ....  .  yO^  ya.JiQ.eo\ 
^V-**-^^^  ''Vnon  .  ypo>o  I  "  ■;)  >jpf»  «'^  |'\=»  ^r^>  wOiOjiof»  «.a  ^^N^L/  .  ■  .  |  «(nya  >).^i.Jo>oO)  ^> 
Voo  .  Q.^ooi   I  «  «  «  f»    V^o    .  p>.\»    I  ■■  1  v>    V^  ,  p<Vx    )  IV  .i>po    V^    y  m.NX  .  .  .^>  OV.3N.3  . .  .)-mJ,.m> 

p>I!0^     N.jlS^3    r^    .  .  .  ^AO-O.^    IN^^Ot    OVUO    .  \>^^>     )  «  .  «  f>     V-=>0    ■  CLJOOO]   I  »  .«  f>    V.30    .  p_M    I  »  «no 

.t^oo)   y^-  '  '    ;  "^ ^  1^^ '    ',-3  pO| 

34.  —  Ce  feuillet  a  été  terminé  le  vendredi  11  Thammouz  de  l'an 
2180  des  Grecs  (11  juillet  1869).  Il  a  été  écrit  dans  le  village  d'Alqôs, 


282  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

qui  est  bâti  dans  le  voisinage  de  l'élu  du  Seigneur  Rabban  Hormizd 
le  Perse,  au  temps  de  l'illustre  pape  Pie  le  juste  et  de  notre  seigneur 
Joseph,  patriarche  d'Orient,  par  Elias,  fils  du  fidèle  Gounâ,  fils  du 
défunt  Sâ'iâ,  fils  du  prêtre  Houmou,  fils  du  prêtre  Hanâ,  fils  du  prêtre 
Houmou,  fils  du  prêtre  Daniel,  du  même  village  d'Alqôs...  Quand  j'ai 
écrit  ce  livre,  j'avais  treize  ans. 

310 

35.  —  24  X  16.  Papier.  Écriture  nestorienne.  1 40  feuillets. 
Terminé  le  25  octobre  1744. 

Anaphores  ou  Liturgies  à  l'usage  des  Nestoriens.  Litur- 
gies de  Mar  Addaï  et  Mar  Mari,  de  Théodore  de  Mopsueste,  de 
Nestorius.  A  la  suite  (fol.  130-135)  vient  le  tableau  des  prières 
pour  les  fêtes  de  Noël,  de  l'Epiphanie,  du  Samedi  saint,  de 
l'Ascension,  de  la  Pentecôte,  de  la  Transfiguration  et  de  la 
Croix. 

^il  Njl&i   )  tt-^itm..  )oQ-.-3   .ovo  ov3  .y\  ■,  f>  ^\jX  M-'V-^  I^V-'>-=>   M^i   ^to    va^Nji/    ftol.    135] 
.^aj>\'/    ICol^V^    IN^V-Ql^    v^atoLf    (fol.    135  V°)    |J>-'f3    V^'ii^f    |  V)fi  n .  m\  K.io  ^>iao...o  ^^:â^ 
.^oo,'  y;.âo  o)\  ;:)o.vv<  .  )  «m;a   «)-«.^>oot  ^i»  ^«^   |;^oa^  ^-^'-^  ^^'   .  |  «  ■>!    ^o^^jt   o)^>^vc 
^poo    .  (...  I,  vit    |^;_.;.^yâ  I  f>«\olS>g  p>^   ^po  .  |  «\ "v  ^   |Lq^Vo     )  •••""-     iLcn::;»^   . . ^"<i.«-a  ^j>Col.f 

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. I  «  to  nS\ 
.  |ji.O)0  .  (>|L;j  ^a-.;^oo    .  I>œ|    .  [Ju    ^/>^0)«    ^oiV.j     vj^o    ^    poi   I^N^  ^^Co{    (lOl.    136) 
ll^^o  ^«   y^oli^  I  Lw.oy^o    ^   .  s».QjL^,.:aA  )  »  ^,«  f>  . . .  y  O)  t. .Nos  ^:».o  INiv^-.opo   I  «.<=>N\o  .\^\.o 
|IS_i_,.io  ^-ax^   ''^ij    .  IV-'O^    K*j»;    . m«^»Q,>^  w^>    Mi-»^  )po<i^  ^^>^>-^  ol»Kx^(o   .^â)^\L  IN^..^^ 

|;^oa^>  )  «•>!  fi  |ooi  ^0)OlS.^{   .  ojli;^  \xj^ci  V-3  po«oo)  )  t««  o  .  poi  ^to  ^.aCoLf  ,j>o ^jo^o 

■  "^  -  -  '"  -  -     ^V^o»    )  «  1,  n 

36.  —  Ce  livre  a  été  terminé  au  mois  béni  du  premier  Techri,  le  25, 
le  jeudi,  de  l'an  2056  du  comput  des  Grecs  bénis  (25  oct.  1744).  Il  a  été 
écrit  dans  le  village  béni  Alqôs,  village  du  prophète  Nahum,  qui  est  à 
côté  du  saint  monastère  de  Rabban  Hormizd  le  Perse.  Que  Dieu  conserve 
ses  habitants!  Amen. 

Il  a  été  écrit  aux  jours  des  saints  Pères  et  des  pasteurs  suprêmes  : 
Mar  Elle,  catholique  patriarche  d'Orient  (Elle  XII,  patriarche  nestorien 
de  1722  à  1750),  et  Mar  Jésuyahb,  métropolitain,  qui  tient  le  siège  d' Addaï 
et  de  Mari... 

A  écrit  le  faible  et  le  pécheur,  le  prêtre  Yaldâ,  fils  du  prêtre  Ebed- 
jésus,  fils  du  prêtre  Hadbesabba,  fils  du  prêtre  Israël  d'Alqôs. 

37.  —  A  fait  écrire  ce  livre  à  l'aide  des  subsides  des  femmes  fidèles 
suivantes  :  Amat  et  Marie  sa  fille;  Hélène;  Tékâ  et  Elfiâ  et  avec  leur 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  283 

concours,  le  prêtre  Ebedjésus,  fils  du  fidèle  Kanoun,  du  village  béni  de 
Tolkèfê,  et  il  le  prépara  pour  le  saint  monastère  de  Mar  Georges  de 
Beit  'Evîrê  qui  est  à  côté  de  la  ville  de  Mossoul. 

Lorsque  ce  livre  a  été  écrit,  le  prêtre  Hormiz,  fils  du  prêtre  Berikou, 
était  portier  du  saint  monastère  de  Mar  Georges. 

Il  semble  donc  que  Ebedjésus,  avec  l'argent  des  saintes 
femmes  susmentionnées,  a  payé  Yaldà  pour  faire  cette  copie. 

311 

38.  —  25  X  16.  Papier.  Écriture  jacobite.  61  feuillets,  xv" 
au  xvi"  siècle. 

LHexaméron  de  Moïse  bar  Képha  (livres  III-V).  Une  date 
en  partie  grattée,  fol.  16%  semble  être  1745  des  Grecs  (1 134). 

312 

39.  —  28  X  19.  Papier.  Écriture  jacobite.  301  feuillets.  Ter- 
miné le  15  avril  1889. 

Le  «  livre  des  Splendeurs  »  ou  grande  Grammaire  de 
Bar  Hébraeus,  copié  à  Mossoul  par  le  diacre  'Abd  el-Aziz. 

313 

40.  —  20  X  15.  Papier.  Écriture  jacobite.  108  feuillets. 

I.  —  Le  «  Livre  de  la  colombe  »  de  Bar  Hébraeus,  édité 
par  P.  Bedjan,  à  la  fin  de  Y  Éthique,  Paris,  1898.  Cette  partie 
du  manuscrit  a  été  terminée  le  13  juillet  1889. 

II.  —  Fol.  57.  Extraits  des  diverses  compositions  poétiques, 
probablement  de  Georges  Warda.  Cette  partie  a  été  terminée 
le  20  février  1878. 

314 

41.—  16  X  10.  Papier.  Écriture  nestorienne.  114  feuillets. 
Terminé  le  6  mars  1834. 

Livre  d'offices,  à  l'usage  des  Nestoriens.  Au  fol.  72'-73 
on  rappelle  les  règles  données  par  Rabban  Abraham  de  Sé- 
leucie  en  l'année  1837  des  Grecs  (1652)  et  celles  de  Gabriel, 
neveu  de  Rabban  (susdit),  données  l'an  1910  (1599)  dans  le 
monastère  de  Mar  Eugène. 


284  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

OV3    .  »);/   1.x.Vj>   I-;^^  ovi    .>jjLoNi>t  ^a^^  ...    (fol.    111    V"^   po,  p>6o   ^Nji/o  -ît^ji/ 

.  )JuV^   pLiQ-A    .t\n.,o    y<.\.3»/o     |)J>oo    ^âiS^    ^;i.    l^sjL»»     .o.    ^^M<i< 
)-s/    ■»,aoQ...s    ...^jw^of    ^-y-iot    \^''r^    It-^o^    LQ.3.iJL3    I  «  1  -«o    )  VI .  fn»  |k.i  .,  s^  ■»     t^^lioL/ 

..."•<!>«  l_«j;  ^V»   .  •  .  I  ■  "N  "t  i  Jjji^nj  IN.J3V*  ^^^  .m  .-t;-.',-^  |  n  «\oNj  )-io»0|  ^a-q-.  ^po  .  .  .  ILovs/» 

^"l^CL^O      ^<ibJLol.^^.iO    yVJQ-iO     \.^Ul\   \Cr)     )jQ.«.-5.     |.t  .  >  f)    ;_3    v|-5>.iOCO     I  «  -  «  "     V^    .  .  .  !«-«'•'     ^io     ^iQJLS» 

.  .  .  j).>k:io>oO)  wpo  Jj-t-o   Ijovoo;  0|K^.^s.^  N^k--L   ]y,^o  |N  i  .,  n>^-^ 

42.  —  Ce  livre  a  été  terminé  le  mardi,  6  adar  (mars),  de  Tan  2145 
des  Grecs  bénis  (1834).  11  a  été  écrit  dans  la  ville  près  de  laquelle  est 
bâti  le  monastère  béni  de  Mar  Eugène;  aux  jours  du  Père  des  Pères 
Mar  Jean  Hormez,  catholique  patriarche  sur  la  nation  des  Chaldéens  de 
Babylone...  L'a  écrit  Daniel,  prêtre  de  nom,  fils  du  prêtre  Sam'ân 
(Simon?),  fils  du  prêtre  'Isa,  de  Sé'ert,  qui  habitent  aujourd'hui  dans 
la  ville  de  Mardê,  sous  la  tente  du  saint  martyr  Mar  Hormizd. 

315 

43.  —  22  X  16.  Papier.  Écriture  nestorienne.  Terminé  le 
3  novembre  1884. 

Œuvres  diverses  de  Ebedjésus  inétropolitain  de  Nisibe  : 
—  I.  Le  livre  de  la  Perle.  —  11.  Catalogue  des  livres  ecclésias- 
tiques. —  111.  Exposé  de  la  foi  nestorienne. 

-V^;  Vr'r^  )-^Œ>;^  ^^;..j  ya^;B\  \^\i   )l!v.-j/  ^io  jK^UL^VJio;   ^sto  ^^Oi   y;  ^DoL/  (fol.   50  V°) 

•  ^^^^   INo-pcLs   l-a-f^;    .^jCiico   l.ioa^a»;    ^OiOj-./    L^-^o;    )t^j/    ^    ^cuA    l'y"-»    ïol»  ovjto 

pkJO.A  >.^^~co/   Ni  t  j  p_,Vci^«xaj>   |L,.X3 

44.  —  Ce  livre  de  la  Perle  a  été  écrit  d'après  un  manuscrit  du  frère 
Ephrem,  moine  perse  du  monastère  de  Mar  Georges.  Lui-même  l'avait 
transcrit  sur  le  manuscrit  de  saint  Romanus,  moine  d'Alqôs,  dans  le 
monastère  de  la  Vierge,  et  celui-ci  avait  transcrit  le  sien  l'an  2161  des  Grecs 
(1850)  sur  l'autographe  de  l'auteur  à  Mossoul,  qui  avait  été  écrit  dans 
la  ville  de  Kélat,  dans  l'église  des  Nestoriens,  l'an  1609  des  Grecs  (1298). 

Au  fol.  75,  nous  trouvons  l'histoire  des  origines  aposto- 
liques de  Mossoul  (ou  Assur  ^  Athour)  et  de  quelques-unes 
de  ses  églises. 

45.  —  Après  l'ascension  de  Jésus-Christ  au  ciel,  les  saints  apôtres  s'en 
allèrent  par  tout  le  monde,  selon  l'ordre  qu'ils  en  avaient  reçu,  pour 
prêcher  et  annoncer  l'évangile  et  pour  baptiser  ceux  des  Juifs  et  aussi 
des  gentils  qui  croiraient  par  leurs  mains;  Pierre,  Thomas,  Addaï,  Mari, 
Barthélémy  et  Benjamin  et  Simon. 

Pierre,  Thomas  et  Barthélémy  faisaient  partie  des  douze;  Addaï,  Mari, 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIUPIENS.  285 

Benjamin  et  Simon  faisaient  partie  des  70.  Ils  vinrent  ensemble  à  Assur 
(pour  le  scribe  c'est  Mossoul)  en  portant  avec  eux  les  lettres  des  juifs 
de  Jérusalem  qui  croyaient  au  Christ,  adressées  aux  juifs  qui  demeuraient 
à  Assur  (Mossoul).  Ils  leur  annonçaient  dans  ces  lettres  que  le  Christ 
attendu  par  les  juifs  était  venu,  qu'il  avait  souffert  et  qu'il  était  mort 
pour  le  salut  des  hommes,  qu'il  était  ressuscité,  monté  au  ciel,  qu'il 
avait  envoyé  le  Saint-Esprit  aux  apôtres,  et  que  ceux-ci  avaient  commencé 
à  opérer  des  prodiges  admirables. 

Quand  les  apôtres  arrivèrent  avec  ces  lettres,  l'une  était  adressée  à 
un  marchand  juif.  Or  ce  marchand  avait  un  moulin  à  moudre  le  sésame. 

Les  apôtres  arrivèrent  durant  l'été,  lorsque  la  roue  du  moulin  n'avait 
pas  de  travail,  et,  à  la  lecture  des  lettres,  nombreux  furent  ceux  qui 
reçurent  les  Apôtres  avec  joie.  Ce  marchand  leur  donna  aussi  son  moulin 
pour  y  réunir  les  gens  et  y  prêcher  le  Christ.  Tous  les  Apôtres  vinrent 
aussi  dans  ce  moulin  et  les  juifs  commencèrent  à  s'y  réunir  près  d'eux, 
car  beaucoup  crurent  au  Christ  par  le  moyen  des  apôtres.  Ce  marchand 
juif  avait  un  fils  malade,  et  il  fut  guéri  par  la  prière  des  Apôtres. 

Lorsque  la  foi  se  répandit  à  Assur  (Mossoul),  le  marchand  dont  nous 
avons  parlé,  donna  son  moulin  aux  fidèles  afin  de  s'y  réunir  pour  la 
prière  et  la  prédication...  et  il  devint  une  église  à  laquelle  on  donna 
le  nom  de  Simon  Pierre,  c'est  maintenant  la  célèbre  église  de  Simon 
Pierre. 

46.  —  Ensuite  trois  des  apôtres,  à  savoir  Simon  Pierre  et  Thomas  et 
Barthélémy,  laissèrent  Mar  Addaï  et  Mari  pour  évangéliser  Assur  —  et  ils 
l'évangélisèrent  ainsi  que  les  environs  -  et  ils  prirent  avec  eux  Mar  Ben- 
jamin et  Mar  Simon  et  ils  allèrent  du  côté  de  Sen'ar  et  ils  arrivèrent 
jusqu'à  Babel  et  ils  annoncèrent  l'évangile  à  Babel...  Et  Mar  Simon  Pierre 
alla  de  Babel  à  Damas  par  le  chemin  du  désert,  et  les  apôtres  et  les 
disciples,  c'est-à-dire  Thomas,  Barthélémy,  Simon  et  Benjamin,  allèrent 
au  Beit  Houzoïè  et,  là  aussi,  la  foi  du  Christ  se  répandit  par  les  mains 
des  apôtres.  Mar  Thomas  et  Mar  Barthélémy  laissèrent  ensuite  les  deux 
disciples  au  Beit  Houzoïè  pour  y  prêcher  l'évangile  dans  toutes  les  direc- 
tions et  beaucoup  d'entre  les  juifs  et  les  païens  reçurent  la  foi  du  Christ. 

Ensuite  Mar  Thomas  alla  dans  l'Inde  et  y  reçut  la  couronne  du  mar- 
tyre et  Mar  Barthélémy  alla  de  là  à  Kousch,  et  lui  aussi,  après  avoir 
prêché  l'évangile,  reçut  la  couronne  du  martyre  dans  ce  pays  de  Kousch. 

Lorsque  la  foi  du  Christ  se  répandit  dans  Assur  (Mossoul)  et  que 
beaucoup  de  juifs  crurent  au  Christ,  ils  bâtirent  une  autre  église  sous 
le  nom  de  Mar  Thomas  et,  à  cette  époque,  ils  bâtirent  encore  une  troi- 
sième église  sous  le  nom  de  Barthélémy. 

47.  —  Cette  église  de  Mar  Barthélémy  fut  renversée  aux  jours  de  .Mar 
Théodore,  évoque  de  Mopsueste.  A  cause  de  ses  belles  interprétations 
des  saintes  Écritures,  l'église  de  Mar  Barthélémy  fut  rebâtie  par  les 
fidèles  et  ils  lui  donnèrent  le  nom  de  Mar  Théodore.  Le  patriarche 
d'Orient  fut  sollicité  de  donner  cette  église  aux  jacobites. 

Plus  tard  la  communauté  des  jacobites  qui  demeuraient  dans  cette  ville 
—  beaucoup  étaient  de  Tagrit  —  eut  une  querelle  avec  le  patriarche 


286  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

jacobite.  La  foule  se  fâcha  avec  le  patriarche  et  passa  à    la   religion 
des  Ismaélites  (Arabes)  et  ils  firent  de  leur  église  une  Gâmad,' c'est-à-dire 
une  mosquée,   et,  jusque   maintenant,   cette   église  est  appelée  Gâmad 
Tekritaï  (mosquée  des    habitants  de   Tagritj,  et  elle  est  bâtie  dans    le  | 
voisinage  de  l'une  des  portes  de  la  ville  qui  est  appelée  porte  de  'Raq. 

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48.  —  Ensuite,  l'an  1863  du  Christ,  le  diacre  Rafaël,  de  la  ville  de  Diar- 
békir,  vint  à  Mossoul.  Il  était  le  neveu  du  célèbre  marchand  Badôs.  Il  ve- 
nait construire  une  école  pour  élever  les  enfants  du  pays  et  les  instruire 
dans  les  sciences,  pour  en  faire  des  lévites  et  des  prêtres  pour  le  peuple 
susdit. 

L'an  1864,  le  diacre  Rafaël  commença  à  construire  une  école  et  avec  elle 
une  imprimerie.  Or  un  côté  de  l'église  de  Simon  Safâ  tomba,  et  comme  on 
en  creusait  les  fondements,  on  vit  une  muraille  qui  était  bâtie  en  rond  ;  il 
en  résulte  que  c'est  là,  sans  doute  possible,  l'endroit  de  la  meule  où  l'on 
broyait  le  sésame. 

Ce  saint  diacre  Rafaël  mourut  Tan  1866  du  Christ,  lors  d'une  fièvre  qui 
régna  par  tout  le  pays  et  qui  fit  mourir  beaucoup  de  personnes.  Après  sa 
mort,  l'ouvrage  ne  fut  pas  terminé,  toutes  les  dépenses  furent  perdues  et 
tout  son  argent  fut  dispersé,  parce  que  les  habitants  de  Mossoul  le  mangè- 
rent, et  ses  dépenses  furent  sans  profit;  il  imprima  seulement  un  psautier 
et  (les  prières)  d'avant  et  d'après,  et  il  mourut,  et  ce  qu'il  avait  réuni  fut 
dispersé. 

49.  —  Ce  livre  fut  terminé  le  premier  dimanche  de  la  dédicace  de  l'é- 
glise, le  3  du  second  Techri  (3  novembre)  de  l'année  18S4  du  Christ,  dans 
le  monastère  béni  de  Mar  Georges,  martyr  illustre,  qui  est  dans  le  voisi- 
nage d'Athour  (Mossoul). 

Il  fut  écrit  sous  le  Pontificat  du  Père  des  Pères,  notre  Seigneur  le  pape 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  287 

Léon,  pontife  de  Rome  et  de  tout  l'univers,  (lorsque)  Mar  Elle  était  catho- 
lique patriarche  de  l'Orient,  sous  le  supériorat  de  notre  père  élevé,  le 
Père  Samuel,  chef  général  des  monastères  Chaldéens.  Le  scribe  est  le 
même  Elie,  fils  du  fidèle  Simon,  du  village  de  Sarnôs,  fils  du  défunt 
Cyriaque. 

316 

50.  — 23  X  16.  Papier.  Écriture  jacobite.  224  feuillets.  Écrit 
en  1889  par  les  scribes  David  et  Joseph. 

I.  —  Le  livre  des  Ti^èsors  de  Jacques  de  Bartela  (ou  de 
Tagrit). 

II.  —  Lettre  en  vers  de  Jacques  de  Tagrit  à  Mari,  sur- 
nommé Fakr  'oul-Daoulah,  et  à  Abou  Tàhir  Sâhid,  surnommé 
Tadj  'oul-Daoulah. 

317 

51.  —  32  X  22.  Papier.  Écriture  nestorienne.  182  feuillets, 
xvni"  siècle. 

Le  «  livre  du  Paradis  »  de  Palladius,  a  été  édité  par  P.  Be- 
djan,  Acta  Martyrum,  t.  VU,  et  par  M.  Budge,  The  Book  of 
Paradise,  Londres,  1904. 

Le  manuscrit  a  appartenu  au  couvent  de  iMar  Georges,  près 
de  Mossoul,  et,  en  1840,  au  couvent  de  Rabban  Hormizd. 

318 

52.  —  40  X  29.  Papier.  Écriture  jacobite.  343  feuillets.  Écrit 
en  1886  par  'Abd  el-Aziz. 

Lexique  de  Bar-Bahloul,  édité  par  Rubens  Duval,  Paris, 

1888. 

319 

53.  —  19  X  14,  Papier.  Écriture  jacobite.  127  feuillets.  Copié 
en  1893. 

L' hexaméron  rfe' Moïse  bar  Képha,  livres  III-V. 
Copié  probablement  sur  le  n°  311. 

320 

54.  —  17  X  12.  Papier.  104  feuillets,  xix^  siècle. 


288  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

I.  —  Explication  des  choses  secrètes  ou  Encyclopédie,  ca- 
ractères nestoriens. 

II.  —  Le  livre  des  prunelles,  ou  résumé  de  logique  de  Bar 
HÉBRAEUS,  fol.  49\ 

III.  —  Le  livre  du  discours  de  la  sagesse,  ou  Résumé  de 
dialectique,  de  physique  et  de  théologie,  p"»?  Bar  Hébraeus, 
fol.  71\ 

Les  deux  dernières  parties  ont  été  écrites  en  caractères  jaco- 
bites,  en  1889,  par  'Abd  el-Aziz. 

321 

55.  —  22  X  16.  Papier.  Écriture  jacobite.  73  feuillets.  Ter- 
miné le  26  février  1892. 

Poème  philosophique  de  Grégoire  Bar  Hébraeus,  sur  la 
perfection. 

322 

56.  —  34  X  23.  Papier.  Écriture  jacobite.  121  feuillets.  Écrit 
par  'Abd  el-Aziz  (xix°  siècle). 

Le  Livre  des  directions  ou  Nomocanon  de  Bar  Hébraeus. 
Traduit  en  latin  dans  M.di\,  Scriptorumvet.  nova  coll.,  i.X; 
édite  par  P.  Bedjan,  Paris,  1898. 

323 

57-  — 23  X  16.  Papier.  Écriture  jacobite.  161  feuiileis.  Ter- 
miné le  2  janvier  1881,  par  'Abd  el-Aziz. 

Collection  des  canons  de  Ebedjésus  de  Nisibe. 

Édité  et  traduit  en  latin,  Mai,  Scriptorum  vet.  nova  coll., 
t.  X. 

324 

58.  —  14  X  10.  Papier.  Écriture  jacobite.  111  feuillets.  Écrit, 
en  1889,  par  'Abd  el-Aziz. 

I.  —  Histoire  des  dix  vizirs. 

II.  —  Extraits  (en  syriaque  ou  en  carchouni)  relatifs  aux 
Yézidis,  fol.  66;  cf.  n°  306. 


NOTICES    DES    MANUSCRITS   SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  289 

325 

59.  —  23  X  17  Papier.  Écriture  jacobite.  139  feuillets, 
xi-x*"  siècle. 

I.  —  Recettes  médicales  pour  les  maux  de  tête,  les  maux 
d'yeux,  les  maladies  des  enfants,  etc.  C'est  attribué  à  Galien. 

II.  —  Extraits  du  livre  de  Hiérothée,  disposés  et  corrunen- 
tés  par  Bar  Hébhaeus,  fol.  7(P  (incomplet). 

326 

60.  —  21  X  17.  Papier.  Écriture  nestorienne.  181  feuillets, 
xix*"  siècle. 

Recueil  de  vies  de  saints. 

Apocalypse  d'Esdras  relative  aux  Arabes.  —  Jean  bar-Malké. 

—  Mar  Kardag.  —  Les  inventions  de  la  Croix  —  Mar  Behnam. 

—  Les  huit  enfants  d'Éphèse.  —  Gyriaque  et  Julitta.  —  Abra- 
iiam  Qidounaya. 

327 

61.  —  22  X  16.  Papier.  Carchouni.  220  feuillets.  Terminé  le 
26  juillet  1889. 

Traité  de  théologie  de  Basile,  maphrien  du  Tour  Abdia 
(mort  en  1134). 

Écrit  par  le  moine  Georges,  fils  du  prêtre  'Abd  el-Ahad,  ter- 
miné le  26  [n-r^o  o-f^)  tamouz  (juillet)  de  l'année  1889,  au  temps 
de  Mar  Ignace  patriarche,  Pierre  III,  du  siège  d'Antioche,  ré- 
sidant à  Deir  ez-Zafarân,  de  Mar  Cyrille  métropolitain  et  d'Élie 
de  Mossoul,  supérieur  du  monastère  de  Cheikh  Matthieu. 

328 

62. — 31  X  21.  Papier.  Écriture  jacobite.  94  feuillets.  Ter- 
miné en  janvier  1859. 

I.  —  Dictionnaire  t/'EuDocHus. 

IL  —  Le  livre  des  prunelles  de  Bar  Hébraeu.s. 

Écrit  par  Georges,  fils  de  Hannà  an-Naqâ,  au  temps  d'Ignace, 
patriarche  d'Antioche,  et  de  Basile,  maphrien. 

ORIKIMT   CHRÉTIEN.  19 


290  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

329 

63.  _  24  X  19.  Papier.  Écriture  jacobite.  139  feuillets.  Ter- 
miné le  3  janvier  1883. 

Le  livre  de  V Ascension  intellectuelle  sur  la  forme  du  ciel 
et  de  la  terre,  ou  traité  d.  asti^onomie  de  Bar  Hébraeus. 

Nous  l'avons  édité  et  traduit,  Paris,  1889.  Écrit  par  'Abd  el- 
Aziz. 

330 

64.  _  28  X  19.  Papier.  Écriture  jacobite.  11  feuillets.  Ter- 
miné le  25  février  1893. 

Le  «  livre  du  commerce    des  commerces  »,  ou  résumé  de 
logique,  de  physique  et  de  théologie  par  Bar  Hébraeus. 
Écrit  par  'Abd  el-Aziz. 

331 

65.  —  21  X  15.  Papier.  Carchouni.  166  feuillets,  xix"  siècle. 

I.  —  le  livre  de  V expulsion  de  la  tristesse,  ou  recueil  de 
contes,  d'anecdotes  et  de  bons  mots  par  Elie  de  Nisibe,  édité 
par  Constantin  Bâcha,  cf.  ROC,  t.  XI  (1906),  p.  143. 

Copié  en  1883  par  'Abd  el-Aziz,  fils  du  prêtre  Georges. 

II.  —  Histoire  des  dix  viziî^s,  fol.  101  ;  cf.  n°  324. 

332 

66.  —  25  X  19.  Papier.  Écriture  nestorienne.  236  feuillets. 
Terminé  le  4  janvier  1895. 

Collection  de  synodes  nestornens,  éditée  et  traduite  par 
M.  l'abbé  J.-B.  Chabot,  Paris,  1902. 

Synodes  d'isaac  (en  410),  de  Yahballaha  F'"  (en  420),  de  Dad- 
jésus  (en  433),  d'Acace  (en  489),  de  Bar-Sauma,  de  Babaï  (en 
199),  de  Mar  Aba  (en  544),  de  Joseph  (en  553),  d'Ézéchiel  (en 
577),  de  Jésuyahb  P""  (en  588),  de  Sabarjésus  (en  596),  de  Gré- 
goire (605),  de  Georges  (en  678),  de  Henanjésus  (en  694),  de 
Timothée  P''  (en  786),  de  Timothée  II  (en  1318).  Suivent  six 
lettres  de  Barsauma  au  patriarche  Acace. 

67.  —  Le  colophon  renferme  le  récit  de  l'élection   du  pa- 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  291 

triarche  ChaldéenEbedjésusen  1804  et  la  liste  des  évêquesChal- 
déens  à  cette  époque  : 

■>|;.^^ yi^aoN     Ol  <^{      NXA    wSojl    .  Ot-S    •     .  •-•'y^l     yOla     .^;.a^   .  .  .  pO)    ^CO     |.3XD    ^«    "^o^ 

^' -      ^^    .  w>r^     N.»^«     1'^!     poâLk    '^^o.    |JL30    ya^a>t     \^ï)    i'^^      yo^'r^     ■-•^'r^ot     ^^t-3 

I  n  .\nK  n     \&ajUt..â^     ■^'yio     .  .  .  |Lov^/     >  >Viol«  -^     l-'-^J       ^oa^>>J«     OiC'^<;^     >AO  fiN\»     p.;.^^ao 

|l .  ..vi  vju/  ^^ISo  ■\l'r'l'.  l-^<^  y^'  ■JOQ',.^^  )  «  ««  n  l-iOi)  ^o^/  >  »  ion  «  ->o  ..  .\.^^,^iot  .  m>T;-i;^9 
.  arrsn  ■   )<,fn^  ;_3  |^.ao  I  ivi  .oy^   ;-3  .  il  icn;   jHUs»  |c»\c>«    |N^t-A  ^^  •  ■  ■  |  H'>fl»^  .  .  .  \^\^*  ■  «r.  .'^ 

I  n  ■Xr.K  n    ^.3_,     ^^    ^.po     r-"-^    >  (-â/   <MJi;     vi->>^J3    v^    .  y«N^     ^^    Vp'-P!    l~>OV^):^    "^^wjOOt    |JL^«Cl:iO 

^f  1;-.^  l-'è^'^'^'^rè^-''^  |i-ov3>  f» «'•''■(  lcoL*2  o^;  ^^'^r^  ^«->^i-  ^h^  ^-^v^o»  >m.'>;-.^^>3 
..^».~  \».cuu^â^  ^y.'M  .|;V^>  ^>  i'y*  ^:w  wi^vLx^o  1-»:^^  wpo  ...^V^V^^  I  ■»^v>N  70-.;^  ^i-i-^; 

.IV'i^;  1  ■""  ^~0->  wVV3  ■  ;;vtn;  |poL  "^[(MViv  ^;.^  .^«.^iof»  o>o(  ^aoo|L  ^^^  .  VÉa^.^D« 
.  <-r| .  ;r»  -  ■  ^;.^  . .  fw  v>\ m;  .  n  -)|;Qa  ■  n  ..m  ■(  |ov^^OM  ^po  .l-i^^a^i  ■.l\.tJ>  )->^  ^âxDO^  w;.^ 
.....o  jifi  «  1^  L0010  .  p^kjpo  ''^  (jj;^;.^^  1-m/;  ^ojl.«^&^  ^poC^  o^eu^Jo  . . .  ^.^^^Lj  )j  |jj»«  I-<^°^ 

■  y;y>\  ;>^(!  IC^j^a  l'cn-s  o^  vil^^  ^pN^ 

68.  —  Ce  livre  a  été  terminé  Le  4  janvier  de  l'an  1895  de  Notre-Sei- 
,i,meur  dans  le  monastère  de  Notre-Dame  Marie  qui  protège  les  semences, 
bâti  à  l'extrémité  de  la  montagne  de  Beit  'Adraï,  du  côté  est  d'Alqôs,  vil- 
lage du  prophète  Nahum,  au  temps  (de  Léon  XIII),  de  Mar  Ebedjésus,  catho- 
lique patriarche  d'Orient,  et  de  notre  père  le  prêtre  Pierre,  chef  général  des 
monastères.  L'a  écrit  le  moine  Elias,  diacre,  du  village  de  Saqlavà,  qui  est 
au  pays  de  Kousnab,  fils  du  fidèle  Babakà,  fils  de  l'évêque  (?)  Joseph,  qui 
est  appelé  Abarhinà,  à  Beit  Mam. 

69.  —  J'avertis  les  lecteurs,  nos  successeurs,  que  Mar  Elle,  12'^  catholique 
patriarche  d'Orient,  est  mort  le  3  juin  1894.  Au  mois  d'octobre  de  la  même 
année,  les  pères  métropolitains  se  sont  réunis  dans  notre  monastère  de 
Notre-Dame  Marie  pour  choisir  un  patriarche,  à  savoir  :  Mar  Elle  Malous 
de  notre  monastère  de  Mardè  ;  Mar  Ebedjésus  Hait,  d'Amid;  Mar  Jacques, 
l'un  de  nos  moines,  de  Gezirtâ;  Mar  Michel  Na'mou  de  Perat-Maïsan ;  Mar 
Gabriel  Adamou  de  Selouk;  Mar  Thomas  Audô,  d'Ourmiah;  Mar  Emma- 
nuel Tamrà  de  Sé'ert;  Mar  Jean  Sahar  de  'Aqrâ;  Mar  Joseph  Elie  Kîât  de 
'Oumdià;  Mar  lahbalaha  Isaac  Koudàbkas  de  Salamas.  Mar  Georges 
Gougà  de  Sennâ  ne  put  venir.  Ils  choisirent  Mar  Ebedjésus  d'Amid  comme 
patriarche  d'Orient.  L'élection  eut  lieu  le  28  octobre  de  cette  année  1894 
de  Notre-Seigneur. 

333 

70.  —  26  X  20.  Papier.  58  feuillets,  xix"  siècle. 
Le   «    livre  de   la  Chasteté  »   de  Jésusdenah,  évêque  de 
Ba-'sorah,  ou  histoire  monastique  nestorienne. 
Édité  et  traduit  par  M.  l'abbé  J.-B.  Chabot,  dans  les  Mélanges 


292  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

d'Archéologie  et  d'histoire  de  l'École  française  de  Rome,  t.  XVI; 
réédité  par  le  P.  Bedjan  à  la  fin  du  Liber  superiorum  (His- 
toire monastique  de  Thomas  de  Marga),  Paris,  1901. 

334 

71.  —  36  X  25.  Papier.  Carchouni.  28  feuillets.  Lettres  et 
pièces  originales  relatives  aux  maronites. 

Lettres  de  Georges-Pierre,  patriarche  maronite  d'Antioche, 
au  roi  de  France,  à  la  reine,  au  cardinal  Mazarin,  au  prince 
Henri  de  Guise,  au  comte  de  Brienne,  au  prince  de  Mailli,  du 
25  janvier  1658,  —  au  roi  de  France,  du  15  mars  1659. 

Lettre  de  Joseph  à  Sergius,  archevêque  de  Damas,  à  Paris, 
du  5  avril  1660. 

72.  —  Témoignages  et  assertions  des  églises  syrienne  (pa- 
triarche :  Ignace  André)  (2  août  1666)  et  maronite  (9  août  1666), 
fol.  16-18.  Cette  dernière  est  signée  de  Faradjallah  .^;^o.s^;  Ga- 
briel wuM-^i^/;  Gabriel  .^\uois^  (d'Ehden?);  Joseph  d'Alep;  Jean 

Lettres  du  patriarche  maronite  Georges-Pierre  au  Cardinal 
de  Bouillon,  grand  aumônier  de  France,  du  8  août  1675,  — 
de  Nazif  Khazin,  prince  des  maronites  du  Mont  Liban,  au  roi 
de  France,  du  25  mars  1695,  —  de  Joseph,  patriarche  maro- 
nite d'Antioche,  au  roi  de  France,  du  15  octobre  1736,  —  de 
Joseph  Pierre,  patriarche  d'Antioche,  du  14  juin  1767. 

335 

73.  —  44  X  33.  Papier  et  parchemin.  97  feuillets. 
Fragments  de  manuscrits  et  de  copies,  feuillets  détachés 

réunis  et  montés  sur  onglets. 

Fol.  1-6,  fragments  en  carchouni;  7-10,  fragments  d'offices; 
12-23,  petit  lexique  syriaque  dont  l'écriture  rappelle  celle  de 
Renaudot;  26-36,  explications  ou  questions  et  réponses  sur  di- 
vers sujets  :  par  exemple  pour  expliquer  la  parenté  d'Abraham 
et  de  Sara  : 

Tharé,  père  d'Abraham,  prit  deux  femmes,  Tune,   appelée  Malktou', 
dont  il  eut  * hrr. ham,  et  l'autre,  nommée  Zamrout,  dont  il  eut  Sara. 

27-30,  evtraitsd'épiphane,  Evagrius,  Basile,  Grégoire,  Denys, 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    P:THI0PIENS.  293 

Cyrille,  Jean  (.m^o.)  Chrysostome;  fol.  31,  sur  l'être,  questions 
théologiques. 

,)»A^  |-.0(>);  )Lo(Jxo 

De  Xystos,  évêqiie  de  Rome  :  Trois  choses  émeuvent  la  terre  et  il 
en  est  quatre  qu'elle  ne  peut  supporter  :  Un  esclave  qui  règne,  un  in- 
sensé rassasié  de  pain,  une  servante  qui  chasse  sa  maîtresse,  et  la  haine 
qui  serait  chez  un  homme. 

L'auteur  explique  que  l'esclave  c'est  la  fureur  et  la  colère, 
l'insensé  c'est  le  corps,  la  servante  c'est  l'esprit  impur  qui 
chasse  le  Saint-Esprit;  la  haine,  c'est  laisser  le  bien  pour 
prendre  le  mal. 

*74.  —  Fol.  36,  vient  la  notice  sur  Sévère  d'Antioche  éditée 
Patr.  or.,  t.  VIII,  p.  165. 

Noms  des  martyrs  de  Sébaste  :  Domitianus,  Alexandre... 

Fol.  37-46,  fragments  d'offices. 

Fol.  47-49,  Nouveau  Testament;  fol.  50-38,  offices. 

Fol.  60,  sur  la  décollation  de  saint  Jean-Baptiste.  L'auteur 
fait  parler  le  soldat  envoyé  pour  le  décapiter;  fol.  65  et  67,  sur 
Joseph  et  la  Vierge  :  «  J'ai  passé  par  Nazareth  et  j'ai  entendu 
la  voix  de  Joseph  qui  réprimandait  Marie  et  qui  lui  disait  tout 
en  colère  :  «  Dis-moi,  Marie,  qui  t'a  recherchée?  »  Marie  se  leva 
lentement  devant  Joseph,  en  pleurant  de  douleur,  et  elle  lui 
dit  tout  en  colère  :  «  Laisse -moi,  Joseph,  je  ne  te  mens 
pas.  »... 

Au  fol.  68  on  trouve  une  pièce  du  même  genre  :  «  Prière  de 
Mar  Jacob  (Jacques  de  Saroug)  :  Un  jour  que  je  passais  sur 
le  mont  de  Jébus,  je  regardai  et  je  vis  un  jeune  homme  pendu 
à  l'extrémité  d'un  bois,  je  regardai  et  je  vis  une  jeune  fille 
(16^^)  qui  se  tenait  près  de  lui.  Je  m'approchai  d'elle  pour  l'in- 
terroger .  c(  Dis-moi,  jeune  fille,  qu'est-ce  que  cette  croix?  »... 

Fol.  70-77,  fragments  d'offices. 

75.  —  Au  fol.  78  on  trouve  le  colophon  suivant  d'un  ma- 
nuscrit des  évangiles  : 


294  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Marie,  tante  maternelle  du  diacre  défunt  Jésus,  a  vendu  cet  évangile 
au  faible  parmi  les  prêtres,  Mas'oud,  qui  est  appelé  Bar-Karnis,  parce 
qu'elle  a  péché  contre  la  grâce  divine,  l'an  1609  des  Grecs  (1298),  au 
mois  d'Adar  (Mars).  Que  le  Christ,  fils  de  Dieu,  lui  donne,  ainsi  qu'à  ce 
diacre,  le  royaume  céleste. 

Fol.  86.  semble  une  copie  de  Renaudot.  —  Fol.  88,  fragments 
des  lettres  à  Timothée,  Tite,  Philémon.  —  Fol.  92,  copie  de 
la  lettre  de  l'évêque  de  Jérusalem  Timothée  au  pape  Paul  V. 
—  Fol.  96,  copie  du  colophon  du  commentaire  de  Denys  bar- 
Salibi  sur  l'Ancien  Testament  (ms.  66  de  Paris)  ;  cette  copie 
a  sans  doute  déterminé  l'achat  du  volume. 

336 

76.  —  37  X  24.  Papier.  Écriture  nestorienne.  181  feuillets. 
Terminé  le  27  mai  1896. 

Lettres  de  Jésuyahb,  patriarche  nestorien  de  647  à  658. 

Éditées  et  traduites  par  R.  Duval,  Paris,  1905. 

Le  présent  manuscrit  a  été  copié,  en  1896,  sur  un  manuscrit 
d'Alqôs  daté  de  1696,  mais  celui-ci,  d'après  M.  R.  Duval,  n'est 
qu'une  copie  (tronquée  au  commencement)  du  ms.  Vat.  156, 
acheté  en  Mésopotamie,  en  1716,  par  J.  S.  Assémani, 

Voici  les  colophons  du  ms.  336;  on  lit,  fol.  181  : 

^>L  Nx>>    .oiV.;   p>^o,-o  l-MO^   '^r°  "r^l-  P^i-=>   U't.'>-3    .  |  a  «  it  aa.,M  yao.,^  pO|   |.jCo    ^a\Cui{ 

...pX'V-^    ^'<^;    l-^n  n  «  rr>N    |jl^Lo    ,^."g|S\ 
^o^A    .  IV^<Xx     •-=>J->4^     "*^    .  .  .|  Vi.m»     .  .  .  I  «  >  I    yao-^t    O)^;.^     ...|N.a.,;_3    )K.V^u    ^j>NjL/ 

l->^    ^r^    jl-ova/;     IpOO    |-3(    .  «V>o,«3    ^oCoL{     l-'>^si^     «K^OoioO)    ^i    ^po«       ^.-..nn 

...po)    tj^ao     ^.o.:;,^     "^olV     ...\x:>1s,     I— Jrio;      (fol.    181     Y)      l^V-V^    )n>\oCv.o 

. >m.,^>Q^.^  )l...v)  l^oDo   10^^^.^^  yO^  .|jLâu,poo   |)afi..;ao  jov^  .^o^^p 
.  pCj-o  ) ,..  A"j>»   P^^jJj  )  ^t-iv-^i»;  yaa.*^    >.30i  .  ■>»  »  ■  ;   )l■^^^/»    pO)    l-sUo    ■)oi>.Nji/    (fol.    179) 
t^o  ^*i.»Lo   )po    pioLo    ^a.^    Cuji;    .©va    p    .  |..,^ia.  v^'  I— t-    Q-OO)»     .^-Z    pi  xaeo    |jx>;-3    U;-^ 


^\i. 


^jQ^oj   pr~op>«   l'^^o^  N»,^^;    .  ).»^j_)    |>ov£0  ^ai*>^»Q_».^  '-•Po;   .  ^»^><xo  ^o^a   Iv^oo^  '-^'Hs 
p.\cixcD(    ^io-    pet*j   wO,oN-/;    . .  .  )L..-.oo   uu/   -y^.\^  ^toL/     (179   v)    |N^,^ 

.  .  .^p3\L    IN^V^f    6\XiO    .  ,  A  ^t^    N.ik.3> 

IS>i_;;  vCCL^^^vè"^   I  n  .\oKa    ).«>v»..  \».Q.aj   j_3ii.  ^Vio Il-owsf»  P>»o  p>/    ^-.iod-^  ^CoL/ 

p. iQo  |N."i°» 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  295 

77.  —  Sache,  ù  bienveillant  lecteur,  qua  la  fin  du  livre  sur  lequel 
a  été  transcrit  le  présent  manuscrit  il  était  écrit  ainsi  : 

Ce  livre  a  été  terminé  le  jeudi  du  mois  béni  premier  Techri,  son 
premier  jour,  de  l'an  2008  du  comput  des  Grecs  bénis  (1"  cet.  169f>). 
Il  fut  écrit  dans  le  village  béni  Alqôs,  village  du  prophète  Nahum,  qui 
est  à  côté  du  monastère,  saint  des  saints,  de  Mar  Rabban  Hormizd  le 
Perse...  II  fut  écrit  au  temps  du  Père  et  Seigneur  des  Pères  Mar  Elie, 
catholique  patriarche  d'Orient  (Elie  X  ou  Jean,  patriarche  nestorien  de 
1G60  à  1700).  Je  demande  à  tous  ceux  qui  trouveront  ce  livre  de  dire  : 
«  Dieu  bon  et  miséricordieux,  aie  pitié  du  scribe  pécheur,  du  faible 
Georges.  » 

78.  —  (Fol.  179).  Ce  livre  (le  ms.  336)  des  lettres  de  Jésuyahb  (Isou'yahlj) 
•a  été  terminé  le  premier  mercredi  des  saints  apôtres,  au  mois  béni 
d'Yar,  qui  est  le  mois  de  Marie,  le  27  de  ce  mois,  l'an  1896  du  Christ. 
Il  fut  écrit  dans  le  village  béni  de  Telkêfé,  village  de  Mar  Cyriaque, 
le  petit  enfant,  et  de  sa  mère  Julitta.  à  côté  du  monastère,  saint  des 
saints,  de  Mar  Georges  l'illustre  martyr,  de  Beit  'Evîrè,  qui  dépend  de  la 
ville  de  Mossoul.  Il  fut  écrit  des  mains  de  l'homme  faible,  nommé  l'écolier 
Pierre,  fils  du  prêtre  Joseph,  fils  du  fidèle  Jean,  fils  du  diacre  Etienne, 
fils  du  fidèle  Abraham,  de  Beit  Gangî,  du  même  village  de  Telkêfé.  Il 
fut  écrit  aux  jours  du  Père  et  du  maître  des  Pères,  Mar  Ebedjésus 
('Abdîsou')  cinquième,  catholique  patriarche  de  l'Orient,  premier  des 
points  cardinaux. 


79.  —  14  X  9.  Parchemin.  1  lU  feuillets,  x'^  siècle. 

Les  hymnes  de  Sévère  d'Antioche,  traduites  en  syriaque 
par  Jacques  d'Édesse.  Éditées  par  E.  W.  Brooks,  dans  la  Pa- 
trologie  orientale,  t.  VI  et  VII. 

Le  ms.  est  tronqué  au  commencement  et  à  la  fin. 

338 

80.  —  19  X  1 1.  Papier.  28 1  feuillets.  Terminé  le  9  février 
1 148. 

Menaeon  melkite  du  mois  de  juin. 

Les  premiers  feuillets  manquent.  Le  manuscrit  commence 
dans  le  courant  de  l'office  de  S.  Théodote  d'Ancyre  (7  juin). 

Ce  manuscrit  (comme  le  précédent)  a  eu  un  coin  roussi 
par  le  feu. 

Fol.  21v,  translation  du  saint  martyr  Théodore  le  gé- 
néral, on  trouve  ensuite  les  mêmes  saints  que  dans  le  ms.  syr. 
139. 


296  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Sur  le  dernier  feuillet  : 

.^tj   ^aj)J  C^^uio  ^UL^au.o    l|^o  po   .v3lS\  Njl  N-la  ^^^JlXj»  ^^  |C<3oVi.  >3Q-.    .\i\-o 

Ce  coloplioii  est  répété  en  arabe  au  verso  où  le  scribe  ajoute 
en  plus  l'an  des  Grecs  1759  {1U8).  Nous  pouvons  donc  tra- 
duire : 

Terminé  par  les  mains  de  l'homme  pécheur,  prêtre  de  nom  et  pas 
en  œuvres,  Abraham,  fils  de  Joseph,  fils  d'Habib.  Dieu  donne  le  repos 
à  son  àme  et  à  l'âme  de  ses  parents!  Il  l'a  écrit  dans  la  sainte  église 
de  Mar  Georges  dans  le  village  de  Qârâ,  le  Vendredi  9  Scliebat,  l'an 
6956  de  notre  père  Adam  (6956-5508  =  1448). 

339 

81.  —  23  X  18.  Papier.  Écriture  nestorienne.  -201)  pages. 
Terminé  le  9  juin  1889. 

Le  livre  de  l'abeille  de  Salomon  de  Bassora,  édité  par 
W.  Budge. 

.  ^.\aa.oD  w^ojot^/    >-»0)0  .  ^u-ioa-L  ^j   oiîLj  .  |-.>.^>).^    ov.N-|    OiN-Vo   •  1-*^   )  i  v>.ov^    'r^  ^±^q^ 

82.  —  Ce  livre  a  été  terminé  l'an  1889  de  Jésus-Christ  le  9  Haziran 
(juin),  le  Samedi,  au  temps  du  pasteur  vigilant...  Mar  Simon,  catholique 
patriarche  du  siège  apostolique  de  TOrient,  Mar  Roubil  le  patriarche. 
A  écrit  ce  livre  de  l'abeille,  c'est  à-dire  des  extraits,  Jean,  fils  du  fidèle 
Talià,  son  village  est  Mazre'oio;  son  pays  est  à  la  frontière,  et  maintenant 
il  est  étudiant,  bien  qu'éloigné  du  travail.  Il  l'a  écrit  au  pays  d'Ourmiah, 
sous  le  toit  des  missionnaires  américains,  c'esl-à-dire  QaFà  Birtà.  Que 
le  Seigneur  ait  pitié  de  lui  dans  ses  miséricordes.  Amen. 

340 

83.  —  14  X  8.  Papier.  Carchouni,  89  feuillets.  xiv'(?)  siècle  . 
Pronostics  tirés  de  la  température,  des  éclipses  de  soleil  et 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  297 

de  lune,  des  orages,  des  tremblements  de  terre,  des  comètes,  etc. 
L'auteur  cite  souvent  la  Palestine  et  même  Diarbékir.  Le  ca- 
lendrier semble  donc  de  provenance  orientale  et  non  égyp- 
tienne. Le  fol.  7.')'  seul  est  écrit  en  syriaque  : 

.  I  «  V>«    lOOp     lokcD     |00VJ>    yOV^|L>     ^^0<V<     ^Q.>X^O^    '^^ol     .yw^^    w.O)n\"V)0     ^^sx;   ^''">{     ''^ 

.  y>\v\  &vvn\  |..ao«  |ov^  «^  W  VI  I  «f"''  •>  ^^i->    po    ■  ■  |oNxd  joow  ) «  v «  |oov<>  yOpojU  j^^oci^o 

Dieu  sait  tout.  Gloire  à  son  nom  et  que  ses  miséricordes  soient  sur 
nous.  Amen.  Tout  homme  est  menteur  et  ses  paroles  (de  Dieu)  sont 
vraies.  11  dit  dans  l'Évangile  :  Le  jour  où  vous  direz  (jue  ce  sera  l'hiver, 
ce  sera  le  soleil,  et  le  jour  où  vous  direz  que  ce  sera  le  soleil,  ce  sera 
l'hiver;  et  le  Dieu  un  connaît  seul  les  choses  cachées;  gloire  à  son  nom 
à  jamais! 

L'auteur  paraît  donc  avoir  assez  peu  confiance  dans  ses 
pronostics. 

341 

84.  —  31  X  23.  Parchemin.  Écriture  estranghélo.  2  IG  feuil- 
lets, vii^  ou  viif  siècle. 

Ancien  et  Nouveau  Testament  dans  la  version  Peschitto. 
Le  commencement  de  la  Genèse  manque  et  il  ne  reste  qu'un 
ou  deux  feuillets  du  Nouveau  Testament. 

Les  miniatures  ont  été  décrites  et  reproduites  par  M.  H. 
Omont,  Peintures  de  V Ancien  Testament  dans  un  manuscrit 
syriaque  du  VIP  ou  du  VHP  siècle,  dans  Monuments  et 
mémoires  publiés  par  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres,  t.  XVII,  fasc.  \. 

342 

85.  —  25  X  16.  Parchemin.  Écriture  estranghélo.  234  feuil- 
lets. Écrit  en  894.  Les  feuillets  1-10,  59-66,  252-254  sont  écrits 
sur  papier  et  ont  été  ajoutés  pour  combler  les  lacunes  du  ma- 
nuscrit primitif. 

Nouveau  Testament,  version  peschitto  avec  ses  lacunes  or- 
dinaires. 

Fol.  P.  «  Nous  écrivons  le  saint  Évangile,  prédication  de 
Matthieu.  » 


298  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Fol.  36.  «  Fin  du  saint  évangile  de  Matthieu,  qu'il  parla  en 
hébreu  en  Palestine.  Saint  Évangile,  prédication  de  Marc.  » 

Fol.  37'.  «  Fin  de  la  prédication  de  Marc  qu'il  parla  en 
romain  à  Rome.  Saint  Évangile,  prédication  de  Luc.  » 

Fol.  O.').  «  Fin  du  saint  Évangile,  prédication  de  Luc  qu'il 
parla  en  grec  à  Alexandrie  la  grande.  Saint  Évangile,  pn'di- 
cation  de  Jean.  » 

Fol.  122\  «  Fin  du  saint  Évangile,  prédication  de  .Jean, 
qu'il  parla  et  prêcha  et  annonça  en  grec  dans  la  ville  d'Éphèse. 
Ensuite  Actes  des  douze  hienheureux  apôtres.  » 

Fol.  \')9.  «  Fin  des  Actes  des  apôtres,  ensuite  lettre  de 
l'apôtre  .lacques.  »  1()2\  V  lettre  de  Pierre;  166\  1'''  lettre  de 
.lean;  170,  lettre  de  S.  Paul  aux  Romains;  2  V.)\  fin  de  la  lettre 
aux  Hébreux. 

^.L|.io  Nj-â  Pi^,.iO   .  p:j<i*.\  .  «.-sn-^o    ^Ll.ioo  ..aL"S\     .  N-l«_3  pO)   ^sNj  ^-;  ^^^^l    (lol.    250) 

.  .  .  \r^o  ^p.^Lo 
ov:>I^    |IV.;.o    'po(o    |ISwi_,,.^o  ,V3   '^->oo\»  vâLCDQ^    ^>;    ).*-ivû    K.Maï.â   pO|   |.^IS.3   ^«   ^otoL| 

oy^eoifi;    piLo...^*  y^l  [^}  l-a-^V   |-'>-^~  v!    ^V^Co    .  |->V^  r-^-s  U313l^L{ 

yOowLoàoo    ^r./^ y oo  1     r.   jISJCso;    ^'^     l-vcci'C   ,m  .  -iCDop    ^^i.oN.3.^;    pïL<x^o    j-sV   ,^i  .  ->Co    ^.soL 

86.  —  Ce  livre  a  été  terminé  l'an  1205  des  Grecs  et  281  des  Arabes 
(894)...  Ce  livre  fut  écrit  d;ins  le  saint  monastère  de  Rabban  .Joseph  qui 
est  en  face  de  Balad..„  Le  pécheur  Saliba-Zeka  Ta  écrit  pour  son  profit... 

Nous  écrivons  ensuite  les  choses  utiles  écrites  par  Eusèbe  de  Césarée 
sur  la  patrie,  la  famille  et  la  mort  des  saints  apôtres.  —  Sache  donc  que 
les  apôtres  étaient  au  nombre  de  douze  et  soixante-dix... 

L'apôtre  S.  Jean  a  eu  trois  disciples  :  Ignace,  Polycarpe  et 
Jean.  C'est  ce  dernier  qui  a  écrit  l'Apocalypse,  car  il  a  dit  que 
c'est  de  la  bouche  de  l'évangéliste  qu'il  a  entendu  tout  ce  qu  'il 
a  écrit. 

^ot>o).o  OIV1ITIO    .  t>iV>^a^    ^su.  ovl^'/o    .  t^.000  |.A.i.àaoV^    o^'roi     .  |-.6.jO|(    )^V^>    0)L;.jk^     r^cL^{> 

....  )Co;  %v>  INj-.,.^ 
Ijoov.»    ^^JUl   ^vj    )ooi    ...O)0N.-(   >o.VjiJo/    ^io  ^>>..a^     Q-.001;    wjL    ^..jjL/j    001    .oo-qj.^    ;j  jjoov» 
V^xcLfo    ^:mL  Cv^^o    ;o>|-3    |.â|.X3    ^ou^H/o    .  |>oov>;    >o>)-30  ^cDona.^(-30    )  «  n  .fJ^^  j'r^l  ^JOi 

^>N^     "^«"^    ^oNji/o    .^A^lj    pLCd...     Lq.\    0)V.3    ^CDoiasD     ov^^o    .  ;..^^/     N*.io  r^o    .  ^O)>ol.o 
v..O)»o)o  0)»IS.3  )oo)0  v..j|J  ,.ia\LL[o   r.*3/>    )..»■>.»    ^31^  ^,oa.\  v..O)0^w./  0),^ia\L  ^.^«^/o    .|_».soooiv.'^ 

.wO)iop>    >au>xDt.t.(o    .cDoiacD    .S(    ov^^i^o 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  299 

87.  —  Thomas  est  de  Jérusalem,  de  la  tribu  de  Juda.  Il  catéchisa  les 
Parthes  et  les  Mèdes  et  les  Hindous.  Et  parce  qu'il  baptisa  la  fille  du  roi 
des  Hindous,  celui-ci  le  perça  d'une  lance  et  il  mourut.  Habban  apporta 
son  corps  et  le  mit  à  Édesse,  la  ville  bénie.  D'autres  disent  qu'il  a  été 
enterré  dans  la  ville  de  Mahlouf,  au  pays  des  Hindous. 

Jude,  fils  de  Jacques,  qui  est  appelé  Thaddaï  et  qui  est  Lebbaï,  était  de 
Jérusalem,  de  la  tribu  de  Juda.  Il  prêcha  à  Laodicée  et  à  Antaradus 
et  à  Aroud  de  Juda.  Il  fut  lapidé  à  Aroud,  il  y  mourut  et  fut  enseveli... 

Addaï  était  de  Panéas,  et  il  prèciia  à  Édesse  et  en  Mésopotamie  au  temps 
du  roi  Abgar,  et  il  bâtit  une  église  à  Édesse.  Lorsque  Abgar  mourut, 
Sévère,  son  fils,  le  tua  au  château  d'Agîl,  et  son  corps  fut  emporté 
ensuite  chez  les  Romains. 

Aggaï,  son  disciple,  faisait  d'abord  les  vêtements  de  soie  d'Abgar.  Il 
fut  instruit  par  Addaï  et  lui  succéda  à  Édesse.  Sévère  le  tua  aussi  et 
il  fut  mis  (enterré)  à  Édesse  (1). 

88.  —  Le  fol.  253  porte  quelques  additions  :  On  dit  que  chacun  des 
82  écrivit  un  évangile  et,  pour  qu'il  n'y  eût  pas  de  dispute  et  que  les 
actes  ne  se  multipliassent  pas,  les  Apôtres  choisirent  deux  des  70  : 
Luc  et  Marc,  et  deux  des  12  :  Matthieu  et  Jean...  Trois  des  apôtres  furent 
mariés  :  Pierre,  Philippe  et  Paul  —  Lebbaï,  c'est  Thaddaï  et  c'est  Jude- 
Jacques...  L'enfant  présenté  par  N.-S.  quand  il  a  dit  :  Si  vous  n'êtes 
pas  comme  ces  enfants...  c'est  Ignace  et,  quand  il  fut  patriarche  d'An- 
tioche,  il  vit  que  les  anges  faisaient  l'office  en  deux  chœurs  (^^î^^)  ^t  il 
prescrivit  de  faire  ainsi  dans  l'église  et  plus  tard  cette  manière  de  faire 
se  perdit.  Et  lorsque  Diodore  fut  envoyé  en  ambassade  avec  son  père 
au  pays  de  Perse  et  qu'il  vit  qu'ils  faisaient  l'office  en  deux  chœurs, 
il  revint  à  Antioche,  son  pays,  et  il  renouvela  (l'habitude)  de  faire  l'office 
en  deux  chœurs... 

Marie  de  Magdala  est  la  sœur  de  Lazare.  Il  y  en  a  qui  disent  que  Marie 
la  pécheresse  est  Marie  de  Magdala,  d'autres  n'admettent  pas  cela  et  disent 
qu'elle  est  différente.  Ceux  qui  disent  que  c'est  Marie  de  Magdala  disent 
qu'avec  l'argent  de  la  prostitution  elle  s'était  bâti  une  tour  (Magdal)  ; 
ceux  qui  disent  qu'elle  est  différente  de  celle  de  Magdala  disent  que 
cette  Marie  de  Magdala  est  ainsi  nommée  du  nom  du  village  de  Magdala, 
et  qu'elle  était  pure  et  sainte. 

343 
89.  —  26  X  19.  Écriture  estranghélo.  Non  paginé,  ix"  siècle. 

(1)  Le  ms.  343,  dans  la  partie  ajoutée,  qui  peut  être  du  xiv  siècle,  porte  : 
•<  Ensuite  on  emporta  (Addaï)  à  Rome;  il  y  en  a  qui  disent  qu'il  fut  enterré 
à  Édesse  même...  Après  la  mort  d'Abgar  son  fils  lui  succéda.  Il  commanda 
à  Aggai  de  lui  tisser  des  habits  de  soie  et,  comme  il  ne  voulut  pas,  disant  : 
«  Je  ne  puis  pas  abandonner  l'easeiguement  et  la  prédication  et  retourner 
au  tissage  ",  il  le  frappa  d'un  bâton  sur  les  jambes  et  les  brisa,  et  il  mourut. 
Thaddaï  lui  succéda  à  Édesse,  Hérode  (Sévère;,  fils  d'Abgar,  le  tua  aussi  et 
il  fut  enseveli  à  Édesse.  ■■ 


300  REVUE    DE    l'orient   CHRETIEN. 

Nouveau  Testament  dans  la  version  peschitto. 

Ce  manuscrit,  comme  le  précédent,  a  été  complété  au  com- 
mencement et  à  la  fin  à  date  plus  récente  (xiv"  siècle?);  on 
trouve  les  mêmes  appendices  sur  les  disciples,  mais  ils  figurent 
ici  dans  la  partie  récente. 

La  mention  de  Diodore  semble  indiquer  que  les  deux  ma- 
nuscrits sont  d'origine  nestorienne. 

Le  présent  volume  a  été  relié,  Tan  1919  des  Grecs  (1608),  par 
Rabban  Abdallah  de  Mardin. 

344 

90-  —  32  X  21.  Papier.  9  feuillets,  xvi"  siècle. 

Peintures  avec  légendes  en  syriaque  et  en  arménien. 

Fol.  r.  L'ange  Gabriel,  Marie  et  le  Saint-Esprit  à  l'Annoncia- 
tion. 

Fol.  2'.  La  Vierge;  la  crèche;  deux  tètes  d'animaux;  les  rois 
mages;  deux  anges.  Le  départ  pour  l'Egypte  (?). 

Fol.  2'.  La  présentation  au  temple.  Le  vieillard  Siméon  et 
quatre  personnages. 

Fol.  3'.  La  résurrection  de  Lazare.  — Fol.  3\  L'entrée  à  Jé- 
rusalem le  jour  des  rameaux. 

Fol.  'ibis.  Le  baptême  du  Christ  dans  le  Jourdain  et  la  trans- 
figuration (Moïse,  Élie,  Pierre,  Jean,  Jacques). 

Fol.  4.  Jésus  lave  les  pieds  de  Pierre.  Les  autres  disciples 
sont  présents.  —  Jésus  et  les  deux  larrons  en  croix. 

Fol.  5.  Joseph  et  Nicodème  enterrent  le  Christ.  —  Jésus  va 
chercher  Adam  et  les  justes  dans  les  limbes  et  transperce  le 
dragon. 

Fol.  6.  Résurrection  (Gabriel,  saintes  femmes,  gardes).  — 
Ascension. 

Fol.  7.  Descente  du  Saint-Esprit  sur  les  Apôtres.  —  Triom- 
phe de  la  Croix,  punitions  des  pécheurs. 

Fol.  8.  Le  Christ  sur  le  char  des  Chérubins,  le  Paradis.  — 
Matthieu  et  Marc . 

Fol.  9.  Luc  et  Jean. 

Les  poses  sont  maniérées  et  forcées.  La  couleur  rouge  do- 
mine et  rappelle  les  mauvaises  peintures  éthiopiennes. 


NOTICES    DES  MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  'A0\ 

345 

91.  —  *26  X  18.  Papier.  Écriture  nestorienne.  Écrit  en  1526. 
Recueil    dliymnes   et  d homélies,  tronqué  au  commence- 
ment et  à  la  fin.  Quelques  miniatures.  On  lit,  fol.  22(>et  221  : 

.^o>0|(  (^20^)   .Ifvi:»   >N^  xf^l    iftao   |(^:LiaLi.   ^^01^   ^Coo  v^|J>  '^^|n»y>s    p^^^    '^^   o^j 

o^oo  <  ;j  I  .>^o\.^  V^ 

.^^•.^1  .ypo  01^  ;anv.V)  oJa.3  |to;  ivi  |N^V^-3  .  ;-«jio  M^t-3  l*l-M  P^  l-sN^  ^CoL{ 

•^  -,  •••—n     OlLO^I     .|LV..pt     |^w•J^>aMO      IN...»...-)     |L«OV£D    >-«jaV>«»     OC^^     (>.a.<.L    pO)     ^CO    <..3N3l./ 

I  t<.->  ^^    ^«  |->\    ^0>    |>C1A   |oot.J 

^'^   )-o'q^    ^-  ■"«    [■'!.-> «o    ^IS\l.o     p.^01.0    .Jio     v.â^    C>»»  3    |La>.j«     ^oiù.»     l-sCo    .  .  .^"^^ 

)  n  .\nt\.  n    ^\.Wt     wV^O    .|l.a^V«    ).^90    |l-OV3(;    \^l    -j^àOQ.J^^     .y^^OfO-iO    >  ff>CI  '\  .\  «  ^     ^     .XOO»,  I  tw>\\  ; 

l^iSoiLsto   ^^t{;    (^axuxuvâf  y\.,r\ .   ^f^ao   ^^^.•^u.o  )t.<o.   \.i^i  .  «aniS  «  30    .  (...^po*    ^^^V^s^ 

92.  —  Priez  pour  le  pécheur  Emmanuel  qui  a  pris  la  peine  d'écrire 
ces  Répons  et  qui  les  a  rangés  dans  leur  ordre;  il  est  prêtre  de  nom, 
fils  du  prêtre  David,  fils  du  prêtre  Aaron,  fils  du  séculier  Barsoumou... 
Ce  livre  fut  écrit  dans  le  pays  béni  de  Basir,  dans  le  village  béni  de 
Bourab,  que  Notre-Seigneur  conserve  ses  habitants.  Amen.  Ce  livre  fut 
écrit  sous  le,  toit  de  la  martyre  Samouni...  Que  sa  prière  et  celle  de 
ses  enfants  soit  pour  notre  peuple  un  mur  élevé  contre  le  mal.  Terminé 
l'an  1877  des  Grecs  bénis,  d'Alexandre,  fils  de  Philippe  le  macédonien 
(1526);  au  temps  du  Père  des  Pères  et  du  chef  des  pasteurs  Mar  Simon, 
catholique  patriarche  de  l'Orient  (Simon  VI,  1504  (?)  à  1538),  et  du  pasteur 
vigilant  et  zélé  Mar  Jean,  évêque  d'Atîl  et  des  Bôktoiê. 

346 

93.  —  18  X  13.  Papier.  Écriture  jacobite.  177  feuillets.  Écrit 
en  1309. 

Traduction  du  tétîYfbiblon  de  Ptolémée.  Œuvres  de  Sévère 
Sébokt  et  de  Georges  des  Arabes.  Analjsé  plus  haut,  ROC, 
t.  XV,  1910,  p.  228  sqq. 

Écrit  par  le  prêtre  Jésus,  fils  de  David,  nommé  Akîlâ,  relieur  de  livres 
de  Hah,  castrum  béni  du  Tour  'Abdîn,  pour  son  fils  Aboulmenâ  uiommé 
aussi  Jésus  bar  Kila,  bar  Akilâ?)  et  ses  frères.  Ecrit  l'an  1620  des  Grecs 
(1309)  dans  le  monastère  de  Mar  Hananîâ,  qui  est  près  de  la  ville  de 
Mardin.  Cf.  ROC,  1910,  p.  229  et  248. 


302  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

347 

94.  —  Très  petit  manuscrit.  Papier.  Écriture  nestorienne. 
Écrit  en  1734. 

Talismans,  prières  et  conjurations  (^aov-).  Fol.  o'',  commen- 
cement de  l'évangile  saint  Jean.  Fol.  6,  conjuration  des  Pères 
pour  une  femme  dont  les  enfants  ne  vivent  pas...  Conjurations 
de  Mar  Georges,  de  Paul,  d'Ebedjésus,  de  Daniel.  Fol.  11,  13, 
60,  61,  talismans.  Écrit  au  village  de  ^c^,;/  (Artôn),  l'an  2045  des 
Orecs  (1734). 

348 

95.  —  10x6.  Papier.  Écriture  jacobite,  163  feuillets. 

Les  psaumes  en  entier,  mais  en  mauvais  état;  il  y  a  des 
feuillets  rétablis. 

Écrit  par  Gabriel  du  pays  de  Gezirà  (i^^v^)  qui  est  à  côté  de 
la  montagne  de  Qardou  (o,o!^i>)  (Djezireh  ibn  Omar?). 

319 

96.  —  11x8.  Papier.  Écriture  nestorienne.  Écrit  en  1829. 
Bréviaire  nestorien. 

Fol.  1,  Prières  pour  tous  les  mercredis  de  l'année,  hors  ceux 
du  jeûne.  Fol.  143,  icwojll (louanges).  Fol.  149%  règles  deRabban 
Abraham  et  de  Gabriel;  cf.  n°  314,  fol.  156.  Règles  d'Ebed- 
jésus. Fol.  158,  isoLiûs..  Fol.  3r  :  «  Écrit  par  le  prêtre  Georges,  en 
2140  des  Grecs  (1829)  ». 

350 

97.  —  15  X  11.  Papier.  Écriture  nestorienne.  134  feuillets. 
Écrit  en  1616. 

Mélanges  de  Théologie. 

On  trouve  d'abord,  fol.  T,  un  résumé  de  l'histoire  romaine 
qui  semble  avoir  pour  but  d'amener  une  prédiction  de  la  nais- 
sance du  Christ  : 

Avec  l'aide  de  Dieu  nous  écrivons  l'histoire  du  premier  roi  qui  a 
régné  à  Rome  et  il  y  a  un  beau  témoignage  sur  Notre-Seigneur. 

En  ces  jours  il  y  avait  en  Occident  un  homme  nommé  Rhoumoio. 
C'était  un    homme  fort  et    il  y  avait  à  son   époque   une  jeune  vierge 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  303 

de  belle  figure,  dans  File  de  Sicile,  qui  était  prêtresse  de  la  déesse  Herês 
et  la  servait.  Quand  Hhoumoiu  la  vit,  il  la  désira,  la  fréquenta  et  elle 
devint  enceinte.  Quand  elle  s'aperçut  (lu'elle  était  enceinte,  (elle  fut 
saisie)  de  crainte  et  elle  se  cacha  des  prêtres  d'Herês  pour  qu'ils  ne 
la  tuassent  pas.  Quand  elle  eut  enfanté,  elle  donna  les  deux  enfants  à 
leur  père  et  il  les  donna  à  une  femme  qui  les  éleva.  Quand  les  enfants 
grandirent,  ils  devinrent  des  hommes  robustes  et  leur  père  nomma 
l'un  Romulus  et  l'autre  Rémus...  Romulus  bâtit  le  Capitole,  tue  Rémus, 
s'enfuit  à  Athènes  après  avoir  régné  durant  79  ans.  Les  Romains  sont 
ensuite  gouvernés  par  des  consuls  jusqu'à  Jules  César.  Naissance  de 
César,  explication  de  son  nom.  Auguste  règne  durant  26  ans;  il  va 
au  temple  de  Dios  demander  (jui  lui  succédera.  La  mère  de  Dios  lui 
répond  que  ce  sera  un  enfant  hébreu,  appelé  Fils  de  Dieu,  né  d'une 
vierge  nommée  Marie.  Auguste  lui  fait  élever  une  statue  au  Capitole 
et  saint  Pierre  a  vu  plus  tard  cette  statue  lorsqu'il  est  venu  à  Rome. 

L'ange  Gabriel  a  été  envoyé  à  Elisabeth  l'an  307  d'Alexandre.  Le  Christ 
est  né  le  9«  mois,  premier  Conoun  (décembre),  le  25,  à  la  septième  heure 
du  jour,  le  Vendredi.  Le  vieillard  Siméon  avait  535  ans.  Le  Christ  a 
été  baptisé  à  l'âge  de  30  ans,  le  6  janvier:  il  est  mort  3  ans  et  demi 
plus  tard. 

98.  _  Une  tradition  voulait  en  effet  que  le  vieillard  Siméon 
eût  été  l'un  des  Septante  (traducteurs  de  la  Bible).  11  n'avait  pas 
voulu  croire  aux  prophéties  concernant  le  Christ  et,  pour  le 
convaincre,  Dieu  lui  avait  accordé  S.")!)  ans  de  vie  afin  qu'il  pût 
voir  le  Christ  (cf.  Migne,  P.  G.,  t.  CXI,  col.  974.  Cf.  supra, 
p.  261-2).  Notre  auteur  ne  se  préoccupe  pas  d'ailleurs  de  conci- 
lier les  données  chronologiques  qu'il  rapporte  et  il  écrit  encore, 
fol.  1  : 

^io    »:iû>.   .  Ns>j>(o    \\^    Ni.L    Cojj    ^po    f^W    .p:jQ-.;    ISMo    \\ia    CAL  NjJ.i   ^W»    V^tssol 
Nj..x»o   ^tALo    |)JK>1!0>.L    N.JJ-3    w.Qi.^0D/o  ^o^o   toooo    Ju..   .  >J^»(o    ^l!Oi.Lo    |)jo  CAL   Njj_3  ^q.. 

L'annonciation  fut  faite  à  Marie,  Tan  303  des  Grecs;  Notre-Seigneur 
naquit  l'an  304;  il  fut  baptisé  par  Jean  l'an  334;  il  souffrit,  mourut,  res- 
suscita et  monta  aux  cieux  l'an  337  des  Grecs. 

99.  __  Viennent  ensuite  des  questions  et  réponses  tiiéologi- 
ques  ou  historiques;  en  voici  une  (fol.  36)  relative  à  un  événe- 
ment fameux  raconté  par  Nestorius  dans  Le  Livre  d'Héra- 
clide,  Paris,  1910,  p.  318-319  : 

.  );.io)Coo  [N^v^pi   va\o«->  p.:io.'i.o  \-t^f^f  paxo  ..coSi^oo  U-io  .  (J)Qa 


304  REVUE    DE    l'orient   CHRETIEN, 

.jjCS^io     .vs./«.|i;    ^io-o    ^voi^    ^JL«JO  .1-OQ-;    v-J^*    .|jL»oLo  ^-o-sî|o  llvw^»  Njju;    .  cutol 

y»    I^^D     l^lliio    0.^00*0    .  t^^^)<T^->     |00)    ^3»     J-'^O)    .  .JOQXQS/     ^>JlJ>     |  Ajf^^     |tOO-Aj     LoOi;     JCU^O 

.|^J-.^so  ^io   Qjs,^o   |.iif.i3    «ii— ;    po    .|lS-Uj^   ,^  ^«C>.\    )N^ol-*j   ooo)    ^oo^o   .  |»qa    to-jJ» 

^jLiajj  Ij|Lso  O|»oi)o   .  |jpio    )oijX    M-j^    ^V-io/o  .  ^uo-    l'J^->   v-'-^-'' * ^  «^  .^œQi^o;3    opoA; 
oxûo  .  ^io|o  y^oo^-l.io^^  |J>TÛO  •  IW^  ov^  M>o^  JjuULXï  .jj^o  .  >!OajL;  (Ixa  CulS  ^opopo  )Lpi.  |.anvN 

\jiXLOt    OitCiO.    |j0,O    .Ht    ^lO   ^JO0^s^/0    .  >1— »    OO)   1^.0)    ..-.XlO     )IS-JL.j-iO    Nj^0^/o    .^-13)    t^L  o,»Nj 

100.  —  Question.  Que  signifie  le  canon  du  Saint  (la  prière  :  Deus 
sanctus,  Deus  immortalis)  et  pourquoi  est-elle  dite  à  la  fin  de  l'office? 

RÉPONSE.  D'après  la  tradition  consignée  par  des  hommes  inspirés  de 
l'Esprit  —  et  les  livres  (d'histoire)  ecclésiastique  écrivent  dans  le  même 
sens  :  —  En  l'an  748  du  comput  des  Grecs  (437)  et  la  vingt-cin([uième  année 
de  l'empereur  Théodose  (433)  ;  après  que  le  concile  d'Éphèse  eut  été  réuni 
par  l'impie  Cyrille  et  que  saint  Nestorius  eut  été  jeté  en  exil  depuis 
quatre  ans;  l'année  où  ressuscitèrent  les  (sept)  enfants  d'Éphèse,  il  y 
avait  un  grand  tremblement  de  terre  à  Byzance,  les  anges  arrachèrent 
une  pierre  du  milieu  du  mur  et  ils  volaient  avec  colère  au-dessus  de  la 
ville.  Au  moment  où  les  hommes  étaient  saisis  de  crainte  et  fuyaient 
la  ville,  parce  qu'ils  pensaient  devoir  être  exterminés  comme  Sodome, 
les  anges  apparurent  au  prêtre  de  l'église  de  Byzance  nommée  Proclos, 
en  proférant  des  louanges  en  langue  grecque  et  en  disant  :  «  Dieu  saint  » 
et  le  reste;  et  un  ange  lui  ordonna  de  rassembler  le  peuple  à  l'église 
et  de  dire  les  paroles  qu'il  avait  entendues.  Le  prêtre  réunit  tout  le 
peuple  à  l'église  et  cria  en  sa  présence  (Dieu  saint,  Dieu  immortel), 
et  ils  crièrent  trois  fois  après  lui,  et  la  ville  fut  en  paix  et  le  terrible 
tremblement  de  terre  s'apaisa,  et  on  le  sut  en  tout  lieu.  Telle  est  la 
cause  de  ce  canon,  et  le  catholique  Jésuyahb  a  ordonné  de  le  dire  dans 
l'office. 

101.  —  Au  fol.  98,  on  trouve,  tronqué,  l'apocryphe  récent  du 
manuscrit  de  Cambridge  ackJ.  ms.  2034  :  vision  sur  les  Arabes. 
Vingt-quatre  races  sortirent  de  Gog  et  de  Magog.  Alexandre  a 
voulu  voir  ceux  qui  mangent  les  reptiles  de  la  terre,  toute  im- 
pureté et  la  chair  des  hommes  (les  Mongols?).  Il  y  aura  entre 
les  montagnes  une  porte  de  vingt  coudées...  Un  roi  grec  ira  à 
Jérusalem  où  a  été  crucifié  le  Sauveur,  il  portera  la  croix,  il 
sera  de  la  race  de  Kousch,  de  ceux  qui  sont  appelés  Noub. 
Cf.  ms.  syr.  13,  fol.  177. 

102.  —  Au  fol.  115'  on  trouve  l'explication  de  divers  mots 
grecs.  Notons  : 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  305 

ÛTCOŒTaaiç  cest  substance. 

Cette  définition  posée,  les  nestoriens  sont  catholiques  ro- 
mains lorsqu'ils  affirment  deux  liypostases  dans  Notre-Sei- 
gneur,  et  les  jacobites,  qui  admettent  la  même  définition,  sont 
hérétiques  lorsqu'ils  affirment  une  hypostase.  On  trouve  en- 
suite l'histoire  de  Daniel  et  du  dragon  telle  (sauf  les  fautes) 
qu'elle  est  éditée  dans  la  Peschitto.  On  lit  enfin,  fol.  IIP  : 

|joto  ^0)0W./0    .)-.po   ^ijLioJLiO  [i^.oy^    -y^    >f>..m.    (juulû    ^ySl   ^  );c>)    JN^q^aL   N  v^\  « 
IV^«"'»  l»a+^a;    .).-/  wJ-ioj   .^0,0-/    ^^o^    -,po»  o>iy^io  N**,l.   NJCoL/o    :  ^l    jC^^  ^io 

«  Fin  de  cette  (hymne  de)  louange,  des  mains  du  prêtre  Isaac, 
fils  du  diacre  fidèle  Maria.  Le  scribe  est  du  village  de  Tel,  et 
(ceci)  a  été  écrit  sous  le  toit  de  Mar  Jean,  frère  de  Mar  Ahâ  qui 
est  dans  la  montagne  de  'Oumrê  (des  monastères?),  et  cela  en 
1957(1646).  .) 

351 

103.  — format  in-12.  Papier.  Écriture  nestorienne.  121  feuil- 
lets. Moderne. 

Explication  des  psaumes  (de  Denha?),  incomplet  du  com- 
mencement et  de  la  fin. 

352 

104.  —  Papier.  Écriture  nestorienne.  Écrit  en  1706. 

I.  —  Histoire  du  roi  Arsène  et  vision  de  l'enfer  Éditées 
Hebr^aica,  t.  V,  p.  81. 

II.  —  Apocalypse  de  Paul,  tronquée  au  commencement, 
fol.  7-47.  Traduite  dans  Journal  of  American  or  Society, 
t.  VIII,  p.  182.  Puis  II [.  —  Douze  cents  vers  de  Jean  Zo'bi  {■^:.o)) 
sous  le  titre  :  discours  sur  rexplication  des  7ny stères. 

353 

105.  —  22  X  16.  Papier.  Écriture  nestorienne.  127  feuillets. 
Terminé  le  15  juin  1825. 

Le  livre  du  Paradis  d'Éden,  composé  par  saint  Mar  Ebed- 
jÉsus,  métropolitain  de  Nisibe  et  d'Arménie.  11  le  composa 
l'an  1627  d'Alexandre  le  macédonien  (I3I6). 

ORIENT   CHRÉTIEN.  20 


306  REVUE   DE    l'orient    CHRETIEN. 

Plus  de  la  «moitié  de  cet  ouvrage  a  été  édité  (cf.  Rubens  Du- 
val,  La  litiérature  syriaque,  Paris,  1907,  p.  21-22).  On  lit, 
fol.  126-127  : 

^ooQ-   ov-    .)^„^\-M  l^o,   6^i^\t    I.3,.. -i«>o..    ^Q-^    k^'fS;    poi    psto  ^r^\a  ^iKy\ 
\  ..'s^   X5.<ix.   ^V:».   o,Auio  ^   .j.^au,    ^;mi.o   IJ.ao  IpLiolo   ^a:iv  Njjj    -yW)-   1^;^   1-;-^ 
Itei.;^      INj-r^i    N-sCo    )jn-;V3;    p>Co    pO)     .  l!oo)jii;    psto    Iv^ûtoo;     pO)     p>l!o    ^;    «jtoL; 

wjj/    ^j   ov=to >— J-"    '(.^^ioîooi  ^;^    pL^jjj  |;ovcD»    0|ISCi.^oo    D^  .1.    rfl'r^    JCoVa^o 

IIS^V^o  ^  o«>)0 pi.5)Qu3;  )!!.(  ^  .axiû^JQj)  )t»*o  V^  psi-^^.  |,t.«o^oJj U^»  )'■«— -"^ 

.),^op,j   It^^Qj    ItouoA  l^ioCoo   P-^jf.»  v^ai-ioji   w.po    :oi^;    iLjJ.»  ^iaA    .  po^^;    |»W    ^  |l.y- 

.,^/ 
.  ~N .  ^î»  .  ^  ^po;  ILj^j   I  -•>■"  >m.mi»3  puuLO  .  m.vi->>  p>6o  ^    N-iOû^j   poi    )_sl!oi..  .^Sj 
'^■|.i.,v>  ^poj  ILotoviaQo  •po.»'!  -.aceaj  puULO  ^  .Uofo  ^t^'N-s  \^r^\  i^^\ y^yiti  ^  ^axi^^^; 
.  |N.^.-r«>^  ^/  C^-JJi    •Wip'o  ^^pu^  pLaojio  )1^,^;  P>»  ^0).-a  P-iOAo  asv^io 

106.  —  Ce  livre  du  Paradis  a  été  terminé  le  jeudi  (mercredi?)  qui  est 
le  jeûne  des  apôtres,  le  15  du  mois  béni  de  juin,  l'an  1825  de  la  naissance 
de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ.  Ce  livre,  qui  est  appelé  livre  de  Maqâmat, 
le  livre  du  Paradis,  a  été  écrit  dans  la  ville  bénie  de  Mardin,  sous  le  toit 
du  saint  martyr  Mar  Hormizd  l'illustre...  La  écrit  1  homme  faible  et  pé- 
cheur, le  prêtre  Isa,  fils  du  prêtre  Cyriaque,  du  pays  des  Bouhtoïê.  Lui- 
même  est  du  village  de  Hadtâ  (nouveau'?),  du  pays  de  Qaymar.  Le  nom  de 
l'église  de  ce  village  est  Mar  Simon  bar  Saba'ê;  un  sépulcre  (lui)  est 
bâti  dans  le  village  mentionné.  Amen. 

A  acheté  ce  livre  de  Maqâmat,  avec  le  livre  de  Kamis,  le  prêtre  Fransis, 
portier  de  l'église  de  Mar  Georges  de  Gadinas,  avec  les  biens  de  l'église, 
pour  trente  piastres;  (il  l'a  acheté)  au  prêtre  Joseph  de  Redounê,  avec 
le  témoignage  de  Mar  Micliel,  métropolitain,  et  du  diacre  Brahim,  chef  du 
village,  et  du  diacre  Michel,  etc.,  l'an  1834  du  Christ. 

3.-34 

107.  —  26  X  17.  Papier.  Écriture  jacobite.  147  feuillets.  Écrit 

en  1224. 

I.  _  Livre  de  Sergius  sur  le  but  de  tous  les  écrits  d'Aris- 

tote. 

C'est  l'ouvrage  qui  existe,  tronqué,  dans  le  manuscrit  de 
Londres  add.  1 16.58,  fol.  1-61  : 

108.  —  Nous  commençons  à  écrire  l'écrit  fait  par  Mar  Sergius,  maître 
médecin,  sur  le  but  de  tous  les  écrits  d'Aristote. 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  307 

D'après  une  parole  des  anciens,  ô  notre  frère  Théodore...  il  me  semble 
de  même  que  personne  ne  peut  comprendre  les  pensées  des  anciens  et 
pénétrer  le  mystère  de  la  science  de  leurs  écrits  s'il  ne  se  sépare  pas  du 
monde  et  de  ses  affaires  et  ne  s'éloigne  pas  même  du  corps  —  non  d'un 
éloignement  local,  mais  par  la  pensée  —  et  ne  rejette  toutes  ses  passions 
derrière  lui;  c'est  alors  que  l'intelligence  peut  se  porter  vers  son  essence 
et  regarder  sa  substance  et  vo^r  clairement  ce  qui  est  écrit  à  leur  sujet  et 
juger  avec  certitude  de  ce  qui  a  été  bien  dit...  Lorsque  nous  avons  eu  tra- 
duit diverses  choses  de  GaJien  le  médecin,  de  la  langue  des  Grecs  en  celle 
des  Syriens...  tu  m'as  écrit  en  me  corrigeant  les  paroles  syriaques  comme 
la  demande  la  logique  de  cette  langue  (fol.  2)  et  lorsque  tu  as  vu  les  belles 
divisions  qui  sont  dans  les  écrits  de  cet  homme,  les  définitions  et  les 
démonstrations  que  l'on  y  trouve  fréquemment  et  à  un  haut  point,  tu 
m'as  demandé  où  cet  homme  avait  puisé  le  prfncipe  et  le  commencement 
de  la  science;  s'il  l'avait  trouvé  lui-même  ou  s'il  l'avait  puisé  chez  un  pré- 
décesseur; je  t'ai  répondu  qu'Aristote  était  le  principe,  le  commencement 
et  la  cause  de  toute  science,  non  seulement  pour  Galien,  mais  pour  tous 
les  philosophes  qui  ont  écrit  après  lui.  Jusqu'à  l'époque  en  effet  où  cet 
homme  e.st  venu  au  monde,  toutes  les  parties  de  la  philosophie  et  toute 

la  science  étaient  dispersées  et  confondues De  même  que  les  sculpteurs 

commencent  par  sculpter  à  part  chacune  des  parties  de  la  statue,  puis, 
après  les  avoir  terminées  une  à  une,  comme  l'art  le  demande,  en  font  une 
statue,  de  même  lui  aussi  plaça  et  termina  chacune  des  parties  de  la  phi- 
losophie, comme  le  demande  sa  nature,  et,  avec  elles,  il  fit  dans  tous  ses 
écrits  une  image  parfaite  et  admirable  de  toutes  les  sciences  intellec- 
tuelles. 

109.  —  Quand  je  t'eus  appris  cela,  ô  notre  frère  Théodore,  tu  désiras 
aussitôt  savoir  quel  était  le  but  de  l'enseignement  de  cet  homme  et  quel 
était  l'ordre  de  ses  écrits  et  la  suite  de  ses  pensées,  et,  comme  je  com- 
mençais à  parler  peu  à  peu  devant  toi  de  ce  que  je  t'avais  fait  entrevoir, 
tu  m'as  demandé  d'écrire  ce  que  je  te  disais;  j'ai  refusé  à  cause  de  l'éten- 
due du  sujet  et  je  t'ai  dit  que  j'avais  fait  un  travail  divisé  en  cliapitres  sur 
le  but  de  la  philosophie  d'Aristote,  et  qu'il  suffirait  à  ses  lecteurs  pour 
leur  faire  connaître  la  pensée  de  cet  homme. 

Mais  tu  ne  m'as  pas  cru  et  tu  m'as  pressé  encore  plus  à  faire,  non  pas 
une  étude  générale  sur  toute  la  doctrine  de  ce  sage,  comme  je  l'avais  fait 
auparavant,  mais  une  étude  particulière  sur  chacun  de  ses  écrits  pour 
dire  en  peu  de  mots  ce  que  nous  en  pensions... 

Sergius  donne  ensuite  d'excellents  conseils  aux  gens  pres- 
sés : 

;a,..\  -i  ^1  )^!  \j^'ra  ^   q\j    .  |;»)  ILoJusNAaeo  «;;a^h^;  ^^/  yOOi:i^3i.o  ,;A  p/  ■m.'Wi  );o, 

)^-Nj    pLSO)    ^/O     ^yJl      •  ll-Q-Sj     >».3l.L    |JL30)>    OOW  /     .^SO»!©      .  .OOl    CCi.LO    .  ^L}1.0    ^J     \^     (lOl.    3) 

.v>,rZ.  P;  \.io  oo)  ov^  |n  ..^no  |Lpo  ^.■■>>  v>;  uu{  Lo^  ^j|.^c^>  ^   yl-^cu  v*"*^  P^^l^  .  ^^oyiN»  ^o^^o 


308  REVUE    DE    l"0RIENT   CHRÉTIEN. 

110,  —  Je  te  demande,  ainsi  qu'à  tous  ceux  qui  rencontreront  cet  écrit, 
qu'il  ne  suffise  pas  d'avoir  lu  une  fois  ce  qui  est  dit  ici  pour  qu'un  homme 
en  arrive,  dans  sa  malveillance,  aux  blâmes  et  aux  reproches  inconve- 
nants, mais  qu'il  persiste  à  lire  et  à  scruter  une  fois  et  deux,  et  même 
trois  et  quatre,  si  le  sujet  le  demande.  Si,  même  après  cela,  quelque 
chose  paraît  obscur,  qu'il  ne  craigne  pas  alors  d'aller  trouver  un  homme 
qui  puisse  l'instruire  et  lui  montrer  ce  qu'il  ne  sait  pas. 

Le  livre  VII  figure  au  fol.  99  et  se  termine  au  fol.  117';  on 
lit  ensuite  : 

yû\cDQ.^l    (.«,««  n^,^a.«.Voco    [juuli^   ;j>  ^jooa^o   yo-x^t   r->j~3  \'^-'-'\  \^^  \')\"n\   "^,^..0  ^Jl^v^ 

I  ..ï VI 
.  t<.\\,^  ^cDo>N^i-3>o  \.^0)i  1 1  > ,vi «  v>  ^«fn..\n->/»  (.sCo 

A  sali  et  perdu  (écrit)  ces  feuilles,  Zenon  le  minime,  diacre  de  nom,  fils 
du  prêtre  Soliman,  (fils)  du  prêtre  Abou  Salem,  défunts. 
Livre  d'Aboulhasên,  diacre  vigilant  et  chef  médecin  illustre. 

111.  —  Vient  une  lacune,  puis  (fol.  118)  la  fin  de  la  seconde 
vie  d'Aristote  éditée  par  M.  Sachau  dans  le  catalogue  des  mss. 
syriaques  de  Berlin,  p.  336;  puis  la  première  vie,  ibid.,  335  à 
336;  puis  (fol.  118")  les  catégories,  comme  add.  ms.  14658, 
fol.  73%  Sachau  226,  fol.  14.  La  fin  manque. 

La  fin  peut  d'ailleurs  provenir  d'un  autre  manuscrit  ou  du 
moins  d'un  autre  scribe,  car  on  retrouve  un  cahier  2  (fol.  127) 
et  un  cahier  3  (fol.  137).  Fol.  138,  questions  sur  les  héritages; 
par  exemple,  fol.  138''  : 

■  yO  IV1  );mva»/    yOOv^   v°^?    .  ,^fi'iV)   |jlïoL    |-3)Io   . yOi  Vi   >soi/ 
.|IS\"oL    ^iL     ^9    \^ii    .)N\ol.     ^^    l-^P    -U'r^    'i-^fo    Ml    .n-ito     r^^^    l«-^  ■  V*''.    ^''^^ 

yOJLM    ;m\lNji    ^OG?i>    .  y<S  I VI   v>o>(    ^.soL   )lvt\o 

Première  question.  —  Un  homme  meurt  et  laisse  père,  mère  et  femme. 

RÉPONSE.  —  La  femme  (héritera)  de  deux  parties,  la  mère  de  quatre 
parties  et  le  père  de  huit  parties,  ce  qui  fait  en  tout  quatorze  parties. 

Deuxième  question.  —  Un  homme  meurt  et  laisse  père  et  mère. 

RÉPONSE.  —  La  mère  hérite  d'un  tiers  et  le  père  de  deux  tiers. 

Troisième  question.  —  Une  femme  meurt  et  laisse  père,  mère  et 
mari. 

Réponse.  —  Le  père  (héritera)  de  huit  parties,  la  mère  de  quatre  et  le 
mari  de  quatre,  ce  qui  fait  en  tout  seize  parties. 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉITHIOPIENS.  :^09 

Nous  avons  relevé  des  préceptes  analogues,  mais  non  iden- 
tiques, dans  le  iiomocanon  d'Ebedjésus.  Nous  pouvons  avoir 
ici  l'une  de  ses  sources. 

112.  —  On  trouve  au  fol.  145  le  nonn  du  scribe  de  la  seconde 
partie  : 

>oOit^/  t.ji.N.v^  Ipo^e^^o   |>N.i>.M     yOA.to  \.j^f    |jLxà&>.te;    otN:i^^    IS./i.?o|    otN^pi   ^.{     ^to 

|Eo^»<  IN-'t-o  ^  . . .  >...œ  ..sl^do^  fj>  :  'OjJ.io   |...>j«^e  pju»    v^ |N*ia^>j»/  (l-è^œ;  .«.->\ 

|jLjuV.3  |!S..>^Vo  l|Q-3  C>~«-3 

Nuls  .  [xn  -  -^^  IV'*   ^  t.:;  tvi  > j-lQ-s/   V^  ^3>oL  V^  ,.^0;   ^a   [x'i  >  n  1   IV'j-s  ■  """i  ^  «  i    ^-;  owsC^ 

.  .  .  pJa^;  ovViJ 

Nous  avons  écrit  à  la  demande,  c'est-à-dire  à  la  requête,  du  diacre  pur, 
du  diacre  excellent,  et  du  jîapa[iovdtptoç  illustre  Abraham,  revêtu  de  l'habit 
d'Etienne...  iils  du  chef  illustre  Mansour,  fils  du  défunt  Joseph...  du 
village  connu  de  Beit-Bouzê...  L'a  écrit  Titus,  le  moindre  parmi  les  prê- 
tres, Iils  de  David,  fils  de  Tourkan,  fils  d'Abounaser  défunt,  du  monastère 
de  Qaïoumà,  l'an  1535  des  Grecs  (1224). 

Le  fol.  146  devrait  suivre  le  foi.  141.  Au  fol.  147,  on  trouve  : 

—  yS.  ^x. .  ~N .  ^  .\(^a>^;  ^ . Nx  ^3fifi«>»q|  >apo>o;)l —  . .  ffi  «'>;-.;-fe<3  |  n  .\ol|-o  [^x..<x.  ^poj 

Boi^t     1^  ■  t  -^""^i  fc^  n  V   |.so.QxaS{  ..xDoïojlL    .^\>.âf/«  ■  *"  '  fc-  -'>■"'=*•,  ^  -^^  |.3f»  nm  «g/    ^t .,o « 

]a«x>«<.e»j      kâkfioo^      —       . .  ..N..»      . m . ^  «\fi q»^>.oo     t.3f>r»mq/      '^|oiaav      —      .^.«^^o^ 

.|-»^o:^to  ^.aa\"«;»  .  m  «f>>  «N(iq;.^oo 

•^fl^^Vff  •, ~'^;;   >».ri«  «II..   .p>.3d^>    |_3j  >a.QjL.i   ■\-s\l*  ^0)'r=>l  .|I!^»   }.o'^3oO) 

.p«oov>>  ^a^  —  .  I  niian»  ^fiocLû-ioA  —  .  ^x^ào;  ^Oi;^(  —  •Wr'i  N-^j! 

.lopoji  ojo^j  .  >o)>oMt!  .  fi  ..m  .|o 

113.  —  Noms  du  concile. 

[Jean  bar  'Isa]  catholique  patriarche.  —  Théodore,  évêque  métropolitain 
d'Élam.  —  Jean,  évêque  métropolitain  d'Arbelles.  —  Théodore,  évêque 
métropolitain  de  Beit  Garmaï.  —  Emmanuel,  évêque  de  Halah.  —  Joseph, 
évêque  métropolitain  des  Dailamites  et  des  Gèles. 

114.  — De  la  grande  héparchie  :  Abraham  des  Zàbê.  —  Jésuzekà  flsou'- 
zekà)  des  Goubéens.  —  Hénanjésus  de  Délasar.  —  Michel  de  Beit  Dairoïê. 

—  Abraham  de  Misan.  —  Cyriaque  de  Meskenê  (des  tentes?).  —  Jean  des 
juifs. 

115.  —  De  rhéparchie  d'Élam  :  Macaire  de  Sous.  —  Simon  de  Beit 
Houzoïé.  —  Salomon  de  Soustrin. 


310  REVUE   DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

De  l'héparchie  d'Arbelles  :  Berikjésus  de  Beit  Nouhadrâ.  —  Salomon  de 
Beit  Bagas.  —  Jean  de  Taîmnâ  (du  sud?). 

116.  —  De  l'héparchie  de  Beit  G  armai  :  Marc  de  Lasoum.  —  Abraham 
de  Saharqert.  —  [Mar]  'Abda  de  Tahal.  —  Isaac  de  Saharzour.  —  Fin  des 
noms. 

117.  —  Le  nom  du  patriarche,  au  coin  de  la  page,  est  en  partie 
effacé,,  mais  la  plupart  de  ces  évêques  sont  mentionnés  par 
Amri  et  Sliba,  trad.  Gismondi,  Rome,  1897,  p.  48,  sous  Jean  (V), 
patriarche  nestorien  de  897  (ou  899,  cf.  Bar  Hébraeus,  Cliron. 
eccL,  II,  p.  282)  à  906.  Il  ne  peut  s'agir  de  son  successeur 
Abraham,  parce  que  Théodore,  évèque  de  Beit  Garmaï,  avait 
alors  été  déposé  (Bar  Hébraeus,  loc.  cit.,  p.  228). 

Ce  sont  très  probablement  ces  évêques  qui  ont  promulgué 
les  canons  précédents  sur  les  héritages.  Cette  conclusion  n'est 
pas  certaine  à  cause  de  l'inlerversion  des  feuillets,  mais  elle  est 
très  probable,  parce  que  l'écriture  est  la  même  et  annonce  donc 
des  pièces  qui  se  suivent.  Nous  connaissons  par  là  une  nou- 
velle étape  (vers  l'an  900)  de  la  hiérarchie  de  l'église  nesto- 
rienne. 

355 

118.  —  In-4°.  Parchemin.  Estranghélo.  286  feuillets,  xi*  au 
xii^  siècle. 

Lectionnaire  des  évangiles,  tronqué.  —  Miniatures. 

356 

119.  —  Parchemin.  Estranghélo.  7  feuillets,  xi^-xii^  siècle. 
Fragments  d'un  lectionnaire  des  évangiles.  Miniatures. 


NOTICES    DES    MANUSCRITS    SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  311 

II 

Notice  des  manuscrits  éthiopiens  acquis  depuis  1877. 

171 

120.  —  Les  psaumes  avec  les  cantiques  de  l'Ancien  et  du 
Nouveau  Testament  et  les  hymnes  de  la  Sainte  Vierge. 

17-2  et  173 

121.  —  Bulletins  du  catalogue  des  mss.  éthiopiens  de  M.  Zo- 
tenberg. 

171 

122.  — L'évangile  de  Saint  Jean.  Ce  manuscrit  provient  de 
la  collection  d'Asselin  de  Cherville. 

175 

123.  —  Lliexaméron  dÉpiphane.  Tronqué  au  commence- 
ment et  à  la  fin. 

176 

124.  —  Vie  de  Gabra  M  an  f as  Qedoâs. 

177 

125.  —  Petit  y^ecueil  de  prières  en  gheez  et  en  amhariciue. 
D'après  une  note  qu'on  lit  en  tête,  ce  manuscrit  aurait  appar- 
tenu au  roi  Théodoros. 

178 

126.  — Rouleau  de  prières  e?i  eY/izojOze?i ;  quelques  phrases 
sont  glosées  en  latin.  11  y  a  au  verso  quelques  versets  en  hébreu 
et  en  arabe  moderne.  Parchemin.  64  x  826  mm. 


312  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 


179 

127.  —  Psautier  éthiopien  suivi  de  quelques  prières  liturgi- 
ques. Parchemin,  reliure  en  bois.  180  feuillets,  plus  les  feuil- 
lets A,  B  préliminaires. 

180 

128.  —  Discours  des  douze  disciples.  Parchemin.  48  feuil- 
lets. 

181 

129.  —  Sinodos.  Recueil  de  Constitutions  Apostoliques, 
d'actes  de  conciles  et  de  traités  religieux.  Parchemin.  168 
feuillets,  plus  les  feuillets  60  bis  et  95  bis. 

182 

13Q.  —  Rouleau  de  parchemin,  composé  de  trois  bandes 
cousues  Tune  à  l'autre.  Largeur  105  millimètres,  longueur  to- 
tale 1  mètre  75. 

Quatre  prières  et  formules  magiques  contre  les  maléfices 
des  hommes  et  des  démons,  pour  éloigner  les  fièvres,  les  maux 
d  yeux  et  les  maux  de  tête,  prière  de  Susenvos  (cf.  René  Basset, 
Les  Apocryphes  éthiopiens,  IV,  Paris,  1894,  p.  38  sqq.). 

183 

131.  —  Rouleau  de  parchemin,  composé  de  deux  bandes 
cousues  ensemble.  Largeur  87  millimètres,  longueur  99  centi- 
mètres. Prières  contre  le  démon,  les  coliques,  les  piqûres,  les 
fièvres...  Légende  sur  Salomon  et  le  roi  des  forgerons  (cf.  René 
Basset,  Les  Apocryphes  éthiopiens,  Vil,  p.  27). 

184 

132.  —  Dossier  sur  VAbyssinie,  le  négus  Théodoros  II  et  le 
consul  de  France  Guillaume  Lejean,  1854-1870.  Une  notice  de 
dix  pages,  due  à  M.  Perruchon,  a  été  mise  en  tête  de  ce  dossier 
et  en  fait  connaître  exactement  la  composition. 

xix''  siècle.  Papier.  10  pages  et  128  feuillets. 


NOTICES    DES    MANUSCRITS   SYRIAQUES,    ÉTHIOPIENS.  313 

185 

133.  —  Évangile  selon  saint  Jean. 
Parchemin.  66  feuillets.  Reliure  à  plats  de  bois. 

186 

134.  —  Petit  catéchisme  pour  la  mission  des  Sidamas 
(Gallas). 

187 

135.  — Catéchisme  en  langue  Taff'a  (galla). 

188-192 

136.  —  Manuscrits  qui  ne  sont  encore  ni  catalogués  ni  pagi- 
nés :  Deux  psautiers  avec  prièi^es  et  cantiques;  VExçde  en  am- 
harique  (rExode  manquait  précisément  à  Paris,  cf.  ms.  25-26); 
un  manuscrit  renfermant  la  collection  de  Salams  formée  par 
ordre  du  roi  Zar'a  la'qob  (voir  le  n°  130),  et  un  manuscrit  de 
recettes  magiques  et  de  conseils  aux  voyageurs,  dans  lequel  on 
trouve  aussi  un  calendrier  analogue  à  celui  que  nous  avons 
fait  connaître,  ROC,  t.  XII  (1907),  p.  16-20. 


314  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

III 

Notice  des  manuscrits  mandéens  acquis  depuis  1874. 

137.  —  Les  manuscrits  mandéens  qui  étaient  au  nombre  de 
19  sont  maintenant  au  nombre  de  31. 
*20,  21,  23  sont  des  livres  de  lois  et  de  décisions  religieuses. 
22,  26  sont  des  livres  de  pyHères. 

24  et  27  sont  des  livres  de  magie. 

25  semble  un  livre  historique. 

28,  Chants  liturgiques  des  Mandéens. 
13g.  —  29,  amulette  mandéenne  avec  une  prière  qui  met  à 
l'abri  de  tous  les  malheurs;  cf.  16. 

30,  le  sidra  di  Yahya,  exemplaire  incomplet;  cf.  8  à  11. 

31,  historiettes  en  mandaïte  vulgaire. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE(') 


Aaron,  prêtre  nestorien  du  xv  siècle, 

AiîA  (Mar),  son  synode  (en  544),  66. 
Abarhînâ,  68. 

'Abda,  évêque  de  Tahal,  vers  900,  116. 
Abdallah  de  Mardin,  relieur  en  1608. 

89. 
'Abd  el-Ahad,  prêtre,  en  1889,  61. 
'Abd  el-Aziz,  copiste,  fin  du  xix"  siècle, 

39,  52,  54,  56,  57,  58,  63,  64,  65. 
'Abd  el-Mésih  (le  serviteur  du  Christ), 

maître  du   scribe  Sabà  avant  1643, 

24. 
Abgar,  roi  d'Édesse,  87. 
Aboulfarag,  m.  et  pr.,  scribe  du  ms. 

189  (en  1206),  3. 
Aboulhasên,  diacre  et  chef  médecin, 

110.' 
Aboulmenâ,  93. 
Abou  Ma'sar,  astrologie,  30. 
Abounaser,  \iv  siècle,  112. 
Abousa'id.  Nom  de  famille  du  scribe 

Aboulfarag  (en  1206),  3. 
—  Prince,  nommé  Al-Daulah,  en  1209, 

8. 
Abousalem,  prêtre,  110. 
Abou  Tàhir  Sàhid  ou  Tadj  'oul-Daou- 

lah,  50. 
Abraham  (vers  1200),  3. 
Abraham,  fils  de  Joseph,  scribe,  en  1448, 

80. 
Abraham,  diacre,  fils  du  chef  Mansour, 

en  1224,  112. 
Abraham,  évêque  de  Misan,  vers  900, 

114. 


Abraham,  évêque  de  Saharqert,  vers 

900,  116. 
Abraham   de    Séleucie,   ses   règles    (en 

1526),  41,  96. 
Abraham,  évêque  des  Zabê,  vers  900, 

114. 
Abyssinie  (Dossier  sur  1'),  132. 
AcACE,  son  synode  (en  489),  66. 
Addaï,  sa  liturgie,  35. 

—  Évangélise  Mossoul,  45-46. 

—  Mis  à  mort  par  Sévère,  87. 
Cf.  36. 

Aggaï,  mis  à  mort  par  Sévère  Abgar, 

87. 
Aha,  frère  de  Mar  Jean,  102. 
Alchimie,  27. 
Alqôs,  14,  15,  17,  32,  34,  36,  44,  68,  76, 

77. 
Amat,  femme  d'AIqôs,  en  1744,  37. 
Amid,  3,  4,  5,  6,  7,  8,  17,  69'. 
Amulette  mandéenne,  138. 
Anaphores   à    l'usage  des  nestoriens, 

35. 
Anonymes. 

—  V.  Prières,  offices. 

—  Explication    des   choses    secrètes , 
54. 

Apocalypse      d'Esdras     relative     aux 

Arabes,  60.   Autre  apocalypse,   101. 

Ap.  de  Paul,  104. 
Apocalypse,  écrite  par  un  disciple  de 

Jean,  86. 
'Aqrà,  v.  69. 
Arbelles,  113. 

Aristote,  V.  Sergius,  sa  vie,  111. 
Aroud   de  Juda.   Jude-Thaddaï  y  fut 

lapidé,  87. 


(1)  Nous  renvoyons  aux  chiffres  gras  (1  à  138)  que  nous  avons  introduits  dans  le  texte. 
Nous  mettons  en  capitales  les  noms  des  auteurs  et  en  italiques  les  titres  de  certains 
ouvrages. 


316 


REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 


Artôn,  V.  94.  ■ 

Assur  (ou  Athour),  mis  pour  Mossoul, 

son  évangélisation,  44  à  49. 
Astrologie,    astronomie,    27,    30,    63, 

83. 
Athanase,  patriarche  d'Antioclie(1199- 

1207),  2,  4. 
Atil,  92. 


Babaï,  son  synode  (en  499),  66. 

Babakà,  68 

Babel,  son  évangélisation,  46. 

Badôs,  marchand,  48. 

Balad,  86. 

Bar  Ali,  son  lexique,  21. 

Bar  Bahloul,  Lexique,  52. 

Bar  Hébraeus,  grammaire,  23,  39. 

—  Le  livre  du  Discours  de  la  sagesse, 
25,  54. 

—  Chroniques  (extraits),  306. 

—  Le  livre  de  la  Colombe,  40. 

—  Le  livre  des  Prunelles,  54,  62. 

—  Poème  sur  la  perfection,  55. 

—  Nomocanon,  56. 

—  Livre  d'Hiérothée,  59. 

—  Le  livre  de  l'Ascension  de  l'esprit, 
63. 

—  Le  livre  du  Commerce  des  commer- 
ces, 64. 

Bar  Kardis,  ou  Mas'oud,  en  1298,  75. 
Barsauma,  monastère,  en  1206,  4,  6. 

—  pr.,  père  de  Jean  Mennas,  évôqu" 
d'Amid,  5. 

Bar  SaijMA,  Lettres,  66. 

Barsoumou,  92. 

Barthélémy,  apôtre,  évangélise  Mos- 
soul (Assur),  puis  le  Beit-Houzoïé  et 
le  pays  de  Kousch,  45-46. 

—  Son  église  à  Mossoul  prend  le  nom 
de  Théodore,  devient  mosquée,  46- 
47. 

Basile  ou  Jésus,  en  1643,  24. 

Basile,  maphrien,  en  1859,  62. 

Basile,  maphrien  du  Tour  'Abdin  (mort 

en  1134),  Traité  de   théologie,  car- 

chouni,  61. 
Basîr,  pays,  92. 
Beit  'Adrà  près  d'Alqôs,  .32. 
Beit  'Adraï,  68. 
Beit  Bagas,  115. 
Beit  Bouzê,  v.  112. 


Beit  Daîroïè,  114. 

Beit  "Évirè  près  de  Mossoal,  voir  Geor- 
ges, 37,  78. 

Beit  Gaagi,  78. 

Beit  Garmaï,  113. 

Beit  Houzoïè,  son  évangélisation,  46, 
115. 

Beit  Koudida,  village,  en  1643,  au  pays 
de  Mossoul,  24. 

Beit  Mam.  68. 

Beit  Nouhadra,  115. 

Beit  Seliqà,  24. 

Benjamin,  disciple  du  Christ,  45,  46. 

Berikjésus,  évêque  de  Beit  Nouhadra, 
vers  900,  115. 

Bible. 

—  Lectionnaire  des  évangiles,  2,  118, 
119. 

—  Ancien  Testament,  84. 

—  Psaumes,  95. 

—  Nouveau  Testament,  Version  Pe- 
schitlo,  10,  18,  19,  85,  89. 

—  Fragments,  75. 

—  Daniel  et  le  dragon,  102. 

—  Commentaire  de  Théodore  de  Mop- 
sueste  sur  l'Évangile  saint  Jean,  31. 

—  Explication  des  psaumes  par  Denha, 
103. 

—  Psaumes  (éth.),  120,  127,  136. 

—  Évangile  saint  Jean  (éth.),  122,  133. 

—  Exode  (amharique),  136. 
Boktoïê,  92. 

Bouhtoïé,  106. 

Bourab,  92.  Il  y  avait  là  un  monas- 
tère de  Samouni. 

Brahim,  diacre,  chef  du  village  de  Ga- 
dinos,  en  1834,  106. 

Bréviaire  nestorien,  96. 


Calendrier  (éth.),  136. 

Cantiques  de  l'Ancien  et  du  Nouveau 

Testament  (éth.),  120,  136. 
Catéchisme  (éth.),  134,  135. 
César  et  Auguste  César,  97. 
Chaldéens,    v.   Elle,    Ebedjésus,    Hor- 

mez  Jean,  Samuel,  Paul,  Pierre. 
Chants  liturgiques  des  Mandéens,  137. 
Christ,  chronologie  de  sa  vie,  97,  98. 
Commentaire   de    Théodore    de   Mop- 

sueste  sur  l'Évangile  saint  Jean,  31. 
—  de  Sergius  sur  Aristote.  107. 


I 


TABLE   ALPHABÉTIQUE. 


317 


Commentaire  de  Bar  Hébraeus  sur  le 

livre  d'iliérothée,  59. 
Conjurations,  94. 
Cyriaque,  évoque  de  Meskenê,  vers 900, 

114. 
Cyriaque,  pr.,  en  182.^),  10(1. 
Cyriaque  de  Sarnôs,  19. 
Cyriaque  et  Julitta  de  Telkêfè,  78. 
Cyrille,  métropolitain  jacobite  en  1889, 

61. 


Dadjésus,  son  synode  (en  433),  (36. 
Daiànos  de  Mardin,  xv  siècle,  21. 
Dailamites,  113. 
Damas,  40. 

Daniel  (conjuration  de),  94. 
Daniel,   prêtre,   xviii'  siècle,  à  Alqôs, 
15,  34. 

—  V.  Houuiou. 

Daniel,   fils  du  prêtre  Sam 'an  de  Sé- 

'ert,  copiste   chaldéen   en   1831,  42. 
Daoud    el-Antaki   (David    d'Antioche), 

Dictionnaire  de  médecine,  28. 
David,  se.  en  1889,  50. 
David,    d.,    frère    de     Jean    Mennas 

(xn"  siècle),  5. 
David,  prêtre  nestorien,  en  1526,  92. 
David,  fils  de  Tourkan,  vers  1200,  112. 
Deir  ez-Zafaràn,  61 
Délasar,  1 14. 

Denha,  Explication  des  psaumes,  103. 
Denys  bar  Salibi.  Copie  du  colophon 

de    son    commentaire    sur  l'Ancien 

Testament,  75. 
Denys,   métropolitain   de  Ma'dan,    en 

1499,21. 
Diarbékir,  48,  83. 

Dictionnaire  d'EudocIms,  62.  V.  Lexi- 
ques. 
Diodore,  a  fait  de  nouveau  chanter  en 

deux  .  hœurs,  à  Antioche,  88,  89. 
Disciples   (Discours   des   douze),  éth 

180. 
Droit  canon,  cf.  Bar  Hébraeus  (nomo- 

canon),  Ebedjésus,  56,  57. 

—  Héritages,  canons  nestorions  du 
concile  du  patriarche  Jean,  vers  900, 
111  à  117. 

E 
Ebedjésus,  pr.,  fils  de  Hadbe-sabba  et 


père  du  copiste  Yaldà,  à  Aiqàs,  en 
1744,  36. 

Ebedjésus,  pr.,  fils  de  Kanoun,  de  Tel- 
kêfè, en  1744,  37. 

Ebedjésus,  évèquo  chaldéen  de  Mos- 
soul  en  1866,  16,  et  d'Amid  en  1880, 
17. 

—  Nommé  patriarche  le  28  octobre 
1891,  68,  69,  78. 

Ebedjésus  de  Nisibe. 

—  Le  livre  de  la  Perle,  catalogue  des 
livres  ecclésiastiques.  Exposé  de  la 
foi  nestorienne,  43. 

—  Le  livre  du  Paradis  d'Éden,  105. 

—  Nomocanon,  57,  111. 
Cf.  94,  96. 

Édesse,  5 

—  Habban  y  apporte  le  corps  de  saint 
Tliomas,  87. 

Église  de  la  mère  de  Dieu  à  Aniid  (en 
1206),  4,  7. 

—  De  Simon  Pierre  à  Mossoul,  45. 

—  De  Thomas  et  de  Barthélémy  à  Mos- 
soul. Cette  dernière  prend  le  nom 
de  Théodore  et  devient  mosquée,  16. 

—  De  Georges  à  Qàrà,  80. 
Élam,  113. 

Elfià,  femme  d'Alqôs,  en  1744,  37. 

Elias,  diacre,  fils  de  Babakâ,  copiste 
en  1895,  68. 

Elias,  fils  de  Gounà,  né  en  1856,  co- 
piste à  Rabban  Hormizd,  en  1869, 
34. 

Elias,  moine  et  diacre,  scribe  au  mon. 
de  Rabban  Hormizd,  en  1886,  32. 
Cf.  Elias,  fils  de  Gounà. 

Elle  X,  patriarche  nestorien,  en  1696, 
77. 

Elle,  patr.,  en  1705,  14. 

Elle  Xll,  patr.  nestorien,  en    1744,  36. 

Elle,  douzième  patriarche  chaldéen 
(1886),  32;  (1884),  49;  mort  le  3  juin 
1894,  69. 

Elle  Kîàt,  évêque  chaldéen  de  'Oum- 
diâ,  en  1894,  69. 

Elle  Malous,  évêque  chaldéen  du  mo- 
nastère de  Mardê.  en  1894,  69. 

Elle  de  Mossoul,  supérieur  du  monas- 
tère de  Mar  Matthieu,  en  1889,  61. 

Eluî  de  Nisibe,  Le  livre  de  l'expulsion 
de  la  tristesse,  65. 

Elle,  prêtre,  xvii'  siècle,  à  Alqôs,  15. 


318 


REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 


Elle,  fils  de  Simon  de  Sarnôs,  scribe, 
en  1884,  49. 

Emmanuel,  copiste,  en  1526,  92. 

Emmanuel,  évêque  métropolitain  de 
Halah,  vers  900,  113. 

Emmanuel  Tamrâ,  évêque  chaldéen  de 
Sé'ert,  en  1894,  69. 

Ephrem  (saint),  Homélie,  23. 

Ephrem,  monastère  inférieur,  àÉdesse, 
5. 

Ephrem,  moine  du  monastère  de  Mar 
Georges,  en  1884,  44. 

Épiphane,  Hexaméron  (éth.),  123. 

Esdras  (Apocalypse  d'),  60. 

Éthiopien,  120  à  136. 

Etienne,  diacre,  xix"  siècle,  78. 

EuDOCHUS,  Dictionnaire,  62. 

Eugène  (monastère  de  Mar),  au  xvi'  siè- 
cle, 41  ;  en  1834,  42. 

EusÈBE  DE  Césarée,  sur  la  patrie  et  la 
mort  des  apôtres,  86. 

Évangiles,  v.  Bible.  Finales  des  évan- 
giles, 85. 

—  Chacun  des  82  (disciples  et  apôtres) 
a  écrit  son  évangile,  88. 

Explication  des  choses  secrètes  ou  en- 
cyclopédie, 54. 

ÉzLCHiEL,  son  synode  (en  577),  66. 


Fable.  Histoire  des  dix  vizirs,  58,  65. 

Fakr  'oul-Daoulah,  50. 

Faradjallah  al-'Abdînî,  évêque  maro- 
nite, en  1666,  72. 

Fêtes,  dédicace  de  l'église,  49. 

Fransib,  pr.,  en  1834,  portier  de  l'é- 
glise de  Mar  Georges  à  Gadinas,  106. 


Gabriel,  neveu  d'Abraham  de  Séleucie, 

ses  règles  (en  1599),  41,  90. 
Gabriel  Adamou,  évêque  chaldéen  de 

Selouk,  en  1894,  69. 
Gabriel  d'Ehden,  évêque  maronite,  en 

1666,  72. 
Gabriel  al-Gab'ànî,  évêque  maronite, 

en  1666,  72. 
Gadinas,  106. 
Galien,  59. 

—  Sergius  l'a  traduit  en  syriaque,  108. 
Gam'à  de  Beit  Koudidà.  24. 


Gamad  Tekritaï.  Histoire  de  cette  mos- 
quée de  Mossoul,  47. 

Gèles,  113. 

Georges,  église  dans  le  village  de  Qàrâ, 
80. 

Georges,  son  synode  (en  678),  66. 

Georges,  moine,  fils  du  prêtre  'Abd  el- 
Ahad,  cepiste,  en  1889,  61. 

Georges  des  Arabes,  93. 

Georges  de  Beit  'Évîrê,  monastère  près 
de  Mossoul,  en  1744,  37,  44;  en  1844, 
49,51. 

—  Près  de  Telkèfê  et  de  Mossoul,  78. 

—  Église  de  Mar  Georges  à  Gadinas, 
106. 

Cf.  94. 
Georges   Gouga,  évêque  chaldéen   de 

Sennà,  en  1894,  69. 
Georges,  fils  de  Hannà  al-Naqà,  copiste, 

en  1859,  62. 
Georges,  scribe  nestorien,  en  1829,  96. 
Georges    Pierre,   patriarche   maronite 

d'Antioche,  ses  lettres,  71,  72. 
Gezirtà,  69. 
Goubéens,  .114. 
Gouna,  père  d'Elias,  34. 

—  V.  Houmou. 
Grammaire,  22,  23,  39. 
Grégoire,  son  synode  (en  605),  66. 

H 

Habban  apporte  à  Édesse  le  corps  de 

saint  Thomas,  87. 
Habib,  80. 
Hadbesabba,  pr.  d'Alqôs,  xvir  siècle, 

36. 
Hadtà,  106. 
Hah,  93. 
Halah,  113. 

Hanà,  34.  V.  Houmou. 
Hananîà,  monastère  près, de  Mardin, 
'  en  1309,  93. 

Hélène  d'Alqôs,  en  1744,  37. 
Henanjésus,  son  synode  (en  094),  66. 
Henanjésus,   évêque   de   Délasar,  vers 
'  900,  114. 
Héritages,  questions  sur  les  héritages, 

111. 

—  Proviennent  sans  doute  du  synode 
de  Jean  V,  vers  l'an  900,  1 17. 

Hexaméron  d'Épiphane  (éth.),  123. 
Hexaméron  de  Moïse  bar  Képha,  38. 


TABLE    ALPHABÉTIQUE. 


319 


Hiérothée,  extraits  commentés  par  Bai- 

Hébraeus,  59. 
Ilistoii'e. 

—  V.  Palladius,  Jésusdenah,  Salomon 
de  Bassora. 

—  Introduction  du  Deus  sanctus  dans 
la  liturgie,  100. 

—  Histoire  de  Rome,  97-98. 

Histoires. 

—  Abraham  Qidounaïa,  (JO. 

—  Anonymes,  3^. 

-  Du  roi  Arsène,  104. 

—  Behnam  et  Sara,  13,  GO. 

—  Martyrs  de  Beit  Selouk,  13,  33 

—  Inventions  de  la  Croix,  33,  (iO. 

—  Cyriaque  et  Juiitta,  33,  00. 

—  Daniel  le  médecin,  13,  33. 

—  Les  enfants  d'Éphèse,  33,  60. 
--  Etienne,  13. 

—  Jean  bar  Malké,  33,  60. 

—  .loseph  le  patriarche,  33. 

—  Les  trente  deniers  de  Judas,  33. 
--  Mar  Kardag,  13,  33,  60. 

—  Himyarites,  13,  33. 

—  Ignace  d'Antioche,  13. 

—  Jacques  l'intercis,  13. 

—  Gabra  Manfas  Qedous  (éth.),  l-.^6. 

—  Marc  de  Tarmaqà,  33. 

—  Matthieu  et  André,  33. 

—  Maurice,  empereur,  33. 

—  Mar  Saba,  13. 

-  Sultan  Mahdouli,  13,  33. 

—  Thaïs,  33. 

—  Dix  vizirs,  .58. 

—  Yonan,  13. 

Historiettes    en    mandaïte     vulgaire, 

138. 
Homélies  d'Ephrem,  23. 

—  De  Jacques  (de  Saroug),  26. 

—  Nestoriennes,  91. 

Hormez  Jean,  patriarche  chaldéen,  en 

1834,  42. 
Hormizd  (Rabban),  monastère  (en  1705), 

14,  17;  (en  1886),  32;  (en   1869),  34; 
(en  1744),  36,  51  ;  (en  1696),  77. 

Hormizd  (Mar),  martyr,  tente  (monas- 
tère?) à  Mardè,  42,  106. 

Iloumou,  pr.  et  se,  en  1705,  fils  du  pr. 
Daniel,  fils  du  prêtre  Elie  d'Alqô.s, 

15,  17. 

—  Voir  sa  généalogie,  31.  Elias  est  né 


en  1856;  on  trouve  la  suite  :  Gounà, 
Sà'ià,  Iloumou,  Hana,  Houmou,  Da- 
niel (de  1705^  1856  nous  avons  donc 
six  générations). 

Hourdafna  (monastère  de  Notre-Dame 
de),  17. 

Hymnes  de  Sévère  d'Antioche,  79. 

Hypostase,  c'est  la  substance,  102. 


lahbalaha  Isaac  Koudàbkas,  évêque 
chaldéen  de  Salamas,  en  1894,  69. 

lazdiah,  mère  du  scribe  Sabà  (1643), 
24. 

Ignace  d'Antioche,  est  l'enfant  présent*^ 
aux  apôtres  par  Notre-Seigneur,  a 
fait  chanter  en  deux  chœurs,  88. 

Ignace,  patriarche  (jacobite)  d'An- 
tioche, en  1859,  62. 

Ignace  Pierre  III,  patriarche  jacobite 
d'Antioche,  en  1889,  61. 

Ignace  Simon,  patriarche  jacobite,  en 
1643,  24. 

Inde,  évangélisée  par  Thomas,  46. 

'Isa,  lils  du  prêtre  Cyriaque,  scribe,  en 
1825,  106. 

'Isa,  pr.  de  Sé'ert  au  commencement 
du  xix"  siècle,  42. 

IsAAC,  son  synode  (en  410),  66. 

Isaac,  fils  de  Maria,  du  village  de  Tel, 
scribe,  en  1646,  102. 

IS.\AC  DE  NiNIVE,  20. 

Isaac,  évêque  de  Saharzour,  vers  900, 

116. 
Israël,  prêtre  d'Alqôs,  xvn-  siècle,  36. 


Jacobites  de  Mossoul  se  font  musul- 
mans, 17. 

Jacques  de  Bartela,  Le  livre  des  tré- 
sors, Lettre  en  vers,  50. 

Jacques  d'Édesse,  sa  traduction  des 
hymnes  de  Sévère  d'Antioche,  79. 

Jacques,  évêqye  chaldéen  de  Gezirtâ, 
en  1894,  69. 

Jacques  (de  Saroug),  26,  74. 

Jean  (Aboul  Magd),  patriarche  d'A- 
lexandrie, 4. 

Jean  (Mar),  frère  de  Mar  Aha,  son  mo- 
nastère dans  la  montagne  de  'Oumrê, 
en  1646,  102. 


320 


REVUE.  DE   L  ORIENT   CHRETIEN. 


Jean,  évêque  métropolitain  d'Arbelles, 

vers  900,  113. 
Jean,  évêque  nestorien  d'Atil    et  des 

Boktoïe,  en  1526,  92. 
Jean-Baptiste,  sur  la  décollation,  74. 
Jean,  métropolitain  de  Callinice,  frère 

de  Jean  Mennas  d'Amid  (xn"  siècle), 

5. 
Jean    al-Hasrounî,    évêque  maronite, 

en  1666,  72. 
Jean   bar    'Isa,   patriarche    nestorien 

(t  906).  Les  signataires  de  son  syno- 
de, 113-116. 
—  A  sans  doute  promulgué  les  canons 

sur  les  héritages,  117. 
Jean,  m.  et  pr.,  frère  de  Jean  Mennas, 

5. 
Jean,  pr.,  copiste,  en  1223,  19. 
Je.\n  (ou  Josué  le  scribe),  (patriarche 

jacobite  de   1208  à  1220),  2,  4.   Écrit 

le  colophon  du  manuscrit  289,  7. 
Jean,  évêque  des  juifs,  vers  900,  114. 
Jean    Mennas,     évêque    d'Amid,   vers 

1200,  2  à  8. 
Jean  Sahar,  évêque  chaldéen  de  'Aqrà, 

en  1894,  69. 
Jean,  évêque  de  Taimnà,  vers  900,  115. 
Jean,  fils  de  Talià,  scribe,  en  1889,  82. 
Jean  Zô'bî,  Poésies,  104. 
Jésus,  diacre,  75. 
Jésus,  fils  de  David  ou  Akilà,  scribe, 

en  1309,  93. 
JÉsusDENAH,  évèque  de  Bassorah,  Le  li- 
vre de  la  chasteté,  70. 
Jésuyahb,  patriarche  nestorien  de  647  à 

658,  ses  lettres,  76. 
Jé.suyahb,  métropolitain  nestorien,  en 

1744,  36. 
JÉSUYAHB  1",  son  synode  (en  588),  66. 
Jésuzeka,  évèque  des  Goubéens,  vers 

900,  114. 
Joseph  et  la  Vierge,  74. 
Joseph    d'Alep,   évêque  maronite,    en 

1666,  72. 
Joseph,  patriarche  maronite  d'Antioche, 

en  1736,  72. 
Joseph,  en  1418,  80. 
Joseph,  en  1G60,  71. 
Joseph,  son  synode  (en  553),  66. 
Joseph,   pr.,   frère  de   Jean   Mennas, 

évêque  d'Amid,  5. 
Joseph  de  Beit  Bouzè,  xu"  siècle,  112. 


Joseph,  évêque  métropolitain  des  Dai- 

lamites  et  des  Gèles,  vers. 900,  113. 
Joseph,  évêque  (?),  68. 
Joseph  de  Mardin,  en  1499,  21. 
Joseph  (monastère  de  Rabban)  en  face 

de  Balad,  en  894,  86. 
Joseph,  patriarche  chaldéen,  en  1869, 

31. 
Joseph,  prêtre,  en  1896,  à  Telkêfê,  78. 
Joseph,  scribe,  en  1889,  50. 
Joseph    Pierre,    patriarche    maronite 

d'Antioche,  en  1767,  72. 
Jude,  fils  de  Jacques,  ou  Thaddaï  ou 

Lebbaï,  son  histoire,  87. 
Juifs,  114. 


Kamis,  106. 

Kélat.  Ebedjésus  écrit  dans  cette  ville 

le  livre  de  la  perle,  en  1298,  44. 
Kounà,  diacre  d'Alqôs,  17. 
Kousch,  évangélisé  par-Barthélemy,  46. 
Kousnab,  pays,  68. 
Kurdes,  17. 


Lasoum,  116. 

Lejean  Guillaume,  consul  de   France 

en  Ethiopie,  132. 
Léon  XllI,  pape,  32,  49,  68. 
Lexique  syriaque-latin,  12. 

—  De  Bar  Ali,  21. 

—  De  Bar  Bahloul,  52. 
Cf.  73. 

—  V.  Dictionnaire. 

Liturgie.  Histoire  de  l'introduction  du 

Deus  sanctus...  dans  la  Hturgie,  100. 
Liturgies  de  Mar  Addaï  et  Mar  Mari, 

de  Théodore  de  Mopsueste  et  de  Nes- 

torius,  35. 
Lois  et  décisions  religieuses  (mand.), 

137. 

M 

Macaire,  évêque  de  Sou.s,  vers  900,  115. 

Ma'dan,  21. 

Magie  (éth.),  130. 

Maharis,  prêtre  d'Alqôs,  17. 

Mahlouf  dans  l'Inde,    où   est   enterré 

saint  Thomas,  87. 
Malktà,  sœur  de  Jean  Mennas  (xir  siè 

cle),  5. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE. 


32! 


Mandéen,  137-138. 

Mansour,  chef  illustre,  fils  de  Joseph, 

vers  122J,  112. 
Mansour,  diacre  de  Mossoul,  se.  en  1866, 

16. 
Maqàmat  ou  le  Paradis  d'Éden,  106. 
Marc,  évêque  de  Laêoum,  vers  900,  116. 
Mardê,  42,  69. 
Mardin,  21,  93,  9-1. 
Marganità,     sœur    de    Jean     Mennas 

{xw  siècle),  5. 
Maki,  sa  liturgie,  35. 
—  Évangélise  Mossoul,  45-46. 

Cf.  36. 
Mari  ou  Fakr  'oul-Daoulah,  correspon- 
dant de  Jacques  de  Bartela,  50. 
Maria,  diacre,  vers  1646,  du  village  de 

Tel,  102. 
Marie  d'Alqôs,  en  1744,  37. 
Marie,  sœur  de  Jean  Mennas  (xn»  siè- 
cle), 5. 
Marie  de  Magdala,  88. 
Marie,  poss.,  75. 
Maronites,  71-72. 
Mas'oud,  prêtre,  nommé  Bar-Kardis, 

en  1298,  75. 
Matthieu  (Cheikh  ou  Mar),  monastère 

jacobite,  61. 
Mazre'oio,  82. 
Médecine,  28.  Recettes,  59. 
Menaeon  melkite  du  mois  de  juin,  80. 
Menna  ou  Mennas,  nom  de  Jean  d'A- 

mid,  G. 
Mère  de  Dieu.  Église  à  Amid,  en  1206, 

4,  7. 
Meskenê,  114. 

Michel  de  Beit  Dairoïê,  vers  900,  114. 
Michel,  diacre  du  village  de  Gadinas, 

en  1834,  106. 
Michel,    métropolitain    (de    Gadinas), 

en  183-1,  106. 
Michel  le  Grand,  ordonne  Jean  Men- 
nas en  janvier  1201,  6  (d'après  Bar 
Ilébr.,  Michel  serait  moi't  en  1 199). 
—  Extraits  de  sa  chronique,  300. 
Michel  Na'mou,  évêque  clialdéen    de 

Perat-Maisan,  en  1894,  69. 
Mikaël  (Mar),  monastère  sur  les  bords 

du  Tigre,  en  1223,  19. 
Miniatures,  81,  90  (Vie  de  Notre-Sei- 

gneur  en  images),  91,  118,  119. 
Misan,  114. 

ORISNT  CHMÉnSN. 


Moïse  bar  Képha,  Hexaméron,  38,  53. 
Monastères  — de  Bar.sauma(en  1206),  1. 

—  V.  Horuiizd,  Georges,  Eugène,  Notre- 
Dame,  Vierge,  Zafaràn,  Matthieu, 
Samouni.  Hananià,  Jean  fMar). 
Qaïouma,  Mikaël. 

Mossoul.  V.  Ebedjésus,  24, 37, 39,  44,  78. 

—  Origine  apostolique  des  églises  de 
Mossoul,  41  à  49. 

—  Cf.  (Jaiuad  Tekritaï  et  'Raq. 
Moubarak,  pr.,  frère  de  Jean  Mennas 

(.\n'  siècle),  5. 

Moulin  de  Mossoul  où  les  apôtres  prê- 
chèrent le  Christ,  45  à  49. 

Mystique.  Le  livre  de  la  Colombe  de 
Bar  Hébraeus,  40. 

N 

Nahuni,  prophète,  11,  32,  36,  08,  77. 
Nazir-Khazin,  prince  des  maronites,  en 

1695,  72. 
Nestoriens,  29,  35,  41.   Noms  des  évê- 

ques  du  synode  de  Jean   bar   'Isa, 

vers  900,  113-116. 
Nestorius,  35. 

Notre-Dame  de  Hourdafnâ  (monastère), 

17. 
Notre-Dame  des  Semences  (monastère 

chaldéen),  sa  position,  68. 


Offices,  11,35,  11,  ]?,,  71. 
—  V.  Menaeon. 
'Oumdîà,  69. 
'Oumrê,  montagne,  102. 
Ourmiah,  69,  82. 


Palestine,  83. 

Palladiis,  Le  livre  du  Paradis,  51. 

Paul,  en  1643,  24. 

Paul  (conjuration  de),  94.  Cf.  104. 

Paul,  supérieur  général  des  monastères 

chaldéens,  en  1886,  32. 
Perat-Maisan,  69. 
Pie  IX,  pape,  34. 
Pierre,  apùtre,  va  évangéliser  Mossoul, 

45,  et  Babel,  46. 

—  Son  église  à  Mossoul,  40  à  49. 

—  Va  à  Damas,  16. 

Pierre,  fils  du  prêtre  Joseph,  scribe, 
en  1896,  ù  Telkêfê,  78. 

21 


322 


REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 


Pierre,  supérieur  général  des  monas- 
tères chaldéens,  en  1895,  68. 

Poésie,  V.  Ephrem,  Jacques  de  Saroug, 
Hymnes,  Jean  Zô'bi. 

Prières,  26,  35,  94,  96;  en  ghéez  et 
amharique,  125,  126,  127,  130,  131, 
136;,mand.,  137. 

Pronostics,  83. 

Ptolémée.  Le  Tétrabiblon  traduit  en 
syriaque,  93. 


Qaïoumâ,  monastère,  en  1224,  112. 
Qal'à  Bîrtâ,  où  sont  les  missionnaires 

américains,  82. 
Qal'ah  Ga'bar,  6. 
Qàrà,  80. 
Qaymar,  pays,  106. 


Rafaël,  diacre  de  Diarbékir,  veut  éta- 
blir un  collège  et  une  imprimerie  à 
Mossoul,  meurt  en  1866,  48. 

'Raq,  porte  de  Mossoul,  47. 

Recettes  médicales,  59. 

Renaudot,  73,  75. 

RiZQALLAH,  22. 

Romanus,  moine  d'Alqôs,  44. 
Rome,  aperçu  de  l'histoire  romaine,  97. 
Romulus,  son  histoire,  97. 
Rouleau  de  parchemin  (éth.),  126,  130, 
131. 

S 

Saba,  diacre,  scribe  en  1643,  24. 

Sabarjésus,  son  synode  (en  596),  66. 

Saharqert,  116. 

Saharzour,  116. 

Sa'iâ,  34.  V.  Houmou. 

Salamas,  69. 

Salams,  collection   de   Zar'a   Ya'qob, 

136. 
Saliba-Zeka,  scribe,  en  894,  86. 
Salomon  ùe  Bassora,  Le  livre  de  l'abeille, 

81. 
Salomon,  évêque  de  Beit  Bagas,  vers 

900,  115. 
Salomon,  se.  de  Mardin,  en  1499,  21. 
Salomon,  évêque  de  Soustrin,  vers  900, 

115. 


Sam 'an,  pr.  de  Sé'ert,  vers  1830,  42. 

Samouni,  uiartyre,  monastère  à  Bou- 
rab,  92. 

Samounî,  sœur  de  Jean  Mennas  (xn"  siè- 
cle), 5. 

Samuel,  supérieur  général  des  monas- 
tères chaldéens,  en  1884,  49. 

Saqiavâ,  68. 

Sara,  24. 

Schenné,  pr.,  frère  de  Jean  Mennas, 
évêque  d'Amid,  5. 

Sé'ert,   12,  69. 

Selouk,  69. 

Sen'ar,  16. 

Sennà,  09. 

Sentences  de  Théodose,  22. 

Sergius  de  Réchainà,  sur  les  écrits  d'A- 
ristole,  107. 

—  Sa  préface,  108-110. 

—  Il  a  traduit  Galien  du  grec  en  syria- 
que, 108. 

—  Ses  conseils  pour  la  lecture  d'un 
ouvrage  de  philosophie,  110. 

Sergius,  archevêque  de  Damas,  en  1610, 
71. 

Sévère,  patr.  d'Antioche,  fêté  le  8  fé- 
vrier, 4;  notice,  74;  ses  hymnes,  79. 

SÉVÈRE  SÉBOKT,  SCS  œuvres,  93. 

Sidra  di  Yahya  (mand.),  138. 

Siméon  (le  vieillard)  avait  535  ans,  97- 
98. 

Simon  bar  Saba'è,  nom  de  l'église  de 
Hadtâ,  106. 

Simon,  évêque  de  Beit  Houzoïê,  vers 
900,  115. 

Simon,  disciple,  différent  de  Pierre 
apôtre,  45-46. 

Simon,  d.,  frère  de  Jean  Mennas,  5. 

—  V.  Sam 'an. 

Simon,  patriarche  nestorien,  en  1526, 
92. 

Simon  (Mar  Roubil),  patriarche  nes- 
torien, en  1889,  82. 

Simon  Safa,  48. 

—  Semble  identifié  à  Simon  Pierre,  45 
à  48. 

Simon  de  Sarnôs,  vers  1889,  49. 

Sinodos  (éth.),  130. 

Soliman,  prêtre,  110. 

Sous,  115. 

Soustrin,  115. 

Susenyos  (Prière  ae),  éth.,  130. 


TABLE    ALPHABETIQUE. 


323 


Synodes  nestoriens,  66. 
—  V.  Droit  canon. 


Tabitâ,  sœur  de  Jean  Mennas,  5. 

Tadj  'oul-Daoulah,  50. 

Tagrit.  Les  jacobites  de  cette  ville  qui 

habitaient  Mossoul  se  font  musul- 
mans, 47. 
Tahal,  116. 
Taimnâ  (sud),  115. 
Talismans,  94. 

Téka,  femme  d'Alqôs,  en  1744,  37. 
Tel,  102. 
Telkèfê,  village  de  Cyriaque  et  Julitta, 

78. 
Tharé,  père  d'Abraham,  noms  de  ses 

deux  femmes,  73. 
Théodore,  évèque  métropolitain  de  Beit 

Garmaï,  vers  900,  113. 
Théodore,évèque  métropolitain  d'Élam, 

vers  900,  113. 
Théodore  de  Merv.  Sergius  lui  dédie 

son  ouvrage  sur  Aristote,  108. 
Théodore  de  Mopsueste,  Commentaire 

sur  l'Évangile  saint  Jean,  31. 

—  Liturgie,  35. 

—  L'église  de  Barthélémy  à  Mossoul 
est  mise  sous  son  vocable,  47. 

Théodoros  (le  roi),  125,  132. 
Théodose,  ses  sentences,  22. 
Théologie,    v.    Bar    Hébraeus,   Ebed- 

jésus  de  Nisibe,  Jacques  de  Bartela, 

Moïse  bar  Képha,  Basile. 

—  Témoignage  des  églises  syrienne  et 
maronite,  72. 

■  Mélanges,  97. 

Thomas,  apôtre,  va  évangéliser  Mos- 
soul (Assur),  45,  et  leBeit  Houzoïé  et 
l'Inde,  46;  son  histoire,  87. 

Thomas  Audô,  évèque  chaldéen  ^'O-jr- 
miah,  en  1894,  49. 


Tigre,  fleuve,  19. 

TiMOTHÉE  1",  son  synode  (en  786j,  66. 

TiMOTHÉE  II,  son  synode  (en  1318),  66. 

TiMOTHÉE  IsAAC,  sa  grammaire,  22. 

TiMOTHÉE,  évèque  de  Jérusalem,  sa  let- 
tre au  pape  Paul  V,  75. 

Titus,  pr.,  fils  de  David,  scribe,  en  1224, 
U2. 

Tour  'Abdin,  93. 

Tourkan,  fils  d'Abounaser,  au  xir  siè- 
cle, 112. 

Traité  des  cent  régents,  22. 


Vierge,  monastère  de  la  Vierge  à  Alqôs, 

44. 
Vies  des  saints,  13,  33,  60. 

W 

Warda  Georges,  Compositions  poéti- 
ques, 40. 


Xyste,  pape,  extrait,  73. 


Yabali.aha  I",  son  synode  (en  420),  06. 
Yaldà,  filsd'Ebedjésus,  copiste,  en  1744, 

36. 
Yézidis,  29,  58. 


Zàbê,  province,  114. 

Zafaràn,  monastère  où  réside  le  pa- 
triarche jacobite,  61. 

Zenon,  fils  du  prêtre  Soliman,  scribe, 
110. 

ZOTENBERG,  9,    121. 


BIBLIOGRAPHIE 


Le  R.  p.  Paul  Peeters,  Histoire  de  Joseph  le  Charpentier,  rédactions 
copte  et  arabe  traduites  et  annotées;  Paris,  Picard,  1911  (Évangiles 
apocryphes,  l,  pp.  xx\iii-xl  et  191-255). 

Le  Christ  lui-même,  sur  le  mont  des  Oliviers,  raconte  cette  histoire 
aux  apôtres  :  Joseph,  marié  à  l'âge  de  quarante  ans,  a  eu  quatre  fils  et 
deux  filles  durant  ses  quarante-neuf  ans  de  mariage  ;  après  la  mort  de 
sa  femme,  Marie,  âgée  de  douze  ans,  lui  a  été  -confiée.  Deux  ans  plus 
tard  a  lieu  l'Annonciation,  puis  la  naissance  du  Christ  dans  une  grotte, 
à  Bethléem,  près  du  tombeau  de  Rachel.  Le  Christ  raconte  ensuite  les 
dernières  paroles  de  Joseph,  sa  mort  le  26  abib,  son  enterrement  ;  il  re- 
commande enfin  de  le  fêter  et  termine  par  une  annonce  des  derniers 
temps. 

C'est  une  bonne  fortune  pour  une  collection  d'avoir  comme  collabora- 
teur le  polygraphe  et  le  polyglotte  qu'est  le  R.  P.  Paul  Peeters.  En  sus  de& 
travaux  professionnels  des  Bollandistes,  il  publie  de  nombreuses  études 
dans  les  Analecta.  il  vient  d'éditer  la  longue  liste  de  toutes  les  publica- 
tions hagiographiques  orientales  antérieures,  et  surtout  il  analyse,  ap- 
précie et  critique  les  publications  récentes  dans  les  langues  les  plus 
diverses  :  arabe,  arménien,  copte,  éthiopien,  géorgien,  russe,  syriaque 
et  même  langue  du  Kurdistan.  C'est  avec  une  vive  curiosité  que  nous 
l'avons  vu  quitter  les  in-folio  des  Acta,  les  esquisses  des  Analecta  et  la 
critique  —  mondiale  —  pour  nous  soumettre  ce  petit  volume,  d'autant 
que  nous  avons  chance  de  l'y  trouver  lui-même,  car  le  sujet,  plus  apo- 
cryphe que  hagiographique,  le  rend  indépendant  des  fiches  amassées 
par  ses  laborieux  prédécesseurs. 

Les  manuscrits  de  la  version  arabe  sont  nombreux  :  la  Bibliothèque 
Nationale  de  Paris  en  compte  quatre.  Cependant  l'édition,  trois  fois  réé- 
ditée (1),  a  été  donnée  d'après  un  seul  manuscrit;  aussi,  nous  dit  le  R.  P. 
P.  P.,  €  elle  contient  un  trop  grand  nombre  de  non-sens  qui  tiennent  en 
partie  au  mauvais  état  du  texte  ou  de  l'édition  ».  Quelques  collations 

(1)  Parïhilo,  par  Giles  (Londres,  1852,  Codex  apocr.  Novi  Test.,  p.  1-11,  m-xiv,  inconnu 
du  P.  P.)  et  par  de  Lagarde. 


BIBLIOGRAPHIE.  325 

semblent  donc  utiles  et  môme  indispensables;  le  R.  P.  Paul  Peeters  nous 
confie  même,  dans  une  note,  qu'il  aurait  voulu  en  faire  (1),  mais  il  en  est 
resté  à  la  velléité,  et  il  remplace  les  manuscrits  par  des  «  conjectures  » 
pour  lesquelles  il  prie  «  le  lecteur  non  initié  »  de  lui  «  faire  crédit  ».  Il 
lui  suffisait  cependant  d'écrire  une  lettre,  pour  obtenir  l'envoi  à  Bruxelles 
des  manuscrits  de  Paris  qu'il  aurait  pu  collationner  à  l'aise  (2).  Nous 
avons  d'ailleurs  déjà  trouvé  chez  lui  cette  désinvolture  vis-à-vis  des  ma- 
nuscrits, lorsqu'il  a  réédité  le  martyrologe  de  Rabban  Sliba  d'après  le 
seul  manuscrit  utilisé  par  Assémani,  sans  cherclier  s'il  n'en  existait  pas 
un  autre  (3). 

Nous  ne  croyons  pas  cependant  qu'il  ait  un  parti  pris  de  les  remplacer 
par  des  conjectures,  mais  ses  nombreux  travaux  ne  s'accommodent  pas 
de  patientes  collations,  sa  plume  est  obligée  de  «  courir  trop  vite  »,  et 
«  sans  doute  quelque  nouveau  travail  la  réclamait  déjà,  lorsque  l'encre 
de  celui-ci  n'était  pas  encore  sèche  »  (4). 

Pour  juger  des  détails  de  la  traduction  du  R.  P.  P.  Peeters,  nous  aime- 
rions savoir  quelle  édition  du  texte  arabe  il  a  suivie,  mais  il  ne  le  dit  pas 
clairement.  Il  laisse  entendre  qu'il  a  utilisé  l'édition  princeps  du  Suédois 
Wallin  avec  les  corrections  postérieures,  mais  il  y  a  chance  qu'il  ait 
peu  vu  le  travail  de  Wallin.  Il  écrit  en  effet  que  ce  Suédois  a  utilisé  le 
«  manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale  de  Suède,  arabe  CCCCXXXIl  »;  c'est 
peut-être  là  une  des  conjectures  pour  lesquelles  le  P.  P.  P.  demandait 
crédit  au  «  lecteur  non  initié  »,  il  est  en  effet  très  élégant  de  supposer 
qu'un  Suédois  a  utilisé  un  manuscrit  de  Suède.  Mais  écoutons  Wallin  : 

Ubi  illa  nobis  contigit  félicitas  ut  bibliolhecam  bibliothecarum  maximum, 
vere  illustrem,  vere  magniflcam,  vere  regiam,  hoc  est  Régis  Chrislianissimi 
et  Galliarum  monarchœ,  Ludovici  XV,  frequentaremus ,  perlustrantibus 
inter  alia  codicum  MSS  arabicorum  apparaiiim,  Historia  Josephi  sese  oh- 
tulit...  Quand  on  a  lu  ce  passage  —  sans  parler  du  titre  qui  porte  :  ex 
codice  manuscripto  Bibliothecœ  Parisiensis  nunc  primum  editus  —  on  ne 
peut  plus  oublier  que  le  manuscrit  de  Suède  est  un  manuscrit  de  Paris. 
11  est  d'ailleurs  analysé  par  Wallin,  et  on  a  reconnu  depuis  longtemps 
qu'il  porte  maintenant  le  numéro  177  (ancien  fonds  104)  (5). 

Au  lieu  de  se  borner  à  répéter  l'affirmation  de  Tischendorf  que  c  le 


(1)  p.  xxxviii,  n.  -2:  •  Nous  aurions  voulu  pouvoir  la  collationner,  par  ex.,  sur  les  mss. 
Bibl.  Nat.,  arabes  69,  m,  275.  »  Le  R.  P.  n'a  pas  note  qu'il  y  a  deux  ans,  M.  Griveau  a  si- 
gnalé un  quatrième  manuscrit  de  l'Histoire  de  Joseph,  Ar.  4'7o,  cf.  ROC,  t.  XIV  (1909), 
p.  182.  Voir  aussi  le  ms.  arabe  n°  4  de  l'Inslilut  catliolique  de  Paris. 

(-2)  Signaler  un  manuscrit  lointain  (de  Venise,  par  exemple)  à  un  malheureux  auteur 
qui  ne  peut  ni  en  obtenir  le  prêt  ni  faire  le  voyage  pour  le  consulter,  est  une  plaisan- 
terie, que  se  permet  quelquefois  le  P.  P.  P.  Pour  lui  —  assure  d'ailleurs  de  trouver  dans 
toutes  les  capitales  hospiUum  et  sodalitas  —  il  lui  suffisait  d'une  lettre  pour  obtenir  le 
prêt,  à  Bruxelles,  des  mss.  de  Paris. 

^3)  Cf.  supra,  t.  XV  (1910),  p.  3-27. 

(4)  Cf.  Anal.  BoU.,  t.  XXIX  (1910),  p.  456,  1.  18-20,  et  t.  XXX  (1911),  p.  360,  1.  28-29. 

(3)  Il  porte,  sur  la  première  page,  les  cotes  successives  :  Ar.  432,  puis  381,  puis  cod. 
arab.  104  et  enOn  177. 


326  REVUE    DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

manuscrit  de  Wallin  est  certainement  de  provenance  égyptienne  »,  il 
aurait  été  facile  au  P.  P.  P.,  qui  base  sur  ce  témoignage  sa  démonstration 
de  l'origine  copte  de  la  légende,  d'ouvrir  le  catalogue  de  Paris  et  de  re- 
marquer que  les  quatre  manuscrits  de  Paris  proviennent  tous  de  l'E- 
gypte (1),  parce  que  trois  sont  datés  de  l'ère  des  martyrs  et  que  le  qua- 
trième (4775)  ne  renferme  que  des  pièces  égyptiennes.  D'ailleurs,  à 
défaut  de  Wallin,.  Tischendorf  lui  aurait  fourni  quelques  détails  intéres- 
sants s'il  l'avait  lu.  11  l'a  eu  sous  les  yeux  puisqu'il  le  cite,  mais  sa  hâte 
de  passer  à  un  autre  travail  est  telle  qu'il  «  l'a  mal  lu  ».  Nous  avons  été 
victime  de  ce  procédé  :  le  R.  P.  P.  Peeters  a  écrit  en  effet  :  »  Une  tra- 
duction française  (du  livre  d'Héraclide)  avait  été  commencée  par  feu 
l'abbé  Ermoni.  Inten'ompue  par  la  mort  de  ce  regretté  savant,  elle  fut 
achevée  ou  plutôt  refaite...  »  Voici  maintenant  ce  que  porte  le  passage 
visé  :  «  Dès  1903...  M.  l'abbé  Rrmoni  commençait  à  traduire  l'ouvrage  en 
latin;  il  s'arrêtait  d'ailleurs  vers  le  tiers  de  l'ouvrage  et  renonçait  à  con- 
tinuer (2).  »  M.  Ermoni  a  commencé  à  traduire  en  latin  et  non  en  fran- 
çais., et  il  a  renoncé  à  continuer,  plusieurs  années  avant  sa  mort.  Voilà 
donc  une  page  que  le  P.  P.  P.  a  «  mal  lue  »  et  il  va  sans  dire  qu'il  n'a 
pas  lu  du  tout  la  suivante,  ce  qui  l'a  empêché  —  toujours  à  nos  dépens 
—  de  comprendre  la  traduction  (3).  D'ailleurs  «  les  distractions  dans 
lesquelles  il  est  tombé  ici  nous  autorisent  à  supposer  qu'il  lui  en  est  arrivé 
d'autres  (4)  »  : 

C'est  un  comble,  par  exemple,  lorsque,  p.  .xxxv,  note  3,  il  nous  envoie 
lire  dans  Tischendorf,  un  récit  qui  figure  dans  son  propre  ouvrage  un  peu 
avant  V Histoire  de  Joseph.  Car  le  chap.  XLii  de  cette  histoire  n'est  qu'une 
réminiscence  du  pseudo-Thomas,  ch.  v,  ix,  xvi,  lequel  (sous  une  autre 
forme)  peut  remonter  au  second  siècle  (5).  Nous  ne  savons  pas  non  plus 
pourquoi  le  P.  P.  P.  dit  que  le  ms.  memphit.  66  est  daté  de  1068,  car  il  est 
daté  de  l'an  783  de  Dioclétien  (29  août  1066  au  29  août  1067),  et  tous  les 
auteurs  que  nous  avons  vus  donnent  1067. 

La  bibliographie  est  insuffisante.  11  est  loisible  au  P.  P.  P.  de  donner 
une  nouvelle  traduction,  «   mais  à  condition  d'indiquer  les  traductions 


(1)  Celui  de  Wallin  (177)  a  été  acheté  au  Caire,  pour  deux  piastres,  par  Vansleb,  et  se 
trouve  daté  de  l'an  1005  des  martyrs  (1289).  Il  porte  d'ailleurs  des  mots  copies  en  marge, 
f.  162,  165. 

(2)  Le  Livre  d'Héraclide,  traduction,  p.  xxïv. 

3)  Nous  écrivions  :  «  Nous  avons  laissé  subsister  l'obscurité  de  la  version  syriaque 
dans  les  quelques  endroits  où  la  suite  des  idées  n'indiquait  pas  clairement  la  correction 
à  faire,  a/?«  de  ne  pas  remplacer  la  traduction  par  une  interprétation.  •  Ibid.,  p.  xxv. 

(4)  Cf.  A7ial.  Boll,  t.  XXIX  (1910),  p.  4oo,  I.  17. 

(5)  Ceci  est  d'ailleurs  très  important  pour  le  P.  P.  P.,  car  il  renvoie  à  Tischendorf  pour 
prouver  que  le  récit  est  récent  :  .  A  parler  franc,  cette  date  (iv  siècle)  nous  parait  un 
peu  haute.  Notre  apocryphe  contient  au  chap.  xvii  une  allusion  claire  à  une  anecdote  de 
l'Evangile  de  l'enfance  (voir  Tischendorf,  op.  cit.,  p.  203)  lequel  ne  semble  pas,  à  beau- 
coup près,  aussi  ancien  ».  .Maintennnt  que  nous  avons  montré  au  P.  P.  la  source  du  cha- 
pitre XVII  djns  l'évangile  du  pseudo-Thomas,  connu  d'Irénée  et  d'Origène  et  dont  une 
rédaction  est  éditée  dans  son  propre  volume,  il  est  clair,  qu'  «à  parler  franc  »,  il  ne 
reste  plus  ici  d'objection  à  la  date  du  iv=  siècle. 


BIBLIOGRAPHIE. 


327 


françaises  qu'il  veut  remplacer.  Car  l'Histoire  de  Joseph  n'est  pas  aussi 
peu  connue  des  lecteurs  français  qu'on  le  supposerait  à  lire  le  petit  avant- 
propos  du  P.  P.  P.  (1)  ».  Gustave  Brunet  l'a  traduite  en  français  et  annotée 
dans  Les  évangiles  apocryphes,  \n-\2,  Paris,  1849,  p.  1-51.  Plus  tard,  Migne 
a  édité  à  nouveau  la  traduction  française  dans  le  Dictionnaire  des  Apocry- 
phes, Paris,  1856,  I,  1027-1044.  On  trouve  au  même  endroit  la  traduction 
française,  due  à  Dulaurier,  des  fragments  coptes.  Nous  aurions  eu  plaisir 
aussi  rapprendre  que  BoUandus,  Bollaudus  lui-même,  a  connu  notre 
apocryphe,  et  l'a  résumé  et  apprécié  d'après  un  Père  dominicain  du 
xvie  siècle.  Celui-ci  en  possédait  dès  cette  époque  une  version  latine, 
faite  sur  une  langue  qui  était,  selon  lui,  de  l'hébreu.  Ceci  a  été  développé 
par  Wallin,  repris  par  Thilo  et  cité,  d'après  Thilo,  par  Tischendorf.  Le  R. 
P.  P.  Peeters  l'aurait  trouvé  Acta  SS.,  Mars,  III,  p.  7.  Il  aurait  pu,  à  cette 
occasion,  nous  entr'ouvrir  un  peu  les  cartons  des  BoUandistes  et  nous 
dire  s'il  croit,  comme  l'aurait  écrit  BoUandus,  que  «  les  Carmes  ont 
apporté  d'Orient  la  fête  de  saint  Joseph  en  l'Église  d'Occident  et  que,  les 
Cordeliers  l'ayant  reçue  en  1399,  elle  s'est  ensuite  répandue  dans  toutes 
les  églises  latines  ..  Mais  les  quelques  pages  «  d'introduction  que  le  P.  P. 
a  mises  en  tête  de  son  texte  laissent  dans  l'ombre  cette  question  et  plu- 
sieurs autres  (2)  ». 

Nos  exigences,  dans  le  cas  présent,  n'ont  rien  d'exagéré  :  Nous  sommes 
plein  d'indulgence  en  effet  pour  les  curés,  les  vicaires,  les  professeurs  de 
science,  les  missionnaires,  qui  sacrifient  leur  repos  et  leurs  vacances  à  la 
philologie,  objet  de  leurs  études  antérieures.  Le  peu  qu'ils  font  bien  est 
pur  gain  pour  l'orientalisme,  dont  ils  n'occupent  aucune  des  chaires  ou 
fonctions  rétribuées.  Ils  ont  même  grand  mérite  à  ne  pas  employer  repos 
et  vacances  à  des  occupations  plus  lucratives  ou  plus  agréables,  au  lieu  de 
les  consacrer  à  un  travail  souvent  ingrat,  et  dont  personne  ici-bas  ne  leur 
tiendra  sans  doute  compte  —  heureux  encore  si  on  ne  leur  en  fait  pas  un 
grief!  —  Mais  nous  ne  mesurons  pas  le  R.  P.  Paul  Peeters  à  la  même  me- 
sure, parce  qu'il  est  bollandiste;  il  doit  à  ses  prédécesseurs,  à  ses  col- 
lègues et  à  la  situation  qu'il  occupe  de  nous  servir  d'exemple,  par  son 
travail,  son  sérieux  et  ses  bonnes  méthodes.  C'est  Là  sa  seule  raison 
d'être. 

Le  P.  P.  P.  nous  apprend  du  moins  ce  que  doit  être,  selon  lui,  une 
traduction.  Comme  il  n'est  pas  besoin  ici  de  collations  ni  de  recherches, 
mais  seulement  d'une  plume  alerte  et  intrépide,  il  consacre  à  cette  ques- 
tion plus  du  huitième  de  son  avant-propos.  Ce  manifeste  était  d'ailleurs 
depuis  longtemps  médité ,  car  nous  avions  déjà  noté  dans  les  .47ta/eda, 
sous  la  plume  du  P.  P.,  la  phrase  suivante  :  «  La  traduction  du  P.  C.  a 
une  allure  fort  dégagée...  Touchant  cette  question  de  principe,  nous 
avons   le   plaisir  d'être   entièrement  d'accord  avec   l'auteur   pour   des 

(1)  Cf.  Anal.  BolL,  t.  XXIX  (1910),  p.  207,  1.  7-10. 

(2)  Cf.  Anal.  BolL,  t.  XXIX  (1910),  p.  4.-,3,  1.  28-29.  Le  latin  du  Père  dominicain  Isidorus 
de  Isolanis  (1522)  vient  d'élre  traduit  en  espagnol  :  Suma  de  los  dones  de  Snji  Josn',  par 
José  Pallez,  Barcelone,  1887.  Le  P.  P.  P.  trouvera  un  long  résumé  de  Ihisloire  de  Joseph 
le  Charpentier  aux  pages  254  à  259. 


328  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

raisons  sur  lesquelles  nous  comptons  bien  nous  expliquer  à  fond  un  jour 
ou  l'autre.  »  An.  BolL,  t.  XXIX  (1910),  p.  198.  Victor  Hugo,  formulant, 
dans  la  préface  à.'Hernani,  le  programme  du  romantisme,  n'était  pas  plus 
solennel.  Voici  d'ailleurs  la  théorie  du  P.  P.  P.  : 

Nous  nous  sommes  laissé  entraîner  par  l'exemple  de  Robinson  à  serrer  la 
phrase  originale  de  plus  près  que  nous  ne  l'aurions  fait  par  conviction.  Nous 
ne  l'avons  cependant  pas  suivi  jusqu'au  bout  dans  cette  méthode  moins  pru- 
dente qu'il  ne  paraît.  Sauf  meilleur  avis,  il  nous  semble  qu'une  traduction  est 
surtout  faite  pour  ceux  qui  en  ont  besoin  et  non  pour  les  spécialistes  qui  sont 
en  mesure  de  l'interpréter  elle-même  à  l'aide  du  parler  dentelle  imite  les  allures. 
En  voulant  être  rigoureusement  littérale,  elle  risque  toujours  de  tromper,  par 
des  équivalents  approximatifs,  le  lecteur  qui  ne  connaît  pas  les  idiotismes  qu'elle 
vise  à  reproduire.  Quoi  qu'elle  tente  d'ailleurs,  elle  sera  toujours  criblée  d'in- 
conséquences, qui  peuvent  la  rendre  décevante  si  elle  affiche  la  prétention  de 
ne  rien  changer  à  son  modèle.  A  force  de  chercher  l'exactitude  du  menu  détail, 
elle  devient  fausse  dans  l'ensemble.  Par  le  tour  insolite  qu'un  traducteur  servile 
donne  à  sa  propre  langue,  il  se  rend  illisible,  sinon  incompréhensible,  sans  autre 
résultat  que  de  prêter  à  l'original  lui-même  un  air  barbare  qu'il  n'a  pas  ou  qui 
affecte  un  sens  tout  différent. 

Nous  laissons  au  P.  P.  le  soin  de  concilier  ce  manifeste  avec  la  phrase 
qu'il  ajoute  aussitôt  : 

D'autre  part,  notre  apocryphe  étant  ce  qu'il  est,  nous  n'avons  pas  cru  permis 
de  le  rendre  plus  présentable  en  atténuant  les  trivialités,  les  non-sens,  les  redites, 
les  incohérences  et  autres  défauts  qui  complètent  trop  bien  sa  physionomie  sus- 
pecte. 

Si  maintenant  nous  tournons  la  page,  pour  voir  le  P.  P.  P.  à  l'œuvre, 
nous  lisons  : 

Histoire  de  la  mort  de  notre  père,  le  saint  vieillard  Joseph  le  charpentier.  Que 
sa  bénédiction  et  ses  prières  nous  protègent  tous,  ô  mes  frères.  Ainsi  soit-il. 

Le  total  des  jours  de  sa  vie  fut  de  cent  onze  ans.  Sa  sortie  de  ce  monde  eut 
heu  le  26  du  mois  d'Abib,  qui  correspond  au  mois  d'Ab.  Que  sa  prière  nous 
garde.  Ainsi  soit-il. 

C'est  Notre-Seigneur  Jésus-Christ  qui  a  raconté  ceci  à  ses  vertueux  disciples, 
sur  le  mont  des  Oliviers,  ainsi  que  toute  la  carrière  (de  Joseph)  et  la  manière 
dont  il  termina  ses  jours.  Les  apôtres  ont  conservé  ces  saints  discours. 

C'est  donc  pour  traduire  une  cinquième  fois  ce  sermon  —  œuvre  d'édifica- 
tion à  l'usage  des  dévotes  générations  de  l'église  copte  (1)  —  que  le  P.  P. 
P.  a  rédigé  ces  phrases  si  pompeuses,  — Nous  sommes  dans  ce  cas  par- 
ticulier complètement  de  son  avis;  nous  allons  même  plus  loin  que  lui 
et  nous  croyons  qu'il  pouvait,  sans  inconvénient  aucun,  «  atténuer  les 
non-sens  et  les  incohérences  »  de  l'original.  Mais  nous  ne  pouvons  sous- 
crire à  la  thèse  générale  :  Lorsqu'une  traduction  est  mise  à  côté  d'un 
texte,  nous  aimons  en  général  qu'elle  le  suivre  d'assez  près  pour  nous 

(i)  On  lil  déjà  dans  Bollandus  que  celle  histoire  (synaxaire?)  se  lisail  aux  Ddèles 
chaque  année  le  jour  de  la  fêle  de  S.  Joseph  {loc.  cit.). 


BIBLIOGRAPHIE.  329 

en  faciliter  la  lecture,  nous  apprécions  assez  peu  le  procédé  de  P.  Bene- 
dictus  qui  a  mis,  à  côté  de  S.  Ephrem,  du  latin  cicéronien,  mais  où  l'on 
ne  peut  reconnaître  le  syriaque.  De  plus,  il  existe  de  nombreux  ouvrages 
peu  intelligibles ,  qui  demandent  des  commentateurs  (encore  ceux-ci  ne 
s'entendent-ils  pas  toujours).  Il  est  logique  qu'il  en  soit  de  même  des  tra- 
ductions de  ces  ouvrages.  C'est  pis  encore  lorsqu'un  de  ces  écrits,  incom- 
pris déjà  des  contemporains  de  l'auteur,  a  été  mal  traduit,  puis  maltraité 
par  les  copistes;  il  peut  arriver,  par  comble,  qu'il  n'en  reste  qu'un  ma- 
nuscrit mutilé  ;  on  est  alors  en  droit  de  supposer,  comme  l'écrit  ailleurs  le 
P.  P.  P.  mieux  inspiré,  que  «  le  sens  qu'on  n'y  voit  pas  n'y  est  pas  (1)  ». 
Enfin,  une  première  traduction  mérite  plus  d'égards  qu'une  cinquième, 
car  le  premier  traducteur,  en  face  de  certains  textes  théologiques,  traduit 
souvent  dans  le  dégoût  et  l'amertume  de  son  âme  (2);  lorsqu'il  a  passé 
deux  heures  sur  un  paragraphe,  sans  que  le  contexte,  les  conjectures  obvies 
et  ses  études  antérieures  lui  aient  permis  de  donner  un  sens  bien  clair  au 
mot  à  mot,  il  n'a  plus  que  le  choix  de  l'abandonner,  ou  de  lui  donner  ce 
que  le  P.  P.  appelle  «  un  coup  de  lime  »,  mais  que  le  français  usuel  appelle 
plus  justement  «  un  coup  de  pouce  »,  ou  de  livrer  le  mot  à  mot  tel  quel 
aux  commentateurs  bénévoles  en  ajoutant  tout  au  plus,  comme  l'a  fait  le 
R.  P.  P.  P.  lui-même,  à  l'occasion  de  la  liste  des  éditions  hagiographiques  : 
«  Bien  des  (imperfections)  ont  dû  nous  échapper,  nous  espérons  que  la 
bienveillance  des  lecteurs  pour  qui  nous  avons  travaillé  nous  aidera  à  les 
réparer,  »  An.  BolL,  t.  XXIX  (1910)  p.  441.  La  bienveillance  du  P.  P.,  lors- 
qu'on a  mis  trois  mille  heures  autour  d'un  travail  (3),  se  borne  parfois  à  dire 

(1)  cr.  Anal.  BolL,  t.  XXIX  (l'JlO),  p.  314,  1.  21--26. 

(2)  Tous  ces  caractères  se  trouvent  réunis  dans  le  livre  d'Héraciide,  les  textes  grecs 
étaient  déjà  incompris  —  Nestorius  et  ses  amis  l'ont  toujours  dit  —  et  il  n'en  reste  qu'un 
mauvais  ms.  d'une  difficile  traduction.  Tous  les  orientalistes  qui  l'ont  vu,  MM.  Goussen, 
Baumstark,  Ermoni,  Nau  et  Peelers,  sont  tombés  sur  cet  ouvrage  à  peu  près  comme  uu 
lévrier  sur  un  hérisson,  M.  Goussen  en  a  tiré  une  note,  M.  Baumstark  une  analyse,  M.  Er- 
moni un  commencement  de  version  latine,  pour  moi  il  m'a  fallu  toute  mon  énergie  pour 
aller  jusqu'au  bout.  Encore  est-il  resté  quelques  morceaut,  dont  je  n'ai  pu  enlever  toutes 
les  épines,  de  crainte  de  me  blesser  moi-même.  Arrive  le  P.  P.,  toujours  trop  pressé; 
il  n'a  donc  pas  lu  mon  avertissement  au  sujet  des  épines,  et...  il  semble  avoir  cruelle- 
ment souffert,  cf.  Anal.  BolL,  t.  XXX  (1911),  p.  359-60.  —  Cependant  j'avais  prévu  son  cas, 
celui  des  gens  pressés  qui  n'ont  pas  le  temps  de  commenter  les  paroles  oi)Scures,  et  j'a- 
vais écrit  un  volume  de  vulgarisation  ne  renfermant  que  des  textes  clairs.  I.e  manque  d'é- 
diteur m'a  obligé  à  le  donner  partie  chez  Bloud  (sM/:/ra,  p.  219)  et  partie  tavec  complé- 
ments) dans  la  présente  revue  {supra,  t.  XV,  365,  t.  Wi,  i  et  176^  C'est  à  ces  éditions 
simples  et  claires,  je  crois,  que  je  renvoie  les  gens  pressés  et  le  P.  P.  P.  —  Relire  plus 
haut  les  conseils  de  Sergius,  p.  .307-308. 

(3)  En  voici  le  décompte  pour  le  livre  d'Héraciide  ;  d'avril  à  juin  1909,  relu  les  manuels, 
parcouru  les  sources,  traduit  (pour  me  faire  la  main)  des  fragments  de  Bar  Salibi,  supra, 
t.  XIV,  208,  les  lettres  de  Nestorius  et  Cyrille  éditées  plus  haut,  p.  176  sqq.,  total  :  plusieurs 
centaines  d'heures.  De  juillet  au  2  novembre  1909,  traduit,  lu,  annote  le  livre  d'Héra 
clide,  soit  un  millier  d'heures.  De  novembre  à  février  1910,  parcouru  tous  les  manuscrits 
renfermant  des  inedita  de  Jean  Chrysostome,  complété  mes  notes,  rédigé  les  appendices 
et  l'introduction;  sont  venues  ensuite  les  épreuves,  sur  lesquelles  j'ai  dû  revoir  les  cor- 
rections proposées  par  M.  Briére  ;  j'ai  rédigé  l'ouvrage  de  vulgarisation  que  j'ai  du,  faute 
d'éditeur,  dédoubler  (au  mois  de  juin)  en  deux  parties  (l'une  parue  chez  Bloud,  supra, 
p.  219,  l'autre  dans  cette  revue,  1910,  p.  365  et  1911.  p.  l),  les  corrections  et  tables  ont  con- 


330  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

qu'il  aurait  fallu  y  mettre  quelques  centaines  d'heures  de  plus  —  peut-être 
pour  faire  plus  mal  (1). 

Théorie  à  part,  que  vaut  maintenant  la  traduction  du  P.  P.?  Elle  est  cer- 
tainement facile  à  lire  et,  k  la  rigueur,  suffisante  ;  mais,  ici  comme  par- 
tout chez  le  P.  P.,  nous  trouvons  trace  de  la  hâte,  qui  lui  fait  négliger  le 
texte  aussi  facilement  que  les  manuscrits,  et  qui  lui  voile  les  détails;  «  ce- 
pendant là  où  l'exactitude  littérale  est  possible,  il  vaudrait  mieux  ne  pas 
s'en  départir  sans  motif  (2)  »,  par  exemple,  dans  le  seul  petit  texte  que 
nous  avons  cité,  le  P.  P.  traduit  «  sa  bénédiction  »  lorsque  manuscrit  et 
éditions  portent  le  pluriel  i>^^y.  ;  Wallin  et  Tischendorf  ont  d'ailleurs  tra- 
duit par  benedictiones  et  Brunet  et  Migne  par  «  ses  bénédictions  ».  De 
même,  lorsque  le  P.  P.  traduit  t  les  apôtres  ont  conservé  ces  saints  dis- 
cours »,  le  texte  porte:  ^^Sj]  \Xs>  ]jhÂs^.  ^w^JJJi  J^j)]^,  «  et  les  saints 
apôtres  ont  conservé  ce  discours  »,  comme  l'ont  d'ailleurs  traduit  Tischen- 
dorf, Brunet  et  Migne. 

Nous  savons  bien  que,  dans  le  paragraphe  consacré  à  ses  prédécesseurs, 
le  R.  P.  P.  P.  a  raillé  «  le  respect  un  peu  superstitieux  de  ces  distingués 
orientalistes  pour  la  syntaxe  de  l'arabe  classique  (3)  ».  Mais  encore  ne 
faut-il  pas  sans  motif  remplacer  les  pluriels  par  des  singuliers  et  trans- 
porter le  qualificatif  d'un  nom  au  nom  suivant,  sous  peine  de  laisser  croire 
que  cette  traduction  cinquième  a  été  faite  au  courant  de  la  plume  et  qu'elle 
représente  une  somme  de  travail  assez  minime. 

Quant  au  style,  nos  citations  ont  déjà  mis  en  relief  le  ton  de  l'avant-pro- 
pos.  Nous  avouerons  au  P.  P.  que  la  suffisance  du  style,  trop  naïvement 
exprimée,  ne  peut  qu'attirer  des  conflits,  toujours  regrettables  et  inutiles, 
chaque  fois  qu'on  rencontre  une  suffisance  égale  —  à  tort  ou  à  raison  — 
à  la  sienne.  Certaine  préciosité  (4)  et  l'affectation  de  remplacer  le  «  sou- 
vent» des  anciennes  traductions  parla  locution  vieillotte  «  souventesfois  », 
se  rapproche  trop  du  genre  de  M.  Amélineau.  La  locution  «  à  parler  franc  », 
par  contre,  semble  bien  propre  au  P.  P.,  mais  c'est  au  moins  pour  la 
quatrième  fois  de  cette  année  que  nous  la  trouvons,  à  la  page  xxxv,  dans 
un  de  ses  écrits;  elle  devient  un  vrai  cliché  (5). 


duit  à  la  lin  d'octobre  1910,  soit  plus  d'un  millier  d'heures;  d'ailleurs  le  R.  P.  Bedjan  a 
travaillé  plus  de  cent  heures  et  M.  Briere  plus  de  cinq  cents  sur  ce  même  ouvrage. 

(1)  Car  le  R.  P.  P.  P.  n'aurait  pas  manqué  de  me  reprocher  de  remplacer  le  texte  par 
mon  interprétation,  à  laquelle  il  aurait  opposé  la  sienne.  —  Sa  méthode  de  recension  ne 
donne  aucune  garantie  au  patient  :  il  distribue  un  certain  nombre  de  compliments  et  — 
«•omnie  il  l'avoue  ingénument  —  «  si  l'auteur  a  adressé  une  politesse  aux  BoUandistes. 
il  glisse  sur  le  reste  »,  Aiial.  BolL,  t.  XXIX  (1910),  p.  177,  1.  2,  3;  dans  le  cas  contraire,  il 
épluche  quelques  mots,  parfois  quelques  lignes,  pour  leur  donner  une  blancheur  native 
ou  factice,  et  enfin,  à  cette  occasion,  il  conseille,  il  plaisante,  il  égratigne  ou  il  mord, 
suivant  le  sujet.  Ce  n'est  pas  quelques  centaines  d'heures,  ajoutées  à  quelques  milliers, 
qui  l'empêcheront  d'appliquer  sa  méthode. 

(2)  Anal.  BolL,  t.  XXIX  (1910),  p.  198,  au  bas. 

(3)  P.  xxxvni,   I.  13-lS. 

(4)  cl.  p.  xxxvn  :  1.  17  à  xxxvui,  I.  3. 

(5)  P.  xxxv.  «  A  parler  franc,  celte  date  nous  parait  un  peu  haute  ».  —  Analecta  BolL, 
t.  XXX  (19U),  p.  19  :  «  à  parler  franc,  nous  ne  le  comprenons  guère  •.  —  P.  360  :  •  à  parler 


BIBLIOGRAPHIE.  331 

Le  présent  article  montrera,  une  fois  de  plus,  quel  fossé  sépare  la  théorie 
de  la  pratique.  Car  toutes  les  idées  précédentes  sont  certainement  com- 
munes au  P.  P.  et  à  moi  :  respect  des  manuscrits,  nécessité  des  collations, 
obligation  de  ne  pas  remplaceras  collations  par  des  conjectures,  faire  des 
citations  exactes,  lire,  sinon  ce  qu'on  approuve,  du  moins  ce  qu'on  critique, 
ne  pas  dire  qu'une  traduction  latine  est  une  traduction  française  ni  qu'un 
manuscrit  de  Paris  est  un  manuscrit  de  Suède,  ne  pas  trop  sacrifier  la  bi- 
bliographie, citer  au  moins  les  traductions  françaises  que  Ton  prétend  rem- 
placer; citer  même  —  surtout  si  l'on  est  bollandiste — Bollandus,  lorsqu'il 
a  traité  de  même  sujet,  ne  pas  ignorer  les  conditions  matérielles  de  temps 
et  d'argent  (1),  ne  pas  mesurer  tous  les  textes,  toutes  les  traductions,  tous 
les  traducteurs  avec  la  même  mesure  ;  dans  le  cas  d'un  texte  facile  et  de 
vulgarisation,  qui  comporte  une  traduction  alerte,  tâcher  cependant,  sur- 
tout si  l'on  est  un  représentant  officiel  de  la  science,  de  conserver  les 
nombres  et  de  ne  pas  changer  les  compléments  de  sujet;  voir  dans  la  sim- 
plicité —  sans  pompe  ni  jeu  d'esprit  ni  ton  acerbe  —  le  principal  mérite 
du  style  et  le  meilleur  moyen  de  persuader  sans  blesser,  se  relire  pour 
supprimer  les  clichés  utilisés  trop  souvent,  etc. 

En  pratique,  par  contre,  on  vient  de  le  constater,  nous  faisons  tous 
comme  nous  pouvons,  et  le  critique  avisé  qu'est  le  P.  P.  n'a  échappé  à  au- 
cune des  fautes  qu'il  reprochait  à  des  auteurs  bénévoles,  moins  bien  placés 
que  lui  pour  les  éviter.  Mais  —j'en  appelle  aux  anciens  bollandistes  —  mes 
conseils  ne  seront  pas  inutiles  et,  dans  un  avenir  peut-être  prochain,  lors- 
que ma  santé  ne  me  permettra  plus  de  sacrifier  mon  repos  et  mes  vacances 
à  l'orientalisme,  lorsque  je  serai  au  bout  de  l'impasse  dans  laquelle  je  me 
suis  engagé  (2),  et  que  je  me  bornerai  alors  à  mes  occupations  profession- 


franc,  ils  sont  moins  rares  ».  —  P.  376  :  «  à  parler  franc,  ceUe  explication  nous  était  ve- 
nue à  l'esprit  ». 

^1)  n  ne  faut  pas  voir  le  monde  comme  un  alumnat,  où  la  nourriture  est  toujours 
prête  en  son  temps,  et  où  le  chef  de  file  fait  le  nécessaire  pour  tout  le  reste.  En  général 
les  auteurs  ont  à  se  préoccuper  de  vivre,  les  éditeurs  (auxquels  le  P.  P.  n'a  pas  encore 
songé  à  notre  connaissance)  ont  les  mêmes  préoccupations,  enfin  bien  des  auteurs  ne 
trouvent  pas  d'éditeur;  par  exemple,  après  avoir  critiqué  le  travail  du  P.  Bayan  et  avoir 
écrit  tout  ce  qu'il  faut  pour  susciter  à  son  éditeur  une  concurrence  commercialement 
désastreuse,  A7ial.  BolL,  t.  XXX  (1911),  p.  26,  le  jour  où  il  reconnaît  s'être  trompé,  il  écrit  : 
«  La  parole  est  maintenant  au  R.  P.  Bat/an,  qui,  nous  aimons  à  le  croire,  ne  se  laissera 
pas  décourager  par  les  difficultés  nouvelles  qu'on  lui  a  fait  remarquer  dans  son  utile 
entreprise  »  {ibid.,  p.  376).  C'est  très  bien  dit,  mais,  quand  on  sait  que  le  P.  Bayan  a 
surtout  souci  d'équilibrer  tous  les  mois  sa  note  d'hôtel,  c'est  grotesque.  —  D'ailleurs,  après 
un  long  travail  et  des  privations,  il  lui  faudrait  encore  trouver  un  éditeur  qui  veuille  ris- 
quer tiente  mille  francs  sur  le  synaxaire  arménien,  expose  qu'on  est  toujours  à  se  voir 
ensuite  exécuté  en  dix  lignes  par  le  R.  P.  P.  P. 

(2)  C'est  l'astronomie  qui  m'a  engagé  dans  celte  impasse.  Lorsque  je  cherchais  ma 
thèse  dans  l'astronomie  mathématique,  W  Graffin  et  M.  Paulin  Martin  m'ont  donné  le 
conseil  amical  d'éditer  l'astronomie  syriaque  de  Bar  Hébraeus  pour  me  mettre,  à  cette 
occasion,  au  courant  de  l'histoire  de  cette  science.  J'ai  commencé  ce  travail,  j'ai  donné 
une  première  note  dans  le  Bulletin  astronomique,  t.  X  (1893),  p.  259-264;  j'ai  suivi,  en 
1895,  sur  la  recommandation  de  M.  Tisserand,  directeur  de  l'Observatoire  de  Paris,  les 
cours  pratiques  qui  étaient  alors  faits  à  Montsouris  pour  les  officiers  de  marine  et  les 
explorateurs,  mais  la  mort  àubite  de  M.  Tisserand  (20  octobre  1896)  m'a  obligé  à  chercher 


332  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

nelles  qui  sont  d'enseigner  les  éléments  de  la  géométrie  analytique  et  du 
calcul  différentiel  et  intégral,  j'apprendrai  que  durant  ce  temps  le  R.  P. 
P.  P.  aura  continué,  avec  distinction,  la  carrière  philologique  pour  moi 
interrompue,  et  j'aurai  le  plaisir  de  l'applaudir,  un  peu  mûri,  comme  l'un 
des  successeurs  du  R.  P.  de  Smedt  à  l'Académie  royale  de  Bruxelles  et  à 
l'Académie  des  Inscriptions  de  Paris  (1). 

F.  Nau. 

H.    Delehaye,  Bollandiste,  Les  légendes  grecques   des    saints   militaires, 
Paris,  Picard,  1909,  x-272  pages,  8". 

Le  R.  P.  Delehaye  étudie,  dans  la  première  partie  de  ce  volume  (1-126), 
la  formation  des  légendes  des  principaux  saints  militaires  :  Georges,  Mer- 
cure, Théodore,  Procope,  Démétrius.  Dans  le  Métaphraste,  leurs  légendes 
présentent  la  même  trame  qui  leur  donne  l'apparence  d'un  récit  artificiel 
appliqué  successivement  à  plusieurs  personnes.  11  était  intéressant  de 
chercher  si  cette  forme  était  la  primitive  et,  dans  le  cas  contraire,  par 
quelles  étapes  aurait  passé  le  récit  primitif  avant  d'être  fondu  par  le  Mé- 
taphraste dans  un  plan  conventionnel. 

La  question  ne  pouvait  être  élucidée  que  par  l'étude  des  éditions  et  des 
manuscrits,  et  le  P.  Delehaye,  qui  est  coutumier  des  recherches  érudites 
et  patientes,  a  trouvé  un  bon  nombre  de  textes  inédits  (il  n'en  publie  pas 
moins  de  onze  en  appendice,  p.  127-271}  qui  lui  ont  permis  de  reconsti- 
tuer un  certain  nombre  d'étapes  par  lesquelles  ces  légendes  ont  passé. 

Théodore  apparaît  pour  la  première  fois  dans  une  prédication  de  Gré- 
goire de  Nysse  et  Georges  dans  un  palimpseste  de  Vienne;  Procope  est 
connu  par  Eusèbe  ;  Mercure  était  soldat  sous  Dèce,  et  Démétrius  est  reven- 
diqué par  Thessalonique  et  par  Sirmium. 

ma  thèse  dans  une  voie  diiïérenle,  et  le  pont  s'est  trouvé  coupé  depuis  lors  entre  mes 
deux  genres  d'études.  La  philologie  ne  peut  me  procurer,  selon  toute  vraisemblance, 
aucun  avantage  matériel  ou  honorifique,  elle  n'est  qu'un  noble  emploi  de  mes  loisirs  et 
vacances  aussi  longtemps  que  ma  santé  me  permettra  de  les  employer  ainsi. 

(i)  Les  sujets  de  travaux  sont  loin  de  manquer.  Nous  nous  permettons  de  signaler  au 
R.  P.  P.  VAeCoynmenlaire  de  Théodore  de  Mopsuesle  sur  VEvanyUe  de  saint  Jean,  édité 
sans  traduction  par  M.  Chabot,  si  mon  exemple  peut  avoir  sur  lui  (luelque  influence, 
je  rengage  beaucoup  à  consai^rer  ses  premières  vacances  à  le  traduire  en  fran(,ais  (car. 
par  tout  pays,  les  langues  modernes  prennent  la  place  du  latin),  pour  nous  rendre  ainsi 
l'un  des  fleurons  du  maître  de  Nestorius.  Cette  traduction  est  attendue  avec  impatience, 
et  elle  fera  le  plus  grand  honneur  au  R.  P.  P.  P.,  qui  daignera,  en  sus  de  ses  travaux 
professionnels  de  bollandiste,  consacrer  ses  premières  vacances  à  traduire  un  commen- 
taire :  ■'  Le  travail  à  faire  est  double,  Il  faut  d'abord  trouver  un  sens  au  galimatias  du 
traducteur  syrien,  puis,  à  travers  ce  sens  apparent,  démêler  la  pensée  de  Théodore  • 
(An.  BolL,  t.  XXX,  1911,  p.  359i;  mais  de  quelque  manière  que  le  P.  P.  exécute  ici  sou 
programme,  nous  pouvons  l'assurer  d'avance,  s'il  fait  ce  travail,  que  nous  aurons  cons- 
cience de  son  grand  mérite,  bien  qu'il  n'ait  pas  à  sortir  pour  cela  du  cercle  de  ses 
études.  Il  comprendra  un  jour  aussi  quelle  autorité  une  traduction  princeps  d'un  ouvrage 
diflicile  donnerait  à  ses  paroles.  Il  est  seul  aujourd'hui  ù  ne  pas  voir  ce  qu'a  de  faux  le 
rôle  d'un  magniloquent  critique,  qui  ne  ligure  encore  dans  les  bibliothèques  que  par 
quelques  extraits  de  la  revue  de  ses  confrères  et  qui,  cependant,  depuis  six  ans  déjà, 
distribue  l'éloge  et  le  blâme,  assigne  des  rôles  et  gourmande  de  prétendus  paresseux. 


BIBLIOGRAPHIE.  333 

Signalons  ici  la  mort  du  R.  P.  Charles  de  Smedt,  S.  J.,  président  de  la 
Société  des  Bollandistes,  né  à  Gand  le  6  avril  1833,  mort  à  Bruxelles  le 
4  mars  dernier.  Il  était  l'un  des  maîtres  de  la  science  historique  :  sans 
parler  de  ses  travaux  personnels  (voir  Bévue  d'hisl.  eccL,  1911,  p.  347-350, 
357),  c'est  lui  qui  a  provoqué  l'édition  des  nombreux  catalogues  de  manus- 
crits hagiographiques  édités  par  ses  confrères  ;  l'histoire  en  effet  ne  peut 
être  basée  que  sur  les  sources,  éditées  ou  manuscrites,  étudiées  avec  com- 
plète probité  scientiflque.  Combien  d'éditions  sont  à  refaire  pour  n'avoir 
utilisé  qu'une  partie  des  sources.  Le  premier  travail  était  donc  celui  des 
catalogues.  En  même  temps,  il  a  fondé  les  Analecta  Bollandiana,  qui  per- 
mettent de  tenir  le  public  au  courant  des  publications  hagiographiques  ; 
son  activité  bienfaisante  et  féconde  le  fera  longtemps  regretter,  mais,  du 
moins,  dans  la  petite  famille  dont  il  était  le  père,  non  déficit  aller,  hureus. 

F.  Nau. 


Sylvain  Grébaut,  Les  trois  derniers  traités  du  Livre  des  Mystères  du  ciel 
et  de  la  terre;  texte  éthiopien  édité  et  traduit  dans  Pal  roi.  Or.,  t.  VI, 
fasc.  3.  Paris,  1911,  Firmin-Didot. 

Dans  une  note  historique  bien  conduite,  M.  Nau  publie  la  partie  de  la 
correspondance  de  Peiresc,  relative  à  l'acquisition  du  manuscrit  117,  qui 
seul  (le  manuscrit  118  n'étant  qu'une  copie  du  manuscrit  117)  contient 
notre  t  Livre  des  Mystères  du  ciel  et  de  la  terre  ».  Informé,  en  1633,  par  le 
capucin  Gilles  de  Loches,  qu'il  y  avait  en  Egypte  un  livre  éthiopien  d'Hé- 
noch,  Peiresc  cherche  à  se  le  procurer  par  divers  intermédiaires  :  Magy, 
Georges  l'Arménien,  sans  doute  aussi  Vermeil.  Puis,  lorsqu'il  a  enfin  en 
sa  possession  (4  nov.  1636)  le  «  Livre  des  Mystères,  etc..  »  —  qu'il  croit, 
à  tort,  être  le  livre  tant  désiré  d'Hénoch  —  il  s'emploie  avec  beaucoup 
de  patience,  même  en  s'adressant  au  cardinal  Barberin,  et  à  Bourdaloue 
(20  janvier  1637),  à  faire  venir  à  Aix  le  P.  Gilles,  qui  lui  a  promis  de  tra- 
duire le  précieux  manuscrit.  Il  meurt  (24  juin  1637),  sans  avoir  pu  réa- 
liser son  rêve,  lequel  était  de  *  faire  imprimer  »  et  «  traduire  »  le  livre 
qui  lui  avait  coûté  tant  de  lettres  et  procuré  tant  de  soucis. 

M.  Sylvain  Grébaut  vient  de  combler  le  vœu  de  Peiresc,  en  publiant  et 
en  traduisant  la  fin  de  ce  livre  (2*,  3^  et  4«  traités),  dont  le  1«'  traité  avait 
été  publié  par  MM.  Perruchon  et  Guidi  en  1903  (Patr.  Orient.,  l,  1).  Peut- 
être  ce  livre  est-il  un  des  rares  ouvrages  originaux  de  la  littérature  éthio- 
pienne? 

Le  2'"  traité  est  une  explication  de  l'Apocalypse,  faite  par  S.  Jean  lui-même 
à  Abba  Zosime.  L'exégèse  employée  est  très  symboliste;  les  digressions, 
nombreuses. 

Le  3^  traité  est  une  dissertation  sur  Dieu,  la  Trinité,  l'Hexaméron,  l'es- 
chatologie, dont  les  origines  du  monde  n'ont  été  qu'un  symbole. 

Le  4«  traité  renferme  des  computs  —  véritables  énigmes  —  et  symboles 
relatifs  à  Adam,  Hénoch,  Noé,  Abraham,  Isaac,  Jacob,  Joseph,  etc. 


334  REVUE    DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

L'ouvrage  se  donne  comme  un  livre  rt'servé  à  des  initiés  ;  il  est  forte- 
ment influencé  par  les  idées  et  les  meth'  /.os  de  la  cabbale,  particulière- 
ment laméthode  symboliste,  qui,  pratiquée  tvr.s  retenue,  permet  à  l'auteur 
de  retrouver  dans  le  texte  sacré  tout  ce  qu'il  /eut  y  mettre,  et  lui  permet 
par  exemple  d'appliquer  au  Fils  de  Dieu,  grâce  à  deux  étymologies  fan- 
taisistes, un  passage  de  l'Apocalypse  (ix,  11),  qui  manifestement  se  rap- 
porte à  Satan. 

Sous  ce  symbolisme  effréné,  hérité  de  la  cabbale,  il  y  a  des  renseigne- 
ments intéressants  à  glaner.  Le  dogme  de  la  Trinité  est  nettement  professé 
(il,  16,  20;  III,  1,  2).  Notre-Seigneur,  dont  la  divinité  est  affirmée  (m,  5),  re- 
çoit dans  le  cours  de  l'ouvrage  différents  noms  :  le  Fils,  l'Unique,  le  Fils 
Unique,  le  Seigneur,  le  Christ,  l'Aimé,  l'ange  de  la  Vie,  l'Auteur  du 
bien,  le  Verbe  du  Père,  le  Verbe  de  l'E.sprit-Saint,  le  Christ-Roi.  Marie 
a  été  vierge  d'une  «  virginité  unique  »  (iv,  16).  Pierre  est  le  c  prince  des 
apôtres  »  (ii,  19).  Il  a  eu  son  siège  à  Smyrne,  d'après  l'explication  sui- 
vante, donnée  ii,  3  :  «  Celui  qui  a  été  jeté  en  prison  (Apocalypse,  ii,  8),  qui 
est-ce,  dis-je?  Il  (S.  Jean)  me  dit  :  c'est  Pierre,  mon  frère.  »  Cette  explica- 
tion fantaisiste  de  Apoc.  ii,  8,  est  due  sans  doute  au  fait  de  l'emprisonne- 
ment de  Pierre  (Actes,  xii,  3-17).  D'ailleurs,  si  Smyrne  a  été  le  siège  de 
Pierre,  c'est  Rome  qui  est  «  le  grand  siège  de  Pierre  »  (ii,  16).  L'apôtre 
Jean  est  resté  vierge  (ii,  3)  ;  il  est  le  «  Théologien  de  la  divinité  >  (m,  6); 
l'apôtre  Jacques  (le  mineur)  a  été  tué  par  Esêwos  (ii,  21);  quant  à  Paul, 
dont  les  écrits  sont  plusieurs  fois  cités,  il  est,  selon  notre  auteur,  symbolisé 
par  la  tourterelle,  dont  il  est  parlé  dans  Gen.  xv,  9.  Recueillons  aussi  celte 
notice  sur  les  évangélistes  :  c  Jean  a  écrit  dans  la  langue  de  Rome  (le  grec) 
aux  gens  d'Éphèse.  En  effet,  Éphèse,  c'est  Rome.  Luc  aussi  a  écrit  dans 
la  langue  de  Rome.  Marc  a  écrit  en  copte.  Matthieu,  en  hébreu.  » 

Le  baptême  qu'Abraham  a  reçu  (iv,  9),  d'après  ie  livre  du  Kidân,  et 
dont  la  €  clé  »  a  été  donnée  à  Jean  Baptiste,  le  dernier  des  prophètes 
(II,  7),  est  symbolisé  par  l'huile,  dont  il  est  parlé  dans  Apoc.  vi,  6,  parla 
porte,  qui  est  ouverte  et  que  personne  ne  peut  fermer  (ii,  3).  11  est  néces- 
saire pour  le  salut  (m,  3);  l'Eucharistie  apparaît,  m,  4,  7;  et  la  Péni- 
tence, IV,  19. 

L'auteur  connaît  7  livres  de  l'Église  (ii,  5)  :  l'Évangile  en  entier,  les 
épîtres,  qu'ont  envoyées  les  apôtres  (épîtres  catholiques)  ;  les  Actes  des 
apôtres  ;  les  épîtres  de  Paul  en  entier,  le  Sinodos  en  entier,  l'Apocalyse  ; 
le  Kidân,  qui  est  le  livre  des  Mystères  (ii,  11)  et  les  Didascalia.  A  côté  de 
ces  livres  l'auteurparle  des  «  écritures  qui  sont  cachées  >  (ii,  9);  il  les  énu- 
mère  :  «  de  la  Loi,  il  y  en  a  3;  (l'auteur  cite  ailleurs  (ii,  16;  iv,  21)  les 
5  livres  de  la  Loi)  ;  de  David,  5  ;  d'Isaïe,  7  ;  de  Zacharie,  1  ;  de  Jérémie, 
3;  de  Sirach,  2  »  ;  et  pour  la  Loi  nouvelle  :  «  4  de  l'Évangile;  12,  dit-on, 
de  Pieri-e;  4  de  Paul;  7  de  Jean;  1  de  Jacques  ». 

Le  démon  occupe  une  assez  large  place  dans  le  second  traité  (commen- 
taire de  l'Apocalypse).  Notre  auteur  lui  applique  le  passage  d'Isaïe  (xiv,  2) 
qui  vise  directement  le  roi  de  Babylone  (ii,  7).  Satan  est  aussi  l'étoile  qui 
tombe  du  ciel  (Apoc.  viii,  10);  il  est  l'absinthe,  dont  il  est  parlé  dans 
Apoc.  VHi,  11,  parce  que  sa   doctrine  est  amère.  Il  est  enfin  la  «    Bête  » 


BIBLIOGRAPHIE.  335 

dont  le  nombre,  dans  notre  livre  des  Mystères,  n'est  pas  666  (Apoc.  xiii,  18), 
mais  767  (ii,  19).  Comme  le  fait  remarquer  M.  Grébaut  (Introduction, 
p.  368),  ce  changement  de  666  en  767  peut  s'expliquer  par  la  confusion 
des  deux  lettres  éthiopiennes  qui  servent  à  rendre  les  chiffres  6  {%)  et  7 
%),  puisque  l'auteur  décompose  le  nombre  767  en  200  -f  300  +  200  + 
30  +  37,  chacun  de  ces  nombres  désignant  un  des  chefs  des  armées  de 
Satan  (ii,  19). 

Ce  trop  rapide  aperçu  fait  au  moins  entrevoir  tout  l'intérêt  de  la  belle 
publication  de  M.  Sylvain  Grébaut. 

Jean  Pressoir. 


Michel  Tamarati,  L'Eglise  Géorgienne  des  origines  jusqu'à  nos  jours, 
Rome,  1910,  xvi-710  pp. 

Le  problème  historique  que  pose  le  savant  livre  de  M.  Tamarati  me  sem- 
ble être  un  de  ceux  que,  pour  plus  de  clarté,  il  convient  d'étudier  suivant 
la  méthode  scientifique  en  passant  du  connu  à  l'inconnu.  J'ai  connu  person- 
nellement un  prêtre  instruit  et  zélé,  de  nom  Athanase  Naskidis,  Géorgien 
de  race,  de  nationalité  Russe,  qui  avait  célébré  successivement  la  liturgie 
en  arménien,  en  grec,  en  slave  et  qui  finit  ses  jours  célébrant  la  messe 
latine  :  il  avait  étudié  le  latin  et  la  théologie  chez  les  Pérès  jésuites  de 
Montauban.  —  A  Rome,  à  Constantinople,  les  prêtres  géorgiens  adoptent 
indifféremment  le  rite  grec,  ou  le  rite  latin.  Au  Caucase  ils  n'ont  le  choix 
qu'entre  le  rite  arménien  ou  le  rite  latin  avec  certaines  prières  liturgi- 
ques en  langue  géorgienne;  là  l'arménien  joue,  semble-t-il,  le  rôle  de  la 
langue  grecque  imposée  aux  Slaves  de  la  Macédoine  et  jadis  à  ceux  de  la 
Bulgarie,  situation  qui  a  eu  son  dénouement  par  la  création  de  l'exarchat 
Bulgare  à  Constantinople.  L'exarchat  russe  schismatique  de  Caucasie 
pourrait  sans  doute  être  contrebalancé  par  l'institution  d'un  exarchat 
géorgien  catholique;  mais  son  siège  devrait  être  aussi  Constantinople, 
car  le  gouvernement  de  la  Russie  ne  l'accepterait  point.  Tel  est  l'état  de 
choses  actuel. 

En  remontant  le  cours  des  siècles,  nous  traversons  une  période  de 
400  ans  environ  (milieu  du  xvi''  à  la  fin  du  xix*")  sur  laquelle  le  livre  de 
M.  Tamarati  apporte  les  renseignements  les  plus  intéressants  puisés  aux 
archives  de  la  Propagande,  et  des  théatins,  et  des  capucins  de  Rome,  à 
la  bibliothèque  Nationale  de  Paris  (fonds  des  Ms.  géorgiens),  etc.,  dont  un 
grand  nombre  sont  inédits.  Aux  documents  propremem,  dits  viennent 
s'ajouter  des  reproductions  de  dessins  anciens  et  de  portraits,  qui  aug- 
mentent notablement  la  valeur  de  l'ouvrage  déjà  si  méritoire 

Nous  le  répétons,  comme  le  Phanar  était  encouragé  d'abord  par  la  Porte 
dans  ses  entreprises  contre  les  Slaves  des  Balkans,  ainsi  les  Arméniens 
ont  été  soutenus  par  les  Tzars  de  Pétersbourg  dans  leurs  empiétements 
religieux  sur  les  Géorgiens,  les  Mingréliens  et  autres  populations  indi- 
gènes du  Caucase,  seulement  ces  empiétements  sont  de  date  relativement 


336  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

récente.  Mais  lorsqu'on  veut  arriver  aux  origines  historiques  de  TÉglise  géor- 
gienne, on  trouve  qu'à  la  fin  du  v«  siècle,  c'est  du  patriarcat  d'Antioche 
qu'elle  reçut  une  hiérarchie,  pour  mieux  dire  un  catholicos  avec  privilège 
d'exemption;  plus  tard  l'empereur  Justinien  confirma  l'institution  en  con- 
cédant que  le  catholicos  ne  serait  plus  de  nationalité  grecque,  mais  géor- 
gienne. Il  suffit  dementionnerqu'une  tradition  attribue  à  saint  André,  ou 
plutôt  à  saint-Simon  apôtre,  compagnon  de  saint  André,  la  conversion  de  la 
Géorgie,  ou  Ibérie  comme  l'appelaient  les  anciens  :  quoi  qu'il  ensoît,  les  re- 
lations primitives  de  ces  pays  avec  l'Église  byzantine  sont  incontestables. 
Et  puis,  même  en  accordant  que  leur  clergé  ne  se  soit  point  laissé  en- 
traîner par  le  clergé  arménien  dans  sa  répudiation  du  concile  de  Chal- 
cédoine,  il  ne  s'ensuivrait  pas  qu'il  eut  existé  dès  lors  une  organisation 
géorgienne  de  l'Eglise  avec  sa  liturgie  propre  (la  traduction  des  évangiles 
et  du  psautier  en  géorgien  appartient,  d'après  les  mss.  conservés,  à  la 
période  du  viii*^  au  x«  siècle).  Et  c'est  au  fond  ce  que  se  borne  à  affirmer 
le  docte  professeur  d'arménien  à  Pétersbourg,  M.Marr,  que  notre  auteur, 
dans  des  termes  trop  vifs  et  trop  généraux  (note  2,  p.  231),  prend  à  partie 
et  accuse  de  vouloir  arméniser  toute  la  Géorgie.  En  proie  aux  invasions 
successives  des  Arabes,  des  Mongols,  des  Turcs  Seldjoucides  et  des  Persans, 
et  de  nos  jours  aux  intrigues  russo-arméniennes,  la  nationalité  géorgienne 
aurait  dû  succomber  (1).  Ce  qui  l'a  aidée  certainement  à  survivre,  c'est 
qu'elle  s'est  souvenue  de  Rome,  et  ses  fréquentes  relations  avec  le  centre 
de  la  catholicité  depuis  le  moyen  âge  jusqu'à  nos  jours,  dont  le  livre  de 
M.  Tamarati  témoigne  abondamment,  sont  à  la  fois  la  meilleure  preuve  et 
la  plus  solide  garantie  de  sa  vitalité. 

H.  D. 

(1)  Sur  la  montagne  sainte  de  l'Athos,  les  r.éorgiens  ont  été  dépouillés  de  leur  antique 
et  célèbre  monastère  d'Ibérie  par  les  moines  Grecs;  à  Jérusalem,  de  leur  lavra  de  la 
Sainte-Croix. 

P.-S.  —  Ces  lignes  étaient  imprimées  lorsque  la  correspondance  romaine  du  journal  la 
Croix  (n"  du  19  sept.  1911)  nous  apportait  la  nouvelle  de  la  fin  tragique  de  Don  Michel 
Tamarati,  aumônier  du  collège  des  Frères  à  Piazza  di  Spagna,  mort  en  se  dévouant  pour 
sauver  un  Frère  qui  se  noyait  sur  la  plage  de  S"  Marinella^près  Civita-Vecchia.  —  Son 
livre  conservera  la  mémoire  du  prêtre  courageux  et  du  Géorgien  patriote. 


Le  Directeur-Gérant  : 
F.  Charmf.tant. 


LES 
DOCUMENTS  ARAMÉENS  D'ÉLÉPHAINTINE 

(v"    SIÈCLE   AVANT   NOTRE   ÈRE) 


Grâce  à  M.  Ed.  Sachau,  qui  vient  de  reproduire,  transcrire, 
traduire  et  commenter  les  papyrus  découverts  par  la  mission 
allemande  à  Éléphantine  (1),  nous  avons  maintenant  une  idée 
assez  nette  de  la  vie  d'un  ghetto  juif  du  vi^  au  V  siècle  avant 
notre  ère. 

I.  Histoire  de  la  colonie  juive.  Il  est  certain  que  les  Juifs 
étaient  établis  à  Éléphantine  —  l'île  qui  est  en  face  d'Assouan 
ou  Syène  —  avant  l'expédition  de  Cambyse  en  Egypte  (525), 
mais  on  ne  sait  à  quelle  époque  ni  à  quel  titre  ils  s'y  sont  éta- 
blis. Étaient-ils  à  l'origine  des  commerçants  ou  des  réfugiés, 
comme  Jérémie  (586),  ou  bien  ont-ils  toujours  été  des  sol- 
dats mercenaires?  M.  Sachau  tient  pour  la  dernière  opinion 
(p.  xiv-xv)  et  leur  installation  au  temps  de  Psammétique  II 
(594-589)?  époque  à  laquelle,  d'après  la  lettre  d'Aristée,  des 
mercenaires  palestiniens  avaient  été  engagés  pour  combattre 
le  roi  d'Ethiopie. 

Au  v"  siècle,  en  tout  cas,  ce  n'était  plus  qu'une  colonie  mi- 
litaire; les  hommes,  qui  avaient  avec  eux  leur  famille,  étaient 
groupés  au  moins  sous  les  six  enseignes  de  Warêzât,  d'Arta- 
bânos,  d'Aturparan,  de  Hômadât,  d'Iddinnabou,  de  Naboukou- 
dourri.  Ces  noms  sont  sans  doute  ceux  des  Perses  (les  4  pre- 
miers) et  des  Assyriens,  qui  commandaient  les  six  sections  (2). 

(1)  Aramûische  Papyrus  und  Ostraka  aus  Eléphantine,  fol.,  xxx-290  pages  et 
75  planches  photographiques,  Leipzig,  Hinrich,  1911,  90  M.  (relié  96  M.). 

(2)  Les  soldats  pouvaient  être  de  nationalité  différente.  Parmi  ceux  qui  par- 
laient la  langue  araméenne,  répandue  alors  delà  Palestine  jusqu'à  rEl3'niaïde, 
les  Juifs  pouvaient  n'être  qu'une  minorité.  On  trouvera  énumérés  plus  loin  ceux 

ORIIÎNT  CHRÉTIEN,  22 


338  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Il  nous  reste  des  papiers  de  famille,  des  dénombrements  et  des 
lettres  officielles  qui  portent  sur  tout  le  v"  siècle. 

Les  Juifs  avaient  construit,  avant  525,  un  temple  avec  toi- 
ture de  cèdre  où. ils  adoraient  Yahô;  en  411,  les  Égyptiens, 
adorateurs  du  bélier,  en  renversèrent  les  colonnes  et  les  cinq 
portails,  le  pillèrent  et  y  mirent  le  feu.  Les  Juifs  adressèrent 
leurs  plaintes  au  préfet  de  Judée,  au  grand  prêtre  et  aux 
Perses.  Ceux-ci  réprimèrent  la  révolte  mais  ne  permirent  pas 
la  reconstruction  du  temple.  Ce  n'est  qu'en  Tan  408,  après  de 
nouvelles  instances,  qu'ils  obtinrent  la  permission  de  réédifier 
le  temple  et  d'y  offrir  oblation  et  encens.  Ils  disparurent  sans 
doute  en  même  temps  que  la  domination  perse,  lorsque  l'Egypte 
secoua  le  joug  étranger  (405). 

II.  Les  monuments  araméens.  Ils  sont  contenus  jusqu'ici 
dans  l'édition  de  MM.  A.  B.  Sayce  et  A.  E.  Cowley,  Aramaic 
papyri  discovered  at  Assuan,  4°,  79  pages,  27  planches,  Lon- 
dres, 1906,  et  dans  la  publication  de  M.  Sachau  mentionnée 
plus  haut  (1).  Voici  un  court  résumé  de  leur  contenu  : 

Les  papyrus  Cowley  sont  notés  ABCDEFGHJKL.  A  est  daté 
de  la  15'  année  de  Xercès,  le  18  Éloul,  qui  est  le  28  de  Pachons 
(12  sept.  471,  d'après  M.  Pognon,  Comptes  rendus  de  V Acadé- 
mie des  Inscriptions,  1911,  p.  504)  (2).  Qoniah,  fils  de  Sadoc, 
araméen  de  Syène,  de  la  troupe  de  Warizath,  reconnaît  à  Mah- 
syah  la  propriété  d'une  cour  située  entre  leurs  maisons  et  d'un 
)^>%,;  et  r.^/  (toit,  mur,  marché,  temple),  où  Qoniah  a  obtenu  la 
permission  de  bâtir  (3). 

Best  daté  de  l'an  465  (ou  2  janv.  464,  Pognon,  loc.  cit.). 
Dargman,  le  Khorazmien,  renonce  à  contester  à  Mahsyah  la 

qui  payaient  le  denier  du  culte  à  Yahô,  il  n'y  avait  pas  plus  de  VZo  noms,  parmi 
lesquels  on  distingue  encort  35  femmes  et  une  cinquantaine  d'hommes.  Les  Juifs, 
adorateurs  de  Yahô,  ne  pouvaient  donc  être  qu'une  minorité,  car  l'armée  qui 
veillait  sur  la  Nubie  devait  comprendre  quelques  milliers  d'hommes.  Les  préoc- 
cupations de  ces  Juifs  semblent  toutes  d'achat,  de  constructions  et  d'affaires, 
aussi  nous  ne  croyons  même  pas  pouvoir  les  comparer  à  nos  bataillons  de 
Sénégalais,  mais  peut-être  à  une  sorte  de  garde  nationale. 

(1)  La  mission  française  a  trouvé  aussi  des  osiraka  dont  M.  Clermont-Gan- 
neau  prépare  l'édition;  elle  n'a  pas  trouvé  de  papyrus  araméens. 

(2)  M.  Pognon,  loc.  cil.,  comme  JI.  D.  Sidersky,  Journal  As.,  nov.  déc.  1910, 
p.  587,  tient  que  le  calendrier  sémitique  utilisé  ici  est  le  calendrier  babylonien. 

(3)  On  trouve  ailleurs  Hû»,^^  —  àyopâ.  C'est  ce  sens  de  place  (place  publique? 
marché?),  plutôt  que  celui  de  mur,  que  nous  donnerions  aussi  à  1^/- 


LES    DOCUMENTS   ARAMÉENS   d'ÉLÉPHANTINE.  339 

possession  d'un  terr?ir .  Celui-ci  a  juré  par  le  Dieu  Yahô  que 
ce  terrain  était  bien  à  lii. 

C  et  D,  de  Tan  459,  sont  relatifs  au  mariage  de  Mibtahyah, 
fille  de  Mahsyah.  Le  père  donne  un  terrain  à  bâtir,  celui  du 
papyrus  B,  et  permet  à  son  gendre  d'y  construire  une  maison; 
si  sa  fille  demande  le  divorce,  toute  la  maison  restera  à  ses 
enfants;  si  le  gendre  demande  le  divorce,  la  fille  aura  la  moitié 
de  la  maison,  et  la  maison  entière,  après  la  mort  du  père,  re- 
viendra à  ses  enfants. 

E,  de  l'an  446,  est  l'acte  de  donation  d'une  maison,  donnée 
par  Mahsyah  à  sa  fille  Mibtahyah,  en  retour  de  sommes  d'ar- 
gent qu'elle  lui  a  prêtées.  On  trouve  les  noms  des  quatre  voi- 
sins :  à  son  septentrion,  l'autel  de  Yahô,  dieu;  à  son  couchant, 
le  terrain  de  Narduk,  fils  de  Palto,  prêtre  de  Khnoum  et  de 
Sati,  divinités. 

F  et  G  sont  de  440.  Le  premier  enregistre  un  règlement  de 
comptes  entre  Mibtahyah  et  l'architecte  égyptien  Pi',  fils  de 
Pakhi,  de  Syène;  le  second  est  le  contrat  de  mariage  de  la 
même  personne  avec  Ashor.  Elle  est  sans  doute  divorcée,  car 
son  premier  mari  (voir  D)  semble  figurer  parmi  les  témoins. 
Ashor  paie  cinq  sicles  à  son  beau-père;  on  énumère  aussi  le 
trousseau  de  l'épouse  qui  le  gardera  en  cas  de  divorce. 

Dans  les  pièces  H,  J  et  K,  datées  de  421, 4 IG  et  410,  les  deux 
fils  de  Mibtahyah  et  Ashor  (appelé  aussi  Nathan)  reçoivent 
quittance  d'un  dépôt  qu'ils  ont  rendu  et  désistement  sur  une 
maison  qu'ils  ont  achetée  (peut-être  la  maison  du  premier  mari 
de  leur  mère);  enfin,  ils  commencent  à  se  partager  l'héritage 
de  leur  mère.  Il  y  figure  une  esclave,  nomméeTebô,  et  ses  trois 
fils,  Petosiris,  Belo  et  Lilou;  la  mère  et  le  dernier  fils  sont  lais- 
sés indivis. 

L  date  sans  doute  des  environs  de  450. 11  est  relatif  à  un  prêt 
d'argent.  L'intérêt,  que  M.  Clermont-Ganneau  estimait  être  du 
12  2  %,  semble  être  en  réalité  du  60  ^;  il  était  payable  mois 
par  mois. 

Tous  ces  documents  sont  donc  les  titres  d'une  même  famille, 
de  la  famille  de  Mahsyah,  qui  habitait  dans  l'île  d'Éléphan- 
tine(l). 

(1)  La  transcription  des  pap3'rus  Cowley  avec  des  sommaires  et  des  notes  par 


340  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Les  monuments  édités  par  M.  Sacliau  sont  répartis  en  six 
groupes:  1°  Missives  et  lettres  d'un  caractère  officiel  et  privé; 
2°  Listes  de  noms  de  personnes;  3°  documents  d'affaires; 
4°  littérature;  5°  Petits  fragments;  6"  Ostraca,  estampilles  de 
jarres,  étiquettes.  Certains  sont  datés  de  494  (table  30);  483 
(t.  25)  ;  461  (t.  26)  ;  456  (t.  29)  ;  428  (t.  5)  ;  419  (t.  6)  ;  412  (t.  9)  ; 
407  (t.  1). 

Les  deux  premières  pièces,  datées  de  407,  sont  les  brouillons 
des  lettres  adressées  à  Bagolii,  gouverneur  de  Judée  pour  le  roi 
de  Perse,  et  à  Delàyâ  et  Selemyâ,  fils  de  Sanaballat,  préfet  de 
Samarie.  Dans  ces  lettres  ledoniah  et  ses  collègues,  les  prêtres 
de  la  place  forte  d'Éléphantine,  racontent  la  révolte  des  Égyp- 
tiens et  sa  répression,  et  demandent  la  permission  de  rebâtir  le 
temple  de  Yahô  que  Cambyse  avait  respecté,  tandis  qu'il  dé- 
truisait les  temples  des  Égyptiens,  et  qui  vient  d'être  renversé 
en  411  par  les  prêtres  de  Hnoub,  avec  l'aide  de  Nepajan,  fils 
du  gouverneur  Waidereng;  ils  ont  déjà  écrit  à  ce  sujet  au 
grand  prêtre  de  Jérusalem  lehohanan  et  à  Ostanès,  frère 
d'Ananie,  et  aux  nobles  d'entre  les  Juifs. 

On  trouve  ensuite,  p.  26-27,  le  papyrus  de  Strasbourg  qui  est 
relatif  à  la  même  révolte  et,  p.  28-29,  le  résumé  de  la  réponse 
orale  de  Bagohi(Bagoas)  et  Delàyâ  :  «  tu  diras  en  Egypte  devant 
Arsam,  au  sujet  du  temple  du  Dieu  du  ciel  qui  existait  dans  la 
ville  forte  de  Jeb  (Éléphantine)  dès  avant  Cambyse,  et  qui  a 
été  détruit  par  le  défunt  Waidereng,  l'an  14  du  roi  Darius, 
qu'on  le  bâtisse  de  nouveau  à  son  ancienne  place,  comme  il 
était  auparavant,  pour  qu'ils  offrent  sur  cet  autel  oblation  de 
nourriture  et  d'encens,  comme  on  avait  coutume  de  le  faire 
auparavant.  » 

Sanaballat  est  connu  par  Néhémie,  ch.  ii,  iv,  vi,  xiii.  Il  était 


W.  Staerk,  8°,  39  pages,  est  en  vente  pour  un  mark  à  la  librairie  Jlarcus  et 
Weber  à  Bonn  (Die  judisch-Aramaeischen  papyri  von  Assuan).  La  même  librai- 
rie a  donné  la  transcription  des  trois  premiers  papyrus  Sachau,  Aramaeische 
Urkunden,  S"  16  pages,  OM.  60,  mais  il  vaut  mieux  se  procurer  ici  l'ancienne 
publication  de  M.  Sachau,  Drei  aramiiische  Papyrusurkunden  ans  Eléphantine, 
4%  46  pages  et  2  tables  photographiques  qui  montrent  l'écriture,  déjà  très 
proche,  à  cette  époque,  de  l'hébreu  carré,  2»  éd.,  Berlin,  Reimer,  1908  (Extrait 
des  Abhandl.  der  k.  pr.  Ak.,  1907).  —  A.  Ungnad  vient  de  donner  une  édition 
manuelle  dos  papyrus  Sachau,  Aram.  Pap.  avs  Eleph.  (viii-119  pages),  Leipzig, 
Hinrich,  1912,  M.  3. 


LES    DOCUMENTS   ARAMÉENS   d'ÉLÉPHANTINE.  341 

sans  doute  mort  (ou  du  moins  retraité)  en  407,  puisqu'on  s'a- 
dresse à  ses  fils  et  que  c'est  un  de  ses  fils  qui  répond  avec 
Bagoni.  Le  grand  prêtre  lehohanan  ou  lohanan  figure  dans 
Néhémie,  xii,  22.  Bagohi,  ou  Bagoas,  est  connu  par  Josèphe  (1). 
Ces  pièces^  nous  donnent  une  idée  des  difficultés  bien  plus 
grandes  que  Zorobabel  a  dû  surmonter  pour  reconstruire  le 
temple  de  Jérusalem.  Le  temple  d'Éléphantine,  bâti  avant  525, 
l'a  donc  été  au  moment  où  celui  de  Jérusalem,  détruit  en  587, 
n'existait  plus,  puisque  la  construction  de  Zorobabel  n'a  été 
terminée  qu'en  516  et  qu'Esdras  n'y  est  venu  qu'en  459.  Du 
moins,  après  la  reconstruction  du  temple  de  Jérusalem,  la 
prescription  sur  l'unité  du  culte  s'opposait  à  ce  qu'on  en  cons- 
truisît un  à  Éléphantine  et  cela  nous  explique  pourquoi  le  grand 
prêtre  n'a  pas  répondu  à  la  requête  qu'on  lui  adressait.  On 
notera  aussi  que  le  nouveau  temple  n'était  sans  doute  qu'une 
synagogue  avec  pains  de  proposition  (?)  et  encens,  puisque  Ba- 
gohi ne  semble  pas  permettre  de  sacrifices  sanglants.  Les 
chefs  de  la  communauté  paraissent  avoir  réclamé  contre  cette 
restriction  (pap.  5;  table  4);  on  leur  faisait  d'ailleurs  savoir  à 
quelle  date  et  comment  ils  devaient  célébrer  la  Pâque  (pap.  6; 
table  6). 

Vient  un  appel  contre  un  jugement  porté  par  le  fils  de  Wai- 
dereng,  et  une  lettre  d'Arsam,  gouverneur  de  l'Egypte,  relative 
à  la  construction  de  navires.  C'est  durant  une  absence  de  cet 
Arsam  que  les  Égyptiens  s'étaient  révoltés.  Le  papyrus  10  nous 
apprend  d'ailleurs  qu'il  a  donné  encore  d'autres  causes  de  mé- 
contentement aux  Juifs  qui  l'ont  accusé  à  Memphis  devant  un 
tribunal  supérieur  parce  qu'il  avait  prévariqué. 

La  papyrus  11  (table  12)  raconte  une  erreur  judiciaire  de  Wai- 
dereng  et  recommande  deux  de  ses  victimes  à  la  communauté 
juive  d'Éléphantine.  Après  quatre  lettres  privées,  on  trouve  une 
liste  de  Juifs  tués,  dépouillés  ou  emprisonnés  à  Éléphantine. 
«  L'ordre  n'est  pas  encore  rétabli.  Donc  tiens-toi  en  paix  dans 
ta  maison,  et  tes  fils,  jusqu'à  ce  que  Dieu  ait  pitié  de  nous.  » 
Yédoniah,  le  chef  des  Juifs  dans  les  documents  précédents,  a  été 
tué;  il  s'agit  donc  sans  doute  d'une  nouvelle  révolte  qui  a 


(1)  Voir  aussi  le  commentaire  du  R.   P.  Lagrange  sur  ces  trois  papyrus,  dans 
Revue  biblique,  N.  S.,  t.  V  (1908),  p.  325. 


342  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

abouti  à  chasser  les  Perses  de  l'Egypte;  les  mercenaires  juifs 
ont  été  massacrés  et  quelques  papyrus  ensevelis  sous  les  ruines 
de  leurs  maisons  sont  venus  nous  retracer  ces  événements. 

Ce  sont  encore  des  noms  propres  (presque  tous  sémitiques) 
qui  couvrent  les  tables  17  à  24.  Signalons  tout  particulièrement 
les  tables  17-20,  qui  portent  les  chiffres  du  «  denier  du  culte  » 
juif  prélevé  à  Éléphantine  en  419-418.  Voici  le  litre  :  «  Le  3  de 
PaiT'  .inatsp,  l'an  5  (419-418?),  voici  les  noms  de  l'armée  juive, 
qui  a  donné  de  l'argent  pour  le  Dieu  Yahô,  chaque  homme 
deux  sicles  d'argent.  »  Il  ne  faut  prendre  ni  «  armée  (ii— )  »  ni 
«  homme  (r^s^,)  »  au  sens  strict,  car  s'il  y  a  une  cinquantaine 
d'hommes,  il  y  a  au  moins  trente-cinq  femmes.  Enfm  le  scribe 
totalise  :  cet  argent  s'est  trouvé  ce  jour  dans  lamain  de  Yédoniah, 
fils  de  Gemariah,  argent  :  31  kerech  8  sicles.  —  Là  dedans 
pour  Yahô,  12  kerech  six  sicles;  pour  ^^h^^l^cul;  (Ismbeitel)  7  ke- 
rech; pour  \>.i^-ii^j^  ('Anatbeitel)  12  kerech.  M.  Sachau  s'est  donc 
demandé  si  le  denier  du  culte  juif  subventionnait  aussi  deux 
idoles.  Mais  la  liste  des  souscripteurs  ne  renferme  pas  plus  de 
123  noms,  soit  246  sicles.  En  supposant  qu'il  s'agit  du  sicle 
ordinaire,  dont  20  valent  un  kerech,  cela  fait  que  le  total 
de  la  liste  est  de  12  kerech  six  sicles,  précisément  la  part  de 
Yahô(l).  Nous  supposons  que  Yédoniah  totalise  ici  trois  listes 
qui  formaient  trois  papyrus  dont  il  ne  reste  que  celui  de  Yahô, 
les  deux  autres  portaient  le  denier  du  culte  des  divinités  cana- 
néennes Ismbeitel  et  'Anatbeitel.  Car  avec  ces  Juifs  devaient 
se  trouver  d'autres  araméens,  cananéens,  samaritains,  syriens 
qui  étaient  rapprochés  par  la  communauté  du  langage  et  fai- 
saient partie  des  mêmes  enseignes;  ce  ne  sont  certes  pas 
les  50  à  80  Juifs  mentionnés  ici  avec  presque  autant  de  femmes 
qui  formaient  toute  Ja  garnison  de  la  place  forte.  On  trouve,  en 
effet,  sur  la  table  21  un  fragment  de  liste  où  chacun  paie  un 
sicle.  Sur  la  table  22  on  trouve  la  liste  de  «  tout  ce  qui  a  été 

(1)  A  l'époque  achéménide,  le  sicle  fort  (darique  forte  argent)  était  de  cinq 
grammes  deux  tiers;  vingt  de  ces  sicles  valaient  un  kerech  (ou  darique  d'or). 
Le  «  denier  du  culte  »  payé  par  les  Juifs  pour  «  Yahô,  le  Dieu  du  Ciel  », 
12  kerech  six  sicles  ou  246  sicles,  valait  donc  1.394  grammes  argent,  soit  près 
de  1.400  francs  de  notre  monnaie.  Cf.J.-A.  Decourdemanche,  Traité  pratique  des 
poids  et  mesures  des  peuples  anciens,  Paris,  1909,  p.  17.  Les  samaritains  polythéis- 
tes (qui  se  donnent  le  nom  d'araméens)  payaient  19  kerech,  ou  380  sicles  argent 
(2.153  francs),  pour  les  dieux  de  Béthel. 


LES   DOCUMENTS   ARAMÉENS    d'ÉLÉPHANTINE.  343 

fourni  à  l'armée  de  Syène  ».  Chacun  des  membres  de  cette 
«  armée  »  jurait  d'ailleurs  par  son  dieu,  l'un  par  Yahô,  un  autre 
par  Harambeitel  (26),  un  autre  par  'Anatiahô,  et  une  femme 
par  la  déesse  Sati  (1). 

Les  tables  25-39  sont  consacrées  aux  fragments  de  carac- 
tère commercial.  L'un  (25),  daté  de  483,  est  peut-être  le  plus 
ancien  papyrus  araméen  conservé;  deux  autres  (28-30)  sont 
conservés  en  entier,  avec  les  noms  du  scribe  et  des  témoins. 
Dans  tous  les  contrats  où  elle  figure  (mariage  et  commerce),  la 
femme  est  traitée  comme  l'égale  de  l'homme. 

Les  tables  40-50  contiennent  les  restes  de  l'histoire  et  de  la 
sagesse  d'Ahiqar  (cf.  ROC,  1909,  p.  106).  On  trouve  raconté 
comment  il  a  présenté  Nadan,  le  fils  de  sa  sœur,  pour  servir 
Asarhaddon,  fils  de  Sennachérib,  à  sa  place,  et  comment  il  a  été 
condamné  à  mort  et  a  été  épargné  par  le  bourreau.  Ces  récits 
sont  plus  longs  que  dans  les  versions  orientales,  d'ailleurs  tous 
les  détails  diffèrent;  de  même,  sur  100  à  120  sentences  dont  il 
reste  des  fragments,  M.  Sachau  n'en  trouve  qu'une  identique  à 
une  sentence  de  la  version  arménienne  et  trois  ou  quatre  ana- 
logues à  d'autres.  La  rédaction  des  papyrus  et  celle  du  proto- 
type des  versions  orientales  sont  donc  indépendantes  et  ne 
dérivent  pas  d'une  source  commune.  La  rédaction  des  papyrus 
a  pu  être  écrite,  dit  M.  Sachau,  de  555  à  450,  en  Assyrie;  elle 
serait  l'œuvre  d'un  païen,  parce  que  Dieu  n'y  figure  que  sous  la 
forme  v«n-vx  qui  semble  le  pluriel  v«n^  apocope.  Cependant  un 
juif  pouvait,  semble-t-il,  employer  cette  forme  comme  les 
auteurs  bibliques  employaient  dmSn,  c'est-à-dire  comme  un 
singulier  à  forme  plurielle.  Il  est  d'ordinaire  employé  isolé,  en 
un  endroit  il  est  construit  avec  le  pluriel  et  en  un  endroit  avec 
le  singulier.  D'ailleurs,  peu  importe  que  l'auteur  soit  païen  ou 


(1)  Noter  l'importance  de  Béthel. Cette  ville,  sanctifiée  par  Abraham  et  Jacob, 
était  devenue,  depuis  Jéroboam  II,  le  centre  idolàtrique  des  tribus  du  nord. 
Le  Seigneur  dit  dans  Amos,  in,  14  :  •■  Je  visiterai  les  autels  de  Béthel.  >-  Les  pré- 
sents textes  nous  donnent  les  noms  de  ces  autels.  On  adorait  à  Béthel  Ism  (le 
dieu  babylonien  Ismoun),  Haram  (le  temple  personnifié?)  et  la  déesse  'Anat, 
d'où,  en  indiquant,  comme  de  nos  jours,  le  lieu  où  <•  ils  posaient  ■•,  on  avait  les 
locutions  Ism  (de)  Béthel,  Haram  (de)  Béthel  et  'Anat  (de)  Béthel.  Plus  curieux 
est  le  nom  'Anat  (de)  Yahô,  un  samaritain  quelconque  a  voulu  la  donner  pour 
compagne  au  Dieu  de  Juda.  —  Sati  (papyrus  Cowley  F)  était  la  déesse  égyp- 
tienne d'Éléphantine. 


344  REVUE    DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

juif—  s'il  est  païen  on  comprend  même  mieux  qu'il  ne  nomme 
pas  Tobie  —  en  tout  cas  cet  écrit,  qui  peut  remonter  au  yf  siècle, 
qui  ne  nous  présente  dans  les  papyrus  aucun  anachronisme, 
aucune  invraisemlolance,  et  qui  présuppose  encore  une  tradi- 
tion orale  antérieure,  ne  peut  plus  être  traité  comme  un  simple 
conte,  il  est  antérieur  aux  contes  des  autres  littératures  et  leur 
a  plutôt  servi  de  source,  il  développe  un  fait  divers  de  la  cour 
d'Assur.  Ahiqar,  homme  puissant  et  sage,  a  pu  exister  (1);  on 
peut  retrouver  son  histoire  dans  Tobie,  ses  maximes  dans  Démo- 
crite,  ses  fables  dans  Ésope  et  sa  légende  dans  les  papyrus 
et  dans  toutes  les  littératures  orientales. 

Les  tables  52-57  portent  les  restes  d'une  version  araméenne 
de  l'inscription  de  Darius  I"  gravée  en  trois  langues  sur  les  ro- 
chers de  Béhistoun.  L'araméen  est  une  traduction  de  l'assyrien, 
car  il  porte,  comme  celui-ci,  les  dates  omises  par  le  perse  et 
l'élamite.  Il  est  très  intéressant  de  voir  Ahiqar  voisiner  avec 
cette  traduction  qui  a  sans  doute  été  faite  vers  Béhistoun,  c'est- 
à-dire  dans  le  pays  de  Tobie.  Ahiqar  ne  débute  pas,  comme  nos 
contes,  par  «  il  y  avait  une  fois  un  sage  vizir  d'un  grand  roi  », 
mais  par  (table  40)  «  Ahiqar  est  son  jiom,  scribe  sage  et  habile 
qui  instruisit  son  fils...,  le  sceau  de  Sennachérib,  roi  d'Assur, 
était  (en  sa  main)...,  Sennachérib  (mourut)  et  Asarhaddon,  son 
fils,  fut  roi  à  Assur  en  sa  place...  »  Il  est  certain  que  les  Ara- 
méens  qui  lisaient  ces  lignes,  de  cent  à  deux  cents  ans  seulement 
après  les  événements,  y  croyaient  aussi  fermement  qu'aux  cam- 
pagnes de  Darius  racontées  dans  l'autre  écrit. 

Parmi  les  fragments  si  nombreux  portés  par  les  tables  58- 
75,  plusieurs  ostraka  bien  conservés  (62-65)  sont  intéressants, 
parce  qu'ils  nous  présentent  des  modèles  des  lettres  familières 
à  cette  époque  si  reculée  (2). 

M.  Sachau  a  ajouté  un  essai  de  grammaire  araméenne  et  des 
tables  des  noms  propres  et  des  mots  employés  qui  forment  un 
petit  lexique  (3).  Cet  inventaire  sommaire  donnera  déjà  une 

(1)  La  Chronique  babylonienne  fait  allusion  à  un  grand  vizir  amené  à  Ninive 
sous  Asarhaddon  pour  subir  le  dernier  supplice.  Revue  biblique,  1911,  p.  201. 
C'est  exactement  «  l'histoire  »  d' Ahiqar. 

(i)  Signalons  encore  les  inscriptions  des  jarres  qui  donnent  le  nom  du  pays 
et  du  propriétaire  de  l'huile  ou  du  vin  qu'elles  contiennent.  Ces  «  certificats 
d'origine  »  ont  aussi  été  retrouvés  dans  les  fouilles  de  Saraarie. 

(3)  Bien  des  lettres  ont  déjà  la  forme  qu'elles  garderont  dans  l'hébreu  carré. 


LES   DOCUMENTS    ARAMÉENS    d'ÉLÉPHANTINE.  345 

idée  de  l'intérêt  de  cette  publication,  mais  il  y  a  quantité  de 
pièces  qui  mériteraient  chacune  une  étude,  et  nombre  de 
questions  religieuses,  littéraires,  historiques,  effleurées  en 
divers  points  de  nos  papyrus,  gagneraient  chacune  à  être  déve- 
loppées en  une  dissertation. 

F.  Nau. 

comme  alef,  hé,  vav,  heth,  noun,  'aïn,  qof,  risch,  schin,  tav  ;  d'autres  se  rap- 
prochent encore  des  caractères  pliénicieiis;  tous  les  mots  sont  séparés.  On  voit 
même  dans  Ahiqar  quelques  phrases  coupées  et  quelques  signes  de  ponctuation. 
La  scripllo  continua  grecque  est  donc  une  marche  en  arrière  dans  l'histoire  de 
l'écriture. 


HTSTOIRE  DU  COUVENT 
DE   RABBAN   HORMIZD 

DE  1808  A  1832 
{Fin)  (1) 


Le  père  Jean,  après  être  sorti  de  prison,  demeura  à  Manguësé  trois 
jours  jusqu'à  ce  qu'il  se  fût  reposé.  Le  chef  de  la  prison  que  nous  avons 
mentionné,  envoya  annoncer  à  son  ami  SâbO  de  Dchok  qu'on  avait  re- 
lâché le  prêtre  Jean.  Aussitôt  Sabo  se  rendit  à  Manguese  et  emmena 
le  prêtre  Jean  dans  son  pays  et  celui-ci  y  demeura  pendant  un  certain 
temps.  Le  frère  dont  nous  avons  parlé,  lequel  avait  quitté  les  frères 
descendus  du  couvent,  alla  se  jeter  aux  pieds  du  père  Jean  et  lui  offrit 
sa  pénitence.  Le  père  Jean  le  reçut  avec  joie  et  lui  imposa  une  règle 
avec  miséricorde.  Le  frère  accepta  cette  règle  avec  joie  et  devant  la 
foule  réunie  dans  l'église  il  confessa  sa  faute  à  haute  voix  et  en  implora 
le  pardon.  Dès  lors  il  accompagna  le  père  Jean  en  tout  lieu  et  il  ne  se 
sépara  pas  de  lui  jusqu'à  ce  que  le  couvent  fût  habité  pour  la  troisième 
fois.  Le  père  Jean  demeura  dans  le  village  de  Dëhôk. 

Peu  de  jours  après,  le  gouverneur  de  Mossoul  fut  tué  par  les  grands 
de  la  ville.  Mar  Joseph  sortit  également  de  prison  et  il  s'en  alla.  Les 
habitants  d'Alqôs  le  firent  monter  à  Alqôs  avec  grande  pompe  et  avec 
allégresse  et  (Mâr  Joseph)  demeura  dans  la  maison  de  son  père.  Les 
frères  qui  avaient  suivi  le  métropolitain  Jean  se  séparèrent  de  lui  et, 
étant  venus  trouver  Mar  Joseph,  ils  lui  offrirent  leur  pénitence.  Après 
avoir  été  reçus  par  Mâr  Joseph,  ils  déclarèrent  par  écrit  avoir  agi  d'abord 
avec  fourberie.  Ils  écrivirent  au  métropolitain  Pierre  Coupperie  et  à 
la  Sacrée  Congrégation  et  à  tous  les  métropolitains  :  «  Ce  que  nous 
vous  avions  écrit  n'était  que  mensonge  et  fraude.  Nous  avons  péché 
devant  Dieu  et  devant  vous  et  maintenant  nous  vous  demandons  pardon.  » 
Ils  adressèrent  des  lettres  de  repentir  au  père  Jean  et  à  tous  les  autres 
pères  du  couvent,  et  ils  devinrent  désormais  les  ennemis  du  métro- 
politain Jean.  Le  prêtre  Georges  qui  fuyait  la  persécution  de  Mâr  Jean, 
retourna  également  à  Alqôs. 

Quand  Mâr  Jean  eut  appris  que  le  père  Jean  était  sorti  de  prison, 
il  dit  :  «  C'est  moi  qui  l'ai  fait  sortir.  »  Il  envoya  une  lettre  à  Dehôk  au 

(1)  Voy.  ROC,  1910,  1911. 


HISTOIRE    DU    COUVENT    DE    RABBAN    HORMIZD.  347 

père  Jean  et  il  dit  :  «  Lève-toi  et  viens  me  trouver;  si  tu  ne  viens  pas, 
tu  seras  interdit  de  ton  ordre.  »  Après  avoir  lu  la  lettre,  le  père  Jean 
dit  aux  chefs  du  village  :  «  Je  ne  serai  pas  interdit  de  mon  ordre  et 
pourtant  je  n'irai  pas  le  trouver.  Voici,  si  vous  pouvez  me  protéger  contre 
lui,  je  resterai  auprès  de  vous;  et  si  vous  ne  le  pouvez  pas,  je  m'en  irai 
ailleurs.  »  Ils  dirent  :  «  Nous  irons  le  trouver  et  nous  le  prierons  de  te 
laisser  auprès  de  nous.  »  c»:^  ....oieùooîo  ^^oIol  ^io.^  ^  ^lo.  Ils  allèrent  le  trouver 
et  lui  demandèrent  de  le  laisser  auprès  d'eux.  Il  se  détourna  d'eux 
et  les  ût  descendre  de  devant  lui.  Ils  retournèrent  à  leur  village  et  dirent 
au  père  Jean  :  «  Demeure  chez  nous,  et  tout  ce  qu'il  peut  faire  il  le  fera 
contre  nous.  »  Et  le  père  Jean  demeura  auprès  d'eux  jusqu'à  la  fête  de 
la  Résurrection. 

Lorsque  Mâr  Joseph  et  le  père  Jean  furent  sortis  de  prison,  Mar  Joseph, 
le  père  Jean  ainsi  que  tous  les  métropolitains  et  les  chefs  de  la  nation 
et  même  quelques-uns  des  autres  nations  écrivirent  des  lettres  d'accu- 
sations contre  le  métropolitain  Jean  et  le  métropolitain  Coupperie  à 
notre  Seigneur  le  Pape,  à  la  Sacrée  Congrégation  et  à  notre  père  Gabriel 
au  sujet  de  la  dévastation  du  couvent,  du  pillage  de  ses  biens,  de  la 
dispersion  des  moines  et  de  la  persécution  exercée  par  le  métropolitain 
Jean  contre  les  chrétiens  d'Alqôs.  Deux  prêtres  du  couvent  qui  étaient 
à  Babylone,  à  savoir  le  prêtre  Jérémie  de  Telseqipa  et  le  prêtre  Abd  -el- 
karim  de  Mossoul,  ayant  appris  que  le  couvent  avait  été  dévasté  par  le 
métropolitain  Jean,  allèrent  trouver  Coupperie  et  lui  dirent  :  «  Aide  à 
soigner  cette  blessure;  si  tu  n"es  pas  de  notre  côté,  Dieu  te  demandera 
compte  de  cette  action.  »  Mais  celui-ci  se  détourna  d'eux  et  il  les  fit 
chasser  de  devant  lui.  Ils  allèrent  aussi  à  Rome  pour  accuser  le  métro- 
politain Jean  et  le  métropolitain  Coupperie. 

Lorsque  le  père  Jean  ne  put  plus  rester  dans  Dëhok  par  crainte  que 
le  métropolitain  Jean  ne  lui  fit  encore  une  autre  injure,  il  monta  avec 
des  Barwaye,  accompagné  de  deux  frères,  dans  la  partie  élevée  de  la 
montagne,  au  village  de  'Ebrou  et  il  resta  pendant  tout  Tété  auprès  d'eux 
depuis  la  fin  du  printemps. 

Une  fois  Tété  arrivé,  Mousâ  pacha  qui  avait  dévasté  le  couvent  à  cause 
du  métropolitain  Jean  descendit  à  Babylone,  puis  remonta  pour  régner 
sur  la  contrée  de  'Amàdya.  A  cette  nouvelle,  le  métropolitain  Jean  eut 
peur  de  lui,  parce  qu'il  ne  lui  avait  pas  donné  ce  qu'il  lui  avait  promis 
et  qu'il  n'était  pas  non  plus  allé  le  retrouver.  Pour  cette  raison  il  alla 
le  trouver,  lui  conduisit  une  mule  du  couvent  et  (lui  porta)  quelques- 
uns  des  objets  d'argent  qu'il  avait  pris  au  couvent.  Et  le  gouverneur  fut 
de  nouveau  réconcilié  avec  lui  et  n'eut  plus  de  discussion.  Le  prêtre 
Pierre,  neveu  du  métropolitain  Jean,  alla  trouver  les  frères  qui  étaient 
dans  Mâr  Mîkâ  et  leur  dit  :  «  Vous  ne  parlerez  à  personne  des  biens 
du  couvent,  de  peur  que  le  gouverneur  ne  vienne  à  le  savoir  et  ne  les 
prenne,  n'en  parlez  donc  pas.  Nous  n'avons  à  craindre  personne  en 
dehors  de  lui.  »  —  «  Nous  n'en  parlerons  à  personne,  »  lui  répondirent-ils. 

Merâd  pacha,  frère  de  Mousâ  pacha,  descendit  encore  à  Babylone  et  prit 
la  région  de  'Amàdya  à  son  frère.  Puis  il  monta  en  triomphe  et  alla  trou- 


348  RsvuE  DE  l'orient  chrétien. 

ver  le  métropolitain  Jean  qui  le  reçut  chez  lui.  11  retourna  dans  sa  maison 
et  menaça  les  principaux  habitants  d'Alqôs  de  les  traiter  avec  mé- 
chanceté. Aussi  les  habitants  d'Alqôs  en  eurent  peur  et,  s'étant  réu- 
nis, ils  allèrent  trouver  Mâr  Joseph  et  le  prêtre  Georges  et  leur  dirent  : 
«  Levez-vous  et  allez  vous  réconcilier  avec  Mâr  Jean  de  peur  qu'il  ne  vous 
cause  quelque  injure  auprès  de  Merad  pacha,  car  nous  en  avons  peur.  » 
C'est  pourquoi  Mâr  Joseph  et  le  prêtre  Georges  allèrent  trouver  Mâr  Jean 
et  se  réconcilièrent  avec  lui,  et  ils  n'avaient  qu'une  seule  réunion  et  une 
seule  prière.  Auboutd'unmois  entiei,  comme  ils  allaient  à  son  repas  tous  les 
dimanches  et  les  fêtes  et  buvaient  du  vin  suivant  la  coutume  des  supé- 
rieurs, l'un  de  ces  dimanches  ils  y  allèrent  encore  et  on  leur  donna  du  vin 
à  boire.  Au  moment  de  la  prière  des  Vêpres,  alors  que  le  prêtre  Georges 
prêchait,  il  s'affaissa  comme  mort  pendant  une  heure  environ  et  il  revint 
à  lui;  on  le  prit  et  on  l'emmena  dans  sa  maison  ;  à  ce  moment-là  il  tomba 
de  nouveau  à  terre  et  fut  comme  mort.  Un  autre  prêtre,  son  compagnon, 
nommé  Yaunân,  avait  également  bu  du  vin  le  même  jour.  Le  prêtre  Geor- 
ges mourut  au  bout  de  plusieurs  jours,  et  il  se  manifesta  en  lui  des 
symptômes  qu'on  lui  avait  donné  à  boire  un  poison.  Pourtant  le  prêtre 
Yaunân,  son  compagnon,  se  rétablit,  mais  pendant  la  chaleur  de  l'été  il  fit 
une  rechute.  Dès  lors  Mâr  Joseph  craignit  de  demeurer  à  Alqôs  ;  aussi 
il  descendit  et  demeura  à  Têsqôpa  par  crainte  de  Mâr  Jean. 

Quand  l'époque  fut  arrivée  où  les  Barwàye  descendirent  de  la  localité  de 
Zôzn  dans  la  plaine,  le  père  Jean  descendit  avec  eux  et  il  vint  au  village 
de  Manguese,  où  il  apprit  que  le  prêtre  Georges  était  mort  et  que  Mâr 
Joseph  s'était  réfugié  à  ïesqopâ  parce  qu'il  craignait  de  descendre  à 
Alqôs.  Après  qu'il  fut  resté  quelques  jours  à  Manguese,  les  habitants  du 
village  de  Bêrsêbê  de  la  région  de  Zâkho  renvoyèrent  chercher  et  il 
partit  avec  eux,  accompagné  des  deux  frères  dont  nous  avons  parlé. 
Arrivés  à  moitié  chemin,  ils  apprirent  qu'il  y  avait  des  brigands  devant 
eux  et  ils  craignirent  d'avancer.  C'est  pourquoi  le  père  Jean  envoya  le 
messager  qui  était  venu  les  chercher  dire  aux  habitants  du  village  de  venir 
à  leur  rencontre.  Ils  restèrent  eux-mêmes  dans  un  village  situé  sur  la 
route  jusqu'à  ce  qu'on  vint  les  chercher  ;  ils  se  présentèrent  chez  un  chré- 
tien et  le  prièrent  avec  insistance  de  leur  procurer  une  chambre  à  coucher, 
mais  il  n'y  consentit  pas  ;  et  après  qu'ils  l'eurent  beaucoup  importuné,  on 
les  conduisit  dans  l'étable  d'un  autre  homme  et  c'est  là  qu'ils  demeurè- 
rent. Cependant  les  gens  de  cette  maison  étaient  chrétiens,  et  quand  ils 
eurent  fait  leur  connaissance,  ils  les  tirent  entrer  dans  la  maison  et  leur  ser- 
virent leur  propre  repas  parce  qu'ils  étaient  pauvres.  Au  milieu  de  la  nuit 
les  habitants  du  village  dont  il  a  été  question  arrivèrent  et  les  emmenè- 
rent; ils  se  réjouirent  grandement  à  cause  d'eux  et  à  cause  du  père  Jean  et 
ils  l'aimèrent  beaucoup  ainsi  que  les  frères  qui  étaient  avec  lui.  Le 
père  Jean  leur  fit  beaucoup  de  bien  au  point  de  vue  religieux  ;  par  sa  pré- 
dication, son  enseignement  et  son  zèle  il  supprima  et  fit  disparaître  du 
milieu  d'eux  des  mauvaises  habitudes  telles  que  les  serments  par  le  dieu 
des  païens,  l'usure,  e  vol.  l'injustice  et  les  paroles  de  mépris,  et  il  fit  dis- 
paraître du  milieu  d  eux  beaucoup  de  choses  du  même  genre  ;  il  leur  ensei- 


IIISTOIRK    DU    COUVENT    DE    RABBAN    HORMIZD.  349 

gna  les  choses  indispensables  et  nécessaires  des  chrétiens  et  des  serviteurs 
bons  et  excellents,  et  beaucoup  d'hommes  et  de  femmes  entrèrent  dans  la 
communauté  du  vêtement  de  la  Vierge.  Il  convertit  également  beaucoup 
de  Nestoriens  à  la  toi  de  l'Eglise  catholique.  Sa  réputation  se  répandit  dans 
toute  cette  contrée,  et  des  campagnes  voisines  il  venait  beaucoup  de  gens 
pour  le  voir  et  l'entendre  prêcher.  Les  Ismaélites  l'aimèrent  également 
en  voyant  comment  il  avait  changé  les  habitants  du  village  de  Bersebè.     ' 

Année  1830. 

Il  vint  de  la  Sacrée  Congrégation  des  lettres  (adressées)  à  tous  les 
métropolitains.  La  Sacrée  Congrégation  les  loua  de  leur  charité  les  uns 
pour  les  autres  et  de  leur  zèle,  et  elle  leur  annonça  que  notre  père  Gabriel 
était  approuvé  et  que  les  demandes  qu'il  avait  faites  à  la  Sacrée  Congré- 
gation étaient  accordées.  La  Sacrée  Congrégation  approuva  notre  père 
Gabriel  et  lui  accorda  ses  demandes  :  puis  elle  lui  donna  des  lettres  pour 
le  métropolitain  Coupperie  au  sujet  de  la  prospérité  de  la  nation,  Thabita- 
tion  du  couvent  et  la  restitution  de  ses  biens,  la  confirmation  des  rè-les 
de  Màr  Antoine  le  Grand  d'après  lesquelles  devaient  marcher  les  moines 
de  Mar  Hôrmfzd.  Après  avoir  été  approuvé  par  la  Sacrée  Congrégation  et 
avoir  gagné  ses  faveurs  à  l'exemple  des  pères  fondateurs  de  la  vie  monas- 
tique, notre  père  Gabriel  quitta  Rome,  triomphant  et  tout  joyeux  d'âme  et 
de  corps,  avec  le  prêtre  Jérémie  et  le  prêtre  Antoine.  Il  y  laissa  auprès  de 
la  Sacrée  Congrégation  le  prêtre  Paul  Gàmalâ  son  prêtre  administrateur 
tandis  que  le  préfet  de  la  Sacrée  Congrégation  accepta  le  soin  d^ètre  le 
protecteur.  Il  partit  de  Rome  avec  les  prêtres  susnommés,  il  arriva  dans  la 
région  voisine  de  la  ville  de  Beyrout  où  il  laissa  le  père  Antoine  et  descen- 
dit avec  le  prêtre  Jérémie  à  Babylone  en  bonne  santé.  A  Damas  il  trouva 
un  prêtre  nommé  Lowîs  de  Tèlkêpc  et  il  l'emmena  aussi  avec  lui. 

Après  s'être  reposé,  il  alla  trouver  le  métropolitain  et  lui  remit  les  lettres 
de  la  Sacrée  Congrégation  et  de  Notre-Seigneur  le  Pape  (I). 

Le  métropolitain  Pierre,  les  ayant  lues,  écrivit  alors  une  lettre  suivant  la 
volonté  de  la  Sacrée  Congrégation  et  de  notre  Seigneur  le  Pape  et  il  l'en- 
voya à  iMâr  Jean  Hùrmïzd  par  le  prêtre  André  qu'il  avait  constitué  son  ad- 
ministrateur et  aussi  celui  de  notre  père  Gabriel.  De  Babylone  le  prêtre 
Am'.é  monta  à  Alqôs  et  il  vint  trouver  Mûr  Jean;  il  lui  donna  les  lettres  de 
la  Sacrée  Congrégation  et  de  notre  Seigneur  le  Pape  ainsi  que  celle  de  Mar 
Pierre,  et  de  vive  voix  il  s'entretint  aussi  avec  lui  de  la  volonté  de  la  Sacrée 
Congrégation  et  de  notre  Seigneur  le  Pape  ainsi  que  de  Mar  Pierre.  Le  texte 
de  la  lettre  qu'avait  composée  Mar  Pierre  Coupperie  et  qu'il  avait  envoyée  à 
Màr  Jean  Hùrmïzd  par  le  prêtre  André  de  Babylone  son  administrateur'était 
ainsi  conçu  :  «  A  Mar  Jean  le  vénérable  et  digne  patriarche  de  la  nation  chal- 
déenne.  Dabord  nous  avons  l'honneur  de  vous  saluer.  Ensuite  nous  vous 
faisons  savoir,  le  Seigneur  vous  fera  savoir  avec  toute  sa  grâce,  que  nous 
vous  avons  envoyé  porteur  de  cette  lettre  notre  fils  le  prêtre  André,  pour 

(1)  Ici  se  trouve  dans  le  iiiamiscrit  une  phni-sc  illisibio  :   ..  (7  envuuu      saint 
l'ai  VIII  ..  ^     ■ 


350  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

qu'il  vous  instruise  et  s'entretienne  avec  vous  de  ce  que  nous  a  écrit. la 
Sacrée  Congrégation.  Il  nous  est  arrivé  en  effet  une  lettre  du  vénérable  car- 
dinal Capalari,  préfet  de  la  Sacrée  Congrégation,  écrite  en  l'année  1830  le 
15  iyar.  Dans  cette  lettre  le  cardinal  en  question  nous  a  écrit  en  ces  termes  : 
«  La  Sacrée  Congrégation  a  terminé  toutes  vos  affaires,  à  savoir  l'affaire 
de  la  nation  chaldéenne,  et  Sa  Sainteté  notre  Seigneur  le  Pape  Pie  VIII 
a  ratifié  avec  une  entière  volonté  tout  ce  qu'a  fait  la  Sacrée  Congréga- 
tion. Tout  ce  qu'elle  nous  a  écrit  et  tout  ce  qu'elle  a  fait,  voici  nous 
l'exposons  à  votre  Seigneurie.  Premièrement  :  C'est  toi  le  patriarche  de  la 
nation  chaldéenne.  Deuxièmement  :  Le  saint  pallium  est  en  route  et  il  est 
sur  le  point  d'arriver,  et  quand  il  sera  heureusement  arrivé,  nous  vous  le 
donnerons.  Troisièmement  :  Le  métropolitain  Basile  Asmar  est  nommé 
métropolitain  d'Amid.  Le  cardinal  susdit  ajoute  :  Nous  espérons  que  votre 
Seigneurie  acceptera  ce  choix.  Mais  tu  dois  bien  savoir  que  Basile  n'a  pas 
été  nommé  patriarche,  mais  métropolitain  d'Amid,  car  il  n'y  a  qu'un 
patriarche,  c'est-à-dire  votre  Seigneurie.  Quatrièmement  :  Le  métropoli- 
tain Joseph  est  nommé  évêque  de  'Amâdya.  Cinquièmement  :  La  Sacrée 
Congrégation  désire  et  veut  que  le  couvent  de  Mâr  Hôrmizd  soit  de  nou- 
veau habité.  La  Sacrée  Congrégation  veut  que  tu  rendes  ce  que  tu  as  pris 
ou  ce  qui  t'a  été  donné  des  biens  du  couvent  susdit;  il  est  nécessaire  que 
vous  le  donniez  à  notre  administrateur  le  prêtre  André  et  lui  il  en  fera  ce 
qu'il  voudra.  Septièmement  :  Le  vénérable  cardinal  pense  que  tout  cela 
sera  accompli  et  exécuté  avec  charité  et  paix,  soit  de  votre  part,  soit  de  la 
part  des  autres.  Cependant  s'il  survenait  une  discussion  au  sujet  d'une 
question  quelconque,  le  cardinal  nommé  a  dit  que  ce  serait  à. nous  de  pro- 
noncer la  sentence  contre  l'adversaire,  afin  que  tout  soit  mené  à  bonne 
fin,  et  que  rien  ne  soit  laissé  inachevé  de  ce  qu'a  écrit  le  vénérable  cardi- 
nal dans  la  lettre  qui  vient  d'être  citée.  Nous  avons  l'espérance  que  tous 
se  soumettront  à  l'ordre  du  siège  apostolique.  De  la  sorte,  si  nous  pouvons 
voir  la  paix  et  l'union  régner  dans  votre  nation,  Sa  Sainteté  notre  Seigneur 
le  Pape  en  concevra  une  grande  joie.  De  la  sorte  nous  aussi  nous  conce- 
vrons une  grande  joie,  après  avoir  vu  la  division  et  le  trouble  qui  existent 
parmi  vous  depuis  plusieurs  années,  quand  nous  verrons  que  vous  vous 
êtes  réconciliés.  C'est  pourquoi  nous  supplions  Dieu  et  nous  demandons  à 
sa  miséricorde  de  vous  donner  la  lumière  de  sa  grâce,  afin  que  vous  mar- 
chiez (tous)  ensemble  dans  la  voie  de  la  foi  catholique  et  véritable.  De 
cette  façon,  si  les  évêques  et  leurs  diocèses  vivent  dans  la  paix,  l'union  et 
la  charité,  ce  sera  un  sujet  de  gloire  pour  la  nation  chaldéenne,  et  la 
charité  qui  naîtra  parmi  les  chrétiens  sera  cause  que  d'autres  se  conver- 
tiront aussi  au  christianisme,  et  ainsi  votre  nation  deviendra  tous  les  jours 
plus  grande  et  plus  puissante.  C'est  là  ce  qu'il  était  nécessaire  que  nous 
fassions  connaître.  Salut  dans  le  Seigneur  et  fin.  Fait  le  5  de  tesri  II«  de 
l'année  1830.  —  Pierre  Askandar  (Alexandre)  évêque  latin  de  Babylone 
en  Orient  (I).  * 

(1)  Le  manuscrit  a  bouleversé  l'ordre  des  mots  :  :  w  :  ^*»      it^^^^l   v^o;^^ 


HISTOIRE    DU    COUVENT    DE    RABBAN    HORMIZD.  351 

Après  avoir  lu  les  lettres  et  en  avoir  bien  compris  les  indications,  Mâr 
Jean  ne  fut  pas  apaisé  et  n'en  fut  pas  satisfait.  Il  convoqua  ses  compatrio- 
tes et  ils  tinrent  tous  conseil  pour  décider  ce  qu'ils  feraient.  Il  avait,  en  effet, 
en  sa  possession  les  deux  diocèses  de  'Amàdya  et  de  Mossoul  et  il  ne  voulait 
ni  donner  l'un  ou  l'autre  à  Mrir  Joseph,  ni  rendre  l'argent  du  couvent. 
C'est  pourquo:  U  garda  le  silence  sur  cette  affaire  pendant  huit  jours 
environ,  sans  que  (les  habitants  d'Alqôs)  eussent  connaissance  de  ce  que 
(les  hommes  de  Mâr  Jean)  faisaient  ou  disaient  avec  le  prêtre  André,  à 
savoir  qu'il  leur  était  impossible  de  donner  à  Mâr  Joseph  soit  la  région  de 
'Amàdya  soit  celle  de  Mossoul.  Cependant  le  prêtre  André  leur  disait  : 
«  Il  est  absolument  impossible  que  vous  ne  donniez  pas  le  diocèse  de 
'Amâdya  à  Mâr  Joseph,  attendu  que  c'est  l'ordre  de  notre  Seigneur  le  Pape 
et  de  la  Sacrée  Congrégation,  et  si  vous  vous  opposez  à  leur  ordre,  votre 
affaire  sera  complètement  perdue  auprès  de  la  Sacrée  Congrégation  et 
aussi  auprès  de  Mâr  Pierre.  Mais  ce  qui  est  bien,  c'est  que  vous  fassiez 
l'entente  avec  Mâr  Joseph,  que  vous  lui  donniez  le  diocèse,  que  vous 
rendiez  les  biens  du  couvent  et  que  vous  laissiez  habiter  le  couvent.  >. 

Quand  (Mâr  Jean)  fut  resté  dans  cette  idée  pendant  huit  jours  environ, 
les  habitants  d'Alqôs  apprirent  le  but  de  la  venue  du  prêtre  André  et  ils 
lui  posèrent  cette  question  :  «  Pourquoi  ne  nous  fais-tu  pas  connaître  le 
but  de  ta  venue?  Qu'y  a-t-il  dans  les  lettres  que  tu  as  apportées?  »  11  leur 
répondit  :  «  D'ici  peu  vous  saurez  tout.  »  Quand  il  fut  resté  dans  cette 
idée  pendant  huit  jours  environ,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  Mâr  Jean  fut 
enfin  satisfait  de  cette  affaire  soit  par  goût  soit  par  ruse.  Cependant  il  nous 
semble  que  c'est  par  ruse  qu'il  fut  apaisé,  comme  cela  n'échappera  pas  au 
lecteur  avisé,  à  cause  des  difficultés  et  des  ennuis  qu'il  a  suscités  après  son 
apaisement. 

Quand  le  métropolitain  Jean  eut  été  apaisé,  le  prêtre  André  descendit  à 
Tesqopâ  trouver  Mar  Joseph  et  il  le  fit  monter  àAlqôs.Les  habitants  d'Al- 
qôs allèrent  à  sa  rencontre  et  le  firent  monter  en  procession  au  milieu 
des  louanges  et  des  armes  de  guerre  jusqu'à  ce  qu'ils  l'eussent  fait  entrer 
dans  la  maison  de  Mar  Jean.  Les  prêtres,  les  principaux  habitants,  les 
vieillards,  les  hommes  et  les  femmes  se  réunirent  tous  sous  le  portique  de 
Mar  Jean  pour  voir  ce  qui  allait  se  passer.  Màr  Jean  commença  suivant  son 
habitude  par  porter  des  accusations  contre  les  prêtres  qui  s'étaient  plaints 
de  lui.  Quand  Mâr  Joseph  vit  que  le  temps  s'écoulait  sans  qu'il  en  résultât 
quelque  utilité,  il  se  leva  pour  prendre  la  parole  et  il  dit  à  Mâr  Jean  :  «  Le 
langage  que  tu  tiens  ne  profite  nullement  au  but  de  la  Sacrée  Congréga- 
tion; au  contraire  il  en  sortira  la  division  et  la  dispute.  La  Sacrée  Congré- 
gation en  effet  n'a  adhéré  ni  à  mon  idée,  ni  à  la  tienne;  mais  elle  nous  a 
commandé  à  tous  deux  l'entente  entre  nous;  car  moi  dans  mon  idée  je  ne 
t'accorde  pas  non  seulement  l'ordre  du  patriarcat,  mais  encore  l'ordre  du 
diaconat  du  village  de  KabbenayC,  et  toi  tu  ne  m'accordes  pas  non  plus 
que  je  sois  métropolitain  de  'Amâdya.  Quant  au  blâme  que  tu  as  adressé 
aux  prêtres  qui  se  sont  plaints  de  toi,  ils  se  sont  plaints  de  moi  plus  encore 
que  de  toi  ;  par  conséquent  si  tu  tires  vengeance  des  prêtres  qui  se  sont 
plaints  de  toi  et  si  je  tire  vengeance  des  prêtres  qui   se  sont  plaints  de 


352  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

moi,  comment  triomphera  le  but  assigné  par  la  Sacrée  Congrégation? 
C'est  pourquoi,  comme  je  l'ai  dit,  puisque  la  Sacrée  Congrégation  a  mis 
de  côté  mou  avis  et  le  tien  et  qu'elle  a  donné  un  conseil  et  des  ordres  qui 
vont  à  rencontre  de  notre  avis  à  tous  les  deux,  il  convient  que  moi  je 
renonce  au  mien  et  que  toi  tu  renonces  au  tien,  et  que  nous  laissions  de 
côté  et  que  nous  abandonnions  les  vieilles  idées  et  que  nous  fassions  notre 
siège  dans  les  idées  nouvelles,  de  telle  sorte  que  nous  atteignions  le  but 
que  la  Sacrée  Congrégation  a  assigné  et  qu'elle  nous  a  demandé,  à  savoir 
de  faire  l'entente  entre  nous.  » 

Ce  discours  plut  à  la  foule  réunie  en  ce  lieu.  On  apporta  les  lettres  de 
la  Sacrée  Congrégation  et  la  lettre  de  Mâr  Pierre  et  on  les  lut  publique- 
ment en  présence  de  la  foule  ;  (Mâr  Joseph  et  Mâr  Jean)  furent  approuvés 
par  les  deux  partis  et  ils  se  réconcilièrent  l'un  aVec  l'autre.  L'allégresse  et  la 
joie  éclatèrent  dans  tout  le  peuple  et  on  fit  mention  dans  la  prédication  et 
la  messe  du  nom  de  Mâr  Jean  en  tant  que  patriarche,  Mâr  Joseph  écrivit 
une  lettre  que  signa  Mâr  Jean  et  ils  notifièrent  à  toute  la  région  de  'Amà- 
dya  que  Mâr  Joseph  était  métropolitain  de  'Amàdya  et  de  toute  la  région. 
Mâr  Jean  remit  les  biens  du  couvent  au  prêtre  André.  Voici  ce  qu'il  remit  : 
des  calices  et  deux  patènes,  une  ^va>  en  argent  et  une  autre  grande  en  bois, 
d'autres  objets  d'église,  des  matelas,  des  ustensiles  de  cuisine,  des  objets, 
des  volailles,  d'autres  objets  du  couvent,  des  ornements  d'église,  )i!Oi."yj, 
des  dessus  de  siège.  Quand  les  moines  lui  demandèrent  la  monnaie  d'ar- 
gent et  d"or,  il  refusa  et  il  ne  donna  pas  même  une  obole  et  jusqu'à  ce 
jour  elle  est  aux  mains  de  ses  hommes.  Mâr  Joseph  toutefois  recommanda 
aux  frères  de  ne  pas  exiger  l'argent  de  Mâr  Jean  pour  laisser  régner  la 
charité  entre  eux;  les  frères  l'abandonnèrent  et  n'exigèrent  plus  de  lui  la 
monnaie  d'or  ou  d'argent,  tout  en  sachant  qu'elle  était  entre  ses  mains;  ce 
n'était  pas  pourtant  de  leur  propre  volonté,  mais  c'était  pour  ne  faire  sur- 
gir aucune  cause  de  division.  Lorsque  le  prêtre  André  eut  reçu  de  Mâr 
Jean  ce  qu'il  lui  avait  donné,  il  le  remit  aux  frères  avec  une  liste,  et  il  prit 
une  autre  qu'il  emporta  avec  lui  à  Babylone  à  notre  père  Gabriel  et  à  Mâr 
Pierre.  Il  descendit  d'Alqôs  et  se  rendit  à  Mossoul  pour  aller  (de  là)  à 
Babylone,  afin  de  rendre  compte  de  son  administration  à  notre  père  Gabriel 
et  à  Mâr  Pierre. 

Année  1831. 

Le  prêtre  André  était  encore  à  Mossoul,  lorsque  Mâr  Jean  revint  sur  sa 
promesse.  Il  envoya  une  lettre  au  prêtre  nestorien  Thomas  de  'Amàdya  en 
lui  disant  :  «  Si  tu  abandonnes  ta  première  voie,  je  ferai  rougir  ton  père.  » 
Il  envoya  une  lettre  à  Mâr  Pierre  en  lui  disant  :  «  Il  est  impossible  que  je 
donne  à  Mâr  Joseph  soit  le  diocèse  de  'Amàdya,  soit  celui  de  Mossoul.  »  Le 
métropolitain  lui  répondit  par  cette  lettre  :  «  Ne  fais  pas  cela  ;  mais  si  le 
métropolitain  Joseph  lèvent,  donne-lui  le  diocèse  de  Mossoul  et,  toi,  prends 
pour  toi  le  diocèse  de  'Amàdya.  »  (Mâr  Joseph)  refusa.  Il  envoya  encore 
une  lettre  au  métropolitain  nestorien  Simon  de  Qogânôs  en  lui  disant  : 
«  Le  pape  m'a  donné  Tordre  de  ne  créer  aucun  métropolitain  de  ma  maison 


HISTOIRE    DU    COUVENT    DE   RABBAN    HORMIZD.  353 

et  à  cause  de  cela  je  ne  peux  moi-même  créer  aucun  métropolitain  de  ma 
maison.  C'est  pourquoi  je  te  demande  d'envoyer  un  de  tes  hommes  afin 
qu'il  vienne  et  fasse  monter  deux  fils  pris  parmi  mes  hommes  ;  puis  con- 
sacre-les métropolitains.  .  Et  après  plusieurs  jours  Mâr  Simon  envoya  un 
homme  de  son  entourage  auprès  de  Mâr  Jean.  Celui-c;  envoya  avec  lui 
Mansour  Bar  Sapârou  et  deux  autres  de  ses  hommes,  Ézéchiel  et  Sêm'an, 
l'accompagnèrent.  La  nuit  ils  sortirent  d'Alqôs  et  montèrent  trouver  Mâr 
Simon  et  ils  devinrent  tous  les  trois  nestoriens.  Mâr  Simon  consacra  évé- 
que  Mansour  et  lui  donna  le  nom  de  Mâr  Élie,  après  l'avoir  converti  à  la 
foi  nestorienne.  Màr  Joseph,  en  apprenant  cela,  entra  en  colère  et  en 
fureur  et  dit  :  «  Vous  êtes  tous  des  Nestoriens.  » 

Quand  le  prêtre  André  fut  monté  à  Babylone,  notre  père  Gabriel  lui 
demanda  compte  de  son  administration  et  celui-ci  ne  lui  rendit  pas  compte 
suivant  la  vérité.  Mâr  Pierre  se  fâcha  contre  le  prêtre  Jérémie  et  il  le  fit  sortir 
de  Babylone  et  celui-ci  se  rendit  à  Tësqôpà.  Peu  de  jours  après  survint  la 
peste  à  Babylone  et  il  mourut  tant  d'hommes  qu'on  ne  pouvait  les  compter. 
Le  métropolitain  Pierre  mourut  également  de  cette  peste.  Le  prêtre  André 
fut  aussi  atteint  par  la  peste;  il  craignit  la  vengeance  de  Dieu  et  il  rendit 
compte  de  son  administration  à  notre  père  Gabriel  devant  des  témoins  et 
il  lui  dit  tout  ce  qu'avait  fait  Mar  Jean,  (entre  autres)  qu'il  n'avait  point 
donné  l'argent,  il  fit  un  écrit  et  le  signa  sous  le  témoignage  de  différents 
notables  de  Babylone.  Cette  année-là  Ali  pacha  vint  d'en  haut,  descendit 
à  Babylone,  en  fit  sortir  Dâwoud  pacha  et  se  mit  à  sa  place.  Après  la  fin 
de  la  peste,  le  prêtre  Nicolas  de  Bosra  vint  trouver  notre  père  Gabriel.  Le 
prêtre  Joseph  et  le  prêtre  Antoine  moururent  à  Bosra.  Notre  père  Gabriel 
envoya  chercher  le  prêtre  Jérémie  et  il  descendit  à  Babylone. 

Année  1832. 

Le  prêtre  Laurent  Terlôs  était  à  Bosra,  quand  il  apprit  la  mort  du 
métropolitain  Pierre;  (à  cette  nouvelle)  il  monta  à  Babylone  et  il  fut  avec 
Mâr  Jean  Hôrmizd.  Le  fils  de  Bar  Sapârou  descendit  de  Qogânôs  pour  aller 
trouver  le  gouverneur  de  'Amàdya;  il  fut  accueilli  par  celui-ci  et  il  (en) 
obtint  le  diocèse  de  'Amàdya.  Après  avoir  pris  un  des  serviteurs  du  gou- 
verneur, il  descendit  et  parcourut  le  diocèse  en  recevant  les  prémices,  consa- 
crant des  prêtres  et  forçant  les  chrétiens  des  campagnes  à  prier  avec  lui  et 
à  se  convertir  à  la  foi  de  Nestorius.  Après  les  menaces  exercées  contre 
eux,  les  uns  par  crainte  prièrent  avec  lui  et  entrèrent  dans  sa  commu- 
nion; les  autres  ne  prièrent  pas  avec  lui  et,  sans  crainte,  ils  le  chassèrent 
de  leurs  campagnes.  Il  se  mit  alors  à  opprimer  les  chrétiens  contre  les- 
quels il  pouvait  agir  (1). 

Notre  père  Gabriel  monta  de  Babylone  avec  les  deux  frères  Joachim  et 
Louis  de  Têlkèpe  et  il  vint  à  Têsqopâ.  Il  monta  ensuite  à  Alqôs  et  les 
prêtres  et  les  frères  qui  étaient  dispersés  dans  les  campagnes  allèrent  le 


voir. 


(1)  Le  m  s,  ajoute  :  «  Année  1832  ». 


ORIENT    CHRETIEN. 


23 


354  REVUE    DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

Peu  de  jours  après,  le  gouverneur  de  Rewandos  vint,  il  poursuivit  ses 
ennemis,  traversa  la  région  de  Mossoul,  passa  au  fil  de  l'épée  les  habi- 
tants d'un  village  des  Dasnâyê  nommé  Hetàrâ  et  revint  demeurer  à  Anourâ. 
(Puis)  il  descendit  trouver  Malâlâ  Hahâ  parce  qu'il  était  en  discussion  avec 
le  gouverneur  de  'Amâdya.  Il  lui  fit  connaître  la  région  et  ses  gouver- 
neurs, il  lui  ouvrit  les  routes  en  particulier  contre  la  nation  indigène 
des  Dasnâyë.  Il  les  poursuivit  et  ils  s'enfuirent  devant  lui.  Quand  il  fut 
près  d'Alqôs,  les  principaux  habitants  de  la  région  portèrent  auprès  de 
lui  des  accusations  contre  les  habitants  d'Alqôs  qu'ils  haïssaient.  Les 
habitants  d'Alqôs  s'enfuirent  également  devant  lui,  montèrent  sur  la 
montagne  et  dressèrent  au  sommet  un  camp  immense  d'hommes,  de  fem- 
mes, d'enfants  et  de  bêtes,  afin  de  voir  ce  qu'il  allait  faire.  Il  y  avait  avec 
eux  notre  père  Gabriel,  quelques  frères  et  Mâr  Joseph. 

Le  lendemain,  après  l'aube,  —  c'était  un  mercredi,  —  les  troupes  sor- 
tirent et  arrivèrent  à  Alqôs;  elles  allèrent  immédiatement  occuper  la 
route  de  la  plaine,  tandis  que  d'autres  troupes  descendaient  de  la  mon- 
tagne du  couvent;  il  y  avait  ainsi  une  très  grande  armée.  Quand  les  habi- 
tants d'Alqôs  virent  ces  forces  nombreuses,  ils  furent  pris  de  peur  et  de 
frayeur  et  ils  s'enfuirent  tous  devant  lui,  hommes,  femmes  et  enfants. 
Lorsque  les  païens  virent  que  les  habitants  d'Alqôs  s'étaient  enfuis  devant 
eux,  ils  poussèrent  contre  eux  des  cris  terribles,  effrayants  et  capables  de 
faire  fuir,  et  ils  les  poursuivirent.  Il  se  produisit  parmi  les  habitants  d'Al- 
qôs une  grande  clameur,  des  hurlements  et  des  lamentations  sans  exemple, 
chacun  s'empressait  de  se  sauver,  le  père  abandonna  son  fils,  la  mère  ses 
enfants,  le  mari  son  épouse,  et  le  frère  son  frère.  Ces  païens  arrivèrent 
sur  eux  et  se  mirent  à  les  massacrer  depuis  les  plus  petits  jusqu'aux  plus 
grands  et  depuis  les  plus  honorables  jusqu'aux  plus  méprisables,  et  ils 
mettaient  à  mort  tous  ceux  sur  lesquels  ils  arrivaient.  Ils  tuèrent  notre 
père  Gabriel,  le  père  Augustin,  le  frère  Isô'  et  le  frère  Jean  de  Bêrsebê  et 
ils  firent  beaucoup  de  femmes  prisonnières.  Un  chef  de  l'armée  atteignit 
Mâr  Joseph  et  poussa  contre  lui  et  contre  ceux  qui  étaient  avec  lui  des  cris 
terribles  et  effrayants.  Mâr  Joseph  éleva  la  voix  et,  s'adressant  à  lui  avant 
qu'il  fût  arrivé,  il  lui  cria  dans  sa  langue  :  «  Nous  sommes  des  Syriens  et 
nous  payons  l'impôt  au  gouvernement.  »  Il  se  prosterna  devant  lui, 
embrassa  ses  pieds  et  lui  fit  une  pressante  prière.  L'officier  eut  alors  pitié 
d'eux  et  ne  les  mit  pas  à  mort,  mais  il  les  fit  mettre  tout  nus  comme  s'ils 
fussent  sortis  du  sein  de  leur  mère  et  il  leur  dit  :  «  Allez  et  sauvez-vous 
de  peur  que  d'autres  soldats  ne  vous  rencontrent  et  ne  vous  tuent.  »  — 
€  Où  irons-nous?  demandèrent-ils;  toute  la  plaine  n'est  que  fantassins  et 
cavaliers.  »  II  leur  montra  un  cavalier  et  leur  dit  :  «  Allez  trouver  ce 
cavalier,  il  peut  vous  sauver,  il  s'appelle  Abd  Allah  Moupâta  et  il  est  le 
chef  de  toute  l'armée.  »  Ils  se  dirigèrent  alors  directement  sur  lui  et,  avant 
de  l'avoir  atteint,  Mâr  Joseph  cria  et  lui  dit  d'une  voix  forte  :  «  Nous 
sommes  aussi  des  Syriens.  »  Il  s'approcha,  se  prosterna  devant  lui  en  le 
suppliant  de  ne  pas  les  mettre  à  mort  et  lui  montra  une  lettre  d'Ail  pacha 
(iu'il  avait  sur  lui.  Là-dessus  ce  païen  le  lui  promit,  s'entretint  avec  lui  et  lui 
dit  :  i  Qui  es-tu?  »  —  «  Je  suis,  répondit-il,  le  métropolitain  Mâr  Joseph.  » 


HISTOIRE    DU    COUVENT   DE    RABBAN    IIORMIZD.  355 

—  «  Et  ceux  qui  sont  avec  toi,  ajouta-t-il,  qui  sont-ils?  »  —  «  Ce  sont  des 
Syriens,  i-  répondit  le  métropolitain.  Il  demanda  encore  :  t  Ceux  que  nous 
avons  tués,  qui  étaient-ils?  »  Mar  Joseph  lui  répondit  :  .  C'étaient  tous  des 
Syriens.  «  —  «  Pourquoi,  lui  dit  le  soldat,  ne  nous  l'avez- vous  pas  fait 
savoir?  »  —  «  Votre  armée  nous  a  rencontrés,  lui  répliqua  Màr  Joseph,  et 
nous  nous  sommes  enfuis,  sans  savoir  ce  qui  se  passerait.  »  Alors  ce  païen 
éleva  la  voix  et  d'une  voix  forte  il  cria  à  l'armée  :  «  Faites  disparaître  toute 
épée  et  ne  tuez  personne.  »  Et  là-dessus  l'armée  se  rassembla  et  repartit. 
Abd  Allah  Sâuwês  recueillit  parmi  l'armée  beaucoup  de  vêtements  et  il  fit 
habiller  les  hommes  et  les  femmes  parce  qu'ils  étaient  nus,  et  il  dit  à  Màr 
Joseph  :  «  Viens,  je  vais  te  conduire  au  gouverneur.  »  Les  soldats  firent 
beaucoup  de  femmes  prisonnières.  Màr  Joseph  alla  trouver  le  gouverneur, 
s'entretint  avec  lui  et  obtint  sa  faveur.  Ce  dernier  lui  donna  la  permission 
de  parcourir  tout  son  diocèse  et  de  délivrer  tous  les  enfants  et  toutes  les 
femmes  qu'ils  avaient  faits,  eux-mêmes  prisonniers;  c'est  ce  qu'il  fit  et  le 
gouverneur  leur  promit  de  ne  plus  leur  faire  de  malj  au  bout  de  plusieurs 
jours  il  partit  d'Alqôs  et  alla  dans  un  autre  village. 

Il  y  eut  parmi  les  habitants  d'Alqôs  environ  deux  cents  hommes  tués; 
ceux  qui  avaient  échappé  revinrent  à  Alqôs,  les  uns  restèrent  dans  le 
village,  et  les  autres  se  dispersèrent  par  crainte.  Les  frères  moines  qui 
étaient  à  Alqôs  échappèrent  au  massacre  et  revinrent  à  Alqôs.  Ils  allè- 
rent chercher  dans  la  montagne  les  cadavres  des  frères  mis  à  mort  et  ne 
les  trouvèrent  pas  ;  seulement  ils  virent  le  corps  de  notre  père  Gabriel 
couvert  de  profondes  blessures;  comme  il  n'était  pas  en  putréfaction,  ils  le 
prirent,  l'amenèrent  à  Alqôs  et  l'enterrèrent  dans  l'église  de  Màr  Mîkâ 
dans  la  partie  supérieure  de  l'oratoire  ;  c'est  là  que  le  cadavre  de  notre  père 
demeura  enterré  jusqu'au  21  tammouz  de  l'année  1843.  Cette  année-là  les 
frères  moines  le  firent  sortir  de  l'église  de  Mâr  Mika,  le  mirent  dans  un 
magnifique  cercueil  et  l'enterrèrent,  avec  deux  autres  cercueils  où  se  trou- 
vaient les  os  de  pères  vénérables,  du  père  Jean  Guèrâ  et  du  père  Moïse, 
dans  la  paroi  supérieure  du  temple  de  l'église  du  couvent  de  Rabban  Hôr- 
mîzd.  Une  inscription  mise  à  la  tête  de  chaque  cercueil  fait  connaître  spé- 
cialement chaque  personnage. 

Fin  de  l'histoire  de  notre  père  Gabriel. 
A  Dieu  soit  la  gloire  éternelle  ! 

La  copie  de  l'histoire  de  notre  père  Gabriel  Dambô,  le  saint  abbé,  a  été 
terminée  dans  le  mois  béni  de  têsrî  II",  le  26  du  mois,  en  l'année  1895  du 
Christ  Notre-Seigneur,  dans  le  couvent  de  la  Vierge  qui  garde  les  semen- 
ces, par  les  soins  du  moine  Paul,  fils  du  prêtre  Hôrmlz  ^.Nio.  de  la  famille 
Gë'dan,  du  village  de  Têlkèpë,  alors  que  le  père  Pierre  était  supérieur 
général  des  couvents  chaldéens.  Elle  fut  écrite  pour  le  père  Lewis  Sô'aya 
d'origine  chaldéenne  de  la  ville  de  Mardln. 

M.  Brière, 


APERÇU 


V 
SUR 

LES  MIRACLES  DE  NOTRE-SEIGNEUR 

(Suite)  (1) 


20.  (A  fol.  23  v°  b  [12]  (Jë'thr'C)  à  fol.  24  v"  a;  B  fol.  30 
r°  b  (•i'h9°C)  à  fol.  31  r°  a).  —  Jésus  montait  à  Jérusalem 
avec  Joseph.  En  traversant  la  Galilée,  Joseph,  qui  précédait 
Jésus,  aperçoit  un  lion  en  embuscade  sur  la  route.  Effrayé, 
Joseph  rétrograde  vers  Jésus,  qui  le  rassure,  en  lui  déclarant 
que  lui-même  est  le  Créateur  de  tous  les  lions,  ainsi  que  de 
tous  les  animaux.  Arrivé  auprès  du  lion,  Notre-Seigneur  lui 
dit  :  «  0  lion,  approche  de  Joseph,  et  dis-lui  qui  je  suis.  »  Le 
lion  confessa  la  divinité  de  Jésus.  Joseph,  émerveillé,  adora 
Notre-Seigneur,  et  l'implora.  Jésus  lui  dit  qu'il  verra  de  plus 
grands  miracles,  car  il  est  le  Dieu  d'Abraham,  d'Isaac  et  de 
Jacob. 

21.  (A  fol.  24  v"  a  [13]  {xr'th9"C)  à  fol.  25  v°  a;  B  fol.  31 
r°  a  [10]  (i't-h9"C)  à  fol.  31  v"  b).  —  Jésus  allait  sur  la  route 
de  Nazareth  avec  Joseph.  Beaucoup  dé  gens  de  Nazareth 
étaient  réunis  auprès  de  lui.  Arriva  un  homme  de  Naplouse 
(Ç-flA-ft),  en  pleurant  et  en  disant  :  «  0  mon  Seigneur,  aie  pitié 
de  moi.  »  11  raconta  à  Notre-Seigneur  que  le  champ  qu'il 
avait  ensemencé  pour  payer  l'impôt,  était  inondé.  Jésus  alla 
avec  lui.  Il  dit  à  l'eau  qui  était  sur  le  champ  :  «  Retourne 
dans  l'endroit  où  tu  étais  auparavant.  »  Alors,  un  nuage, 
brillant  comme  le  soleil,  flotta  sur  l'eau.  Tous  les  gens  virent 
l'eau  monter  sur  le  nuage,  comme  une  vapeur.  Le  champ 
devint  sec  aussitôt;  les  semences  apparurent  verdoyantes,  et 

(1)  Voy.  TîOC,  1911,  p.  255. 


LES    MIRACLES    DE    NOTRE-SEIGNEUR.  357 

se  changèrent  immédiatement  en  épis  mûrs.  Jésus  dit  au 
propriétaire  qu'il  pouvait  moissonner  son  champ.  Celui-ci 
glorifia  le  Seigneur,  et  devint  un  disciple  de  Jésus.  Beaucoup 
de  Samaritains  crurent  en  No  ire- Seigneur. 

22.  (A  fol.  25  V"  a  [14]  (imi-h^^C)  à  fol.  28  r"  a;  B  fol. 
24  v°  b  ('ï->»îP*C)  à  fol.  27  r«  b).  —  Jésus  entre  dans  le  temple, 
où  beaucoup  de  Juifs  s'entretiennent  de  la  majesté  de  l'édifice. 
Il  leur  dit  que,  si  le  temple  venait  à  être  détruit,  il  le  rel)àtirait 
en  trois  jours.  Les  Juifs  le  traitent  de  fou.  Alors  Jésus,  aper- 
ce^'ant  dans  le  temple  l'image  de  la  vision  d'Ézéchiel  :  un 
char  porté  par  quatre  animaux,  ordonne  aux  animaux  de 
l'image  de  descendre  à  terre,  d'aller  aux  tombeaux  d'Abraham, 
d'Isaac,  de  Jacob  et  des  Anciens  Pères,  et  de  les  faire  venir 
tous  dans  le  temple.  Surviennent  une  obscurité  profonde,  un 
tremblement  de  terre,  des  éclairs,  un  vent  violent,  une  tem- 
pête. L'effroi  est  général.  Les  animaux  se  rendent  en  hâte  aux 
lieux  indiqués.  Abraham  et  Moise  déclarent  que  Je'sws  est  le 
Sauveur  et  le  Fils  de  Dieu.  Alors,  le  visage  de  Jésus  devient 
brillant  comme  le  soleil.  Les  Juifs,  épouvantés,  tombent  à 
terre.  Jésus  leur  demande  s'ils  vont  nier  maintenant  qu'il  est 
le  Dieu  d'Israël.  Beaucoup  croient  en  lui.  Abraham,  Isaac, 
Jacob,  Moise  et  les  Anciens  Pères,  venus  pour  confesser  la 
divinité  de  Notre-Seigneur,  demeurent  trois  jours  à  Jérusa- 
lem, et  prêchent  Jésus-Christ.  Les  Juifs  les  lapident,  et  les 
considèrent  comme  des  sorciers,  inférieurs  à  ceux  d'Egypte, 
du  temps  de  Moise  :  à  'lyànés  (h^^^ti)  et  à  'lyànbérés  (\,^ 
'idtàtlt).  Jésus  leur  annonce  qu'ils  seront  châtiés  au  jour  du 
jugement.  Ils  veulent  le  lapider,  mais  un  nuage  l'emporte  au 
Jowdain. 

23.  (A  fol.  28  r°  b  [15]  {((Dh'thr^C)  à  fol.  28  v°  b;  B  fol. 

31  v°  b  [11]  (î6'^^iP*C)  à  fol.  32  v°  a).  —  Épisode  de  la  femme 
adultère.  Le  récit  est  analogue  à  celui  de  Saint  .Jean  VIII,  3-11. 

24.  (A  fol.  28  v°  b  [16]  (ya}%i-h9"C)  à  fol.  30  r°  b;  B  fol. 

32  V"  a  [12]  {JJè'th9°C)  à  fol.  33  v°  b).  —  Épisode  de  la  Sama- 
ritaine, qui  s'appelle  Berfsinyâ  ('{\C^{09)-  Le  récit  est  ana- 
logue à  celui  de  Saint  Jean  IV,  4-43. 

2.').  (A  fol.  30  r"  b  [17]  {i%-\rh9^C)  à  fol.  31  r"  b;  B  fol.  33 
v°  b  [43]  (ïri'^iir'C)  à  fol.  3.")  r"  a).  —  En  passant  à  Magdala 


358  REVUE    DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

(<w»«7^rt"^),  Jésus  aperçoit  Simon  et  André,  fils  de  Jonas 
(P"Ç),  en  train  de  pécher  sur  le  bord  du  lac  de  Tibériade.  Il 
les  appelle,  pour  en  faire  des  pêcheurs  d'hommes.  Jésus  an- 
nonce à  Simon  qu'il  sera  le  Prince  des  Apôtres.  Celui-ci  con- 
fesse la  divinité  de  Notre-Seigneur.  Sur  quoi,  Jésus  le  déclare 
bienheureux  de  connaître  le  Mystère  de  l'Incarnation  par  la 
révélation  du  Père.  Puis,  Simon  voit  les  portes  du  ciel  ou- 
vertes, et  entend  une  voix  qui  disait  :  «  Écoutez-le  {Jésus- 
Christ);  obéissez  à  sa  parole,  et  n'adorez  que  lui  seul.  »  Simon 
tombe  la  face  contre  terre.  Jésus  le  prend  par  la  main  ainsi 
que  son  frère  André,  et  les  conduit  au  Jourdain,  où  Jean  les 
baptise.  Les  anges  descendent  des  cieux,  à  l'occasion  de  ce 
baptême.  Au  sortir  de  l'eau,  Simon  sent  que  ses  pieds  adhèrent 
au  rocher,  comme  à  une  chaussure.  Alors,  Notre-Seigneur 
change  son  nom  en  celui  de  Pierre^  et  lui  donne  le  pouvoir 
des  clefs.  C'est  l'amplification  de  la  scène  évangélique  de  la 
Confession  de  Pierre  [Samt  Matthieu  XVI,  16-19).  De  nou- 
veaux détails  sont  donnés  sur  la  puissance  de  Pierre. 

26.  (A  fol.  31  v°  a  [18]  (ïS'hMr'C)  à  fol.  32  r°  a;  B  fol.  35 
r°  a  [14]  (Joi'h9"C)  ;">  fol.  3-"»  v"  a).  —  Un  aveugle-sourd-muet, 
apprenant  que  Jésus  passait  à  Jérusalem,  implora  sa  guérison 
à  grands  cris.  Après  avoir  parlé  à  Pierre,  Notre-Seigneur  dit 
à  l'infirme  :  «  Je  vais  délier  le  lien  de  ta  langue;  parle  et 
expose  à.  Simon  et  à  André,  son  frère,  qui  je  suis.  »  Aussitôt, 
cet  homme  parla,  et  confessa  la  divinité  du  Sauveur.  Ensuite, 
Jésus  lui  rendit  la  vue  et  l'ouïe.  Il  prêcha  Notre-Seigneur,  et 
beaucoup  crurent  par  son  intermédiaire,  et  se  firent  baptiser 
par  Jea7i,  au  Jourdain. 

27.  (A  fol.  32  r°  a  [19]  (i(Dd-thr*C)  à  fol.  32  v°  b;  B  fol. 
35  V  a  [15]  ('iùi'h9°C)  <i  fol.  36  r°  b).  —  Résurrection  du  fils 
unique  de  la  veuve  de  Naini  ('i^'i).  Le  récit  est  analogue  à 
celui  de  l'Évangile  (Saint  Luc  VII,  11-17),  et  ajoute  seulement 
quelques  détails.  La  veuve  s'appelle  Bar'e'à,  fille  de  Vewâ'él 
(flCh'J  ••  (D/ii'  :  j&<Ph.A).  Yewaèl  était  un  fils  de  prophète. 
Le  nom  du  mort  est  Y'onàs,  fils  de  Sàlêm,  fils  de  Melkyâl, 
frère  de  Rehoum,  fils  de  Salâtijâl,  frère  du  père  du  prophète 
Jonas  (p-çft  :  (DA^  •■  ^A.9"  •  ©A*^  •  Î^Ah^A  •  h^lh  •  AC 


LES   MIRACLES    DE    NOTRE-SEIGNEUR.  359 

28.  (A  fol.  3-2  V  b  [20]  {^-thr^C)  à  fol.  31  r°  b;  B  fol.  36 
r°  b  [16]  ('i%'th9"C)  à  foi.  38  v°  a).  —  Venu  à  Jérusalem 
pour  la  fête  des  Tabernacles,  Jésus  vit  un  Israélite  qui  pleu- 
rait sur  son  frère,  mort  le  jour  même.  Il  lui  demanda  s^il  croyait 
au  Messie.  L'Israélite  attendait  précisément  l'avènement  du 
Messie.  Alors,  Notre-Seigneur  lui  dit  qu'il  était  le  Christ,  et 
ajouta  :  «  Si  je  ressuscite  ton  frère,  croiras-tu  que  je  suis  le 
Christ-Sauveur?  »  Sur  la  réponse  affirmative  de  l'homme, 
Jésus  partit  avec  lui.  Lorsqu'ils  arrivèrent  à  la  maison  où 
l'Israélite  demeurait,  beaucoup  de  brebis  s'en  allaient  au  pâtu- 
rage. Dès  qu'elles  aperçurent  Jésus,  elles  se  mirent  à  parler 
dans  la  langue  des  hommes,  et  à  dire  :  «  Bravo  à  ta  venue,  ô 
Fils  du  Seigneur  et  Fils  de  David,  selon  la  chair!  »  Un  bœuf 
même,  que  son  maître  voulait  tuer,  alla  à  la  rencontre  de  Notre- 
Seigneur,  et  s'écria  :  «  Aie  pitié  de  moi,  ô  Fils  de  David..,» 
Jésus  lui  déclara  qu'il  ne  serait  jamais  égorgé,  mais  qu'il  ser- 
virait de  témoin  à  cette  génération  perverse.  Le  bœuf  s'en  alla 
au  champ,  et  son  maître  ne  le  vit  plus.  Notre-Seigneur  donna 
aussi  la  liberté  aux  brebis,  afin  qu'elles  devinssent  les  témoins 
de  sa  gloire.  Puis,  il  entra  dans  la  maison  de  l'Israélite,  qui 
s'appelait  Baglesmân  (A  n**/Aft*^7;  B  n*7Aft'^ri^  Bagles- 
rnâsen).  Il  dit  au  mort  :  «  Israélite,  ressuscite  de  ta  mort.  » 
Celui-ci  se  leva  aussitôt  et  avec  agilité,  comme  quelqu'un  qui 
s'éveille  du  sommeil,  se  dressa  sur  ses  pieds,  adora  Jésus,  et 
lui  dit  :  «  Tu  es  le  Fils  du  Seigneur  vivant  (et)  éternel.  »  II  sui- 
vit Notre-Seigneur.  Les  Juifs  et  les  Samaritains,  voyant  ces 
trois  miracles  opérés  le  même  jour,  s'étonnèrent  fort.  Plusieurs 
furent  convaincus  que  Jésus  était  le  Christ.  D'autres,  après 
l'échange  de  diverses  réflexions,  restèrent  incrédules.  Certains 
racontèrent  ce  qui  s'était  passé  aux  scribes,  aux  prêtres  et  aux 
pharisiens.  Ces  derniers  ne  crurent  pas,  et  ordonnèrent  que,  si 
l'on  trouvait  Jésus  à  Jérusalem,  on  le  leur  fît  savoir.  Alors, 
Notre- Seigneur'  entra  au  temple  avec  ses. disciples.  Ils  se  réu- 
nirent auprès  de  lui,  et  lui  dirent  :  «  0  Maître  bon,  voici  que 
nous  savons  que  tu  es  envoyé  par  le  Seigneur,  et  que  personne 
ne  peut  faire  les  miracles  que  tu  fais.  Qui  est  ton  père,  qui  est 
ta  mère,  et  de  quelle  tribu  es-tu?  Si  tu  es  de  la  souche  des  pro- 
phètes, il  t'appartient  de  faire  des  miracles.  »  Jésus  leur  répon- 
dit :  «  Les  miracles  que  vous  me  voyez  faire,  je  les  fais  par  la 


360  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

puissance  de  mon  Père,  qui  est  dans  les  cieux.  »  Entendant  cette 
parole,  les  Juifs  prirent  des  pierres  pour  le  lapider.  Il  leur  de- 
manda pour  quel  miracle  ils  voulaient  le  lapider,  et  leur  an- 
nonça qu'il  allait  envoyer  ses  apôtres  travailler  à  la  conversion 
des  Gentils,  car  ces  derniers  étaient  destinés  à  remplacer  le 
peuple  des  Juifs. 

29.  (A  fol.  34  r"  b  [21]  {^b-thf^C)  à  fol.  35  r°  b;  B  fol.  38 
r°  a  [17]  (ï^'^^î^»c)  à  fol.  39  r"  a).  —  Jésus  passait  à  Jérusa- 
lem avec  Simon,  André,  Jacques  et  Jean.  Il  vit  un  vieillard 
qui  pleurait.  «  Donne-moi,  ô  Seigneur,  dit  ce  dernier  à  Jésus, 
de  quoi  payer  ma  dette.  —  Que  t'est-il  arrivé,  repartit  Notre- 
Seigneur,  et  quelle  est  ta  dette?  —  Que  me  servira-t-il  de  te  la 
raconter?  —  Ne  me  cache  pas,  Zachée  (HVfcJPft),  ton  affaire,  car 
c'est  moi  qui  enrichis,  et  qui  amoindris  et  appauvris  à  jamais.  » 
^'entendant  appeler  par  son  nom,  que  Jésus  n'avait  point  ap- 
pris, Zachée  fut  dans  un  grand  étonnemeni.  Il  adora  Noire-Sei- 
gneur, et  lui  demanda  secours.  Tous  les  oliviers  de  son  verger 
—  au  nombre  de  MO  —  étaient  arides  cette  année-là,  et  Zachée 
avait  compté  sur  leur  rendement  pour  payer  une  dette  qu'il 
avait  contractée.  Jésus  lui  demanda  un  rameau  de  l'un  de  ses 
oliviers.  Lorsqu'il  lui  fut  remis,  il  recommanda  à  Zachée  de 
le  planter  au  mi  Heu  de  son  champ,  lui  assurant  que  ce  rameau 
le  rendrait  riche,  et  deviendrait  un  olivier  à  trois  branches,  qui 
ne  se  dessécherait  jamais,  mais  serait  une  cause  de  bénédiction 
pour  tous  les  peuples.  Zachée  le  planta,  comme  Jésus  avait  dit. 
Aussitôt,  le  rameau  poussa,  avec  un  épanouissement  de  fron- 
daison. Émerveillé,  Zachée  alla  trouver  Notre-Seigneur, 
l'adora,  et  le  reconnut  pour  le  Christ  et  le  Fils  de  Dieu.  Il  ra- 
conta ce  miracle  aux  gens  de  sa  maison.  Tous  crurent  ainsi 
que  quelques  Juifs.  11  retourna  à  l'olivier.  Il  avait  des  fruits 
cette  fois,  et  Zachée  en  fit  apporter  10  charges  d'homme  (^>l^  : 
-AïtA.),  le  même  jour.  De  plus,  en  27  jours,  il  remplit  d'olives 
13  Contenances  de  pressoir  (laiv9^^^^).  Après  la  récolte  des 
olives  et  de  l'huile,  il  alla  rendre  grâces  à  Jésus,  et  il  lui  de- 
manda que  l'olivier  rapportât  la  même  quantité  de  fruits  chaque 
année.  Notre-Seigneur  le  lui  promit. 

30.  (A  fol.  35  r°  b  [22]  ['R^^hrt)  à  fol.  36  V  a;  B  fol.  39 
r"  a  (i'^îP'C)  à  fol.  40  r°  b).  —  Jésus  allait  à  Bethléem  visiter  le 


LES   MIRACLES    DE    NOTRE-SEIGNEUR.  361 

tombeau  des  Saints  Innocents.  Il  rencontre  en  route  plusieurs 
princes  des  prêtres  et  scribes.  Comme  ils  se  rendaient  à  Beth- 
léem, Notre-Seigneur  les  accompagne  au  tombeau  de  Rac/iel, 
et  leur  demande  s'ils  croiraient  en  lui,  au  cas  où  il  ressuscite- 
rait Racliel.  Les  Juifs  le  traitent  de  fou,  mais  lui  avouent  néan- 
moins que,  s'il  opère  ce  miracle,  ils  le  reconnaîtront  pour  ren- 
voyé de  Dieu  et  le  Messie,  Sauveur  (ÏIsrai'l.  Après  leur  avoir 
adressé  de  sévères  réprimandes,  Jésus  leur  affirme  son  intention 
de  ressusciter  6'r/rrt,  Rébecra  et  Rachel  (/i^,C'n**',^y.A).  Lais- 
sant les  Juifs  dans  un  vif  étonnement,  il  se  retire  à  l'écart,  et 
ordonne  aux  trois  saintes  femmes  de  sortir  du  tombeau.  Aussi- 
tôt, un  violent  tremblement  de  terre  se  produit;  un  grand  bruit 
se  fait  entendre;  le  rocher  se  fend;  Sara,  Rébecra  et  Racket 
apparaissent,  et  vont  se  prosterner  deyâni  Jésus.  Leur  visage 
brillait  comme  le  soleil.  Notre-Seigneur  dit  aux  Juifs  de  lever 
les  yeux  et  de  regarder  les  saintes  femmes.  Ils  ne  peuvent  pas  le 
faire,  tant  ils  sont  éblouis  par  l'éclat  de  la  lumière  qui  se  dé- 
gage de  la  face  des  ressuscitées.  Sara  reproclie  aux  Juifs  leur 
incrédulité  envers  Jésus,  et  leur  rappelle  les  bienfaits  que  le  Fils 
de  Dieu  n'a  cessé  de  leur  accorder  au  cours  des  siècles.  Notre- 
Seigneur  leur  demande  si  maintenant  ils  vont  croire  en  lui,  et 
leur  annonce  que  les  Gentils  deviendront  à  leur  place  le  peuple 
élu  de  Dieu.  Puis,  il  ordonne  à  Sara,  k  Rébecca  et  à  Rachel 
de  retourner  à  leur  tombeau,  ce  qu'elles  font  immédiatement. 

M.  (A  fol.  36  \°  h  [23]  ('Kr-i'h^^C)  à  fol.  37  r"  b;  B  fol.  10 
r"  b  [19]  (yv'i'h9^C)  à  fol.  11  r"  a).  —  Jésus,  en  passant  avec 
ses  disciples  à  Césarée  de  Palestine  (<fe<^CJP  ••  }\^Al\'VYh9^) -, 
aperçoit  un  homme  en  pleurs,  près  d'un  champ  de  melons.  Il 
lui  demande  le  motif  d'un  tel  chagrin.  Cet  homme  répond  que 
les  melons,  qu'il  a  semés  avec  beaucoup  de  peine,  puisqu'il 
est  pauvre  et  maladif,  sont  tous  perdus.  Noti-e-Srigneu)-  s'in- 
forme de  cette  perte.  Les  vers  avaient  rongé  complètement  les  me- 
lons, et  il  ne  restait  plus  dans  le  champ  que  trois  racines.  Avec 
quoi  l'homme  infortuné  paierait-il  ses  dettes  ?Jé''s //s-  lui  ordonne 
d'arracher  les  trois  racines  et  de  les  lui  apporter.  ,Vprès  les  avoir 
bénies,  il  les  rend  à  l'homme,  en  lui  recommandant  de  les  plan- 
ter dans  un  autre  endroit,  et  de  ne  pas  les  approcher  les  unes 
des  autres.  Celui-ci  fait  comme  Notre-Seigneur  lui  ordonne. 
Aussitôt,  les  trois  racines  produisent  des  tiges  et  des  fleurs.  Le 


362  REVUE    DE    l'orieXT    CHRPÎTIEN. 

rendement  des  fruits  est  tel  que  cet  homme,  à  lui  seul,  récolte 
plus  de  melons  que  tous  les  gens  de  la  Palestine.  En  les  ven- 
dant, non  seulement  il  peut  payer  ses  dettes  et  restaurer  sa 
maison,  mais  il  tire  encore  un  bénéfice  de  1.000  drachmes  d'or. 
Il  tient  à  apporter  cette  somme  à  Jésus,  pour  lui  demander  ce 
qu'il  doit  en  faire.  Notre-Seigneur  répond  qu'elle  doit  être  dis- 
tribuée aux  pauvres  en  aumône.  L'homme  obéit,  puis  vient 
trouver  à  nouveau  Jésus,  et  l'informe  qu'il  a  bien  distribué  les 
1.000  drachmes  aux  pauvres,  sans  en  garder  une  seule  par 
devers  lui.  Notre- Seigneur  le  félicite,  et  lui  ordonne  de  le  sui- 
vre. Cet  homme  devient  l'un  des  72  disciples.  Plus  tard,  beau- 
coup d'Israélites  et  de  Gentils  —  notamment  les  gens  d'Ascalon 
(l\l\^'\l)  —  se  convertirent  à  sa  prédication,  et  reçurent  le 
baptême. 

32.  (A  fui.  37  V"  a  [24]  (xo-f-^rc)  à  fol.  38  r"  b;  B  fol.  41 
r°  a  [20]  (W'MiiP'C)  à  fol.  42  r"  a).  —  Guérison  de  l'hémorroïsse. 
Le  récit  est  analogue  à  celui  de  Saint  Marc  V,  25-3 1  (cf.  Matth. 
IX,  20-22;  Luc  VIII,  12-48).  Quelques  détails  complémentaires 
sont  donnés.  L'hémorroïsse  s'appelle  Vegosqénd  (j&p-ft«&V;  B 
Yeijosténâ  JK-p-ft-feÇ).  Une  autre  scène  de  l'Évangile  est  ajoutée 
ici,  comme  suite  à  ce  récit  :  c'est  celle  où  les  Juifs,  choqués  de 
la  doctrine  de  Jésus,  murmurent  contre  lui,  et  mettent  en  avant 
sa  famille,  pour  ne  le  considérer  que  comme  un  homme  ordi- 
naire (cf.  Matth.  XIII,  55;  Marc  VI,  3;  Luc  IV,  22;  Jean  VI, 
42).  Voici  ce  qui  est  propre  aux  Miracles  de  Notre- Seigneur. 
Jésus  déclare  aux  Juifs  que  Marie  est  bien  sa  mère,  mais,  par 
contre,  que  Joseph  est  seulement  son  ami,  et  non  point  son  père. 
Apercevant  alors  une  chèvre  qui  paissait  sur  une  colline  voi- 
sine, Notre-Seigneur  l'appelle.  «  Je  t'ordonne,  ô  chèvre,  lui  dit- 
il,  de  venir  ici,  et  de  dire  à  ces  gens  qui  je  suis,  d'où  je  suis  venu 
dans  le  monde,  et  où  je  vais.  »  La  chèvre  vint,  se  prosterna  aux 
pieds  de  Jésus,  et  confessa,  dans  la  langue  des  hommes,  qu'il 
était  le  Dieu  d'Israël,  le  Créateur  des  cieux  et  de  la  terre.  Les 
gens  qui  entendirent  ces  choses  —  ils  étaient  au  nombre  de 
7.400  hommes,  sans  compter  les  femmes  et  les  enfants  —  furent 
étonnés  grandement,  crurent  en  Jésus,  et  le  proclamèrent,  d'une 
seule  voix,  le  Christ  et  le  Fils  de  Dieu.  Notre-Seigneur  dit  à  la 
chèvre  de  retourner  à  son  pâturage,  et  il  l'exempta  désormais 


LES   MIRACLES    DE   NOTRE-SEIGNEUR.  363 

de  toute  servitude.  —  Dans  B  fol.  11  r°  b  se  trouve  une  image, 
qui  représente  l'hémorroïsse  en  train  de  touciier  la  frange  du 
vêtement  de  Jésus. 

33.  (A  fol.  38  r°  b  [25]  (^hi'h9"C)  à  fol.  39  v°  b  ;  B  fol.  27  r^»  b 
('t'h9°C)  à  fol.  2S  v"  b).  —  A  son  passage  dans  la  terre  de  '£*/- 
Hedâr  (KA'î-^C;  B  îtAU-^C),  Jésus  aperçut  un  homme  lé- 
preux et  muet,  qui  faisait  des  gestes  de  désespéré.  Il  s'appro- 
cha de  lui,  et  mit  la  main  sur  sa  langue.  L'homme  parla  aussi- 
tôt, se  prosterna  aux  pieds  de  Notre-Seigneur,  et  confessa  sa 
divinité.  Il  dit  ensuite  à  Jésus  qu'il  avait  été  chassé  par  les  Juifs 
de  la  communauté,  à  cause  de  sa  lèpre,  et  que  personne  ne  lui 
donnait  à  manger.  Notre-Seigneur  lui  ordonna  d'aller  à  la  pis- 
cine de  Siloé  (ftA'P'j),  et  de  s'y  laver  trois  fois,  en  disant  à 
chaque  ablution  :  «  Au  nom  du  Père,  Amen;  au  nom  du  Fils, 
Amen;  au  nom  du  Saint-Esprit,  vie  éternelle,  Amen.  »  Le  lé- 
preux s'y  rendit  sur-le-champ,  fit  tout  ce  qui  lui  avait  été  prescrit, 
et  fut  guéri.  Lorsqu'il  retourna  au  milieu  des  Juifs,  ceux-ci, 
intrigués  de  le  voir  revenu  à  la  santé,  lui  demandèrent  par  qui 
et  quand  il  avait  été  guéri.  Apprenant  que  c'était  Jésus  qui 
avait  opéré  ce  miracle,  et  cela  un  jour  de  sabbat,  les  Juifs  réso- 
lurent entre  eux  de  le  tuer,  comme  étant  un  violateur  de  la  Loi 
et  firent  part  de  leur  dessein  aux  prêtres  et  aux  docteurs.  Ce. 
derniers  firent  venir  le  miraculé,  qui  manifesta  ouvertement  sa 
reconnaissance  envers  Notre-Seigneur.  Sur  ces  entrefaites, 
Jésus  arriva.  Il  adressa  de  cinglants  reproches  aux  scribes  et 
aux  pharisiens,  sous  forme  d'anathèmes.  (On  rencontre  des 
malédictions  analogues  dans  Saint  Luc  VI,  39-32.  De  plus,  ce 
récit  ressemble,  sur  plusieurs  points,  à  celui  de  la  guérison  de 
l'aveugle-né'en  Saint  Jean  IV,  1-38).  Vient  ensuite  la  scène 
de  l'Évangile,  où  Jésus  riposte  aux  Juifs,  à  propos  du  Christ, 
Fils  de  David,  par  la  citation  du  fameux  texte  des  Psaumes  : 
Dixit  Dominus  Domino  meo  :  Sede  a  dextris  nieis  (cf.  Mat  th. 
XXII,   11-16;  Marc  XII,  35-37;  Luc  XX,  41-44). 

31.  (A  fol.  39  V  b  [26]  (^%'i^h9"C)  à  fol.  41  v°  a  ;  B  fol.  28  v°  b 
('^^i9"C)  à  fol.  30  r°  b).  —  Pendant  quatre  ans  et  demi,  les 
sauterelles  dévorèrent  les  récoltes  de  la  Galilée  et  de  la  Judée. 
Une  grande  famine  sévit,  et  beaucoup  de  gens  moururent.  Les 
Israélites  se  réunirent,  et  songèrent  à  Jésus,  pour  écarter  le 


364  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

fléau.  Mais,  ne  sachant  pas  où  il  se  trouvait  à  ce  moment-là,  ils 
chargèrent  Nicodème  (3^«P-Ç,T'ft),  son  ami,  de  le  joindre  et  de 
lui  demander  secours.  Ce  dernier  se  rendit  auprès  de  Jésus. 
Notre-Seigneur  lui  exposa  qu'une  telle  calamité  était  la  puni- 
tion du  péch(''  des  Israélites,  qui  avaient  souvent  résisté  à  ses 
sollicitations  pressantes,  lorsqu'il  avait  voulu  les  réunir  sous 
son  autorité,  comme  la  poule  rassemble  sous  ses  ailes  ses  pous- 
sins. Néanmoins,  il  les  sauvera,  du  désastre.  Mais  ce  sera  un 
jour  de  sabbat.  Nicodrinc  paraît  choqué.  Alors,  Notre-Sei- 
g)ieur  le  laisse  juge  de  la  question,  et  attire  son  attention  sur 
les  points  suivants.  Il  est  toujours  permis  de  faire  le  bien, 
même  le  sabbat;  le  Fils  de  l'homme  est  maître  du  sabbat;  enfin, 
le  sabbat  a  été  fait  pour  les  hommes,  et  non  pas  les  hommes 
pour  le  sabbat.  Lui-même,  Jésus,  le  Verbe  éternel,  n'a-t-il  pas 
autrefois  ordonné  à  Élie  de  marcher  pendant  quarante  jours  et 
quarante  nuits,  sans  s'occuper  du  sabbat?  A  cette  époque,  Notre- 
Spirpieur  avait  trente  ans.  Nicodème  fut  émerveillé  de  la  sa- 
gesse de  ses  paroles.  Pendant  l'entretien,  il  vit  soudain  le  visage 
de /^'.s^/s  devenir  sept  fois  plus  brillant  que  le  soleil.  Une  nuée 
lumineuse  apparut.  Un  ange  descendit  de  la  nuée,  et  vint  se 
prosterner  devant  Xotre-Seigneur  et  lui  demander  ses  ordres. 
Jésus  lui  prescrivit  de  faire  cesser  le  fléau,  le  jour  du  sabbat.  A 
la  vue  d'un  tel  spectale,  Nicodème  fut  effra3é.  Notre-Seigneur 
lui  déclara  que  le  spectacle  serait  bien  plus  grandiose,  lorsqu'il 
viendrait,  dans  sa  gloire,  juger  les  vivants  et  les  morts.  Nico- 
dème se  mit  à  pleurer,  confessa  la  divinité  de  Jésus,  et  se  répan- 
dit en  ardentes  supplications.  Notre-Seigneur  lui  dit  que  per- 
sonne ne  pouvait  entrer  dans  le  royaume  des  cieux,  sans  renaître 
de  l'eau  et  de  l'Esprit,  et  que,  par  conséquent,  les  Juifs  devaient 
faire  pénitence.  Nicodème  raconta  aux  Israélites  tout  ce  qui 
s'était  passé.  Beaucoup  d'entre  eux  crurent  par  lui  en  Jésus.  Le 
fléau  fut  écarté,  le  jour  du  sabbat. 

33.  (A  fol.  41  v''  a  [27]  {'K%tm'}YlC)  à  fol.  1-2  r°  a  ;  B  fol.  12  r''  a 
[21]  {^6'th9^C)  à  fol.  12  v"  b).  —  Beaucoup  de  lions  avaient 
envahi  la  contrée  d\iscalon  (^^ft.*A'^)•  Personne  ne  pouvait 
sortir  de  la  ville,  après  le  coucher  du  soleil.  Les  gens  d\[scalon 
allèrent  trouver  Je'.sv^^-,  et  lui  demandèrent  de  les  débarrasser  des 
lions.  Notre-Seigneur  leur  promit  de  les  exaucer.  Comme  ils 


LES    MIRACLES    DE    NuTHE-SKlfiXEUR.  365 

retournaient  chez  eux,  il  leur  adjoignit  Nathanaël,  originaire  de 
Caiia  de  Galilée  (ç^V/i,A  ••  h9^^^  '  WIHA)-  Ce  dernier  avait 
mission  de  se  rendre  auprès  des  lions,  et  de  leur  signifier  les 
ordres  ÙQJésua.  A  peine  était-il  arrivé  aux  abords  à'Ascalon  que 
les  lions,  en  très  grand  nombre,  se  groupèrent  autour  de  lui.  11 
étendit  la  main  sur  eux,  et  leur  communiqua  l'ordre  de  Notre- 
Seigiieur.  Les  lions  inclinèrent  la  tête,  se  prosternèrent  devant 
lui,  puisqu'il  était  un  des  disciples  de  Jésus,  et  disparurent  aus- 
sitôt de  la  région.  Les  gens  d'Ascalon  crurent  en  Notre-Sei- 
gnear,  et  glorifièrent  Dieu. 

3<j.  (A  fol.  42  r°  a  [28]  (xy^-h^^C)  à  fol.  1 1  r°  b;  B  loi.  12  v"  a 
('i'ï\9^C)  à  fol.  45  r"  a).  —  Se  trouvant  à  Jéricho  (h^^6\\),  Jésus 
réunit  ses  douze  apôtres,  et  les  entretient  de  leur  destinée;  le 
royaume  des  cieux  leur  est  réservé  ;  ils  sont  tous  purs,  sauf  un 
seul;  assis  sur  douze  trônes,  ils  devront,  à  la  résurrection  des 
morts,  juger  les  douze  tribus  (X Israël.  Il  s'adresse  ensuite  à 
Pierre  :  «  0  Simon,  fils  de  Jonas  (p'Ç),  que  dis-tu  do  moi?  » 
Pierre  confesse  la  divinité  de  Jésus.  Notre-Seigneur  lui  répond 
longuement,  e1  le  déclare  bienheureux  de  connaître  les  mys- 
tères par  la  révélation  du  Père,  et  de  voir  et  d'entendre  ce  que 
les  prophètes  ont  tant  désiré  connaître.  Puis,  Jésus  parle  sur 
divers  sujets;  les  débauchés,  les  voleurs,  les  publicains  et  les 
pécheurs  précéderont  les  Israélites  dans  le  royaume  des  cieux; 
lui-même  confessera  devant  son  Père  ceux  qui  l'auront  confessé 
devant  les  hommes,  mais  reniera  ceux  qui  l'auront  renié;  les 
apôtres  seront  persécutés,  et  ceux  qui  les  immoleront  croiront 
oifrir  un  sacrifice  agréable  à  Dieu;  les  Gentils  détruiront  le 
temple,  et  emmèneront  en  captivité  les  Juifs.  Vient  ensuite  un 
exposé  eschatologique.  Lorsque  Nôtre-Seigneur  eut  fini  de  par- 
ler, Pierre  lui  fit  remarquer  que  le  soir  était  arrivé,  et  qu'il  n'y 
avait  pas  au  désert  de  lieu  où  passer  la  nuit.  Jésus,  après  avoir 
déclaré  qu'il  était  le  maître  du  jour  et  de  la  nuit,  ordonna  à 
I^ierre  de  se  rendre  à  Jérusalem.  A  l'entrée  de  la  ville,  il  trou- 
verait un  vieillard,  ayant  une  brebis;  il  lui  dirait  que  l'intention 
du  Maître  était  de  passer  la  nuit  chez  lui.  Sur-le-champ,  Pierre 
arriva  avec  les  disciples  à  Jérusalem.  Ceux-ci  furent  stupéfaits 
d'être  arrivés  en  un  clin  d'œil,  et  glorifièrent  le  Seigneur.  A 
l'entrée  de  la  ville,  ils  trouvèrent  l'homme  avec  la  brebis.  C'était 


36G  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Gamaliel  (l'^A^A),  frère  de  Nicodème.  Pierre  lui  rapporta 
ce  qu'avait  dit  Notre- Seigneur.  Gamaliel  les  introduisit  dans 
sa  maison,  et  lui-même  alla  à  la  rencontre  de  Jésus.  Il  le  trouva 
assis  sur  le  Mont  des  Oliviers,  et  le  pria  de  venir  chez  lui.  Lors- 
que Jésus  entra,  les  colonnes  de  la  maison  se  couvrirent  de  ver- 
dure. Gamaliel  et  Nicodème  furent  émerveillés.  Notre-Sei- 
gneur^iXk  Gamaliel  de  ne  pâs  s'étonner  d'un  tel  miracle,  car  il 
en  faisait  de  plus  grands  pour  les  Israélites,  qui  cependant  res- 
taient incrédules;  il  lui  ajouta  qu'il  deviendrait  un  jour  son  té- 
moin, et  que  son  nom  était  inscrit  dans  le  royaume  des  cieux. 
Ensuite,  Jésus  déclara  à  ses  disciples  qu'il  les  avait  choisis  de 
toute  éternité.  Il  passa  cette  nuit-là,  avec  ses  apôtres,  dans  la 
maison  de  Gamaliel. 

37.  (A  fol.  44  r°  b  [29]  ('Kd'ilC)  à  fol.  46  r"  a;  B  fol.  45  r"  a 
(vie)  à  fol.  47  r"  b).  —  Le  lendemain,  Jésus  se  rendit  au  Mont  des 
Oliviers.  11  parla  à  nouveau  de  la  destruction  du  temple,  des  per- 
sécutions, qui  allaient  venir,  et  de  la  fin  des  temps.  II  déclara 
bienheureux  les  apôtres,  et  principalement  Pierre,  leur  chef,  sur 
la  primauté  de  qui  il  s'étendit  longuement.  Un  sentiment  de  ja- 
lousie naquit  dans  l'àme  des  disciples  contre  Pierre.  De  plus,  ils 
se  demandèrent  lequel  d'entre  eux  était  le  plus  grand  après 
Pierre.  Notre-Seigneur,  connaissant  leurs  pensées,  les  répri- 
manda, et  leur  affirma  que  celui  qui  voudrait  être  maître  devien- 
drait serviteur.  Puis,  il  leur  recommanda  de  ne  pas  s'adonner  à 
la  tristesse.  En  effet,  ne  sont-ils  pas  appelés  à  juger  avec  lui 
les  douze  tribus  d'Israël,  au  jour  de  la  résurrection?  Les  apôtres 
veulent  savoir  par  qui  seront  jugés  les  fidèles.  Jésus  leur  dit 
qu'il  se  réserve  de  les  juger  lui-même,  et  qu'il  ne  déléguera  ce 
pouvoir  à  personne,  car  les  fidèles  ont  mangé  sa  chair  et  bu 
son  sang.  Les  disciples  désirent  connaître  aussi  le  jour  du  ju- 
gement. Notre-Seigneur  leur  répond  que  personne  n'en  sait 
l'heure,  hormis  le  Père  céleste.  —  Dans  B  fol.  46  r°  une  image 
représente  Jésus  enseignant  les  apôtres. 

38.  (A  fol.  46  r"  b  [30]  (^•l'h9^C)  à  fol.  49  i"^  b  ;  B  fol.  47  r"  b 
("fhT^C)  à  fol.  50  v"  b).  —  Jean- Baptiste  baptisait  dans  le 
Jourdain  tous  les  Israélites  qui  venaient  à  lui.  Il  confia  à  ses 
disciples  une  révélation,  que  Dieu  lui  avait  faite  dans  le  sein 
de  sa  mère.  Lorsque  les  eaux  du  Jourdain  se  mettraient  à  reçu- 


LES    MIRACLES    DE    NOTRE-SEIfiNEUR.  367 

1er  et  à  bouillir,  c'était  pour  Jean  le  signe  que  l'Agneau  de  Dieu 
viendrait  se  faire  baptiser.  Or,  ce  signe  s'était  accompli.  Pen- 
dant ce  temps,  Jésus  parlait  à  ses  apôtres  du  jugement.  Lors- 
qu'il eut  fini  son  exposé,  il  leur  manifesta  son  intention  d'aller 
au  Jourdain  recevoir  le  baptême.  Noire-Seigneur  et  les  disci- 
ples se  rendirent  d'abord  à  Dêllianie  (fl,;l'7^),  et  passèrent  la 
nuit  chez  Ijuzare  (KA^»HC).  Le  lendemain  matin,  ils  allèrent  au 
Jourdain.  En  apercevant  Jésus,  Jean-Baptiste  confessa  publi- 
quement sa  divinité,  et  s'écria  à  haute  voix  :  «  \'oici  l'Agneau  de 
Dieu  ;  voici  Celui  qui  efface  les  péchés  du  monde,  «./t^s^s  deman- 
dait le  baptême  ;  mais  Jean  n'osait  pas  baptiser  son  Dieu.  Notre- 
Seigneur  insista,  et  descendit  dans  le  Jourdain.  Aussitôt,  le 
fleuve  recula  de  quarante  coudées,  et  ses  eaux  devinrent  comme 
des  charbons  de  feu.  Saisi  de  frayeur  à  ce  spectacle,  Jean  se  jeta 
aux  pieds  de  Jésus,  et  lui  répéta  qu'il  ne  lui  appartenait  pas 
de  le  baptiser.  Notre- Seigneur  réitéra  ses  ordres  au  Baptiste. 
Beaucoup  de  personnes  étaient  témoins  de  cette  scène.  Jean,  en 
tremblant,  mit  la  main  sur  la  tête  de  Jésus.  Immédiatement, 
le  ciel  s'ouvrit;  l'Esprit-Saint  descendit  sous  la  forme  d'une 
colombe,  et  demeura  sur  la  tète  de  Notre-Seigneur  ;  la  voix  du 
Père  se  fit  entendre  :  «  Celui-ci  est  mon  Fils  bien-aimé,  en  qui 
je  me  plais...  »  Ce  spectacle  affermit  la  foi  des  apôtres.  De  leur 
côté,  les  disciples  de  Jean  et  toutes  les  personnes  présentes 
crurent  en  Jésus  .  Lorsque  Notre-Seigneur  sortit  du  Jourdain, 
beaucoup  d'anges  descendirent  du  ciel,  le  portèrent  sur  leurs 
ailes,  et  l'adorèrent.  Jésus  s'en  retourna,  avec  les  apôtres,  à 
Jérusalem.  Il  les  envoya  de  là  prêcher  la  foi  aux  pays  cVAnimon 
et  de  Moab  {vid.  •'  hH^'i  •"  (DH^h-il)-  l'our  lui,  il  alla  au  désert, 
et  se  retira  sur  une  montagne.  Satan  vint  le  trouver.  Suivent 
les  récits  du  Jeûne  quadragésimal  et  de  la  Tentation  de  Notre- 
Seigneur,  analogues  à  ceux  de  l'Évangile  (Baptême  :  cf.  Matth. 
III,  13-17;  Marc  I,  9-II;  Luc  III,  21--22;  Jeûne  et  Tentation  : 
cf.  Matth.  IV,  I-II  ;  Marc  I,  12-13;  Luc  IV,  I-I3).  Ensuite, 
Jésus  se  rendit  en  Galilée.  —  B  fol.  18  v°  contient  l'image  du 
Baptême  de  Noire-Seigneur. 
{A  suivre.) 

Bt'zaucourt,  par  Gournay-en-Bray,  le  f)  Septembre  1911. 

Sylvain  Gréhaut. 


CATALOGUE  SOMMAIRE 
DES  MANUSCRITS   COPTES 

DE  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE 

(Suite)  (l) 


V.  —  HYMNAIRES 
91 

Hymnes  {bohairiqiie)  pour  les  fêtes  des  saints. 

Ce  recueil,  divisé  en  deux  parties,  comprend  pour  chaque 
lete  deux  hymnes  acrostiches  formées  de  strophes  de  quatre 
vers,  l'une  dans  le  ton  BAtïoc,  l'autre  dans  le  ton  aaau. 

Dans  la  première  section,  fêtes  du  nouvel  an,  ^''  Thôout; 
de  saint  Jean-Baptiste,  2  Thôout;  de  la  Croix,  17  Thôout;  des 
saints  Serge  et  Bacchus,  10  Paopi  ;  de  saint  Théophane,  21  Paopi  ; 
de  saint  Georges,  7  Athôr;  de  saint  Menas,  15  Athôr;  de  saint 
Théodore  l'Oriental,  12  Tôbi  ;  des  saints  Côme  et  Damien  et  de 
leurs  frères,  22  Athôr;  de  sainte  Marine,  23  Athôr;  des  vingt- 
quatre  vieillards  de  l'Apocalypse,  21  Athôr;  de  saint  Mercure, 
25  Athôr;  de  saint  Jacques  l'Intercis,  27  Athôr;  de  l'archiman- 
drite Schenouti,  1"  Choiak;  de  la  Présentation  de  la  Vierge,  3 
Choiak;  du  martyr  saint  Salib,  8  Choiak;  de  sainte  Barbe,  8 
Choiak;  de  l'archange  Gabriel,  22  Choiak;  du  patriarche  Mat- 
thieu, 5  Tôbi;  de  la  Purification  de  la  Vierge,  8  Tôbi;  de  la 
mort  de  la  Vierge,  21  Tôbi;  de  saint  Antoine,  premier  ermite, 
22  Tôbi;  de  l'archange  Souriel,  27  Tôbi;  de  saint...,  28  Tobi; 
des  saints  Cyr  et  Jean,  G  Mechir. 

Dans  la  seconde  section,  les  fêtes  de  l'Annonciation,  29  Fa- 

(1)  Voy.  HOC,  lyiU,  p.  85,   13;!,  :]y2;  1911,  p.  «1.  lOG,  i3y. 


MANUSCRITS    COPTES.  309 

menôth;  de  saint  Victor,  fils  de  Romanes,  29  Farmoutlii;  de 
saint  Marc  Tévangéliste,  30  Farmouthi;  de  la  Fuite  en  Egypte, 
25  Pachôn;  de  saint  Jean  d'Héraclée,  4  Paôni;  de  saint  Claude 
d'Antioche,  11  Paôni;  de  la  Vierge  à  Philippes,  21  Paùni;  de 
l'archange  Gabriel,  26  Paôni;  du  martyr  Michel,  4  Epîp;  des 
saints  Pierre  et  Paul,  5  Epîp;  d'Apollon  fils  de  Juste,  V' 
Mesôrî;  de  la  Transfiguration,  13  Mesôrî;  de  l'Assomption, 
16  Mesôrî;  des  patriarches  Abraham,  Isaac  et  Jacob,  28  Me- 
sôrî ;  de  l'archange  Raphaël,  3'  jour  du  petit  mois  ;  de  saint 
Barsôma,  5®  jour  du  petit  mois. 

Ms.  de  298  feuillets;  20  x  14.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  de  1  à  298  au  recto  des  feuillets,  de  b 
à  cqH  au  verso,  le  nombre  pnH  étant  écrit  deux  fois.  Division 
en  cahiers  de  dix  feuillets,  cotés  par  première  et  dernière  page, 
avec  ornement  noir  et  rouge. 

Au  verso  du  premier  feuillet,  croix  noire  et  rouge,  accompa- 
gnée de  mots  arabes  et  coptes.  Un  ornement  noir  et  rouge  pré- 
cède chaque  partie  [2  r.  et  184  r.].  Le  titre,  en  arabe,  est  formé  de 
lignes  écrites  les  unes  en  noir  et  les  autres  en  rouge.  Chaque 
hymne  est  précédée  d'un  titre  arabe,  en  rouge.  La  première 
lettre  est  une  majuscule  haute  de  quatre  lignes,  écrite  à  la  marge 
et  rehaussée  de  rouge;  chaque  strophe  commence  par  une  ma- 
juscule plus  petite,  écrite  à  la  marge  et  rehaussée  de  rouge. 
Les  lettres  l),  (^  eiz  portent  un  point  rouge  à  l'intérieur  de  la 
boucle.  Les  points  de  division  sont  représentés  par  .>.  en 
rouge;  les  abréviations  sont  surmontées  d'un  trait  noir  qui 
traverse  un  gros  point  rouge. 

Acquis  par  Vansleb,  dont  le  cachet  est  empreint  sur  le  pre- 
mier et  le  dernier  feuillets.  —  Régi  us,  312. 

Invent.  :  Copte  8. 

92 

Hymnes  {bohairiqiie)  pour  les  fêtes  des  saints. 

Ce  recueil  comprend  pour  chaque  fête  deux  hymnes  acrosti- 
ches formées  de  strophes  de  quatre  vers,  l'une  dans  le  ton  liAoot:, 
l'autre  dans  le  ton  aaau. 

Fêtes  du  nouvel  an,  1"''  Thôout;  de  saint  Jean- Baptiste, 
2    Thôout;  saint  Etienne,    15  Thôout  (une  seule  hymne);  le 

OIllENT   CimÉTIEN.  24 


370  REVUE    DE    L  ORIENT    CHRETIEN. 

marlyr  Pisora  (mcopA),  9  Thôout;  la  Croix,  17  Thôout; 
la  Vierge,  21  Thôout  (une  seule  hymne);  les  saints  Serge  et 
Bacchus,  P'  Paopi;  de  saint  Théophane,  21  Paopi;  saint 
Marc,  30  Paopi  (une  seule  hymne);  la  Vierge,  21  Athôr; 
saint  Georges,  7  Athôr  et  23  Farmouthi;  les  quatre  animaux, 
8  Athôr;  saint  Michel,  12  Athôr;  saint  Menas,  15  Athôr;  les 
vingt-quatre  vieillards,  21  Athor;  saint  Mercure,  25  Athôr; 
saint  Victor,  27  Athôr;  Tarchimandrite  Schenouti,  1"  Choiak 
et  7  Epip;  la  Présentation  de  la  Vierge,  3  Choiak;  le  solitaire 
Samuel  Apaisi  (AiiAïKii),  Thècle,  Barbe  et  Julienne  (ioaiaiig) 
(de  la  psallie  aaam  seules  les  trois  premières  strophes  sont 
copiées;  elles  sont  suivies  d'un  feuillet  blanc),  8  Choiak;  l'ar- 
change Gabriel,  23  Choiak  et  26  Paoni  ;  les  Innocents  et  la  Pré- 
sentation de  Jésus  au  Temple,  G  Tôbi  et  8  Mechir;  saint  Jean- 
Baptiste,  10  Tôbi  et  2  Paoni;  l'Epiphanie,  11  Tôbi;  Théodore 
l'Oriental,  12  Tôbi  et  12  Paôni  (onze  strophes  de  la  première 
hymne). 

Ms.  de  90  feuillets;  41,5  x31,2.  Fin  du  xix*  siècle. 

Don  de  la  Mission  permanente  du  Caire. 

Inveiit.  :  Copte  122. 

93 

Hymnes  {bohairique)  en  l'honneur  des  saints. 

Pour  chaque  fête,  deux  hymnes  acrostiches  formées  de 
strophes  de  quatre  vers,  l'une  dans  le  ton  baboc,  l'autre  dans 
le  ton  AAALi.  Fêtes  de  saint  Théodore  l'Oriental,  12  Tôbi;  du 
commun  des  martyrs,  du  commun  de  plusieurs  martyrs;  du 
commun  des  confesseurs;  de  la  Toussaint  (mention  d'un  grand 
nombre  de  saints);  de  ITncarnation;  des  saints  Georges,  Marc 
(liABoc;),  Victor,  Claude,  Schenouti  (bahoc),  Marc  (aaau), 
Schenouti  (aaam),  Tiiéodore  le  Stratélate;  de  l'Epiphanie;  des 
patriarches  Abraham,  Isaac  et  Jacob;  de  Barsoma;  de  sainte 
Marine;  du  commun  des  martyrs;  des  saints  Apaisi  (naici), 
Thècle  et  Barbe.     1 13  v.  —  111  r.  Noteen  grec,  à  l'encre  rouge. 

Ms.  de  111  feuillets;  15,5  x  10.  Daté  de  1591  ap.  J.-C. 
(Ulr.). 

Ce  manuscrit  n'est  pas  coté  on  copte. 

Titres  arabes,  en  rouge.   Majuscules  rehaussées   de  rouge. 


MANUSCRITS    COPTES.  371 

(\),  I3  et  2  n'ont  pas  de  point  dans  la  boucle;  abréviations  sur- 
montées d'un  trait  noir  et  d'un  point  rouge. 

Acquis  en  1671  à  Nikiou  (feuillet  de  garde)  par  Vansleb 
dont  le  cachet  sur  cire  est  empreint  aux  feuillets  1  et  114.  — 
Regius,  340. 

Invent.  :  Copte  33. 

94 

Hymnes  {bohalrique)  acrostiches. 

Ms.  de  275  feuillets;  14  x  9,5;  texte  :  10  x  6,5.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  au  verso  en  lettres  coptes;  il  manque 
le  commencement,  la  fin  et  99  feuillets  dans  le  texte  conservé 
qui  s'étend  de  a  [4,  feuillet  2]  àT^[370,  feuillet  267].  ]>Xr  est 
au  début  du  volume;  puA,  puB  puA,  aux  feuillets  210  à  242; 
cgA,  au  feuillet  275.  Écrits  d'une  autre  main  et  non  cotés  en 
copte,  les  feuillets  208  à  274  portent  une  hymne  acrostiche  en 
riionneur  des  saints  Serge  et  Bacchus,  depuis  les  derniers  mots 
de  la  strophe  a  à  la  fin  de  la  strophe  y. 

Chaque  page  comporte  treize  lignes  de  texte.  Titres  arabes 
en  lettres  rouges.  La  première  lettre  de  chaque  verset,  à  la 
marge,  est  à  peine  plus  haute  que  les  autres;  elle  est  rehaussée 
d'un  point  ou  d'un  trait  rouge.  c|),  |)  et  z  portent  un  point  rouge 
dans  la  boucle.  Points  de  division  figurés  par  .<i>-  ;  abréviations 
surmontées  d'un  trait  noir  et  d'un  gros  point  rouge. 

Invenl.  :  Copte  153. 

95 

Hymnes  [bohalrique). 

Hymnes  en  l'honneur  de  saint  Michel,  ton  aaau  ;  de  saint 
Jean-Baptiste,  ton  baooc  et  aaau  ;  de  la  Croix,  ton  aaau  ; 
les  apôtres,  tons  baboc  et  aaau  ;  de  saint  Georges,  tons  baooc 
et  AAAU  ;  de  la  Vierge,  ton  baooc  ;  de  saint  Mercure,  ton 
baooc;  de  saint  Théodore  le  Stratélate,  tons  baooc  et  aaau  ; 
des  40  martyrs  de  Scété,  ton  baooc;  de  saint  Menas,  tons 
baooc  et  AAAU  ;  de  Barsoma  le  Nu,  tons  baooc  et  aaau  ;  des 
saints  Côme  et  Damien,  ton  baooc 

Ms.  de  89  feuillets;  16  x  11.  Sans  date. 


372  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Ce  manuscrit,  a  été  coté  tardivement  au  verso,  de  la  fin  au 
commencement.  Au  recto,  il  est  numéroté  en  chiffres  modernes. 

Le  feuillet  1,  ajouté  postérieurement,  contient  une  note  des- 
criptive; les  feuillets  2  à  4  sont  plus  modernes  que  les  suivants. 
Titres  en  arabe,  écrits  à  l'encre  rouge.  Presque  toutes  ces 
hymnes  sont  acrostiches,  f  forme  un  crochet  à  gauche;  la 
barre  de  t  couvre  deux  lettres  de  chaque  côté,  a  descend  au- 
dessous  de  la  ligne. 

A  porté  le  n°  500"'-'  avant  d'entrer  à  la  Bibliothèque. 

Invent.  :  Copte  74. 

96 

Hymnes  et  offices  [bohairiqae),  suivis  (sauf  les  extraits  de 
l'Ancien  Testament)  de  la  traduction  arabe. 

1  r.  —  3  V.  Deux  hymnes  pour  la  Dédicace  de  la  première 
église  en  riionueur  de  la  Vierge,  21  Paoni.  8r.  —  4  r.  Tra- 
duction arabe  des  hymnes  précédentes.  8v.  —  12  r.  Pièces 
arabes,  écrites  probablement  par  un  européen.  12  v.  Croix  en 
couleurs.  13  r.  —  33  r.  Office  pour  le  cinquième  dimanche  du 
mois,  s'il  y  en  a  un.  33  v.  —  41  r.  Office  des  morts.  11  v.  — 
58  V.  Office  de  la  fête  de  l'Ascension.  .58  v.  74  v.  Office  de  la 
fête  de  la  Transfiguration.  75  r.  —  89  r.  Office  de  la  Circon- 
cision, des  fêtes  d'Élie  et  de  saint  Basile.  90  r.  —  155  v. 
Hymnes;  pour  chaque  fête,  sauf  la  première,  il  y  a  deux  hym- 
nes formées  de  strophes  de  quatre  vers,  l'une  dans  le  ton  aa<\u, 
l'autre  dans  le  ton  liAuoc.  Fêtes  de  saint  Jean -Baptiste, 
2Thùout;  de  saint  Georges,  7  Athùr;  de  saint  Menas,  15  Athôr; 
des  vingt-quatre  vieillards  de  l'Apocalypse,  24  Athùr  ;  de  la  Pré- 
sentation de  la  \4erge,  3  Clioiak:  de  saint  Behnam  (ueeiitvu) 
et  de  sa  sœur  Sara  (capi>a)  ;  de  la  Circoncision,  du  prophète 
Élie  et  de  saint  Basile,  G  Tùbi;  de  la  Présentation  au  Temple  et 
de  la  mort  de  Siméon,  8  Mechir;  de  l'Annonciation,  29  Fame- 
nôth;  de  saint  Victor,  fils  de  Romanes,  29  Farmouthi;  de  saint 
Isaac  (le  Tefri  (T(;qpii),  G  Pachùn;  de  la  Dédicace  de  la  pre- 
mière église  en  l'honneur  de  la  Vierge,  21  Paoni  (hymnes  dif- 
férentes de  celles  qui  sont  au  début  du  volume);  des  saints 
Pierre  et  Paul,  5  Epîp;  de  la  Transfiguration,  13  Mesôrî;  de 
l'Assumption,   IG  Mesùrî.     1.jG-157.  Deux  feuillets  ajoutés.  Le 


MA.\L"SCRITS    COPTE?ï.  373 

premier  porte  une  pièce  arabe;  le  second,  une  pièce  grecque. 

Ms.  de  157  feuillets;  •20,5  x  M;  formé  par  la  réunion  de 
trois  volumes  écrits  à  la  même  époque.  Le  second,  daté  (89  r.) 
de  1231  E.  M.  |151S  ap.  J.-C.|,  a  appartenu  à  Téglisf;  de  saint 
Behnam,  à  El-Afqasieh,  en  Cliypi'e. 

Ce  manuscrit  est  paginé,  en  chiffres  coptes,  de  1  à  S  I  feuil- 
lets 1  à  8];  en  lettres  coptes,  de  a  |  I,  feuillet  13]  à  oh  |70,  feuil- 
let 88J  et  de  a  |  1,  feuillet  0()|  à  "^o  [(il),  feuillet  155|.  Division 
en  cahiers  de  10  feuillets,  cotés  par  première  et  dernière  page, 
avec  ornement  en  couleurs. 

La  seconde  et  la  troisième  partie  sont  précédées  d'un  orne- 
ment en  couleurs.  Les  titres  des  offices  sont  en  arabe;  les  livres 
d'où  sont  extraites  les  leçons  et  le  ton  des  hymnes  sont  marqués 
à  l'encre  rouge.  ()),  j)  et  i  portent  un  point  rouge  dans  la 
boucle;  les  points  de  division  sont  marqués  .;,-.  en  rouge;  les 
abréviations  sont  surmontées  d'un  trait  noir  avec  un  gros  point 
rouge  au  milieu.  Quelques  notes  en  grec  moderne  (page  de 
garde;  feuillets  1,  15  1  et  155).  Il  manque  trois  feuillets  au  début 
de  la  troisième  partie  et,  à  la  fin,  au  moins  un  dont  il  reste  le 
bord  inférieur. 

Acquis  par  Vansleb,  à  Nikiou,  en  juin  1071  (note  manuscrite, 
12  r.  ;  cachet  sur  cire.  12  r.  et  155  v.).  —  Regius,  :358. 

Inveiit.  :  Copte  9. 

97 

Hymnes  [Iwhairique). 

1 —  17  V.  Tarh  pour  les  dimanches  de  Carême.  18  r.  — 
1(36  v.  Groupes  de  deux  hymnes,  l'un  dans  le  ton  bahoc,  l'au- 
tre dans  le  ton  aaaii  pour  les  fêtes  de  la  Nativité,  la  Circonci- 
sion, le  Baptême  du  Christ,  Tliéodore  l'Oriental,  Philothée, 
Antoine,  Souriel,  Paul  ermite,  les  quarante-neuf  martyrs,  Ma- 
caire  le  Grand,  Gabriel,  Raphaël,  Barsoma,  Jean-Baptiste,  Vic- 
tor, Marc  l'évangéliste,  les  trois  jeunes  gens,  Pachôme,  la  Vierge 
à  Philippe,  Sclienouti,  les  apôtres,  l'Annonciation,  les  patriar- 
ches Abraham,  Isaac  et  Jacob,  etc. 

Ms.  de  166  feuillets;  20  x  15.  Texte  :  15  x  11  ;  13  lignes  de 
19  à  18  lettres.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  n'est  pas  coté  en  copte.  II  y  a  des  lacunes 


374  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

après  les  feuillets  17,  18,  -20,  71,  107,  130,  132,  150,  164  et 
165;  166  n'est  pas  le  dernier  du  texte  primitif. 

Titres  arabes  en  lettres  rouges.  Chaque  hymne  est  suivie 
d'une  pièce  arabe.  Majuscules  à  la  marge,  noires  et  rouges. 
4>,  b  et  z  portent  un  point  rouge  dans  la  boucle. 

Invent.  :  Copte  146. 

98 

Hymnes  et  prières  {boliairique). 

1  V.  —  19  V.  PsalJie,  canons,  doxologies  et  paraclèses  en 
l'honneur  des  patriarches  Abraham,  Isaac  et  Jacob.  20  r.  — 
71  r.  Hymnes  pour  le  mois  de  Choiak  et  références,  suivies  de 
la  traduction  arabe.  73  v.  —224  v.  Psallies  acrostiches,  Hym- 
nes, etc.  mélangées  à  de  nombreuses  pièces  arabes. 

Ms.  de  -225  feuillets;  28  x  15.  Daté  (19  r.)  de  l'an  1216  E.  M. 
[1500ap.  J.-C.]. 

Ce  manuscrit  est  coté  de  1  à  224,  y  compris  139'''^ 

Texte  mal  écrit,  par  un  mauvais  copiste. 

Acquis  à  Nikiou,  en  1671,  par  Vansleb,  dont  le  cachet  sur 
cire  est  empreint  au  premier  et  au  dernier  feuillet.  —  A  A.  24. 
—  Regius,  339. 

Livent.  :  Copte  32. 

99 

Chants  {bohaïrique)  pour  diverses  fêtes. 

Chants  pour  la  Nativité,  la  Pentecôte,  la  Présentation  de  la 
Vierge  au  Temple,  le  Baptême  du  Christ,  la  Résurrection  et  les 
dimanches  suivants,  les  Épousailles  de  la  Vierge,  etc. 

Ms.  de  101  feuillets;  21  x  14,5. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  copte,  au  verso.  11  manque  les 
feuillets  kh,  uH  et  qï. 

Titres  arabes  en  lettres  rouges.  Très  grandes  majuscules 
noires  et  rouges;  petites  majuscules,  à  la  marge,  rehaussées  de 
rouge,  (f),  h  et  e  ont  un  point  rouge  dans  la  boucle.  En  maint 
endroit  les  mots  ont  été  séparés  et  la  traduction  latine  interca- 
lée entre  les  lignes. 

Envoyé  du  Caire  par  un  capucin  natif  d'Orléans,  ce  manus- 
crit resta  quelques  mois  à  la  Propagande  et  parvint  en  Sor- 
bonne  le  22  décembre  1687;  de  là  il  passa  au  collège  Mazarin 


.MANUSCRITS    COPTES.  375 

le  29  juillet  1694,  devint  la  propriété  de  L.  Picques  qui  le  légua 
aux  Dominicains  de  la  rue  Saint-Honoré. 
Invent.  :  Copte  89. 

100 

DoxoLOGiES  {bohairùfiie)  et  Apocalypse  de  saint  Jean  [arabe). 

1  r.  —  2  r.  Doxologie  en  l'honneur  de  saint  Jean-Baptiste. 
2  V.  Croix  en  couleurs.  3  r.  —  84  v.  Apocalypse  de  saint 
Jean,  en  arabe.  85  v.  Croix  en  couleurs.  86  r.  —  1 10  v. 
Pièce  arabe  incomplète.  141  v.  Croix  en  couleurs.  142  r.  — 
212  y.  Doxologies,  ton  basoc,  en  l'honneur  des  saints  Menas, 
Victor,  Claude,  Philothée,  les  7  martyrs  d'Antioche,  Jules, 
Antoine,  Paul,  Antoine  et  Paul,  Macaire  de  Scété  (2),  Macaire 
l'évêque,  Macaire  d'Alexandrie,  Jean,  Jean  le  Noir,  Pischoï  et 
Paul  Maxime  et  Domitius,  Moyse,  les  49  martyrs  de  Scété, 
Samuel,  Schenoudi,  Barsoma,  Théophane,  le  prophète  Moyse, 
le  roi  David,  le  prophète  Élie  (2),  Marc  l'évangéliste-,  le  patriar- 
che Sévère  d'Antioche.  213  r.  —  265  v.  Doxologies,  ton  aaau, 
en  l'honneur  de  la  Vierge  et  des  saints  Michel  (2),  Gabriel, 
Raphaël,  Souriel,  Jean-Baptiste,  les  Apôtres,  les  jeunes  gens, 
Etienne,  Georges,  Théodore,  Mercure,  Sarapamon,  le  commun 
des  saints,  les  saints  Antoine,  Paul,  Macaire,  Jean,  Pischoï, 
Macaire,  Maxime  et  Domitius,  le  commun  des  saints.  266  r. 
—  284.  Doxologies  baooc  en  l'honneur  de  Sarapamon,  Cyi- 
(AiiAKvp)  et  Jean,  les  Martyrs,  la  Résurrection. 

Ms.  de  284  feuillets;  11  x  S.  La  première  partie  |1-1 10|  est 
datée  de  1233  E.  M.  [1517  ap.  J.-C.|;  la  seconde  [Ml-284|,  de 
1235  E.  M.  [1519  ap.  J.-C.J.  Le  volume  entier  est  l'œuvre  d'un" 
certain  Michel,  et  a  été  écrit  au  monastère  de  saint  Georges 
(notes  arabes,  p.  81  v.  et  284). 

La  partie  arabe  seule  porte  une  ancienne  numérotation. 

Titres  en  arabe,  à  l'encre  rouge.  La  première  lettre  de  chaque 
strophe,  à  la  marge,  est  rehaussée  de  rouge.  (|),  ,b  et  z  portent 
un  point  rouge  dans  la  boucle,  f  forme  un  crochet  à  gauche; 
la  barre  de  t  est  à  gauche  beaucoup  plus  longue  qu'à  droite. 

Acquis  à  Nikiou,  en  1671,  par  Vaiisleb  dont  le  cachet  sur 
cire  est  empreint  aux  pages  32  et  283  v.  —  Regius,  356  2. 

Invent.  :  Copte  12. 


376  REVUE  DE  l'orient  chrétiex. 

101 

DoxoLOGiES  {bohairique,  arabe)  et  Interrogations  de  saint 
Basile  et  de  saint  Grp:goire  [arabe). 

La  première  partie,  en  copte,  avec  titres  arabes,  est  formée 
de  43  feuillets,  cotés  au  verso  de  a  à  uy. 

La  seconde  partie  commence  à  la  fin  du  volume  et  comprend 
des  doxologies  arabes  (2  v.  —  7  r.)  suivies  de  Touvrage  arabe 
intitulé  :  Interrogations  de  saint  Basile  et  de  saint  Grégoire  sur 
la  religion  (7  v.  —  46  r.). 

Invent.  :  Copte  42'. 

102 

Canons  {boliairique)  pour  diverses  fêtes,  avec  traduction 
arabe. 

I  r.  —  16  V.  Fêtes  de  Tlncarnation,  la  Nativité,  la  Croix 
(3),  saint  Jean-Baptiste,  et  la  Vierge.  17  r.  —  20.  Fin  du 
psaume  139  et  début  du  psaume  140. 

Ms.  de  20  feuillets;  18  x  13.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  formé  de  deux  parties.  Les  feuillets  I  à  16, 
cotés  au  verso  piiB  à  poo  (il  manque  po  et  pocv;  poe  est 
le  feuillet  10),  portent  quinze  lignes  de  texte,  9  à  II  lettres 
à  la  ligne.  Titres  arabes,  en  lettres  rouges.  Majuscules,  hautes 
de  deux  à  quatre  lignes  d'écriture,  rehaussées  de  rouge;  petites 
majuscules  à  la  marge.  c|)  et  \y  portent  un  point  rouge  dans  la 
boucle;  cj)  est  ouvert  un  peu  à  droite  et  beaucoup  à  gauche;  jj 
est  fermé;  les  extrémités  inférieures  de  x  et  de  e  remontent 
jusqu'à  la  ligne;  la  queue  de  ^  s'incurve  et  descend  à  la  ligne 
suivante;  la  barre  de  t  et  de  f  forme  un  crochet  à  gauche. 

Les  feuillets  17  à  20,  cotés  a  à  -^  au  verso,  portent  dix-sept 
lignes  de  texte,  II  à  II  lettres  à  la  ligne.  Écriture  de  la  même 
époque  que  celle  des  feuillets  précédents. 

Ms.  220  de  Notre-Dame.  —  Fonds  éthiopien,  129. 

Invent.  :  Copte  88. 

103 

Canons  et  hymnes  (bohaïrique)  pour  les  six  premiers  mois 
de  Tannée. 


MANUSCRITS    COPTES.  377 

Ms.  de  300  feuillets;  22  x  17.  Daté  de  1601  E.  M.  [1885 
ap.  J.-C.]. 

Ce  manuscrit  est  coté,  au  verso,  de  a  à  r  ;  le  chiffre  ()ka 
est  compté  deux  fois;  ci^  a  été  oublié. 

Titres  en  arabe.  Le  nom  du  mois  en  titre  courant. 
Don  de  la  Mission  permanente  du  Caire. 

Invent.  :  Copte  123. 

104 

Prières  de  la  semaine  de  Pâques  {bohaïriqué). 

1  r.  —  "136  r.  Prières  de  la  semaine  de  Pâques  (Semaine 
Sainte).  177  v.  —  137  v.  Pièces  arabes  (Traité  des  devoirs  du 
prêtre.  Concordance  des  Évangiles). 

Ms.  de  176  feuillets;  15  x  13,5.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  chiffres,  dans  la  partie  copte,  de 
1  à  137.  En  chiffres  modernes,  il  est  paginé  de  1  à  177,  avec 
omission  de  161  et  165  et  addition  de  44'''^ 

Titres  et  rubriques  en  arabe;  quelques  pièces  sont  traduites 
ou  commentées  en  arabe.  (|),  i,  et  e  portent  un  point  rouge 
dans  la  boucle;  <))  est  ouvert  à  gauche;  \y  presque  fermé;  z 
remonte  jusqu'à  la  ligne  d'écriture;  la  barre  de  t  est  parfois 
au-dessus  de  la  ligne  et,  dans  ce  cas,  couvre  deux  lettres  à 
gauche. 

Gaulmin,  24.  —  Regius,  357. 

Invent.  :  Copte  36. 

VI.  —  VARIA 
105 

Prières  et  chants  {boha'irique). 

1  r.  —  7  V.  Prière  avant  de  dormir  et  Prière  du  milieu 
de  la  nuit.  8  r.  —  12  v.  Chant  pour  la  nuit  de  la  Nativité. 
14  V.  —  20  V.  Alléluia  et  leçons  pour  l'Epiphanie.  23  v.  — 
27  V.  Alléluia  et  leçons  pour  le  Carême. 

Ms.  de  27  feuillets;  35  x  18.  S;ins  date  (xix«  s.). 

Ce  manuscrit  est  coté,  au  verso  des  feuillets,  de  r  [3,  feuillet  IJ 
à  1^  [29,  feuillet  27J.  Les  feuillets  13,  14  [recto  seul],  21,  22, 


378  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

23  [recto  seul]  sont  en  blanc  et  étaient  réservés  à  la  traduction 
arabe,  amorcée  au  feuillet  13. 

Chaque  partie  est  précédée  d'un  ornement  en  couleurs.  Les 
titres  coptes  sont  en  lettres  rouges.  Les  alinéas  débutent  par 
une  majuscule  rehaussée  de  rouge,  et),  U  et  z  portent  un  point 
rouge  dans  la  boucle,  a  descend  au-dessous  de  la  ligne;  q  est 
fermé  à  la  partie  supérieure  par  un  trait  horizontal;  la  boucle 
de  (\)  est  ouverte  à  gauche. 

Don  de  la  Mission  permanente  du  Caire. 

Invent:  :  Copte  126. 

106 

RÉFÉRENCES  LITURGIQUES  {bohaïriquë) ,  pour  les  six  premiers 
mois  de  l'année. 

Ms.  de  20  feuillets;  22  x  15.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté,  en  chiffres  modernes,  de  1  à  19  y  com- 
pris 4"'^ 

Les  titres  sont  en  grec  :  le  premier  en  lettres  noires,  les  au- 
tres en  lettres  rouges.  Titre  courant  en  grec. 

Acquis  par  Vansleb.  —  Regius,  362. 

Invent.  :  Copte  37. 

107 

Recueil  factice  {bohaïriquë). 

\.  1-7.  7  feuillets  d'un  Kataméros;  les  six  premiers  cotés  en 
chiffres  de  3  à  8.  21  x  15;  texte  16  x  10;  13  lignes  de  13 
lettres.  <!>,  ji,  e  et  y  portent  un  point  rouge.  <\i  et  y  ont  la 
tige  coupée  par  un  trait  horizontal  ;  b  est  fermé  et  t  forme  un 
très  grand  crochet  à  gauche.  Titres  en  rouge.  Première  majus- 
cule, rouge,  dans  le  texte. 

II.  8.  1  feuillet  de  Kataméros  (5  lignes,  puis  Matthieu,  m, 
13-16).  20  -j-...  X  14,5;  texte  16  x  9,5;  13  lignes  de  14  ou  15 
lettres.  Même  époque  que  le  fragment  I. 

III.  9-14.  6  feuillets  d'un  Kataméros,  cotés  en  chiffres  de  3 
à  8.  23  X  16;  texte  16,5  x  10.  13  lignes  de  14  lettres.  Même 
époque  que  les  fragments  I  et  II. 

IV.  15-28.  14  feuillets  d'un  Hymnaire  (Hymnes  en  l'honneur 
des  quatre  animaux,  de  saint  Michel  et  de  saint  Menas).  20,5 

1 


iMANLSCKITS    COPTES.  379 

X  15;  texte  i:),5  x  12.  13  lignes  de  16  à  18  lettres.  Les  12 
premiers  feuillets  sont  cotés  ÂÂ  à  Znî'.  Titres  arabes  en  rouge. 
Initiale  de  chaque  verset,  majuscule  à  la  marge  rehaussée  de 
rouge.  (J),  I)  et  e  portent  un  petit  point  rouge  dans  la  boucle. 
La  barre  de  t  couvre  les  lettres  voisines. 

V.  -29-39.  Il  feuillets  de  Théotokies  {Madih  et  divers 
Tarh  dont  un  se  rapporte  à  la  Théotokie  du  mercredi).  20,5 
X  15;  texte  15,5  x  12.  13  lignes  de  16  lettres.  1  et  3  feuillets 
non  cotés  mais  se  suivant;  1  feuillets  détachés,  le  dernier  cote 
iiA.  De  la  même  main  que  le  fragment  IV. 

VI.  10-65.  26  feuillets  d'un  manuscrit  liturgique  presque 
entièrement  en  arabe.  24,5  x  16,5;  texte  18  x  10;  II  lignes. 
Coté  en  chiffres  au  recto,  de  21  à  38,  de  40  à  47. 

VII.  66-79.  7  feuillets  et  7  morceaux  de  feuillets.d'un  recueil 
•d'hymnes  copte-arabe^ 20  x  13;  texte  16  x  10;   18  lignes  de 

13  à  15  lettres.  Coté  ab  à  am.  Titres  arabes  en  lettres  rouges. 
(|),  jjet  ^  portent  un  point  rouge  dans  la  boucle.  Graphie  irré- 
gulière, surtout  pour  les  lettres  j)  et  z- 

VIII.  80-88.  9  feuillets  d'un  manuscrit  liturgique,  presque 
entièrement  en  arabe;  au  début  :  Luc,  ii,  29-35,  en  copte. 
17  X  12;  texte  11,5  x  8,5.  12  lignes  de  12  à  15  lettres. 
Titres  arabes  en  lettres  rouges.  La  boucle  de  i\>  est  ouverte  à 
gauche;  sa  tige,  coupée  par  un  trait  horizontal.  La  boucle  de 
h  est  fermée. 

IX.  89-96.  8  feuillets  mutilés  d'un  manuscrit  liturgique 
composé  surtout  de  pièces  arabes.  18,5  x  12,  sans  marges  dans 
l'état  actuel;  12  à  16  lignes.  Écriture  fine. 

X.  97.  I  feuillet  en  arabe.  16  x  II,  sans  marges;  12  lignes. 

XI.  98-99.  2  feuillets  (Matthieu,  xxvi,  36-40;  fragment 
d'un  sermon  sur  la  Passion).  20,5  x  14,5;  texte  16  x  7; 
15  lignes  de  12  à  15  lettres.  Cotés  en  chiffres,  46  et  71.  (f),  j-» 
et  z  portent  un  point  l'ouge  dans  la  boucle;  <)),  ouvert  à  gau- 
che, a  la  tige  coupée  d'un  trait  horizontal;  a  dépasse  à  peine 
la  ligne  d'écriture  et  seulement  au-dessous;  les  queues 
des  lettres  \,   z  et  ,"j  sont  très  longues. 

XII.  100.  Fragment  d'hymne  acrostiche  (du  verset  u  au  ver- 
set c)-  15  X  K);  texte  11,5  X  7;  11  lignes  de  II  à  13  lettres, 
coté  pgK. 


380  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

XIII.  101.    Dernier    feuillet    d'un    manuscrit    liturgique. 
3  lignes  de  copte  et  note  arabe.  30  x  21. 

XIV.  102.  Dernier  feuillet  d'un  manuscrit  liturgique.  31x21. 
Invent.  :  Copte  1 17. 

108 

Prières   diverses,  fragments  de  Liturgies  et  de   la  Théo- 
TOKiE  [bohairiqué). 

Fragments  de  divers  manuscrits.  90  feuillets. 
Invent.  :  Copte  152. 


VII.  —  SACRAMENTAIRES 
109 

Prières  et  cérémonies  du  baptême  et  du  mariage  {bohai- 
riqué), avec  traduction  arabe. 

1  r.  — 74  V.  Cérémonies  du  baptême.  75  r.  —  79  v.  Cérémo- 
nies des  relevailles.  80  r.  —  102  v.  Cérémonies  du  mariage. 
104  r. —  109 r.  Cérémonies  du  second  mariage.  118v.  —  112r. 
Prières  (arabe)  à  réciter  sur  le  fiancé  «  après  la  couronne  ». 

Ms.  de  118  feuillets  ;  20  x  15.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  chiffres  rouges  ou  noirs  au  verso. 
Il  présente  une  lacune  au  début  de  la  cérémonie  du  Mariage. 

Rubriques  en  lettres  rouges.  Majuscules  rouges  ou  noires 
rehaussées  de  rouge,  a  s'abaisse  au-dessous  de  la  ligne;  r 
couvre  deux  lettres  à  gauche  et  une  à  droite;  li,  a  et  x  por- 
tent une  très  large  barre  horizontale  ;  la  boucle  de  q  est  très 
fréquemment  au-dessus  de  la  lettre  précédente. 

F.  5  (cachet  sur  cire  portant  les  initiales  F  D  et  une  croix  à 
double  croisillon).  —  Chancelier  Séguier.  —  Coislin.  —  Saint- 
Germain. 

Invent.  :  Copte  72. 

Bibl.  — V.  Ernioni,  Rituel  copte  du  Baptême  et  du  Mariage. 
Dans  la  Revue  de  VOrient  Chrétien,  tomes  V  et  suivants. 

110 

CÉRÉMONIAL  du  bai'téme  {bohaifique),  avec  traduction  arabe. 


MANUSCRITS    COPTES.  3^1 

Ms.  de  4  feuillets;  31,3   x   22.  De  la  même  époque  que  les 
manuscrits  23  et  55. 
Acquis  en  1871. 
Invent.  :  Copte  107. 

111 

Ordinal  {bohairique),  avec  traduction  arabe. 

2  r.  —  5  r.  Ordination  d'un  lecteur.  5  v.  —  10  r.  Ordina- 
tion d'un  sous-diacre.  10  v.  —  15  v.  Ordination  du  diacre. 
16  r.  —  18  r.  Ordination  de  l'archidiacre.  18  r.  —  20  v. 
Ordination  du  psalmode.  21  r.  —  26  v.  Ordination  du 
prêtre.  27  r.  —  32  r.  Ordination  de  l'higoumène.  32  v.  - 
40  r.  Consécration  d'un  moine.  40  v.  —  17  v.  Vêture  d'un 
moine.  18  r.  —  56  v.  Consécration  des  moniales.  58  r.  — 
57  r.  Règle  que  l'on  doit  lire  sur  un  moine  (en  arabe).  59  r. 
75  V.  Sacre  d'un  évêque.  76  r.  —  79  r.  Sacre  d'un  métropoli- 
tain. 79  V.  —  112  V.  Sacre  du  patriarche.  113  r.  —  120  r. 
Bénédiction  des  fonts  baptismau.x.     120  r.  —  121  notes  arabes. 

Ms.  de  120  feuillets:  25  x  20.  Sans  date. 

La  plupart  des  feuillets  sont  cotés  en  lettres  coptes,  au  verso. 
Division  en  cahiers  de  dix  feuillets,  avec  ornement  à  la  pre- 
mière et  à  la  dernière  page. 

La  plupart  des  offices  sont  précédés  d'un  ornement.  Les 
rubriques  sont  écrites  à  Tencre  rouge.  Les  textes  commencent 
par  une  grande  majuscule  et  parfois  une  ligne  entière  de  majus- 
cules. I)  est  écrit  de  trois  manière  .lifïérentes;  la  boucle  de  (|> 
n'est  pas  fermée  à  gauche  ;  les  tiges  des  lettres  se  terminent  en 
général  par  une  boucle;  .\  ne  dépasse  la  ligne  ni  au-dessus 
ni  Pu-dessous:  t  et  f  forment  un  crochet  à  gauche.  c|)  etj) 
portent  un  point  rouge  dans  la  boucle;  les  points  de  division 
son!  représentés  par.>.  en  i-ouge.  Ornements  en  forme  de  ser- 
pents, à  la  marge  de  plusieurs  pages. 

Entré  à  la  Bibliothèque  pendant  le  second  Empire. 
In  veut.  :  Copte  98. 

112 

Ci-RK.MdNiK  1U-:  \i';tlm!i:   dks  |{i:i.ii,ii;i\  i:t  dr  çu.\si';cuATin.\  mis 
KVK(H  Ks  [bolia'iriiiiic),  axcc  Iraductinn  arabe. 


382  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

1.  Titre  en  arabe.  3v.  Croix  en  couleurs.  4  r.  —  45  v. 
Consécration  d'un  moine.  46  r.  —  65  v.  Office  de  la  vêture. 
66  r.  — 78  V.  Consécration  d'une  moniale.  79  r. — 95  v.  Office 
de  la  vêture  d'une  moniale.  96  r.  —  103  r.  Bénédiction  de 
l'abbesse  récemment  élue.  103  v.  —  129  v.  Élection  des  évê- 
ques.  130  r.  —  141  v.  Consécration  d'un  métropolitain.  143  v. 
Table  des  matières  (arabe). 

Ms.  de  144  feuillets;  28  x  17.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  lettres  coptes,  au  verso  des  feuillets. 
Division  en  cahiers  de  dix  feuillets,  cotés  par  première  et  der- 
nière page  avec  ornement  en  couleurs. 

Chaque  office  est  précédé  d'un  ornement  en  couleurs.  Titres 
en  rouge;  les  rubriques  sont  en  langue  arabe.  Majuscules  rouges, 
parfois  rehaussées  de  jaune,  ou  noires  et  rehaussées  de  rouge. 
(i),  h  et  2  sont  accompagnés  d'un  point  rouge;  la  barre  de  +•- 
forme  un  crochet  à  gauche;  .\  descend  au-dessous  de  la  ligne; 
la  boucle  de  <^  n'est  pas  fermée  à  gauche,  mais  se  termine  par 
un  gros  point. 

F.  3  (sceau  sur  cire  portant  les  initiales  F  D  et  une  croix  à 
double  croisillon).  —  Chancelier  Séguier.  —  Coislin.  —  Saint- 
Germain-des-Prés . 

Invent.  :  Copte  71. 

113 

Liturgies  grecques,  avec  traduction  arabe.  Consécration  du 
PATRIARCHE  [bo/iaïrique) ,  avec  traduction  arabe. 

1  r.  —  16  v.  Liturgie  de  saint  Grégoire.  19  r.  —  34  r.  Litur- 
gie de  saint  Basile.     39  r.  —  58  r.  Consécration  du  patriarche. 

Ms.  de  58  feuillets;  27,5  x  19.  xv''  siècle. 

Numérotation  moderne,  6  feuillets  blancs  :  17,  18,  35  à.  38. 

Fonds  Renaudot. 

Inveîit.  :  Copte  86. 

BiBL.  —  Les  liturgies,  copiées  dans  le  manuscrit  grec  Regius 
3023  et  le  Rituel  de  la  Consécration  du  patriarche,  d'après 
un  manuscrit  du  chancelier  Séguier,  ont  été  utilisés  par 
Renaudot,  Liturgiarum  oriental iuni  collectio,  tome  1(1715), 
p.  57  à  126,  467  à  490. 


MANUSCRITS    COPTES.  383 

114 

Offices  pour  les  défunts  {bohairique),  avec  traduction  arabe 
2  r.  -  13  V.  Pour  les  prêtres.     14  r.  -  25  r.  Pour  les  dia- 
cres.    25  r.  —  39  r.  Pour  les  moines.     39  v.  -  46  v.  Pour  les 
moniales.     47  r.  —  61  r.  Pour  les  hommes.     61  v   —  71  v 
Pour  les  jeunes  gens.     72  r.  -  79  v.  Pour  les  femmes      80  r' 
-  89  V.  Pour  les  jeunes  filles.     90  r.  -  100  r.  Pour  les  femmes 
en  couches.     100  r.  -  101.  Prière  sur  le  tombeau.     101  v  - 
111  V.  Service  du  troisième  jour.     112.  —  122  v.  Service  hui- 
tain.     123  r.  —  131  r.  Prières  à  dire  à  la  maison  du  défunt. 
131  r.  —  140  V.  Service  pour  le  quatrième  jour,  le  cent  quatre- 
vingtième  jour  et  l'anniversaire.     141  r.  —  147  v.  Psallie  pour 
les  morts,  suivie  du  rituel  (arabe)  des  funérailles 
Ms.  de  148  feuillets;  32  x  15.  Sans  date. 
Ce  manuscrit  est  coté  en  copte,  de  b  [feuillet  2J  à  ^  [133 
feuillet  141]  ;  en  chiffres  modernes  A,  B,  1  à  147  avec  omission 
de  17.  Les  feuillets  4  et  5,  27  et  28,  49  et  50,  82  et  83,  plus 
petits  que  les  autres,  portent  la  traduction  arabe  de  pièces  dont 
le  texte  primitif  est  en  copte  seulement. 

Titres  arabes  en  lettres  rouges;  les  titres  secondaires  sont  en 
copte  et  grandes  majuscules  rouges  ou  noires  et  rouges;  petites 
majuscules  rehaussées  de  rouge  en  arabe,  d),  b  et  e  portent 
un  point  rouge  dans  la  boucle.  ^  est  ouvert  à  gauche,  h  est 
fermé  et  z  remonte  jusqu'à  la  ligne  d'écriture. 
Acquis  par  Vansleb,  en  1671.  —  Regius,  353. 
Invent.  :  Copte  38. 

VIll.  —  HAGIOGRAPHIE 

115 

Martyre,  panégyrique  et  miracles  de  saint  Georges  (bohaï- 
rique) . 

Ms.  de  47  feuillets;  26  x  15.  Copie  faite  en  1837,  par  Dulau- 
ner,  sur  un  manuscrit  d'Oxford  [Mareschal,  n°  23;  Uri,  Biblio- 
thecœ  Bodleianœ...  Catalogus,  p.  1,  1787,  n"  liv,  p.  327]. 

Le  martyre  de  saint  Georges  a  été  publié  et  traduit  par 
E.  Amélineau  :  Contes  et  Romans  de  r  Egypte  chrétienne,  t.  II. 


384  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Tout  le  manuscrit  d'Oxford  a  été  utilisé  en  même  temps  qu'un 
manuscrit  de  Lord  Crawford  par  W.  Budge. 

Invent.  :  Copte  79. 

IX.  —  LEXICOGRAPHIE  (1) 

116 

Préface  et  Scala  de  Samannoûdi,  Livres  des  Degrés,  avec 
traduction  arabe. 

1  r.  —  135  V.  Préface  et  Scala  ecclésiastique  de  Jean  de 
Samannoûd  [bohairique).  139  v.  —  216  r.  Livre  des  degrés 
(autre  que  dans  le  ms.  1 17  ;  grec,  sahidique  et  arabe).  218  r. 
—  248  r.  Autre  Livre  des  degrés  [grec,  sahidique  et  arabe). 

Ms.  de  251  feuillets;  17  x  12.  La  première  partie  est  datée 
(135  v.)  de  Tan  979  E.  M.  [1263  ap.  J.-C.].  Les  deux  autres 
sont  à  peu  près  de  la  même  époque. 

Ce  manuscrit  n'est  pas  coté  en  copte. 

Au  recto  du  premier  feuillet,  cachet  sur  cire  portant  les 
initiales  F  D  et  une  croix  à  double  croisillon.  —  N°  5.  —  177. 
Gaulmin  —  Reg'ius,  363. 

Lnvent.  :  Copte  46. 

BiBL.  —  Dans  son  Catalogue  des  Scalœ,  A.  Mallon  donne  la 
note  de  la  page  135  v.,  le  titre  et  le  début  des  deux  Livres  des 
Degrés.  —  Les  pages  170  r.  —  171  r.  ont  été  publiées  par 
Champollion,  L'Egypte  sous  les  Pharaons,  t.  Il,  p.  366  à  368, 
et  par  Amélineau,  Ln  géographie  de  VÉgypte  à  l'époque 
copte,  p.  557. 

117 

Livre  des  Degrés,  Préfaces,  Scal.«,  etc.,  avec  traduction 
arabe.  Analyse  sommaire  par  Woïde. 

1  r.  —  6  v.  Livre  des  Degrés  (Introduction  et  premier  cha- 
pitre; acéphale  et  incomplet).     7   r.  —  19  v.   fragments  du 

(1)  Le  Catalogue  des  Scalif  delà  Bibliothèque  nationale  {codices  116  à  133,  137) 
a  été  publié  par  A.  Mallon  dans  le  tome  IV  des  Mélanges  de  la  Faculté  Orien- 
tale de  l'Université  de  Beyrouth  (1910),  p.  57  à  90.  La  plupart  des  manuscrits 
ont  été  cités  et  des  extraits  en  ont  été  publiés  dans  son  étude  sur  Une  école  de 
Savants  Égyptiens  au  moyen  âge.  Mélanges  df  la  Faculté  Orientale,  t.  I  (190G), 
p.  109  à  131  et  t.  Il  (1907),  p.  213  à  204. 


MANUSCRITS    COPTES,  3g5 

même  ouvrage.  20  v.  -  132  v.  Même  ouvrage,  mutilr. 
132  r.  —  17o  r.  Scala  ecclésiastique  de  Jean  de  Samanuoûd 
{sahidique;  acéphale).  .  175  v.  -  178  r.  Nombre  et  numération 
{grec,  sa/udique,  bohairique  ai  arabe).  178  r.  —  190  r.  Pi^- 
face  de  Jean  de  Samannoùd  {boliairique,  sahidique  et  arabe). 
190  r.  — 195  r.  Préface  du  même  {sahidique;  acéphale).  195  r. 
—  226  V.  Scala  ecclésiastique  {bohairique) .  22G  v.  —  229  r. 
Explication  des  noms  des  anges.  229  r.  —  230  v.  Commence- 
ment de  làPréface  de  Samannoûdi  {sahidique).  231  r.  —  •^3->  v 
Table  des  matières.  233  r.  -  249  v.  Vocabulaire  {grec,  bohai- 
rique et  arabe).  250  r.  -  252  r.  Mots  français  écrits  en  lettres 
coptes  et  traduction  arabe. 

Ms.  de  258  feuillets;  25,5  x  18.  Daté  (19  v.)  de  l'an  1012 
E.  M.  [1296  ap.  J.-C]  et  (170  v.)  de  1026  E.  M.  [1310  ap.  J.-C.l. 

La  pagmation  copte  a  été  effacée. 

Les  principaux  titres  sont  en  arabe;  quelques  litres  secon- 
daires en  copte.  Il  y  a  au  moins  trois  écritures  différentes  et  il 
manque  des  feuillets.  Au  commencement  sont  ajoutés  cinq 
leuillets  contenant  des  tables. 

Invent.  :  Copte  43. 

BiBL.  —  Les  pages  51  r.  —  52  r.  (liste  de  villes  d'Egypte) 
ont  été  citées  par  Champollion,  LÉcjypte  sous  les  Pharaons, 
t.  II,  p.  369  à  372,  et  publiées  par  Amélineau,  La  géographie 
de  VEgijpte  à  l'époque  copte,  p.  555  et  556.  —  Les  pages 
252  r.  —  258  v.  ont  été  publiées  par  Maspero,  Le  vocabulaire 
français  d'un  copte  du  XIIP  siècle,  dans  Roniania,  t.  \\\\ 
p.  482-512. 

118 

Préface  et  Scala  de  Saman.xoûdi,  Vocabulaire:s. 

1  r.  —  113  r.  Préface  (acéphale)  et  Scala  ecclésiastique  did 
Samannoûdi  {bohairique).  113  v.  —  128  v.  Mots  difficiles  de 
prières  liturgiques.  128  v.  —  138  r.  Mots  homonymes 
etsemblables.  138  r.— 180  r.  Vocabulaire  (6o/i«/>7Vy^/e,^/m6e). 
180  r.  —  186  v.  Mots  hébreux  et  grecs  de  la  Bible.  186  v.  — 
189  r.  Noms  des  villes  d'Egypte.  189  r.  —  223  r.  \ocabulaire 
[grec,  bohairique  et  arabe). 

Ms.  de  223 feuillets;  19  x  13.  Daté (223  r.)  de  l'an  1031  E  M 
[1318  ap.  J.-C.]. 

ORIENT    CIIIIÉTIEN.  „- 


'oS6  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Ce  manuscrit  est  coté,  au  verso,  de  ï  [7,  feuillet  1]  à  g\ 
[230,  feuillet  •222].  Il  manque  les  six  premiers  feuillets  etl'avant- 
dernier  [cKej.  Division  en  cahiers  de  10  feuillets,  cotés  par 
première  et  dernière  page,  avec  entrelacs  verts  et  rouges  bordés 

de  noir. 

Les  diverses  parties  sont  précédées  d'ornements  en  couleurs 
(p.  69  verso,  une  belle  composition).  Titres  en  rouge;  ma- 
juscules en  rouge  ou  en  noir  rehaussé  de  rouge.  De  180  r.  à 
186  et  de  189  à  223,  les  mots  hébreux  et  grecs  sont  en  lettres 
rouges.  Belle  écriture. 

Saint-Germain-des-Prés.  —  Supplément  nM7. 

Invent.  :  Copte  54. 

BiBL.  —  A.  Mallon,  Catalogue  des  Scalœ  :  débuts  des  mots 
homonymes  et  des  deux  «  vocabulaires  »  ;  colophon. 

119 

Vocabulaires. 

1  r.  _69  V.  Vocabulaire  {bohaïrique,  arabe),  le  même  que 
dans  le  manuscrit  précédent,  feuillets  138-180.  69  v.  —  73  r. 
Mots  hébreux  et  grecs  de  la  Bible.  73  v.  —  125  v.  Vocabulaire 
{grec,  bohaïrique  et  arabe),  le  même  que  dans  le  manuscrit 
précédent. 

Ms.  de  125  feuillets;  17  x  12.  Sans  date.  

Ce  manuscrit  est  coté  au  verso,  de  k€:  [26,  feuillet  Ij  à  en 
[280,  feuillet  125],  selon  les  nombres  pairs  seulement.  Division 
en  cahiers  de  10  feuillets,  cotés  par  première  page,  avec  orne- 
ment noir  et  rouge. 

Outre  les  12  premiers  feuillets,  il  manque  ceux  qui  étaient 
cotés  lT  ub^,  uk  à  II  (remplacés  par  3  autres  feuillets),  c^b, 
et  ceux  qui  terminaient  le  manuscrit. 

Titres  en  rouge.  (^,  b  et  z  portent  un  point  rouge  dans  la 
boucle,  cj)  est  ouvert  à  gauche  et  sa  tige  coupée  par  un  trait 
horizontal  ;  le  a  s'incurve  à  droite  ;  iv  et  ^  sont  terminés  par 
un  crochet. 

Cachet  sur  cire  avec  les  initiales  F  D  et  une  croix  à  double 
croisillon.  F.  9.  —  Renaudot.  —  Saint-Germain-des-Prés,  en 
1720. 

Invent.  :  Copte  55. 


MANUSCRITS    COPTES.  387 


120 

Préfaces  et  Scal.e,  Livre  des  Degrés,  etc.,  avec  traduction 
arabe. 

1.  Préface  du  copiste  [arabe).     1  v.  Croix  en  couleur.     2  r. 

—  30  V.  Scala  ecclésiastique  et  Préface  de  Jean  de  Sainan- 
noùd  [sahidique).     30  v.  —  123  v.  Livre  des  Degrés.     121  r. 

—  138  V.  Préface  d'Athanase  de  Qoùs  [sahidique).  139  r.  — 
156  r.  Même  ouvrage  (bohairique).  156  r.  —  190  v.  Préface 
et  Scala  ecclésiastique  de  Jean  de  Samannoûd.  190  v.  Doxo- 
logies  de  saint  ^'ictor  et  de  Piphamon  (nict)Auoii). 

Ms.  de  190  feuillets;  28  x  19.  Écrit  sur  2  colonnes  et  daté 
(30  r.)  de  1105  E.  M.  [1389  ap.  J.-C.]. 

La  pagination  ^opte  s'étend  de  b  [feuillet  IJ  à  pK^  [feuillet 
123],  avecjxfe'et  Kt.  sur  un  même  feuillet;  ensuite,  elle  recom- 
mence à  A. 

Chaque  principale  division  est  précédée  d'un  ornement  en 
couleurs.  Le  titre  en  copte  et  en  arabe,  ou  en  arabe  seulement, 
est  à  l'encre  rouge. 

Gaulmin.  —  Regius,  341. 

Invent.  :  Copte  44. 

BiBL.  —  A.  Mallon,  U7ie  école  de  Savants  Égyptiens,  dans  les 
Mélanges  de  la  Faculté  orientale  de  l'Université  de  Beyrouth, 
t.  l  (1906),  p.  114.  —A.  Mallon,  Catalogue  desScalœ  :  préface 
du  copiste,  colophon  de  la  page  30  r.  ;  texte  et  traduction  des 
pages  30  v.  —  32  r.  ;  titres  des  chapitres  du  Livre  des  Degrés 
début  des  quatre  premiers  et  du  dernier,  et  texte  complet  du 
chapitre  7  (57  r.  —  59  r.).  —  Amélineau,  La  géographie  de 
l'Egypte  à  V  époque  copte,  p.  556-557  :  le  chapitre  11  (79  — 
80  v.). 

121 

Préface  et  Scal.«,  avec  traduction  arabe. 

1  —  132  V.  Préface  et  Scala  ecclésiastique  de  Jean  de  Sa- 
mannoûd {bohairique).  132  v.  —  135  v.  Scala  magna,  livre 
9,  chapitre  20. 

Ms.  de  135  feuillets;  17  x  12.  Sans  date. 


388  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

Ce  manuscrit  n'est  pas  coté  en  copte.  Quelques  feuillets  sont 
plus  modernes  que  les  autres. 

Acquis  par  Vansleb,  en  1671.  —  Regius,  359. 

Invent.  :  Copte  17. 

BiBL.  —  Le  feuillet  1  a  été  publié  et  traduit  par  A.  Mallon, 
U7ie  école  de  Savants  Égyptiens,  I,  p.  120-121. 

122 

1  —  3  V.  Calendrier  arabe.  3  r.  —  16  v.  Psallies  acrosti- 
ches Aucomi  THpov  iiinicToc...  suivies  de  la  traduction 
arabe  et  Autoiin  iiiaaoc..  en  l'honneur  de  saint  Antoine. 
18  r.  —  1 15  r.  Préface  et  Scala  ecclésiastique  de  Jean  de 
Samannoùd  {bohairique ,  arabe).  145  r.  -  149.  Hymnes, 
sans  traduction  arabe. 

Ms.  de  149  feuillets;  15  x  10.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  n'est  pas  coté  en  copte. 

Les  16  premiers  feuillets  ne  sont  pas  de  la  même  main  que 

les  suivants. 

Cachet  sur  cire  portant  les  initiales  F  Det  une  croix  à  double 
croisillon.  —  Gaulmin,  23.  —  Regius,  366. 

Invent.  :  Copte  48. 

123 

Préface  et  Scala  de  Samannoûdi,  Vocabulaire. 

1  _  165  V.  Préface  et  Scala  ecclésiastique  de  Jean  de  Sa- 
mannoùd {bohairique,  arabe).  165  v.  -  173.  Vocabulaire. 

Ms.  de  173  feuillets;  17,5  x  13.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté,  en  copte,  de  a  à  poA  [feuillet  173].  Il 
manque  le  feuillet  ^.  Division  en  cahiers  cotés  par  première 
et  dernière  page,  avec  ornement  rouge  et  noir. 

Les  sections  sont  précédées  d'un  ornement  en  couleurs; 
titres  coptes  et  arabes  en  lettres  rouges,  j)  et  2  portent  un  point 
rouge  dans  la  boucle;  c|),  ouvert  à  droite  et  à  gauche  de  la  tige, 

en  a  deux. 
Acquis  au  Caire,  par  Vansleb,  en  1671.  —  Regius,  361. 

Invent.  :  Copte  49. 


MANUSCRITS    COPTES.  389 

124 

Préface  et  Scala  de  Samannoûdi,  Vocabulaire,  avec  traduc- 
tion arabe. 

1  r.  —  156  r.  Préface  (acéphale)  et  Scaia  ecclésiastique  de 
Samannoûdi  {bohdirique) .  156  r.  —  164  r.  Mots  hébreux  et 
grecs  de  la  Bible.  164  r.  —  165  v.  Fragment  d'une  homélie 
ou  d'une  vie  de  saint. 

Ms.  de  165  feuillets;  16  x  11,5. 

Ce  manuscrit  n'est  pas  coté  en  copte. 

lavent.  :  Copte  52. 

125 

Préface  et  Scala  de  Samannoûdi  {bohairique),  avec  traduc- 
tion arabe. 

Ms.  de  94  feuillets;  18  x  12.  Sans  date. 

L'ordre  des  feuillets  est  le  suivant  :  36-43  cotés  kb-ko;  44, 
51,  45  à  50,  52  à  94,  1  à35cotésTîr  [(41  )J  à  ^[(140)];  il  man- 
que les  feuillets  IIA,    or  à  OH,    piA,    pK,     pKA,    pA,    pAA  ;    HA 

et  RB,  ne  et  nt^sont  inscrits  sur  un  même  feuillet. 

Les  principales  divisions  sont  précédées  d'un  ornement  en 
couleurs.  Titres  coptes  et  arabes,  en  lettres  rouges,  cf),  b  et  z 
portent  un  point  rouge  dans  la  boucle. 

Note  descriptive  par  J.  Ascari,  sur  un  demi-feuillet  ajouté. 

Jnvent.  :  Copte  51  a. 

126 

Préface  et  Scal.e,  \'ocabulaire,  avec  traduction  arabe. 

1  r.  —  111  V.  Scala  ecclésiastique  et  Préface  de  Jean  de 
Samannoûd  {sahidique).  112  r.  —  113  v.  Mots  grecs  traduits 
en  sahidique,  numérotation  (cojL>^e,  arabe).  113  v.  —  194  v. 
Vocabulaire  [grec,  arabe).  194  v.  —  195  v.  Noms  de  mesure, 
expliqués  d'après  saint  Épiphane  de  Chypre.  195  v.  —  226  v. 
Mots  hébreux  contenus  dans  la  Bible,  d'après  saint  Épiphane 
de  Chypre  {hébreu,  gi-er,  arabe).  227  r.  —  232.  Scala  magna 
d'Aboû'l-Barakat  (partie  des  chapitres  3  et  4,  d'une  autre  écri- 
ture). 

Ms.  (le  232  léuillets;  18  x  13.  Sans  date. 


)90  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Ce  manuscrit  est  coté  de  b  [feuillet  IJ  à  c|r  [feuillet  92] ;  de 


pijcv  [feuillet  93]  à  pï.e  [feuillet  lUJ;  de  b  [feuillet  113]  à^ 
feuillet  226]  (il  manque  les  feuillets  pi  à  p7b  et  pir);  enfin  de 
^  [feuillet  232]  à  ^  [feuillet  227]. 

Les  principaux  titres,  en  arabe,  sont  précédés  d'un  ornement 
en  couleurs;  certains  sous-titres  sont  en  copte  et  en  arabe. 

Regius,  365. 

Invent.  :  Copte  45. 

BiBL.  —  A.  Mallon,  Catalogue  des  Scalœ  :  début  du  voca- 
bulaire (113  V.). 

127 

Préfaces  et  Scal.-e. 

1  r.  —  5  V.  Préface  de  Samannoùdi  (acéphale).  6  r.  —  1 1  v. 
Préface  d'Ibn  Kàtib  Qaisar.  12  r.  —  18  r.  Préface  d'Aboù'l- 
Farag  Ibn  al-'Assâl.  18  v.  —  24  r.  Préface  d'Al-Qalioùbî. 
41  V.  Préface  d'Ibn  ad-Dohairi.  42  r.  —  86  v.  Sca/a  magna 
d'Aboù'l-Barakât.  87  r.  —  127.  Scala  rimée  d'Aboù  Ishâq 
Ibn  al-'Assâl. 

Ms.  de  127  feuillets;  30  x  21.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté,  en  lettres  coptes,  de  h  [8,  feuillet  1]  à 
ptiH  [158,  feuillet  126[.  Il  manque  les  feuillets  kT,  Tg\  kb^  iTôT 

AB,    An,    AH,    AH,    II,    MB   à   pR,    pH,    pO,    piB,    piA    à   pK    et   pil. 

Titres  en  rouge.  <|),  z  et  ji  portent  un  point  rouge  dans  la 
boucle.  La  barre  de  t  couvre  les  lettres  voisines;  b  repose  sur 
une  large  base;  le  a  est  beaucoup  plus  long  à  droite  qu'à  gau- 
che. 

Don  de  la  Mission  du  Caire. 

Invent.  :  Copte  110. 

128 

Préface  et  Scala  ecclésl\stique  de  Samannoùdi  [bohairique). 
1  —  116  V.  Préface  et  Scala  ecclésiastique  de  Samannoùdi. 
1 16  V.  —  208.  Mots  coptes  d'un  vocabulaire,  par  ordre  logique. 
Ms.  de  208  feuillets;  26  x  18.  Sans  date. 
Ce  manuscrit  est  coté  en  copte  et  en  chiffi-es  modernes. 
Le  feuillet  v.v  est  par  erreur  placé  après  et. 


MANUSCRITS   COPTES.  391 

Une  colonne  est  réservée  pour  la  traduction  arabe  qui  ne 
figure  sur  aucun  feuillet. 

Volume  de  la  bibliothèque  de  Saumaise,  acquis  en  1752  par 
l'abbé  Sallier  pour  la  Bibliothèque  du  roi. 

Invent.  :  Copte  77. 

129 

Préface  et  Scal.e,  avec  traduction  arabe. 

1  r.  —  2  r.  Début  de  la  Préface  de  Samannoùdî  {boha'irique). 
•2  r.  —  18  V.  Srala  magna  d'Aboù'l-Barakât,  à  partir  du  livre 
.5,  chapitre  2.      10  r.  —  1 41.  Scala  ecclésiastique  {boha'irique). 

Ms.  de  1 11  feuillets;  16  x  13.  Sans  date. 

Ce  manuscrit  est  coté  en  copte  de  r  (50,  feuillet  1)  à  pur 
(feuillet  141).  Les  feuillets  49  à  138  sont  plus  anciens  que  les 
autres.  Division  en  cahiers  de  dix  feuillets  cotés  par  première 
et  dernière  page,  avec  ornement  en  couleurs. 

La  partie  ancienne  est  écrite  en  noir  sauf  les  sous-titres 
coptes  et  quelques  majuscules.  Mou  15  lignes  par  page. 

Entré  à  la  Bibliothèque  pendant  le  règne  de  Charles  X. 

Invent.  :  Copte  51''. 

130 

Préfaces  et  Scal.e. 

1  r.  —  1 1  r.  Préface  de  Samannoùdi.  1 1  v.  —  20  r.  Préface 
d'ibn  Kàtib  Qaisar.  20  v.  —  28  r.  Préface  d'Aboù'l-Farag 
Ibn  al-'Assâl.  28  v.  —  38  v.  Préface  d'Al-Wagîh  al-Qalioûbi. 
39  r.  —  63  r.  Préface  d'Ibn  ad-Dohairî.  64  r.  —  127  v.  Scala 
magna  d'Aboù'l-Barakàt.  128  r.  —  191  v.  Scala  riniée  d'Aboù 
Ishâq  Ibn  al-'Assàl.  192  r.  —  193  r.  Notes  et  fragment  de 
Scala. 

Ms.  de  193  feuillets;  22  x  15;  2  colonnes.  Daté  (192  r.)  de 
l'an  1352  E.  M.  [1636  ap.  J.-C.].         _     

Ce  manuscrit  est  coté  en  copte,  de  a  à  pqB  [192,  feuillet  191]  ; 
en  chiffres  modernes,  de  1  à  192,  y  compris  104'''^  Division  en 
cahiers  cotés  par  première  et  dernière  page,  avec  ornement  en 
couleurs. 

Sur  la  feuille  do  garde,  ornement  en  couleurs.  Les  70  pre- 
miers feuillets  sont  encadrés  de  noir  ou  de  rouge.  Titres  arabes. 


392  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

en  lettres  rouges;  titres  secondaires,  arabes  ou  coptes,  en  let- 
tres rouges,  cf)  est  ouvert  à  gauche  et  sa  tige  coupée  par  un 
petit  trait. 

Gaulmin,  66.  —  Regius,  367. 

Invent.  :  Copte  50. 

131 

Préface  et  Scal.e. 

1  V.  Croix  en  couleurs.  2  r.  Page  ornée.  3  r.  —  13  r. 
Préface  de  Samannoùdî.  13  r.  —  20  v.  Préface  d'Ibn  Kàtib 
Qaisar.  21  r.  —  27  v.  Préface  d'Aboû'l-Farag  Ibn  al-'Assâl. 
28  r.  —  37  V.  Préface  d'AI-Qalioùbi.  37  v.  —  60  v.  Préface 
d'Ibn  ad-Dohairî.  60  v.  —  120  v.  Scala  magna  d'Aboû'l- 
Barakàt.  120  v.  —  177  v.  Scala  rimée  d'Aboù  Ishâq  Ibn  al- 
'Assâl. 

Ms.  de  178  feuillets;  30  x  20.  Daté  (178  r.)  de  l'an  1420 
E.  M.  [1704  ap.  J.-C.]. 

Ce  manuscrit  est  coté  au  verso,  en  lettres  coptes,  de  H^  [feuil- 
let 3]  à  pu  [feuillet  178].  Division  en  cahiers  de  dix  feuillets, 
cotés  par  première  et  dernière  page,  avec  ornements  en  cou- 
leurs. 

Titres  en  rouge.  ()>,  j)  et  z  portent  un  point  rouge  dans  la 
boucle. 
Invent.  :  Copte  103. 

132 

Préface,  Scal.e,  Vocabulaires. 

1  !■•  —  1  v.  Alphabet,  valeur  numérique  des  lettres,  explica- 
tion.    4  V.  —  8  r.  Préface  d'Aboû'l-Farag  Ibn  al-'Assàl.     8  r. 

—  12  V.  Préface  A'ihn  Kàlib  Qaisar.  12  v.  —  17  r.  Préface 
(leQalioùbî.  1 7  v.  —  28  v.  Préface  de  Samannoùdî  {Ijohai- 
l'ique).  2 1  r.  —  'Aij  v.  Préface  d'Ibn  ad-Dohairî.  37  v.  —  .■')3  v. 
Préface  d'Abou  Saker  Ibn  ar-Hâheb.  .13  v.  —50  v.  Deux  Préfa- 
ces anonymes.  10  r.  —  94  r.  Scala  magna  d'Aboù '1-Barakàt. 
94  r.  —  129  V.  Sca/a  rimée  d'Aboù  Ishâq  Ibn  al-  'Assàl.     129  v. 

—  171  r.  Scala  ecclésiastique  {hoha'irifjue).  171  v.  —  172  v. 
Liste  des  évêchés  d'Egypte.  172  v.  —  173  r.  Noms  des  \(i)pA. 
1*73  r.  —  178  V.  Liste  des  églises  et  monastères.  179  r.  Note 
arabe. 


MANUSCRITS    CUFTES.  393 

Ms.  de  179  feuillets;  32  x  22;  2  colonnes.  Daté  (53  v.)  de 
1522  E.  M.  [1806  ap.  J.-C.J  et  (179  r.)  de  1523  E.  M.  [1807 
ap.  J.-C.]. 

Titres  en  rouge.  <}>  est  ouvert  à  gauche;  h  est  presque  fermé, 
2  remonte  presque  jusqu'à  la  ligne  d'écriture;  a  descendjusquà 
la  ligne  suivante;  t|  domine  souvent  la  lettre  voisine;  t  couvre 
trois  lettres,  deux  à  gauche  et  une  à  droite;  enfin  b  repose  sur 
une  large  base  horizontale. 

Fonds  Asselin.  Entré  à  la  Bibliothèque  en  1833. 

In  veut.  :  Copte  53. 

BiBL.  —  Le  folio  37  v.  en  fac-similé  et  la  Préface  d'Abou 
Saker  ont  été  publiés  par  A.  Mallon,  Une  école  de  Savants 
Égyptiens,  II,  p.  237-258.  L'introduction  à  la  préface  de  Qalioûbî 
(12  V.,  2''  colonne)  et  un  passage  de  l'Introduction  à  la  préface 
de  Ibn  ad-Dohairî  avaient  été  publiés  et  traduits  par  le  même, 
ibid.,  I,  p.  127-128. 

133 

Préfaces  et  Scala. 

2  r.  —  27  r.  Préface  d'Ibn  ad-Dohairî  {bohairique),  acé- 
phale. 38  V.  —  28  r.  Préface  {arabe)  à  la,  Scala  rimée.  39  r. 
—  162  r.  Scala  rimée  d'Aboù  Ishâq  Ibn  al-'Assâl. 

lAis.  de  162  feuillets;  20  x  11.  Daté  (28  r.  et  162  r.)  de  l'an 
1336  E.  M.  [1620  ap.  .T.-C.|. 

Il  manque  un  feuillet  au  début;  les  suivants  sont  cotés  en 
chiffres  de  2  à  27.  La  pièce  arabe  n'est  paginée  qu'en  chiffres 
modernes.  Du  feuillet  39  à  la  fin,  autre  écriture  et  nouvelle  nu- 
mérotation en  chiffres  coptes  à  partir  de  1  ;  division  en  cahiers 
de  10  feuillets,  cotés  par  première  et  dernière  page. 

Titres  arabes,  on  rouge  ou  en  noir  rehaussé  de  rouge;  titres 
secondaires,  en  noir.  La  première  lettre  de  chaque  division  est 
rehaussée  de  rouge  et  d'argent.  Points  de  division  -v  rouges. 

La  seconde  partie,  de  28  à  162,  a  été  acquise  par  Vansleb,  — 
Kegius,  361  (volume  entier). 

Invent.  :  Copte  51. 

BiBL.  —  Les  feuillets  38  v.  —  28  r.  ont  été  publiés  et  traduits 
par  A.  Mallon,  Une  école  de  savants  égyptiens,  II,  p.  216-229. 


394  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

134 

Fragment  de  Scala. 

Ms.  de  8  feuillets,  22  x  16. 

Marcel. 

Invent.  :  Copte  151. 

135 

Original  du  «  Lexicon  .I^gyptiaco-latinum  ex  vetei'is  illius 
linguœ  monumentis  siunmo  studio  collectum  et  elahoratum 
a  Mathurino  Veyssière  La  Croze.  Berolini,  anno  ChristiD.  N. 
MDCCXXI  y>. 

Ms.  de  257  feuillets;  34,5  x  20.  xviii"  s. 

En  tête  du  volume  on  lit  :  «  Ce  qui  est  effacé  en  quelques 
endroits  ne  laisse  pas  d'être  bon.  Cela  est  venu  de  ce  que  j'effa- 
çais après  avoir  copié  au  net,  de  peur  de  copier  deux  fois  par 
mégarde.  » 

Invent.  :  Copte  80. 

136 

Vocabulaire  copte  avec  traduction  arabe,  grecque  et  latine 
suivant  les  cas. 

1  V.  —   20  V,  «  Spicilegium  cojjticum  seu  aiictarium  ad 

lexica  linguœ  copticœ  quœ  hactenus  in   lucem  prodierunt 

congessit  Eduardus  Dulaurier  »  :  fiches  1  à  1397.     30  r.  — 

3  V.  Glossaire  (concordance)  de  la  «Fidèle  Sagesse  »  destiné  à 

accompagner  sa  traduction  :  fiches  1398  à  2019. 

Volume  de  43  feuillets;  48,5  x  32,5.  xix'  s. 

Les  fiches,  de  i;Tandeurs  inégales,  sont  collées  sur  les  feuil- 
lets. 

Invent.  :  Copte  101. 

137 

Fiches  portant  chacune  un  mot  copte  avec  la  traduction  en 
latin  et  en  arabe. 
Invenl.  :  Copte  90. 


MANUSCRITS    COPTES.  395 

138 

MÉLANGES  DE  GiLLEs  DE  LocHEs  suF  diverses  langues  :  syria- 
que, hébreu,  samaritain,  arménien,  arabe  et  principalement 
copte. 

Recueil  factice  de  187  feuillets  cotés  1  à  186  y  compris  133'^'\ 

Invent.  :  Copte  1 18. 

139 

MÉLANGES    DE  GiLLES  DE  LOCIIES. 

I.  Varia  Coptica.  Scala  rimée  avec  traduction  française.  II. 
«  Dictionnaire  copte-latin  avec  interprétation  arabe  et  notes 
en  latin  »  :  copie  d'une  Préface. 

12  +  41  feuillets. 

Invent.  :  Copte  149. 

140 

MÉLANGES    DE    GiLLES    DE    LoCIIES. 

A  la  fin,  «  Alphabetum  yEgipticum,  Augustœ  Turomun, 
1634  »,  5  feuillets,  suivis  de  la  letti-e  d'envoi  à  Peiresc  (6  mai 
1634)  et  d'une  autre  lettre  au  même  (14  mai  1634).  Vient  en- 
suite un  alphabet  copte  écrit  en  1702. 

23  -h  23  +  15  feuillets. 

Invent.  :  Copte  150. 

L.  Delaporte. 


LES  PAPYRUS  GRECS 

ET  LA  CRITIQUE  TEXTUELLE  DU   NOUVEAU   TESTAMENT  (1) 


Pendant  longtemps,  la  critique  n'eut  à  son  service,  pour  la 
reconstitution  du  texte  grec  du  Nouveau  Testament,  que  les 
manuscrits  sur  parchemin  et  sur  papier,  les  versions  et  les 
citations  des  Pères.  La  découverte,  sous  les  sables  de  l'Egypte, 
de  documents  écrits  sur  papyrus  (2)  lui  a  fourni  récemment 
un  nouvel  instrument  de  travail,  instrument  des  plus  pré- 
cieux, car  quelques-uns  des  fragments  ainsi  trouvés  nous  livrent 
sans  correction,  sans  retouche  aucune,  un  texte  plus  proche  des 
temps  apostoliques  que  celui  de  nos  plus  anciens  onciaux.  Le 
P.  Prat,  dans  le  Dictionnaire  de  la  Bible  de  M.  Vigouroux, 
art.  Papi/rus  bibliques,  t.  IV,  col.  2087-2088,  et  M.  Gregory' 
dans  Textkritik  des  Nei/en  Testamentes,  Leipzig,  1900,  t.  III, 
p.  1084-1002,  en  ont  dressé  le  catalogue  :  le  premier  en  compte 
dix,  le  second  quatorze.  M.  Cari  Wessely,  dont  la  haute  compé- 
tence en  ces  matières  est  connue  de  tous  ceux  qui  s'occupent 
de  papyrologie,  en  a  publié  et  étudié  quelques-uns  dans  la  Pa- 
frologia  OrientaUs  de  M^''  (Iraffm,  Paris,  1007,  t.  IV,  fasc. 
2,  p.  1  12-150.  D'autres  ont  été  savamment  reconstitués  et  édités 
par  deux  érudits  anglais,  Grenfell  et  Hunt,  dans  Oœyrinjncluis 
Papijri,  4  vol.,  Londres,  1898-1908.  Il  seml)le  donc  qu'après 

(1)  Cette  étude  est  un  m(>moire  présenté  au  concours  d'Écriture  sainte  que 
M.  Jlansenot  a  proposé  en  lOII  h  ses  élèves  de  l'Institut  catholique  de  Paris. 
Par  lit  sûreté  do  la  méthode  et  la  précision  des  n'sultats,  elle  a  mérité  à  son 
auteur  un  premier  pri.x  avec  mention  .spéciale.  (Note  de  la  rédaction.) 

(2)  Pour  ce  (pii  est  de  la  i'abricalion  du  papyrus,  de  son  emploi  et  des  décou- 
vertes récentes,  on  trouvera  des  détails  intéressants  et  précis,  soit  dans  la 
Pnlrolo'jln  Orienlalis  de  M^'"  Grailin,  t.  IV,  p.  90-111  (étude  de  31.  Cari  \Ve.ssely), 
soit  dans  le  Diclionnaire  dr  la  Bihie  de  M.  Vigouroux  (articles  de  M.  Levesque 
et  du  P.  Prat),  t.  IV,  col.  2079  sq.,  soit  dans  le  Dlctiimar;/  uf  Ihc  Bible  de 
Ilastings,  extra  vol.,  Édinil.ourg,  1901,  p.  .'Jô-l. 


LES    PAPYRUS    GRRCS. 


?>91 


ces  divers  travaux,  le  moment  soit  venu  de  ji^i'oupor  en  un  seul 
faisceau  tous  ces  documents,  d'en  signaler  l'importance  et  d'en 
étudier  les  principales  vaiiantes  :  c'est  le  but  de  ce  travail  (1). 
Dans  une  première  partie,  nous  dresserons  le  catalogue  des 
principaux  papyrus  intéressant  le  Nouveau  Testament,  nous 
en  indiquerons  le  gisement,  la  date  et  le  contenu;  dans  une 
seconde  partie,  nous  étudierons  le  texte  qu'ils  reproduisent, 
nous  en  relèverons  les  leçons  propres,  les  autres  nous  les  com- 
parerons avec  celles  des  manuscrits  onciaux  :  cet  examen  nous 
permettra  de  faire  rentrer  les  papyrus  dans  la  classification 
des  anciens  textes  du  Nouveau  Testament  proposée  par  M.  Her- 
mann  von  Soden. 

I.   _  NOMENCLATURE   DES   PAPYRUS  ORECS    DU   NOUVEAU  TESTAMEXT. 

pi,  auparavant  T%  désigné  par  von  Soden  sous  le  sigle  s  01, 
a  été  découvert  en  1897  à  Belmesa,  l'antique  Oxyrliynchus,  sur 
les  limites  de  la  Libye,  par  Grenfell  et  Hunt.  Reconstitué  et 
publié  par  eux  dans  O.njrhynchus  Papijri,  I,  p.  4-7,  il  a  été 
publié  à  nouveau  et  étudié  par  Cari  Wessely  dans  la  Patro- 
logia  Orientalis  de  INF'Graffm,  t.  IV,  p.  1 12-141  (2). 

L'original  se  trouve  maintenant  à  Philadelphie,  Musée  de 
l'Université  de  Pennsylvanie,  Oxijrhijnchus  papyri,  2. 

Suivant  l'opinion  de  Grenfell  et  Hunt,  il  date  du  commen- 
cement du  IV''  siècle  et  plus  probablement  même  du  milieu  du 
111%  ce  serait  donc  le  plus  ancien  vestige  du  Nouveau  Testa- 
ment grec. 

Ce  fragment  ne  faisait  point  partie  d'un  rouleau,  mais  d'un 
codex  formé  de  feuilles  pliées  en  deux  :  dans  son  entier  il 
contenait  quatre  pages;  de  la  première,  il  ne  reste  presque 
rien,  trois  mots  inachevés  placés  au  début  de  trois  lignes;  il 
est  impossible  de  les  rattacher  d'une  façon  sûre  et  précise  à 

(1)  Nous  adopterons,  comnie  plus  siaiplo,  la  notalion  établie  par  M.  Gre^ory 
dans  TevlknlU.-  ■  I",  P-,  V',  etc.  Nous  rappellerons  à  l'oc.-asion  celle  qu  il  donne 
dans  ses  Prolegamena,  Leip/.ig,  1881  :  T»,  Tn  T',  etc.,  et  aussi  celle  qu'a  inventée 
M.  von  Soden  :  e  01,  s  34  etc.  M.  F.  G.  Kenyon  a  lui  aussi  un  système  spécial  de 
sigies  mais  il  est  moins  connu,  c'est  pourquoi  nous  n'en  dirons  rien.  CL  Ihuui- 
book  \o  the  (extual  rriUcism  of  t/ic  Xcw  Testamenl,  Londres,  1901,  P-  30-oH 

(2)  On  trouve.-a  .'.gaiement  dans  la  Palro(o!/la  Urienlalis  un  fac-simile  du  docu- 
ment tiui  nous  occupe,  t.  IV,  fasc.  -',  l'I.  1. 


398  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

telle  ou  telle  partie  du  texte  sacré.  De  la  deuxième  page,  il  ne 
reste  absolument  rien.  La  troisième  page,  numérotée  a,  est  la 
première  de  l'Évangile  selon  saint  Matthieu  et  correspond  à 
I,  1,  ^ithoq...  £Ycvv/;a£v,  9  -f-  12  :  elle  compte  vingt-neuf  lignes 
de  vingt-six  à  trente  lettres  chacune  ;  les  vingt-trois  premières 
et  la  vingt-cinquième  sont  bien  conservées,  des  autres  il  ne 
reste  presque  rien  et  il  est  impossible  de  les  reconstituer  avec 
quelque  certitude.  La  quatrième  page,  numérotée  3,  est  la 
deuxième  du  texte  de  saint  Matthieu  et  correspond  à  i,  14,  tov 
cacwx...  sffTiv  aYt...21  ;  elle  compte  vingt-cinq  lignes,  dontquinze 
sont  bien  conservées,  les  dix  dernières  sont  très  mutilées. 

L'écriture  de  ce  fragment  est  une  onciale  assez  petite,  avec 
des  tendances  vers  la  cursive.  A  part  quelques  exceptions,  on 
n'y  rencontre  ni  signes  de  ponctuation,  ni  accents,  ni  es- 
prits. En  revanche,  on  y  remarque  des  apostrophes  après  quel- 
ques noms  propres,  la  diérèse  sur  le  yod  initial  et  des  contrac- 
tions assez  fréquentes.  Ceci,  du  reste,  se  retrouvera  dans  tous 
les  papyrus  que  nous  allons  étudier. 

P",  coté  par  von  Soden  ;  020,  a  été  publié  par  E.  Pistelli, 
Papiri  evangelici,  dans  Studi  religiosi,  Florence,  1906,  t.  VI, 
p.  129-140;  il  se  trouve  actuellement  à  Florence,  au  Musée 
archéologique  (1);  il  date  du  v''  ou  du  vi*  siècle  :  il  comprend 
sur  le  verso  un  fragment  grec  de  saint  Jean,  xii,  12-15,  et  sur 
le  recto  un  fragment  sahidique  de  saint  Luc,  vu,  18  sq. 

P3,  auparavant  /  348  (c'est-à-dire  lectionnaire  348),  a  été 
apporté  du  Fayoum  à  Vienne  par  Théodore  Graf  et  publié  par 
Wessely  :  Evangelica  Fragment  auf  Papyrus  dans  Wiener 
Studien,  Vienne,  1882,  t.  iV,  p.  198-223,  et  188.J,  t.  VII,  p.  69- 
70.  Il  a  été  décrit  par  le  même  savant  :  Papyrus  Erzherzog 
Rainer.  Fu/irer  durch  die  Austellung,  Vienne,  1894,  p.  129, 
n.  539.  C'est  une  feuille  unique  d'un  lectionnaire,  en  écriture 
cursive  datant  du  vi''  siècle.  Il  se  trouve  maintenant  à  la  Biblio- 
tlièque  impériale  de  Vienne,  dans  la  collection  de  l'archiduc 
Rainer,  sous  le  n.  8021.  Il  contient  :  Luc,  vu,  36-43  et  x,  38-42. 

P^,  auparavant  /  943,  dans  la  notation  de  \on  Soden  i  34,  a 
été  découvert  au  cours  d'une  mission  du  P.  Schcil  en  Egypte, 

(I)  Malgré  de  longue-s  refhorclios,  nous  n'avons  pu  nous  procuivr  le  texte  de 
ce  papyrus;  par  suite,  il  n'en  sera  point  parlé  dans  la  seconde  partie  de  ce 
travail. 


LES    PAPYRUS    GRECS.  309 

près  de  Coptos,  en  1891  :  il  a  été  déchiffré  et  édité  par  le  même 
savant,  d'abord  dans  la  Revue  biblique,  1892,  t.  I,  p.  113-115, 
puis  dans  \q^  Mémoires  de  la  mission  archéologique  française 
au  Caire,  Paris,  1893,  t.  IX. 

11  se  trouve  maintenant  à  la  Bibliothèque  nationale  (Supplé- 
nent  grec,  1120).  On  le  date  du  iv^  siècle. 

Ce  papyrus,  qui  devait  à  l'origine  faire  partie  d'un  évangé- 
liaire  plus  complet,  comprend  un  feuillet  et  deux  fragments  : 
le  feuillet  porte  au  verso  cette  suscription  :  suav-eXiov  y.aTa 
ixa66aiov.  Son  texte,  assez  bien  conservé,  sauf  une  lacune,  v,  34, 
35,  correspond  à  Luc,  v,  30,  ^sivexe...  zpiOsaswç,  vi,  4.  Les 
deux  fragments  sont  plus  endommagés  :  du  premier  qui  con- 
tient :  Luc,  v,  3,  -^pwrriasv...  aTrejxou,  V,  8^  il  ne  reste  que  les  der- 
niers mots,  parfois  les  dernières  lettres  de  chaque  ligne.  Dans 
le  second  fragment,  au  contraire,  Luc,  i,  75,  XaTpsueiv...  ep-q[t.oiç, 
I,  80,  c'est  le  commencement  des  lignes  qui  est  épargné.  Le 
document  est  écrit  en  capitales  grecques  avec  les  abréviations 
communes.  Signalons-y  deux  particularités  graphiques  :  la 
ponctuation  varie  suivant  la  triple  position  du  point,  la  plus 
longue  pause  étant  marquée  par  le  point  en  haut,  la  moindre 
par  le  point  en  bas.  Les  alinéas  sont  reconnaissables  au  trait 
horizontal  qui  en  souligne  le  premier  mot,  ce  mot  déborde 
alors  sur  la  marge. 

P^,  auparavant  T\  et  pour  von  Soden  z  02,  a  été  trouvé  au- 
près d'Oxyrhynchus  en  1899.  Grenfell  et  Hunt  l'ont  reconstitué 
et  publié  dans  Oxyrhynchus  Papyri,  II,  1899,  p.  1-8.  Wessely 
l'a  réédité  dans  la  Patrologia  Orientalis,  t.  IV,  p.  142- 
144  (1).  Il  est  à  présent  à  Londres  au  British  Muséum,  Papyrus 
782,  Oxyrhynchus  208.  11  date  du  m"  siècle,  suivant  Grenfell, 
Wessely,  Ulrich  Wilcken  et  Kenyon;  du  nf  ou  du  iv%  sui- 
A  ant  Gregory. 

Ce  papyrus  est  une  feuille  de  codex  pliée  en  deux  et  formant 
par  suite  quatre  pages.  La  première  page  (verso)  n'a  guère  que 
le  commencement  de  chaque  ligne;  elle  contient  :  Jean,  i,  23, 
cyto  ©covY]...  -/iAOov  £70),  31.  La  page  2,  écrite  sur  le  recto,  n'a 
que  la  fin  de  chaque  ligne;  elle  contient  :  Jean,  i,  33,  y.avw  oj/.... 


(1)  Cf.  description  de    ce  document  {tar  M^''  Bludaii,    Papy rusjray mente  des 
neuleslamenUichen  Textes,  dans  BilUsche  Zeitschrlft,  1900,  p.  3U. 


400  REVUR    DE    l/ORIENT    CHRÉTIEN. 

axoAcuO-/](TavTO)v,  40.  La  page  3,  correspontlant  à  Jean,  \x,  11, 
!j.v/;(j.£tw...  TTpcç  Tov  Tcpa,  17,  n'a  que  quelques  letlres  au  début 
de  chaque  ligne.  La  page  4,  écrite  sur  le  verso,  n'a  que  la  fin 
des  lignes;  elle  renferme  :  Jean,  \x,  19,  i^ç  y.yn  z7--q...  -z-i 
TUTcov,  25.  L'écriture  de  ce  papyrus  est  une  onciale  arrondie, 
de  moyenne  grandeur.  On  y  remarque  les  contractions  ordi- 
naires et  de  nombreux  exemples  de  diérèse.  La  pause  n'y  est 
marquée  que  par  un  espace  blanc  de  la  largeur  de  deux  à  trois 
lettres. 

On  a  reconnu  sur  ce  document  les  chapitres  i  et  xx  de  saint 
Jean  :  il  est  très  probable  que,  dans  l'intérieur  de  ces  quatre 
pages,  étaient  intercalés  d'autres  feuillets  (25)  contenant  les 
18  chapitres  manquants;  si  cette  conjecture  était  fondée,  on  au- 
rait là  le  plus  ancien  fragment  de  livre  sur  papyrus. 

P6,  auparavant  T%  coté  s  027  par  von  Soden,  a  été  publié 
parGregory,  Textkritik  des  Xeuen  Testaments,  t.  III,  p.  1085. 
Il  se  trouve  à  Strasbourg,  Bibliothèque  de  l'Université,  Papyrus 
Coptes,  n°  351  r  et  335  v.  Il  ne  comprend  qu'un  verset  de 
saint  Jean,  xi,  45,  écrit  sur  trois  lignes,  sans  ponctuation,  ni 
accent. 

P^  siglé  £  11  par  von  Soden,  se  trouve  à  Kiev,  Académie 
ecclésiastique,  Musée  archéologique,  n"  152  (1).  Il  ne  contient, 
à  la  fin  d'une  homélie  ou  d'un  commentaire,  qu'un  fragment 
insignifiant  de  Luc,  iv,  1,  2. 

P^  auparavant  i%  noté  a  8  par  von  Soden,  a  été  découvert 
en  1903,  et  publié  en  1909  par  Gregory,  Textkritik,  t.  III, 
p.  1087-1090.  Il  se  trouve  maintenant  à  Berlin,  Musée  royal, 
section  égyptienne,  n"  8683.  Il  date  du  iV^  siècle.  Il  se  compose 
d'une  feuille  pliée  en  deux  et  contient  un  fragment  assez  im- 
portant des  Actes.  La  page  1  comprend  :  Act.,  iv,  31",  s^Xy;- 
aÔYjaav  ..^.  sOyjxcv,  37.  La  page  2  contient  :  Act.,  v,  2",  svevy.a;  .... 

7uv£u[;,a,  7.U,  9.  La  page  3  comprend  :  Act.,  vi,  1",  ;j.aO-/;Twv 

zpoa£u;a[;,Evoi,  C.  La  page  4  renferme  :  Act.,  vi,  8,  ouvat^.soj; 
....  y.xQe^o.asvîi,  15.  Les  deux  premières  pages  sont  bien  conser- 
vées, sauf  la  fin  qui  manque  presque  totalement;  les  deux  der- 
nières sont  plus  endommagées. 

(l)  Sous  le  même  numéro  se  trouve  un  papyrus,  dont  le  texte  n"a  p.is  été  dé- 
chiffré encore,  mais  qui  paraît  reproduire  quelque  chose  du  sermon  sur  la  mon- 
tagne. 


LES    PAPVRriS    flRRCS.  401 

L'écriture  de  P«  est  l'onciale  ordinaire,  plutôt  petite  :  on  y 
fait  usage  des  abréviations  communes  et  de  la  diérèse  :  les 
fautes  d'orthographe  n'y  sont  pas  rares. 

La  page  2,  nous  l'avons  vu,  finit  au  verset  10  du  c.  v 
et  la  page  3  commence  avec  le  c.  vi  :  il  y  a  donc,  entre  les 
pages  2  et  3,  32  versets  omis  (v,  10-42)  et  par  suite  il  devait  y 
avoir  originairement,  intercalé  entre  les  pages  2  et  3,  un  feuil- 
let plié  en  deux,  semblable  à  celui  qui  nous  reste  et  qui  con- 
tient juste  32  versets. 

P9,  trouvé  à  Oxyrhynchus  par  VEgijpt  exploration  fund, 
et  noté  a  1009  par  von  Soden,  a  été  lu,  reconstitué  et  publié 
par  Grenfell  et  Hunt  dans  Oxijrliijnchus  papyri,  111,  p.  2-3. 
L'original  est  conservé  à  Cambridge  (Massachusetts),  Uni- 
versité de  Harvard,  Oxyrhynchus  papyri,  n°  402.  11  date 
du  iv^  ou  du  V-  sjècle.  Sur  le  recto,  il  renferme  six  lignes  : 
1  Jean,  iv,  11,  o  6ç  xa-piasv....  otuTC'j  T£TcX£tw|j,£v/;,  12.  Le  verso 
contient  11  lignes  :  I  Jean,  iv,    11,   azsaxaXxcv  ....    tstsXei»- 

Tat,  17. 

L'original  de  P^'  est  écrit  en  semi-onciale  pure  :  le  texte  osl 
exlraordinairement  corrompu,  et  porte  la  marque  d'une  ex- 
trême négligence  de  la  part  du  copiste;  on  trouve,  par  exemple, 

TaTîpiaev  pour  r,-[i--qc;-v ,  xcvsiv  pour  tov  6éov,  -/O;  pour^   Ôç. 

Pio,  auparavant  T"  p""',  désigné  par  von'Soden  sous  le  sigle 
a  1020,  a  été  découvert  à  Oxyrynchus  par  VEgypt  explora- 
Hon  fund;  Grenfell  et  Hunt  l'ont  reconstitué  et  publié  dans 
Oxyrhynchus  Papyri,  I,  p.  8-9.  Wessely  l'a  réédité  dans  la 
Palrologia  Orientalis,  t.  IV,  p.  148-150.  L'original  se  trouve  à 
Cambridge  (Massachusetts),  Université  de  Harvard  (Oxyrhyn- 
chus papyri,  n°  209). 

On  le  date  ordinairement  du  commencement  du  iv^  siècle  : 
au  bas  du  document  se  trouvent,  en  effet,  deux  lignes  de  cur- 
sive  qui  remontent  à  cette  époque  et,  en  outre,  ce  papyrus  a 
été  découvert  avec  un  contrat  daté  de  31G. 

Dans  la   marge  supérieure  (1)   on  lit  la  lettre   x   (comme 


(1)  Cf.  pour  la  description  Ms"-  Bludau  dans  Biblischc  Zeilschrifl,  1906,  p.  33, 
et  von  Soden,  Die  SckrifLen  des  Neuen  Testaments.  —  On  trouvera  des  fac-similés 
de  ce  papyrus  dans  A.  Deismann,  Licht  vom  Osten  das  Nnœ  Testament,  Tubin- 
gue,  1()09,  p.  171,  et  dans  la  Palrologia  Orientalis,  t.  IV,  fasc.  2,  p.  m. 

OlilENT   CHRÉTIEN.  26 


402  REVUE    DE    l'orient   CHRETIEN. 

dans  Pi);  puis  viennent  onze  lignes  très  longues,  contenant 
le  commencennent  de  l'Épître  aux  Romains,  i,  1-7.  Le  texte 
est  bien  conser\^é  :  l'écriture  est  une  onciale  grande,  mais 
assez  grossière  :  c'est  très  probablement  un  exercice  d'éco- 
lier, la  maladresse  de  l'écriture,  les  deux  lignes  de  cursive 
ajoutées  sans  aucune  liaison  avec  ce  qui  précède,  enfin  les 
nombreuses  fautes  d'orthographe  tendraient  à  le  prouver. 

Dans  le  même  papyrus,  au  verso,  on  trouve,  écrits  par  la 
première  main,  deux  mots  n'ayant  pas  de  relation  avec  ce  qui 
précède,  ni  même  de  sens  bien  précis  :  Tr(...)c7-o  azccToXo;. 

pu,  auparavant  Q"="",  noté  0'  par  Trégelles  et  a  1020  par 
von  Soden,  est  encore  appelé  parfois  :  Porfirianus  Chiovensis, 
parce  qu'il  fut  trouvé  en  Orient  parl'évêque  de  Kiev,  Porphyre 
Uspensky.  Collationné  à  Saint-Pétersbourg  en  18G2  par  Ti- 
schendorf,  il  fut  édité  par  lui  dans  un  discours  intitulé  :  Grie- 
chische  Palàographie,  prononcé  à  Halle  au  mois  d'octobre 
1867,  et  publié  dans  Verhandlungen  der  2o  Versammlung 
der  deutschen  Philologen  mid  Schubnanner  in  Halle,  Leip- 
zig, 1868,  p.  44-45.  Il  se  trouve  actuellement  ù  Saint-Péters- 
bourg à  la  Bibliothèque  impériale,  CCLVIII.  Tischendorf  et 
après  lui  Gregory  le  datent  du  v''  siècle. 

Il  comprend  (1)  cinq  fragments  de  la  I"  aux  Corinthiens  : 

I,  17,  Acvwv  ïva  \}:(] cruv^'^rriT,   20;   VI,    13,  -i  (14)  o  -^ 

V'ù^-rr/y  £,  15;  vi,  16,  7.caXw[;.£voç....  ve?  18.  Ceci  est  sur  le  recto; 
au  verso  quelques  lettres  paraissent  rester  des  versets  qui  sui- 
vent :  VII,  3,  4;  vu,  10-11.  Ces  fragments  sont  ordinairement 
écrits  en  onciale  assez  grande;  au  verso,  il  y  a  quelques  mots 
écrits  négligemment  en  minuscule  :  le  texte,  du  reste,  est  très 
endommagé  :  aucune  ligne  n'est  sauve,  souvent  il  n'y  reste  que 
quelques  lambeaux  de  mots;  aussi  la  reconstitution  est-elle 
difficile,  incertaine  et  par  suite  de  peu  d'utilité  pour  la  critique 
textuelle. 

P'-,  auparavant  i\  siglé  x  1033  par  von  Soden,  a  été  trouvé 
au  Fayoum  en  1897.  Il  a  été  lu,  reconstitué  et  publié  par 
Grenfell  et  Hunt  dans  riie  Amherst  Papijri,  Londres,  1900, 
t.  I,  p.  28-30.  Il  se  trouve  actuellement  dans  la  collection  de 

1.  Cf.  pour  la  description  :  Groeory,  Tejctkrilik,  t.  I,  \).  119. 


LES    PAPYRUS    GRECS.  403 

lord  Amherst  à  Didlington  Hall  (Norfolk).  Il  est  écrit  des  deux 
côtés  :  le  verso  contient  un  passage  de  la  Genèse,  i,  1-5,  de  la 
version  des  Septante  :  l'écriture  onciale  date  du  commence- 
ment du  IV"  siècle.  Sur  le  recto,  on  lit  une  lettre  envoyée  de 
Rome  et  qui  a  dû  être  rédigée  au  uf  siècle.  Enfin  au-dessous 
de  cette  lettre,  il  y  a  trois  lignes  d'écriture  onciale  remontant 
au  m"  ou  au  iv'  siècle  et  correspondant  au  T'  verset  de  TÉpî- 
tre  aux  Hébreux  :  le  texte  est  assez  bien  conservé.  Nous  avons 
donc  ici  un  exemple  de  papyrus  ayant  servi  une  première  fois 
(sans  doute  pour  la  lettre  de  Rome),  employé  ensuite  par 
économie  pour  recevoir  d'autres  copies  toutes  différentes. 

Pi3,  auparavant  T^  p«"\  coté  a  1034  par  ^  on  Soden,  a  été  trouvé 
a  Oxyrhynchus  en  1904  :  il  a  été  lu,  reconstitué  et  édité  par 
Grenfell  et  Hunl  dans  Oxyrhynchus  papy  ri,  Londres,  1908, 
t.  IV,  p.  36-48.  Il  est  maintenant  conservé  à  Londres,  Britisli 
Muséum,  Papyrus  1532.  Oxyrhynchus  papyri  657.  Il  date  de  la 
première  moitié  du  iv''  siècle,  peut-être  du  premier  quart. 

C'est  le  plus  long  fragment  du  Nouveau  Testament  que  nous 
possédions  sur  papyrus  :  il  donne  le  tiers  de  l'Épître  aux  Hé- 
breux en  onze  colonnes  numérotées.  Les  quatre  premières 
colonnes  (;j,C,  \j:q,  ij,6,  v)  correspondent  à  Hebr.,  ii,  14,  xaTapY'';^-')... 
0  XaX-r]c7aç,  v,  5.  Sauf  la  dernière  colonne  qui  est  très  endomma- 
gée, les  autres  sont  assez  bien  conservées.  Mais  après  cela  nous 
perdons  11  colonnes  de  suite,  de  la  colonne  v  nous  passons 
à  ^^  et  en  môme  temps  le  texte  saute  du  c.  v,  5  au  c,  x,  8, 
-poaçepoviau  Les  quatre  colonnes  qui  viennent  après,  se  sui- 
vent encore  et  vont  jusqu'à  i-i  -r^ç  ^n^,  xi,  14.  Les  colonnes  5  et 
7  sont  bien  conservées;  des  col  tnnes  6  et  8  il  ne  reste  que  les 
premiers  mots  de  chaque  ligne.  Après  la  colonne  8,  il  manque 
une  colonne  entière  et  du  verset  14  on  passe  au  verset  28.  Les 
trois  dernières  colonnes  se  font  suite  et  vont  de  xi,  28, 
•^pwTo-cy.a...  à  sjXoviav,  XII,  17.  La  dixième  colonne  est  très  bien 
conservée,  la  neuvième  l'est  moins  bien  et  de  la  onzième  il  ne 
reste  presque  rien.  Il  est  évident,  par  le  numérotage  des  colon- 
nes, que  nous  possédons  des  fragments  d'un  codex  assez  impor- 
tant qui  contenait  l'épître  entière  et  davantage  encore,  peut- 
être  tout  le  Nouveau  Testament. 

L'écriture  est  l'onciale  du  type  ovale  avec  quelque  chose  d'ir- 
régulier.  Les  quelques  corrections  que  l'on  y  remarque  sont  de 


404  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN'. 

la  main  du  copiste  primitif.  En  fait  de  ponctuation,  il  n'y  a 
que  les  deux  points  qui  semblent  correspondre  à  une  ancienne 
division  en  ^-â'/^u  L'orthographe  fait  la  confusion  alors  commune 
entre  i  et  s-.,  s  et  at,  u  et  oi  (itacisme). 

P'S  auparavant  ^^''•  p'"',  que  von  Soden  a  coté  a  1036,  a  été 
trouvé  dans  la  reliure  d'un  volume  par  Rendel  Harris  et  publié 
par  lui  dans  BiblicMl  fragments  from.  Moinii  Sina'i,  Londres, 
1890,  n"  11,  p.  51-50.  Il  est  actuellement  conservé  au  Sinaï, 
couvent  de  Sainte-Catherine;  il  date  du  V  siècle.  Il  contient 
quelques  passages  de  la  première  Épître  aux  Corinthiens,  i,  25- 
27;  II,  6-8;  m,  8-10,  20. 

II.  —  NATURE  ET  VALEUR  DU  TEXTE  QUE  CES  PAPYRUS 
REPRODUISENT. 

Après  avoir  ainsi  étudié  extérieurement  les  papyrus  du  Nou- 
veau Testament,  il  nous  reste  à  examiner  le  texte  qu'ils  repro- 
duisent. Ce  texte,  il  est  facile  de  le  remarquer,  présente  une 
quantité  de  variantes  sans  importance,  fautes  d'orthographe, 
itacismes  et  autres  menues  divergences  qui  n'iraient  qu'à 
surcharger  et  obscurcir  ce  travail  :  nous  les  négligerons 
complètement;  nous  ne  relèverons  que  les  leçons  ayant  quel- 
que importance,  ou  bien  parce  qu'elles  seront  nouvelles,  ou 
bien  parce  qu'elles  serviront  à  rapprocher  le  texte  en  question 
de  tel  ou  tel  manuscrit  déjà  connu,  ou  bien  parce  qu'elles 
seront  caractéristiques  de  l'une  des  recensions  si  doctement 
établies  par  M.  von  Soden  dans  Die  Schnften  des  Neiœn  Testa- 
ments, 3  vol.,  Berlin,  1902,  1907,  1910. 

pi  n'a  que  deux  variantes  nouvelles  :  il  omet  tou  devant 
cupiou,  Matth.,  i,  0,  et  aulevant  Ysvsat,  17.  Par  ailleurs,  il  s'ac- 
corde avec  A  seul  pour  supprimer  tcv  devant  loî-r^s,  16. 

Pour  le  reste,  P^  se  rapproche  incontestablement  de  n  et 
surtout  de  b  (!)•  H  s'accorde  avec  ce  dernier  pour  l'orthographe 
de  presque  tous  les  noms  propres  :  '.jaxv..  2,  rapz,  :'>,  '^zi:..  •),  uo5-^c, 

5,    ac73:5,    8,    :r3'.a;,    9,    etc.    En    OUtre,   il    omet,    6,    z    ^x7<1vj:, 

après  L-Jiz  2s,  comme  x  et  b  contre  CEKLMSU.  H  omet  encore 
yap  après  ;j.vr,7T£jO£'.7r,ç,  18,  comme  xBCZ  contre  nC*EKLMSUV. 

(1)  Cf.  Pulrolu;/ia  Orienlalh,  Paris,  U)08,  t.  IV,  p.  111.  l'.  G.  Kenyon,  Ilund- 
book  lo  Ihe  Ic-iiual  crilicism  nf  Ihe  Nrtc  TeslameiU,  Londres,  I!KJi,  p.  37. 


LES    PAPYRUS    GRECS.  405 

Enfin,  il  écrit  osr/ij.aTsiTa'.,  10,  comme  nBZ,  au  lieu  de  r,y.^yZti'(]ja- 
Twar,  que  donnent  n'CEKLM.  En  somme,  P'  ne  diffère  de  b  que 
pour  l'orthographe  de  quelques  mots  et  cette  divergence  peut 
très  bien  s'expliquer  par  la  faute  des  copistes.  Il  est  donc 
permis  de  le  regarder  comme  un  bon  représentant  de  s. 

Ce  fait  acquis  nous  donne  déjà  une  indication  précieuse  pour 
le  classer  dans  les  recensions  de  von  Soden.  Car  le  Vaticanus 
B  est,  suivant  l'illustre  critique,  un  des  meilleurs  textes  de  la 
recension  h,  ^ite  par  Hézycliius  à  Alexandrie  vers  le  milieu 
du  m''  siècle.  Toutefois,  étant  donné  sa  date  d'origine,  P'  pour- 
rait être  un  témoin  de  |HK,  le  texte  antérieur  aux  recensions, 
mais  nous  n'y  avons  remarqué  aucune  des  leçons  données  par 
von  Soden  comme  caractéristiques  de  ce  texte.  Il  faut  donc 
écarter  cette  hypothèse  et  ranger  définitivement  P"  dans  la 
recension  h  (l).  De  fait,  il  a  de  cette  recension  la  tendance  très 
marquée  à  supprimer  le  plus  possible  les  mots  inutiles  :  omis- 
sion de  l'article,  6,  16,  17,  de  vap,  18,  de  c  lia^iAsu;,  6;  il  en  a 
de  plus  quelques  leçons  :  il  écrit  io)6y;B,  .j,  avec  H  et  I  contre 
0)5-00  de  k;  t^vsju,  18,  contre  y-wy;!',;  de  k;  h-^;,  5,  contre  gssi; 
de  K  et  i3::;  de    |  ;   csiYiJ.atEija'.,   19,   contre   ::apa3£iYiJ.x'ctaai  de  K. 

P3  a  une  variante  spéciale  :  Luc,  vu,  40,  il  porte  y.ai  aTri/.p'.Osiç 
v-vi  z  T:  zp:ç  ajTov,  tandis  que  l'on    trouve  ordinairement  : 

Les  autres  variantes  de  P^  correspondent  exactement  au 
texte  de  n  et  b  (-)•  vu,  37,  -.-uvr,  rr.i;  -^v  est  mis  avant  vt  ir,  -o\z<. 
comme  dans  nBLZ,  tandis  que  APXFA  le  rejettent  après; 
•/.aTa/.E'.Ta-,,  comme  dans  naBDLX,  au  lieu  de  avay.îujci,  dans 
EGHKMPS;  38,  czi-w  après  crTaaa,  comme  dans  kBDLXA,  tandis 
que  AEPGHK  le  mettent  après  zapa  -o-jq-oZxç  auisj;  -ziç  cay.puaiv 
avant  r,pzx-z,  comme  dans  nBDL;  ^Uv-A'^'f,  comme  dans 
N*ADLX,  au  lieu  de  iU[j.x:!7v>  que  l'on  trouve  dans  x'BPr;  1(», 
c'.sa-y.aAE  zi-i  y^criv,  comme  dans  nbiL,  à  rencontre  de  PXTAA 
qui  placent  çr^ziv  après  z  zi  ;  43,  7i;j.ojv  sans  article,  comme  dans 

d'  Cf.  II.  von  Soden.  Die  .sr/tri/len,  p.  Wo.  ]j'>^  iiivniior.s  odileurs  et,  à  leiii' 
suite, Gregory,  tiennent  ce  texte  comme  anté.vyrien  et  non  occidental;  cf.  Tt^xl- 
li)-itik,  t.  I,  p.  l'I. 

(2)  Cf.  M""'  Hhidau,  Paijyvusfrarjmenle  des  neu/es(ametiUichen  Texlh,  dans  Bi- 
lilische  Zci'silirifl,  I90G,  p.  30.  Gregoiy  avait  reconnu  dans  ce  frngmenl  ■•  un 
bon  texti'  ...  Te.rlkri/if;.  1.  1.  p.   117. 


406  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

KBLfl,  à  rencontre  de  ADPXAAX;  x,  38,  ew  ty]v  otxiav,  comme 
dans  nCLI,  tandis  que  ADPTA  portent  e^  xov  oixov;  39,  Tcapaxa- 
Geaôeiaa  comme  dans  KABC'L,  au  lieu  de  Ti:apa%a6x7ac7a  que 
donnent  CDPTA;  xooaçxou/.u,  comme  dans  xB*C*DL,  au  lieu  de 
-su  vj  que  donnent  AB^C-PPAA.  I^e  même,  au  v.  41,  il  y  a  substi- 
tution de  iq  à  /.ç  dans  les  mêmes  manuscrits.  Ce  verset  porte 
encore  8cpu5a;-/]  comme  dans  nbCDL,  au  lieu  de  TupSa^v)  que 
donnent  APFAA;  oX'.vwv  os  eau  ypsia  -^  svc;  comme  dans  C'"'L  1, 
33,  38;  B  porte  -/peu  stti  et  k*  omet  -/psia  -^  cvi:;;  42,  az  auz-qq 
comme  dans  iVACPF,  tandis  que  n*BDL  omettent  a-. 

Outre  cette  parenté  avec  x  et  b,  parenté  qui  le  rapproche  déjà 
de  la  recension  h^  P"^  fournit  encore  quelques  leçons  spéciales  à 
H  :  VII,  38,  il  écrit  s^sy.arev  au  lieu  de  s^si^.aaasv  ;  40,  Tpoç  auTOV 
eiTîSv  au  lieu  de  sittsv  ■^po?  auTCV  ;  X,  40,  [xoi  ajvavTiXaSïjTai  au 
lieu  de  \j.o'j  avuXacexs. 

P^  présente  trois  variantes  nouvelles  :  Luc,  v,  3,  cXiyov  ce 
•/.a6iaaç  au  lieu  de  cXr.'ov  xaGiaaç  ce  que  donnent  NBLQj  ou  y,at 
xaôiaaç  que  donnent  ACDRAA;  sotcaay.ev  s/,  tcj  -Xcicu,  au  lieu  de 
£7.  TCJ  -jtXcii'j  £0i5aa-/.£V  de  B5  ^^  "fw  -Aolo)  de  aOj  ^"ï^o  TO'J  TcXotou 
de  aCLQRXA;  Luc,  i,  76,  au  oe,  au  lieu  de  xai  au  Se  que  Ton 
trouve  dans  nBCDLR»  ou  y.at  au  dans  aO- 

Ce  papyrus  représente  (1  )  b  d'une  façon  très  sensible  (omission 
de  5  avant  te,  Luc,  v,  31,  comme  dans  B,  à  rencontre  delà  plu- 
partdes  manuscrits;  33,  omission  de  oiattcommedans  NBLàl'en- 
contrede  x*  ;  35,  omission  de  -/.ai  avant -ote,  comme  dans  BADEHK» 
à  rencontre  de  nFMA;  37,  0  g-.v;;  c  vssç,  comme  dans  BCDLMR. 
à  rencontre  de  o  veoç  civo?  dans  aEFHKS  (^<  omet  0  vccç);  30, 
omission  de  xai,  comme  dans  b;  omission  de  £u6eo)ç,  comme 
dans  nbCL  contre  AC^RXrivi,  1,  omission  de  0£UT£pî7:p0TO)  comme 
dans  nBL>  contre  ACDEHKMRSUV;  rejet  de  tou;  ata^uaç  après 
£aetsv,  comme  dans  BC*LR>  au  lieu  de  £t',aXov  ce  [j.aO...  tcu; 
aTa)ju:<ç  •/.xuaôr.cv que  l'on litdans  naC'^L  ;*2,  omission  deauiciçaprès 
£n:cv,  comme  dans  nbC*LX  à  rencontre  de  aC^RTA;  omission  de 
■::c',£iv  après  £;£aTiv  comme  dans  BCDR,  à  rencontre  de  naLXTA; 
omission  de  £v  comme  dans  BLRU  à  l'encontre  de  aCXTA; 
3,  ~pzq  auTcu^  ci-£v  i;  se  trouve  seulement  dans  b;  -"î?  comme 
dans  BCDLX,   au  lieu  de  07rc-£  dans  AEHKMRS;  omission  de 

(i)  U-'  Bludau,  Biblische  Zeilschrift,  1906,  p.  20. 


LES    PAPYRUS    GRECS.  407 

cvTsç  comme  dans  nbDLX  h  rencontre  de  aCRFAA;  U  omission 
de  w?  comme  dans  bd  ^i  rencontre  de  n*aCEHKM;  v,  8,  toi? 
yovaatv  au  lieu  de  auTou  toi;  TTcaiv  de  D;  t'J  comme  dans  nBEHKS 
au  lieu  de  tcu  w  que  l'on  trouve  dans  ACPLM  ;  U  75,  -jzaaai;  r^i^e- 
pai;  -^[-(-wv  comme  dans  BL  au  lieu  de  r.x^jx'.q  xai;  rdJ.spai;  rr;:  Cwi? 
•r;[j,o)v  que  l'on  trouve  dans  naCD- 

P^  est  donc  à  rapprocher  de  B-  Par  suite,  selon  toute  vrai- 
semblance, il  se  rattachera  à  la  recension  H-  De  fait,  la  plupart 
des  variantes  que  nous  venons  de  relever  sont  surtout  des 
omissions  de  mots;  or,  nous  l'avons  dit  déjà,  c'est  là  une 
des  caractéristiques  de  H-  De  plus,  P*  présente  un  certain  nom- 
bre de  leçons  propres  à  cette  recension  (1)  :  i,  75,  il  amet  r^; 
'Çiù-qq  -riij.wv  que  l'ou  trouve  dans  k;  v,  3,  il  a  ex  tou  ttacisu  au  lieu 
de  a-o  Tcj  -hoic'j  de  k;  35,  il  écrit  v^aTsuo-jcriv  au  lieu  de  vr;(TT£uao'j(jiv 
de  k;  VI,  1,  il  omet  cz-j-zpzzpz-ii).  Les  seules  divergences  que 
l'on  puisse  relever  viennent  soit  de  l'induence  des  passages  paral- 
lèles, soit  de  l'orthographe  :  i,  76,  addition  de  tcj  -/.j;  v,  3, 
c5i5affy.£v  est  mis  avant  zv.  tcu  tcaoioj  ;  1,  on  lit  ya'Aajat  au  lieu  de 
yaXaaaTs  ;  31 ,  ajTivau  lieu  de  Tj-o'jç  ;  33,  lojavo'j  au  lieu  de  Io)avvou  ; 
37,  prf.'vucri  au  lieu  de  p-o;s'.. 

P^  n'a  qu'une  leçon  nouvelle  :  Jean,  i,  37,  ot  cuo  [xaôr^-ai  au 
lieu  de  a  ojo  [^.aO-OTai  a'JTi'j  de  aSC,  -'•  5ji  «utou  [j.aOrjTai  de  C*LTX 
et  auTcu  :-,  cuo  ;j.a6-^Ta',  de  AC^PPAA- 

Le  texte  de  ce  papyrus  s'accorde  en  général  avec  }<  et  lors- 
qu'il est  en  désaccord  avec  k  il  s'accorde  avec  B  {-)?  ^^^^  il  ii'est 
pas  toujours  facile  de  faire  la  comparaison  d'une  façon  sûre 
et  précise  à  cause  du  très  mauvais  état  du  document  (3).  Notons 
cependant  quelques  détails  :  i,  -2-1,  la  suppression  de  l'article 
devant  «-^ttxaij.svci  concorde  avec  xABC  contre  n*a*C*X;  25, 
omission  de  -/.a-,  zizt/  x'j-m,  variante  corrélative  de  celle  que  l'on 
trouve  dans  n  :  /.ai -^poi-r^dav  auTov;  c'est  probablement  le  résul- 
tat d'une  collation  de  textes  dilTôrenls;  26,  uo^wy;?  contre 
u.)av/;ç  de  b;  omission  de  oz  après  [j.iao;  comme  dans^<BCLT; 
27,  s'accorde  avec  nBCL  pour  supprimer  auto;  sa-riv  après  o-.Baxs 

(1)  Cf.  II.  von  Soden,  Die  Schriften,  p.  998. 

(2)  Patrologia  Orienlalis,  t.  IV,  p.  148.  —  F.  G.  Kenyon,  Handbook  lo  the  lexlual 
rrilicism...,  p.  37.  —  Grenfoll  et  Hunt  y  reconnaissont  un  bon  texte,  Qxyrhynrhvs 
Papyri,  II.  18119,  p.  G. 

(3)  Gregoi-y,  Texikrilik,  t.  111,  p.  1080. 


408  REVUE    DE    lVjRIENT   CHRÉTIEN. 

et  zq  £iJ.7:poae3v  [xcj  y^Y^^ev  que  donnent  aC^XT;  omission  de 
eyo)  après  zi\jx  comme  dans  nCL  contre  btx;  28,  (3r<6avia 
comme  naBCEF  contre  |3-^6a6apa  de  C'KTU;  30,  u-sp  comme 
dans  K*BC  au  lieu  de  zepi  dans  AC-LP;  33,  ev  uoan  sans  article 
comme  dans  x;  34,  s  v/Xv/.xzq  comme  dans  n,  77,  288,  au  lieu 
de  0  utsç  de  n'  ,  c,  f,  1,  q.  Ce  mot  t/Xiy.xoq  est  effacé,  mais  le  mot 
utcç  (uç)  serait  trop  court  pour  combler  l'espace  vide  et  l'expres- 
sion £X£y.T2ç  u;  serait  trop  longue;  38,  £piJLriv£jo[jL£vov  comme 
dans  NPTAA  contre  [j,£9£p|j,Y)v£jc|j.£vcv  de  n'^ABCLX;  xx,  14,  lauTa 
sans  copule  comme  dans  xABDSA  contre  y.at  -auxadans  egKM; 
20,  sÎEi^Ev...  'âX£jpav  ajTci;  comme  dans  nABDI  contre  £5£i^£v 
auTci;...  -A£upav  auTCu  de  EGKLMSUXî  21,  cx£  ouv  yjXOev  tç  £A£yov 
auToj  ot  [j.aôr^-ai  absolument  comme  dans  x  qui  place  cuv  après 
0T£  et  supprime  oùXzi  avant  p.aÔYjiau  On  remarque  cependant  çà 
et  là  quelques  divergences  avec  n,  mais  alors  il  y  a  ordinaire- 
ment accord  avec  B  ;  i,  38,  on  lit  £i-av  avec  bC  contre  kALPX; 
39,  ;(|/£j8£  comme  dans  BCLT  au  lieu  de  t2£T£  dans  xAPXTAA- 

Du  reste,  n  et  B  font  l'un  comme  l'autre  partie  de  la 
recension  H.  Le  papyrus  P'^  se  rattachera  donc  à  cette"  recen- 
sion  (1),  à  laquelle  il  ressemble  par  la  fréquence  des  omissions 
(on  en  pourrait  relever  de  très  nombreux  exemples  dans  la 
collation  abrégée  que  nous  venons  de  faire)  et  dont  il  repro- 
duit au  moins  deux  leçons  caractéristiques  :  i,  25,  z'jzi  avant 
0  -po5£-Yiç,  et  1,  30,  u-sp  au  lieu  de  -ipi. 

P^ contredit  tout  à  la  fois  n  :  il  a,  Jean,  xi,  45,  ouv  au  lieu  de 
c£  après -oAAii;  b  •  il  porte  a,  l'article  pluriel  neutre,  au  lieu  de 
0  l'article  singulier  (2),  et  d  :  il  porte  ci  £aGsvx£ç  au  lieu  de  xwv 
£A6ovTa)v  et  e£aaajj,£vct  au  lieu  de  £opay.s-:£;.  Par  contre,  il  cadre 
complètement  avec  le  texte  reçu,  on  peut  donc  le  regarder 
comme  un  représentant  de  la  recension  k  ou  /.civy;  (3). 

P",  très  court,  comme  P",  a  encore  moins  de  leçons  carac- 
téristiques que  ce  dernier  :  on  le  rattache  ordinairement  au 
manuscrit  b  et  à  la  recension  h  (4). 

P^  est  plus  long,  par  suite  plus  intéressant  et  plus  important. 


(1)  Cf.  von  Soden,  Die  Schriffen,  p.  995. 

(2)  Cf.  Gregory,  Texlkrilik,  t.  III,  p.  1085. 

(3)  Cf.  von  Soden,  Die  Schriften,  p.  2144,  2L61. 
(1)  Cf.  von  Soden,  Die  Schriflen.  p.  997,  2164. 


LES    PAPYRUS    GRECS.  409 

Il  présente  quatre  leçons  particulières  :  Act.,  iv,  33,  to  ij.ap- 

Tjpiov  Cl  aKCTTCAcr,  -qq  3cvac7T3;cr£0);  to'j  xu  ^j"  36,    tj.s6r(pvc'jc;j,£vcv  au 

lieu  de  £p;xr,v£'j3;j,£vcv  de  B  et  iJ.£0£piJ.-/;v£uo[x£vov  des  autres  ma- 
nuscrits; V,  3,  ay.;jcvT3c;  au  lleu  de  tou;  a7.cucvTa;  de  NABD  et 
t:j;   ay.cucvTaç   -ajTa   de    EP;   VI,    13,   ,SXxJ9r,;xa  au  lieu  de  p-/;p.aia 

de  NABCD  et  p-/;ij.aTa  fiAaT^oiJ.a  de  EHP. 

Pour  ce  qui  est  des  manuscrits  anciens  (1),  il  est  assez  dif- 
ficile de  voir  duquel  il  dépend  :  les  leçons  qu'il  donne  sont 
très  mélangées.  Relevons  les  principales  :  iv,  32,  xxpoix  et 
'bjyr,  sans  article  comme  dans  naBD,  tandis  que  l'on  trouve 
l'article  dans  les  manuscrits  d'où  est  sorti  le  texte  reçu;  -36, 
a-s  TO)v  comme  naBEP,  au  lieu  de  u-o  dans  d;  v,  3,  c  —-pc:, 
comme  dans  xABE  contre  DP  qui  omettent  l'article;  5,  c  avavia; 
comme  dans  nAEBP,  tandis  que  d  omet  l'article;  7,  «xs- 
y.p'.Or,  comme  dans  nabD  au  lieu  de  £t7:£  dans  e;  vi,  2,  r,[>.(xç 
comme  dans  nabEHP  contre  yi^av  de  CD  ;  3,  ao£Aooi  comme  dans 
NBCEHP,  tandis  que  a,  13  omettent  ce  mot;  ^  comme  dans 
nBCD   au  lieu  de  ^^  xyicj  que  l'on  lit  dans  AC*EHP;  4,  r.pos- 

7.apTcp-oa:;j.£v  COmme  NABCP,  contre  r,iJ.tiq  o-  £ao[j.£ea  -poTxapTepcu- 

-t:  de  d;  8,  y_y.pi^cç  comme  dans  a^SD,  au  lieu  de  ttkjtcwç  de 
HP,  ou  yapiTCç  -/.x'.  t^io-zzm;  de  E;  !7-/;;j.£ia  au  lieu  de  TY;paTa  que 
l'on  trouve  dans  e;  13,  azXcov  placé  devant  ^Aacr^yjtjLa  comme 
dans  N'BC,  tandis  qu<'  ADEHP  le  mettent  avant  -/.axa  tou  Tcrou. 

De  cette  première  série  de  variantes  se  dégage  cette  conclusion 
que  PS  suit  les  manuscrits  nABCDE  quand  ils  concordent; 
quand  ils  diffèrent,  P^  suit  plutôt  n  et  b,  et  quand  a  et  s  dif- 
fèrent eux-mêmes,  il  semble  plutôt  se  rattacher  à  B-  Toutefois 
notre  document,  en  deux  passages,  soutient  les  autres  manus- 
crits contre  n  et  B  (cf.  vi,  3,  :jv  au  lieu  de  c£,  et  15,  aravreç  au 
lieu  de  7:avT£;)  ;  en  des  passages  plus  nombreux  il  soutient  n 
contre  B  (cf.  iv,  32,  £X£Y£v  au  lieu  de  eÀeycv  ;  36,  a£uity;ç  au 
lieu  de  A^jcur^ç;  ^'I,  2,  £itccv  au  lieu  desixav;  3,  £7:iax£t];aa6£  au 
lieu  de  ^z'.T/.tà(ù[i.^bx. 

Signalons  encore  trois  leçons  propres  à  d  :  iv,  32,  «jt^j  au 
lieu  de  auTw  ;  yX/ry.  au  lieu  de  y/X  ;  v,  S,  c  r.i-poç  au  lieu  de 
-£Tpcç;  deux  leçons  propres  cà  P  :  \\,  36,  uoty;-:  au  lieu  de  twj-/i5 

(1)  Cf.   (iregory,    Texlkrilik,  t.   111,  p.   1086-1^0:  von    Soden,    Die   Schriflen, 

p.  2\6--ni. 


410  REVUE    DE   l'orient   CHRÉTIEN. 

que  donnent  xABDE;  v,  8,  auiY)  au  lieu  de  -pc;  auTY)v  dans 
i<ABD  ;  et  enfin  une  leçon  propre  à  a  "•  v,  9,  addition  de  enre 
après  0  o£  Trexpoc;,  ce  qu'on  ne  trouve  pas  dans  nbD- 

Le  texte  de  P^  est  donc  très  mêlé  :  il  semble  être  le  résultat 
d'une  collation  de  plusieurs  manuscrits;  il  se  rattache  plutôt  à 
B,  il  a  surtout  les  leçons  communes  à  s  et  à  s,  il  emprunte 
quelques  leçons  particulières  à  d,  à  p  et  à  a;  enfin  il  a  lui- 
même  quelques  leçons  spéciales. 

La  même  dilficulté  se  présente  pour  le  ranger  dans  les  re- 
censions de  von  Soden  :  il  semble  cependant  se  rapprocher  d'une 
façon  assez  sensible  du  texte  de  h  dont  il  ne  diffère  (1)  que 
par  six  leçons  :  iv,  31,  zo^^-iz  au  lieu  de  a-avxs;;  32,  auiou  au 
lieu  de  auiw  ;  r.x^nx  au  lieu  de  a-av:a  ;  33,  u-r^pysv  au  lieu  de  r^v  ; 
35,  omission  de  Se  après  SteBiâsTc  ;  v,  5,  omission  de  t:u;  avant 
axouovxaç;  8,  addition  de  l'article  avant  r.t-poç  ;  vi,  13,  addition 
de  TOUTOU  après  tc-oj. 

P^  ne  présente  aucune  variante  nouvelle.  Du  reste,  le  texte 
assez  court,  copié  en  outre  avec  beaucoup  de  négligence  et 
assez  mal  conservé,  se  laisse  difficilement  ranger  dans  telle  ou 
telle  famille  de  manuscrits;  il  semble  cependant  plutôt  se  rat- 
tacher à  B  qu'il  ne  contredit  pas  .du  tout  :  I  Jean,  iv,  15,  cç  eav 
comme  b  contre  o;  av  de  naKL  (D  ajoute  ypiaToç);  16,  r^emuxeu- 
xa[j-£v  comme  dans  nbkL  contre  ■irtcjTcuop.sv  de  a;  y-»''  o  {a  omet 
l'article)  ôsoç  sv  auTw  \xe^ei  comme  dans  sBKL,  tandis  que  a 
omet  iJ.£V£i. 

Von  Soden  (2)  cote  ce  papyrus  :  a  1009,  mais  il  n'indique 
nulle  part  à  quelle  recension  il  le   rattache;    de  fait,   on  ne 
trouve  point  dans  P^  d'indications  suffisantes  pour  se  pronon-  " 
cer  d'une  façon  précise  à  ce  sujet  :  sa  parenté  avec  B  tendrait 
seule  à  le  rapprocher  de  H- 

P^o  étant,  comme  nous  l'avons  supposé  plus  haut,  l'exercice 
d'un  scribe  peu  expérimenté,  présente  surtout  des  variantes 
orthographiques.  Elles  sont  pour  la  plupart  des  fautes  d'inat- 
tention et  ne  méritent  pas  d'être  relevées. 

De  variantes  (3)  ayant  quelque  importance  il  n'y  en  a  que 
deux   et  encore  la  première  est-elle  probablement  une  faute 

(1)  Cf.  von  Soden,  Die  Schriften,  p.  2172. 

(2)  Cf.  Die  Schriften,  p.  2148. 

(3)  Cf.  Patrologia  Oricîitalis,  t.  IV,  p.  119. 


LES    PAPYRUS    GRECS.  411 

d'inattention,  une  ligne  passée  par  distraction  :  Rom.,  i,  6, 
omission  après  cvotj.aioç  de  autou  ev  ciç  ea-cs  xai  ui/eiç  xXY)TCt; 
7,  -/pu  tv;u,  tandis  que  tous  les  manuscrits  portent  tY]acu  xpiaxou, 
mais  au  f.  1  notre  document  porte  encore  ~yjû  t^  comme  b  à 
rencontre  de  kaegKLP  qui  donnent  ^  -^  (1). 

Le  petit  nombre  de  ces  variantes  et  par  ailleurs  la  quantité 
de  fautes  dues  à  l'inattention  du  copiste  empêchent  de  se 
prononcer  sur  les  manuscrits  ou  la  recension  auxquels  on 
pourrait  rattacher  ce  document. 

P'i  ne  présente  plus  que  des  fragments  de  mots  à  peine 
lisibles  :  la  reconstitution  en  est  si  difficile  et  si  problématique 
qu'on  n'en  peut  rien  tirer  de  certain  pour  la  critique  tex- 
tuelle (2). 

p<2  ne  comprend  qu'un  verset  de  l'Épître  aux  Hébreux,  i,  1. 
Il  présente  seulement  deux  variantes  :  il  écrit  -aXe  au  lieu  de 
TraAai,  et  il  ajoute  Y][j,a)v  après  zaxpaatv.  Ces  deux  variantes,  dont 
la  première  n'est  qu'un  itacisme,  ne  donnent  aucune  indica- 
tion pour  le  rapprochement  avec  les  manuscrits  ou  les  recen- 
sions. 

Pi3  constitue  le  plus  long  fragment  de  papyrus  du  Nouveau 
Testament,  par  conséquent  celui  sur  lequel  la  critique  textuelle 
peut  s'exercer  le  plus  utilement  et  le  plus  fructueusement. 

Les  leçons  nouvelles  qu'il  présente  sont  assez  nombreuses  : 
Hebr.,  m,  10,  sv  -r^  xapoia  auiwv  ot  au  lieu  de  vt]  xapow  auTot  Se; 
13,  TrapaxaXsdaTc  au  lieu  de  -apaxaXs'.Tc  ;  V,  4,  omission  de 
y.aQ(DC7zsp  -/.a'.  Aapwv,  que  l'on  lit  dans  nAB»  ou  de  y.aOazsp  y.ai 
Aapwv,  que  l'on  trouve  dans  CD;  x,  11,  aiJ.apT-.a;  au  lieu   de 

a!xap-',av;    XI,    1,  Trpayixatwv  x-zi-xz\ç,  aU  lieu  de  u-CTTajtç  r.ç>y.-(\j.(x- 

Twv;  1,   auTto  au  lieu  de  aj-cj;  xii,  4,  aYwvuo;j.îvci  au  lieu  de 

av-:aYwviÇci.»,£VOi  ;  5,  xai  [j-t^  îyXjoj  au  lieu  de  \):^^lz  txLJOi). 

Pour  ce  qui  est  des  manuscrits,  P'^  semble  se  rapprocher  de 
B  (3)  :  m,  1,  Iv,  comme  dans  sABCD,  au  lieu  de  Xpiaxov  Ir^aouv 
dans  ekL;  -,  omission  de  oâw  comme  dans  b  à  l'encontre  de 

(l)Cf.  Gregory,  Textkrilik,  t.  III,  p.  1091. 

(2)  Cf.  Gregory,  Textkritik,  t.  I.  p.  119;  M^'  Bludau,  Biblische  Zeilschrifl, 
1906,  p.  31.  D'après  von  Soden,  on  ne  peut  pas  dire  si  P"  représente  I  ou  H.  Cf. 
Die  Schriften,  p.  1921,  2174. 

(3j  Cf.  M'^'  Bludau,  Biblische  Zeilschrift,  1906,  p.  36-37;  Gregorv,  Textkrilik, 
t.  III,  p.  1091. 


412  BEVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

nACDEKLMP;  4,  xavxa  sans  article  comme  dans  kBC*D*E*,  au 
lieu  de  xa  r.x^nx  dans  C^D'ELP;  6,  £A:noo;  xaTaaxwi^EV  comme 

dans  B,  au   lieu   de  ekraooç,    \J.ty^Ç)i  te).ou;    (isSa'-av    y.aTaaxwiJ-sv  que 

l'on  trouve  dans  xACDEKLMP  :  cette  locution  a  pu  venir  du 
verset  14,  où  elle  se  trouve  également;  9,  ev  ccy.'.y-aais:  comme 
dans  NABCDEMP,  au  lieu  de  eîcxitj.aaav  es  que  l'on  trouve  dans 
N'D'KL  ;  10,  TauT-/)  comme  dans  nABD*M  :^  rencontre  de 
CDEKLP  qui  donnent  tv.ivrr,]  iv,  3,  -.-ap  comme  dans  BDEKLF, 
au  lieu  de  cuv  que  Ton  trouve  dans  naCM  ;  omission  de  r^v 
avant  -/.aTazauatv  comme  dans  bD  à  rencontre  des  autres  ma- 
nuscrits; 7, -Kposipr^Ta'.  comme  dans  nABCDE  contre  etpr^Ta-.  de 
DT*KP;  V,  1,  omission  de  te  après  owpa  comme  dans  BD"  à 
rencontre  de  sACD;  3,  ci  auTY;v  comme  dans  nABC*D*P,  au 
lieu  de  oia  -ajT-/;v  que  l'on  lit  dans  C'D'EKL;  r.t^^  a[;,ap-uov 
comme  dans  naBCDP,  au  lieu  de  y-ep  dans  C'D'ELK;  4,  a/./.a 
xxAcu.a£vc;  comme  dans  sABC*DEK,  tandis  que  CLP  portent 
akV  0  xaAO'J[^.£vcç. 

A  partir  de  cet  endroit,  nous  ne  pouvons  plus  faire  la  com- 
paraison avec  Bj  ce  manuscrit  ne  donnant  pas  la  fin  de  l'Epî- 
tre  aux  Hébreux,  ix-xiii.  Mais  des  variantes  que  nous  venons 
de  citer,  surtout  des  omissions  signalées,  ii,  2,6  et  iv,  3,  omis- 
sions qui  se  trouvent  seulement  dans  b,  il  est  permis  de  con- 
clure que  Pi^  est  très  voisin  de  b-  Cette  conclusion  est  impor- 
tante, car  elle  permet  de  reconstituer  avec  F^'^  une  partie  de  ce 
qui  manque  dans  b:  elle  permet  en  particulier  d'y  supposer  les 
mêmes  omissions  fréquentes  (cf.  x,  13,  17,  37;  xi,4;  xii,  3), 
surtout  quand  ces  omissions  se  retrouvent  dans  d  et  n. 

Après  B,  en  effet,  les  manuscrits  les  plus  proches  de  P*^  pa- 
raissent  être  n  et  D  :  nous  les  avons  déjà  vus  très  souvent  as- 
sociés à  B-  Examinons  le  rôle  qu'ils  jouent  dans  la  suite  du 
texte  :  X,  10,  scrîj.£v  oix  comme  dans  xACDE*  au  lieu  de  £7;j.£v  oi 
iix  de  D'E**KL;  H,  upsu;  comme  dans  sDEK  au  lieu  de 
apyupsjç  que  l'on  trouve  dans  ACP:  13,  ev  othx  comme  dans 
s<CDEKL  contre  ,-/.  oeHuov  de  a;  Hi,  addition  de  ce  après 
aurq  à  rencontre  de  la  plupart  des  manuscrits;  e--.  vr^v 
ciavsuv  comme  dans  naCDP  contre  t~i  twv  Buvcuov  de  deKL; 
38,  liv.y.ioq  comme  dans  DEKLP  au  lieu  de  c'.y.aicr  \j.cj  que 
donnent  nAH  :  ^u  4,  Kaetv,  leçon  de  D;  H,  Tcapa  v.ocipo^  vay.taç 
comme  dans  xaD  sans  l'addition  de  i-v/.iy  que  l'on  trouve 


hV.^    PAPVniS  GRECS.  413 

dans  EKLP;  29,  çr,pxq  vy;;  comme  dans  xade,  au  lieu  de 
;-/;pa^-  simplement  que  l'on  trouve  dans  D'KLP;  32,  S^iJ^w, 
orthographe  donnée  par  d;  'M,  £::pta6ri7av  s-scpasO-^aav  comme 
dans  ADEK  au  lieu  de  zr.tipxadr^axv  sTcpiaOïi^av  que  donne  n  ;  xii, 
3,  s-/.X£Xu;j.£vot,  leçon  de  d,  au  lieu  de  r/.Xusy.£vcr.  n-e  portent 
la  plupart  des  autres  onciaux. 

Parfois  cependant  P'^'  est  en  désaccord  avec  x  :  ii,  18,  il 
conserve  ::£ipa-0£i;  omis  par  n;  m,  S,  il  porte  v,  to)  -apa-iy.paJy.o) 
au  lieu  de  sv  tw  r.f.y,px7iJM  de  x  ;  iv,  11,  il  conserve  -i,-  omis  par 
n;  X,  34,  il  porte  osjy.-.or.ç  au  lieu  de  5£cr;/ciç  ;j.ou  que  l'on  trouve 
dans  X . 

Ailleurs  et  plus  souvent,  P'3  contredit  d  :  iv,  1,  il  omet 
xaTaXi-cy.evoç  écrit  par  d:  x,  20,  il  conserve  -/.a-,  omis  par  d;  il 

omet  cia    écrit    par   d    avant   -r,^   crapy.cç;    :]2,    il   a   Ta;    TrpcTspiv 

r,y,£pa,-  au  lieu  de  tai,-  ^pz-zpoLiq  r,'^.zpn-  de  d;  3:^  il  omet  cvciîirc- 
y-svci  que  D  place  après  (itu-p'Xz[j.vKi. 

Quand  il  y  a  désaccord  entre  n  et  d,  P'^  suit  le  plus  souvent 
N  :  X,  34,  3ajt:j;  comme  dans  xAH,  au  lieu  de  trjxciq  que  l'on 
lit  dans  dekL;  xi.  11,  ^î^appa  comme  dans  naEKL  sans  l'addi- 
tion deŒ-£r.pa  que  l'on  trouv(;  dans  d;  3-2,  Bapax,  ^ap.-^),  hçOa 
comme  dans  xA  au  lieu  de  ho^pocv.  te  v.xi  Sa-^w  -/.ai  h^Oas  que 
l'on  relève  dans  DEKLPlxii,  7,  ti;  yap  comme  dans  xaP  au  lieu 
de  Tiç-'xp  scTTtv  suivant  DEKL- 

Parfois  aussi  le  document  dont  il  s'agit  contredit  tout  à  la 
fois  les  leçons  de  x  et  de  d  :  m,  3,  5o;y;;  ojts;  comme  KLM,  au 
lieu  de  ojto;  oc;y;;  de  naBCDE;  xi,  3,  ■■jpiTAi-.z  comme  dans  klP, 
au  lieu  de  -ojpKjy.cT:  que  donnent  naDE;  32,  \'xp[).z  avec  EKLP, 
au  lieu  de  jjlî  -;xp  suivant  nabD^ 

De  cette  longue  série  de  rapprochements,  on  peut  conclure 
que  P"'^  est  très  voisin  de  b,  qu'il  a  beaucoup  de  x  et  quelques 
variantes  assez  caractéristiques  de  D- 

Pour  ce  qui  est  des  recensions  de  von  Soden,  P'^  semble 
se  rattacher  à  h  :  sa  parenté  avec  b  et  x  est  une  première  in- 
dication en  ce  sens,  que  conlirment  les  nombreuses  omissions 
que  nous  avons  relevées  plus  haut.  Enfin,  en  examinant  les  dé- 
tails du  texte,  on  remarque  certaines  leçons  données  par  von  So- 
den comme  caractéristiques  de  H-  Signalons-en  quelques-unes  : 
III,  3,  P'^^  écrit  Mwuro;  comme  H  à  rencontre  de  K  qui  écrit  ^j-wr/;;; 
10,  T£--£pa/.:vTa  comme  H  à  rencontre  de  |  et  de  k  qui  ont  -z^zx- 


414  REVUE    DE    l'orient   CHRETIEN. 

paxovia;  13,  a^/pi;  xii,  4,  [xe^pt  comme  dans  H  à  rencontre  de  k 
qui  écrit  ay^gi^,  [J-eypiç;  x,  34,  xpiaswva  semble  appartenir  à  H  de 
même  que  xi,  32,  Aaj3io  au  lieu  de  oaSiS,  qui  appartient  à  K. 

Dans  P^^  nous  ne  relevons  que  deux  variantes  (1).  La  pre- 
mière est  une  omission  assez  considérable,  due  probablement 
à  la  négligence  du  copiste,  car  on  ne  la  retrouve  nulle  part 
ailleurs  :  1  Cor.,  II,  7,  *^v  Tupocopt^ev  o  Osoç  zps  twv  aio)vwv  £>,;  co;av 
•rjp-ojv.  La  deuxième  est  un  simple  itacisme  :  i,  20,  ^\tr,txt  au 
lieu  de  (^Xezeiau  Ces  leçons  divergentes  sont  évidemment  trop 
peu  nombreuses  pour  qu'on  puisse  se  prononcer  sur  la  famille 
de  manuscrits  ou  la  recension  dont  se  rapproche  P'*  (2). 

De  l'étude  que  nous  venons  de  faire  se  dégagent  assez  clai- 
rement trois  conclusions  qui  ont  leur  importance  :  la  première, 
c'est  que  tous  les  documents  que  nous  avons  examinés  et  dont 
nous  avons  pu  discuter  l'origine  se  rattachent  à  la  recension  H- 
Or  ces  documents  proviennent  tous  des  sables  de  l'Egypte  où 
ils  ont  été  enfouis  pendant  des  siècles  :  par  suite,  la  recension 
H  devait  être  en  ce  pays  connue,  estimée,  suivie,  et  ceci  con- 
firme, au  moins  sur  un  point,  la  théorie  de  von  Soden  qui  fixe  à 
Alexandrie  la  naissance  de  la  recension  H-  En  second  lieu,  le 
texte  des  papyrus,  surtout  des  plus  anciens,  est  apparenté  à 
B  et  à  N,  parfois  aussi,  mais  bien  moins  souvent,  à  D-  Ainsi, 
F*  (m''  siècle)  est  à  rapprocher  de  b;  P""  (ni^  ou  iv'  siècle)  et  P^ 
(iv«  siècle)  de  n  et  de  b  ;  P^  et  P^^  (iv^  siècle)  de  b;  P^  et  P'^ 
(iV'  s.)  de  X,  de  B  et  de  D  ;  P'^  (iV  ou  v*"  s.)  de  b,  et  ceci  confirme 
l'opinion,  aujourd'hui  commune,  qui  prétend  que  x  et  b  ont 
une  origine  très  voisine  et  que  tous  deux  ont  une  grande  au- 
torité pour  la  reconstitution  des  textes.  Enfin,  une  troisième 
considération  qu'il  importe  de  faire,  c'est  que  le  texte  de  ces 
papyrus  donne  assez  peu  de  variantes  nouvelles  :  P'  ena  deux, 
P3  et  P^  en  ont  une,  P^  en  a  trois,  P^  en  a  quatre  et  P^^  en  a 
huit  :  elles  ne  sont  d'ailleurs  importantes  ni  les  unes  ni  les 
autres;  par  conséquent,  les  papyrus,  découverts  jusqu'ici,  ser- 
vent surtout  à  confirmer  et  à  appuyer  les  leçons  anciennes  :  le 
service  qu'ils  rendent  ainsi  est  déjà  appréciable;  il  le  devien- 


(1)  Cf.  Ms'-  Bludau,  Biblische  Zeilschrifl,  1906,  p.  35. 

(2)  Von  Soden   le  donne  cependant  comme  un  représentant  de  II.  Cl'.  Die 
Schriften.  p.  1921.  2174. 


LES    PAPYRUS    GRECS.  415 

dra  davantage  à  mesure  que  l'on  trouvera  des  documents  plus 
nombreux  et  plus  proches  des  temps  apostoliques  :  c'est  à  ces 
documents  qu'il  appartiendra  sans  doute  de  confirmer  ou  de 
ruiner  les  systèmes  de  critique  textuelle  du  Nouveau  Testament, 
actuellement  élaborés,  mais  encore  insuffisamment  établis  (1)  ' 

Paris,  17  novembre  1911. 

A.  Savary, 

(1)  Nous  avons  transcrit  les  textes  grecs  sans  accents,  tels  que  les  documents 
utilisés  nous  les  ont  conservés. 


KAISOUN=CAESARIUM,  PELUSE,  PHITHOM 

MOUSIN  =  MUSEUM  OU  OASIS 


La  première  préface  à  l'histoire  des  patriarches  coptes, 
mentionnant  le  lieu  du  martyre  de  saint  Marc,  porte  la 
phrase  suivante  (1)  :  1).  ,-^;-C^!  ^^^  (2)  j_^-^  'i^,^-'  J,  i^^  JU5^ 
jy\  'Lij>^'  i^'^^1  'i^^>  ^<v-jj  «  Il  fut  martyrisé  dans  la  ville 
de  Kaisoun  (ou  Klisoun),  et  celle-ci  (est)  Alexandrie,  qui  se 
nomme  en  langue  hébraïque  :  ville  d'Aramon  (3)  ». 

Le  nom  Kaisoiai  que  l'on  rencontre  dans  cette  phrase  est  un 
de  ces  mots  difficiles  qui  embarrassent  les  étudiants  des  ma- 
nuscrits arabes.  Le  contexte  n'est  pas  assez  explicite,  et  la  né- 
gligence des  copistes,  qui  omettent  ou  déplacent  trop  souvent, 
non  seulement  les  points  diacritiques  mais  quelquefois  aussi 
des  consonnes,  surtout  dans  les  noms  propres,  laisse  la  forme 
de  tels  mots  indéterminée.  Ces  noms  altérés  et  défigurés  font 
le  désespoir  du  lecteur.  Ainsi,  faute  de  mieux,  a-t-on  cru  pou- 
voir lire  ici  Kaisarôun  au  lieu  de  Kaisoin),  en  y  ajoutant  un  r. 
Kaiscu'oun  ou  mieux  encore  Kaisan'oun  pourrait  être  la  trans- 
cription arabe  du  nom  grec  de  ce  temple  de  César,  le  Kaisa- 
rion,  en  latin  le  Caesarium,  grandement  célèbre  dans  l'anti- 
quité. Après  la  destruction  des  temples  païens  d'Alexandrie, 
à  la  fin  du  iv*"  siècle,  le  nom  du  Caesarium  a  été  conservé  par 
la  fameuse  église  du  même  nom,  où  fut  assassinée  la  malheu- 
reuse Hypatie,  en  4-23.  Cette  église  existait  toujours  au 
viii"  siècle  sous  la  même  désignation,  et  le  calife  Hichàm  la 
fit  rendre,  dit-on,  aux  catholiques  à  cette  époque  par  les  Coptes. 

Les  Arabes  ont  imité  la  forme  de  la  cour  ou  atrium  de  cette 
église  (ou  bien  de  l'ancien  temple  qui  a  pu  survivre  encore  en 

(1)  Palrologia  orienlalis,  t.  I,  p.  105-106. 

(2)  Sic  les  mss.  AB.  Le  ms.  F  porte  :     ,  ^.^-Jii.  J'ai  conjecturé     .^^^^s. 

(3)  Cf.  Jér.,  XLVi,  25;  Nahum,  m,  8;  Ez.,  xxx,  11,  15,  l«(Vulg.). 


KAJSOUN  ET  MOUSIX.  ^J-j- 

partie  au  temps  de  la  conquête  musulmane),  et  ils  l'ont  utilisée 
pour  leurs  marchés  ou  bazars.  A  ces  édifices  quadrangulaires  à 
colonnades  on  a  donné  le  nom  arabe  de  Kaisàrhjah,ce  qui  est 
le  même  mot  que  Kaimrioiw,  avec  une  terminaison  moins  cor- 
recte mais  plus  familière.  De  telles  kaisànyaUs,  dont  beaucoup 
sont  nommée.s  et  décrites  par  les  topographes  arabes  du  moyen 
âge,  Il  est  resté  des  exemples  jusqu'à  nos  temps,  comme  dans 
la  ville  de  Maroc  et  à  Alep.  C'est  donc  là  un  nom  qui  était 
connu  des  Coptes  et  des  Arabes. 

Je  dois  avouer,  cependant,  que  je  me  suis  peut-être  trompé 
en  traduisant  l'endroit  dont  il  s'agit,  comme  si  saint  Marc  avait 
souflert  le  marlyre  «  dans  un  quartier  d'Alexandrie  qui  se  nom- 
mait le  Caesarium  ».  Il  est  vrai  que  Quatremère  {Mém  uéoqr 
I,  206)  et  Lumbroso  [VEgitto  al  tempo  dei  Greci e  dei Romani 
p.  I-2G)  ont  cru  que,  vers  le  vi-^^  siècle  de  notre  ère,  ce  nom  com- 
prenait une  partie  de  la  grande  ville,  située  autour  du  temple 
même.  Mais  les  autorités  citées,  c'est-à-dire  la  Vie  de  saint  Jean 
TAumônieret  un  éloge  copte  d'un  évêque  Macaire,  parlent  d'un 
endroit  nommé  le  Caesarium,  qui  pourrait  n'être  que  le  site  de 
l'ancien  édifice,  en  partie  détruit  et  remplacé  par  des  habita- 
tions neuves. 

D'autre  part,  Lumbroso  signale  plusieurs  noms  de  quartiers 
designés  d'après  les  temples  principaux  ou  les  églises  qu'ils 
contenaient,  tels  que  Bendideion,  Poseidion,  Mercurium  (?).  Il 
mdique  aussi  Angelion  comme   un  cas  analogue.  Du  moins 
j'aurais  pu  ne  pas  modifier  le  nom  propre  pour  introduire  un 
sens  que  je  croyais  plausible  et  me  borner  à  donner  le  mot  à 
mot  qui  est  :  «  dans  la  ville  de  Kaisoun,  ce  qui  est  Alexandrie  » 
D'autant  que,  selon  la  légende,  saint  Marc  a  été  traîné  par  les 
rues  depuis  Bucolia,  hors  de  l'extrémité  orientale  de  la  ville,  jus- 
qu'au Sérapéum  dans  le  quartier  de  Rhacotis,  où  il  a  été  tué. 
Aussi  a-t-il  pu,  dans  cette  via  dolorosa,  passer  à  côté  du  Cae- 
sarium, qui  était  près  de  la  porte  orientale,  au  rivage  de  la 
mer;  mais  l'on  ne  peut  pas  dire  que  c'est  précisément  là  qu'il  a 
été  martyrisé  (1). 

Somme  toute,  si  le  mot  «  Caesarium  »  doit  rester,  il  vaudrait 
peut-être  mieux  traduire  tout  simplement  :  «  dans  la  ville  du 

(1)  Signalons  enco.v  .,  le  cauip  de   César  ...  appelé    aussi    Xicopolis.  à  deux 
nulles  de  la  porte  orientale  d'Alexandrie,  non  loin  de  Bucolia. 


Or.nCNT   CHRETIEN. 


41S  RKVUK    DE    l'uRIRNT    CHRÉTIEN. 

Caesarium,  c'est-à-dire  ù  Alexandrie  ».  En  caractérisant  ainsi 
la  capitale  de  TÉgypte,  Fauteur  a  pu  faire  allusion  au  culte 
funeste  du  César,  qui  résumait  tout  ce  qu'il  y  a  de  pis  dans  le 
paganisme.  Alexandrie,  comme  sans  doute  les  autres  grandes 
villes  de  l'empire  au  temps  de  saint  Marc,  était  vraiment  adon- 
née à  l'adoration  de  la  bête  de  l'Apocalypse,  qui  régnait  par  la 
puissance  du  diable,  et  que  l'on  identifiait  déjà  au  iV^  siècle 
avec  l'empereur  Néron.  Les  ennemis  principaux  du  christia- 
nisme étaient  ceux  qui  imilaient  les  vices  dont  l'empereur  leur 
avait  donné  l'exemple.  Si  Ton  objecte  que  cette  explication  sup- 
pose une  interprétation  allégorique,  il  faut  rappeler  que  les 
Égyptiens  ont  toujours  eu  un  penchant  pour  le  symbolisme,  et 
font  moins  de  cas  de  la  lettre  de  l'histoire  que  des  leçons  mo- 
rales à  en  tirer. 

Mais,  comme  il  arrive  souvent  avec  les  noms  propres  altérés 
par  les  copistes  et  dont  la  forme  n'est  pas  expliquée  par  le 
contexte,  l'on  peut  imaginer  plusieurs  explications  de  ce 
mot.  Le  manuscrit  4783  de  Paris  y  ajoute  un  1  après  la  lettre 
initiale.  Le  copiste  a-t-il  trouvé  cette  forme  dans  son  exem- 
plaire? Cette  nouvelle  leçon  indique-t-elle  Péluse,  plutôt  que 
Caesarium,  comme  la  vraie  traduction,  puisqu'il  est  tellement 
facile  de  changer  f,  l'équivalent  du  p  en  arabe,  en  q,  en  y  met- 
tant deux  points  au  lieu  d'un  seul?  Mais  comment  un  écrivain 
copte  pourrait-il  identifier  Alexandrie  avec  Péluse,  au  coin 
opposé  du  Delta,  à  une  distance  de  250  kilomètres^?  De  plus, 
bien  que  Péluse  ait  existé  jusqu'au  moyen  âge,  ce  nom  grec 
devait  probablement  être  inconnu  d'un  Égyptien  de  cette  épo- 
que, puisque  la  ville  s'appelait  en  copte  Peremoun  et  en  arabe 
El-Farama  ou  et-Tînah  ? 

Mais  cet  écrivain  pouvait  du  moins  avoir  entendu  dire  que, 
dans  la  bible  latine,  le  prophète  Ézéchiel  parle  d'Alexandrie  et 
de  Péluse  dans  deux  versets  (xxx,  15,  16).  De  cette  manière, 
celui  qui  ignorait  le  nom  grec  de  cette  dernière  ville  pouvait 
croire  que  le  prophète,  selon  le  parallélisme  dit  par  synonymie, 
se  sert  ici  de  deux  noms  de  la  même  cité?  En  même  temps  il 
pouvait  savoir  que  pélos  {pilos)  en  grec  veut  dire  boue,  et  que 
cette  désignation  «  ville  de  la  boue  »  pouvait  bien  s'appliquer 
moralement  à  la  capitale  sous  les  Césars.  La  traduction  des 


KAISOUX   RT  MOUSIN.  419 

Septante,  qui  fait  autorité  dans  les  églises  orientales,  reproduit 
d'une  manière  différente  les  noms  cités  ici  par  Ézéchiel;  et  un 
Copte,  qui  en  connaissait  le  texte,  pouvait  penser  qu'il  ne  s'y 
agissait  pas  d'El-Farama. 

On  ne  peut  pas  dire  qu'il  est  impossible  qu'un  Copte  au 
xiV  ou  au  xv"  siècle  ait  connu  un  endroit  de  la  bible  latine.  Il 
se  peut  que  des  chrétiens  orientaux  aient  quelquefois  fait  con- 
naissance avec  des  pèlerins  latins  ou  avec  le  personnel  des  éta- 
blissements latins  de  la  Terre  Sainte.  Les  Coptes  ont  eu,  depuis 
une  époque  reculée,  le  goût  des  pèlerinages.  Au  commence- 
ment du  \\'  siècle,  c'est-à-dire  à  l'époque  de  Charlemagne,  un 
propriétaire  riche,  Macaire  de  Nébrouah,  a  bâti  une  église  de 
Sainte  Marie  Madeleine  à  Jérusalem.  Cette  église  a  longtemps 
existé,  elle  était  «  le  refuge  des  Égyptiens  qui  visitaient  la  cité 
sainte  pour  la  prière  ».  Au  xi"  siècle,  à  la  veille  de  la  première 
croisade,  Mansùr  a  rebâti  cette  église;  et  en  1092  le  patriarche 
Cyrille  II  a  envoyé  un  évèque  pour  la  consacrer.  Ce  Mansùr 
aimait  à  secourir  les  pèlerins,  «  même  ceux  qui  étaient  venus 
des  pays  lointains  ».  Un  peu  avant  cette  date  nous  rencontrons 
dans  l'histoire  des  patriarches  un  Copte  qui  avait  voyagé  en 
Espagne  et  était  demeuré  quelque  temps  à  Alméria.  Vers  le 
même  temps  un  écrivain  copte  nous  donne  une  liste  d'une  cin- 
quantaine de  tombeaux  et  d'autres  lieux  saints  en  Egypte  et  en 
Syrie,  qu'il  a  visités  en  pèlerin,  y  compris  bien  entendu  le  saint 
Sépulcre  de  Jérusalem  et  le  mont  Calvaire. 

En  Egypte  même,  sans  nommer  d'autres  essais,  il  y  a  eu  ces 
tentatives  de  réunion  des  églises  au  milieu  du  xv"  siècle,  qui 
ont  abouti  à  la  mission  d'André  au  concile  de  Florence.  A 
cette  époque  aussi,  les  grandes  villes  de  l'Itahe  et  de  l'Espagne 
envoyaient  beaucoup  de  négociants  en  Egypte,  et  des  ambas- 
sades sont  venues  de  l'Egypte  aux  cours  princières  du  midi  de 
l'Europe.  La  préface  dont  il  s'agit  ici  est  d'une  date  incertaine; 
mais  peut-être  a-t-elle  été  écrite  longtemps  après  l'achèvement 
de  riiistoire  entière  des  patriarches,  par  un  auteur  qui  a  re- 
cueilli les  biographies  éparses  dans  un  seul  volume.  Peut-être 
même  cette  préface  n'est-elle  pas  plus  ancienne  que  le  milieu  du 
xv*'  siècle,  époque  vers  laquelle  on  place  la  rédaction  des  manu- 
scrits 301  et  302  de  Paris,  de  sorte  que  l'auteur  aurait  pu  faire 
connaissance  avec  des  missionnaires  catholiques  en  Egypte. 


120  URVUF,    DE    l'orient    flinÉTIKN. 

Mais,  sans  supposer  de  relations  directes  avec  des  Européens, 
Tauteur  aurait  pu,  à  toute  époque  apprendre  de  quelque  Juif 
instruit,  qui  avait  vojagé  en  Occident,  que  la  bible  latine  don- 
nait le  nom  d'Alexandrie  à  la  ville  d'Amnion,  et  mettait  Péluse 
dans  le  membre  parallèle  du  verset.  En  traduisant  le  nom  hé- 
breu No  par  Alexandrie,  on  a  voulu,  peut-être,  que  le  lecteur 
ressentît  une  vive  impression  en  se  rappelant  que  la  capitale 
de  l'Egypte  sous  les  Romains  ressemblait  à  l'ancienne  capitale 
des  Pharaons,  puisqu'elles  étaient  des  centres  de  toutes  les  ido- 
lâtries et  de  tous  les  ^dces.  Saint  Jérôme  n'ignorait  pas,  ni  ses 
maîtres  hébreux  non  plus,  ce  qu'avait  été  l'histoire  de  la  ville 
de  Rhacotis,  à  laquelle  le  conquérant  macédonien  avait  donné 
son  nom  en  l'agrandissant. 

En  troisième  lieu,  on  pourrait  conjecturer  que  la  vraie  leçon 
est  Fîsoun  ou  même  Fîthoun,  et  que  c'est  l'équivalent  de  Phi- 
thom.  Les  Septante  ont  ici  la  forme  Peithô  (Exode,  i,  11).  En  ce 
cas  l'auteur  aurait  mis  en  avant  une  simple  hypothèse  d'iden- 
tification géographique  sans  aucune  valeur.  Phithom  cependant 
était  un  monument  de  la  tyrannie  des  rois  égyptiens  sur  les 
Hébreux,  et  pouvait  symboliser  l'oppression  des  chrétiens  par 
les  païens. 

Après  tout,  ce  ne  sont  que  des  conjectures,  et  il  est  à  désirer 
que  quelqu'un  donni  la  vraie  explication  de  ce  nom. 


Un  autre  petit  problème  de  la  même  espèce  se  présente  dans 
Mousln,  le  nom  du  lieu  où  le  patriarche  Démétrius  I  (A.  D. 
189-231)  est  mort,  selon  son  biographe  copte.  Or  cette  forme 
serait  la  transcription  régulière  en  arabe  du  mot  grec  Mou- 
seion.  Aussi  ai-je  traduit  «  le  quartier  du  Musée  »,  bien  que  le 
texte  arabe  porte  «  la  ville  de  Mousln  {1}  ».  Et  ce  quartier  du 
Bruchium  ou  Proucheion,  où  était  situé  le  Musée,  était  vrai- 
ment une  cité  par  lui-même,  avec  ses  propres  murs  fortifiés.  Mais 
comment  peut-on  dire  qu'un  patriarche  fut  «  banni  »  dans  un 

(1)  rr^y  JLjJ^  >>_i/*rî  ^^-^J*  J'  i^y%^J^  oXlU!  ïUij  «  Et 
l'onipereur  Sévère  le  bannit  en  un  endroit  nommé  la  ville  de  Moiisin  ■'.  Potr. 
Or.,  t.  I.  p.  10-?. 


KAISOUN    ET  MOUSl.V.  421 

quartier  de  sa  ville  épiscopale?  A  cette  objection  l'on  pourrait 
répondre  qu'être  emprisonné  entre  les  murs  d'une  région  où  il 
aurait  vécu  séparé  de  ses  ouailles  et  entouré  des  païens  impurs, 
aurait  été  un  vrai  exil  pour  saint  Démétrius.  En  ce  cas  il  aurait 
pu,  avec  bonne  raison,  citer  un  verset  de  psaume — comme 
aiment  tant  à  le  faire  les  hagiographes  coptes  —  et  dire  : 
«  Hélas,  que  mon  séjour  est  prolongé!  J'ai  habité  chez  les  habi- 
tants de  Cédar!  » 

Mais  M.  l'abbé  Nau  a  proposé  une  leçon  plus  raisonnable  et 
plus  conforme  au  terme  ><  banni  ».  C'est  qu'en  omettant  la 
petite  lettre  initiale  m,  on  pourrait  lire  Oirasin,  ce  qui  ne  serait 
autre  chose  que  la  transcription  arabe  du  mot  grec  Oasin, 
l'accusatif  d'Oasis.  Or  la  ville  de  l'Oasis  d'Ammon  était  préci- 
sément, sous  les  empereurs  romains,  un  lieu  d'exil,  où  ils 
avaient  l'habitude  d'envoyer  les  prisonniers  tels  que  Démétrius. 

Cependant,  on  peut,  à  cela,  faire  deux  objections  :  D'abord, 
pourquoi  l'écrivain  copte  n'a-t-il  pas  employé  le  mot  arabe 
oua/i,  dérivé  de  la  langue  copte,  et  probablem<Mit  l'origine  du 
mot  o«6-/6? Deuxièmement,  les  autres  histoires  qui  parlent  de 
Démétrius,  comme  Eusèbe  et  les  synaxaires  arabe  et  éthiopien, 
ne  disent  pas  que  cet  évêque  est  mort  ailleurs  qu'en  sa  ville 
épiscopale.  Voir  les  Acicf  Sanrtorum,  au  9  octobre.  Mais  un 
traducteur  copte,  qui  aurait  trodvé  le  mot  oashi  dans  un  do- 
cument grec,  aurait  peut-être  pu  ne  pas  comprendre  sa  vraie 
signification,  et  l'aurait  transcrit  en  toutes  lettres.  Il  se  peut 
bien  aussi  que  les  autres  historiens  aient  omis  de  signaler  le 
lieu  où  est  mort  Démétrius,  quand  bien  même  le  biographe 
copte  serait  mieux  renseigné,  ce  que  nous  ne  saurions  affirmer 
positivement.  Enfin  la  leçon  de  M.  l'abbé  Nau  semble  la  meil- 
leure solution  de  ce  petit  problème. 

Oxford. 

B.    EVETTS. 


422  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 


SUR  KAISOUN  ET  MOUSIN 


Dans  la  note  précédente,  M.  Evetts  a  discuté  le  sens  de  deux 
de  ces  noms  propres  qui  sont  les  cruces  des  premiers  traduc- 
teurs des  textes  arabes.  Si  Ton  n'admet  pas  l'adjonction  de  la 
lettre  r  au  mot  Kaisoun  pour  y  retrouver  le  nom  d'un  quartier 
connu  d'Alexandrie,  le  Caesarium  (1),  la  seconde  hypothèse 
(Kaisoun  =  Péluse)  nous  paraît  très  vraisemblable.  L'auteur  a 
pu  vouloir  accumuler  les  noms  suggérés  par  Ézéch.,  xxx,  15. 

«  Je  répandrai  ma  fureur  sur  Sin,  la  forteresse  de  l'Egypte; 
et  j'exterminerai  la  multitude  de  Nù  »  (Le  scribe  arabe  a 
peut-être  lu  Anunon-Nô  {2),  comme  dans  Nahum,  m,  8). 

La  Vulgate  porte  : 

«  Eteffundam  indignation(,'m  meam  super  PelusiuiH.  robur 
/Egypti; 

et  interficiam  multitudinem  Alexandriae.  » 

11  est  vraisemblable,  comme  le  manuscrit  F  l'insinue  et 
comme  M.  Evetts  a  eu  le  mérite  de  le  deviner,  que  le  scribe  a 
pris  ici  l'idée  de  sa  phrase  :  «  La  ville  de  Péluse  {Pelijsoun)  et 
celle-ci  est  Alexandrie,  en  langue  hébraïque  ville  d'Ammon 
(Ammon-Nô?)  (:)).  » 

Nous  ajouterons  une  autre  hypothèse  à  laquelle  nous  avions 
songé  jadis  :  Kaisoun  =  Kasioun  =  ville  de  (Jupiter)  Cassius. 
Celte  hypothèse  n'a  plus  qu'un  intérêt  de  pure  curiosité,  puis- 
que Kaisoun  =  Péluse  nous  paraît  beaucoup  plus  vraisemblable. 

Du  moins,  on  passe  de  Kaisoun  à  Kasioun  en  changeant  seu- 
lement deux  points  de  place  et  le  scribe  qui  faisait  d'Alexan- 
drie la  ville  de  (Jupiter)  Amnimt,  ce  qui  est  inexact,  puisque 
ce  nom  est  réservé  à  Thèbes,  aurait  pu  se  permettre  une  seconde 
inexactitude  et  en  faire  aussi  la  ville  de  (Jupiter)  Cassius.  Le 

(1)  M.  Ilartwig  Derenbourg,  consulté  pu-  moi  delà  part  de  M.  Evetts,  m'avait 
iV'pondu  que  Kaisoun  (Hait  certainement  Kaisaroun  et  a\ait  diM'idcM.  Evetts  à 
préférer  cette  liypotiièse. 

(2)  Nô-Ammon  (avec  élifau  lieu  de  lié)  ■•  la  ville  d'Ammon  ■.  désigne  la  ville  de 
Tlièbes,  mais  est  rapporté  à  Alexandrie  par  la  Vulgate. 

(o;  P'ilr.  (h-.,  I,  lo.j:  cT.  aupru. 


KAISOUN  ET  MOUSIN.  423 

mont  Cassios,  où  se  trouvait  le  célèbre  temple  de  Jupiter  Cas- 
sius,  était  à  quinze  kilomètres  de  Péluse  (1),  mais  le  scribe  de 
la  préface  ignorait  peut-être  l'emplacement  exact  de  la  ville  et 
du  mont  Cassius,  puisque  Peiresc  déjà  les  plaçait  «  si  proche 
d'Alexandrie  (2)  »;  un  scribe,  porté  à  identifier  (Jupiter)  Am- 
monet  (Jupiter)  Cassius,  a  peut-être  pu  les  placer  à  Alexandrie. 


Quant  au  nom  Mousîn  (3),  nous  ne  voyons  toujours  pas 
mieux  que  Oasis.  Nous  nous  demandons  si  une  préposition  copte 
m  n'aurait  pas  été  regardée,  par  un  traducteur,  comme  partie 
intégrante  du  mot. 

Signalons,  comme  curiosité,  qu'il  existe  une  «  ville  de  Mou- 
sîn »,  Mcuaivizc/a?,  ville  épiscopale  de  la  province  du  Rhodope  (4). 
Les  traducteurs,  qui  rendent  Panopolis  par  «  la  ville  de  Pan  (5)  », 
devaient  rendre  aussi  Mousinopolis  par  «  la  ville  de  Mousîn  », 
mais  nous  ne  savons  pas  si  le  Rhodope  (la  Thrace)  a  été  un  lieu 
d'exil  au  temps  de  l'empereur  Sévère. 

Nous  accueillerons  avec  reconnaissance,  et  nous  vulgarise- 
rons très  volontiers  dans  la  présente  Revue,  les  communications 
qui  tendraient  à  éclaircir  ces  petits  problèmes  et,  en  général, 
tous  ceux  que  soulèvent  les  éditions  données  dans  la  Patrologie 

orientale. 

F.  Nau. 

(1)  M.  Jean  Clédat  a  cru  le  retrouver  à  Maliemdiah  à  côté  de  Péluse.  Cf. 
Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Le  tires,  oct.  1909,  p.  764- 
774.  —  Il  est  à  remarquer  que  cette  hypothèse  nous  ramène  encore  à  Péluse. 

(2)  On  lit  dans  Les  lettres  de  Peiresc  :  «  Je  voudrais  bien  avoir  vu  quelque 
effet  de  ce  que  dit  Pline  du  Mont  Casius  qui  est  si  proche  d'Alexandrie.  ■•  Paris, 
in-4»,  t.  VII,  p.  857. 

(3)  Cf.  supra,  p.  42. 

(4)  Cf.  Georges  de  Cliypre,  Descriplio  orbis  romani,  Leipzig,  1890,  p.  70. 

(5)  Cf.  Plérophories,  dans  Patr.  Or.,  t.  VIII,  p.  84. 


MÉLANGES 


.1 

TRADUCTION  DE  LA  VERSION  ÉTHIOPIENNE  D'UNE 
HOMÉLIE  E'EUSÉBE,  ÉVÉQUE  D'HÉRACLÉE  (1). 

(Dillmann,  Chrestomathia  Aelhiopica,  pp.  102-103.) 

(homélie)    d'eUSÈBE,    ÉVÉQUE    d'hÉRACLÉE    DU    PONT 
A   CETTE  ÉPOQUE   (2). 

Je  suis  résolu,  moi  aussi,  depuis  que  je  possède  les  défini- 
tions (3),  que  j'ai  apprises  des  spirituels,  lorsque  je  me  suis 
rencontré  avec  ces  docteurs,  à  parler  un  peu  au  cher  peuple  du 
Seigneur,  puisque  m'(y)  pousse  l'ordre  des  Pères,  que  Noire- 
Seigneur  Jésus-Christ  a  réunis  (comme)  lumières  pour  le 
monde  entier,  et  qu'il  a  même  (appelés)  de  YKgypte,  d'où  lui- 
même  avait  été  appelé,  car  (le  Seigneur)  dit  :  De  r Egypte  fai 
appelé  mon  Fils  (4). 

Et  où  les  a-t-il  réunis?  Auprès  de  celui  qui  a  été  aimé  par  lui, 
(auprès)  du  disciple  Jean  (5),  pour  montrer  qu'eux  aussi  il  les 
aime  autant  que  ce  dernier.  Certes,  il  les  a  réunis,  non  pas  pour 
qu'en  ce  jour  ils  apprissent  à  prêcher  la  foi,  car  dès  leur  jeunesse 
ils  ont  étudié  toutes  les  Saintes  Écritures  (6),  mais  pour  qu'ils 
anéantissent  l'orgueil  du  diable,  qui  avait  poussé,  comme  le  char- 
don, sur  la  vérité  et  la  foi  des  Saints  Pères,  (et)  qui  avait  été 
produit  par  le  venin  du  serpent  (7);  pour  qu'ils  détruisissent,  en 

(Ij  Cf.  ROC,  1910,  pp.  210,  324,  440.  —  (2)  hOHft.-flfft  \Atvse/jyos;  h.i^ifA.V 
'Érâqlyd  ;  AT'mfi  PokIus.  —  (3j  ^f{^  a  ici  le  sens  de  funnides,  d'expressions 
dogmatiques.  —  (4)  Os.  xi,  1  (Matth.  ii,  15).  —  (5)  A  Éphése,  en  431.  —  (6)  Autre 
traduction  :  ils  ont  étudié  tous  les  Saintes  Écritures.  —  (7)  fl7""(,P1:  s  Aïl/irt,. 
Or.  1"/*'0  signifie  éructer,  vomir. 


MÉLANflES.  lir» 

(la)  brisant  avec  force,  la  tète  de  Tinfàme  serpent;  et  pour  qu'ils 
montrassent  que  le  loup,  qui  se  revêt  du  bel  habit  de  la  brebis, 
est  une  fausse  brebis  ;  que  le  berger  est  un  faux  berger  ;  que  le 
gardien  est  un  voleur;  que  le  médecin  est  un  assassin  ;  que  (le 
démon)  n'est  pas  celui  qui  guérit;  mais  celui  qui  agrandit  les 
blessures  de  Tàme  ;  qu'il  n'est  pas  celui  qui  accroît  les  talents, 
mais  (celui  qui)  vole  ;  qu'à  la  place  de  pain  il  donne  une  pierre 
à  celui  qui  demande  ;  et  qu'à  la  place  d'un  poisson  (il  donne) 
un  serpent,  c'est-à-dire  à  la  place  de  la  foi  l'incrédulité. 

Mais  maintenant  (1),  véritablement  le  temps  de  la  joie  est 
arrivé.  Ce  n'est  pas  une  joie  comme  celle  dont  s'est  réjoui  Israël, 
lorsque  sont  tombés  V Amorrhéen  Séhon  et  Og,  roi  de  Basan  (2), 
mais,  dépassant  une  telle  mesure,  combien  (la  joie)  d'aujour- 
d'hui est  plus  grande  que  (celle)  d'alors  !  En  effet,  celui  qui  a 
été  déposé  (3),  c'est  l'ennemi  des  âmes.  Et  comment  ne  serait-il 
pas  l'ennemi  des  âmes,  lui  qui  a  proféré  l'iniquité  contre  le 
Très-Haut,  et  a  osé  se  moquer  de  l'Unique,  parce  qu'il  s'était 
incarné,  s'était  fait  homme,  et  avait  souffert?  Pourquoi  sommes- 
nous  devenus  des  dieux  (4)?  N'est-ce  pas  parce  que  notre  Dieu 
s'est  fait  homme  pour  les  siècles  des  siècles? 

Bézancourt,  par  Gournay-en-Bray,  le  20  octobre  1911. 

Sylvain  Grébaut. 


II 
NOTES  DE  CRITIQUE  BIBLIQUE 

I.    _    LA    PÉRICOPE    DE    LA    FEMME    ADULTÈRE    ET    LA    DIDASCALIE. 

La  péricope  de  la  femme  adultère,  Jean,  viii,  I-ll,  manque 

(1)  Depuis  le  concile  cVÉphèse.  —  (2)  hl^àV,  '  rt.}P'V  V Amorrhéen  CAniuràivi) 
Sêivon  ;  ViD'Xt  :  "tl-tv  s  Ol"*  Ifeivefi,  roi  dr  lîàsnn.  —  (3)  Htflô^.  Allusion  à  la 
déposition  de  Neslorhi^.  —  fl)  VantWïi.  Hilhnann  dit  [dirent.  Aeth.,  p.  174)  à 
propos  de  l-ooAïl  '  '".  '  :  dominus  lonstitvtus  est  (an  :  divinus  factus  est?).  Nous 
croyons  qu'il  y  a  une  sorte  de  jeu  de  mots  entre  t€ioAt1>  nous  sommes  devenus 
des  dieux  et  hîF"AYl>  noire  Dieu,  et  une  allusion  aux  paroles  de  l'Écriture  : 
Eritis  sicut  dii  (Gen.  m,  5);  DU  eslis  (Ps.  lxxxi,  6;  Jean  x,  31);  Efficiamini 
divinae  ronsorles  naturac  (II  Pieriv  i,  1).  l.c  sens  serait  donc  ici  devenir  dieu. 


426  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

dans  la  plupart  des  anciens  manuscrits  grecs  qui  nous  sont 
conservés  et  dans  la  plupart  des  anciennes  versions.  Cette  cons- 
tatation faite,  il  y  aurait  lieu,  du  moins,  d'ajouter  qu'au  m''  siè- 
cle elle  était  regardée  comme  authentique,  puisqu'elle  figure 
très  explicitement  dans  la  Didascalie,  écrite  vers  cette  époque, 
et  que  la  conduite  du  Sauveur  en  cette  occasion  y  est  proposée 
en  exemple.  L'auteur  dit,  en  effet,  à  révêque(l)  : 

Si  tu  ne  reçois  pas  celui  qui  fait  pénitence,  parce  que  tu  es  sans  miséri- 
corde, tu  pèches  contre  le  Seigneur  Dieu,  parce  que  tu  n'obéis  pas  à  notre 
Seigneur  et  à  notre  Dieu  pour  faire  comme  il  a  fait  avec  la  pécheresse  que 
les  prêtres  amenèrent  devant  lui;  puis  ils  remirent  le  jugement  entre  ses 
mains  et  s'en  allèrent;  mais  lui,  qui  scrute  les  cœurs,  lui  demanda  et  lui 
dit  :  «  Est-ce  que  les  prêtres  t'ont  condamnée,  ma  fille?  »  —  Elle  lui  dit  : 
«  Non,  Seigneur.  »  —  Et  il  lui  répondit  :  «  Va,  je  ne  te  condamnerai  pas 
non  plus.  »  Prenez  donc  exemple  sur  lui,  ô  évoques... 

Ce  témoignage,  si  explicite,  d'un  auteur  grec  du  iii*^  siècle, 
rapproché  du  témoignage  de  saint  Jérôme  qui  trouvait  encore 
cette  section,  au  siècle  suivant,  in  multis  graer-is  ac  latinis 
codicibus  (2)  et  qui  la  jugeait  authentique,  puisqu'il  l'insérait 
dans  sa  version  latine,  autorise  à  croire  que  la  péricope  de  la 
femme  adultère  figurait  à  l'origine  dans  l'Évangile  mais  que 
les  rigoristes  l'ont  bientôt  supprimée  dans  leurs  exemplaires. 

MM.  Flemming  et  Achelis,  dans  leur  édition  de  la  Didascalie, 
supposent  que  l'auteur  a  trouvé  l'épisode  de  la  femme  adultère 
dans  l'Évangile  aux  Hébreux.  Ils  s'appuient  sur  le  texte  suivant 
d'Eusèbe  relatif  à  Papias  : 

«  Le  même  (Papias)  se  sert  de  témoignages  de  la  première 
lettre  de  Jean  et  de  celle  de  Pierre  semblablement;  mais  il 
rapporte  aussi  une  autre  histoire  au  sujet  d'une  femme  amenée 
au  Seigneur  à  cause  de  ses  nombreux  péchés,  que  l'Évangile 
selon  les  Hébreux  contient  :  'Ey.TéOcixai  Se  xal  aXXr^v  iaxopiav  Trepi 
V'jvaty.bç  i%\  -oWoù;  x[j.y.pi:ixiq   ouokr,BiiTr,q  ïrd  tcj  -/.yptou,  -qv  xo  KaO' 

'ESpxiouq  t\jxyyéXio^ 'Ktpiiy^ti.  ->■>  Hist.  eccL,  HI,  xxxix. 

(1)  Éd.  Lagarde,  p.  30-31;  éd.  Gibson,  p.  62-63;  dans  notre  traduction,  La 
Didascalie...,  Paris,  Lethielleux,  1902,  p.  46,  et  p.  72  de  la  seconde  édition  qui 
est  sous  presse. 

(2)  Conira  Pel.,U,  17;  Pair,  lai.,  t.  XXIII,  col.  533  (cité  par  A.  Brassac,  Ma- 
nuel Biblique,  Paris,  190(3,  p.  158;  on  lit  au  même  endroit,  p.  157,  que  cette  pé- 
ricope figure  dans  la  traduction  latine  du  Diatessaron  de  Tatien  laite,  vers  545, 
par  Victor  de  Capoue,  P.  L.,  t.  LXVIII,  col.  316j. 


MÉLANGES.  ■127 

Mais  l'Évangile  selon  les  Hébreux  était  alors  très  connu  ; 
saint  Jérôme  dit  l'avoir  traduit  (cf.  E.  Preuschen,  Anlilego- 
mena,  Giessen,  1901,  p.  1),  et  cela  ne  l'a  pas  empêché  de  laisser 
à  saint  Jean,  dans  la  \'ulgate  et  dans  ses  écrits,  l'épisode  de  la 
femme  adultère.  De  plus  Eusèbe  ne  pouvait  pas  ignorer  que  cet 
épisode  figurait  en  saint  Jean,  puisque  saint  Jérôme  le  voyait 
encore  in  inullis  graecis  ac  latinis  codicibus  ;  W  nous  semble 
donc  qu'il  ne  le  vise  pas.  Le  mut  aXAY;v  est,  en  effet,  capital  : 
Eusèbe  dit  que  Papias  cite  une  autre  histoire  de  femme  péche- 
resse {autre  que  celle  de  la  femme  adultère)  et  que  celle-là  est 
dans  l'Évangile  selon  les  Hébreux  (tandis  que  celle  de  la  femme 
adultère  est  dans  l'Évangile  saint  Jean). 

Si  nous  osions  tirer  de  ce  fait  particulier  une  conclusion  plus 
générale,  nous  dirions  volontiers  que  la  critique  textuelle  con- 
duit rarement  à  des  résultats  certains,  parce  qu'elle  ignore  la 
valeur  exacte  des  instruments  qu'elle  emploie,  et  que  la  liberté 
humaine  peut  déjouer  toutes  les  prévisions  et  tous  les  raison- 
nements. Par  exemple  dire  que  tel  mot  ou  tel  passage  manque 
dans  la  dizaine  d'anciens  manuscrits  grecs  conservés  peut  si- 
gnifier seulement  que  ces  manuscrits  étaient  les  plus  mauvais 
parmi  les  centaines  de  manuscrits  que  connaissaient  les  con- 
temporains de  saint  Jérôme,  et  dire  que  telle  pensée  et  tels  ver- 
sets ne  sont  pas  à  leur  plac(î  ou  renferment  quelques  tours  inso- 
lites peut  signifier  seulement  que  l'auteur  a  manqué  de  logique 
en  cet  endroit  —  qui  n'en  manque  pas  quelquefois?  —  et  que 
certaines  réminiscences  ont  modifié  son  style  ordinaire.  Ce 
n'est  pas  à  dire  que  les  élucubrations  critiques  ne  doivent  pas 
nous  intéresser,  car  elles  peuvent  quelquefois  renfermer  une 
part  de  vrai  ;  elles  supposent  souvent  grande  science  et  sagacité 
chez  leur  auteur  et  — dans  le  cas  le  plus  défavorable  —  ce  sont 
au  moins  des  jeux  d'esprit  qu'il  peut  y  avoir  plaisir,  sinon  pro- 
fit, à  étudier  comme  tels. 

II.  —  SUR  PS.  vu,  10-1 1. 

Le  latin  porte  :  10.  ...  so-utaiis  corda  et  renés  Deus.  11.  Ju- 
stuni  adjutoriuni  a  Domino,  et  les  anciens  manuscrits  grecs 
conservés  coupent  ces  deux  versets  de  la  même  manière. 

iMais  l'hébreu  rattache  justuni  (ou  mieux  ju.stiis)  au  verset 


i-«^  RKVUK    DK    l'oiHENT    CHHÉTIEX. 

précédent,  et  la  Polyglotte  de  Complute  porte  aussi   :  10.  ... 

Il  est  remarquable  qu'un  passage  de  la  Didascalie  semble 
couper  les  versets  comme  l'hébreu,  avec  une  forme  identique  à 
celle  de  la  Polyglotte  de  Complute  : 

rnr  Dieit  scrutr  les  cœurs  avec  justice. 

et,  avec  discernement,  il  reçoit  les  prières  il). 

Ici  encore  la  Didascalie  semble  accréditer  la  leçon  des  ma- 
nuscrits grecs  récents.  Il  y  a  donc  quelques  chances  pour  que 
les  manuscrits  récents  (certains  portent  o(y.auç,  comme  l'hé- 
breu) ne  soient  pas  des  corrections  postérieures,  mais  aient 
conservé  le  texte  grec  original  mieux  que  les  manuscrits  plus 
anciens  (mais  aussi  plus  mauvais  en  cet  endroit)  arrivés  jus- 
qu'à nous. 

HI.    —    f'ER.\IUT.4TI0NS   DES    LETTRES    M,    N,    B, 
DANS    LE   CODEX   VATICAN  US. 

Les  anciens  manuscrits  grecs  conservés  (Alexandrinus, 
Sinaïticus,  Vaticanus)  sont  écrits  en  une  superbe  onciale  qui 
nous  incite  trop  à  les  regarder  comme  d'essence  supérieure  aux 
papyrus  et  manuscrits  écrits  en  simple  minuscule.  Il  ne  faut 
pas  oublier  cependant  qu'ils  sont  la  progéniture  d'une  suite  de 
manuscrits  ou  papyrus  écrits  en  minuscule  et  il  n'est  pas  im- 
possible que  tel  orgueilleux  coder  en  onciales  soit  le  fils  d'un 
modeste  —  et  même  d'un  mauvais  —  manuscrit  en  minuscules. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  nous  avions  relevé  jadis,  en  corri- 
geant les  épreuves  de  la  Polyglotte  de  M.  Vigoureux,  certaines 
permutât  ions  des  lettres  M,  N,  B,  dans  le  codox  Vaticanus  (2), 
qui  ne  peuvent  pas  s'expliquer  dans  la  trnnscription  des  ma- 
nuscrits onciaux,  parce  que  ces  lettres  y  sont  trop  différentes, 
mais  seulement  dans  la  transcription  des  manuscrits  minus- 
cules uù  (^es  trois  lettres  se  ressemblent  beaucoup. 

(1)  Éd.  Lagarde,  p.  ^o;  éd.  Gibson,  p.  1-1-2,   siiitout  d'après  le   ms.  C;  dans 
notre  traduction,  loc.  cil.,  p.  99. 
|-2)  rr.  11.  l!.  Suele.  The  obi  TcsiamenI  in    Crceh,  f'and>rid,i.'c,  iS'.tCi. 


.Mi';i,ANr,i;s.  \-><.) 

I.  —  Permutations  de  M  et  A. 

II  Parai.,  xvi,  7,  'A^xiJ.û  (pour  'Avjtvsc). 

IbicL,  XVII,  8,  MxvOavta;  et  'I(opiv  (pour  NaOaviaç  et  'Iwpi;/). 

fbi(L,  \.\.\i,  12  et  i:{,  Xo)[;,cv:x-:  et  MirO  (pour  Xwv:v{x;  et 
NâsO). 

II.  —  Permutation  de  B  et  N. 

II  Parai.,  xvii,  8,  T(o6ao(.)6£a  (pour  TwSaiiwvïu). 

III.  —  Permutations  de  B  (^t  M. 

Il  Parai.,  xxi,  1,  Ac;j.và  (pour  A:5và). 

Ibid.,  xxxvi,  2,  'Aov.-xl  (pour  'Aij.ti-x/j. 

Ces  exemples  peuvent  sans  doute  être  multipliés,  puisque 
nous  les  avons  relevés  dans  quelques  chapitres  seulement  du 
second  livre  des  Paralipomènes.  Ce  sont,  pour  ainsi  dire,  des 
traces  de  la  plébéienne  origine  du  codex  ]^a(i('fnu(s;  il  n'est 
pas  certain  qu'il  a  été  transcrit  directemeid.  sur  un  coder  en 
minuscules,  mais  ce  n'est  pas  impossible. 

1\'.   —    UN    MOT    HÉBREU    DAXS    TOBIK    (II,     1). 

Le  codex  Vaticanus  écv'ii  : 

£v  Trj  7:zv~r,'AZ!7~^  ^^?~fi-  '0  ^ît'.v  7.'y.y.  z7:-'y.  i6sc;j.âo(.)v 

et  le  codex  ^ina'ilicas  : 

iv  -f^  -tv:-ç/.07~fi  xf;^  kzp-f,:  "oy.ôjv,  r,  èjTiv  xyiy.  £Ôoc;aâo(ov, 

c'est-à-dire  «  à  la  fête  de  la  Pentecôte,  qui  est  sainte  (des)  sept 
semaines  »  et  «  à  la  Pentecôte  de  notre  fête,  qui  est  sainte  des 
semaines  ». 

Nous  ne  voyons  pas  bien  ce  que  vient  faire  ici  le  mot  sainte. 

La  version  araméenne  publiée  par  M.  Neubauer  (Oxford,  1878) 
porte  : 

et  la  version  hébi'aïque  porte  : 

La  Peschitto  est  conforme  au  Vaticanus  : 

«  En  la  fête  de  la  Pentecôte,  qui  est  sainte  des  sept  se- 
maines. » 

Le  ms.  de  Paris  suppl.  009  (du  groupe  Ferrare).  dont  j'ai 


430  RFVrR    DR    l/ORlKNT    ("IIRKTIFX. 

été  le  premier  à  signaler  le  caractère  et  l'importance  (  1  ),  nous 
fournit  peut-être  la  solution. 

Il  porte  : 

iv  ci  T^  -vnr^/.za-f^  top-f,,  r,zi;  iîtiv  àyôà  k~-y.  àSscy.âswv  (2). 

«  En  la  fête  de  la  Pentecôte,  qui  est  ivci  (2  an  =  la  fête  des) 
sept  semaines.  » 

Le  motàYcà,  qui  remplace  à-; (a,  et  dans  lequel  nous  recon- 
naissons facilement  le  mot  hébreu  ;n  «  fête  »,  nous  montre 
que  l'auteur  araméen  du  Urre  de  Tobie  a  voulu  expliquer  le 
mot«  Pentecôte  »  en  le  faisant  suivre  de  son  équivalent  hébreu. 

Nous  pouvons  donc  reconstituer  ainsi  l'original  : 

(ou  :  niyiiun  an)  niyiiu;  72^72 

«  En  la  fête  de  la  Pentec<">te,  qui  est  (en  hébreu)  Hag  hasebdi 
sebou'iHh  (ou  :  Hag  basbou'ùi). 

Le  traducteur  a  transcrit  Hag  ba  ~  àvSi  ou  àvôi,  comme 
dans  le  ms.  suppl.  grec  609,  et  a  traduit  seba'  sebou'ôth  par 
«  sept  semaines  »;  les  copistes  ont  remplacé  la  transcription 
àvSi,  qui  n'a  pas  de  sens  en  grec,  par  le  mot  àvîa  «  sainte  »  et 
les  mss.  onciaux  Sinaïticus  et  Vaticanus  nous  ont  conservé 
la  leçon  altérée. 

Nous  pouvons  donc  conclure  une  fois  de  plus  qu'un  manus 
crit  en  minuscules  et  relativement  récent  (609  est  du  xiv*^  siè- 
cle) peut  être  meilleur,  en  bien  des  points,  que  d'anciens  ma- 
nuscrits en  onciales,  parce  que  ceux-ci  peuvent  être  une  ancienne 
copie  d'un  mauvais  manuscrit  minuscule,  tandis  que  le  premier 
peut  être  le  terme  final  d  une  série  de  copies  fidèles  de  bons 
manuscrits  (3). 

v.  —  LA  Locution  u  adonaï  kuhios  »  est-llle  propre  a  luciex? 

Les  critiques  qui  cherchent  à  reconstituer  l'œuvre  de  saint 

(1)  La  minlc  Hihlr  iiobjjlollc,  par  F.  Vigouroux,  Paris,  VMy>,  t.  111,  p.  vi. 

(•2)  Voir  les  trois  textes  grecs  dans  La  sainlc  Bible  polyijlolle,  lor.  cit.,  p.  47U. 
La  leçon  du  GOy  est  d'ailleurs  celle  de  tout  le  groupe  do  ces  manuscrits,  car  le 
n°  Il  (Zittau)  poi-te  aussi  àyiSà  et  le  lOO  (Ferrare)  porte  ày[ià  (m  pour  b);  cf. 
Holmes  Pearson. 

(3)  Par  exemple  le  codex  Coislin  3,  du  xn<-  siècle,  est  une  copie,  immédiate  ou 
non.  d'un  vieil  exemplaire  en  onciales  :  E.  Tisserant,  Codex  Ziiqninemi;:  (cf. 
in/ ni,  p.  V30),  p.  xlii. 


MKLANGES.  431 

Lucien  d'Antioche,  né  à  Samosate  vers  le  milieu  du  m''  siècle 
et  mort  à  Nicomédie  en  311  ou  312,  ont  besoin  d'un  certain 
nombre  de  points  d'appui  analogues  à  celui  que  cherchait 
Archimèdepour  soulever  le  monde.  Lorsqu'on  a  trouvé  un  solide 
point  d'appui,  il  suffit  d'un  bon  levier  dont  on  met  un  très  long 
bras  de  son  côté  pour  produire  des  tours  de  force  étonnants. 

Pour  reconstituer  Lucien,  l'un  des  points  d'appui  est  la  locu- 
tion 'Aowva::  Kùpio;.  On  admet  qu'elle  est  caractéristique  de  la 
rédaction  lucianique,  d'après  la  note  suivante  du  ms.  add. 
12159  (Homélies  de  Sévère  traduites  par  Jacques  d'Édesse), 
fui.  302;  cf.  Field,  Origenis  Hexaploriim  qua'  supersimt, 
Oxford,  1875,  t.  I,  p.  lxxxviii. 

p  .  ;.a^  ^    |oot     v\«fir>;  |-<r^>    o&)    |  v\ «\o   :  Q^n^   ^  |oot     y\  «tv>»    v.>JO«/«   OO)    |yn\   |)^   ^3 

.|_.po   ^jUo;{    po/    pL30i   .  ) l|  V >^ff)    |tO:30r^   wa^Do;    dvo 

Lorsque  (Lucien)  vit  ce  nom  d'Adonaï  qui  était  pLicé  en  dedans  (du  texte 
hébreu.  Field  traduit  :  eow  •/.£t;j.£vov)  et  ce  nom  de  Seigneur  qui  était  placé 
en  dehors  (dans  les  traductions.  Field  traduit  :  ï^m  •/.ôi'[xevov)  ;  après  les  avoir 
réunis  tous  deux  et  placés  ensemble,  il  les  transmit  amsi  dans  le  testa- 
ment (Iv  -rr)  8ia675/.ri)  qu'il  laissa  après  lui,  de  sorte  qu'on  y  trouve  écrit  en 
de  nombreux  endroits  :  Ainsi  parle  Adonat  le  seigneur  (Kûpto;). 

Souvent  en  effet  le  texte  hébreu  porte  «  Jéhovah  Adonaï  » 
et  la  version  grecque,  dans  le  Vaticanus  et  la  majorité  des  mss., 
porte  seulement  Kùpio?  «  le  Seigneur  »  ou  parfois,  en  redou- 
blant :  Kûpioç,  y.jpis^  «  le  Seigneur,  le  Seigneur  ».  Lucien, 
d'après  le  scribe  syriaque,  aurait  rapproché  la  version  de  l'hé- 
breu en  écrivant  'Aowva!:  Kjpnç.  Ce  scribe  écrivait  en  l'an  868, 
sa  note  lui  est  sans  doute  personnelle;  en  tout  cas  elle  ne 
pourrait  pas  remonter  plus  haut  que  Jacques  d'Édesse  (fin  du 
VII' siècle),  car  elle  ne  figure  pas  dans  l'autre  version  des  homé- 
lies de  Sévère  et  ne  peut  donc  pas  remonter  à  cet  auteur.  Elle 
est  donc  l'œuvre  du  traducteur  Jacques  d'Édesse  ou,  peut-être, 
l'œ'.vre  d'un  scribe  intermédiaire  ou  même  du  scribe  de 
l'an  868.  C'est  donc  du  vu"  au  ix'^  siècle  que  ce  critérium  appa- 
raît au  jour  sans  que  nous  puissions  savoir  où  son  auteur,  si 
tardif,  a  puisé  le  renseignement  qu'il  nous  donne. 

Or  la  Didascalie,  qui  a  toute  chance  d'être  antérieure  à  Lu- 
cien, porte  très  souvent  les  mots  'Aocavac  Kûptoç,  non  seulement  le 
syriaque,  mais  aussi  le  latin,  ce  qui  nous  garantit  contre  toute 


^32  REVUE    DE    l'uKIEXT    CHRÉTIEN. 

rectificalion  tardive  de  texte,  et  même  ces  mots  ont  été  gardés 
dans  les  Constitutions  Apostoliques  :  par  exemplevHauIer,/>?c/(/- 
scaliae  fragmenta,  Leipzig,  lOOlJ,  p.  -21),  21,23,  24  :  Vivo  ego, 
dicit  Adonai  dtnninus...  vita  vivil,  dicil  Adonai  dominus... 
Viam  ipsiusjudlcabo,  domus  Israël,  dicit  Adonai  dominus... 
7iolo  mortem  morientis,  dicit  Adonai  dominus.  Cf.  Const. 
Ap.,  II,  11,  P.  G.,  I,  621-621.  Item,  Didascalie,  cli.  xx,  on 
trouve  Ez.,  xxxvu,  1-14,  qui  renferme  Adonai  Kjpi:;  une  fois  de 
plus  que  les  rédactions  dites  lucianiques,  car  Tisserant,  Codex 
Zuqninensis,  p.  209,  porte  Jziv  Kûpis  b  Os:;  (verset  3)  lorsque 
la  Didascalie  porte  ^o./  u-r^  ...  t^o/o. 

Comme  la  Didascalie  est  antérieure  au  iv''  siècle,  il  est  dif- 
ficile de  l'attribuer  à  Lucien  et  dy  voir  Tune  de  ses  œuvres  de 
jeunesse  ;  le  mieux  semble  donc  être  de  renoncer  au  fameux 
critérium  et  de  convenir  qu'avant  Lucien,  il  existait  au  moins 
une  rédaction  des  Septante,  usitée  en  Syrie,  qui  portait,  plus 
souvent  même  que  les  manuscrits  dits  lucianiques,  les  mots 

'ASwva:    K'jpto;. 

VI.   —  LE   MARCHALIANUS;  V^  OU  VHl"'  SIÈCLE? 

Le  Codex  Marchalianus,  Vat,  gr.  2125  (Q),  que  Montfaucon 
attribuait  au  vu'  siècle  à  cause  des  accents  qu'il  porte  et  de  la 
forme  de  certaines  lettres,  ne  serait  pas  postérieur  au  vi%  disait 
Ceriani,  parce  que  les  accents  étaient  de  seconde  main  et  que 
les  formes  oblongues  se  trouvaient  dans  d'autres  écrits,  par 
exemple  la  Pistis  Sopliia  que  l'on  attribuait  (par  pure  conjec- 
ture) au  VI'  siècle.  —  En  général  les  onciaux  ne  sont  pas  datés, 
on  les  date  par  conjecture  et  on  crée  une  gamme  purement  arti- 
ficielle dans  laquelle  on  tâche  de  caser  les  types  nouveaux.  Rien 
d'ailleurs  n'est  moins  spontané  que  l'écriture  onciale  et  elle 
semble  relever  plutôt  des  écoles  que  des  époques.  C'est  ce  que 
démontrera  peut-être  la  mésaventure  qui  arrive  au  Marchalia- 
nus. M.  Schubart  vient  d'éditer  un  papyrus  écrit  en  onciale, 
qui  se  date  de  719  (Lettre  paschale  ;  cf.  itifra,  p.  44 1),  et  il  écrit  : 
Tanta  simili tudo  inlercediti\derpapyrum  nostram  et  codicem 
Marrhalianuni,  ut  denuo  sit  quaerenduin,  quonant  sit  con- 
fectus saeeulo codex ille  prophelarwn. Le&spechnens,  Franchi- 
Lietzmami,   table    I  et  Schubart,   Papt/ri  graerac,  table  30, 


MÉLANGES.  433 

ne  nous  permettent  pas  de  contrôler  cette  affirmation,  parce 
que  le  papyrus  a  dû  être  trop  réduit  par  la  photographie, 
mais  nous  pouvons  en  croire  M.  Schubart  sur  parole,  puisqu'il 
a  édité  le  papyrus  en  entier  dans  un  autre  ouvrage. 

Si  «  la  critique  »  s'est  trompée  ici  de  deux  siècles,  il  est  pos- 
sible qu'elle  se  soit  trompée  de  même  ailleurs  et  voilà  encore 
des  points  d'appui  qui  ne  nous  inspirent  pas  confiance. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  possible  de  sitôt  de  reconsti- 
tuer l'œuvre  de  Lucien  ou  d'Hésychius,  mais  nous  croyons  utile 
de  classer  les  manuscrits,  d'établir  leur  filiation,  d'éditer  ou 
de  reproduire  les  principaux  avec  les  variantes  de  leur  groupe 
et  d'en  faire  autant  pour  les  versions. 

F.  Nau. 

III 

NOUVEAUX  FRAGMENTS  D'HIPPOLYTE 

Dans  un  manuscrit  du  monastère  des  Météores,  j'ai  trouvé 
le  texte  grec  de  l'ouvrage,  jusqu'ici  inédit,  d'Hippolyte  «  sur 
les  bénédictions  de  Jacob  ».  Je  l'ai  transcrit  et  j'en  prépare 
l'édition  en  commun  avec  K.  Constantin  Diobouniotis,  pro- 
fesseur de  théologie  à  Athènes.  Dans  le  même  manuscrit,  j'ai 
trouvé  de  nombreux  fragments  du  couimentaire  d'Hippolyte  sur 
les  prophéties  de  Daniel.  Plusieurs  manquent  dans  l'édition 
donnée  récemment,  Leipzig,  1897,  aux  frais  de  l'Académie  de 
Berlin-:  Die griechischen  christlichen  Schriftsteller  der  ersten 
drei  Jahrhunderte.  Hippolytus,  Bd.  I.  Les  nouveaux  textes  que 
nous  avons  découverts  peuvent  former  en  somme  cinq  ou  six 
pages,  mais  nous  avons  relevé  en  plus  de  nombreuses  variantes 
intéressantes  pour  les  textes  édités.  Notre  manuscrit  est  du 
x°  siècle.  Nous  espérons  éditer  bientôt  ces  nouveaux  textes  et 
ces  variantes  (1). 

Munich. 

NIK02  A.  BEH2. 

(1)  Cf.  Hippolyfs  Schrift  «.iiberdie  Segnungen  Jakobs  »,  Hippolyts  Daniel-Kom- 
menlar  in  \°  573  der  Handschriften  des  Meleoronklosters  (VI,  60  pages),  Leip- 
zig, Hinrich,  1911,  M.  2,50. 


ORIENT   CHRÉTIEN.  2S 


BIBLIOGRAPHIE 


M.  D.  GiBSON,  The  Commen taries  of  Isho'dad  of  Merv,  bishop  of  Iladatha. 
Cambridge,  1911,  4°,  t.  I,  traduction  anglaise,  xxxvin-290  pages,  6  s. 
net;  t.  Il,  Matthieu  et  Marc  (texte  syriaque),  238  pages,  10  s.,  6  net; 
t.  III,  Luc  et  Jean  (texte  syriaque),  230  pages,  10s.,  6  net;  avec  une  in- 
troduction de  M.  J.  Rendel  Harris  {Horœ  Semiiicœ,  n°^  v,  vi,  vu). 

Dans  ces  beaux  volumes.  M™''  D.  Gibson  édite  et  traduit  en  anglais  le 
commentaire  d'Isho'dad  sur  le  Nouveau  Testament.  M.  Rendel  Harris  a 
ajouté  une  introduction  bien  documentée  sur  l'auteur  et  sur  les  princi- 
pales particularités  de  son  ouvrage. 

Isho'dad  (Isou'dad,  Jésudad),  né  à  Merv  (Russie  transcaspienne),  était 
évêque  nestorien  de  Hadatha  (Assyrie)  avant  l'an  854.  On  sait  en  effet  qu'en 
cette  année  (1165  des  Grecs),  plusieurs  évêques  l'avaient  choisi  comme 
patriarche,  à  cause  de  sa  science,  de  son  esprit  et  de  sa  bonne  tenue;  ses 
électeurs  s'en  remirent,  pour  le  choix  d'un  patriarche,  aux  soins  du  méde- 
cin nestorien,  Bochtjésus,  et  celui-ci,  sous  l'influence  du  calife  Mouta- 
wakkil,  préféra  Théodore  (854-857j  à  Jésudad  (cf.  H.  Gismondi,  De  pa- 
triarchis  nestorianorum  Cononenlaria,  pars  altéra,  Amri  et  Slibëe  versio 
latina,  Rome,  1897,  p.  42).  L'une  des  raisons  qui  avaient  décidé  plusieurs 
évêques  à  choisir  Jésudad  était  sans  doute  sa  science  d'exégète,  car  il  nous 
reste  de  lui  des  commentaires  sur  l'Ancien  et  le  Nouveau  Testament. 

Le  commentaire  sur  l'Ancien  Testament,  dont  il  existe  au  moins  un 
manuscrit  dans  la  bibliothèque  du  patriarcat  grec  de  Jérusalem,  n'est  pas 
encore  édité;  M.  A.  Baumstark  vient  de  le  faire  connaître  dans  VOriens 
Christianus,  nouvelle  série,  t.  1,  Leipzig,  1911,  p.  1-19.  Griechische  U7id 
hebrdische  Bibelzitate  in  der  Pentateucherklàrung  Iso'dads  von  Merv.  Le 
commentaire  sur  les  Evangiles,  conservé  dans  plusieurs  manuscrits,  avait 
déjà  été  signalé,  mais  était  resté  inédit. 

M™<^  Gibson  a  donné  son  édition  d'après  un  manuscrit  de  Cambridge 
(no  1973)  de  l'an  1687,  un  second  de  M.  D.  Margoliouth  (le  meilleur)  et 
un  troisième,  copié  en  Orient  pour  M.  Rendel  Harris.  Elle  a  donné  en 
facsimilé  une  page  des  deux  premiers  manuscrits.  Elle  a  ajouté  en 
marge  les  renvois  à  l'Ecriture   et  aux  principales  sources  utilisées  par 


BIBLIOGRAPHIE.  435 

l'auteur;  elle  a  relevé  en  particulier  les  coïncidences  avec  les  anciens 
évangéliaires  syriens  (Cureton  et  Sinaï)  et  avec  le  commentaire  de  Théo- 
dore de  Mopsueste  sur  l'Évangile  S.  Jean,  p.  xxxiii-xxxviii.  Dans  le  texte, 
les  titres,  les  finales  et  les  noms  des  auteurs  cités  sont  en  caractères  rou- 
ges. Le  syriaque  offrait  bien  des  difficultés,  parce  que  les  versets  com- 
mentés ne  sont  pas  en  relief  dans  les  manuscrits  et  sont  enchevêtrés 
parmi  d'autres  citations  :  M'"«  Gibson  les  a  dégagés  et  mis  en  italiques 
dans  sa  traduction;  de  plus,  l'auteur  emploie  un  bon  nombre  de  mots 
grecs  qu'il  fallait  reconnaître  et  identifier.  Dès  la  première  page  on  trouve 
<^o.m.\o)  (les  Champs  Elysées);  yo-i^ot^aro/ ;  .m.moi;ov3is.coo;^;  vm.m-voA  et 
yOL-^opo  qui  est  le  mot  [i.eyaXEî'ov,  employé  très  souvent  dans  la  Didascalie 
de  Jacob,  au  vn<'  siècle  (cf.  supra,  1910,  p.  326);  M^^  D.  Gibson  a  donc 
traduit  et  édité  un  texte  difficile  et  d'ailleurs  très  intéressant,  comme  nous 
allons  le  dire,  elle  a  coUationné  patiemment  trois  manuscrits  et  elle  a 
donné,  par  ce  travail  désintéressé  de  six  années,  un  bel  exemple  à  tous 
les  syriacisants. 

L'importance  des  commentaires  de  Jésudad  tient  aux  sources  utilisées 
par  lui  et  perdues  en  grande  partie  aujourd'hui,  et  à  l'usage  que  les  cri- 
tiques postérieurs  ont  fait  de  ses  œuvres.  11  a  été  pillé  surtout  par  Denys 
Bar  Salibi.  Ce  dernier  a  composé  de  très  savants  commentaires  sur  toute 
la  Bible,  mais  la  publication  de  M"^'^  Gibson  lui  sera  en  somme  nuisible, 
car  elle  montrera  combien  peu  il  est  original.  M.  Rendel  Harrisa  cru  pou- 
voir écrire  que  Denys  Bar  Salibi  =  Isho'dad  +  Bar  Képha  (p.  xxxi). 

Parmi  les  sources  citées  par  Jésudad  (cf.  p.  xvi-xvii),  mentionnons  sur- 
tout Ephrem,  le  Diatessaron,  Théodore  de  Mopsueste  et  l'historien  Josèphe. 

Nous  retrouvons  ici,  1,  135,  le  texte  relatif  à  Bardesane  que  nous  avons 
cité,  Journal  As.,  sept.-oct.  1910,  p.  219.  Nous  retrouvons  encore  I,  126,  xxi 
et  116  les  détails  trouvés  plus  haut  ROC,  1911,  p.  299,  sur  les  quatre-vingt- 
deux  évangiles  écrits  par  les  70  disciples  et  les  douze  apôtres,  et  sur  Marie 
de  Magdala.  Au  lieu  de  82  évangiles,  les  manuscrits  de  M'"^  Gibson  por- 
tent Apocalypses,  po^^--^,  mais  cette  leçon  est  sans  doute  moins  bonne, 
puisque  son  texte  porte  comme  le  nôtre  que  les  apôtres  n'en  ont  retenu 
que  quatre  qui  sont  les  évangiles  canoniques.  C'est  encore  à  Jésudad  que 
sont  empruntées  les  réponses  à  un  certain  nombre  de  questions  scriptu- 
raires  du  manuscrit  de  Paris,  n«  350,  supra,  p.  302-304.  On  trouve  aussi, 
I,  xix,  XX  et  60,  avec  certaines  différences,  les  récits  grecs  qui  racontent 
la  punition  de  la  fille  d'Hérodiade.  Cf.  Patrol.  Orientale,  t.  IV,  p.  523-524. 

Jésudad  ne  commente  pas  tous  les  versets,  mais  seulement  les  versets 
ou  passages  qui  lui  paraissent  intéressants  ;  on  trouve  de  longs  dévelop- 
pements sur  l'accord  des  généalogies,  1,  11,  et  des  dates  de  la  Pâque  et 
de  la  Passion,  1,  143,  195,  256,  278,  avec  de  nombreux  éclaircissements 
géographiques  et  historiques,  sur  Bethphagé,  I,  80;  sur  Béthanie,  I,  224, 
241  ;  sur  la  ville  nommée  Ephrem,  1,  255  :  «  qui  est  encore  une  grande 
ville,  et  qui  est  à  cinq  étapes  à  l'est  dé  Béthel  ».  L'étoile  des  mages  donne 
occasion  à  deux  pages  d'astronomie  et  d'astrologie.  Nous  trouvons  là,  1, 
17,  au  compte  des  astrologues,  un  texte  porté  par  Agapius  de  Menbidj  au 


43G  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN'. 

compte  de  Bardesane,  Palrol.  Or.,  t.  VII,  p.  520.  Ce  texte  attribue  aux  sept 
planètes  la  création  des  parties  du  corps. 

Jésudad,  p.  15,  place  en  307  des  Grecs  la  naissance  de  Notre-Seigneur. 
Les  historiens  d'Édesse  donnent  309,  on  choisit  en  général  312;  on  a 
trouvé  plus  haut,  p.  303,  les  années  304  et  308;  ces  divergences  peuvent 
peut-être  rendre  compte  de  quelques  difficultés  dans  les  synchronismes. 
Siméon  «  qui  reçut  Notre-Seigneur  était  le  fils  d'Onia  bar-Onia  le  grand 
prêtre  et  le  père  de  Jésus  fils  de  Sira  .j>.  Jésudad  rattache  «  Sira  »  à  la 
racine  esar  «  lié  »  et  dit  que  ce  Jésus  (auteur  de  l'Ecclésiastique)  avait  été 
appelé  fils  de  Sira  (fils  du  lié),  parce  que  son  père  Siméon  avait  été  lié 
en  esprit  (ou  condamné)  à  vivre  jusqu'à  cette  époque,  c'est-à-dire  pendant 
deux  cent  soixante  ans.  C'est  une  variante  de  la  tradition  trouvée  plus 
haut,  p.  303,  qui  fait  de  Siméon  l'un  des  Septante  (traducteurs  de  la  Bible) 
et  lui  accorde  535  ans  de  vie. 

On  trouve,  au  commencement  de  l'évangile  de  saint  Jean,  un  long  exposé 
christologique  et,  ailleurs,  des  citations  de  la  Caverne  des  Trésors  (cf  dans 
cette  Revue  la  traduction  du  Qalémentos),  p.  20,  des  Récognitions,  de  Denys 
l'Aréopagite,  p.  289,  de  Nestorius,  p.  284  et  surtout  du  Diatessaron  et  de 
«  l'Interprète  »  (Théodore  de  Mopsueste). 

Nous  espérons  que  ces  quelques  lignes  feront  connaître  un  peu  l'impor- 
tance de  l'ouvrage  et  suggéreront  à  plusieurs  l'idée  de  l'étudier  de  plus 
près. 

F.  .Nau. 


Eugène  Tisserant,  Codex  Zuqninensis  rescriphts  Velei'is  Testamenli,  texte 
grec  des  manuscrits  Vatican  syriaque  162,  et  Mus..  Brit.  Additionnel 
15G65,  édité  avec  introduction  et  notes,  8°,  l\xxviii-278  pages,  6  planches 
(Studi  e  testi,  n°  23).  Rome,  typogr.  Vaticane,  1911. 

Le  manuscrit  syriaque  162  du  \'atican  est  le  célèbre  manuscrit  attribué 
par  Assémani  et  ses  successeurs  au  patriarche  Denys  de  Tellmahré  jus- 
qu'au jour  où  nous  y  avons  reconnu  —en  même  temps  que  M.  Noeldeke  — 
l'œuvre  d'un  moine  du  couvent  de  Zouqnin,  près  d'Amid,  sans  doute 
l'œuvre  du  stylite  Josué,  cf.  HOC,  t.  II  (1897),  p.  41-68  et  455-493.  Le  texte 
syriaque  a  été  récrit,  du  ix^  au  x«  siècle,  sur  des  feuillets  de  six  manus- 
crits grecs  de  l'Ancien  Testament  que  l'on  avait  préalablement  lavés. 

M.  Tisserant  a  reconnu  quij  six  feuillets  de  ce  manuscrit,  qui  en  étaient 
détachées  lorsque  Assémani  l'a  acheté  à  Scété,  en  1715,  avaient  été  por- 
tés à  Londres  par  Tattam,  en  1842  (add.  ms.  14665);  il  a  déchiffré  le  texte 
grec  palimpseste  et  l'a  édité,  il  a  fixé  son  caractère  propre  (recension 
lucianique),  il  a  précisé  l'histoire  et  la  date  du  manuscrit.  Le  texte  por- 
tera désormais  la  lettre  Z  parmi  les  manuscrits  onciaux  de  l'Ancien  Tes- 
tament. Tiscliendorf  la  lui  avait  déjà  attribuée  lorsqu'il  en  éditait  deux 
feuilles  d'après  le  manuscrit  I466o  de  Londres  et  elle  lui  convient  tout 
particulièrement  puisqu'il  provient  de  Zouqnin  et  que  le  titre  Codex  Zuq- 
ninensis, choisi  par  M.  Tisserant,  lui  est  désormais  acquis. 


BIBLIOGRAPHIE.  137 

Le  texte  grec  palimpseste,  du  vii®-viii«  siècle,  contient  :  Juges,  xvi, 
29  -  XIX,  12;  XIX,  18-29;  x\,  4-18;  xx,  30-  xxi,  5. 

III  Rois,  II,  19-25;  35-39;  46-iii,  2;  m,  27  -  iv,  9;  iv,  28-vi,  16;  vu, 
27-  VIII,  33;  xxi,  26-39. 

Ps.  viii,  1  -  IX,  19;  i\,  36-  xii,  3;  xiii,  1  -  xvi,  1  ;  xvii,  3-29;  xvii,  39-48; 
XIX,  9  -  XXI,  25;  xxi,  32  -  xxiii,  2  ;  xxiv,  9-19  ;  xxv,  8  -  xxvi,  4;  xxviii,  3-  xxix, 
4;  XXX,  2-11;  xxxii,  21  -  xxxiii,  22;  xxxv,  7  -  xxxvii,  11. 

Ez.,  I,  9-25;  m,  1-18;  iv,  16  -  v,  11  ;  vi,  11  - 1\,  4;  xxii,  7  -  x.xiii,  38;  xxiv, 
5-14;  xxv,  2-9;  xxvi,  7-11  ;  xxviii,  10-16;  xxxv,  5  -  xxxviii,  4;  xxxix,  10-13; 
15  24;  XL,  1923;  xli,  25  -  xlii,  12;  xuii,  11-xLiv,  4;  .\liv,  16-xlv,  13; 
XLv,  20  ■  XLVi,  2;  xlvi,  16-22;  xlvii,  5-14;  xlvii,  17-  \l/iii,  3;  xxxvi, 
20-28;  xxxvii,  8-14;  xli,  25  -  xlii,  7;  xliii,  11-lS;  xlvii,  19-  xLviii,  4. 

Dan.,  m,  2-15. 

Ces  versets  couvrent  129  feuillets  (123  à  Rome  et  6  à  Londres)  dont  deux 
seulement  (de  Londres)  avaient  été  édités  par  Tischendorf  et  huit  (de 
Rome)  par  Costa  Luzzi;  il  en  reste  donc  118  qui  ont  été  déchiffrés  pour 
la  première  fois  et  édités  par  M.  Tisserant.  L'éditeur  est  d'ailleurs  doublé 
d'un  critique  qui  a  revendiqué  tous  ces  textes  pour  la  recension  lucianique, 
et  a  précisé  leur  importance  et  leur  place  dans  la  tradition  manuscrite. 

Lucien,  prêtre  d'Antioche  et  martyr,  a  entrepris,  au  commencement  du 
iv''  siècle,  de  corriger  sur  l'hébreu  le  texte  grec  de  l'Écriture.  On  tcâche 
de  reconstituer  son  œuvre  à  l'aide  des  citations  de  saint  Jean  Chrysostome 
et  de  Théodoret,  d'un  manuscrit  oncial  (Venetus)  et  de  cinq  manuscrits 
minuscules  (22,  36,  48,  51,  231  de  Holmes).  M.  Tisserant  a  montré  que  les 
cinq  manuscrits  minuscules  ne  doivent  compter  que  pour  un,  car  ils  dé- 
rivent tous  d'un  même  archétype  qui  n'est  pas  l'exemplaire  de  Lucien, 
mais  un  manuscrit  qui  avait  déjà  son  contingent  d'erreurs  et  d'omissions. 
Z  participe  à  la  fois  de  cet  archétype  et  du  Venetus  et  se  trouve  donc 
être  un  précieux  instrument  pour  faire  la  critique  de  ces  deux  traditions. 

Pour  terminer,  ajoutons  que  le  manuscrit  syriaque  porte  une  note  due 
h  Elisée,  du  monasière  de  Zouqnin,  qui  est  tiès  intéressante,  puisqu'elle 
nous  a  conservé  le  nom  (Josué  le  stylite)  de  l'auteur  de  la  chronique,  cf. 
HOC,  t.  11  (1897),  p.  48-49.  M.  Martin  plaçait  sa  rédaction  vers  le  xiv«  siè- 
cle, mais  M.  Tisserant  opine  pour  le  ix^.  Nous  pouvons  apporter  à  son 
opinion  une  confirmation  assez  inattendue  :  Dans  le  manuscrit  du  British 
Muséum,  Or.  5021,  fol.  16  (1),  nous  avons  trouvé  un  colophon  écrit  en  903 
par  un  certain  Elisée  de  Zouqnin.  Celui-ci  a  donc  bien  des  chances  d'être 
le  scribe  qui  ajoutait  une  note  sur  le  Codex  Zuqninensis,  et  cette  note  se- 
rait donc,  comme  le  conjecturait  M.  Tisserant,  (de  la  fin)  du  ix*^  siècle. 
Voici  le  colophon  : 

y..[    ^^i^if    .ovV^-    ^A    '-s.t^î»     |-«.i.oo)    ■«.A*.i\    PlV..o    l-o»  ^>.    yVio  ''^v^Oo    lljj    |;j>;    \o 

1  Cf.  0.  MargoliouU),  Descrijttive  Itsl  of  si/riac  and  Karshuni  msa...,  Londres  ISiti), 
|).  4S-49.  ce  manuscrit  contient  un  fragment  de  la  Vie  de  saint  Antoine,  la  Vie  de  Paul 
de  la  Thcbaïde  et  la  lettre  d'Antoine  (le  catalogue  porte,  à  tort,  Anthime). 


438  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

|..>i).fr>j/»    U....^    ^^^a^aa»    ^av^v^ps    >jea..tt>ai..;    ^;     . xand^j    .  U-j^o    Uy-^--    Poi3    W» 

1^*30/  ^«^'r^;    M^OA   ^;   .(«.o.iao    ^-^f    vO^.Nj    wpo  ■|...«ao   n>.qju   yViaaj   0)i^;    |  ^^ 


Tout  lecteur  priera,  au  nom  de  Notre-Seigneur,  pour  le  pauvre  et  faible  Elisée 
de  Zouqnin,  qui  a  écrit  selon  sa  force,  pour  qu'il  soit  pris  en  pitié  comme  le 
voleur  (crucifié)  à  droite  (du  Sauveur)...  Ce  livre  a  écrit  l'an  1214  des  Grecs 
{—  903),  dans  le  désert  intérieur  d'abba  Paul,  solitaire  et  saint;  aux  jours  de 
Denys,  patriarche  du  siège  apostolique  de  la  ville  d'Antioche  (1),  et  aux  jours  de 
Michel,  archevêque  d'ALxandrie.  Elisée  de  Zouqnin  l'a  écrit  pour  son  cher  frère 
en  Notre-Seigneur  Jésus-Christ,  Mar  Salomon,  moine  et  prêtre  de  la  province 
de  Mar'as,  c'est-à-dire  la  ville  de  Germanicie,  qui  lui  a  fait  habiter  le  désert  in- 
térieur d'abba  Paul,  où  il  a  fixé  un  autel  au  nom  de  Notre-Seigneur  .Jésus- 
Christ. 

D'après  ce  colophon,  Elisée  de  Zouqnin,  qui  avait  un  frère  en  Notre- 
Seigneur  (peut-être  un  ancien  condisciple)  à  Mar'as,  habitait  l'Egypte 
en  903.  C'est  avant  son  départ  qu'il  aurait  écrit  la  note  du  Codex  Zuq- 
ninensis.  Nous  souhaitons  que  la  comparaison  des  écritures  permette  d'i- 
dentifier les  deux  Elisée  et  confirme  ainsi  la  conjecture  de  M.  Tisserant. 
Ce  serait  d'excellent  augure  pour  les  autres  conclusions  du  sympathique 
éditeur. 

F.  Nau. 


Conrad  von  Orelli,  Allgemeine  Religionsgeschichle,  2'c  Auflage.  —  A.  Mar- 
cus  und  E.  Weber's  Verlag,  Bonn,  1911. 

La  librairie  Marcus  et  Weber  continue  activement  la  publication  de  la 
seconde  édition  de  V Histoire  générale  des  Religions  de  C.  von  Orelli.  L'au- 
teur, qui  a  basé  sur  l'ethnographie  la  classification  des  diverses  religions 
de  la  terre,  poursuit  dans  la  deuxième  livraison  l'étude  des  religions  du 
groupe  touranien  qu'il  avait  commencée  dans  la  première  livraison  ;  il 
passe  ainsi  en  revue  les  religions  des  Mongols,  des  Finnois  et  surtout  des 
Japonais.  Mais  la  majeure  partie  de  la  deuxième  livraison  est  consacrée  à 
la  religion  des  Égyptiens  qui  représentent  à  eux  seuls  la  famille  chamiti- 
que.  Etant  donnée  l'importance  de  cette  religion,  C.  von  Orelli  fait  précé- 
der son  étude  d'une  introduction  sur  le  pays  d'Egypte,  ses  habitants,  son 
histoire,  sa  vie  nationale  et  sa  civilisation,  et  il  s'étend  ensuite  assez  longue- 
ment sur  la  représentation  de  la  divinité  dans  la  nature  visible,  sur  les 
principaux  dieux  du  panthéon  égyptien  et  sur  la  vie  future  et  le  culte  des 
morts. 

La  troisième  livraison  intéressera  particulièrement  ceux  qui  étudient  les 

(11  Patriarche  de  898-909;  cf.  Bar  Hébraeus,  Chron.  eccL,  L  391-395. 


BIBLIOGRAPHIE.  439 

langues  sémitiques.  Les  quatre  chapitres  qu'elle  renferme  sont  consacrés 
à  la  religion  des  Babyloniens  et  des  Assyriens,  à  la  religion  des  Phéniciens, 
des  Chananéens  et  des  Carthaginois,  à  la  religion  des  Araméens,  des  Am- 
monites, des  Moabites,  etc.,  et  à  la  religion  d'Israël.  Comme  il  est  facile  de 
le  concevoir,  l'auteur  s'est  appesanti  sur  l'étude  de  la  religion  assyro-baby- 
lonienne,  en  adoptant  du  reste  le  plan  qu'il  avait  déjà  suivi  pour  la  reli- 
gion égyptienne.  Mais  le  lecteur  sera  particulièrement  reconnaissant  à 
C.  von  Orelli  d'avoir  traité  avec  quelques  détails  la  question  de  la  religion 
des  autres  peuples  sémitiques;  car  les  Phéniciens,  les  Chananéens,  les 
Moabites,  etc.,  ont  eu  les  rapports  les  plus  étroits  avec  le  peuple  d'Israël. 
Ce  dernier  sujet,  la  religion  d'israol,  n'est  encore  qu'ébauché  dans  la  troi^ 
sième  livraison. 

Puisqu'il  s'agit  ici  de  l'histoire  des  Religions,  nous  signalerons  aux  lec- 
teurs de  la  Revue  l'apparition  d'un  ouvrage  français  sur  le  même  sujet  : 
Où  en  est  l'histoire  des  Religions?  par  J.  Bricout,  avec  le  concours  de  nom- 
breux collaborateurs  (Librairie  Letouzey  et  Ané). 

M.  Brière. 


Michel  d'Herbigny,  Un  Nexoman  Russe  :   Vladimir  Soloviev  {î853-i900), 
1  vol.  in- 16,  .\vi-336pp.  Paris,  G.  Beauchesne  et  C'«,  1911.  —  3  fr.50. 

Si  le  nom  de  Vladimir  Soloviev  n'est  pas  complètement  ignoré  en  Occi- 
dent, son  œuvre  du  moins  y  est  encore  totalement  inconnue  :  aussi  le 
livre  que  M.  d'Herbigny  consacre  à  ce  grand  penseur  en  utilisant  l'édition 
russe  de  ses  écrits,  fera  connaître  l'influence  de  V.  Soloviev  sur  ses  com- 
patriotes et  le  mouvement  de  l'idée  religieuse  en  Russie.  Ce  livre  n'est  pas 
une  sèche  nomenclature  des  événements  qui  ont  composé  la  vie  de  V.  So- 
loviev, mais  c'est  une  étude  psychologique  des  divers  états  par  lesquels  a 
passé  l'àme  de  ce  philosophe  et  de  ce  théologien,  pour  aller  des  confins  de 
l'incrédulité  jusqu'à  la  foi  complète  en  l'Église  Romaine.  La  plus  grande 
partie  de  l'ouvrage  de  M.  d'Herbigny  considère  en  V.  Soloviev  le  philosophe, 
le  théologien  et  l'ascète  et  marque  les  différents  aspects  du  penseur  russe 
en  analysant  les  principaux  livres  qu'il  a  publiés  sur  ces  terrains  variés. 
La  lecture  de  cette  étude  d'une  àme  qui  recherche  la  vérité  montre 
l'amour  que  V.  Soloviev  a  porté  à  son  pays  et  à  son  Église  et  elle  laisse 
deviner  la  joie  avec  laquelle  il  aurait  vu  le  rétablissement  de  l'union  entre 

l'Orient  et  l'Occident. 

M.  Brière. 


S.  Ferarès,  U7ie  erreur  de  traduction  dans  la  Bible  (Extrait  de  la  Revue 
de  Linguistique  1911). 

Il  s'agit  du  précepte  promulgué  dans  Exod.  xxiii,  19;  wxiv,  26; 
Deut.  XIV,  21  :  «  Tu  ne  feras  pas  cuire  le  chevreau  dans  le  lait  de  sa  mère  ». 
Après  avoir  relevé  quelques-uns  des  principaux  commentaires  dont  ce 
texte  a  été  l'objet,  depuis  le  Targum  des  Samaritains  jusqu'à  B.  Stade  en 


440  REVUE   DE    l'orient  CHRÉTIEN. 

passant  par  Maimonide  et  Michaelis,  M.  Ferarès  propose  la  traduction  sui- 
vante :  «  Tune  feras  pas  cuire  le  chevreau  à  la  mamelle  de  sa  mère  ».  Le  mot 
hâlâb  signifierait  ici,  selon  lui,  sein  ou  mamelle  et  non  lait.  Ce  sens  nou- 
veau demanderait  à  être  solidement  établi  :  M.  Ferarès  ne  nous  semble 
pas  avoir  fourni  cette  démonstration.  Le  mot  hàlâb  «  n'est  employé,  dit-il, 
que  très  rarement  dans  le  Pentateuque,  ailleurs  que  dans  le  texte  cité  plus 
haut,  et  dans  la  Bible  on  ne  le  rencontre  pas  souvent  ;  presque  tous  les 
grammairiens  ne  citent  que  Is.  lx,  16  et  Proverbes,  xxvii,  27  ».  Gesenius- 
Buhl{Hebrâisches  und  Aramâisches  Handwôrterbuch,  14«  édit.)  donne  pour 
hâlâb  plus  de  vingt  références  à  la  Bible,  et  «  les  grammairiens  qui  ne 
citent  que  Is.  lx,  16  et  Prov.  xxvii,  27  »,  pourraient  citer  encore  :  Gen.  xviii, 
8;  XLix,  12;Deut.  xxxii,  14;  Juges,  v,  25;  iv,  19;  I  Samuel,  xvii,  18;  vu,  9; 
Isaïe,  VII,  22,  xxviii,  9;  lv,  1;  lx,  9;  Ezéch.  xxv,4;  Joël,  iv,  18;  Lament. 
IV,  7;  Job,  X,  10;  Prov.  xxx,  33;  Cantiq.  iv,  11;  v,  1;  v,  12.  Une  discussion 
un  peu  approfondie  de  tous  ces  passages  bibliques  eût  été  nécessaire;  elle 
n'eût  pas  tourné  en  faveur  du  changement  de  sens  proposé  par  M.  Fe- 
rarès. Le  texte  des  Septante  âv  •^iloiy.Ti  [j.r)Tpbç  aùiou,  signifie  simplement, 
comme  on  l'a  toujours  compris,  t  dans  le  lait  de  sa  mère  ». 

Jean  Pressoir. 


JoHANNEs  Behm,  Lic.  theol.,  Die  Handauflegung  im  Urchrislentum  nach 
Verwendung,  Herkunft  und  Bedeutung  in  religionsgeschichtlichen 
Zusammenhang  untersucht,  8°,  vin-208  pages.  Leipzig,  A.  Deichert'sche 
Verlagsbuchh.  Inh.  Werner  Scholl,  1911.  —  M.  4,50. 

M.  Joh.  Behm  vient  de  publier  une  étude  intéressante  sur  l'imposition 
des  mains  dans  l'ancien  christianisme.  Les  matériaux  nécessaires  à  l'éla- 
boration de  ce  travail,  ont  été  choisis  et  utilisés  avec  un  soin  méticuleux. 
L'ordre,  la  clarté  et  la  simplicité  sont  les  qualités  maîtresses  de  l'ouvrage. 

L'unité  du  sujet  et  la  division  logique  des  parties  ressortent  du  plan  qui 
a  été  adopté.  En  effet,  la  pratique,  l'origine  et  la  signification  de  l'imposi- 
tion des  mains  constituent  les'  trois  sections  du  livre  :  I.  Die  Verwendung 
der  Handauflegung  im  Urchrislentum  {première  ^iartie  àe  cette  section)  und 
in  der  alten  Kirche  (seconde  partie).  II.  Die  Herkunft  der  urchristlichen 
handauflegung.  III.  Die  Bedeutung  der  urchristlichen  Handauflegung. 

Le  livre  de  M.  Behm  instruit  et  plait  à  la  fois.  Le  texte,  dégagé  de  tout 
appareil  d'érudition,  est  d'une  lecture  facile.  C'est  dans  les  nombreuses 
notes,  rédigées  avec  le  souci  con.stant  de  renseigner  aussi  succinctement  et 
aussi  complètement  que  possible,  que  se  trouvent  les  citations,  toujours 
accompagnées  des  références  aux  sources,  les  discussions  philologiques, 
exégétiques  et  critiques,  les  remarques  diverses,  et  les  indications  biblio- 
graphiques. 11  faut  donc  savoir  gré  à  l'auteur  d'avoir  condensé  avec  une 
grande  précision  les  résultats  d'une  information  sérieuse,  abondante  et 
avertie.  Cf.,  par  exemple,  la  note  sur  l'expression  imposition  de  la  main 
(au  singulier),  pp.  98-99  :  xiôévac  (ktTi9£vat)  ttiv  -/srpa  fut  d'abord  en  usage; 


BIBLIOGRAPHIE.  441 

puis,  dans  la  seconde  moitié  du  second  siècle  apparut  le  terme  technique 

^eipoôeala  (yjtpoÔETEî'v)  ;  les  anciennes  expressions  (/)  tôjv)  ■/jipw\;  Ij^lÔeai;  et 
èrriTiÔÉvat  (rrjv)  x.eî'pa  sont  rares  ;  )(^£tpE7iiOEa(a  se  rencontre  une  seule  fois  ;  quant 
au  mot  x^tpoTovîa  (yeipoTovsîv).  il  conserve  sa  signification  originelle  d'élec- 
tion (Erwâhlung)  et  de  nomination  (Ernennung),  et  il  diffère  nettement 

de  ysipoÔEafa   et  de  IrA^EOii  Twv  yetpôiv. 

Ainsi,  l'ouvrage,  tout  en  offrant  à  chaque  page  une  documentation  solide, 
n'est  pas  alourdi  dans  l'exposition  générale  du  sujet.  La  richesse  des  détails 
s'allie  bien  avec  l'aisance  de  la  forme.  N'est-ce  pas  là  un  des»  principaux 
mérites  du  travail  consciencieux  de  M.  Behm? 

Sylvain  Grébaut. 


WiLHELM  ScHUBART,  Pttpyri  fjraecae  Berolinenses,  xxxiv  pages  et  50  re 
productions  photographiques,  gr.  8°,  Bonn,  A.  Marcus  et  E.  Weber,  1911, 
reliure  toile.  —  6  M. 

Nous  avons  déjà  annoncé  les  spécimens  de  manuscrits  grecs  du  Vatican, 
HOC,  1910,  p.  447;  cette  fois  la  librairie  Marcus  et  Weber  a  voulu  mettre 
à  la  disposition  des  étudiants  quatre-vingts  papyrus  grecs,  reproduits 
presque  tous  en  entier.  Ils  présentent  les  écritures  les  plus  diverses  et 
s'étagent,  par  ordre  chronologique,  depuis  l'an  31 1  avant  notre  ère  jusqu'au 
commencement  du  viii«  siècle  de  notre  ère.  L'éditeur  ajoute  l'indication  du 
lieu  d'origine  de  chaque  papyrus,  du  contenu  et  des  principales  particu- 
larités. Il  donne  encore  la  transcription  des  lignes  ou  des  textes  les  plus 
difficiles  à  lire.  Le  choix  des  textes  a  été  fait  aussi  de  manière  à  donner 
une  idée  des  divers  écrits  confiés  au  papyrus  et  de  ce  que  les  collections 
de  Berlin  renferment  de  plus  important  :  lettres  officielles  et  privées,  actes 
de  donation  ou  de  vente,  transcriptions  d'Euripide,  Homère,  Sophocle, 
Hésiode,  ostraca,  papyrus  magiques,  et  même  fragment  d'une  lettre  pas- 
cale d'un  patriarche  d'Alexandrie. 

Ce  dernier  est  peut-être  le  plus  intéressant  des  papyrus  conservés  à 
Berlin.  Il  est  coté  par  l'auteur  :  Pap.  Berol.  P.  10677,  mais  c'est  sans  doute 
le  grand  papyrus  grec  que  nous  avons  vu  exposé  sous  le  n°  78,  nous  avons  noté 
que  c'est  un  rouleau  de  douze  pages  dont  les  dernières  sont  très  bien  con- 
servées. Il  a  45  centimètres  de  haut  et  plus  de  5  mètres  de  long  et  contient 
une  lettre  pascale  d'Alexandre  II,  patriarche  d'Alexandrie  de  704  à  729. 
Elle  a  été  écrite  en  713,  719  ou  724.  Chaque  année,  le  patriarche  d'Alexan- 
drie adressait  une  lettre  à  ses  ouailles  pour  fixer  en  particulier  la  date  de 
la  fête  de  Pâques  (d'où  son  nom)  ;  cet  usage  est  bien  connu  et  de  nom- 
breuses lettres  pascales  sont  conservées  (en  particulier  celles  d'Athanase, 
dans  une  version  syriaque),  mais  c'est  la  première  fois  qu'on  a  retrouvé 
l'original  lui-même.  Le  présent  ouvrage  en  contient  une  page,  mais  il  a  été 
reproduit  en  entier  dans  Altchristlicke    Texte,  bearbeitet  von  C.  Schmidt 


442  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

und  W.  Schubart,  in-4«',  Berlin,  Weidmann,  1910  (dans  Berliner  Klassi- 
kerlexle,  VI,  p.  55-109)  (1). 

Signalons  encore  un  libellus  très  curieux  conservé  à  Hambourg  en  très 
bon  état  (n"  37  a)  qui  correspond  textuellement  à  celui  qu'a  édité  M.  Wes- 
sely  {Patrol.  Or.,  t.  IV,  p.  113,  voir  la  planche  1,  n°  4).  Tous  deux  ont  été 
donnés  à  des  femmes  du  village  de  Théadelphie,  l'une  (Wessely)  se  nom- 
mait Aurélie  Kamis,  l'autre  (Hambourg)  se  nommait  Aurélie  Charitos.  Ils 
sont  d'ailleurs  datés  l'un  du  21  payni  et  l'autre  du  22  payni  de  la  première 
année  de  Dèce  (250).  Le  présent  papyrus,  reproduit  et  transcrit  par 
M.  Schubart,  confirme  d'ailleurs  les  restitutions  imposées  à  M.  Wessely  par 
son  papyrus  qui  était  en  plus  mauvais  état. 

Le  soin  avec  lequel  les  reproductions  sont  faites  et  les  papyrus  décrits 
ou  transcrits,  le  bon  marché  de  l'ouvrage  et  l'intérêt  qu'il  y  a  pour  chaque 
étudiant  philologue  d'avoir  un  tel  instrument  d'étude  sous  la  main,  nous 
sont  sûrs  garants  de  la  prompte  diffusion  des  papyrus  grecs. 

F.  Nau. 


Chr.  Herm.  Vosen  et  D'"  Fr.  Kaulen,  Rudimenla  linguae  hebraïcae,  nona 
editio,  quam  recognovit  et  auxit  prof.  Jacobus  Schumacher,  8°,  xii- 
172  pages,  Fribourg  en  Brisgau,  Herder,  1911,  2  fr.  50  (relié  3  fr.  15). 

Cette  édition  est  le  terme  de  nombreux  perfectionnements,  œuvres  de 
trois  professeurs  successifs.  En  1860  le  D'  Vosen  se  décidait  à  mettre  en 
latin  une  courte  grammaire  hébraïque  écrite  par  lui  en  allemand  et  qui 
avait  déjà  eu  six  éditions..  Le  latin  n'a  pas  eu  moins  de  succès  :  après  la 
mort  du  D""  Vosen,  le  D""  Kaulen  en  a  donné  une  huitième  édition  et,  après 
la  mort  du  D""  Kaulen,  le  prof.  Schumacher  en  donne  aujourd'hui  une  neu- 
vième. 

C'est  que  l'auteur  a  réussi  à  donner  en  78  pages  tout  l'attirail  gramma- 
tical indispensable  pour  traduire  la  Bible,  sans  le  surcharger  de  trop  d'ex- 
ceptions, de  raretés  ou  d'étrangetés.  Encore  a-t-il  mis  en  petits  caractères 
un  certain  nombre  de  paragraphes  pour  dispenser  les  étudiants  de  les 
apprendre  par  cœur.  Les  paradigmes  occupent  les  pages  79  à  101.  Viennent 
ensuite,  p.  102-131,  des  exercices  gradués,  depuis  des  exercices  de  lecture 
jusqu'à  ceux  qui  renferment  les  principales  difficultés  des  verbes  défectifs. 
L'auteur  a  eu  l'idée,  sous  chaque  exercice,  d'ajouter  quelques  lignes  de 
mots  latins  à  mettre  en  hébreu  pour  amener  les  élèves  à  vaincre,  dans  le 
thème,  les  difficultés  trouvées  dans  la  version.  On  trouve  ensuite  des  textes 
choisis  dans  la  Bible,  132-142,  et  un  vocabulaire,  153-171.  Signalons  une 
heureuse  innovation,  p.   143-152.  C'est  la  liste  des  mots  les  plus  usuels, 

(1)  CeUe  publication  contient  encore  :  un  fragment  de  l'épitre  de  saint  Ignace  aux 
Smyrniotes,  trois  fragments  d'Hermas,  des  fragments  de  saint  Basile,  de  saint  Grégoire,  deux 
amulettes,  dix  fragments  liturgiques  dans  l'un  desquels  on  trouve  une  invocation  em- 
pruntée au  Poiniandres.  Le  second  fragment  liturgique  (sur  Noël)  a  été  reproduit  (n<>486) 
dans  les  Papyri  graecae. 


BIBLIOGRAPHIE.  443 

que  l'étudiant  devra  étudier  par  (^œur.  Au  temps,  en  effet,  où  nous  prépa- 
rions —  pour  occuper  nos  loisirs  théologiques —  l'explication  des  livres  de 
la  Bible,  nous  arrivions  à  les  expliquer  à  la  satisfaction  de  M.  Vigouroux, 
grâce  à  ce  que  nous  en  avions  extrait  d'abord,  puis  étudié  par  cœur, 
tous  les  mots  nouveaux  pour  nous  ;  car  le  vocabulaire  biblique,  surtout 
celui  de  la  prose,  est  peu  riche,  et  l'étudiant  qui  arrive  à  posséder  par 
cœur  le  sens  de  200  à  '250  mots  principaux  et  à  connaître  une  très  courte 
grammaire  et  un  paradigme  y  trouve  peu  de  difficultés.  Les  dix  pages  143-152 
renferment  d'ailleurs  plus  de  six  cents  mots. 

Les  éditeurs  rappellent  que  Léon  XIII  et  Pie  X  souhaitent  que  la  con- 
naissance de  la  langue  hébraïque  soit  à  la  base  des  études  théologiques. 
Ils  ont  voulu  correspondre  à  ce  vœu  eu  offrant  une  grammaire  avec  chres- 
tomathie,  courte,  complète,  pratique  et  bon  marché.  Nous  espérons  que 
le  succès  continuera  à  couronner  leur  effort. 

F.  Nau. 


Adolf   RiiCKER,  Die  Lucas-Homilien  des  /il.  Cyrill  von  Alexandrien,    8", 
102  pages  ;  Breslau,  Goerlich  et  Coch,  1911.  —3  M.  20. 

Saint  Cyrille  avait  composé  156  homélies  sur  l'évangile  de  saint  Luc. 
Trois  seulement  sont  conservées  en  grec.  Par  contre  deux  manuscrits  de 
Londres  en  ont  conservé  une  traduction  syriaque,  mais  les  manuscrits 
sont  en  assez  mauvais  état,  les  homélies  1-28,  30-31,  97,  113-116,  154-156 
sont  perdues  et  une  dizaine  d'autres  sont  incomplètes.  De  nombreux 
fragments  des  homélies  sont  d'ailleurs  cités  dans  les  chaînes,  tant  grecques 
que  syriaques. 

M.  A.  R.  édite  et  traduit,  p.  87-101,  la  fin  de  l'homélie  27  et  l'homélie  28 
qu'il  a  trouvées  dans  le  ms.  Sachau  220  de  Berlin,  et,  à  cette  occasion,  il. 
nous  donne  une  étude  sur  les  traditions  manuscrites  des  homélies,  la 
recherche  du  texte  primitif  et  des  particularités  du  texte  biblique  utilisé 
par  Cyrille,  et  le  contenu  exégétique  des  homélies. 

Cyrille  a  plutôt  été  étudié  au  point  de  vue  de  l'histoire  des  dogmes,  les 
monophysites  et  les  orthodoxes  s'en  réclament  également  et  le  tirent 
chacun  de  leur  côté  ;  c'est  pour  cela  que  ses  commentaires  ont  peu  retenu 
l'attention  et  se  sont  perdus,  hors  les  quelques  phrases  dont  on  voulait  se 
prévaloir  et  que  l'on  introduisait  ainsi  dans  les  chaînes  dogmatiques. 
D'ailleurs  ce  ne  sont  pas,  à  vrai  dire,  des  commentaires,  mais  plutôt  des 
exhortations  pratiques;  les  points  les  plus  difficiles  et  les  plus  intéres''".nts 
sur  lesquels  nous  aimerions  connaître  l'opinion  de  Cyrille  sont  passés  sous 
silence  et  M.  A.  R.  a  pu  condenser  en  une  douzaine  de  pages  (73  à  86)  ce 
qu'il  a  trouvé  d'intéressant  au  point  de  vue  exégétique  dans  le  flux  de  pa- 
roles déversées  par  Cyrille  dans  156  homélies.  Ce  n'est  pas  pour  infirmer 
l'épithète  de  «  bavard  »  que  lui  décochait  Nestorius.  Signalons  du  moins 
que,  d'après  Cyrille,  «  le  chameau  »  qui  ne  peut  pas  passer  par  le  trou 
d'une  aiguille  (Luc,  xviii,    25)  n'est  pas  l'animal  de  ce  nom,  «  mais  plutôt 


441  REVUE    DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

un  gros  câble,  car  ceux  qui  ont  fréquenté  les  matelots  savent  bien  que 
ceux-ci  donnent  le  nom  de  chameau  à  un  gros  câble  ».  Cette  explication 
se  trouve  aussi  dans  le  Lexique  syriaque  de  Bar  Bahlul  sous  le  nom  de 
Cyrille  (éd.  Rubens  Duval,  col.  500).  L'étude  sur  la  transmission  du  texte 
et  la  manière  dont  les  chaînes  l'ont  utilisé  est  fort  intéressante  (p.  14-32). 
Le  présent  travail  a  valu  à  l'auteur  le  titre  de  docteur  devant  la  faculté 
catholique  de  théologie  de  Breslau. 

F.  Nau. 


COURTES  NOTICES. 


I.  Le  XVI^  Congrès  international  des  orientalistes. 

Cette  session  se  tiendra  à  Athènes,  du  7  au  14  avril  1912.  La  cotisation 
est  fixée  à  25 francs.  Le  caissier  du  comité  est  M.  Z.  C.  Matsas,  directeurde 
la  Banque  d'Athènes.  Le  secrétaire  général  est  M.  Spyridion  P.  Lambros, 
professeur  d'histoire  à  l'Université  nationale  de  Grèce,  rue  Maurocor- 
dato,  10. 

II.  Publications  de  TAcadémie  royale  des  sciences  d^Upsal  (Skrifter 
utgifna  af  Kungl.  Humanistil^a  Vetenskaps-Samfundet  i  Uppsala),  t.  XI, 
Leipzig,  Harrassowitz,  8". 

Ce  volume  contient  1°  une  étude  lexicographique  sur  le  mot  Elementum, 
par  Otto  Lagercrantz,  109  pages  (en  allemand).  L'auteur  estime  qu'il  faut 
d'abord  étudier  ce  mot  chez  les  Grecs,  car  les  Latins  se  sont  mis  à  leur 
école  ;  il  consacre  donc  tout  le  présent  travail  à  l'étude  du  mot  grec 
oTOf/erov  et  de  ses  dérivés  avec  leur  emploi  chez  les  philosophes  et  chez  les 
écrivains  grecs  depuis  le  Nouveau  Testament  jusqu'aux  écrivains  byzantins 
et  néo-grecs;  2°  une  «  étude  sur  les  pronoms  abrégés  en  ancien  espagnol  » 
par  Erik  Staaff  (en  français),  152  pages;  3"  l'édition  (précédée  de  deux  in- 
troductions bibliographique  et  littéraire  en  espagnol)  d'un  volume  espa- 
gnol incunable  conservé  à  la  bibliothèque  d'Upsal  :  Evangelios  etepistolos 
con  sus  expositiones  en  romance  segun  la  version  castellana  del  siglo  XV 
hecha  por  Gonçalo  Garcia  de  santa  Maria  del  texte  de  Guillielmus  Pari- 
siensis  :  Postilla  super  epistolas  et  evangelin,  par  Isak  CoUijn  et  Erik 
Staaff,  LxxxvHi  et  510  pages.  La  traduction  espagnole  de  l'ouvrage  de 
Guillaume  de  Paris  (1437)  avait  été  imprimée  à  Salamanque  en  1493; 
4"  une  histoire  des  études  sur  la  langue  nubienne  (en  suédois,  avec  un  ré- 
sumé en  allemand)  par  K.  V.  Zetterstéen,  24  pages. 

III.  Publications  nubiennes. 

La  Nubie,  chrétienne  depuis  le  vr  siècle  jusqu'au  xiii^  où  les  Mamiuks 
ont  soumis  à  l'Egypte  toute  la  vallée  du  Nil,  préoccupait  déjà  Peire.sc.  11 
écrivait  le  29  sept.  1635,  au  Père  Cassien  de  Nantes  :  «  J'entends  qu'il  y  a 
dans   les  montagnes  d'Egypte  un  langage  vulgaire...  lequel  tient,  dit-on, 


niBLiofiRAPiFir:.  .j  15 

quelque  peu  du  nubien  et  de  l'éthiopien  et  qu'il  se  trouve  des  psaumes 
et  autres  livres  écrits  en  ce  langage  et  d'un  caractère  tout  différent  de 
celui  desCophtes  et  plus  approchant  de  l'éthiopien.  Je  vous  supplie  de  vous 
en  enquérir  soigneusement...  et  de  nous  en  faire  voir  quelques  livrets,  s'il 
s'en  trouve.  Mais  je  n'en  verrais  pas  moins  volontiers  en  langage  nubien, 
s'il  s'en  pouvait  avoir  et,  faute  de  livres,  quand  on  n'aurait  que  la  moindre 
petite  lettre  missive,  ou  contrat  ou  autre  écriture,  avec  sa  version  arabique 
ou  en  une  autre  langue  connue,  ou  en  franc,  vous  nous  feriez  faveur  de  la 
nous  procurer...  .  Le  Père.\gathangede  Vendôme  lui  répondait,  le  20  dé- 
cembre 1635  :  «  Pour  ce  qui  est  du  nubien  que  vous  demandez,  je  vous 
dirai  qu'il  ncst  pas  très  aisé  d'en  recouvrer  ici.  La  langue  arabe  a  telle- 
ment prévalu  en  tous  ces  pays,  laquelle  a  étouffé  la  nubienne,  sinon 
quant  au  parler,  au  moins  quant  à  l'écrire...  ..  Ci.  Correspondance  de 
Peiresr  avec  plusieurs  missionnaires  et  relifjieux...  publiée  par  le  P.  Apol- 
linaire de  Valence,  Paris,  Picard,  1892,  p.  190  et  210. 

Ici,  comme  pour  l'édition  du  Livre  des  mystères  (cf.  supra,  p.  333),  le 
vœu  de  Peiresc  ne  devait  être  réalisé  qu'au  xx^  siècle  :  M.  Schmidt  a  dé- 
couvert à  Berlin  un  fragment  de  péricopes  évangéliques  et  d'un  hymne 
sur  la  croix  écrits  dans  l'ancienne  langue  nubienne.  Die  ersten  lirikh- 
stiicke  christlicher  Litteratur  in  allnubischer  Sprache,  dans  Sitzungsb.  d. 
Preuss.  Akad.  d.  Wiss.  (Berlin),  1906,  773,  774-785  et  1907,  602-613.  Cf. 
H.  Junker,  Die  neuenldeckten  christlichen  Handschriften  in  miltelnubi- 
sc/ier  sprache,  dans  Oriens  Christianus,  Rome,  t.  VI,  437-442.  En  automne 
1907,  le  British  Muséum  a  acquis  un  petit  manuscrit  en  dialecte  nubien 
qui  a  été  édité  par  M.  Budge  avec  fac-similé  :  Texts  relating  ta  Saint  Mena 
^f  ^gypf  and  Canons  of  Nicaea  in  a  Nubian  dialect,  Londres,  1909.  Une 
première  traduction  approximative  a  été  donnée  par  M.  Griffith,  Some  old 
nubian  Christian  texts,  dans  The  journal  oftkeological  studies,  t.  X  (juillet 
1909),  p.  545-551.  Ces  dernières  publications  sont  postérieures  au  travail 
de  M.  Zetterstéen,  aussi  bien  que  la  suivante  :  Die  sprachtiche  Stellung  des 
Xuba,  par  L.  Reinisch,  dans  Schriften  d.  Sprachenkomm.  d.  k.  Ak.  d.  Wis- 
sensch.  zu  Wien,  t.  III,  8°,  vi-177  pages.  Le  nubien  serait  un  anneau  entre 
les  langues  proto-chamitiques  et  les  langues  chamito-sémitiques  (Ethio- 
pie). Nous  sommes  heureux  de  signaler  ces  débuts  dune  nouvelle  littéra- 
tui'e  chrétienne  orientale  (I). 

IV.  E.  Pereira,  Homélies  éthiopiennes  attribuées  à  saint  Jean  Chrysostome. 

M.  Pereira  a  édité  à.  l'.Xcadémie  des  sciences  de  Lisbonne,  Doletim  de 
segunda  classe,  vol.  IV,  trois  homélies  éthiopiennes  attribuées  à  saint  Jean 
Chrysostome,  Tune  sur  les  noces  de  Cana  et  deux  sur  le  baptême  de  Notre- 

(1)  Parmi  les  travaux  anlérieurs,  rappelons  que  le  Iranciscain  Arcangelo  Carradori.de 
Pistoie,  avait  écrit,  en  i660,  un  Dilionario  delta  lingua  italiann  c  SuOnina.  CI.  Zetter- 
stéen, loc.  cit.,  p.  10.  Nous  ne  savons  pas  si  ce  sont  les  lettres  de  Peiresc  aux  Pères  fran- 
ciscains Cassien  et  Agathange  (|ui  ont  oriente  le  l'ère  Carradori  dans  cette  direction. 
I-cpsius  a  écrit  une  \ubiscfie  fl/amma/jA,  Berlin,  1880,  et  de  Kocliemonleix,  Quelques 
contex  uf biens,  dans  les  Mémoires  'le  l'Inslitul  cgy^jHen,  Le  Caire.  Il,  iXi- .•>»■». 


446  REVUE    DE    l'orient    CHRÉTIEN. 

Seigneur.  Elles  sont  contenues  en  particulier  dans  le  manuscrit  du  British 
Muséum,  Or.  774,  fol.  22-25,  24-28  et  28-32.  Ce  sont  de  courtes  composi- 
tions de  six  à  huit  petites  pages  chacune.  M.  Pereira  n'a  pas  trouvé  dn 
texte  correspondant  en  grec  ni  en  une  autre  langue. 

Signalons  encore  une  traduction  portugaise  de  la  version  araméenne  du 
Livre  de  Tobie  qui  a  été  éditée  par  M.  Neubauer,  The  book  o[  Tobit, 
Oxford,  1878.  M.  Pereira  a  donné  une  introduction  sur  les  versions  du 
livre  de  Tobie  et  a  annoté  sa  traduction  de  l'araméen.  L'exemplaire  que 
j'ai  en  main  porte  :  Lilleraturae  beUos-artes,\o\.  58,  n"  1,  Janeiro  de  1911 
(Lisbonne?). 

V.  V.  ScHEiL,  A)inales  de  Tukulli  Ninip  II,  roi  d'Assyrie,  KS9-88i,  8°, 
62  pages,  7  planches,  1  carte,  Paris,  Champion,  1909  (Bibliothèque  de 
l'École  des  Htes-Études,  sciences  philologiques,  178^  fascicule),  7  fr.  50. 

Le  baron  Degrand,  vice-consul  à  Mossoul,  avait  acheté  une  grande  ta- 
blette (0,265  sur  0,10)  couverte  d'une  fine  écriture  cunéiforme  qui  semblait 
usée  et  illisible.  Le  Père  Scheil  reconnut,  en  1909,  que  le  mauvais  état  de  , 
la  tablette  tenait  seulement  à  ce  qu'on  y  avait  comme  coulé  un  lait  de 
chaux.  11  eut  la  patience  de  la  débarrasser,  caractère  par  caractère,  de  cet 
enduit,  et  —  comme  récompense  —  il  a  trouvé,  après  un  court  résumé  des 
cinq  premières  campagnes  de  Tukulti  Ninip,  le  récit  très  détaillé,  avec 
nombreux  noms  propres,  de  la  sixième  campagne.  Le  Père  Scheil  trans- 
crit, traduit,  commente  le  texte  et  le  reproduit  en  héliogravure.  La 
cinquième  campagne,  brièvement  racontée  (30-40),  est  une  expédition 
guerrière  aux  pays  de  Urrupnu  et  Isrun,  dans  les  grandes  montagnes  où 
aucun  roi  d'Assyrie  ne  s'était  encore  hasardé  :  «  je  conquis  30  de  leurs  villes 
situées  entre  les  montagnes  ».  La  sixième  campagne  longuement  racontée 
(41-82  et  1-44)  est  en  somme  un  voyage  circulaire  autour  de  l'Assyrie,  le 
long  duTartar,  du  Tigre,  de  l'Euphrate,  du  Habour,  pour  percevoir  .les 
tributs  que  les  habitants  de  ces  régions  n'auraient  peut-être  pas  pris  la 
peine  de  porter  spontanément  à  Assur.  On  lit  par  exemple  :  »  Comme  je 
restai  à  Sirqi,  le  tribut  de  Harani  le  Laqéen,  3  mines  d'or,  10  mines  d'ar- 
gent... 700  moutons...  je  reçus  ».  Lorsque  le  vas.sal  refusait  le  tribut.  Tu-  , 
kulti  Ninip  —  j'allais  dire  le  percepteur  —  se  fâchait  :  «  leurs  villes  j'incen-  ; 
diai,  leurs  moissons  je  coupai  et  un  tribut,  lourd  plus  qu'auparavant,  je  j 
leur  imposai  ».  Cette  tablette  est  donc  des  plus  intéressantes  pour  l'his- 
toire, la  géographie,  la  langue  et  les  coutumes  de  cette  époque  si  reculée. 

VI.  N.  BûNWETSCii,  Doclrina  Jacobi  nuper  ba/jtizali,  4'',  xviii-96  pages, 
Berlin,  1910  (Abhandl.  der  K.ges.  der  Wiss.  zu  Gotlingen,  Phil.  hist.  kl., 
neue  Folge,  t.  Xll,  n.  3). 

C'est  le  texte  grec  original  du  Sargis  d'Aberga,  qui  sera  édité  à  nou- 
veau dans  \a.Palrolocjie  orientale  (cf.  ROC,  1910,  p.  325-7).  M.  Bonwetscha 
utilisé  plusieurs  manuscrits  grecs  (deux  seulement  sont  importants,  Cois- 
lin  299  et  Florence,  Laurent.  Plut.  9,  cod.  14)  et  une  ancienne  traduction 


BIBLIOGRAPHIE.  447 

slave.  L'ouvrage  a  été  connu  aussi  des  Syriens  (cf.  W.  Liidtke,  Archiv  fur 
slavische  Philologie,  t.  XXXI,  Berlin,  1911,  p.  317).  Nous  utiliserons  de  plus 
un  fragment  d'une  traduction  syriaque,  contenue  dans  le  ms.  du  British 
Mus.  add.  17194,  fol.  51,  et  la  version  arabe  que  nous  venons  de  retrouver. 

VII.  Le  proconsul  d'Achaïe,  Gallion,  dans  Bulletin  d'ancienne  littérature  et 
d'archéologie  chrétienne,  Paris,  1911,  p.  214-215. 

Il  y  a  déjà  six  ans  que  M.  Bourguet  a  publié  certaine  inscription  grec- 
que mutilée,  trouvée  dans  les  fouilles  de  Delphes,  De  rébus  delphicis 
imperatoriae  aetalis,  Montpellier,  1905,  p.  63.  Nous  en  reproduisons  la 
traduction,  donnée  par  le  Bulletin  d'ancienne  littérature,  à  cause  de  son  im- 
portance :  Tibère  Claude  César  Auguste  Germanique,  la  12«  année  de  sa 
puissance  tribunicienne,  imperator  pour  la  1^^  fois,  père  de  la  patrie...  à 
nouveau  adresse  à  la  ville  de  Delphes  son  salut  le  plus  cordial...  J'obser- 
verai le  culte...  est  dit  maintenant...  L.  lunius  Gallion,  mon  ami  et  pro- 
consul d'Achaïe. 

Le  nom  de  Gallion  et  sa  qualité  de  proconsul  d'Achaïe  apparaissent  dans 
une  inscription  datée.  C'est  certainement  devant  lui  qu'a  comparu  saint 
Paul,  Actes,  xviii,  12-17,  et  la  date  de  cette  comparution  se  trouve  fixée 
entre  le  printemps  52  et  le  printemps  53.  C'est  un  précieux  point  de  repère 
dans  la  chronologie  des  Actes  des  Apôtres. 

VIII.  Lesprésents  de  saint  Cyrille  à  la  cour  de  Constantinople . 

Signalons  dans  le  même  Bulletin,  p.  247-264,  un  intéressant  article  de 
M.  Batiffolqui  donne,  d'après  le  ms.,  une  nouvelle  édition  de  la  petite  pièce 
que  nous  avions  rééditée  dans  Le  Livre  d'Héraclide,  d'après  le  catalogue 
du  Mont  Cassin.  Il  s'efforce  de  déterminer  là  signification  des  mots  techni- 
ques employés.  Il  calcule  que  saint  Cyrille  avait  versé,  en  monnaie 
moderne,  1.081.542  francs,  soit  :  à  Chrysorète  200.000;  à  Helleniana,  Sco- 
lasticus,  Artabas,  maître  des  offices,  questeur,  chacun  lOU.OOO;  à  Paul,  à 
Marcelle,  à  Drosérie,  à  Salomon,  à  Florentins,  à  Domninus,  à  Théodore, 
chacun  50.000;  à  Romain  30.000;  enfin,  au  domestique  de  Paul,  1.542  francs; 
tout  cela  sans  préjudice  des  présents  en  nature. 

M.  B.  rappelle,  après  M.  Ehrard,  que  l'homélie  XI  de  S.  Cyrille  {P.  G., 
LXXVIl,  1029-1040)  n'est  pas  authentique.  Elle  a  été  composée,  du  vii«  au 
i\«  siècle,  par  un  auteur  qui  s'est  inspiré  de  l'homélie  IV.  D'ailleurs  elle 
est  en  dehors  de  la  tradition  manuscrite  de  saint  Cyrille  et  du  concile 
d'Éphèse. 

IX.  J.  Lebon,  La  version  philoxénienne  de  la  Bible,  dans  Bévue  d'histoire 
ecclésiastique,  t.  XII,  Louvain,  1911,  p.  413-436. 

La  version,  au  moins  du  N.  T.,  faite  par  le  chorévéque  Polycarpe  à  la 
demande  de  Philoxène  de  Mabboug,  a  été  effacée  par  l'Héracléenne  cons- 
tituée un  siècle  plus  tard  à  Alexandrie.  D'après  M.  Lebon,  c'est  en  vain 
qu'on  a  cherché  à  reconstituer  le  travail  de  Philoxène;  la  version  de  l'A- 


448  REVUE   DE    l'orient   CHRÉTIEN. 

pocalypse  et  des  quatre  petites  épitres  catholiques  qui  lui  est  attribuée  par 
M.  Gwynn  n'est  sans  doute  pas  de  provenance  philoxénienne  ;  nos  con- 
naissances sur  ce  point  sont  donc  ramenées  à  zéro. 

X.  E.  Mangenot,  Patrie  etda'e  de  la  première  version  latine  du  Nouveau  Tes- 
tament. Dans  Edition  des  questions  ecclésiastiques,  n.  101,  Lille,  juillet 
1911. 

La  première  version  latine  n'est  pas  d'origine  romaine,  car  cette  église 
au  commencement  utilisait  couramment  le  grec;  elle  est  d'origine  afri- 
caine. TertuUien  n'a  pas  utilisé  de  version  latine  de  tout  le  Nouveau  Tes- 
tament, il  est  probable  qu'à  son  époque  certaines  parties  étaient  seules  tra- 
duites; pour  lui  il  traduisait  directement  sur  le  grec  les  passages  qu'il 
voulait  citer.  Saint  Cyprien  au  contraire,  dès  249,  a  trouvé  une  traduction 
complète  du  N.  T.  en  latin  et  ne  cite  qu'elle.  La  plus  ancienne  traduction 
latine  de  la  Bible  a  donc  été  faite  en  Afrique,  sans  doute  de  210  à  220. 

XI.  Les  fouilles  d'Ophel.  Nos  journaux  ont  annoncé  qu'une  mission 
anglaise,  celle  de  M.  le  capitaine  Montagu  Parker,  avait  trouvé  sous  la 
mosquée  d'Omar,  la  couronne  de  David,  les  tables  de  la  loi,  le  trésor  de 
Salomon  et  un  ouvrage  au  moins  qui  devait  bouleverser  nos  connaissances 
historico-religieuses  antérieures.  Ce  bruit,  qui  avait  pris  origine  à  Jérusa- 
lem, avait  soulevé  les  Musulmans  auxquels  on  avait  fait  croire  à  une  pro- 
fanation de  la  mosquée  ;  on  avait  craint  un  instant  un  massacre  des  chré- 
tiens. M.  Dalman  a  écrit  que  ces  fouilles  coûteuses  avaient  été  entreprises 
avec  la  protection  du  gouvernement  turc,  sur  la  foi  d'un  écrit  fabriqué 
par  un  individu  qui  prétendait  indiquer  la  position  du  trésor  de  Salomon. 
C'est  un  signe  des  temps,  dit-il,  qu'il  se  soit  trouvé  des  capitalistes  pour 
consacrer  un  demi-million  à  des  fouilles  basées  sur  un  écrit  apocryphe.  On 
n'aurait  trouvé  qu'une  copie  falsifiée  de  l'inscription  de  Siloa,  et  on  aurait 
fait  croire  aux  Musulmans  que  les  Occidentaux  ne  faisaient  des  recherches 
que  pour  trouver  des  trésors;  cf.  Milteilungen  des  deutschen  Palaestina 
vereins,  1911,  n.  4,  p.  54.  La  vérité  se  trouve,  semble-t-il,  entre  les  deux 
versions.  M.  Parker  n'a  rien  trouvé  de  sensationnel,  mais  il  a  exploré  et 
décrit  la  canalisation  souterraine  qui  existait  sous  le  mont  Ophel.  Voir 
Hevue  Biblique,  1911,  p.  566,  qui  résume  l'ouvrage  Jérusalem  sous  teire; 
les  récentes  fouilles  d'Ophel,  Londres,  Cox,  1911,  folio,  45  pages,  18  plan- 
ches, 10  fr.  L'ouvrage  est  l'œuvre  du  Père  H.  Vincent  :  t  à  peine  quelques 
lettres  de  méchante  écriture,  pas  un  objet  de  haute  valeur  artistique,  de 
très  rares  pièces  dignes  d'être  à  l'honneur  dans  une  vitrine  de  musée, 
voilà  bien  peu,  estimera  le  lecteur  inattentif,  pour  rémunérer  dix  ou 
douze  mois  de  fouilles  pénibles,  dangereuses  même...  »  Il  n'est  pas  im- 
possible que  les  bruits  absurdes  répandus  à  Jérusalem  pour  ameuter  les 
musulmans  n'aient  été  l'œuvre  d'autres  archéologues.  Le  secret  observé 
sur  les  résultats  des  fouilles  irritait  leur  imagination  et  leur  jalousie. 

Mentionnons  ici  les  fouilles  allemandes  de  Jéricho,  qui  ont  reconstitué 
en  particulier  la  double  enceinte  fortifiée  de  la  ville,  cf.  Revue  Biblique, 


RIBLIOGRAPIIIE.  449 

1910,  p.  404;  les  fouilles  américaines  de  Samarie  qui  reconstituent  l'his- 
toire de  cette  ville  sous  les  Israélites  (900-721);  les  Assyriens  (720-331);  les 
Grecs  (330-60)  ;  les  Romains;  les  Byzantins  et  les  Ar&hès,  ibid.,  1911, p.  127; 
et  les  familles  des  Pères  Blancs  au  mont  des  Oliviers,  pour  retrouver  tous 
les  restes  de  l'église  de  VElerma,  bâtie  par  Hélène  et  Constantin  i/nti 
p.  219-265. 

XII.  Archélidês.  C'est  l'un  de  ces  saints  de  l'église  monophysite  égyp- 
tienne qui  n'ont  même  pas  eu  besoin  d'exister  pour  devenir  très  célèbres. 
Celui-ci  figure  dans  les  calendriers  jacobites  de  Syrie,  d'Egypte  et  d'E- 
thiopie; sa  légende  nous  est  conservée  dans  de  multiples  rédactions  sy- 
riaques, arabes,  coptes,  éthiopiennes. 

Au  temps  de  Gratien  et  de  Valentinien  il  y  avait  à  Constantinople  (va- 
riante :  à  Rome)  un  homme  puissant  nommé  Galien  (var.  :  Jean,  Simon), 
époux  de  Augusta  (var.  Synklétique  et  Théopista).  Ils  ont  un  fils  nommé 
Arkîlîdôs  qui  va  étudier  à  Alexandrie  (var.  :  à  Athènes  ou  à  Beyrout).  11 
voit  mourir  un  riche  marchand,  comprend  la  vanité  des  choses  humaines 
et  se  retire  au  couvent  de  Mar  Mennas  ;  il  obtient  ensuite  la  permission 
de  demeurer  seul  dans  une  cellule  et  promet  de  n'en  sortir  jamais.  11 
opère  des  prodiges:  sa  mère  le  recherche  et  le  retrouve,  mais  il  ne  veut 
pas  la  voir  en  ce  monde  ;  elle  insiste  et  Dieu  lui  fait  la  grâce  de  mourir 
avant  de  voir  sa  mère,  elle  meurt  aussi  et  tous  deux  sont  enterrés  au 
couvent  de  Mar  Mennas. 

C'est  une  histoire  composée  pour  détourner  les  moines  du  désir  de 
revoir  leurs  parents.  Elle  a  été  rattachée  au  monastère  de  la  Mareotide 
dont  Mk'-  Kaufmann  vient  de  mettre  au  jour  les  restes  de  la  basilique,  de 
la  crypte,  des  hôtelleries,  des  cimetières.  C'était  le  plus  célèbre  des  pèle- 
rinages égyptiens.  Cf.  Der  Menastempel  und  die  neiligUnnor  von  Karm 
Abu  Mina  in  der  aegypt.  Mariulwilste,  Francfort-sur-Mein,  1909.  Cost  sans 
doute  à  tort  qu'une  version  arabe  a  introduit  le  monastère  de  Romanos 
sur  la  route  de  Damas.  Ceci  nous  ferait  songer  au  monastère  de  Romanus 
près  Eleuthéropolis,  cf.  Palrol.  Or.,  t.  VIII,  fasc.  1;  Plérophories;  ou 
même  au  monastère  des  Romains,  Deirel-Baramous,  de  la  vallée  de  Scété. 
C'est  une  pure  confusion  de  l'auteur  arabe.  Les  textes  arabe,  étiiiopieu 
et  syriaque  de  l'histoire  d'Archélidès  ont  été  édités  par  M.  A.-J.  Wensinck, 
Leyde,  Brill,  l«.»ll  ;  une  rédaction  syi-iiiquo  a  été  traduite  en  anglais,  ibid. 

F.  Naij. 


/.('  Direrleur-lirranl  : 

F.    Cil AliMlIAM. 


Ol;lENT  CriHÉIlEN.  29 


TABLE  DES  MATIÈRES 

CONTENUES  DANS  CE  VOLUME 


Page» 

I.  —  Me^  GRAFFIN  ET  LA  KEVUE  DE  L'ORIENT  CHRÉTIEN  [F.  X.).  ...      m 

IL  —  SAINT  CYRILLE  ET  NESTORIUS.  —  Contribution  à  l'histoire  de  lori- 
gine  des  schismes  inonophysite  et  nestorien  {fin),  par  F.  Nau 1 

III.  —  HISTOIRE  DU  PÈRE  ÉLIE  DE  KHARPOUT  {fin),  (texte  arménien),  par 

K.  J.  Basmadjian ô5 

IV.  -  NOTICES  DES  MANUSCRITS  ARABES-CHRÉTIENS  ENTRÉS  A  LA 
BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE  DEPUIS  LA  PUBLICATION  DU  GATALO- 
GUE  {fin,  table  des  auteurs  et  des  ouvrages  anonymes),  par  R.  Griveau.      68 

V.  —  LITTERATURE  ÉTHIOPIENNE  PSEUDO-CLÉMENTINE.  III.  Traduc- 
tion du  «  Qalèmentos  ■■,  par  S.  Grébaut 72,  167,  225 

VI.  —  CATALOGUE  SOMMAIRE  DES  MANUSCRITS  COPTES  DE  LA  BI- 
BLIOTHÈQUE NATIONALE,  par  L.  Delàporte 85,  155,  239,  308 

VIL  —  HISTOIRE  DU  COUVENT  DE  RABBAN  HORMIZD,  de  1808  à  1832 
(traduite  du  syriaque)  {fin),  par  M.  Brière 115,  249,  3'16 

VIII.  —  UN  APOCRYPHE  CARCHOUNl  SUR  LA  CAPTIVITÉ  DE  BABY- 
LONE  (texte  arabe  et  traduction  française)  {fin),  par  P.  Dib 128 

IX.  -  TRADUCTION  FRANÇAISE  DE  LA  VERSION  ÉTHIOPIENNE  DE  LA 
DIDASCALIE,  par  J.  Françon 161,  266 

X.  —  TRADUCTION  FRANÇAISE  DES  LETTRES  DE  NESTOP'US  A  SAINT 
CYRILLE  ET  A  SAINT  CÉLESTIN  ET  DES  DOUZE  ANATncMATlSMES 

DE  CYRILLE,  par  F.  Nau 176 

XL  —  NOTE  SUR  L'HISTOIRE  ECCLÉSIASTIQUE  DE  BAR-HADBESABBA 
ET  SUR  UNE  CONTROVERSE  DE  THÉODORE  DE  MOPSUESTE  AVEC  LES 
MACÉDONIENS,  par  F.   Nau 231 

XII.  -  APERÇU  SUR  UNE  COMPILATION  ÉTHIOPIENNE  DES  MIRACLES 
DE  NOTRE-SEIGNEUR,  par  S.  Grébaut 255,  356 

XHI.  —  NOTICE  DES  MANUSCRITS  SYRIAQUES,  ÉTHIOPIENS  ET  MAN- 
DÉENS,  ENTRÉS  A  LA  BIBLIOTHÈQUE  NATIONALE  DE  PARIS  DEPUIS 
L'ÉDITION  DES  CATALOGUES,  par  F.  Nau 271 


TABLE   DES    MATIERES.  451 

XIV.  -  LES  DOCUMENTS  ARAMÉEiNS  D'ÉLÉPHANTLNE,  par  F.  Nau.  .  .  ""S? 

XV.  -  LES  PAPYHIS  <;itE(S  ET  LA  (^{ITIQUE  TEMLEFTT:  DI     NOL- 
VEAU  TESTA.MENT,  |,ar  A.  Savary -^.jq 

XVL  -  SUR  LES  NOMS  PROPRES  ARABES  KAISOUN   ET  MOUSIX    par 
B.  Evetts ,lg 

XVII.  -  SUR  (JUPlTERj  CASSIUS  ET  MOUSL\(OI'OLlS),  pai'  F.  Nau      .     k^e 


JMELAN(iES 


I.  -  UN  MANUSCRIT  DE  M«'  GRAFFIN  :  L'ANCIEN  MANUSCRIT  DU  KA- 
LILA  ET  DIMNA  SYRIAQUE,  par  F.  Nau 

IL  -  LE  DEUXIÈME  CENTENAIRE  DE  LA  FONDATION  DU  MONASTÈRE 
DES  RELI(;iEUX  lîASILIENS  DE  SAINT-SAUVEUR,  par  !<■  R.  P.  C.  Bâ- 
cha  


200 


204 


III.  —  TRADUCTION   DE   LA  VERSION  ÉTHIOPIENNE   D'UNE  HOMÈI  IF 
D'EUSÉBE,  ÈVÉQl  E  D'HÈRACLÉE,  par  S.  Grébaut 124 

IV.  -  NOTES  DE  CRITIQUE   BIBLIQUE.  1.  La  i'Ékicoi-e  de  i.a  Femme  auui,- 

TÈRE    ET    LA    DlUASCALIE.    -    2.     SUK    Ps.     VII,     lO-U.     -    S.    PEK.MLTATIONS    DE^ 
LETTKES   M,  N,    B    DANS  I.E    «   CODE.X    VaTICAXUS    ■•.    —  4.    UiN    MOT     HÉBKEU    DANS 

ToBiE,  II,  I.  —5.  La  locution  Adonaï  Kurios  est-elle  i'kophe  a  Lucien?  — 

H.  Le  Marchaiianus  (vi"  ou  viii=  siècle),  par  F.  Nau 425 

V.  -  NOUVEAUX  FRA<;MENTS  D  HIPPOLYTE,  par  Nikos  A.  Beès  .  .  .     l:j;^ 

BIBLIOGRAPHIE 

N«'storiu8,  /.e  livre  d'Héroclide  de  Damas  (E.  Tisserant) lOT» 

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Card.  Vives,  De  inelf'abiii  bonilale  Sacralissi/ni  Cordis  Jesu  (S.  (irébaut)  .  .  108 

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siiphie  uiid  Golteslehn'  drs  lahjà  ibn  'Adi  und  spaierer  Anloren  (F.  Nau).     217 

I".   Nau.  \eslurias  d'apri's  les  soarees  orirala/fs  (M.  Brière) 219 

i'oiira<l  voii   Orelli.  Aflgerwine  Hi'liejiunsip'sihielile  (M.  Brière) 220 

G.  Diettrich,  Die  oden  Saloïaos(\-.  Nau) 220 


/152  TARLR    DF.>;    MATIKRKS. 

.1.  IJtidcr,  Die  h>'Uige  Schrift  fUr  das-  Volk  erklarl  {'>.  (Jr.'baut) -i1\ 

1.0  R.  1'.  Paul  Peeters,  Hisluire  de  Josi-p/t  le  charpentier  (F.  Xau) 3-21 

H.  Delolia.ve,  bollandisto.  Les  léf/enden  yrccqncs  des  suints miliUiires  (F.  Nau).    :!:{.' 

Sylvain  (irébaut,  Les  (roii  derniers  Irailés  du  Livre  des  mystères  du  ciel  cl 
de  Itt  terre  (.)o;in   F'rossoir, •!•!•' 

.Micliol  Tauiai-ali,  L'église  i/éorffienne,des  oriç/ines  Jusqu'à  iiosjuiirs  (II.  i).).  :'.:!."» 

iAI.  1).  (libson,  The  Commentaries  of  hho'dnd  (F.  \a»i) i:îl 

F.  Tissera  lit.  C.nde.i  Zuqninensis  reseriptus  (F.  Nau) 13G 

C.  von  Oi'olli.  Allgemeine  Relli/ionxf/eschichte  (M.  Hi'irrc) 138 

M.  (l'IIcrbigny,  (In  Newmnn  russe:  Vladimir  Soloviev  (.M.  l'.rioi'c) 4:-!!» 

S.  Foi-aros,  Une  erreur  de  traduction  dans  la  Bible  {.\.  Pressoir) V.i'A 

.1.  Beiim,  Ifie  Ilandriuflegunu  (S.  Grébaut) Il" 

W.  Sciuibait.  Papyri  ;/raec"e  Beroiinenses  (F.  Nau) 'Hl 

II.  Vosen  et  F.  Kauien.  Rudinienla  li)i;/iiae  hebraïcae  'V.  N;iu) 41.' 

A.  Kiicker.  Die  Lucas  Homilien  des  hl.  Ci/)-ill  (F.  N.iu) 11:! 

LIVHDS  NOUVEAUX,  llciié  Basset.  Lu  Bi'nvii  so'âd.  -  Miguel  Asiu  y  Pala- 
cios,  La  polemien  anlicristiana  de  Mohamed  el  Voïssi.  —  Malaciiia  Oniia- 
uian,  L'Éylise  nrmcnienne.  —  Prilruloyia  orientalis,\l  et'VII.  —  Modili- 
cation  du  prograinuic  de  la  Liieriitirr:ieituny  {V.  Ka.u) llii 

COURTES  NOTICES.  -  1.  1.  Guidi,  Vuetibulmio  Amnrico-Ittiliano.  —  -J.  Pe- 
ter Tliomsen,  Die  L'alflstina-Literatur,  l.  II.  —  o.  .M.  Chaine,  Un  monastère 
éthiopien  à  Borne.  —  \.  Noël  Giron,  Xoles  épiyraphiques.  —  5.  M»'  Nic- 
colo  Marini,  Le  Macchie  apparenli  nel  S.  (liovanni  Chrisoslumn.  —  G  \.'0- 
riens  Christinnus.  —  7.  .MorI  de  M.  Kub(Mis  Duval  (F.  Nau) ill 

l.  \VI°  Congrès  des  Orientalistes.  —  2.  Publications  d'I'psal.  —  3.  Publica- 
tions pubiennes.  —  4.  E.  Pereira.  Homélies  éthiopiennes.  —  5.  V.  Srlieil, 
.Annales  de  Takulti  Ninip  IL  —  6.  N.  Bonwetsch.  Doetrina  .tacobi.  — 
7.  Le  proconsul  (htUion.  — 8.  Les  présents  de  saint  Cyrille.  -  '.)..!.  LcImui, 
La  /ihiloiéniennc.  —  10.  F.  .Mangenot.  Palvir  cl  date  de  la  premirre  ver- 
sion latine  du  .\.  r.  —  11.  Les  fouilles  d'()j>hrl.  —  \L  Arehélidés  (F.  Nau).      1  11 


]yi'iii-,l!AI'Hli:    l'IKMlN    I>II>"1'    tl' 


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